Dans les années 1860, la choucroute alsacienne
connait un important succès en France. Après la
guerre de1870, la choucrouterie A. Kormann
s'installe en France, et fonde une succursale à Embermenil en 1875.
A Strasbourg, August Frederic Krug se lance dans la
fabrication de choucroute avant la guerre de 1870
(il était au préalable mécanicien aux chemins de fer)
En janvier 1871, il s'associe avec Rieffel,
s'installe à Nancy au 26 avenue de la Garenne en
1872, et y établit le première usine de fabrication
de choucroute, siège de la société Krug-Rieffel. En
1880, les associés se séparent : Krug reste à Nancy,
et Rieffel construit une nouvelle usine à Chevremont
(territoire de Belfort) pour la société Rieffel-Ballis
& Cie.
Pendant une dizaine d'années, n'existent en France
comme usines de choucroute « alsacienne », que
celles de Belfort, Nancy et Emberménil.
1904
La fabrique d'Emberménil passe en 1907 au neveu de
Kormann, Eugène Gatrio (Marie Alphonse Eugène Gatrio, né à Krautergersheim,(67) le 9 octobre 1878,
décédé à Krautergersheim le 13 janvier 1955. C'est
son frère Marie Albert Gatrio (né le 11 août 1871 à
Krautergersheim) qui figure sur le monument aux
morts : sous-lieutenant au 17ème
Bataillon de Chasseurs à Pied, il est tué à Lorette
dans la Pas-de-Calais le 18 décembre 1914).
Le choucrouterie d'Emberménil a donc été acquise par
Krug entre 1907 et 1910. Mais Eugène Gatrio reste
dans la choucroute : ainsi on le voit déposer, en
tant que fabricant de choucroute à Obernai, la
raison commerciale « Eugène Gatrio » le 1er
avril 1924.
Quant à Krug, il a connu des déboires dans son usine
de Nancy :
Le Temps - 16 mars
1902
UN INCENDIE. Notre correspondant de Nancy
nous télégraphie qu'un incendie dont les
causes sont inconnues a détruit, cette nuit,
la fabrique de choucroute Krug et le magasin
de bois Jacquot-Mayer. Les pertes sont d'un
million. Aucun accident de personne ne s'est
produit. |
Le Stéphanois - 15
juin 1911
Violent incendie
Nancy, 14 juin. Un violent incendie a
détruit la fabrique de choucroute Krug à
Nancy. Les ateliers de tonnellerie et les
hangars ont été la proie des flammes.
|
Le fils d'Auguste
Krug, Théophile Alfred (1859-1933), officier
d'académie, officier de la légion d'honneur en 1912
et commandeur en 1926 en tant qu'administrateur des
Hospices civils, perpétuera à Nancy l'industrie du
bois en tonnellerie et boissellerie mécaniques. Et
son fils Jean Charles (1898-1973) deviendra
président fondateur de la confédération nationale de
l'industrie du bois.
Quand à la
choucrouterie Krug d'Emberménil, on ignore à quelle
date elle a cessé son activité, mais probablement
avec le déclenchement de la première guerre
mondiale.
Note :
Krug semble s'être au final associé de nouveau avec
Ballis, puisqu'on trouve à Pantin jusqu'à la seconde
guerre mondiale un entrepôt de choucroute Krug-Ballis.
Bulletin de la
Société industrielle de l'Est
1910
Conserves
alimentaires
[...]
Enfin, mentionnons d'une façon toute spéciale, la
fabrication de la choucroute que représente M. Krug
(26, avenue de la Garenne, à Nancy). Cette maison,
qui a été fondée à Strasbourg il y a 50 ans, possède
deux usines, à Embermesnil et à Nancy. Elle jouit
d'une réputation toute spéciale dans le monde des
amateurs de choucroute. Ajoutons que M, Krug -
comme nous le verrons; plus loin - a annexé à sa
fabrication de choucroute l'industrie de la
tonnellerie mécanique.
[...]
Tonnellerie mécanique
Une des branches intéressantes du matériel de
l'alimentation liquide est celle de la Tonnellerie
mécanique qui est représentée par les maisons Krug,
Fruhinsholz, les Tonnelleries Lorraines de Nancy, et
par les Aciéries de Thale « Eisen Huttenwerk-Tahle
», à Tahle (Harz).
M. Krug qui dirige différentes usines pour la
fabrication de la choucroute, joint à son industrie
celle de la tonnellerie mécanique. Après avoir
d'abord fabriqué les fûts nécessaires pour ses
produits, il a été amené à développer cette branche
de son industrie et aujourd'hui, il fabrique sur une
grande échelle la tonnellerie pour l'emballage des
graisses, de la soude, du ciment, de la moutarde.
Les conditions de la création de cette industrie
sont à rapprocher de celles de la fabrication des
boîtes de fer blanc par certaines sociétés de
conserves et de cirages.
Les fûts sont faits de bois blanc : peupliers,
aunes, bouleaux, provenant de la Meuse et de la
Champagne, à l'état de grumes qui se débitent et
sont usinés à Nancy. Il s'y débite environ 1.100
stères de bois par mois.
Auparavant, les cuveaux à graisse employés dans nos
pays venaient d'Amérique, les boîtes à bicarbonate
venaient d'Allemagne. Grâce à l'initiative de M.
Krug les étrangers ont été repoussé de notre marché.
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