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Fausse accusation d'agiotage à Paris - 1795


Les Juifs de Paris pendant la révolution
Léon Kahn
1898

Après le Neuf thermidor
[...]
Les excès de toutes sortes, succédant au régime de rigoureuse et violente contrainte qui avait pesé sur la France, gagnèrent bientôt tous les hommes quelque peu entreprenants. Chacun voulut en peu de temps devenir riche, et, pour atteindre ce but, on se livra avec une folie furieuse à l'agiotage. Plus de 20.000 Individus s'adonnèrent à ce trafic scandaleux, et le peuple, confondant dans une même haine, les agioteurs, les «  gens de campagne », les boulangers, les bouchers, les commissaires préposés à la distribution des vivres, et les autorités constituées, les traita tous indistinctement de « pestes», «  de sangsues », de «  tyrans» et «  de «  fripons ».
[...]
Les colères commençaient à gronder. Les pouvoirs publics durent agir. On poursuivit les agioteurs dans tous leurs repaires. Le service de la police fut tout entier mis en mouvement. Le système des dénonciations policières, des suspicions, des arrestations arbitraires, fut de nouveau mis en vigueur. Les cafés et les auberges, les expéditions et les départs furent étroitement surveillés.
[...]
Les indicateurs s'installaient dans les auberges fréquentées par les juifs, faisaient causer les gens, joignaient, coordonnaient leurs racontars et gravement en faisaient un rapport à leurs chefs hiérarchiques. Les hommes ne suffisant plus à la besogne, les femmes se mettaient de la partie. L'une d'elles avait installé son centre d'action à l'hôtel de Châlons, rue Martin, 91, qui «  logeait beaucoup de juifs ». Avec une finesse dont les femmes sont coutumières, elle avait accaparé un garçon qui semblait être «  de bonhomie », et, tandis qu'il allumait le feu, habilement elle lui tirait les vers du nez.
[...]
«  Pour lors ladite femme Chaton s'est servie de leurs noms baroques pour savoir comment ils se nommaient. Le garçon lui a répondu : nous avons un nommé Lion et un nommé David. Ce nommé Lion est un jeune homme ; il y a un mois qu'il est à la maison ; il fait un commerce conséquent, principalement sur les bijoux et sur les robes d'étoffes anciennes...
«  Le nommé David passe, à ce qu'en dit le garçon, pour un jeune millionnaire. [...] »
La femme Chaton était sur une bonne piste. Elle ne l'abandonne pas. Elle continue, le 23 frimaire an III, le récit de sa filature.
[...]
Toutes ces indications, pour puériles qu'elles fussent, eurent le don de mettre en mouvement le Comité de sûreté générale.
Samuel Lyon, marchand de mousselines et de soieries; Isaïe Spire, «  préposé à la subsistance des troupes en marche et convois militaires, fournisseur de viande pour les troupes, hôpitaux et cantonnements du district de Blamont et de Sarrebourg » ; Maurice Lyon, faisant le commerce de montres, tabatières et soieries ; Joseph Lyon, marchand de mouchoirs ; convaincus tous quatre de faire le commerce d'argent, furent arrêtés et interrogés en nivôse et en prairial. Mais les renseignements obtenus sur leur compte contrastaient tellement avec ceux fournis par la police, qu'ils furent immédiatement élargis, les scellés - apposés chez eux - levés en même temps, et de l'accusation de «  trafic scandaleux », si laborieusement échafaudée par la femme Chaton, il ne resta rien, pas même un soupçon (1).

(1) Arch. nat., F7 4775/23.

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