| 4 mars 1899 - n° 9 - 
				p. 194ACTES OFFICIELS
 Itinéraire de la tournée de Confirmation.
 [...] Mardi, 9 mai à ANCERVILLER. - Ancerviller, Herbéviller, 
				Mignéville, Neuviller, Nonhigny.
 [...] Vendredi, 12 à FRÉMONVILLE. - Frémonville, Gogney, 
				Harbouey, Repaix, Tanconville.
 Samedi, 13 - à LEINTREY. - Amenoncourt, Emberménil, Leintrey, 
				Vého, Xousse.
 Dimanche, 14 - à BLAMONT. - Autrepierre, Barbas, Blâmont, 
				Chazelles, Domèvre, Verdenal.
 Lundi, 15 - à DOMJEVIN. - Bénaménil, Blémerey, Domjevin, 
				Manonviller, Ogéviller, Saint-Martin.
 
 6 mai 1899 - n° 18 - 
				p. 399CHRONIQUE DIOCÉSAINE
 Visites pastorales.
 Monseigneur l'Evêque, ayant la gorge très fatiguée, a dû 
				interrompre depuis dimanche dernier ses visites pastorales. Sa 
				Grandeur les reprendra aujourd'hui soir par Baccarat et suivra 
				ensuite l'itinéraire précédemment indiqué jusqu'à Blâmont. De 
				Blâmont Monseigneur administrera le sacrement de Confirmation 
				dans les paroisses qui auraient dû être visitées du 1er au 6 mai 
				et se rendra successivement à Merviller, Domjevin, Croismare, 
				Vathiménil, Giriviller, Saint-Remy-aux-Bois et Gerbéviller.
 
 8 juillet 1899 - n° 
				27 - p. 601CHRONIQUE DIOCESAINE
 Ordination.
 Dimanche prochain, à 9 heures, Monseigneur fera, dans la 
				chapelle du Grand Séminaire, une ordination à laquelle prendront 
				part 23 tonsurés, 19 minorés, 6 sous-diacres, 15 diacres et 22 
				prêtres, MM. [...]
				Gondrexon, 
				de Barbas; [...]
 
 12 août 1899 - n° 32 
				- p. 705ACTES OFFICIELS
 Nominations.
 Par décision de Mgr l'Évêque, ont été nommés :
 Curé d'Amenoncourt, M. l'abbé Jardel, précédemment aumônier de 
				l'hospice Sainte-Odile, à Rosières-aux-Salines; [...]
 Administrateur d'Avricourt-français, M. l'abbé 
				Blumstein, précédemment curé d'Amenoncourt ;
 
 12 août 1899 - n° 32 
				- p. 709CHRONIQUE DIOCÉSAINE
 Ordination.
 Dimanche prochain, à 9 heures, Monseigneur fera, dans la 
				chapelle du grand Séminaire, une ordination à laquelle prendront 
				part 2 diacres et 8 prêtres. MM. Chatain, de Homécourt; Didion, 
				de Marbache; Huel, de Nancy; Jeanjean, de Barbas ; Kalbach, de 
				Toul; Marchal, de Laneuveville-aux-Bois ; Pécourt, de 
				Gerbéviller; Vincent de Chenicourt.
 
 23 septembre 1899 - 
				n° 38 - p.841CHRONIQUE DIOCÉSAINE
 Nécrologie.
 Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. 
				l'abbé Eugène Gérard, 
				membre de la Maison de Retraite de Bon-Secours, décédé le 19 
				courant.
 Né à Badonviller, le 2 avril 1826, ordonné prêtre le 6 mars 
				1852, M. Gérard avait été successivement curé de 
				Sainte-Geneviève, professeur au Collège de Blâmont, curé de 
				Repaix, d'Ancerviller,. de Harbouey. Retiré du saint ministère 
				depuis le 28 février 1889, il était entré a la Maison de 
				Retraite le 11 mai 1896.
 M. Gérard était membre de l'Association de prières.
 
 7 octobre 1899 - n° 
				40 - p.885M. l'abbé Eugène 
				Gérard.
 Les funérailles d'un prêtre ont toujours quelque chose 
				d'imposant et de majestueux, et dans les vêtements de deuil et 
				les larmes de ceux qui en composent le cortège ne dirait-on pas 
				qu'il s'agit d'un véritable triomphe? Telles furent les 
				funérailles de ce bon et saint prêtre dont nous conduisions 
				vendredi dernier la dépouille mortelle à sa dernière demeure.
 Arès un service funèbre célébré à Bonsecours, le corps de l'abbé 
				Gérard fut ramené à Saint-Maurice pour y être inhumé dans une 
				tombe de famille auprès de celui qui fut son guide et son 
				protecteur. Vingt-sept prêtres, pour la plupart parents et 
				élèves du défunt, un grand nombre de ses anciens paroissiens 
				étaient là pour escorter ses restes vénérés et lui donner une 
				prière, le témoignage ému d'un pieux et reconnaissant souvenir.
 Après la messe qui fat chantée par M. le curé d'AncervilIer, M. 
				l'abbé Dévrot, curé de Val-et-Chatillon, monta en chaire, et en 
				quelques mots du coeur, nous retraça la vie si pleine et si 
				édifiante de ce digne prêtre qui fut homme de Dieu dans toute 
				l'acception du mot.
 L'abbé Gérard naquit à Badonviller d'une de ces familles 
				d'agriculteurs, à l'aspect rude et austère, aux moeurs 
				patriarcales, à la foi robuste, dont on ne trouve plus, de nos 
				jours, que de trop rares exemples. Il était le plus jeune de 
				sept enfants, auxquels la sollicitude d'une mère tendre et 
				dévouée, donna le bienfait d'une éducation foncièrement 
				chrétienne .
 Jusqu'à 16 ans, il dut aider ses parents dans les travaux de la 
				campagne, mais il avoua plus tard qu'il n'avait pour la culture 
				des champs qu'un goût médiocre et que ses pensées et ses 
				préoccupations avaient d'autres objets.
 Il fit ses premières études au collège de Blâmont sous la 
				paternelle direction de son parent, le vénérable abbé Marsal.
 A 21 ans, il entrait au grand Séminaire et là il fut ce qu'il 
				avait été à Blâmont, un modèle de piété, de travail et 
				d'exactitude à tous ses devoirs de la vie religieuse. Il en 
				sortit pour devenir successivement curé de Sainte-Geneviève et 
				de Repaix. Il ne fit que passer dans ces deux paroisses, mais il 
				y resta assez longtemps pour y laisser le souvenir d'un prêtre 
				exemplaire.
 Il revint ensuite dans son cher collège de Blâmont prendre place 
				parmi ceux dont il avait reçu les leçons.
 La paroisse d'Ancerviller devint plus tard son véritable champ 
				d'action, le théâtre de son zèle. Pendant les vingt-cinq années 
				qu'il y a exercé le ministère paroissial, il s'y est dépensé 
				sans compter au service de Dieu et au salut des âmes.
 C'est à lui qu'on peut appliquer le Dilexi decorem domus tuae du 
				prophète. Quand il eut travaillé à l'embellissement de son 
				église, il s'ingénia à donner à nos solennités saintes toute la 
				splendeur possible. Il avait du reste pour le seconder dans les 
				pieuses industries de son zèle le dévouement intelligent des 
				Frères de la Doctrine chrétienne qui dirigèrent pendant 
				longtemps l'école primaire.
 L'église de Halloville, son annexe, menaçait ruine, il 
				entreprit, après s'être assuré le concours de la population, de 
				la reconstruire et, en habile architecte, il en conçut le plan 
				et en dirigea l'exécution.
 Mais l'édification du temple matériel ne lui faisait pas perdre 
				de vue l'édification du temple spirituel qui s'appelle la 
				sanctification des âmes.
 Ses prédications étaient courtes et substantielles, sa parole 
				claire, facile et simple, et s'il n'avait pas l'éloquence 
				traînante des grands orateurs, il avait, ce qui vaut mieux, 
				cette puissance de conviction et se sentiment qui touche les 
				âmes et les convertit.
 Dans ses catéchismes surtout, il savait, par la simplicité de 
				son enseignement, se mettre à la portée des jeunes 
				intelligences. Grâce à une discipline de fer, et à des punit 
				impitoyablement infligées, il obtenait une attention soutenue, 
				et c'est ainsi qu'il diminuait dans son auditoire le nombre des 
				médiocrités.
 Il instruisit et dirigea vers le sanctuaire ceux de ses jeunes 
				paroissiens dont il avait, avec une rare sagacité, discerné les 
				aptitudes et la vocation.
 Souvent, la salle de classe était une chambre qui lui servait 
				d'atelier de menuiserie et où il s'agissait pour les élèves de 
				lutter par la voix avec les gémissements cadencés de la scie du 
				rabot.
 Jamais cependant le maître n'était inattentif à la correction 
				des devoirs, et c'est en vain que les plus habiles de ses élèves 
				essayaient, à la faveur du bruit, de faire passer un barbarisme 
				ou un solécisme. La faute était relevée avec d'autant plus de 
				sévérité qu'elle avait voulu mieux se dissimuler.
 Bref, huit élèves de cet école sont devenus prêtres. Ils se 
				trouvaient tous réunis vendredi dernier pour déposer sur la 
				tombe de celui qui fut leur père spirituel, leur guide et leur 
				conseiller, l'hommage de leur piété filiale et de leur 
				reconnaissance.
 L'abbé Gérard devait rester jusqu'à sa mort dans cette paroisse 
				d'Ancerviller à laquelle il avait consacré les plus belles et 
				les plus fécondes années de son ministère. Mais, avec son 
				caractère franc, sincère et loyal, il se heurta à des 
				difficultés dont l'issue défavorable trompa ses espérances. Le 
				départ des Chers Frères qui furent toujours pour lui des 
				confidents discrets et des auxiliaires dévoués, quelques 
				déceptions dont il n'eut pas le courage de surmonter l'amertume, 
				lui firent solliciter un poste moins pénible aux exigences 
				duquel son âge lui permit de satisfaire. La paroisse de Harbouey, 
				devenue vacante par la mort du vénérable abbé Simonin, son 
				parent et son ami, lui fut accordée. Il y passa huit années d'un 
				saint et fructueux apostolat. Il en sortit pour se retirer à 
				l'hospice de Blâmont où il consola les derniers jours d'une 
				soeur qui lui avait consacré un dévouement fidèle et 
				désintéressé. Il y resta sept années remplissant tour à tour les 
				fonctions de prêtre auxiliaire et les fonctions de précepteur, 
				jusqu'à ce que l'heure d'un repos bien mérité étant venue, il 
				entra à la collégiale de Bonsecours.
 Ceux qui le connurent savent comment il les employa ces années 
				de repos: toujours sollicité, jamais il ne sut dire non; et on 
				peut affirmer en toute vérité qu'il est mort les armes à la 
				main.
 Aussi, comme l'a très bien fait remarquer l'orateur, on ne 
				saurait mieux caractériser l'abbé Gérard, qu'en disant de lui 
				qu'il fut l'homme du dévouement le plus complet, le plus absolu. 
				Que de fois nous l'avons entendu répéter cette parole dont il 
				justifiait si bien la vérité par son exemple. «  Notre puissance 
				sur les âmes s'augmente dans la mesure de notre dévouement. »
 Sa vie a réalisé la parole de l'Apôtre qui est la devise de bons 
				pasteurs: «  Impendam et superimpendar ipse pro animabus vestris. 
				»
 Après soixante-quatorze ans d'une vie si bien remplie, il 
				pouvait répéter cette autre parole de saint Paul: Cursum 
				consummavi, fidem servavi. Atteint depuis quelques années d'une 
				maladie qui ne pardonne pas, il aurait pu, par des soins, 
				différer le dénouement fatal. Mais s'il se soumettait volontiers 
				au régime sévère que lui imposaient les prescriptions du 
				médecin, il ne savait pas assez ménager ses forces. Un excès de 
				fatigue le força à s'aliter: «  Ah ! disait-il aux dévoués 
				confrères qui venaient lui rendre la visite de l'amitié, j'ai 
				été imprudent, mais si le bon Dieu veut bien me guérir, je 
				promets d'être plus sage à l'avenir ! »
 Hélas! son heure était sonnée, Dieu appelait à lui son fidèle 
				serviteur. Après six jours de souffrances, consolé par le 
				sacrement de pénitence et fortifié par le viatique du salut, il 
				s'endormit doucement dans le Seigneur, laissant à tous ceux qui 
				l'ont approché le souvenir d'un prêtre pieux, charitable et 
				dévoué.
 Et maintenant, Père bien-aimé, que votre corps repose, en 
				attendant la résurrection, dans cette modeste tombe de vos aïeux 
				dont quelques mains pieuses et amies entretiendront le parterre 
				et les fleurs, symboles de vos vertus. Votre souvenir ne 
				s'effacera pas de notre mémoire, pas plus que la reconnaissance 
				de notre coeur. Nous aimerons à nous rappeler votre vie si sainte 
				pour la méditer, vos sages conseils pour les suivre et vos 
				édifiants exemples pour les imiter.
 E. GÉRARDIN, Curé de Bezange.
 
 18 novembre 1899 - 
				n° 46 - p.1015ACTES OFFICIELS
 Nominations.
 Par décision de Monseigneur l'Évêque, ont été nommés:
 Chanoine prébendé de la Cathédrale, M. l'abbé 
				Masson, curé d'Emberménil;
 
 23 décembre 1899 - 
				n° 51 - p. 1139Nécrologie.
 Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. 
				l'abbé 
				Joseph-François-Jacques Mengin, curé de Gelacourt, décédé le 
				17 courant.
 M. l'abbé Mengin était né à Leintrey le 2 février 1805. Il avait 
				été ordonne prêtre le 2 Juillet 1830, nommé vicaire à Toul, puis 
				curé de Bernécourt en 1832, d'Ancerviller en 1835 et de 
				Gélacourt le 1er janvier 1858.
 M. Mengin était membre de l'Association de prières.
 
 30 décembre 1899 - 
				n° 52 - p.1155M. l'abbé 
				Mengin, curé de Gelacourt.
 Il y a quelques jours, la paroisse de Gelacourt rendait les 
				derniers honneurs à M. l'abbé François-Joseph Mengin, son 
				vénérable curé, décédé à l'âge de 95 ans.
 Né le 2 février 1805, de vertueux cultivateurs, sur le rude 
				territoire de Leintrey où, comme le chantent les Bretons de leur 
				pays d'Arvor, « la terre est dure et le coeur est fort », il reçut 
				intact le trésor héréditaire de leur foi, de leur vie sobre et 
				de leur simplicité chrétienne.
 Nous ne l'avons connu que dans son extrême vieillesse, à cet âge 
				que l'on dit fertile en humeur chagrine, en sollicitudes et en 
				regrets, et toujours il nous est apparu avec une douce gaité, 
				une franche urbanité, une bonne expansion, indice le plus 
				certain d'une âme pure et d'une conscience en paix.
 Ordonné prêtre, il passa son vicariat de deux années à la 
				paroisse Saint-Gengoult de Toul:
 L'on était à cette période de 1830, analogue au point de vue 
				religieux et sous plusieurs côtés, à la crise actuelle; même 
				hostilité dans les hautes sphères de la société, mais avec des 
				répercussions plus profondes encore qu'aujourd'hui dans les 
				couches populaires.
 Citons un fait qui suffira à montrer l'étal des esprits d'alors, 
				surtout dans la bourgeoisie riche et voltairienne.
 C'était en 1832, dans une paroisse réputée de tout temps, et à 
				juste titre pour une des plus chrétiennes du pays Toulois. (Nous 
				la connaissons pour y avoir exercé plusieurs années le saint 
				ministère). Le curé venait de mourir. Pour honorer les 
				dépouilles mortelles du ministre de Dieu, l'on se disposait à 
				parcourir en procession la longue rue du village avant de 
				revenir an cimetière, quand le maire, ceint de son écharpe, se 
				poste à l'encontre du cortège, et s'écrie: «  Défense de faire 
				circuler ce cadavre ! » Mais dans cette paroisse les têtes sont 
				ardentes, une émeute assez grave s'ensuivit. M. l'abbé Mengin 
				était présent.
 Quelques jours après, proposition lui était faite d'être nommé 
				curé de Bruley.
 Mais il fit réflexion que son caractère essentiellement 
				pacifique ne saurait s'accommoder de têtes si brûlantes et il 
				accepta de préférence la paroisse de Bernécourt, dont le 
				tempérament plus froid lui rappelait mieux son pays d'origine.
 A la différence de la seconde moitié de ce siècle, où partout 
				l'on voit se produire comme par enchantement de magnifiques 
				embellissements d'églises et de nouvelles constructions, la 
				première moitié était l'époque du pénible relèvement des ruines 
				produites par la Révolution.
 Il fallait se contenter du strict nécessaire et l'ameublement 
				rappelait trop souvent celui de l'étable de Bethléem. Si l'on 
				veut se rappeler que le côté spirituel n'était pas moins triste, 
				l'on concevra quelle dose de patience et de courage devaient se 
				procurer les curés de cette époque pour défricher le champ du 
				Seigneur envahi partout de ronces.
 Un jour que M. Mengin tonnait avec zèle contre l'esprit 
				d'irréligion, contre le scandale que donnaient en particulier 
				ces fonctionnaires opportunistes avant la lettre, aussi habiles 
				à flairer le vent qui soufflait des hautes sphères, que dociles 
				ou servir à s'y laisser emporter, tout à coup la chaire 
				s'effondra.
 Nous le verrons longtemps, avec le franc rire et la fine 
				bonhomie qu'il mettait à nous raconter cette histoire, et 
				ajouter cette réflexion : « L'esprit était prompt, mais la chaire 
				était faible. »
 Peu d'années après, il était nommé à l'importante paroisse d'Ancerviller. 
				Il ne contribua pas peu à y maintenir le bon esprit qui la 
				distingue.
 Il y encouragea et mena à bon terme plusieurs vocations de 
				vertueux prêtres qui hier entouraient son cercueil. Mais bientôt 
				la soixantaine allait l'atteindre; c'est l'âge où les forces 
				déclinent, et il desservait Halloville, annexe pénible à cette 
				époque où les routes entretenues étaient si rares. Maintes fois 
				il lui fallait marcher les pieds dans l'eau glacée et ces 
				dernières années encore nous l'entendions attribuer à ces 
				imprudences juvéniles le fait que les jambes n'allaient plus si 
				bien et que les forces ne revenaient pas vite.
 Peut-être d'autres causes, encore le déterminèrent à solliciter 
				une sorte de retraite dans la petite mais excellente paroisse de 
				Gelacourt.
 Il n'aurait pu mieux choisir pour jouir de la paix et de la 
				douce tranquillité qui lui avaient été si chères.
 Il aimait ses bons paroissiens de Gelacourt et ceux-ci, certes, 
				le payaient de retour. Ils l'ont bien fait voir durant ces 
				quarante années qu'il passa au milieu d'eux comme vraiment un 
				père, disons mieux, un aïeul, au milieu de ses petits enfants. 
				Ils l'ont bien fait voir encore et surtout le jour de ses 
				funérailles.
 Toute la paroisse se retrouvait là à l'église. Après la messe M. 
				le doyen de Baccarat monta en chaire et il sut trouver dans son 
				esprit et dans son coeur ces pensées délicates et ces choses 
				charmantes qu'il puisait à pleines mains pour interpréter la 
				circonstance.
 Il ne chercha point à tirer des larmes. Après deux ans et plus 
				que la mort avait fait la moitié de son oeuvre en frappant la vie 
				intellectuelle, ces funérailles revêtaient plutôt le caractère 
				d'un hommage posthume que nous rendions à une mémoire douce et 
				vénérée. Mais les enseignements pratiques découlaient avec tant 
				d'à-propos, les éloges étaient décernés avec tant de tact au 
				digne prêtre défunt, à la paroisse fidèlement respectueuse, à 
				cette paroissienne en particulier dont l'obscur dévouement de 
				trente années consécutives passées au service de M. Mengin fut 
				si précieux, puis encore à M. le curé de Brouville, 
				administrateur intelligent et zélé, au conseil municipal et au 
				conseil de fabrique dont l'accord fécond et généreux a su faire 
				de cette petite église de Gelacourt un délicieux bijou: enfin 
				tout cela était si bien exprimé qu'il faut se refuser à en faire 
				l'analyse. On n'effeuille pas une fleur pour en faire admirer 
				l'éclat et savourer le parfum.
 Le cortège organisé de nouveau pour aller au cimetière édifiait 
				par son recueillement. Les coins du poêle étaient tenus par les 
				deux présidents de l'un et de l'autre Conseil ainsi que par MM. 
				les Curés d'Ancerviller et de Leintrey. Nous allions oublier de 
				dire que la messe fut chantée par M. l'abbé Bernard, curé de 
				Hablainville et ancien élève de M. Mengin à Ancerviller, et que 
				l'absoute fut donnée par M. l'abbé Voisin, autre vétéran du 
				Sacerdoce.
 Au cimetière, un jeune homme s'avance pour adresser au cher 
				défunt un dernier adieu. Au nom du Conseil de fabrique dont il 
				fait partie, au nom de la paroisse entière, il résume en un 
				langage plein de foi et de piété, les précieux enseignements 
				dont tous se reconnaissent redevables au regretté pasteur, 
				s'engageant à y conformer toujours leur conduite.
 Oui, adieu, cher M. l'abbé Mengin. Souvent vous vous appliquiez 
				à vous-même cette parole que le saint bréviaire remettait chaque 
				jour sur vos lèvres: «  Longitudine dierum replebo cum et 
				ostendam illi salutare meum, Après l'avoir comblé de jours je 
				lui montrerai mon salut »,et vous vous plaisiez à y trouver un 
				motif sans cesse renouvelé d'espérance et de confiance en Dieu; 
				priez maintenant pour nous dans le ciel afin que nos jours 
				nombreux ou non soient réellement des jours pleins, remplis de 
				bonnes oeuvres. Et s'il vous faut encore attendre ce salut 
				désiré, nous tous, les prêtres vos associés, nous allons par nos 
				pieux suffrages au Saint-Sacrifice de la messe hâter le jour de 
				votre délivrance.
 Requiem aeternam dona ei, Domine.
 A. G.
 
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