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Août 1914 - Montigny, Merviller


Historique du 5e régiment d'infanterie coloniale pendant la Grande guerre (1914-1918) : d'après documents officiels et souvenirs personnels / lieutenant Bourdet,...
Lieutenant Bourdet
Éd. Chapelot (Paris)
1920

Opérations en Lorraine
(6 Août au 28 Septembre 1914)
[...]

23 Août - Engagement de Montigny

Le 23 août, la brigade coloniale reçoit l'ordre de se rendre de Bréménil à Baccarat par Merviller, dans l'ordre de marche suivant : 6e régiment colonial, un groupe du 6e régiment d'artillerie et 5e régiment colonial.
A 7 heures, au moment où le 6e régiment et le groupe d'artillerie, après avoir dépassé Montigny, se dirigent sur Baccarat, la cavalerie signale une colonne d'infanterie allemande venant de Domèvre et se dirigeant sur Montigny. Le régiment reçoit l'ordre d'arrêter cette troupe ennemie pendant l'écoulement de notre colonne.
Le 2e bataillon est placé à gauche de Montigny, face au nord, les Ier et 3e bataillons en réserve au sud du village. Les troupes étant à peu de distance, l'action de l'infanterie devient aussitôt, très vive. Nos batteries ouvrent le feu, mais presque aussitôt elles sont contre-battues par l'artillerie ennemie, établie en position de surveillance. Des mitrailleuses nous causent des pertes sensibles, pendant que la gauche allemande cherche, par infiltration et en gagnant les bois, à envelopper notre droite.
Il devient évident que nous sommes attaqués par une forte colonne. Le général commandant la brigade prescrit de ne pas s'engager à fond et de rompre le combat. Le 3e bataillon est déployé pour protéger le repli des Ier et 2e bataillons qui, en moins d'une heure, ont perdu plusieurs officiers et de nombreux sous-officiers et soldats.
Le 6e régiment est arrêté à son tour vers midi pour recueillir le Se régiment exposé au tir d'obus explosifs ennemis. Pendant quatre heures, le mouvement de repli sur Merviller s'exécute en ordre, par échelons, sous un feu violent d'infanterie et sous une grêle d'obus. L'infanterie ennemie progressant par notre gauche, un bataillon du 6e colonial s'établit solidement sur la croupe de Criviller, au nord de Baccarat, pour arrêter ce mouvement, ce qui permet au régiment d'atteindre, à 20 heures, la ville de Baccarat, où il devait stationner, d'après les ordres reçus le matin.
Nos pertes sont sensibles :
OFFICIERS : 2 blessés.
TROUPE
262 hommes hors de combat, dont 3 tués:
BREHAUT (Jules), soldat.
BESSERVE (Jean-Baptiste), soldat.
JOSSERAND (Marie-Louis), soldat.

24 Août - Combat de Merviller

L'ennemi est entré à Merviller. Le régiment reçoit l'ordre de reprendre ce village. Il est soutenu par le 6e colonial, qui a pour mission d'établir des tranchées sur la croupe de Criviller, où il a résisté la veille. Nous reprenons sur le terrain le même dispositif qu'à Montigny. Le 2e bataillon est à gauche, le 3e à droite, face au nord. Le Ier bataillon, très éprouvé, est laissé en seconde ligne et organise une position de repli vers les bois de Boulay, au sud-est de Merviller.
Vers 9 heures, nos troupes sont en place : on ne voit aucune fraction d'infanterie ennemie, mais toutes les positions occupées sont battues par un feu violent d'obus explosifs, qui cause quelques pertes et démoralise nos hommes.
Cependant, nos bataillons restent stoïques, jusqu'à 16 heures, sous une grêle de mitraille. A ce moment, de gros mouvements d'infanterie allemande sont signalés sur notre gauche : notre artillerie et des troupes métropolitaines refluent vers Baccarat.
Bientôt, le tir des obusiers ennemis s'allonge. Les routes, exactement repérées, sont violemment battues et l'intensité du feu augmente encore pendant que se dessine une attaque allemande sur tout le front. La brigade coloniale reste seule sur le champ de bataille, exposée sans aucun soutien d'artillerie au feu de l'infanterie ennemie qui se déclenche, pendant que la grêle des explosifs fait rage.
Nos bataillons de première ligne se portent en arrière, protégés par le Ier bataillon, occupant les bois de Boulay, et par le Ier bataillon du 6e régiment qui tient Criviller.
A 18 heures, au moment où la brigade coloniale, fermant la marche du 21e corps d'armée, traverse Baccarat, les explosifs ennemis tombent dans la ville, où l'incendie s'allume. Le régiment reçoit l'ordre de se porter sur Nossoncourt, où il arrive à 20 heures. Mais une heure plus tard, un nouvel ordre prescrit de reprendre Baccarat par une opération de nuit. Les hommes, qui depuis deux jours n'ont ni mangé ni dormi et ont soutenu deux violents combats, sont exténués. Néanmoins on se met en route vers le nord, en passant par Bazien : 5e régiment en tête, le groupe d'artillerie qui n'a plus de munitions, puis le 6e régiment.
Mais quand la brigade coloniale arrive à la cote 371, sur la route de Baccarat, elle reçoit un contre-ordre et le régiment est envoyé à Ménil, où il se rassemble à minuit.

Pertes :
OFFICIERS
5 hors de combat, dont 1 tué :
MARTIN-JARRAND, capitaine.

TROUPE
263 hors de combat, dont 15 tués :
THUNS (Marius), adjudant-chef.
BRENIER (J.-B.), sergent-major.
RIFFARD (Henri), sergent.
CORNU (Georges), caporal.
PILLA T (Claude), caporal.
VOISIN (Eugène), soldat.
GUEY (Jacques), soldat.
LUCIEN (Paul), soldat.
CHIPIER (François), soldat.
GRENIER (Pierre), soldat.
PAYS (Charles), soldat.
ROUBAUD (Michel), soldat.
BARRAUD (Louis), soldat.
POISAT (Joseph), soldat.
REDON (Joseph), soldat.

25 Août - Combat de Ménil et Anglemont [...]
[...]

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