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Août 1914 - 36ème Régiment d'Artillerie de Campagne
 


Historique du 36ème R.A.C.
1914

Le 36e Régiment d'Artillerie de campagne exécutait ses écoles à feu au camp de la Courtine au moment où s'ouvrait la période de tension politique.
Ramené à Moulins par voie ferrée, le 31 juillet, il effectue normalement ses opérations de mobilisation, s'embarque les 5 et 6 août, débarque à Girancourt et se concentre les 8 et 9 août dans la région de Ville-sur-IlIon.
Le Régiment, constitué par ses éléments de l'armée active et complété par les réservistes des plus jeunes classes, compte trois groupes et forme, sous les ordres du Colonel Thionville, assisté du Lieutenant-Colonel de Poillouë de Saint-Mars, l'artillerie de la 25e Division, grande unité à laquelle il reste attaché pendant toute la campagne.
La 25e D. I., commandée par le Général Delétoille, fait partie de la 1ère Armée.

Lorraine.

Le 13 août, le Régiment, qui s'était porté sur Rambervillers, est alerté à 1 h. 15, part à 3 heures et traverse Baccarat. Il s'engage devant Montigny et Ancervillers sur la Blette, affluent de la Vesouze, le 14 août, éteint le feu de l'artillerie de campagne ennemie et reçoit le baptême du feu de l'artillerie lourde allemande sans éprouver de pertes sensibles.
L'ennemi fléchit sous notre poussée. Il se retire sur la Sarre en incendiant les villages. L'aspect de la région est sinistre.
Le 15 au soir, après la prise d'Harbouey et de Cirey, le Régiment, sous une pluie torrentielle et par des routes encombrées, vient bivouaquer à Cirey et Haute-Seille.
La retraite de l'ennemi se précipite. Dans la journée du 15, deux groupes, mis en position entre Barbas et Harbouey, ont ouvert un tir progressif par concentration de feux sur une position d'artillerie lourde allemande, à 4 kilomètres N.-E. de Blâmont, où l'on a vu tirer les obusiers, et y ont fait un carnage reconnu le lendemain par nos troupes. Dans Cirey, les Allemands pris de panique se sont battus entre eux avant d'abandonner la ville qui est pleine de leurs dépouilles.
Le 16, le Régiment prend position au N.-E. de Bertrambois, enfilant la vallée de la Sarre blanche, et bivouaque sur place au delà de la frontière. Le poteau-frontière a été emporté sur un caisson.
La poursuite continue. Le 17, le 36e prend position successivement au nord de Lorquin, puis au nord de Nitting. La Division enlève la position de Hesse, le 18. et le Régiment vient passer la nuit dans le village.
Le 19, l'infanterie de la division de Maud'huy atteint Sarrebourg. La 25e D. I. est à sa droite et son artillerie l'appuie des hauteurs de Schneckenbusch et de la plaine au N.-E. de Nitting.
Le 20 août, après une nuit au bivouac dans la région Nitting-Hermelingen, notre progression est enrayée et la retraite va s'imposer. 
Violemment contre-attaquée, la Division de Maud'huy doit abandonner Sarrebourg. La 25e D. I. fait tête à l'est de Hesse et sur les hauteurs de Schneckenbusch où le 1er Groupe est en batterie. Forcé de se replier par la violence du feu ennemi, ce groupe se déploie à nouveau au sud du canal de la Marne au Rhin. Mais il est encore obligé de quitter cette position et traverse Hesse sous les obus.
Tout le Régiment se trouve alors déployé aux alentours de Hesse dont le clocher sert d'observatoire. L'artillerie ennemie, installée au sud de BuhI, violemment prise à partie par le 36e, riposte sur Hesse. Les maisons s'écroulent de tous côtés, le clocher atteint par un obus de gros calibre disparaît sous la poussière et les tuiles volent en éclats. Le Commandant Bachélerie, dans le clocher, n'en continue pas moins à régler le tir de ses batteries qui creusent des vides profonds dans les rangs de l'infanterie ennemie que le Lieutenant-Colonel de Poillouë de Saint-Mars vient de lui montrer débouchant de Sarrebourg sur le terrain de manoeuvre de la garnison.
Le ravitaillement en munitions des batteries s'effectue par une route que balayent les obus; les pertes sont sérieuses.
Au sud du canal et contre le village de Hesse, dans une prairie, un groupe d'avant-trains, calme comme la manoeuvre, voit tomber tout autour de lui des rafales de 150 et 210 qui, éclatant dans la prairie marécageuse, éclaboussent tout le monde, mais ne blessent que quelques chevaux. «  Ne faites pas attention, mes enfants, leur dit en riant le Lieutenant-Colonel Poillouë de Saint Mars, qui passe à ce moment et réédite un mot célèbre, ce n'est pas de la m... qui tombe. »
A 18 heures, le 1er Groupe reçoit l'ordre de se porter sur les positions qu'il avait occupés un moment au nord de Hesse, le matin. La batterie de tête du groupe parvient sur l'éperon de la côte 330 où elle éprouve des pertes cruelles et ne peut mettre qu'une section en batterie. Cette section réussit à ouvrir le feu ; mais elle ne peut se maintenir sur son emplacement et parvient à grand'peine à enlever ses canons.
Malgré les efforts de cette dure journée et un ravitaillement en vivres plutôt maigre, la confiance règne au Régiment. La Division a tenu solidement ses positions, on amène des prisonniers, et l'artillerie, fière de la besogne qu'elle a accomplie, est prête à reprendre l'attaque. Dans la nuit, de nouvelles positions sont reconnues pour établir tout le Régiment au nord de Hesse, vers la côte 330. 
Mais, le 21, la retraite est devenue inévitable en raison de la situation générale et du redoublement de violence des attaques ennemie. A son grand désespoir, le Régiment reçoit l'ordre de se retirer par échelons. Toujours vigilant, il prend sous son feu les objectifs qui s'offrent à lui, réduit au silence des batteries ennemies, amène les avant-trains et change ses emplacements sous les obus. L'infanterie harassée accentue son repli. Les liaisons sont difficiles et précaires. Le chemin effectué dans l'enthousiasme de la poursuite doit être parcouru en sens inverse, en utilisant les arrêts pour faire subir des pertes à l'ennemi.
A Nitting, il couvre la retraite de toute la Division, ne passant la Sarre Rouge qu'après que tous les éléments de la Division l'ont traversée et au milieu du village en flammes ; à Fraquelfing, il résiste encore sous un feu convergent de tous calibres et permet le repli de l'infanterie. II ne réussit à se replier lui-même que grâce à une habileté de manoeuvre et une bravoure admirables de tout le personnel, ne quittant la position qu'au moment où il va être encerclé par l'ennemi.
Le 23, le Régiment bivouaque à Rambervilliers et environs. Le 24, il est porté face au nord. Le 1er Groupe, à l'ouest de la Mortagne, va occuper les lisières nord du bois de Fays. face à Deinvillers. Les 2e et 3e Groupes, à l'est de la rivière, vont prendre position : le 2e Groupe à la Grande-Pucelle, le 3e Groupe au Bois Menu, au nord de Roville-aux-Chênes. Des objectifs d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie s'offrent à leurs coups.
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