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« The Sugar King of Louisiana » - Lion
Godchot - 1824-1899
Léon Godchaux, le roi du
sucre de la Louisiane
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Le 10 juin 1824, naît à
Herbéviller Lion Godchot, de confession juive. Il est le quatrième enfant de Paul
Godchot (1781-1831), manoeuvre, et de Michelette Lazard :
1 - Mayer (Herbéviller, 15 août 1817)
2 - Henriette (Herbéviller, 29 novembre 1819)
3 - Alexandre (Herbéviller, 27 janvier 1822 - décédé le 24
juillet 1822)
4 - Lion (Herbéviller, 10 juin 1824)
5 - Lazard (Herbéviller, 4 octobre 1826)
6 - Nathan (Herbéviller, 14 avril 1829)
7 - Pauline (Herbéviller, 7 février 1832)
Acte de naissance de Lion Godchot - Le prénom maternel de
Minette apparait sous le plus probable Michelette
sur les autres actes de naissances. Lion Godchot donnera
d'ailleurs le prénom de Michelette à son 12ème enfant.
A la naissance de son dernier enfant, Paul Godchot est décédé
(22 novembre 1831 à Herbéviller).
Est-ce cette absence de père, et la misère de cette famille
nombreuse, qui suscite chez Lion la décision d'émigrer ? Est-il
parti seul ou accompagné ?
Sur ce point, les sources manquent ou
sont contradictoires... Minette Godchot a-t-elle émigré avec ses
enfants, comme le laisse supposer l'article de presse ci-contre
(publié suite au décès de Lion Godchot) ? Et pourtant
cet article parle des quatre plus jeunes enfants : or il
cite deux soeurs (a priori Henriette et Pauline),
mais surtout Mayer (l'ainé, décédé le 9 mars 1873) et
Lazard, sans citer Nathan. |
New-Orleans Times Democrat - 19 mai 1899 :
"Mr. Godchaux's mother came to New Orleans about the middle 40's
with the four younger children. The two boys were Mayer and
Lazard. Mayer remained here in partnership with his elder
brother until his death, in 1878. Lazard, who caught the gold
fever in 1840, went to California, where he amassed a fortune.
He owns enormous stock farming interests and lives in
San-Francisco.
The two sisters both survive Mr. Godchaux, Mrs. Joseph Israel,
mother of Mr.
Mayer Israel, and Mrs. Nathan Blum, who lives on Reserve
Plantation." |
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Toujours-est-il qu'à l'âge de 13 ans, en 1837 (date
et âge le plus
souvent allégués, parfois 1840), Lion arrive à la
Nouvelle-Orléans, sous le nom de Léon Godchaux, illettré et sans
argent.
A la recherche de ressources, il juge que les nombreuses et
riches plantations des deux côtés du Mississipi, de la
Nouvelle-Orléans à Baton-Rouge, seraient un excellent lieu de
démarchage pour des articles de mercerie (aiguilles, fils,
rubans, dentelles, etc).
Il finit par trouver le grossiste Leopold Jonas qui lui accorde sa confiance, et prend la route,
avec un ami dénommé Tassin, pour colporter ses marchandises.
Très vite, ses petits bénéfices lui permettent d'acquérir un
mulet et un charriot pour développer son activité. Si bien qu'à
16 ans, en 1840, il peut acquérir son premier magasin à Convent,
puis en 1845, il ouvre un magasin de vêtement à la
Nouvelle-Orléans.
Mais ses ambitions se portent sur le sucre, et en 1850, il est
en mesure de racheter la plantation d'Antoine Boudousquié à
Bonne Carré, dont il change le nom en « Reserve ».
Il réinvestit chaque bénéfice dans de nouvelles terres : c'est
ainsi qu'il acquière les plantations Star Diamond, La Place, La
Branche, Belle Point, New Era et Cornland, ainsi que de
nombreuses petites plantations (en 1869, 14 grandes plantations,
12000 hectares dont 4000 en sucre ! ).
Mais chaque plantation ayant sa propre petite usine de sucre,
l'activité très ponctuelle de traitement des récoltes se trouve
ainsi dispersée : Léon Godchaux décide alors de créer une usine
centrale, où les cannes à sucre récoltées sont acheminées par
traction animale sur rails. Après une première version en rail
de bois au début des années 1890, il remplace ses lignes par des
rails à voie étroite. Lorsqu'il doit traverser les plantations
d'autres propriétaires, il offre à chacun, comme droit de
passage, un baril de sucre en fin de saison de broyage.
Léon Godchaux
Enfin, avec le développement des petites locomotives à vapeur en
1895, Léon Godchaux équipe ses lignes, bénéficiant ainsi d'un
transport plus rapide, avec moins de main d'oeuvre et
d'entretien d'animaux.
Au final, les voies ferrées sont équipées aussi de locomotive
plus lourdes, capables de tirer simultanément un plus grand
nombre de voitures. Les locomotives sont numérotées dans l'ordre
de leurs acquisition, avec les lettres « MRSB RR » (Mississipi
River Sugar Belt Railroad).
Dans ce pays du sucre, la vie spirituelle est totalement régie
par l'Église catholique romaine : mais Léon Godchaux fait de
large contributions à l'église Saint-Pierre de Reserve, de sorte
que deux grand vitraux commémorent ce planteur juif, qui avait
construit salles de danse, de baseball, piscines, bibliothèques,
etc, à l'usage de ses employés.
En 1899, survient même un événement spectaculaire dans une si petite
ville : le président des Etats-Unis William Howard Taftwas
visite la raffinerie (qui produit 12 000 tonnes de sucre raffiné
par an), en compagnie de 117 senateurs, 24 gouverneurs et 3
diplomates.
La même année, Léon Godchaux, désormais surnommée « The Sugar King of Louisiana
» et dont la fortune est évaluée à 10
millions de dollars, décède le 18 mai 1899 à la
Nouvelle-Orléans.
Il avait épousé le 24 mai 1854 Justine Lamm
(née le 8 avril 1838 à Ay-sur-Moselle) dont il eut 12 enfants
1 - August (Nouvelle Orléans, 1854)
2 - Paul Leon (Nouvelle Orléans, 17 avril 1857)
3 - Anna (Nouvelle Orléans, 19 juillet 1862)
4 - Blanche Emilie (Nouvelle Orléans, 15 juillet 1864)
5 - Edward Isaac (Nouvelle Orléans, 15 mai 1867)
6 - Charles (Nouvelle Orléans, 8 janvier 1869)
7 - Albert (Nouvelle Orléans, 24 septembre 1876)
8 - Jules (Nouvelle Orléans, 11 juillet 1872)
9 - Emile Prosper (Nouvelle Orléans, 29 janvier 1874)
10 - Albert Charles (Nouvelle Orléans, 24 septembre 1876)
11 - Walter (Nouvelle Orléans, 24 septembre 1878)
12 - Michelette Leonie (Nouvelle Orléans, 7 mars 1880)
Monument funéraire au "Metairie Cemetery" de la Nouvelle-Orléans
La raffinerie en 1908
La raffinerie en 1912
En 1904, la raffinerie Godchaux produit encore 25000 tonnes de
sucre, et emploie avec ses plantations plus de 2000 personnes.
La raffinerie en 1939
Lorsque la production de sucre brute cessera, la raffinerie de
Reserve sera utilisée pour traiter la production de divers
autres clients, avant d'être rachetée par la National Sugar and
Refining Company en 1958.
Note : la locomotive Gochaux n° 1, destinée à
la casse, est rachetée en 1955 par Dysneyland, devenant ainsi la
locomotive n° 3 « Fred Gurley » du parc dattraction.
Construite par Baldwin Locomotive Works in 1894, la
locomotive est mise en service à Disneyland le 28 mars 1958
en Californie, baptisée du nom de Fred. G. Gurley
(1889-1976), alors président de l'AT&SF (Atchison, Topeka,
and Santa Fe Railway, seule compagnie ayant accordé son
soutien à la compagnie Disney dès 1953). Plus ancienne
locomotive du réseau elle a été acquise pour 1300 $, mais a
couté plus de 35000 $ de restauration.
Rédaction : Thierry Meurant |
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