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Bulletin de Meurthe-et-Moselle - 1920
Organe de la société d'assistance aux réfugiés et évacués de Meurthe et Moselle

1914 1915 1916 1917 1918 1919 1920


25 janvier 1920
BLAMONT
JUGE DE PAIX. - M. Marc Muller, licencié en droit, ancien agent voyer en chef, a été nommé juge de paix de Blâmont, en remplacement de M. Courtin, qui n'a pas accepté le poste.

1er février 1920
DOMÈVRE-SUR-VEZOUZE
NECROLOGIE. - On annonce la mort de M. Léon Masson, ancien maire, décédé le 18 janvier, à l'hôpital de Baccarat.
M. Masson avait connu les dures épreuves de l'occupation allemande en 1914, puis les dangers du séjour à Baccarat pendant toute la guerre. Sa santé avait été ébranlée par tant d'alertes; il meurt au moment où il entrevoyait le retour à Domèvre.

8 février 1920
LUNÉVILLE
SYNDICAT D'INITIATIVE. - Un Syndicat d'initiative ayant pour but de favoriser le tourisme dans la région de Lunéville vient de se fonder. Son action va pouvoir se manifester immédiatement. La question essentielle, pour l'instant, écrit M. Fernand Rousselot dans l'Est Républicain, est de faire classer par l\uministration un certain nombre de Vestiges de la guerre. Pour organiser une ou plusieurs excursions, il est nécessaire de fournir aux visiteurs l'attrait de sites connus, de points officiellement désignés. Or, jusqu'ici, les seuls monuments, abris ou ruines classés dans l'arrondissement de Lunéville, les seuls vestiges que l'on conservera dans leur état actuel, au même titre que les monuments historiques, sont les suivants :
«  Hablainville : route de Flin; un observatoire camouflé, très puissamment construit.
Vues prolongées sur le bassin de la Sarre.
«  Domjevin : poste de secours-armbulance creusé dans le roc; modèle d'organisation chirurgicale militaire.
«  Manonviller : fort détruit; chaos de blocs énormes de béton, blindages et coupoles évientrés. Entonnoirs gigantesques.
«  Magnières : route de Gerbéviller à Rambervillers : église (ruines étranges). »
Et c'est tout! L'on comprend que le nouveau Syndicat ne se contente pas de ces quatre «  curiosités ».
Il y a d'autres souvenirs à garder - et ici notre piété est inséparable de notre intérêt, - il y a d'autres vestiges, diront les horreurs de la guerre et attesteront le surhumain courage des hommes de, ce pays. Une liste doit être dressée qui sera immédiatement soumise à l'examen attentif de l'administration. On y trouvera le village nègre de Badonviller, une partie des bois de la Chapelotte avec la petite chapelle, un coin de Gerbéviller, le monument élevé à Bathelémont à la mémoire des premiers soldats américains tombés pour la défense du droit. On y trouvera Léomont, le mont de Diane et des Lions, avec ses prolongements, l'immense nécropole du Mouton Noir et les crêtes si émouvantes de Saint-Evre et de Friscati Léomont, notre colline sacrée, centre de la bataille de Lunéville, où coula à flots le sang le plus généreux et le plus vermeil, le sang des soldats lorrains de la division de Fer !
Obtenir de l'Etat la classification officielle de ces vestiges est la tâche la plus urgente. M. Paul Belfort, qui préside l'association, va s'y employer avec zèle.
Le printemps approche et les touriste se prépareront bientôt à venir visiter le front de Lorraine. Il n'y a pas un instant à perdre !

DOMÈVRE-SUR-VEZOUZE
LA JALOUSIE. - Le tenancier d'une cantine installée dans un baraquement, M. Alexis Casi, rentrant de la chasse aux sangliers, surprit sa femme en conversation coupable avec un ouvrier de l'entreprise Vercelli, nommé Henri Puchard, 33 ans.
Le mari outragé n'hésita pas. Par deux fois, il déchargea son arme sur son rival qui s'affaissa très grièvement blessé. Il a été emmené à l'hôpital de Lunéville et Casi à la prison de la même ville

ETAT-CIVIL
[...] Décès
[...] Fiel (Frédérick), 72 ans, d'Ancerviller, à Lunéville, en novembre 1919.
Becker (Pierre-Ernest), 64 ans, de Barbas, à Lunéville.

15 février 1920
ETAT-CIVIL
MARIAGES
[...] Boichot Ernest, chauffeur d'automobiles, décoré de la croix de guerre, à Nancy, 120, rue Saint-Dizier, et Mangin Marguerite-Augusta, à Verdenal.

22 février 1920
BLAMONT
DECORATION POSTHUME. - La croix de chevalier de la Légion d'honneur a été attribuée à la mémoire du sous-lieutenant Moitrier (Pierre-Charles-Joseph) : «  Jeune Saint-Cyrien remarquable de bravoure et de sang-froid. Tombé héroïquement à la tête de ses chasseurs, le 11 novembre 1914, en faisant face aux assauts de l'ennemi. Croix de guerre avec palme. »
M. Pierre Moitrier était le fils aîné de M. Alfred Moitrier, capitaine des pompiers de Blâmont.

EMBERMENIL
LES CRIMES ALLEMANDS. - Une, revue bavaroise, Marienburg, a publié le récit suivant des atrocités commises à Emberménil :
Le 27 octobre 1914, le sous-officier Ebert, du 4e régiment de la Landwehr, lut fait prisonnier par les Français daims le village d'Emberménil (près de Lunéville).. Il y avait pénétré après avoir demandé à une femme si l'ennemi ne s'y trouvait pas. La femme avait répondu : «  Je ne sais pas. »
En guise de sanction, le colonel von Vallade fit tirer des obus sur le village. Mais, dix jours plus tard, trouvant que cette sanction était insuffisante, il publia un ordre du régiment ou il prescrivait une nouvelle punition «  sans pitié » pour les habitants d'Emberménil : «  Plusieurs maisons seront à incendier ou à détruire et deux à trois habitants seront à fusiller au milieu du village. Un enlèvera, si possible, des chevaux, du bétail, des voitures, des outils. Il y aura lieu de dire aux habitants pourquoi il est procédé à cette mesure. »
C'est le capitaine Rexroth qui reçut l'ordre de procéder a cette exécution militaire. il en fut épouvanté. Il rassembla les habitants et demanda qui, dix jours auparavant, avait induit le sous-officier Ebert en erreur. Comme personne ne se présentait, le capitaine dit qu'il était obligé de fusiller plusieurs habitants. A ce moment, une Française enceinte se présenta et dit que c'était elle qui avait fait la réponse au sous-officier.
Mais Rexroth devait avoir au moins deux coupables. Ses camarades l'avaient prévenu qu'en cas de non-exécution de l'ordre, Vallade le traduirait devant un conseil de guerre pour désobéissance. Le capitaine, dans son désespoir, demanda au maire d'Emberménil de lui désigner au moins un de ses administrés «  pour qui ce ne serait pas dommage ». On lui désigna alors un faible d'esprit, l'idiot du village.
C'est ainsi que les deux victimes furent collées contre le mur du cimetière. Mais nos soldats bavarois refusèrent de tirer et, dans leur horreur, se cachèrent derrière les maisons. Ce ne fut que sur la prière instante du capitaine que quelques-uns se décidèrent de fusiller la femme et le jeune homme.
La revue Marienburg ajoute :
Il appartient à M. le colonel von Vallade, qui habite 9, Ludwigstrasse, à Wurtzbourg, de se défendre. Il est maintenant encore au service de la République de Bavière comme chef d'un groupe de démobilisation.
Ce récit a fait l'objet de la mise au point suivante de M. Alison, maire d'Emberménil.
1° Le maire d'Emberménil n'a pu jouer le rôle que lui prête la revue, pour la bonne raison qu'il avait été emmené en captivité dès le 12 septembre; 2° il n'a été demandé jeune homme fusillé, M. Dim, aîné de dix enfants dont six encore vivants, n'était ni idiot, ni fou.
Voici, écrit M. Alison, comment les choses se sont passées, d'après les dires des habitants :
Le sous-officier fut fait prisonnier par des chasseurs à pied, mais deux de ses hommes ont pu se sauver et rendre compte à leurs chefs de ce qui se passait. Au bout de dix jours, des sanctions devaient être. prises. Alors rassemblement des habitants devant l'église, tout le monde sans exception. La personne à qui le sous-officier avait demandé des renseignements, voyant qu'il fallait fusiller quelqu'un, a pensé que c'était pour elle et s'est sacrifiée pour ses compatriotes; mais cela ne suffisait pas, il fallait une autre victime; l'officier désigne un vieillard de 70 ans, mais ayant demandé de ne pas mourir, il fut laissé; après, il désigne un père de famille, ayant sa fille aveugle à côté de lui, il a demandé aussi de vivre pour nourrir sa petite fille; l'officier acquiesça à sa demande. Alors seulement, en troisième lieu, il désigna ce pauvre jeune homme, qui était réformé, mais lui n'a pas échappé à la barbarie des Boches.
Les deux victimes furent mises sur le banc de la maison Vautrin Albert, voisine l'une de l'aure. Les douze Boches furent mis en face et n'ont pas hésité à tirer au commandement de leur chef. Les deux victimes n'ont pas baissé les yeux devant leurs bourreaux. Ces barbares ont laissé les habitants depuis 5 heures du soir devant ces deux victimes jusqu'à 10 heures du soir, sans les laisser rentrer et au mois de novembre. Jugez si le capitaine en question était épouvanté.
L'adjudant Jacquat du 41e territorial, a de son côté, en 1914, quelques jours avant sa mort glorieuse, fait le récit des atrocités d'Emberménil. Une personne qui avait pu s'échapper du village lui avait dit que sa filleule, Mme Masson, née Marie Crampsat, avait été fusillée en même temps qu'un jeune homme de 24 ans. Voici comment M. Jacquat s'exprimait :
Elle avait répondu, parait-il, a une patrouille ennemie qui s'était avancée jusque-là et lui avait demandé si elle savait où étaient les Français : «  Je n'en sais rien ». La pauvre femme qui s'était calfeutrée dans sa maison ignorait que nos troupes fussent derrière l'église.
Celles-ci font prisonnier un officier. Les Allemands se replient en hâte, mais reviennent quelque temps après ; incendient la maison de Marie Crampsat, ainsi qu'un autre immeuble, puis se saisissent de la malheureuse, la font asseoir sur les marches de l'église, rassemblent tout le village, hommes, femmes, enfants et choisissent pour compagnon de mort un être chétif.
Un capitaine va ordonner le feu.
Marie Crampsat envoie un suprême baiser à ses parents et fait un large signe de croix.
Trois salves retentissent ; les victimes tombent en avant, la tête entre les jambes en boule.
Comme s'ils avaient eu honte de leur sinistre besogne, les Boches - des Bavarois, - ont détourné la tête en tirant.
Indigné, l'un d'eux jeta son fusil et casque. Quelques instants après, il expiait de même son acte d'humanité...

29 février 1920
CHAMBLEY
INFANTICIDE. - Mme Anne-Maire Gillet, née Droz-Vincent, âgée de 32 ans, originaire de Remoncourt et habitant actuellement à Basse-Kontz (Lorraine), a comparu devant la cour d'assises, sous l'inculpation d'infanticide.
Mariée à un douanier et mère de deux enfants, elle s'était trouvée enceinte des oeuvres d'un soldat allemand. Ayant accouché dans la nuit du 6 au 7 décembre 1918, elle avait étouffé son enfant et avait jeté le corps dans une fosse d'aisance où il fut découvert par des prisonniers occupés à vider cette losse.
Le jury a rendu un verdict d'acquittement.

14 mars 1920
AVRICOURT
ACCIDENT. - M. Ch. Diétrich, négociant, et M. Emile Marchal, garçon boucher, se rendaient en voilure de Blâmont à Avricourt, quand près du cimetière d'igney, la cheville ouvrière se rompit, Les deux voyageurs furent précipités sur la route. M. Diétrich eut une cuisse cassée et des blessures assez graves. Il a été tranporté à l'hôpital de Blâmont. Quant à Emile Marchal, il s'en tira avec des contusions sans gravité.

LUNÉVILLE
EXPLOSION ACCIDENTELLE. - M. Arnoux, propriétaire du café de Paris, était occupé à scier un tube en fer qu'il avait acheté à un chiffounitr et qui provenait de la liquidation des stocks, quand une violente explosion se produisit. M. Arnoux ne fut que légèrement brûlé aux yeux, mais Mme veuve Migeot, 49 ans, qui se trouvait à proximité, fut atteinte par un éclat et très grièvement blessée.
Son état est pour ainsi dire désespéré.
Cet accident est dû à la même cause que celui de Longwy où deux ouvriers ont trouvé la mort. On ne comprend pas comment les services de la liquidation des stocks ont pu vendre à des particuliers de si dangereux engins. L'enquête qui se poursuit démontrera les responsabilités, des sanctions seront peut-être prises, mais elles ne rendront pas la vie aux infortunées victimes d'une négligence vraiment impardonnable.
Il y a peu de temps, à Emberménil, six Chinois furent tués dans un accident analogue.

21 mars 1920
EMBERMENIL
POSTES ET TELEGRAPHES. - Le bureau de poste d'Emberménil a été réouvert le 6 mars 1920. Il dessert, comme en 1914, les communes d'Emberménil, Reillon, Remoncourt, Vaucourt, Vého et Xousse.
Les correspondances pour Emberménil seront acheminées par le train partant de Nancy (vers Strasbourg), à 8 h. 10.
BLAMONT
NAISSANCE. - Georgette Trabac, fille de Joseph Trabac.
DÉCÈS. - Marie-Augustiue Hienfer, veuve Portier, 62 ans, à Blâmont. - Pietro Franzosi, 43 ans, maître maçon, domicilié à Boizano (Italie).

NOS INSTITUTEURS
M. le ministre de l'Instruction publique a accordé des récompenses aux instituteurs, pour l'année 1918, avec effet du 1er janvier 1919. Dans la liste des titulaires des distinctions, nous avons relevé les noms suivants :
[...] Mention honorable. - M. Aubriot, instituteur, à Domjevin;
 

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