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Maison maternelle de Blâmont - Dr. J. Parisot - 1925
 


Le Centre d'Élevage de Blâmont

LA MAISON MATERNELLE ET LE PLACEMENT FAMILIAL SURVEILLÉ
Par le Dr. J. PARISOT

Il est peu de questions qui aient préoccupé autant médecins et sociologues que celle du "placement" des enfants et des conditions de leur "élevage"; récemment encore, à l'Académie de Médecine s'est déroulée à ce sujet, en 1923 et 1924, une longue et intéressante discussion à laquelle ont pris part en particulier les professeurs Bar, L. Bernard, Herrgott, M. Labbé, Marfan, Pinard. Wallich, etc., tous les membres de la Commission d'hygiène de l'enfance.


L'abandon, la séparation et les droits physiologiques du nouveau-né, au point de vue médico-social.
Ce sujet, il est vrai, possède une portée médico-sociale qu'au premier abord il ne paraît pas avoir; il touche spécialement au problème si préoccupant de la mortalité infantile encore trop élevée en France, à celui de l'abandon et, d'une façon plus générale encore, de la séparation, car il ne faut pas oublier que dans notre pays le chiffre des enfants je zéro à un an séparés de leur mère atteint, en moyenne, 80.000, nourris artificiellement dans la proportion de 98% environ, et dont la mortalité globale se maintient à près de 50%.
Cette séparation reconnaît pour cause des raisons sociales et médicales : sociales, telles que l'abandon de l'enfant, son placement pour raisons économiques ou sociales (travail de la mère nécessaire pour subvenir à ses besoins, situation ne lui permettant pas d'élever son nourrisson, etc.) ; médicales, c'est-à-dire nécessitées par des conditions hygiéniques ou pathologiques du milieu familial telles qu'elles constituent un danger pour l'enfant (spécialement, infection tuberculeuse des parents, etc.).
On conçoit qu'une réglementation de cette séparation s'impose : le nouveau-né a des droits physiologiques et, récemment le professeur Fruhinzholz (I I) en a montréla fréquente méconnaissance au point de vue social, de même que la tendance, exagérée, qui se manifesté d'organiser cette séparation par la création d'oeuvres qui la facilitent.
Comme l'a dit le professeur Pinard, résumant en même temps qu'une pensée qui lui est chère l'opinion de ceux qui, en matière d'hygiène sociale et de puériculture, font autorité, " deux aphorismes constituent d'une façon incontestable et incontestée aujourd'hui les deux piliers sur lesquels repose la véritable protection de l'enfance : c'est à dire la vraie puériculture de la première enfance : tout ce qui éloigne l'enfant de la mère le met en état de souffrance et en danger de mort (Théophile Roussel), auquel on a ajouté depuis : le lait et le coeur de la mère ne se remplacent jamais (Acad. de Méd., 29 janv. 1924).
Certes, on peut ne pas admettre que des nécessités d'ordre social (ou tout autre...) obligent la mère à se séparer de son enfant, à le priver de son lait, de ce " couvage " (Fruhinsholz) qui lui est sinon indispensable, du moins salutaire et physiologiquement dû. Mais on est bien obligé d'accepter les faits tels qu'ils sont et, dans l'attente qu'ils disparaissent, de prendre les mesures nécessaires pour atténuer les effets d'une pratique qu'on réprouve mais qu'il n'est pas en notre pouvoir de supprimer directement.
C'est l'esprit même du voeu exprimé par l'Académie de Médecine dans sa séance du 24 juin 1924 : " Tout mettre en oeuvre pour empêcher et prévenir la séparation de la mère et de l'enfant ; mais dans l'attente du résultat de cette action, ne rien négliger pour sauver les 78.000 séparés ou plus qui, chaque année, sont nourris artificiellement dans la proportion actuelle d'environ 98% ", et renforcé par l'action indispensable auprès des pouvoirs publics. " L'Académie de Médecine émet le voeu que le Gouvernement prenne toutes les mesures pour empêcher l'enfant d'être séparé de sa mère pendant la première enfance, sauf les cas où la séparation est médicalement indiquée.)) (Acad. de Méd., 22 juillet 1924.)
N'oublions pas, cependant, qu'apporter un remède (autant que faire se peut) à un état de choses déplorable, ne doit pas constituer une " invitation " à l'abandon et à la séparation; il faudrait, comme nous y insisterons encore plus loin, que toute séparation soit étudiée au double point de vue médical et social et qu'en particulier, aucun placement familial ou collectif ne soit prononcé par le médecin " répartiteur ", en l'absence d'indication médicale formelle, sans que la raison sociale de la séparation ait été envisagée et reconnue valable.
Cette séparation ne doit pas être seulement réglementée; il faut également qu'elle soit orientée, et que soient appliquées pour chaque cas les règles d'un élevage logique, judicieux. Il faut éviter qu'une oeuvre bienfaisante se crée qui, ouvrant ses portes largement, accueille sans triage, comme sans règle, les nourrissons qu'on s'empressera de toutes parts de lui confier : oeuvre charitable, certainement (au moins dans ses intentions), mais capable, au point de vue médico-social, d'une action minime, peut-être nuisible.


L'élevage du nourrisson séparé ; comment le concevoir. Indications respectives du placement collectif et du placement familial surveillé.
L'élevage collectif des nourrissons, tel qu'il doit être pratiqué en s'inspirant des règles modernes de puériculture, possède ses défenseurs et ses détracteurs; il n'est pas
douteux, par contre, que le placement familial recueille la majorité des suffrages. Faut-il abandonner le premier, s'adresser exclusivement au dernier? De l'instructive discussion suscitée à l'Académie par ce sujet se dégage nettement cette conception que doivent partager tous ceux que préoccupe l'hygiène sociale de l'enfance : l'une et l'autre méthode sont utiles et possèdent des indications propres à chacune d'elles. Elles sont, pour ainsi dire, schématisées dans cette formule : Le nourrisson sain a avantage à ne pas être élevé en communauté ; le nourrisson débile ne peut être confié au placement familial. Comme l'a dit, en effet, le professeur Léon Bernard, le meilleur type de placement pour les enfants sains est le placement familial; les enfants débiles, hypotrophiques mais non malades, ne pouvant bénéficier de ce placement (car cela soulève trop de difficultés avec les nourrices) ont tout avantage à être confiés au placement collectif d'une pouponnière plutôt que d'être livrés aux aventures pathologiques de l'hôpital (Acad, de Méd., 6 mai 1924, p. 561).
Ainsi en arrive-t-on, si l'on veut fonder un organisme de puériculture moderne, à la création du Centre d'élevage où sont représentés les deux modes de placement, aptes à se prêter un mutuel appui, et à combiner judicieusement leurs efforts. C'est en s'inspirant des principes acquis et des directives précédemment exposées qu'a pris naissance et que fonctionnera le Centre d'élevage de Blâmont, en Meurthe-et-Moselle.


La protection et l'élevage de "l'abandonné" en Meurthe-et-Moselle : l'hospice dépositaire; l'Abri maternel et son influence.
Notre département, on le sait, malgré son excédent annuel de naissances sur les décès (qui le place à ce point de vue parmi les plus favorisés des départements français), paie un lourd tribut à la mortalité infantile, plus spécialement en ce qui concerne les pupilles de l'Assistance publique. Cependant, grâce à des mesures opportunes, des résultats remarquables ont été, en très peu de temps, acquis (pourcentage de la mortalité infantile de zéro à un an, générale, par rapport au chiffre des naissances, descendu à 9, 29% en 1924; pourcentage concernant les pupilles de l'Assistance publique, tombé en 1924 à 29,41 %). Spécialement, grâce à l'action menée depuis la guerre par le professeur Fruhinsholz et M. Saumade, inspecteur de l'Assistance du département, par la Commission administrative des Hospices de Nancy, les services de l'hospice dépositaire ont été modifiés, transportés de l'hôpital Marin dans des locaux plus hygiéniques et mieux adaptés, à l'hospice Saint-Stanislas; d'autre part, a été créé en avril 1920 un Abri maternel, perfectionné en 1922 et complété, grâce à l'initiative de l'Union des Femmes de France, par l'adjonction d'un ouvroir et d'un service d'assistance et de placement des jeunes mères à la sortie de l'Abri, avec leur nourrisson. Celui-ci a donné ainsi asile, en 1922, à 56 nourrices (et 56 nourrissons), en 1923, à 88 (avec 90 enfants dont 2 jumeaux), à 89 (et 90 enfants, un jumeau) en 1924. Grâce à ces mesures, non seulement la mortalité des pupilles, considérable auparavant, s'est abaissée, mais, fait à retenir, le nombre des abandons a, lui aussi, diminué ; le nombre des assistés, qui était de 158 en 1920, est tombé aux environs de 100 et s'y maintient.
Ces résultats, fort encourageants, prouvent qu'on peut et qu'on doit obtenir mieux encore.


Le Centre d'élevage de Blâmont

Origine et constitution
Le Centre d'élevage de Blâmont comprend deux parties distinctes dans leur organisation et leur fonctionnement, mais appelées à collaborer de la façon la plus intime. C'est à M. de Turckheim, conseiller général, et au Dr Hanriot de Blâmont qu'on doit l'initiative de cette fondation. Appuyée par l'Union des Femmes de France, soutenue immédiatement par le concours moral et financier des Services administratifs et du Conseil
général du département, par des subventions de l'État, cette oeuvre vient compléter d'une façon particulièrement heureuse les divers organismes d'hygiène sociale ayant pour but la protection de l'enfance. Entrant en collaboration avec l'office d'hygiène sociale, il est possible d'établir un programme d'organisation comportant, d'une part, la création d'un établissement de placement collectif, d'autre part celle d'un loyer de placement familial surveillé.


La Maison maternelle de Blâmont

Les Maisons maternelles
Dans un rapport à l'Académie de Médecine (9 mai 1922) sur les Maisons maternelles, dont les conclusions furent adoptées à l'unanimité, le professeur L. Bernard donne, d'un tel établissement, la définition suivante : " Une Maison maternelle est une institution où, sous la garantie du secret, sont hébergées des femmes enceintes quelques mois avant l'accouchement, où elles peuvent accoucher et où elles demeurent après l'accouchement pendant tout le temps que dure l'allaitement maternel; suivant les conditions, l'accouchement pourra se faire dans un établissement spécial en relation avec la Maison maternelle. "
Ajoutons que, vu l'importance de ces institutions " qui représentent actuellement un des moyens les plus efficaces et les plus simples pour combattre la mortalité infantile et l'abandon des enfant ", l'Académie, dans cette même séance, a prié les pouvoirs publics de prendre l'initiative d'instituer obligatoirement, par le vote d'une loi, une organisation qui réalise, suivant les circonstances et les besoins propres à chaque département, les principes exposés dans la définition précédente.


Ce qu'est l'Établissement de Blâmont.
Si l'on s'en tient strictement à cette définition, l'établissement de Blâmont n'est pas une véritable Maison maternelle : Il est plus et moins.
a) Il ne recevra pas les femmes avant leur accouchement, mais après ; la nouvelle Maternité départementale modèle, pour l'édification de laquelle le Conseil général de Meurthe-et-Moselle a consenti des sacrifices considérables (plus de 12 millions déjà), avec laquelle il sera en étroite liaison, lui fournissant la mère et son nourrisson, après passage même, si nécessaire, à l'asile maternel accolé à la Maternité.
b) Mais il recevra en plus des enfants abandonnés et séparés dont le placement familial immédiat est impossible et pour un temps plus ou moins long.
A ce point de vue, par conséquent, cet organisme représente un type mixte, procédant de la Maison maternelle et de la Pouponnière, qu'on peut rapprocher d'un modèle équivalent existant dans le département du Rhône et désigné sous le nom de Nourricerie du Vinatier (Voir à ce sujet, en particulier, Acad. de Méd., 1923, p. 215). On peut le comparer également à l'Institut de Puériculture de Strasbourg, appelé aussi Hôpital-Abri, pour mères et nourrissons, qui reçoit : des prématurés et des débiles, des enfants dont l'élevage difficile nécessite un régime spécial, strictement surveillé, des " séparés temporaires ", des " abandonnés " avant leur placement à la campagne.
Il est difficile d'affecter une autre dénomination existante et adaptée exactement à un tel organisme : mieux vaut le définir pour le rôle qu'il est appelé à jouer. Et, à ce point de vue, regrettons avec le professeur Marfan (Acad. de Méd., 4 mars 1924, p. 283) qu'en l'état actuel des organisations assez disparates qui s'occupent de la protection de l'enfance, on donne trop souvent la même dénomination, " pouponnières ", par exemple, à des établissements en réalité assez différents les uns des autres.


But, organisation et fonctionnement de l'Établissement
Ce centre a pour but de recevoir :
a) Des mères nourrices, avec leur nourrisson, afin d'éviter le sevrage précoce, l'abandon, etc. ;
b) Des séparés, du fait, exceptionnellement, de conditions sociales, surtout de causes médicales (tuberculose familiale par exemple), incapables ou en attente d'être dirigés sur le placement familial;
c) Des abandonnés que leur état de santé ne permet pas de diriger sur le placement familial (tout au moins de suite), mais n'est pas assez grave, cependant, pour être justiciable de l'hôpital.
Une telle organisation se propose donc de lutter en premier lieu contre l'abandon; en, second lieu, de soigner des débiles dont la santé est améliorable, aptes à profiter de conditions hygiéniques supérieures à celles qu'ils peuvent trouver dans l'hospice dépositaire de Nancy, qui représente en fait l'hôpital où sont conservés les plus chétifs. Elle se propose enfin et surtout d'observer les séparés, de les surveiller pendant la difficile période du sevrage, au sujet duquel d'Heucqueville, récemment encore, est intervenu en montrant par des statistiques réellement frappantes qu'il est indispensable de le pratiquer dans des conditions favorables, dans un centre d'observation bien organisé, avec lenteur et non brutalement (Acad. de Méd., 24 juin 1924).
En dernière analyse, il s'agit là, pour ces deux catégories de sujets, d'une véritable préparation, d'une adaptation au placement familial secondaire.
L'établissement peut recevoir 60 enfants et possède 25 places de nourrices (donc 25 nourrissons accompagnés et 35 " séparés "). La large place faite aux mères permet d'envisager, pour les nourrissons isolés, une alimentation mixte, qui peut rendre quelque service dans des cas déterminés : sevrage progressif, débilité, etc.
Il va sans dire qu'une telle maison possède, au point de vue de son "organisation intérieure, de son fonctionnement, de son recrutement, des garanties sérieuses.
Construite dans un vaste parc admirablement aménagé et où subsistent les ruines du vieux château de Blâmont, dont le triple chemin de ronde constitue actuellement des terrasses de cure solaire parfaitement protégées des vents, le bâtiment principal possède un sous-sol, un rez-de-chaussée et deux étages.
Au sous-sol, en sus des cuisines, office, buanderie et repasserie modèles, nous trouvons tous les services de la biberonnerie avec réception spéciale du lait (évitant toute pénétration étrangère dans l'établissement), stérilisation, glacière (laiterie aux environs avec approvisionnement assuré dans des conditions particulièrement favorables).
Au rez-de-chaussée, deux parties bien distinctes, complètement séparées : l'entrée avec salles de visite, parloir, et, isolé lui-même, le lazaret, possédant des salles pour nourrisson seul et nourrisson accompagné de la mère. Le stage s'impose avant l'entrée, de l'avis de tous. Des chambres d'hospitalisation à six lits occupent l'aile restante.
Au premier étage, division symétrique identique, avec isolement en chambres particulières pour débiles ou sujets à observer plus longuement, et hospitalisation. Toutes les salles sont largement aérées, de surveillance facile, grâce aux vitrages nombreux, toutes munies d'eau chaude et froide avec baignoires, lavabos, chauffage central, aération et ventilation adaptées, etc. Toutes les salles de plusieurs lits possèdent des bas-flancs vitrés pour isolement de chacun d'eux.
A chaque étage, tisanerie, salle d'allaitement, etc.
Au second enfin, chambres des mères, du personnel, en parties distinctes, avec toutes les organisations hygiéniques désirables, bains, etc.
Cette description rapide permet de juger qu'un tel établissement répond aux exigences modernes d'un centre de puériculture. Nous ajouterons une infirmerie en bâtiment isolé, de six lits, et la possibilité d'user, à deux minutes de la maison, de salles réservées et parfaitement agencées de l'hôpital de Blâmont, pour les sujets dont une maladie sérieuse nécessiterait une longue hospitalisation.
Adossée au bâtiment principal et bien abritée, se trouve une vaste terrasse pour aération et héliothérapie.
Le recrutement des nourrissons doit offrir au point de vue médico-social des garanties sérieuses : examen médical complet, radioscopique, cuti-réactions, etc., et pour les mères, utilité égale de ces investigations (saufla dernière, remplacée par la réaction de Wassermann).
Nous nous sommes assez étendus précédemment sur la réglementation sociale de la séparation pour qu'il nous suffise de rappeler ici l'importance de l'enquête sociale avant toute admission. Pratiquement, d'ailleurs, les divers organismes d'hygiène sociale du département concourant " aux entrées " doivent former autour d'un tel établissement la première et la principale ligne de filtration.


Service social et placement des mères
Une telle organisation de doit pas posséder seulement un bon service médical, avec infirmières spécialisées, mais également un service social capable d'intervenir pour exercer sur les mères hospitalisées une action morale, les rééduquer si nécessaire ou tout au moins les occuper à un travail, les placer à leur sortie. Ainsi peut-on empêcher les abandons, préparer la constitution d'un pécule, etc. Toute cette partie du programme a été envisagée à Blâmont; qui plus est, un projet est en étude, qui permettra probablement le placement à la sortie de la maison en des logis sains et libres, à Blâmont même ou dans les environs, de
mères capables de vivre d'un travail de la région (broderie de perles, etc.) et auxquelles pourra être confié un autre nourrisson, en placement familial. Cette dernière réalisation présente un intérêt suffisant pour qu'on s'y attache.


Le placement familial surveillé

La seconde partie de l'organisation du Centre d'élevage de Blâmont est représentée par l'établissement, dans l'agglomération même et dans les villages du canton, de centres de placement familial surveillés. Tout s'y prête : la situation géographique comme l'état des logis; le canton a vu, du fait de la guerre, près de 90% de ses maisons détruites. Aujourd'hui, il offre donc des locaux particulièrement adaptés au but cherché. Il ne faut pas oublier, d'autre part, que dans ce secteur existent vingt et un centres de consultations de nourrissons (établis par l'Union des Femmes de France) aptes à rendre également d'excellents services.
Le placement pourra être direct, c'est-à-dire sans l'intermédiaire de la Maison maternelle ou, au contraire, indirect à la sortie de celle-ci, après un séjour plus ou moins long.


Le placement familial des Tout-Petits
Mais ce qu'il importait de créer en Meurthe-et-Moselle pour compléter l'armement antituberculeux, c'est le placement familial des nourrissons nés de parents tuberculeux, sains et placés dans des conditions de contamination éminemment redoutables. On sait les résultats brillants auxquels a conduit l'application logique et pratique des études de MM. Léon Bernard et Debré. Le Placement familial des Tout-Petits, oeuvre présidée par Mme Seligmann, a sauvé déjà de nombreux enfants voués, s'ils étaient demeurés à leur foyer, à une contamination certaine.
L'Office d'Hygiène sociale, par entente avec les dirigeants de la Maison de Blâmont, pourra réaliser la création d'un tel centre de préservation du nourrisson contre la tuberculose.


La coopération des deux modèles de placement ; leur coordination avec les autres oeuvres d'hygiène sociale
Le centre de placement est Blâmont même, ce choix permettant d'éviter l'organisation du dispensaire avec biberonnerie; infirmerie, nécessaires pour la surveillance et le fonctionnement du centre d'élevage. C'est, en effet, la Maison maternelle qui en tiendra lieu, avec tous ses moyens beaucoup plus puissants, permettant de façon plus sûre, plus large, plus facile, l'observation avant ou au cours du placement; nous apportant le secours de son personnel, de ses services d'infirmerie et d'hospitalisation pour les malades éventuels, nous épargnant les difficultés d'approvisionnement, de stérilisation du lait, etc. Les avantages d'une telle collaboration sont tellement nombreux, tellement frappants, qu'il est inutile d'y insister. Ce centre présente des analogies nombreuses avec celui de Porchefontaine dont le rôle a été développé récemment encore à l'Académie de Médecine par le professeur M. Labbé (séance du 4 mars 1924) et. qui groupe à lui seul la pouponnière avec alimentation au sein, mixte ou au biberon, le placement familial surveillé, le dispensaire, la consultation de nourrissons. La pouponnière, a dit M. Labbé, ne doit pas être opposée au placement familial, mais s'associer à lui ; elle ne doit pas être organisée suivant une formule étroite, n'admettant que l'élevage au sein ou au contraire l'élevage au biberon, mais plutôt suivant une formule pratique, dont Porchefontaine donne l'exemple, qui consiste à recevoir le plus de mères nourrices acceptant de faire bénéficier de leur lait quelques enfants particulièrement délicats.
On peut dire que ces deux oeuvres se complètent l'une l'autre et que leur association doit en rendre plus solide l'organisation et plus féconds les résultats. Une telle méthode est logique, permet l'adaptation plus facile aux diverses éventualités médico-sociales du placement, elle est économique.
Ainsi se trouve constitué ce centre d'élevage, formant en réalité un tout et non deux organismes isolés. Il est indispensable, par ailleurs, qu'il se tienne en liaison étroite avec les établissements d'assistance et d'hygiène sociales qui, chacun pour leur compte et d'après leur spécialisation, doivent intervenir et aider à son fonctionnement : Maternité départementale avec centre d'observation temporaire pour nourrisson de. mère tuberculeuse, hospice dépositaire, abri maternel, d'une part; dispensaire antituberculeux central et dispensaires d'hygiène sociale du département, laboratoire régional de sérologie, etc., d'autre part. Là encore, la coordination des efforts et la méthode jouent un rôle principal; elles doivent servir de base au fonctionnement d'une telle oeuvre.

Le Gérant : P. VALETTE

IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT, NANCY-PARIS-STRASBOURG. - 1925

(I) Professeur FRUHINSHOLZ, "Les droits physiologiques du nouveau-né, leur méconnaissance sociale ". (Rev. méd. de l'Est, 15 sept. 1924, p. 600, et Thèse de Nancy 1925, de son élève J. Lévy).

Plan de la maison maternelle de Blâmont
 

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