28 mars 1908 - n° 13 -
p. 256
Nécrologie.
Le R. P. Marchal,
Oblat de Marie-Immaculée, est mort [...]
4 avril 1908 - n° 14
- p. 271
Le R. P. Marchal
11 avril 1908 - n°
15 - p. 290
Chronique des mission paroissiales
[...] A Frémonville, la Mission ne réchauffa pas seulement
les âmes : elle valut aux paroissiens deux bons fourneaux.
« Depuis longtemps, ai-je lu dans le Bulletin paroissial, notre
église passe pour une glacière. Le Missionnaire, malade (le Père
Charret, rédemptoriste), ne le sentait que trop ; et il
redoutait
le froid, plus encore pour son auditoire que pour lui. Car il se
demandait avec anxiété si la température ne serait pas un
obstacle au succès de la Mission. Que faire ... ? Les idées
germent vite en temps de Mission ! Devant quelques paroissiens,
furent exprimés des désirs, des projets de chauffer l'église ;
et ces désirs, ces projets, à peine exprimés, étaient devenus
aussitôt une réalité. En effet, le jeudi 13 février, dans
l'après-midi, il fut sérieusement question de se procurer des
fourneaux... Le samedi suivant, deux gracieux calorifères
étaient posés et, à cinq heures du soir ils brûlaient ... ! Ce
fut comme un rêve ! »
Nous espérons qu'ils continueront, les hivers prochains, à
persuader aux paroissiens de Frémonville de fréquenter toujours
fidèlement les offices... comme aux jours de la Mission. N'en
avons-nous pas pour gage cette communion de cent hommes et
jeunes gens qui réjouit le coeur du pasteur ?
11 avril 1908 - n°
15 - p. 307
Nécrologie.
Nous recommandons au prières de nos lecteurs l'âme de M.
l'abbé
Jean-Théophile Colin, curé d'Hatrize, décédé le 9 avril
1908.
Né à Morville-sur-Nied, le 9 septembre 1848, et ordonné prêtre
le 29 juin 1873. M. Colin avait été vicaire à Bouxières-aux
Chênes, après l'ordination ; curé de Morey, en 1874 ; d'Herbéviller,
en 1877 ; de Saint-Baussant, en 1878 ; de Friauville, en 1891.
Il était curé d'Hatrize depuis le 8 février1902.
M. Colin était membre de l'Association de prières.
2 mai 1908 - n° 18 -
p. 354
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme M. le
chanoine Eloy,
décédé à Nancy le 25 avril 1908.
M l'abbé Antoine-Nicolas Eloy, né à Morey le 15 avril 1846,
ordonné prêtre le 17 décembre 1870, avait été successivement
vicaire à Saint-Nicolas de Nancy, après l'ordination, vicaire à
la Cathédrale de Toul, en 1871 ; aumônier de l'Hospice de Toul,
en 1878; curé-doyen de Blâmont, en 1885 ; curé doyen de
Saint-Martin de Pont-à-Mousson, en 1893 ; curé archiprêtre de la
cathédrale de Toul et chanoine honoraire, le 1er décembre 1895.
Il était chanoine titulaire de la Cathédrale de Nancy depuis le
7 novembre 1904.
M. Eloy était membre de l'association de prières.
16 mai 1908 - n° 20
- p . 400
M. le chanoine
Eloy.
Après une vie courte mais remplie à l'égal des plus Iongues,
et quatre mois de douloureuses souffrances, mourait à Nancy, le
samedi 25 avril, M. le chanoine Eloy. Ses funérailles furent
célébrées le lundi suivant à la Cathédrale. La levée du corps
fut faite par M. le vicaire-général Jérôme, la Messe chantée par
M. le curé, doyen du Chapitre, et l'absoute, donnée par M. le
vicaire-général Barbier, en l'absence de Monseigneur retenu loin
de Nancy. Les cordons du cerveuil étaient tenus par M. le
chanoine Voirin représentant le Chapitre, par M. l'archiprêtre
de la Cathédrale de Toul, par M, le curé de Saint-Martin de
Pont-à-Mousson et par l'ancien doyen de Blâmont,M. le chanoine
Florentin, en souvenir des trois paroisses où M. Eloy avait
exercé son ministère. La Cathédrale était remplie d'une foule
recueillie de prêtres et de fidèles dont un grand nombre venus
de Pont-à-Mousson et plus encore de Toul. Le lendemain, au
milieu du même concours, l'inhumation se faisait à Morey, petit
village du canton de Nomeny et pays natal de M. Eloy. Depuis, à
Toul, à Pont- à-Mousson et à Blâmont furent célébrés pour le
défunt des services funèbres où se pressèrent des foules
reconnaissantes. Partout, des larmes furent versées qui disaient
quelle place M. Eloy avait tenue dans les paroisses où il avait
passé, combien d'âmes il avait réconfortées et peut-être
relevées et à combien il allait manquer.
Antoine-Nicolas Eloy était né en 1846. Il était le cinquième
enfant d'une famille estimée des hommes et aimée de Dieu qui
vivait dans l'aisance en cultivant ses biens. L'histoire de sa
vocation est celle de beaucoup: vers 1859, le curé de Morey,
l'abbé Dalençon le sachant de bonne race et le voyant pieux et
intelligent proposa de lui apprendre le latin et de faire de lui
un prêtre. Le curé traduisait l'appel de Dieu : sa proposition
fut écoutée. C'est ainsi qu'Antoine Eloy entra dans la voie qui
devait le conduire au sacerdoce. Il continua ses études
commencées auprès de son curé, au Petit Séminaire de Pont-à
Mousson et, en 1865, il entrait au Grand Séminaire de Nancy. Ce
qui le caractérise alors, c'est l'aménité et la sûreté de ses
rapports : il gardera de ce temps des amitiés qui lui furent
toujours chères ; c'est aussi une distinction naturelle dans la
parole, dans les attitudes et ce qui vaut mieux dans les
sentiments : il a une personnalité ; cette personnalité se
dégage, s'affirme et dès ce moment l'on peut prévoir en lui un
séduisant conducteur d'âmes. En 1870, il est successivement
ordonné sous-diacre, diacre et prêtre, le 17 décembre. Le 22, il
était nommé vicaire à la paroisse Saint-Nicolas de Nancy: il ne
fit qu'y passer: dès Ie 27 août 1871, il devenait l'auxiliaire,
à titre de vicaire également, du curé de la Cathédrale de Toul,
M. l'abbé Mansuy, dont il fut bientôt le confident, l'ami et à
qui il devait succéder. Toul fut le principal champ d'action et
le champ d'action de prédilection de M. Eloy : des trente-quatre
années de son ministère, il en donna vingt-trois à Toul. Une
première fois, il y demeura quatorze ans: il devait en effet
rester vicaire à la Cathédrale jusqu'en 1878; à cette date il
fut nommé aumônier de la garnison de Toul et de l'hôpital civil
et militaire Saint-Charles, et il occupa ce poste jusqu'en 1885.
Il revint à Toul en 1895, comme curé de la cathédrale ; cette
fois ce fut pour neuf ans.
Dès la première heure, Toul lui était gagné. A peine le jeune
vicaire avait-il paru et prononcé son premier sermon qu'il avait
conquis toutes les sympathies. Tel fut en effet M. Eloy, que
partout il exerça, aussitôt que paru, une influence profonde.
Cette influence il ne la devait ni à l'autorité qui domine : il
était d'âme trop douce pour vouloir soumettre ; ni à l'habileté
qui enlace ou à la flatterie qui séduit: il était d'âme trop
haute pour user de ces petits moyens; il ne s'agitait en aucune
façon pour l'acquérir: mais il exerçait autour de lui une sorte
de séduction naturelle qui est donnée à très peu. Il attachait
d'abord par ses rares qualités d'homme: il fut ce que le XVIIe
siècle appelait « l'honnête homme », c'est-à-dire à la fois
l'homme d'honneur et l'homme bien élevé, l'homme droit, loyal,
au-dessus du mensonge, de la dissimulation, dénonçant avec
indignation les perfidies, les petitesses rencontrées çà et là,
peu soucieux de popularité mais jaloux de l'estime des gens de
bien ; l'homme aimable vis-à-vis de tous, incapable non
seulement de nuire, mais simplement de blesser et ne touchant
aux âmes qu'avec douceur et délicatesse. Mais ces qualités mêmes
naissaient en lui d'une source haute et pure: il avait le
sentiment de cette éminente dignité du sacerdoce qui ne permet
pas au prêtre d'être un homme de moindre éducation et de moindre
valeur humaine, le sentiment aussi des responsabilités que porte
tout ministre salut et qui l'obligent à ne négliger aucun moyen
pour garder ou ramener les âmes à Dieu. De 1871 à 1885, il
exerça donc à Toul, sans discontinuer, une action des plus
efficaces et des plus saines: bien des âmes reconnaissent encore
aujourd'hui avoir reçu de lui l'élan qui les jeta pour n'en plus
sortir dans les pratiques d'une piété ardente mais éclairée.
Durant ces vingt-quatre années, il eut à s'occuper spécialement
des jeunes gens et c'est à ce contact qu'il comprit l'importance
et qu'il prit le goût des oeuvres que l'on appelle aujourd'hui
les oeuvres de jeunesse. Vicaire, il était chargé des catéchismes
et des cours d'instruction religieuse, au collège municipal et
il s'acquitta de cette tâche au plus grand intérêt et au plus
grand profit de ses auditeurs : c'est l'affirmation de l'un
d'entre eux. Aumônier de l'hôpital militaire, il ne pouvait
songer à développer l'instruction religieuse des malades qui ne
faisaient que passer; il savait du moins leur rendre la religion
attrayante. Il mettait dans les offices de l'hôpital une beauté,
un entrain tels que toute la ville aspirait s'y rendre. Mais le
21 octobre 1885, il était nommé curé-doyen de Blâmont. Il
succédait à M. l'abbé Didierjean devenu curé de la Cathédrale de
Nancy. Il lui en coûta de quitter une ville et des oeuvres qu'il
aimait, néanmoins il se mit courageusement à la tâche. Il avait
pu suffire jusque-là à un curé de s'acquitter avec zèle de ses
devoirs professionnels; mais la mission du prêtre tendait à
devenir et plus étendue et plus pénible. Depuis quelques années
les hommes au pouvoir faisaient un effort surhumain pour
soustraire la jeunesse à l'influence de l'Eglise ne soupçonnant
pas qu'ils ôtaient aux consciences les entraves et à la fois les
appuis des consciences religieuses : la laïcisation des écoles
commençait. L'une des premières, l'école des filles de Blâmont, subit le sort qui devait devenir le sort commun. Avec Ie
concours de quelques familles catholiques, M. l'abbé Didierjean
avait fondé immédiatement une école libre. Ne pouvant la fermer,
on s'efforça de l'empêcher de vivre : menaces, promesses, tout
fut employé pour lui enlever ses élèves. La lutte durait encore
lorsqu'arriva M. Eloy. Le nouveau curé prit en main la cause de
cette école qui était la cause de Dieu et de la liberté et à
l'une des premières distributions de prix qu'il y présida, il se
déclara prêt à donner pour elle jusqu'à ses dernières
ressources. A armes courtoises donc, car il n'en connaissait pas
d'autres, il combattit ; il désarma quelques-uns de ses
adversaires et finalement il triompha : l'école libre vécut très
prospère et qui plus est, en paix avec sa rivale officielle. Il
fit davantage encore : pour les jeunes filles il organisa ce
qu'il appelait un catéchisme de persévérance, et qui constituait
en réalité un cours d'instruction religieuse supérieure; pour
les garçons, il fonda un patronage qui fut immédiatement très
prospère et pour lequel, il est vrai, il trouva un auxiliaire
précieux dans M. l'abbé Michel, aujourd'hui directeur de
!'Orphelinat de Lupcourt. En même temps, grâce à l'influence
personnelle qu'il avait acquise à Blâmont comme il avait fait à
Toul, il avait développé les oeuvres de piété et de charité: de
jour en jour, les confessions et les communions devenaient plus
nombreuses : c'était là vraiment un ministère béni de Dieu. Mais
M. l'abbé Mathieu venait d'être nommé évêque d'Angers et le 6
mai 1893, M. l'abbé Eloy était appelé à lui succéder à la cure
de Saint-Martin de Pont-à-Mousson. Il n'occupa ce poste que deux
ans, c'est-à-dire trop peu de temps pour réaliser tout le bien
qu'il entrevit dès le premier jour.
A Pont-à-Mousson, ce fut comme à Blâmont, comme à Toul: en moins
de temps qu'il n'en faut à d'autres pour connaître leur
paroisse, il avait conquis toute la ville: ce fut aussi la même
impulsion donnée à la piété, à la charité, la même beauté des
cérémonies religieuses et surtout le même souci de la jeunesse.
Avec le concours généreux d'un prêtre, paroissien de grand zèle,
il entreprit la fondation d'un patronage pour les jeunes gens de
Saint-Martin; la maison était achetée; l'oeuvre allait commencer
lorsque, en novembre 1895, le vénérable chanoine Mansuy chargé
d'ans et de bonnes oeuvres offrit sa démission à Monseigneur,
qui lui donna pour successeur son ancien vicaire, le curé de
Saint-Martin. Pont-à-Mousson en gémit; mais Toul en fut heureux.
Quant à M. Eloy nommé chanoine honoraire en même temps que
curé-archiprêtre, s'il avait été estimé, entouré à Blâmont et à
Pont-à-Mousson, s'il avait conscience d'y avoir fait beaucoup de
bien, il considérait un peu Toul comme une seconde patrie : il
s'y rendit donc avec quelque joie.
(A suivre.) C. CONSTANTIN.
23 mai 1908 - n° 21
- p. 418
M. le chanoine
Eloy. (Suite.)
Lorsqu'il reprit, en novembre 1895, le chemin de Toul, M.
Eloy qui l'avait fait une première fois vingt-quatre and plus
tôt, les espérances de la jeunesse dans le coeur, ne se doutait
pas qu'avant dix ans il sortirait de sa nouvelle paroisse, l'âme
brisée et mort attachée à ses pas : de dures épreuves
l'attendaient en effet. Sa vie à Toul peut se résumer ainsi :
édifier à grand'peine, voir détruire comme en une tourmente par
l'effet des lois ou des mesures Iocales les oeuvres édifiées ;
puis, sur le terrain de plus en plus restreint laissé à la
liberté, tenter encore d'édifier du milieu des ruines ; en un
mot, lutter sans trêve contre les événements contre les hommes,
également hostiles.
Tout d'abord, dès ses premiers pas dans sa paroisse M. Eloy
s'arrêta déçu : son zèle religieux ne retrouvait plus les
croyances et les pratiques d'autrefois. Toul avait profondément
changé : comme en bien d'autres villes, la politique y avait
fait déserter le temple et la religion y comptait
d'irréconciliables ennemis appliqués à sa ruine. L'impression de
tristesse que ressentit M. Eloy de premier contact fut très vive
; il ne se découragea point cependant; sans éclat, comme il
convient à un homme bien élevé, il entra dans l'action.
D'ailleurs, cette surprise pénible du début fut bientôt adoucie
: M. Eloy vit naître autour de lui des dévouements précieux et
une grande joie lui fut donnée : deux carêmes de suite,
Monseigneur Turinaz alla porter la bonne parole dans sa seconde
ville épiscopale. Ces jours-là, M. Eloy fut heureux: sa vaste
cathédrale était comble; la cause de Dieu avait un défenseur
digne d'elle ; enfin, lui-même se sentait réconforté par la
présence de son Evêque, pour qui il eut toujours la plus filiale
déférence et de qui il reçut jusqu'à son dernier jour les
témoignages de la plus paternelle bienveillance.
Mais déjà, mettant à profit le zèle de ses vicaires et les
dévouements qui s'offraient, il s'efforçait de préparer à sa
paroisse un avenir meilleur en multipliant les oeuvres en faveur
de la jeunesse. Il n'eut pas à s'inquiéter alors de l'éducation
religieuse des jeunes filles de la paroisse: elle était assurée
par les écoles municipales de la Maison-Dieu où enseignaient
encore les religieuses de Saint-Charles et par le pensionnat que
tenaient les dames de la Miséricorde. Ce pensionnat menaçait, il
est vrai, de disparaître faute d'élèves; M. Eloy le releva en
même temps qu'il faisait annexer à la Maison-Dieu une école
ménagère sous le patronage de sainte Anne. Pour l'éducation
religieuse des garçons qu'aucune école, qu'aucune oeuvre
n'assurait, il avait rêvé de réunir les forces et les ressources
des deux paroisses qui se partagent Toul et de fonder une école
libre et un patronage communs : l'idée était heureuse; mais les
rêves sages se réalisent, semble-t-il, moins que les insensés;
certains concours firent défaut. L'école et le patronage furent
fondés, mais pour la paroisse de la Cathédrale seule; l'école
fût confiée à des Frères de la Doctrine chrétienne et le
patronage à un vicaire qui l'abritait sous le cloitre. L'ancien
aumônier militaire de Toul n'oublia pas les soldats : il leur
ouvrit un cercle, rue d'lnglemur, à côté de son école.
Immédiatement, toutes ces oeuvres furent prospères, Mais bientôt
un vont de tempête s'éleva : les écoles municipales furent
laïcisées ; le beau geste d'un catholique fortuné qui offrit sa
maison permit à M. Eloy d'ouvrir immédiatement une école libre,
l'école de la Sainte-Famille, tenue par des inst1tutnces
chrétiennes, et à laquelle fut adjoint un patronage. A peine M.
Eloy avait-il paré ce coup qu'il était atteint d'un autre côté :
le cercle militaire était fermé; puis c'était l'école des Frères
et le pensionnat de la Miséricorde ; le pensionnat ne disparut
point, des laïques y continuèrent l'oeuvre des religieuses, mais
c'en était fini de l'école des Frères et du cercle militaire !
Et autour de Toul, dans tout le diocèse, dans toute la France,
c'était le même spectacle de ruines accumulées.
M. Eloy, dont la santé était déjà ébranlée, ne supporta pas
l'épreuve : des crises cardiaques lui rendirent tout travail
impossible, il sut que la mort le suivait pas à pas et que la
moindre émotion pouvait le tuer. Il ne s'obstina pas; il
s'inclina devant la volonté de Dieu; comme son prédécesseur, il
donna sa démission, mais il n'avait que cinquante-huit ans ! Le
10 août 1904, il était nommé chanoine titulaire; il vint donc se
fixer à Nancy. Il commença par y séjourner à l'hôpital ! Le
déchirement qu'il avait éprouva en quittant sa paroisse, l'idée
que désormais il était condamné à l'inaction, avaient provoqué
dans son organisme usé des désordres graves; il sortit de cette
crise cependant et pendant trois ans, il vécut encore sans de
vives souffrances entouré du respect de tous et de multiples
affections. Mais au mois de janvier dernier, des crises
douloureuses recommencèrent; dès les premiers jours, les
médecins durent renoncer à le sauver. Lui-même, malgré les soins
ininterrompus dont l'entouraient les siens et deux personnes
d'un admirable dévouement, se sentit perdu et ce fut une agonie
de trois mois. Au milieu de ses crises qui devinrent de plus en
plus fréquentes, sa plus douce consolation était la visite de
son Evêque toujours bienveillant, qui lui avait même offert la
permission, dont hélas il ne put user que quelques fois, de dire
la messe chez lui. Il n'avait pas tardé à mettre ordre à ses
affaires et il l'avait fait avec son esprit de foi habituel, se
souvenant qu'il avait trouvé dans l'Eglise une mère et qu'un
prêtre, avant d'appartenir à sa famille, appartient à l'Eglise.
Il parut enfin si résigné que d'elles-mêmes les paroles
d'espérances habituelles s'arrêtaient sur les lèvres de ceux qui
le voyaient. Dans la nuit du Vendredi saint il fut administré.
Il eût désiré mourir ce jour-là : mais il vécut huit jours
encore, huit jours de souffrances, de prières et de mérites. Sa
fin fut comme le soir d'un beau jour, très douce, très sereine:
les douleurs s'étaient calmées; son âme était pleine de
confiance en la bonté de Dieu et l'on vit, pour ainsi dire, ce
fidèle serviteur entrer dans paix du Seigneur.
C. CONSTANTIN.
23 mai 1908 - n° 21
- p. 424
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs, l'âme M. l'abbé
Leloup, membre de la Maison de Retraite de Bon-Secours,
décédé le 21 mai 1908.
M. l'abbé François Leloup, né à Ludres, le 24 novembre 1832,
ordonné prêtre le 6 juin 1857, avait été successivement
professeur au Petit Séminaire de Fénétrange, après l'ordination
; professeur au Collège de Blâmont en 1857 ; vicaire à
Saint-Fiacre de Nancy, en 1858; curé de Mignéville, en 1863. Il
était retiré à la Collégiale de Bon-Secours depuis le 1er avril
1899.
M. Leloup était membre de l'Association de prières.
6 juin 1908 - n° 23
- p. 469
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M.
l'abbé Valentin Jardel, curé d'Amenoncourt, décédé le 20 mai
1908.
Né à Bionville le 14 février 1842, et ordonné prêtre le 15 juin
1867, M. Jardel avait été successivement professeur à l'école
Saint-Léopold, après l'ordination; vicaire à Dieuze, en 1867, et
à Saint-Laurent de Pont-à-Mousson, en 1870; curé de Vigneules,
en 1872; de Praye, en 1878; aumônier de l'hospice de
Rosières-aux-Salines, en 1884. Il était curé d'Amenoncourt,
depuis le 16 août 1899.
M. l'abbé Jardel était membre de l'Association de prières.
13 juin 1908 - n° 24
- p. 484
M. l'abbé Jardel, curé d'Amenoncourt.
Amenoncourt !... Le voyageur qui, sur la grande voie de
Paris à Strasbourg, s'apprête à franchir la frontière, courant
fiévreusement à ses affaires ou à ses plaisirs, ne se doute pas
que, derrière la colline prochaine, un paisible village est
caché, dont les habitants, restés foncièrement chrétiens,
pourraient lui enseigner le vrai bonheur.
Les prêtres qui, le lundi 1er juin, s'y trouvaient réunis pour
rendre les derniers devoirs au pasteur, en sont revenus vraiment
consolés, ayant vu, dans le deuil émouvant d'une population
unanime, la place que tient, au coeur des vrais Lorrains, le
prêtre et la Religion qu'il représente. Par les rues décorées de
branches d'arbres et jonchées de feuillages, quel touchant
cortège au modeste cercueil, qui s'avançait porté par les
notables, militairement escorté par la compagnie des pompiers, à
la tenue impeccable, entouré des prières de toute une paroisse !
Et, dans l'église, quelle émotion, surtout quand M. le doyen de
Blâmont retraça la vie du défunt, avec une éloquence que
rendaient plus poignante encore les larmes de tous et les
sanglots des enfants !
M. Valentin Jardel naquit en 1842, à Bionville, huitième enfant
d'une famille dont la foi était aussi ferme que le roc des
montagnes voisines, et dont la ténacité au travail est restée
légendaire au milieu d'une population pourtant laborieuse. Il
fit ses études à Vic, assisté et encouragé par un frère plus
âgé, lequel préludait de la sorte à l'oeuvre d'enseignement qu'il
devait continuer pendant sa vie de curé, où il se dépensa
toujours pour former des élèves.
Après le Grand-Séminaire, l'abbé Jardel vint à Saint-Léopold, où
son jeune zèle fut tout heureux de s'exercer, les enfants étant
dès lors son objet de prédilection. Quel est donc le penseur qui
a dit : « Je n'aborde jamais un enfant sans me sentir ému de
tendresse et de respect » ? Ces deux sentiments sont dans le
coeur de tout prêtre; mais le jeune professeur qui débutait alors
les éprouvait à un degré éminent : un seul reproche pouvait à ce
moment lui être fait, celui de se montrer trop bon et trop
indulgent.
Vicaire à Dieuze, puis à Saint-Laurent de Pont-à-Mousson, il
manifesta de plus en plus cette bonté qui était le fond de son
caractère, et tel fut son dévouement pour les blessés de la
guerre, que l'on a pu dire sans exagération: « D'autres ont
obtenu la croix d'honneur : nul ne l'a méritée plus que lui ».
En 1872, il devint curé de Vigneulles. Dans les pages jaunies
d'un cahier où l'on trouve d'abord un cours de physique du bon
vieux temps, avec son début obligé sur les qualités de la
matière, tant les particulières que les générales, celles-ci
subdivisées à leur tour en essentielles, dérivées et
constituantes, je découvre, avec une surprise émue, ces lignes
d'une écriture un peu plus récente: « C'est un souvenir
impérissable pour le jeune prêtre que son entrée dans sa
première paroisse. Voilà le champ destiné à son zèle, les âmes
dont le salut va dépendre de son ministère, le peuple dont la
vie sera l'âme de sa vie !. .. Une circonstance pourtant me
troubla singulièrement. L'église, à laquelle je devais d'abord
ma visite, refusa de s'ouvrir, et ce ne fut qu'après des efforts
répétés que l'accès m'en devint possible. Une masse énorme de
plâtras détachés du cintre, encombrait l'avenue, et je gémis
profondément de ce délabrement : Qui m'eut dit que je trouverais
un pareil sanctuaire ! » - Et le bon prêtre termine par cette
invocation, rendue plus touchante encore par le tour un peu
romantique qu'il lui donne : « Vous m'aiderez, Seigneur, à
transformer votre maison... ou bien fermez mes yeux à la lumière
du jour ! » Il la transforma si bien qu'il y fit merveille.
Quand arrivait le pli semestriel renfermant les 225 francs de
son modeste traitement, il en distrayait un billet de cent
francs, qu'il mettait de côté pour son église. Et quand les
travaux furent terminés, il put écrire sur son livre de comptes
: « Payé de mes deniers, 6.598 francs ».
A Praye-sous-Vaudémont, même zèle pour la maison de Dieu, qui
lui doit ses vitraux et ses fonts baptismaux.
Puis il fut nommé aumônier de l'hospice de Rosières. Pendant 16
ans, il se dépensa avec bonheur dans ce nouveau milieu, donnant
généreusement son temps, son coeur et sa bourse, octroyant à
chacune des orphelines un livret de Caisse d'épargne. Puis,
quelque nuage s'étant élevé, la nostalgie le prit du ministère
paroissial, et c'est avec joie qu'il se vit désigné pour
Amenoncourt. La réputation de cette paroisse était venue jusqu'à
lui; et d'elle aussi il pouvait dire ce qu'il écrivait de celle
qui eut les prémices de son zèle: « Tout y respire un parfum de
vertus fécondes, qui indique une population chrétienne ». Ce
qu'il y fit, ce qu'il y fut, les témoignages d'unanimes regrets
dont j'ai tâché de donner l'impression en commençant, l'ont bien
montré : il fut l'ami sur lequel chacun peut compter, le
consolateur et, pour que sa bonté s'étende encore sur ses
paroissiens, à présent qu'il n'est plus, il leur lègue tout ce
qui reste de son patrimoine.
Plus précieux encore sont les exemples qu'il laisse, héritage
sacré, que l'on recueille avec reconnaissance, et duquel on se
montre digne par une vie vraiment chrétienne.
P. GUISE
27 juin 1908 - n° 26
- p. 524
Pèlerinage de Lourdes.
SOUSCRIPTION POUR LES MALADES.
[...] M. et Mme Duchamp, à Blâmont, 5 fr.
11 juillet 1908 - n°
28 - p. 564
Réunion du conseil diocésain des oeuvres d'hommes
Le conseil diocésain a tenu séance à l'évêché, mardi
dernier, à trois heures sous la présidence de Monseigneur
l'évêque. Quinze membres ecclésiastiques et neuf membres laïques
y assistaient.
[...] Les paroisses du doyenné de Blâmont, dit M. l'abbé Benoit,
encore incomplètement ouvertes aux oeuvres modernes d'apostolat,
sont restées fidèles à leurs anciennes confréries. Les 37 petits
soldats de la « Légion Saint-Maurice » de Blâmont, gymnastes,
clairons et tambours, ont pu donner maintes fois déjà dans un
rayon plus ou moins étendu, des preuves indiscutables de leurs
qualités professionnelles. Leur exemple a été fécond. Des
légionnaires ont surgi dans le voisinage du chef-lieu. Ici,
encore à leurs débuts, ailleurs, déjà mieux organisées, les
oeuvres de jeunesse promettent pour l'avenir.
Monseigneur remercie M. le doyen de Blâmont d'avoir réfuté
l'éternel adage, ami de la tranquillité et du repos, qu'il n'y a
rien à faire.[...]
18 juillet 1908 - n°
29 - p. 595
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de l'abbé
Fiel, curé d'Ogeviller, décédé le 10 juillet 1908.
M. l'abbé Théophile-Léopold Fiel, né à Ancerviller, le 9 mars
1849, ordonné prêtre le 20 juin 1874, avait été successivement
vicaire à Bouxières-aux Chênes, après l'ordination ; curé de
Tanconville, en 1875. Il était curé d'Ogéviller depuis le 14
novembre 1886 .
M. Fiel était membre de l' Association de prières.
1er août 1908 - n°
31 - p. 626
M. l'abbé
Fiel curé d'Ogéviller.
M. l'abbé Fiel, dont nous avons appris avec stupeur la mort
foudroyante, a succombé, au moment où il voulait de remplir,
dans une paroisse voisine, le ministère de la confession. Si la
mort l'a terrassé subitement, nous avons la conviction qu'elle
ne l'a pas surpris et qu'il fut le serviteur vigilant auquel
nous pouvons appliquer les paroles de l'Evangile.
M. l'abbé Fiel fut un de ces prêtres modestes dont la vie
s'écoula dans le silence du labeur quotidien et dans la fidélité
au devoir. Il ne se distingua que par la bonne simplicité de ses
manières et la douceur de ses procédés Aussi, dans les deux
paroisses où il a passé, à Tanconville et à Ogéviller, il a su
par sa bonté et sa charité, se concilier l'estime, la confiance
et, ce qui vaut mieux, l'affection de tous ses paroissiens.
Mais, s'il fut bon, indulgent, ce ne fut jamais jusqu'à
faiblesse. Il était d'ailleurs doué d'un esprit droit, qui le
mettait à l'abri de toute compromission dans le domaine des
principes. Il savait, à l'occasion, suivant le conseil de
l'Apôtre, reprendre et corriger; mais sa parole n'avait rien de
dur, ni de blessant, se gardant bien de briser le roseau à demi
rompu et d'éteindre la mèche encore fumante.
Il était d'un naturel assez froid, d'un tempérament peu
communicatif; mais, quand, dans la société de ses confrères, il
émettait une réflexion, elle était toujours judicieuse et
frappée au coin de ce bon sens, qui est la caractéristique de
notre race.
Bref, si la vie de l'abbé Fiel n'eut rien de bien saillant, elle
fut du moins de celles dont on ne peut faire un bel éloge qu'en
disant qu'elles se résument, comme celles du divin Maître, dans
ces mots: Il a passé en faisant le bien. C'est la pensée que M.
le doyen de Blâmont eut l'heureuse inspiration de développer
dans le discours qu'il prononça aux obsèques du regretté défont,
en lui appliquant les trois béatitudes : Bienheureux les doux.
Bienheureux les pacifiques. Bienheureux les miséricordieux.
Cette vie de prêtre, toute faite de mansuétude et de dévouement,
explique pourquoi la paroisse tout entière d'Ogéviller assista
en pleurant à ses funérailles; pourquoi le Conseil municipal,
maire en tête, voulut, en escortant sa dépouille mortelle, lui
donner un solennel hommage de son affection et de ses regrets ;
pourquoi M. le maire, par un sentiment délicat tout à son
honneur, respecta le deuil public, en interdisant toute
réjouissance pour le lendemain du 14 juillet; pourquoi enfin
tous ceux qu'il a dirigés et conduits dans le chemin de la
sanctification, ont promis de lui garder un pieux et fidèle
souvenir.
Aux regrets que leur cause la mort si prématurée de M. l'abbé
Fiel, les paroissiens d'Ogéviller joindront, nous n'en doutons
pas, leurs meilleures prières pour le repos de l'âme de celui
qui fut, de par la volonté divine, leur chef, leur guide et leur
pasteur.
E. G.
8 août 1908 - n° 32
- p. 640
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Évêque ont été nommés :
[...] Curé d'Ogéviller, M. l'abbé
Duhaut, précédemment curé de Ville-au-Val. [...]
22 août 1908 - n° 34
- p. 672
ACTES OFFICIELS
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Évêque, ont été nommés :
[...] Curé de Blénod-lès-Toul, M. l'abbé
Caspar, précédemment curé de Herbéviller; [...]
12 septembre 1908 -
n° 37 - p. 721
ACTES OFFICIELS
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
Curé d'Amenoncourt, M. l'abbé
Colin, précédemment curé de Saint-Martin ; [...]
26 septembre 1908 -
n° 39 - p. 769
Chronique des oeuvres d'hommes et de jeunes gens.
[...] Ce furent des baptêmes de sections [...] et d'autres
encore en perspective si l'on en croit le Bulletin paroissial de
Saint-Martin.
On commence à se lancer sérieusement dans les oeuvres modernes.
Dans le canton de Blâmont, les patronages dirigés par les
prêtres s'organisent déjà un peu partout, ayant pour but
d'intéresser tous les jeunes gens de bonne volonté. Blâmont
(c'est tout naturel), donne l'exemple avec ses 37 gymnastes de
la Légion Saint-Maurice, dont 7 clairons et 4 tambours. Les
jeunes gens de Frémonville se sont lancés hardiment dans le
mouvement, affiliés à la Légion Saint-Maurice de Blâmont: ils
sont une vingtaine de gymnastes, défilant fièrement au son de
leurs clairons et tambours. A Barbas et à Verdenal, quelques
jeunes gens veulent aussi faire de la gymnastique et vont
travailler régulièrement avec leurs frères, les gymnastes de
Blâmont.
Dans d'autres paroisses, c'est la musique qui est en honneur. A
Vého, 32 trompettes réveillent tous les échos, même ceux
d'Alsace-Lorraine, avec les permissions bien en règle des
autorités de là-bas.
A Herbéviller et à Saint-Martin, on entend le cor, le soir, sans
qu'il soit nécessaire d'aller jusqu'au fond des bois. Quelques
jeunes gens de Reclonville se mettent aussi de la partie.
D'autres paroisses n'en sont encore qu'à leurs tout premiers
débuts ; ainsi, à Blémerey, on s'exerce déjà à jouer de la
trompette.
N'oublions pas de dire en terminant que le tir à la carabine est
pour tous nos jeunes gens une distraction excellent et pleine
d'utilité.
31 octobre 1908 - n°
44 - p. 861
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Evèque, ont été nommés :
[...] Curé de Herbéviller, M. l'abbé Richard, précédemment curé
d'Anderny.
19 décembre 1908 -
n° 51 - p. 1005
Calendrier de la Semaine.
Dimanche 20 décembre. [...]
Mardi. - De la FÉRIE. (Violet). - A. P. Autrepierre.
Antienne O Rex Gentium : O Roi des nations, objet de leurs
désirs! Pierre angulaire qui réunissez en vous les deux peuples
: venez et sauvez l'homme que vous avez formé du limon !
26 décembre 1908 -
n° 52 - p. 1039
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. le
chanoine Renac,
ancien curé de Saint-Remy-aux-Bois, décèdé à Leintrey le 20
décembre 1908.
Né à Saint-Georges le 18 février 1842, ordonné prêtre le 29 juin
1866, M. l'abbé Louis-Adolphe Renac avait été successivement
vicaire à Blâmont (1866), à Saint-Nicolas-de-Port (1869) et curé
de Saint-Remy-aux-Bois ( 1870). Il était retiré du saint
ministère depuis le 15 août 1906 et avait été nommé chanoine
honoraire le 4 novembre 1906.
M. Renac faisait partie de l'Association de prières.
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