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L'Est Républicain

- 1955 -



13 avril 1955
Il se tire une cartouche dans la tête
BLAMONT (de notre correspondant). - Lundi matin, la population de Blémerey était en émoi, à la suite d’un coup de feu qui venait d’être tiré dans une maison appartenant à M. Zabel, cultivateur
Après avoir passé joyeusement les fêtes de Pâques, M. Prud’homme Robert, 46 ans, ouvrier agricole au service de M. Zabel et son camarade qui occupaient tous deux cette petite maison, se couchèrent, le premier au rez-de-chaussée et le second au premier étage.
Vers 11 heures du matin, une détonation retentit et M. Raymond Henry, s’étant précipité au rez-de-chaussée constata avec stupeur que son camarade venait de mettre fin à ses jours, en se tirant à bout portant une cartouche de fusil de chasse dans la tête.
Le docteur Baltot, de Blâmont, immédiatement alerté, n’a pu que constater le décès de M. Prud’homme qui vivait seul et travaillait comme ouvrier agricole chez M. Zabel.
Le désespéré avait griffonné un qu’il était las de la vie.
Son père s’était également suicidé.
La gendarmerie de Blâmont a procédé à l’enquête d’usage.

6 septembre 1955
Un motocycliste heurte deux chevaux et se tue
Dimanche, vers 20 heures, un motocycliste, M. A. Hervineau, garçon boulanger, demeurant à Champigny (Loir-et-Cher), venait de Lunéville et se dirigeait vers Blâmont. Dans une ligne droite, quatre cents mètre environ avant la commune de Herbéviller, il heurta deux chevaux tenus à la bride par M. Fernand Carrier, 35 ans, cultivateur, qui marchait dans la même direction.
A la suite du choc, le motocycliste dérapa sur la chaussée et, tandis que sa machine, qui s’était couchée sur la chaussée, glissait sur la route, il fut projeté à plusieurs mètres, au moment même où une automobile venait en sens inverse Sa tête porta violemment contre l’aile gauche avant de la voiture conduite par M. Angélo Gentile. 26 rue François-de-Neufchâteau, à Nancy, qui ne s’était pus rendu compte des faits.
Atteint d'une fracture du crâne, M. Hervineau fut transporté à l’hôpital de Nancy où il devait décéder à son arrivée.

12 septembre 1955
A la sortie de Blâmont, un automobiliste nancéen manque son virage
Revenant de Strasbourg au volant de sa traction, M. François Thouvenin, représentant, rue Sigisbert-Adam. à Nancy, qui s’apprêtait à doubler une voiture, ne s'est pas rendu compte qu’il abordait un virage très dangereux dans lequel de nombreuses voitures ont déjà été accidentées.
Ne pouvant redresser son véhicule, il faucha un poteau lumineux bordant le côté gauche de la route nationale 4, à quelques kilomètres à la sortie de Blâmont.
Dans sa voiture se trouvaient ses cousins, M. et Mme Lamorce, demeurant place Carnot, à Nancy. Dans son embardée, la voiture descendit un talus de plusieurs mètres et c’est par miracle que les trois occupants sont sortis sans blessures graves.
M. Thouvenin a été blessé au visage ainsi que Mme Lamorce. Commotionnée, cette dernière perdit connaissance et fut prise en charge par un automobiliste de passage. M. Lamorce, qui est président des Anciens Internés de Suisse, s’en est tiré sans une égratignure.
Les gendarmes de Blâmont se sont rendus sur les lieux pour procéder aux constatations.

15 octobre 1955
Roulant dans le brouillard la voiture allemande s’écrase dans un ravin
BLAMONT (de notre correspondant). - Hier matin, à 4 h. 30, une voiture allemande venant de Strasbourg et se dirigeant vers Nancy a manqué le virage à l’embranchement des R.N. 4 et 392, à l’entrée d’Ogéviller (M.-et-M.), et s’est écrasée dans un ravin de trois mètres sur le côté gauche de la route.
De l’automobile complètement hors d’usage on devait retirer deux blessés graves, MM. Dieter Blank, 19 ans, et son frère Walter Blank. Les deux autres occupants. MM. Berner Kerber, 23 ans, et Erica Diexler, 16 ans, étaient plus légèrement atteints.
Tous quatre, domiciliés à Esslingen (Wurtemberg), se rendaient au Salon de l'Automobile à Paris. Le docteur Gaillard, immédiatement prévenu, se rendit sur les lieux et a fait diriger les accidentés sur l’hôpital de Lunéville.
En fin de matinée, on apprenait que M. Dieter Blank, le plus gravement atteint, était décédé. Les causes de cet accident mortel seraient dues au brouillard. La gendarmerie de Blâmont, sous la direction de l’adjudant Schuster et des gendarmes Bertinet et Burnot, a procédé à l'enquête d’usage.

20 octobre 1955
Le commerçant de Sarrebourg ne sera pas indemnisé par la ville de Blâmont
NANCY. - Le tribunal administratif interdépartemental, siégeant à Nancy, vient de rendre son jugement dans le procès intenté à la ville de Blâmont par M. Julien Blum, commerçant à Sarrebourg.
Fin mai 1940, M. Blum loua un local à Blâmont et y entreposa des denrées d’épicerie d’une valeur de 338.600 francs environ. Il pensait qu’en raison des événements de guerre, ces marchandises seraient plus en sûreté à Blâmont qu’à Sarrebourg.

Réquisition pour la pouponnière
Mais bientôt il dut se résigner, comme Israélite, à s’en aller devant l’avance allemande.
Le 17 juin, le conseil municipal de Blâmont confiait à M. de Turckheim le soin de remplacer le maire, mobilisé, et l’adjoint, absent.
Le même jour, M. de Turckheim fit ouvrir le dépôt d’épicerie de M. Blum et y réquisitionna pour 31.000 fr. de denrées alimentaires destinées à la Pouponnière de cette localité qui manquait de ravitaillement M. Blum reprochait au représentant de la municipalité de ne pas avoir veillé à la fermeture des portes du dépôt après cette réquisition et il faisait valoir que des militaires et des civils purent ainsi venir s’y approvisionner.

L'explosion arrache la toiture
Le 19 juin, les troupes françaises en retraite abandonnèrent Blâmont après avoir fait sauter le pont sur la Vezouze. L’explosion arracha la toiture de l’immeuble qui abritait le dépôt d’épicerie qui fut ensuite pillé en partie par les Allemands. Les intempéries achevèrent de détériorer le reliquat des marchandises.
Le 17 juillet 1940, M. de Turckheim, après avoir fait dresser par huissier un procès-verbal de constat, vendit à la population les denrées restantes plus ou moins endommagées, soit dix sacs de riz et dix sacs de lentilles qui avaient été transportés à la mairie.
Les sommes représentant la valeur de la réquisition pour la Pouponnière et des ventes effectuées à la population furent ensuite confisquées par le commissaire allemand aux affaires israélites de sorte que M. Julien Blum ne toucha rien. Le commerçant de Sarrebourg engagea en 1950 une instance devant le tribunal civil de Lunéville contre M. de Turckheim pris personnellement, et contre la ville de Blâmont solidairement.
Il estimait qu’en ne faisant pas refermer la porte du dépôt M. de Turckheim avait commis une faute personnelle et qu’il était cause du pillage qui suivit.
Puis au cours de l’instance, M. Blum se désista de son instance contre M. de Turckheim mais maintint sa demande contre la ville de Blâmont.

Devant le tribunal administratif
Le tribunal de Lunéville par jugement du 30 juillet 1950, se déclara incompétent du fait que les actes incriminés ayant été accomplis dans l’intérêt de la population civile relevaient de la juridiction administrative.
Après une nouvelle requête adressée au maire actuel de Blâmont qui est M. Crouzier, secrétaire d’Etat aux Forces armées, M. Blum assigna la commune devant le tribunal administratif.
Son avocat, Me Baumann, du barreau de Strasbourg, demandait une indemnité de 6 millions, valeur actuelle de remplacement du stock d’épicerie dispersé dans les circonstances que l’on sait.
Me André Vivier, plaidant pour la ville de Blâmont, fit valoir que le dommage subi par le demandeur était la conséquence d’événements de guerre et que c’était à l’Etat qu’il aurait dû s’adresser comme pillé et spolié.

Il s'agit d'une spoliation
Le tribunal administratif que préside M. Houille, vient de rendre son jugement.
Il estime que les actes dont se plaint M. BIum doivent être regardés comme des réquisitions. Il constate que les fonds provenant des ventes de denrées à la pouponnière et à des particuliers ont été saisis et bloqués par un commissaire allemand aux biens israélites et qu’ainsi les réquisitions en question se traduisent pour le demandeur en une spoliation, qu’en conséquence la demande en restitution relève des dispositions d’une législation spéciale en la matière.
Le jugement dit encore que les pillages et les détériorations ayant eu pour origine l’explosion du pont constituent des dommages de guerre indemnisables au titre de la loi du 18 octobre 1946, qu’à supposer que le maire n’ait pas refermé la porte de l’entrepôt après son intervention du 18 juin et sans rechercher si la cause ne serait pas attribuable aux bombardements et mitraillages aériens. Le jugement ajoute que posés, cette fermeture n’aurait empêché ni les dégâts causés à l’entrepôt par l’explosion ni les pillages qui s’en suivirent.
Le tribunal administratif se déclarant lui aussi incompétent déboute M. Blum de son action contre la ville de Blâmont, estimant qu’il devait se faire indemniser par l’Etat au titre des dommages de guerre et des spoliations.

25 octobre 1955
Né d’un motif futile, un crime fait trois orphelins
Un manœuvre de 18 ans tue le camarade de régiment de son oncle
LUNEVILLE (de notre rédaction). - A Gogney, petit village de 130 habitants, situé à quelques kilomètres de Blâmont (M.-et-M.), un meurtre commis dans la nuit de dimanche à lundi a provoqué une vive émotion, d’autant plus grande que, jusqu’alors, aucune dissension n’existait entre la victime et celui par lequel il fut frappé. L’émotion est encore accentuée par le fait que cet acte regrettable touche un foyer où il y a trois jeunes enfants, un quatrième étant attendu.
M. Raymond Nuss, 24 ans, plâtrier, est domicilié avec sa famille, depuis deux ans, à Gogney, rue de Repaix. Alors qu’il effectuait son service militaire à Metz, il avait fait la connaissance de François Burckhardt, demeurant actuellement à Niderhoff (Moselle), et qui se trouvait dimanche chez son frère, habitant Gogney. Les deux hommes se rencontrèrent et François Burckhardt invita son ancien camarade à passer la soirée dans sa famille.

Souvenirs militaires
Vers 20 heures, M. Nuss se rendit au domicile de la famille Burckhardt, à proximité du carrefour de la route de Sarrebourg. La conversation débuta par l’évocation de souvenirs militaires, tandis que se levaient les verres pour marquer cette rencontre. Puis on plaisanta et on se divertit, mais, à un certain moment, la bonne entente devait cesser. M. Nuss fut pris à partie par son ami de régiment qui le jeta dehors.
En compagnie de son épouse, venue le chercher, mais qui n’était pas entrée dans la maison, M. Nuss prit la direction de son domicile. S’étant arrêté au café de la localité, il y trouva André-Pierre Gérard, 18 ans, manœuvre, neveu de François Burckhardt et beau-fils du frère de celui-ci, qui était venu s’approvisionner en boisson. Ce dernier lui demandant pourquoi il n’était pas resté « là- haut », M. Nuss le mit au courant de l’altercation qui était survenue, alors que Gérard était parti au débit.

D'un coup de serpette
En compagnie d’un habitant de la commune, M. Lucien Mangin, les époux Nuss regagnèrent ensuite leur demeure. Il était environ 22 heures. Quelques instants plus tard, Gérard était devant la porte d’entrée de la grille servant de clôture au jardinet situé devant la maison de la famille Nuss.
« Raymond, cria-t-il, viens voir, mon père veut te parler. »
M. Nuss sortit de chez lui. Après qu’il eut franchi l’entrée du jardin, Gérard le frappa à la gorge d’un coup de serpette de vannier. Le plâtrier eut encore la force d’appeler son épouse qui, avec M. Mangin, gagna la rue, où son époux gisait inanimé. On avisa un docteur de Blâmont et la victime fut transportée à l’hôpital de Lunéville, où elle décédait, peu après 1 heure du matin, des suites de sa grave blessure.
Les gendarmes de la brigade de Blâmont étaient en même temps alertés et, sous la conduite de l’adjudant Schuster, commençaient leur enquête. A 3 heures du matin, ils arrêtaient le meurtrier qui, tout simplement, était allé se coucher une fois son forfait accompli.

« J'ai coupé Nuss ! »
Au début de la matinée, le Parquet de Lunéville se rendait à son tour sur les lieux. M. Roch, procureur de la République, avait à ses côtés MM. Girardet, juge d’instruction ; Besancenet, greffier ; le capitaine de gendarmerie Ravey et M. Claude, maire de la commune.
Interrogé, Gérard ne fit aucune difficulté pour entrer dans la voie des aveux.
Revenant du café où il était allé chercher de la boisson, il apprit par sa famille que la dispute avec M. Nuss était due au fait que celui-ci avait « cherché après sa sœur », âgée de 17 ans.
« Je vais aller le soigner moi- même ». décida-t-il, et il partit, après avoir pris une serpette de vannier placée sur un buffet, ceci malgré les avis des membres présents de sa famille qui l’auraient incité, selon lui, à ne pas mettre son projet à exécution.
On sait ce qui arriva. A son retour à la maison, en jetant l’arme du crime sur la table de la cuisine, le coupable déclara ; « J’ai coupé Nuss ». « Tu auras les gendarmes », lui aurait fait remarquer son beau-père qui lui conseilla de ranger la serpette. Ce que fit Gérard, avant de gagner son lit.
Le meurtrier assure d’ailleurs avoir agi seul, sans avoir été poussé par un membre de son entourage.

« Dans cinq minutes tu auras ton affaire »
Selon Mme Nuss, lors de l’altercation à la demeure Burckhardt, son mari aurait déjà reçu un violent coup de poing de son camarade de régiment.
Lorsque Gérard sortit du café, les habitants du village l’entendirent déclarer : « Dans cinq minutes tu auras ton affaire », et lorsqu’il traversa à nouveau la localité, après le drame, il criait : « Il est mort pour la patrie ».
Originaire de Repaix (M.-et M.), M. Raymond Nuss appartenait à une famille de 14 enfants, dont il était le second. Il était marié depuis quatre ans avec Mlle Jacqueline Goublaire, actuellement âgée de 24 ans, dont la famille est honorablement connue et dont les parents sont gardes-barrière au passage à niveau coupant la route nationale entre Blâmont et Saint-Georges. Trois enfants étaient nés de leur union : René, 3 ans, Sylviane, 2 ans, et Eliane, 1 an et demi et une quatrième naissance est attendue pour décembre. Réputé comme un homme travailleur, M. Nuss était employé à la plâtrerie Rapinne, de Gogney.
Ce foyer avait déjà été très éprouvé le 11 novembre 1954, à la suite d’un incendie qui s’était déclaré dans une dépendance de leur habitation et au cours duquel leur bois de chauffage et les lapins qu’ils élevaient avaient été la proie des flammes.
Le meurtrier appartient à une famille de vanniers dont la réputation n’est pas tout à fait sans reproche. Le frère de son beau-père, Vincent Burckhardt, purge actuellement une peine de dix ans de travaux forcés pour avoir brutalisé une enfant de six mois qui devait succomber aux suites de ces brutalités. La mère du criminel est hospitalisée dans un établissement psychiatrique.

Cause réelle : la boisson
A la suite du coup d» serpette, M. Nuss a eu la carotide coupée, ce qui lui fit perdre beaucoup de sang et ce ne permit pas de le sauver. Le Dr Derenne, de Nancy, pratiquera l’autopsie du corps ce matin et la reconstitution du crime aura lieu prochainement, après l’audition de plusieurs témoins, la police judicaire ayant été chargée de poursuivre l’enquête.
La boisson paraît être la cause réelle d’une vengeance dont le point de départ fut un incident bénin.
Un mandat de dépôt a été délivré contre André-Pierre Gérard qui sera écroué à la maison d’arrêt de Nancy.

27 octobre 1955
Après le meurtre de Raymond Nuss
LUNEVILLE (de notre rédaction). - Le corps de M. Raymond Nuss, 24 ans, la malheureuse victime du crime de Gogney, a été transporté hier dans son village, où aura lieu l’inhumation.
L’autopsie avait été pratiquée à l’hôpital de Lunéville par M. le docteur de Renne, de Nancy en présence de M. Girardet. Juge d’instruction, et de M. Besancenet, greffier de chambre.
Cette formalité a confirmé que M. Nuss avait bien eu la carotide coupée par la serpette du meurtrier, André-Pierre Gérard. 18 ans, qui l’avait atteint sur la gauche de la gorge. L’artère avait été sectionnée.

9 novembre 1955
Stratégie commerciale
Nos lecteurs, qui jadis furent tenus au courant de la stupide rivalité commerciale Metz-Nancy (aujourd'hui chacun a compris et il n’en est plus question) prendront intérêt aux lignes ci-dessous, retraçant les diverses phases d’une véritable guerre qui opposent en d’opiniâtre manoeuvre statistique les commerçants de deux autres villes dites « sœurs » par un de ces euphémisme dont on appréciera une fois de plus toute la saveur. Il s’agit du reste (vieux souvenirs !) d une ville mosellane et d’une ville de Meurthe-et-Moselle, nous avons nommé Sarrebourg et Lunéville.
Mais ne nous privons pas plus longtemps d’une histoire militaire renouvelée de César, et que nous empruntons à l’édition sarrebourgeoise de notre excellent confrère « Le Lorrain , qui fait preuve en l’espèce, lui journal mosellan, d’une objectivité méritoire.
Situons d’abord le terrain des opérations, lequel se situe sur l’axe de la nationale 4 Lunéville-Sarrebourg particulièrement favorable c’est un fait aux mouvements, ce qui n’a pas manqué d’échapper aux belligérants. Le pays comporte notamment un ensemble de clientèle agricole aisée, donc représentant un espace vital particulièrement tentateur, ponctué d îlots ouvriers aussi que par exemple Cirey ou tel centre de la chaussure.
Il faut noter que l’initiative des opérations revint à Sarrebourg, qui possède une organisation commerciale particulièrement dynamique et fertile en bonnes idées : bref une espèce d'Union du Commerce Nancéien. Effectivement les Sarrebourgeois s’en furent, nouveaux croisés, porter la bonne nouvelle commerciale chez les infidèles de 1’ouest. Ils soumirent pour ce fait la région à un ratissage en règle au moyen de divers procédés dont des manifestations commerciales alléchantes et un irrésistible réseau de transports gratuits !
Le résultat fut concluant : Cirey et Blâmont tombèrent aux mains des colonnes mosellanes, cependant qu’enhardis par leur succès les Sarrebourgeois envisagèrent immédiatement de passer à la phase d’exploitation, c’est-à-dire de pousser leurs éléments avancés sur Badonviller-Pexonne, soutenus par la création d’une ligne d’autobus Sarrebourg- Badonviller... Mais le conseil général de Meurthe-et-Moselle (il y a des limites) ne poussa pas la complaisance jusqu'à donner son accord à ce projet. Et le front de se stabiliser sur la ligne Blâmont-Cirey.
Les Lunévillois, cependant, ne restaient pas inactifs. Après le premier moment de surprise, ils décidèrent de passer à la contre-offensive : ils avaient eu chaud et pour un peu c’est jusque sur la place du Château que les Sarrebourgeois auraient poussé les terminus de leurs cars gratuits. La situation était du reste d’autant plus sérieuse pour la Versailles lorrain que celui-ci ne dispose d’aucune possibilité en direction de l’ouest, en raison de l’attraction nancéienne. Restait un seul terrain offrant à une opération des chances de rentabilité, c’était vers l’est, en direction de Sarrebourg. Les Lunévillois n’avaient pas le choix, il fallait contre-attaquer.
Mais on n’est pas pour rien cité cavalière, et de fait c’est une véritable guerre de mouvement qu’entreprit Lunéville. Copiant, c’est de bonne guerre, les armes de l’adversaire, elle usa des cars gratuits et d’autres complaisantes dispositions, le tout en direction, non seulement des « régions envahies » de Blâmont-Cirey, mais encore du Nord, sur d’Avricourt, Foulcrey, Moussey : une région particulièrement intéressante et surtout en plein dans l'arrondissement de Sarrebourg ! A son tour la cité mosellane connut les affres de la panique, lorsqu’un beau matin ses dirigeants commerciaux furent tirés du lit par le tocsin sonnant à la tour de guet :
- Ils arrivent devant Blâmont où la Résistance a pris le pouvoir... Ils sont à Avricourt... Ils ont passé le canal et bombardent Bataville... Et les commerçants sarrebourgeois de proclamer la patrie en danger, de décréter une super-quinzaine, de substituer aux cars gratuits un service de Rolls-Royce, de parachuter en hâte sur la zone menacée cent mille caleçons gratuits.
Les choses en sont là. Attendons la suite, Nos lecteurs n'auront pas manqué d’établir un parallèle entre la guerre Sarrebourg-Lunéville, toute en mouvements et feu le conflit Metz-Nancy, véritable guerre de mines au contraire, à telle enseigne qu’aujourd’hui encore, après des années de paix, on n’est encore pas tout à fait sûr du terrain sur lequel on marche entre Meurthe-et-Moselle.
Gabriel BICHET.

18 novembre 1955
2 avions se heurtent en vol
leurs 3 occupants sont tués
LUNEVILLE (de notre rédaction). - Hier, vers 15 h 30, à proximité de Domèvre-sur-Vezouze (M.-et-M.), deux avions se sont rencontrés alors qu’ils survolaient les environs de Blâmont où ils effectuaient des exercices. Ils étaient à une altitude d’environ 300 mètres lorsque se produisit l’accident.
Le choc eut lieu au-dessus de la Vezouze, à la sortie de Dômevre, vers Strasbourg, et l’un des avions, un « Pipercub » de reconnaissance, tomba à cet endroit dans un petit boqueteau, près de la rivière, tandis que l’autre, un « Morane » de chasse, allait s’abattre plus loin sur le territoire de cette commune, dans un champ situé en bordure du chemin conduisant à Barbas, à 200 mètres du carrefour formé avec la route nationale n° 4.
Dans le Pipercub avaient pris place un sergent-chef pilote et un adjudant-chef photographe de la base d’Essey-les-Nancy, et dans le Morane, le sergent-chef Claude Cunin, 23 ans. de la réserve d’active.
Des débris des deux appareils, qui ne prirent pas feu, on devait retirer trois cadavres. Le Pipercub venait de la direction de Saint-Martin, et le Morane, qui était dans la région depuis un moment, volait de Verdenal vers Domèvre.
Selon un témoin, l’un des appareils ayant pris un virage, il le suivit des yeux, entendit un bruit et eut l’impression qu’il y avait alors trois avions dans le ciel. En réalité, le Morane avait heurté la queue du Pipercub, qui s’était détachée.
A l’entrée de Domèvre, un débris d’appareil tomba sur une voiture attelée de deux chevaux et un automobiliste a vu le Morane passer au-dessus de la route nationale, pour aller tomber dans le champ.
Les corps des trois aviateurs ont été retirés des débris au début de la soirée. M. Claude Cunin était le fils de M. Fernand Cunin, ingénieur des Ponts et Chaussées à Badonviller, qui trouva la mort à la suite d’un accident d’automobile en juillet 1949.


19 novembre 1955
Après l'accident d’aviation de Domèvre-sur-Vezouze
Les corps des trois victimes ont été ramenés à Nancy
Nous avons rendu compte hier en chronique régionale, de l'accident d’aviation de Domèvre-Blâmont, qui a fait trois morts, jeudi après-midi.
Les victimes du Piper-Cub étaient l’adjudant-chef André Bertrand, 34 ans, et le sergent chef pilote Denis Roch, 29 ans. Celle du Morane-Vanaux était le sergent-chef Claude Cunin, 23 ans.
L’adjudant-chef Bertrand était né le 26 novembre 1921, à Marillac (Aveyron). Elève de l’école d’enfants de troupe de Tulle. Engagé dans l’artillerie, il servit dans divers régiments. De 1942 à 1944, il milita dans les F.F.I., puis fit partie de l’armée d’occupation en Allemagne. Affecté en Extrême-Orient, de 1950 à 1952, comme adjudant d’artillerie, titulaire d’une citation, de la croix des T.O.E et de la Médaille coloniale, il obtint la Médaille militaire en 1954.
Depuis 1952. il était au G.A.O. A. d’Essey (Groupe d’artillerie d’observation antiaérienne). Marié et père d’une fillette de 9 ans, il demeurait à Nancy.
Le sergent-chef Denis Roch était né le 6 novembre 1926, à Orconte (Marne). Engagé volontaire en 1945 dans l’armée de l’Air, il fut tout d’abord photographe breveté au G.A.O.A. d'Essey. Affecté en Indochine de 1951 à 1953, il obtint la croix des T.O.E. et deux citations. De retour dans la métropole, il accomplit un stage à l’école de formation de pilotes à Mayenne et servit à Essey comme pilote d’observation d’artillerie. Marié et père d’un petit garçon, il demeurait à St-Max.
Le sergent-chef de la réserve active Claude Cunin. 23 ans, demeurait à Badonviller avec sa mère. Il avait fait pendant son service militaire un stage dans les écoles de pilotage des Etats-Unis avant de devenir pilote de l'Aéro-navale. Passé dans la réserve en septembre dernier, il avait contracté un engagement au titre de la réserve active de l’armée de l’Air. C’est en vertu de cet engagement qu’il pilotait jeudi le Morane.
Affecté au centre d’entraînement des réserves, il projetait de faire sa carrière dans l’armée de l’Air.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les trois corps ont été transportés à Nancy. Les cercueils ont été déposés dans une chapelle ardente à l’hôpital militaire Sédillot.
La levée des corps se déroulera lundi matin à 9 h. 15. Le service funèbre sera célébré à 10 h., en l’église Saint-Joseph.
Les inhumations auront lieu au cimetière nancéien de Préville, pour le sergent-chef Cunin ; à Foirac-en-Périgord (Dordogne) pour l’adjudant-chef Bertrand ; dans la Marne, pour le sergent-chef Roch.

11 décembre 1955
Blâmont s’honore d’avoir vu naître le peintre L. Gaudeaux
collaborateur artistique de Pitoëff et de Dullin
BLAMONT, qui a vu naître un maître de la musique en la personne de Florent Schmitt, dont l’œuvre et le talent sont appréciés du monde entier, est également le berceau de Léon Gaudeaux, artiste-peintre, dont la carrière fut malheureusement trop courte.
Le sort est parfois trop injuste. Cet artiste probe, sincère, modeste, avait, pendant trente ans, travaillé dans le silence, se perfectionnant peu à peu dans son art, et alors qu’il venait d’atteindre à une incontestable maîtrise, qu’il était en possession de tout son talent, un accident stupide mit fin prématurément à sa carrière II disparaissait, en 1947, en pleine maturité laissant une œuvre qui témoigne de sa profonde sensibilité et du métier solide qu’il était parvenu à acquérir.
Né à Blâmont. le 4 avril 1893, Léon Gaudeaux perdit tout jeune ses parents et vint se fixer à Paris, où il fut attiré de bonne heure par la peinture.
Peu fortuné, il fut de ces artistes qui, tout en suivant les cours des Beaux-Arts, exercent un emploi. Il fera donc de la décoration pendant la plus grande partie de sa vie. Il sera, notamment, pendant sept ans, le collaborateur artistique de Pitoeff, dont il brossera les décors, puis travaillera avec Dullin jusqu’à ce qu’enfin, sa peinture s’étant imposée à un groupe d’amateurs, il pourra, dorénavant, se livrer tout entier à son art.
Léon Gaudeaux, qui a passé à peu près toute sa vie à Paris, ne sera pas un peintre parisien, mais d’Ile-de-France.
Il traduira les paysages de l’Eure et de la Seine-et-Oise Les arbres, les champs, les hameaux composent dans ses toiles des accords tendres et subtils qui touchent profondément.
Mais Gaudeaux n’était pas seulement un délicat paysagiste, dont il faut louer aussi les ferventes évocations de l’île Saint-Louis, qu’il réunit, en 1932, à la Galerie de l’Archipel ; c’était aussi un intimiste : La vie paisible du foyer lui a imposé plusieurs toiles. Il a peint aussi de belles natures mortes, des vases de fleurs aux couleurs bien accordées et des portraits d’une grande pénétration.
Nous nous devions de rendre hommage à la mémoire de Léon Gaudeaux, enfant de Blâmont, dont l’incontestable maîtrise lui a permis, malgré une disparition prématurée, de laisser une œuvre impérissable.
Ajoutons que Mme Léon Gaudeaux a eu la délicate pensée d’offrir à la ville de Blâmont une œuvre de son mari.
P.A.

21 décembre 1955
Les corps de deux motocyclistes découverts à l’entrée de Blâmont 48 h. après l'accident qui leur avait coûté la vie
BLAMONT (de notre correspondant) - La gendarmerie d’Avricourt (M.-et-M.), qui procédait, depuis lundi, à la recherche de M. Maurice Cotel, 23 ans, domicilié à Autrepierre, et de son camarade Charles Franck, 40 ans, domicilié à Avricourt, partis à motocyclette depuis dimanche dernier. découvrait mardi, vers 15 heures, leurs cadavres dans un petit ravin, en bordure de la route nationale n° 4, à l’entrée de Blâmont.
Cet accident mortel se serait produit dimanche, vers 21 heures. MM. Cotel et Franck, qui travaillaient le dimanche comme bûcherons dans un bois, près de Domèvre-sur-Vezouze, regagnaient leur domicile, dans la soirée, à motocyclette. La chaussée étant rendue très glissante, ils manquèrent le virage situé à l’entrée de Blâmont et percutèrent un arbre, sur la gauche de la chaussée. Sous la violence du choc, ils furent projetés avec le véhicule dans un petit ravin qui, a cet endroit, est très broussailleux, et tués sur le coup.
Leurs dépouilles, non visibles pour les nombreux usagers de la R.N. 4, ne devaient être trouvées que mardi après-midi. M. Franck, employé aux Etablissements Bata, était père de cinq enfants.
Le docteur Thomas, de Blâmont, a constaté le décès, et la gendarmerie de Blâmont a procédé à l’enquête.
 

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