Jusqu'à l'abolition de la peine de mort, le bourreau
est l'indispensable auxiliaire de justice, chargé
des exécutions, des punitions corporelles, des
bannissements, etc.. Mais de tous temps, cette
profession a été l'objet de mépris et d'ostracisme,
rendant la vie sociale ardue pour l'exécuteur et sa
famille. On a vu ainsi se constituer des familles de
bourreaux, se transmettant le métier de génération
en génération, et ne contractant d'alliance qu'au
sein de familles exerçant la même profession. Le cas
de la famille HERMANT de Blâmont est à ce titre
exemplaire.
Le fait que le nom soit parfois noté
HERMANN, HERMONT, HERMAND, ou HERMAN, rend cependant
peu aisé la reconstitution d'éléments biographiques
sur la famille HERMANT de Blâmont, qui exerçait au
XVIIIème siècles les fonctions de
bourreaux. Pour l'exposé ci-dessous, le nom de
Hermant sera utilisé, même si les actes portent
ainsi de multiples versions;
Le premier que l'on peut citer à Blâmont est
Jean-Jacques HERMANT bourreau de 1761 à 1783. Il est
issue d'une famille de bourreaux mosellans de
Saint-Avold et Morhange : on voit ainsi au milieu du
XVIIème siècle Jean-Michel LANDER,
bourreau de Saint-Avold, épouser Jacqueline HERMANT,
et sa soeur Meyetta LANDER, épouser Antoine HERMANT.
Antoine HERMANT, bourreau de Morhange, décède en
1668, et l'on peut trouver parmi ses enfants une
fille, marié à Jacob SCHWARZ bourreau de Faulquemont
(et fils du bourreau de Saint-Avold), Claude, qui
devient bourreau de Morhange en 1684 (et épouse
Catherine PARISOT), et Pierre, bourreau à Vic.
Le cinquième enfant de Claude HERMANT aura lui même
cinq enfants : trois filles (mariées aux bourreaux
de Sarrrelouis, de Nancy, et Saint-Avold), Bernard,
bourreau à Morhange, et Jean.
Jean succède comme bourreau à son père en 1734 ; il
décède en 1758, après avoir épousé Marguerite REINE
(fille du bourreau de Metz et de Boulay) et laisse
quatre enfants.
Ainsi, Jean-Jacques HERMANT, fils de Jean HERMANT et
Marguerite REINE, est né le 4 août 1741. En
complément de sa longue lignée de bourreaux, on peut
constater qu'il a comme parrain Jacob CANÉ, bourreau
de Thionville, et pour marraine Ursule GROSSOLZ, fille de bourreaux alsaciens.
Jean-Jacques HERMANT épouse à Blâmont Françoise
PARISOT le 11 novembre 1761, et succède ainsi comme
« maître des hautes et basses oeuvres » à son
beau-père, Nicolas PARISOT, bourreau de Blâmont
depuis 1722.
De ce mariage naissent 5 enfants ;
- Jean François, né à Blâmont le 19 octobre 1762
- Laurent, né le 19 février 1764 à Blâmont, décédé
le 24 février 1764.
- Marie-Anne, née le 14 avril 1765 à Blâmont,
décédée le 20 avril 1765.
- Marguerite, née le 30 juin 1766 à Blâmont (qui
épouse Jean Nicolas Fixard à Blamont le 9 février
1790)
- Claude, né le 24 juillet 1768 à Blâmont. L'acte
indique pour parrain un autre Claude HERMANT, maître
des hautes oeuvres de la paroisse de Morhange.
Jean-François HERMANT succède à son père en 1783
(mais Jean-Jacques HERMANT continuera à apporter son
aide aux exécutions, puisqu'on le retrouve
aide-bourreau à Nancy en 1803-1804). Il reste
bourreau à Blâmont jusqu'en 1790, où il cède le
poste à son nouveau beau-frère, Jean-Nicolas FIXARD
(bourreau de 1790 à 1793), pour se consacrer à
Lunéville (où il exerce depuis 1784, succédant à la
bourrelle Marguerite CANÉ en poste de puis 1766). Il
décède à Lunéville le 4 août 1803
On voit donc se succéder sur le XVIIIème
siècle au poste de bourreau de Blâmont les membres
d'une même étroite alliance :
Nicolas
PARISOT |
1722-1761 |
|
Jean-Jacques HERMANT |
1761-1783 |
gendre du
précédent |
Jean-François HERMANT |
1783-1790 |
fils du
précédent |
Jean-Nicolas FIXARD |
1790-1793 |
beau-frère
du précédent |
|