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                 Même si le legs testamentaire 
				voulu en 1880 par Charles Houpert reste une incroyable histoire 
				d'héritage et de création de fonds, elle n'aurait pas vocation à 
				figurer ici puisque l'auteur de la notice reproduite ci-dessous 
				publiée en 1981 précise : «  Le fait brutal est que sa 
				Fondation (inspirée par un sentiment d'indéniable générosité) a 
				été un fiasco complet et qu'il n'en reste rien. » 
				Il ajoute même: «  Qu'advint-il à Blâmont ? Le notaire Claude 
				Aubry, successeur actuel de Thouvenel, nous a écrit que le 
				greffe de son étude avait été détruit du fait de la guerre de 
				1914-18; nos démarches auprès du secrétariat du Conseil général 
				de Meurthe-et-Moselle sont restées infructueuses et la mairie de 
				Blâmont, consultée, a répondu n'avoir aucune connaissance de la 
				création, à la fin du XIXe siècle, de la banque voulue par 
				Charles Houpert. » 
				et plus loin : «  Le préfet de Meurthe-et- Moselle accusait 
				réception de la part revenant à la banque de Blâmont, le 21 
				septembre 1895. Qu'en est-il advenu, puisque, selon les 
				informations reçues, elle ne fut pas fondée ? » 
				 
				Or il s'avère que la vérité historique ne surgit pas toujours de 
				recherches approfondies dans des archives peu accessibles, mais 
				parfois de données publiques, puisqu'on relève dans l'Est-Républicain 
				du 15 août 1897 l'article suivant : 
				 
				«  Le crédit agricole à Blâmont 
				Il existe à Blâmont, depuis un peu plus d'un an, une institution 
				de crédit agricole et ouvrier fondée à l'aide des libéralités de 
				M. Houpert. 
				Le compte rendu de cette première année de gestion a été fait 
				par M. Barthélémy et sera déposé au cours de la session, sur le 
				bureau du conseil général. En voici un aperçu : 
				Il a été fait en 1896 dix-neuf prêts se montant ensemble à 7,200 
				fr. Deux demandes seulement ont dû être écartées, à raison de 
				l'insuffisance de garantie présentée par les pétitionnaires et 
				leurs cautions. 
				Le tableau ci-après résume la situation financière de l'oeuvre : 
				Recettes. - Encaissement des arrérages de la rente (17 janvier 
				1896), 10,292 fr. 30 ; encaissement des arrérages de la rente 
				(31 juillet 1896), 4,456 fr. 13 ; encaissement d'intérêts, 6 fr. 
				50. Total: 14,754 fr. 93. 
				Dépenses. - Achat d'imprimés et de fournitures de bureau, 173 fr. 
				50; prêts, 7,200 fr.; placements à la caisse d'épargne, 6,000 fr. 
				Total, 13,373 fr. 50. 
				Différence formant l'encaisse au 1er janvier 1897 : 1,381 fr. 
				43. 
				La commission cantonale, réunie le 23 avril 1897 a exprimé le 
				voeu de voir compléter sur deux points l'article 11 des statuts 
				de la banque, qui est ainsi conçu : 
				Art. 11. - Les opérations de la caisse Houpert consistent à 
				faire aux cultivateurs et aux ouvriers domiciliés dans le canton 
				de Blâmont des prêts dans les conditions suivantes, déterminées 
				par le testament de M. Houpert : 
				... 
				2° Les prêts seront effectués sur la remise d'un simple billet, 
				souscrit par le débiteur et sa caution solidaire, agréés par la 
				barque justifiant de leur moralité et de leurs habitudes 
				laborieuses par une certificat du maire-de leur commune. 
				... 
				4° Les débiteurs ayant la faculté de se libérer du capital à leur 
				convenance, ne pourraient être poursuivis en justice pour le 
				remboursement du capital que lorsqu'ils seront restés plus de 
				cinq ans sans acquitter les intérêts échus, ou dans le cas de 
				déconfiture imminente prévue par l'article 1188 du Code civil. 
				Le paragraphe 2 de cet article serait complété par la phrase 
				suivante : « En cas de décès de la caution, l'emprunteur sera 
				tenu de fournir une nouvelle caution dans le délai de trois mois 
				à partir du décès », et le paragraphe 4 recevrait l'addition des 
				mots ci-après: « ou bien encore dans le cas où il ne fournirait 
				pas. de caution dans le délai convenu ». 
				Cette proposition, qui n'a d autre objet que de donner plus de 
				sûreté aux créances de la banque et de garanties aux 
				recouvrements. 
				L'administration en proposera l'adoption. » 
				 
				Le fonds Houpert à Blâmont a donc bien été constitué, et a 
				fonctionné depuis 1896. 
				A partir de cette information, il suffit de consulter les
				rapports et délibérations 
				du Conseil général du Département de la Meurthe et Moselle 
				pour découvrir que le fonds s'est perpétué sans difficulté 
				jusqu'à la première guerre mondiale. 
				 
				De 1914 à 1921, l'Etat continue à abonder le fonds 
				départemental, mais il faut constater que "A la suite de 
				l'occupation allemande, les livres de comptabilité, les 
				débiteurs, tout cela a disparu". En 1921, le Préfet propose 
				de reconstituer le comité de gestion du fonds, mais si la 
				dernière mention trouvée dans ces rapports date de 1933, nous 
				ignorons si le Crédit agricole et ouvrier Houpert de Blâmont a 
				effectivement repris ses activités en 1922. 
				 
				Le Pays Lorrain 
				1981 
				L'héritage et la fondation 
				Houpert par Jean Houpert 
				Le 4 mars 1880 mourait à 
				Sarrebourg l'ancien conservateur des hypothèques Charles Houpert. 
				Il avait près de 88 ans, étant né à Dieuze le 29 juillet 1792. 
				Fils unique, veuf sans enfants, il avait rédigé le 22 mars 1873, 
				devant le notaire Jules Lévy de Sarrebourg, un minutieux 
				testament. En voici le préambule : 
				«  J'arrive à la fin de ma carrière, encore tout meurtri de la 
				perte douloureuse de ma fidèle compagne, qui pendant les 53 ans 
				de notre heureux mariage avait concentré toutes mes affections. 
				Je reste seul en ce monde, sans avoir connu les douceurs de la 
				paternité, sans aucun lien de famille et il me faut changer mes 
				dispositions testamentaires pendant que je jouis encore de mes 
				facultés intellectuelles et je puis le faire avec d'autant plus 
				de liberté que toute ma fortune provient de mes économies et de 
				celles de mes père et mère, ayant complètement désintéressé les 
				héritiers de ma chère femme suivant liquidation et partage... » 
				Il déclarait ensuite «  ... je reste le seul représentant d'une 
				nombreuse famille éteinte et je crois ne pouvoir trouver de 
				collatéraux successibles que dans les descendants des frères et 
				soeurs de mes aïeux que je ne connais pas... » 
				Il entendait par «  aïeux » ses quatre grands-parents dont il 
				donnait les noms. 
				Il nommait le notaire Félix Thouvenel, de Blâmont, exécuteur 
				testamentaire et précisait les conditions du partage de ses 
				biens, ne voulant dans aucun cas, concluait-il, que sa 
				succession devienne le sujet de procès de famille interminables. 
				En dépit de quoi il y eut de longs procès; la liquidation ne fut 
				terminée que dix ans après sa mort. 
				 
				«  Nombreuse famille éteinte » sans doute, puisque son grand-père 
				paternel qu'il avait connu - il vécut ses dernières années chez 
				son fils à Dieuze - avait eu 15 enfants et qu'il était le seul 
				rejeton de cette famille, bien réduite déjà du fait que la 
				plupart de ces 15 enfants moururent au berceau. 
				Il savait cependant que ses grands-parents avaient eu des frères 
				et soeurs ayant laissé des descendants mais il ne connaissait 
				pas ce cousinage qui allait se révéler presque innombrable. Ceci 
				est au moins curieux car, né à Dieuze et mort à Sarrebourg, il 
				vécut toute sa longue vie à moins de 40 kilomètres du berceau de 
				sa famille, des villages où vivaient et se multipliaient ses 
				cousins. Devons-nous penser que Monsieur le conservateur des 
				hypothèques, et déjà son père avant lui, ayant atteint un niveau 
				social sans comparaison avec celui de leur parenté n'avaient pas 
				cherché à maintenir les relations et liens familiaux ? 
				Voici l'histoire succincte de cette famille. Le premier ancêtre 
				connu, Christophe Houpert, mort en 1687 âgé de 70 ans environ, 
				était «  laboureur », nous dirions aujourd'hui cultivateur, à 
				Léning; sa femme, Elisabeth Torlotting, d'une famille notable 
				d'Albestroff, était petite-fille de Christophe Klopstein qui 
				vivait à Léning vers 1575. 
				Leur troisième fils, Pierre Houpert, né en 1650, épouse 
				Anne-Marie Dorr, de Francaltroff. A la mort de son père, il 
				vient s'établir à Insming dont il devient rapidement l'un des 
				notables; «  maître échevin en la justice et mère-cour » dès 
				1689, gros maire en 1692, maire du prieuré en 1700; en 1697, 
				l'ensemble des biens du prieuré lui est affermé, conjointement 
				avec Nicolas Jacob. Le bail lui en est renouvelé en 1700, 
				conjointement cette fois avec le prévôt Joseph Blancpain. Il 
				meurt prématurément en 1702, mais sa veuve, ses trois fils et 
				ses trois gendres continuent l'ascension familiale. 
				Le second fils, Nicolas, meurt au cours d'une épidémie de 
				variole, semble-t-il, à moins de 34 ans. Il avait épousé 
				Anne-Marie Rebb, fille de l'amodiateur de Francaltroff; gros 
				maire d'Insming en 1717, il devenait quelques mois avant sa mort 
				l'un des concessionnaires de la ferme des biens du prieuré. Il 
				laissait trois fils dont le dernier, Jacques (1719-1810) allait 
				être, avec plusieurs de ses cousins, à la tête des affaires à 
				Insming. En 1752, il reprend seul le bail non échu de la ferme 
				des biens du prieuré ; il est appelé «  marchand » (sans que soit 
				précisé de quelles marchandises il faisait commerce) et il est 
				greffier d'Insming pendant 30 ans. A ce titre il est l'un des 
				rédacteurs du «  Cahier de doléances » en 1789 et l'un des 
				électeurs du député du bailliage aux États généraux. Il se maria 
				quatre fois : avec Marie Hensienne, fille du greffier de la 
				prévôté d'Insming; Marguerite Margo, de la famille des tanneurs 
				de Saint-Avold; Elisabeth Schomt, fille de l'aubergiste de 
				Grostenquin; Elisabeth Streiff, à laquelle il survécut encore 
				dix-huit ans. 
				Nous avons dit plus haut que 15 enfants naquirent des trois 
				premiers mariages, dont quatre seulement parvinrent à l'âge 
				adulte : trois filles, dont une restée célibataire et deux 
				mariées tardivement; un fils, Mathias (1750-1819), qui épousa 
				Catherine Petermann, de Marsal. 
				Ce Mathias Houpert est, en 1789, contrôleur aux Salines de 
				Dieuze et, trois ans plus tard, receveur des domaines nationaux; 
				en 1793, il est emprisonné avec d'autres employés des salines. 
				Après la tourmente révolutionnaire, il devient receveur de 
				l'Enregistrement, à Dieuze et, en 1819, retiré à Fénétrange, il 
				est membre du collège électoral de la Meurthe, autrement dit 
				imposé à 300 francs au moins. 
				Charles Houpert était son fils unique. Je n'ai rien trouvé se 
				rapportant à ses études, à sa formation professionnelle. Ayant 
				eu 20 ans l'année de la Moskowa et du passage de la Bérézina, 
				servit-il dans les armées impériales ? ou en fut-il dispensé 
				pour une quelconque raison ? Son acte de mariage nous apprend 
				qu'il était, en 1819, receveur de l'enregistrement, domaines et 
				forêts à Fénétrange et qu'il eut pour témoins : Jean-Louis Ris, 
				commissaire ordonnateur, chevalier de Saint-Louis et de la 
				Légion d'honneur, et Louis-Hypolite Bickilley, vérificateur de 
				l'enregistrement, domaines et forêts du département de la 
				Moselle; l'épouse, Alexandrine Léo, et ses témoins, 
				appartenaient à ce même milieu de l'Administration. 
				De Fénétrange, Charles Houpert alla-t-il directement occuper le 
				poste de conservateur des hypothèques à Sarrebourg? Nous ne 
				pouvons que le supposer car, à une demande de renseignements aux 
				Archives économiques et financières il a été répondu que les 
				recherches faites sont restées infructueuses : il n'y a pas de 
				dossier Charles Houpert. 
				Il ordonnait à son exécuteur de déposer à la banque de prêt 
				agricole de Dieuze, qui devait être fondée selon ses 
				dispositions testamentaires, divers documents dont «  un volume 
				contenant mes états de service, avec mes principaux rapports » 
				et «  un volume contenant des publications en défense du principe 
				d'autorité, en justification de ma conduite publique, devant mes 
				concitoyens et dans ma ville natale. » Où ont échoué ces 
				documents ? Là encore nos recherches sont demeurées jusqu'à 
				présent infructueuses mais nous avons, néanmoins, découvert 
				qu'il avait fait plusieurs dons au Musée lorrain de Nancy après 
				le désastreux incendie de 1870, en particulier un portrait de 
				dom de Saintignon, abbé de Domèvre, et aussi qu'il fut un des 
				bienfaiteurs des Soeurs de la Divine Providence de 
				Saint-Jean-de-Bassel. 
				Il était donc l'aboutissement d'une lignée enracinée depuis 
				toujours en Lorraine et qui n'avait cessé de s'élever; il était 
				déjà à sa naissance un héritier dans tous les sens du terme et 
				il augmenta considérablement sa fortune. Ses dernières volontés 
				montrent qu'il avait le sens social et le coeur généreux; le 
				style du testament dans lequel elles sont spécifiées, les 
				conditions dont elles sont entourées montrent aussi que les 
				doctrinaires ne fleurissaient pas à Paris seulement. 
				 
				La première de ses dispositions testamentaires est en faveur de 
				sa famille. 
				«  ... je lègue à mes héritiers collatéraux... pour le tout être 
				partagé entre eux par égales portions, quelque soit leur ligne 
				et leur degré de parenté, attribuant toutefois deux portions à 
				ceux qui auront au moins deux enfants ou petits-enfants vivants 
				au jour de mon décès, et quadruple part à tous ceux qui en 
				auront plus de quatre, entendant ainsi venir en aide aux plus 
				nombreuses familles, sans préférence et sans exclusion d'aucun 
				de mes parents. » 
				Conformément à cette disposition, le notaire Thouvenel fit 
				placarder à Dieuze, à Insming et villages environnants, et 
				annoncer dans la Gazette de Sarrebourg les publications 
				prescrites pour les successions vacantes. Les prétendants à 
				l'héritage devaient avant le 4 mars 1881 déposer leur demande, 
				accompagnée de preuves de leur parenté avec Charles Houpert, au 
				greffe du tribunal de Dieuze. Cinquante ans après, on pouvait 
				encore recueillir les derniers échos du brouhaha causé par 
				l'annonce du partage de cette fortune qui apparut fabuleuse et 
				incalculable. Tous les Houpert crurent qu'ils allaient être 
				riches ! Il y eut cependant des pessimistes; mon 
				arrière-grand-père ne voulut pas prétendre, prévoyant qu'étant 
				donné le nombre de prétendants et l'enchevêtrement des parentés 
				il y aurait discussions et procès, que les frais mangeraient le 
				plus clair de l'héritage, que les seules dépenses pour établir 
				les preuves de parenté excéderaient peut-être ce qu'on 
				toucherait éventuellement. 
				En effet, les généalogistes auxquels on recourut ne firent pas 
				les recherches gratis et ils en firent, car j'ai pu constater 
				dans bien des registres d'état civil que les actes concernant 
				les Houpert étaient pointés au crayon. 
				Dans les hautes sphères de l'Administration, on se préoccupait 
				aussi de cet héritage et nous aurons lieu d'y revenir traitant 
				en des autres dispositions énoncées dans le testament. Dans une 
				lettre du 4 mai 1880 du Conseiller général Grody de Dieuze, au 
				Président de Lorraine, nous lisons : 
				«  Touchant les renseignements que vous me faites l'honneur de me 
				demander, il n'existe pas je crois d'héritier principal. Chaque 
				cousin jusqu'au 5e degré recevra me dit-on une part égale. Les 
				héritiers de M. Houpert sont très nombreux et il est à peu près 
				certain que le testament ne sera pas attaqué. » 
				Le Président lui répondait le 21 mai suivant : 
				«  il résulte des renseignements que je tiens de M. Lévy, notaire 
				à Sarrebourg, que les héritiers légaux de M. Houpert, non 
				seulement jusqu'au cinquième degré mais jusqu'au douzième ont 
				droit à sa succession. » 
				Le 4 mars 1881, 998 prétendants avaient déposé leur demande. 
				Cette première étape franchie, Charles Houpert avait prévu un 
				autre délai d'une année pour «  prendre connaissance des titres 
				déposés, les discuter contradictoirement, en constater le 
				bien-fondé, et (que) s'il s'élevait des contestations elles 
				devront être résolues définitivement dans le délai fixé. » Ce 
				qui fut fait, non par les prétendants sans doute - la plupart en 
				étant incapables - mais par leurs procureurs et l'exécuteur 
				Thouvenel. Il y eut des discussions, des contestations 
				s'élevèrent et elles ne furent pas réglées dans les délais 
				fixés. Aux questions soulevées par les prétendants à l'héritage 
				s'ajoutaient celles provoquées par le désir des administrations 
				publiques d'entrer en possession des legs prévus par les autres 
				clauses du testament et d'exécuter les volontés exprimées dans 
				ces clauses. Et, enfin, il apparaît que le juge de Dieuze et le 
				notaire de Blâmont, qui devaient veiller à l'exécution des 
				volontés du testateur, n'interprétaient pas les choses de la 
				même façon. 
				Entre Dieuze et Blâmont il n'y a que 30 kilomètres, mais il y 
				avait aussi la frontière établie en 1871. Cette frontière 
				s'avérait infranchissable; le juge et le notaire ne 
				correspondaient que par les voies officielles et les lettres 
				suivantes en sont le témoignage. 
				25 juillet 1882, le juge Kolping, de Dieuze, au Président de 
				Lorraine : 
				«  ... la vérification des documents présentés par les diverses 
				personnes prétendant avoir droit à la succession a eu lieu. Il 
				en est résulté qu'environ 370 personnes peuvent justifier 
				exactement par des actes de leur parenté avec le testateur. Les 
				autres prétendants à l'héritage - 620 environ - ne le peuvent 
				pas. Dans le but d'amener un accord entre tous ces prétendants à 
				la succession j'ai... convoqué à une réunion pour le 16 octobre 
				prochain (1882) les prétendants qui ont justifié de leur 
				parenté. Si, ainsi que je le crois, ces derniers ne veulent pas 
				reconnaître le droit des autres a la succession, il faudra, à 
				mon avis, recourir à la voie judiciaire pour décider de la 
				question. Si, contre toute attente, un accord survenait je 
				pourrais dans la huitaine de la réunion faire parvenir à Me 
				Thouvenel l'acte de notoriété. » 
				Le 14 août 1882, le Conseiller général Thomas d'Albestroff, au 
				Président de Lorraine : 
				«  Conformément à votre lettre du 3 du courant j'ai communiqué à 
				M. Thouvenel... la lettre en date du 25 juillet dernier de M. le 
				juge cantonal de Dieuze au sujet des personnes aptes à être 
				appelées à recueillir la succession de M. Houpert. Vous 
				trouverez ci-joint la réponse de M. Thouvenel... De la lettre de 
				M. le juge cantonal de Dieuze et de celles de M. Thouvenel il 
				résulte qu'une solution amiable de cette affaire n'est pas à 
				espérer, de longtemps du moins. » 
				11 août 1882, le notaire Thouvenel au Président de Lorraine : «  
				Dès que M. le juge de paix de Dieuze m'aura délivré l'acte de 
				notoriété qu'il est chargé de dresser je procéderai à la 
				distribution entre les héritiers conformément aux volontés de M. 
				Houpert. La réunion que M. le juge de paix projette n'a rien que 
				de louable mais elle n'est pas prévue par le testament. 
				«  Quant à la délivrance des legs faits au Département, aux 
				héritiers seuls appartenant de la faire, je souhaite qu'elle 
				puisse se faire amiablement en même temps que l'acte de 
				distribution. 
				«  Si M. le juge de paix voulait dès maintenant délivrer cet acte 
				de notoriété (car je ne vois pas qu'il soit tenu de réunir 
				préalablement les héritiers) je me mettrais immédiatement en 
				mesure d'opérer la distribution. » 
				Thouvenel estimait que le juge de Dieuze avait en main à ce 
				moment les éléments suffisants pour décider qui reconnaître 
				comme héritier et qui rejeter, conformément aux conditions 
				précisées dans le testament, et de le mettre ainsi en mesure de 
				procéder à la liquidation de la succession. 
				Ce n'était pas le point de vue du juge qui avait déjà convoqué 
				tous ceux qu'il avait jugés avoir rempli les conditions 
				précisées par le testateur et disons dès maintenant qu'ils 
				furent ceux reconnus par les divers jugements rendus par la 
				suite. 
				Selon le copieux compte-rendu donné par la Gazette de Lorraine 
				(du 19 octobre 1882) 368 prétendants furent admis à cette 
				réunion ; ceux ayant fourni les preuves qu'ils descendaient de 
				Pierre Houpert (+1702), trisaïeul du testateur. 
				Il est rappelé que «  plusieurs séances précédentes n'avaient eu 
				aucun résultat ». Cette longue réunion, dans une salle trop 
				petite où on étouffait fut parfois houleuse. A la question : 
				voulez-vous admettre les autres prétendants, plus de 600 qui 
				s'étaient présentés et n'avaient pas été admis, les 368 admis 
				répondirent unanimement : non. 
				L'avoué Lambert, de Nancy - représentait-il Thouvenel ? car il 
				n'était pas prétendant - interpréta le testament dans son sens 
				le plus restrictif : ne reconnaître comme héritiers que les 
				descendants des quatre grands-parents de Charles Houpert, ce qui 
				excluait la totalité des prétendants puisqu'il n'avait eu aucun 
				cousin germain. Finalement, il fut proposé par le prétendant 
				Léon Laforêt, greffier municipal de Dieuze, appuyé par François 
				Weber et Auguste Kromenacker, d'Insming, et aussi par l'avoué 
				Lambert, de nommer une commission, présidée par le juge Kolping, 
				composée de jurisconsultes «  désintéressés de l'affaire », qui 
				interpréterait le testament et donnerait un avis. Tous les 
				prétendants prendraient l'engagement de se conformer à cet avis 
				sans observation. 
				Après discussion, le juge déclara que tous les prétendants 
				n'étant pas présents, la proposition devait être refusée, car 
				pour être valable elle devait être acceptée à l'unanimité. Il 
				accepta finalement de la recevoir si elle lui était dûment 
				signifiée par un acte signé des 368 présents et il se retira. 
				L'acte ainsi demandé, portant que la commission présidée par le 
				juge de Dieuze compterait quatre avocats, avoués ou juges 
				d'Alsace-Lorraine plus Me Thouvenel à titre consultatif et que 
				ses décisions seraient acceptées par tous et sans appel, fut 
				accepté et signé à l'unanimité. 
				Mais «  recevoir » dans la bouche du juge Kolping ne signifiait 
				pas «  accepter ». Il refusa dans les termes suivants : 
				«  ... je ne puis accepter et donc je refuse le mandat qu'on veut 
				me confier. L'acceptation et l'accomplissement d'un tel mandat 
				seraient sans fondement puisqu'il n'est pas donné par tous les 
				prétendants, sans exception » et il les avisa par lettre que «  
				toutes les demandes en obtention de l'acte de notoriété prescrit 
				par le testament Houpert sont renvoyées comme étant 
				inadmissibles pour le moment. Cet acte ne sera accordé que sur 
				la production de la preuve que la question, jusqu'ici discutée, 
				du droit d'hérédité, est vidée définitivement, d'accord avec 
				tous les prétendants. Une solution à l'amiable de la question 
				apparaît impossible vu le nombre extraordinaire des prétendants. 
				Il ne reste donc aux intéressés que le recours aux tribunaux. » 
				Le tribunal cantonal de Dieuze, c'est-à-dire son unique juge, 
				Kolping, se déclarait incompétent, le montant de la succession 
				dépassant en effet les limites de ses attributions. 
				La requête au tribunal a été imprimée, portant la date du 15 
				décembre 1883. C'est une brochure de 117 pages, donnant la liste 
				des prétendants - nom, prénoms, adresse et occupation (1) ainsi 
				que le compte rendu des discussions sur les preuves de parenté 
				dont voici les principaux passages : 
				«  ... une partie seulement de ces prétendants a produit 
				d'irréfutables preuves de parenté avec le testateur; pour le 
				plus grand nombre la parenté est douteuse. Les prétendants ne 
				sont pas arrivés à s'entendre et, en dépit des efforts de 
				l'exécuteur Thouvenel et de son conseiller juridice, l'avocat 
				Ambroise, de Lunéville, la plupart ont individuellement requis 
				le tribunal de juger en leur faveur. L'accord de tous s'avérant 
				impossible le tribunal a convoqué à Dieuze, le 16 octobre 1882, 
				une assemblée de tous ceux ayant fourni des preuves 
				indiscutables de parenté afin de déterminer comment agir avec 
				les autres et aboutir à l'accord désiré. Cela fut impossible et 
				dans ces conditions le tribunal rejette les requêtes présentées, 
				recommandant aux demandeurs d'intenter un procès. 
				Le tribunal devra décider 
				1) qui parmi les prétendants est héritier et qui ne l'est pas; 
				2) régler, conformément à la volonté du testateur, les 
				difficultés soulevées par le partage de ses biens. 
				Finalement Me Thouvenel, conjointement avec les deux dames 
				Houpert, dont la qualité d'héritières est indiscutable, (2) a 
				porté l'affaire devant le tribunal impérial de Saverne, 
				compétent selon l'article 28 du Code civil, afin qu'il précise 
				les droits de tous les prétendants. » 
				Suit l'énumération des points litigieux, découlant de 
				l'interprétation du testament, soumis au tribunal, puis des 
				explications sur le bien-fondé des divers groupes de 
				prétendants, chacun remontant à un ancêtre dont les preuves de 
				parenté avec Charles Houpert sont exposées et enfin les 
				recommandations dont les défendeurs demandent l'approbation du 
				tribunal. 
				L'ouverture du procès, fixée au 7 juillet 1884, fut reportée au 
				12 janvier, puis au 1er juin et enfin au 29 juin 1885. Il se 
				déroula devant la chambre civile du tribunal impérial de 
				Saverne, présidée par le juge Munziger, assisté des conseillers 
				Schimpert et Emminghaus. Les avocats Franck, Lutz, Stieve, 
				Schaller et Feller plaidaient pour les divers groupes de 
				prétendants. 
				Franck, au nom du premier groupe, celui des Margo-Sainpy (neveux 
				de la grand'mère paternelle de Charles Houpert) demanda que ses 
				62 clients fussent déclarés seuls héritiers. Cette demande 
				déclarée non fondée, fut rejetée et les recommandations 
				présentées par Thouvenel furent adoptées par le tribunal dans 
				son jugement rendu le 28 septembre 1885. 
				1. et 2. : l'héritage sera divisé entre des familles et non des 
				individus, chaque chef de famille faisant compter dans son 
				groupe tous ses enfants et petits-enfants vivants, conçus avant 
				le 4 mars 1880 afin de respecter la volonté du testateur. De 
				plus, le tribunal justifiait son emploi du terme «  conçu » en 
				citant l'article du Code civil : «  est habilité à hériter celui 
				qui existe au moment de l'ouverture de la succession » et 
				interprétait : «  celui qui est conçu est vivant ». 
				3. les enfants naturels - il y en avait deux - ne sont pas 
				héritiers, selon la loi qui donne aux enfants naturels reconnus 
				des droits sur la fortune de leurs parents décédés seulement ; 
				4. la part des prétendants décédés après le 4 mars 1880 sera 
				transmise à leurs enfants qui ne pourront revendiquer que cette 
				part sans prétendre de leur propre droit. 
				5. les prétendants ayant présenté leur demande après le 4 mars 
				1881 sont rejetés, conformément au testament. 
				6. les demanderesses 2 et 3 (Marie-Louise et Thérèse Houpert), 
				les défendeurs 1 à 393 à l'exception de 162 et 296 (enfants 
				naturels) sont héritiers; les défendeurs 394 à 998 ne sont pas 
				héritiers. 
				7. le notaire impérial Lévy, de Sarrebourg, est chargé de 
				diriger les opérations de partage et de procéder à 
				l'adjudication publique des immeubles compris dans la masse 
				successorale, situés à Sarrebourg. 
				Les recommandations subsidiaires étaient rejetées et ainsi 
				disparaissait la contradiction contenue dans la sixième demande 
				présentée où se lisait : «  les autres (défendeurs 394 à 998) ne 
				le sont pas (héritiers) » et recommandait ensuite 
				subsidiairement : les descendants de Théodore Houpert et 
				d'Elisabeth Clément, de Nicolas Houpert et d'Anne Marie Wolff, 
				de Jean Houpert et de Catherine Kontz, parents du testateur, 
				sont héritiers, c'est-à-dire exactement le contraire. 
				Sans le déclarer précisément, le tribunal reconnaissait comme 
				héritiers les Sainpy-Margo, déjà mentionnés, et tous les 
				prétendants ayant fourni la preuve qu'ils descendaient de Pierre 
				Houpert et d'Anne Marie Dorr, trisaïeux paternels du testateur. 
				Il rejetait les autres en déclarant, au sujet de Théodore 
				Houpert et de Jean, son frère, «  les affirmations des défendeurs 
				apparaissent hautement vraisemblables et le tribunal pourrait, 
				d'après la nature de la cause et conformément au code de 
				procédure, reconnaître sans strictes preuves documentaires le 
				droit à l'héritage des défendeurs 394 à 645 et 656 à 690, mais 
				ne peut s'y résoudre faute de ces preuves documentaires ». 
				Ajoutons ici que cette décision était fondée : Jean et Théodore 
				Houpert, originaires de Nelling, avaient peut-être le même 
				ancêtre que Charles Houpert, mais tellement lointain que la 
				preuve ne peut en être faite. On le savait en leur temps, vers 
				1700; on le savait encore par tradition au temps du procès. 
				Nicolas Houpert, de Léning, était frère de Pierre et la preuve 
				s'en trouvait dans quatre actes d'état civil. Le Tribunal 
				déclara «  ... ne sont produites que des copies conformes... et 
				non des originaux ». Mais surtout les pièces justificatives 
				avaient été déposées après l'expiration du délai fixé dans le 
				testament et les demandeurs 647-655 et 691-921 furent déboutés. 
				Ensuite venait le groupe 922- 939, descendant de Jean-Pierre 
				Demange, de Cutting, dont la soeur, Barbe Demange, avait épousé 
				jean-Adam Houpert, arrière-grand- oncle du testateur. Il est 
				impossible d'en conclure à un lien de parenté avec ledit 
				testateur, déclara le Tribunal. Cela était logique et les 
				Demange furent déboutés. S'ils avaient cherché davantage, ils 
				auraient trouvé que leur ancêtre était aussi beau-frère de 
				jean-Adam Houpert, parce qu'il avait épousé sa soeur Anne et ils 
				pouvaient de ce fait être déclarés héritiers aussi bien que les 
				demandeurs 63-393, descendants de Pierre Houpert, dont ils 
				descendaient aussi. 
				Quant au dernier groupe, les demandeurs 940-998, ils furent 
				déboutés avec l'attendu : «  ... ont déposé des preuves si 
				insuffisantes qu'elles ne permettent même pas de présumer 
				comment ils sont parents du testateur ». 
				Finalement, le Tribunal décidait que les frais seraient à la 
				charge de la masse successorale, dont il fixait la valeur, au vu 
				de l'inventaire dressé par le notaire Lévy du 15 mars au 20 
				avril 1880, à 600 000 marks. 
				Ce jugement amplement étayé de preuves et de considérants 
				semblait devoir mettre fin aux contestations soulevées. Il y eut 
				pourtant une reprise d'instance devant le même tribunal de 
				Saverne intentée par le prétendant Pierre Villig, aubergiste à 
				Faulquemont, et 18 autres, tous descendants de Jean Houpert et 
				Catherine Kontz, réclamant d'être déclarés héritiers. Un premier 
				jugement, le 21 juin 1886, partiellement par défaut, la plupart 
				des défendeurs ne s'étant pas présentés en personne ou par 
				procureur, fut suivi d'un second, le 13 juin 1887. Pierre Villig 
				et consorts furent déboutés. 
				Enfin, sur pourvoi du Parquet en ce qui concerne la valeur du 
				litige fixée par le tribunal de Saverne à 600 000 marks, la Cour 
				d'appel de Colmar réduisit ce montant à 240 000 marks, le 8 mai 
				1886. 
				L'adjudication judiciaire des biens immobiliers de Sarrebourg, 
				annoncée dans la Saarburger Zeitung du 17 mars 1887 et par 
				affiches, se déroula en l'étude de Me Lévy le 13 avril suivant. 
				La maison, sise 42 Grand'rue avec jardin derrière et un autre 
				bâtiment donnant rue du Sauvage comprenant deux écuries, grange, 
				grenier à blé, chambre de domestique et chambre à bain, le tout 
				d'une superficie de 6 ares 55 sur mise à prix de 20 000 marks, 
				fut adjugée à 25 100 marks. Le jardin, rue des Casernes, d'une 
				superficie de 6 ares 90 sur mise à prix de 400 marks, fut adjugé 
				à 3 000 marks. 
				Toutes les procédures étant ainsi terminées, il fut procédé à la 
				liquidation et les héritiers reconnus reçurent leur portion 
				d'héritage. Un descendant de l'un d'eux nous a dit que la 
				portion de son grand-père - elle était quadruple- s'élevait à 
				750 marks. 
				Une autre brochure fut imprimée donnant la liste des héritiers 
				reconnus et les attendus du règlement final énumérés par le 
				tribunal de Saverne, le 16 septembre 1889, présidé par le 
				conseiller Laurent, assisté des conseillers Brachvogel et Aron. 
				L'exemplaire en notre possession est contresigné par l'avocat 
				Wündisch et l'exécuteur Thouvenel. 
				1. Le projet de liquidation et de partage préparé par le notaire 
				Lévy est confirmé et déclaré exécutable; 
				2. et 3.. le marchand Jacob Reiterhart, de Sarrebourg, est 
				chargé de l'encaissement, des réclamations et de toutes autres 
				opérations en vue de réaliser la disponibilité des fonds à 
				partager; 
				4. les frais de procédures sont à la charge de l'héritage. 
				Suivait la déclaration que tous les intéressés avaient été 
				avisés par affichage public et lettre recommandée, celles 
				envoyées à ceux vivant à l'étranger par l'intermédiaire de 
				l'ambassade d'Allemagne à Paris, des consuls de New-York, 
				Chicago et Saint-Louis, aux États-Unis, de Buenos-Aires, en 
				Argentine. 
				Il avait fallu près de dix ans pour que fut exécutée la première 
				clause du testament de Charles Houpert et l'on peut se demander 
				à quel pourcentage du montant brut de la succession s'élevèrent 
				les frais occasionnés par toutes ces recherches et ces procès. 
				Nous n'avons trouvé trace, ni à Sarrebourg ni à Blâmont, chez 
				les successeurs de Maîtres Lévy et Thouvenel, de leurs comptes 
				de dépenses en cette affaire. 
				 
				Passons maintenant aux autres clauses du testament de Charles 
				Houpert : 
				«  Après avoir rempli mes obligations de chef de famille, il me 
				reste à pourvoir à mes devoirs sociaux. Je ne suis pas un 
				républicain dans le sens maintenant attaché à ce nom. Toujours 
				dans mes écrits je me suis posé comme le défenseur du principe 
				d'autorité, dans ma conviction que ce principe est la seule 
				garantie possible de l'exercice régulier de nos droits légitimes 
				de liberté et d'égalité, mais je n'en suis pas moins dévoué à la 
				Res publica et c'est ce sentiment profondément gravé dans mon 
				coeur qui m'a dicté les dispositions suivantes de fraternité. » 
				Après cette déclaration de principe, par la seconde clause de 
				son testament il léguait au département de Meurthe-et-Moselle, 
				Allemagne, c'est-à-dire la Lorraine annexée, ses six actions de 
				la Banque de France dont le dividende serait 
				«  annuellement distribué à titre de prime aux instituteurs des 
				arrondissements de Sarrebourg et de Château- Salins qui auront 
				pratiqué les meilleures méthodes pour bien faire comprendre à 
				leurs élèves le sens vrai de leurs lectures comme aussi de bien 
				exprimer leur pensée par l'écriture, ce que je tiens comme la 
				preuve la plus certaine d'une bonne instruction primaire, qui 
				doit s'attacher à développer le jugement des enfants au lieu de 
				surexciter leur mémoire; il nous faut des hommes sensés plutôt 
				que des génies illustres. Je laisse à l'administration 
				supérieure à réglementer ma fondation - je me borne à en 
				indiquer le but - dont mon expérience de Vice-président du 
				Comité supérieur de l'arrondissement de Sarrebourg m'a démontré 
				la nécessité. » 
				Cet énoncé et le commentaire qui le suit montrent que Charles 
				Houpert accordait plus d'importance aux résultats qu'au vernis 
				des apparences. Bien comprendre ce qu'on lit, savoir exprimer 
				une idée par écrit, cela est toujours utile et même nécessaire ; 
				cela l'était d'autant plus pour un homme né en 1792, car à l'âge 
				où il devait entrer à l'école, la Révolution en avait provoqué, 
				en France, la disparition à peu près totale. Ses contemporains 
				les plus pauvres furent beaucoup plus illettrés que leurs 
				parents. Ajoutons-y la difficulté d'expression que rencontrent 
				les enfants qui parlent une langue à la maison et doivent en 
				employer une autre dans les transactions officielles ; à Dieuze 
				on est bien près de la frontière linguistique. Enfin, le dédain 
				non dissimulé pour les «  génies » illustres montre peut-être que 
				le contemporain des grands romantiques ne partageait pas tous 
				leurs engouements. 
				Qu'advint-il de cette fondation en faveur des instituteurs ? Il 
				semble évident que le legs fut accepté par la Délégation 
				générale d'Alsace-Lorraine (Landesausschuss). Il est conservé 
				aux Archives de la Moselle cinq liasses, séries 6AL, 436 à 440, 
				pour la Fondation Houpert. Sous le titre de «  Primes à des 
				instituteurs », nous n'avons trouvé qu'une information : en 
				1911, la rente pour ces primes s'élevait à 913 marks, sans autre 
				indication qu'elles aient été offertes et distribuées. Nous 
				avons d'autre part questionné des instituteurs âgés - pas assez 
				cependant pour avoir été en service avant 1914 - sans résultat. 
				Faut-il en conclure que ces primes ne furent pas offertes ? Ou 
				que si elles le furent, ce fut avec tant de discrétion qu'il 
				n'en reste pas trace ? 
				Lorsqu'en 1950 le Conseil général de la Moselle discuta la 
				réorganisation de la Fondation Houpert, il n'y eut aucune 
				mention des primes aux instituteurs, ni dans l'exposé du projet, 
				ni dans sa discussion et son adoption. 
				 
				La troisième clause du testament débute ainsi : 
				«  Ayant eu lieu durant mes fonctions d'apprécier les difficultés 
				qu'éprouvent nos petits cultivateurs pour se procurer des fonds 
				pour les aider dans l'amélioration de leur culture, ainsi que 
				les ouvriers de métier pour se pourvoir de leur outillage et des 
				matières premières de leur profession, voulant laisser à cette 
				contrée qui m'a vu naître et où j'ai passé toute ma carrière 
				administrative, un gage du souvenir de mes bons rapports, 
				j'avais résolu d'y fonder des banques de prêts d'assistance 
				fraternelle en faveur des habitants qui en feraient la demande, 
				et j'avais déjà manifesté mon intention dans mes dispositions 
				testamentaires. Mais, depuis l'annexion de la Lorraine, j'ai dû 
				craindre que l'institution de mes banques ne devienne un jour un 
				sujet de conflit d'attribution et pour les éviter, j'ai résolu 
				de faire deux parts de mes libéralités, l'une au profit des 
				communes lorraines restées françaises, l'autre aux communes 
				lorraines annexées à l'Allemagne. » 
				Viennent ensuite les précisions sur les divers legs, dont la 
				valeur totale en capital s'élevait à environ 200 000 francs de 
				l'époque, et les directives générales pour le fonctionnement de 
				ces banques ainsi libellées : 
				«  Les prêts destinés aux cultivateurs ne pourront excéder cinq 
				cents francs et ceux aux ouvriers deux cents francs. 
				Ils seront effectués sur la remise d'un simple billet souscrit 
				par le débiteur et sa caution solidaire, agréés par la banque, 
				justifiant de leur moralité et de leurs habitudes laborieuses, 
				par un certificat du maire de leur commune. 
				Ils porteront intérêt à 1 % la première année, 2 % la deuxième, 
				3 % la troisième, 5 % les années suivantes et pendant tout le 
				crédit. 
				Les débiteurs ayant la faculté de se libérer du capital à leur 
				convenance, ils ne pourront être poursuivis en justice pour le 
				remboursement du capital que lorsqu'ils seront restés cinq ans 
				sans acquitter les intérêts échus ou dans le cas de déconfiture 
				imminente prévu par l'article 1188 du code civil. 
				Ni le débiteur principal, ni sa caution ne seront admis à jouir 
				d'un nouveau prêt avant d'être libérés du prêt antérieur. 
				Dans ces conditions de crédit, la banque encaissant tous les ans 
				les intérêts échus trouvera une compensation pour atténuer les 
				pertes que quelques débiteurs malheureux pourraient lui faire 
				éprouver et pour maintenir son capital au niveau de ses besoins. 
				Et quand, à la suite des temps, les intérêts accumulés auront 
				élevé le capital au-dessus des besoins du service de la banque, 
				l'excédent pourra être employé en subvention pour la mise en 
				état des chemins vicinaux ordinaires et de ceux d'exploitation, 
				pouvant donner du travail sur place aux bras inoccupés. » 
				Toutes ces précisions dénotent le souci de vouloir aider, avec 
				le minimum de complications administratives, des travailleurs 
				modestes et démunis. Notons particulièrement l'entretien des 
				chemins vicinaux, donnant du travail sur place et aboutissant à 
				faciliter les besognes de la terre. 
				La banque, pour la Lorraine restée française, devait être fondée 
				à Blâmont. Pour la Lorraine annexée, il devait y en avoir sept, 
				la ferme de Bassing étant léguée pour en être la dotation, la 
				banque de Dieuze serait la première fondée et la principale; 
				cinq ans après Dieuze, puis de cinq en cinq ans, période durant 
				laquelle les revenus accumulés de la ferme permettraient de 
				constituer le capital nécessaire à leur mise en marche, les 
				autres banques seraient fondées à Albestroff, Fénétrange, 
				Phalsbourg, Sarrebourg, Réchicourt et Lorquin. Et il concluait : 
				«  ... le même roulement se continuant à perpétuité entre ces 
				sept banques, se répandra comme une pluie bienfaisante sur ces 
				contrées en leur fournissant des ressources périodiques, pour 
				toutes les oeuvres d'utilité publiques autorisées par 
				l'administration supérieure. 
				Tel est l'objet, tel est le but de cette fondation, témoignage 
				de sympathie envers mes concitoyens fatalement séparés de notre 
				mère-patrie », et, citons enfin la dernière ligne «  ... mettant 
				ma confiance en Dieu, juge suprême de mes loyales intentions ». 
				L'Administration supérieure, la Patrie, Dieu, voilà la trilogie 
				à laquelle se réfère Charles Houpert, fonctionnaire dévoué, 
				patriote fidèle, croyant convaincu. 
				Le Conseil général de Meurthe-et- Moselle accepta le legs dès le 
				18 août 1880 et celui de Lorraine, le 26 septembre suivant. Le 
				conseiller général Grody, de Dieuze, avait écrit, dès le 4 mai, 
				au Président de Lorraine : 
				«  Quant au legs fait par M. Houpert au département, il est 
				évident que l'on ne peut pas refuser cette libéralité quoique je 
				ne pense pas qu'elle ait le résultat qu'en attendait le 
				testateur. Le legs fait aux instituteurs aura je crois une plus 
				grande utilité. Habitant la commune de Bassing, je connais 
				parfaitement la ferme qui y est située et dont les revenus sont 
				destinés à fonder la banque agricole. Je crains que ces revenus 
				ne soient irréguliers, tant par la difficulté de toucher les 
				fermages dans les années difficiles, que par l'entretien 
				nécessaire et inévitable des bâtiments d'une ferme et, ici, ils 
				sont considérables. Il est donc très fâcheux que l'on ne puisse 
				changer la nature de ce capital dans l'intérêt même des vues du 
				testateur. » 
				Le déroulement des événements au cours du siècle qui a suivi 
				montre que Grody ne manquait ni de jugement ni de perspicacité. 
				Le Président lui répondit en le chargeant de «  coopérer à 
				l'organisation des banques et de se mettre à cet effet en 
				relation avec M. Thomas, conseiller général et maire 
				d'Albestroff ». Les conseils municipaux des villages où devaient 
				être établies les banques acceptèrent, selon la clause du 
				testament, non sans manifester, à Réchicourt et à Lorquin, 
				certaines réticences. 
				A Dieuze, des statuts furent préparés et approuvés par le 
				conseil municipal le 7 juillet 1880. Ils remplissent 13 pages 
				grand format, dont nous extrayons au moins les conditions devant 
				être remplies par les éventuels bénéficiaires : 
				«  L'expression de cultivateur implique la condition de posséder 
				des terres, celle d'ouvrier de métier implique de payer une 
				patente de sorte que des prêts peuvent être accordés non 
				seulement aux fermiers ou possesseurs de terres qu'ils cultivent 
				eux-mêmes, et aux ouvriers de métier, mais encore aux aides 
				occupés à l'agriculture ou à un métier, tels domestiques, 
				surveillants, compagnons, agents de service s'ils remplissent 
				d'ailleurs les autres conditions exigées par le fondateur. » 
				La banque Meyer, Renaudin et Cie, de Dieuze, administrait les 
				comptes de la Fondation. Cela signifiait, sans doute, que le 
				canon de la ferme de Bassing, située en Lorraine annexée, y 
				était déposé, mais les fonds administrés par le notaire de 
				Blâmont, en France, ne l'étaient pas. Thouvenel avait écrit, le 
				11 mai 1882, au Président de Lorraine à ce sujet : 
				«  Quant à la délivrance des legs faits au Département... je 
				souhaite qu'elle puisse se faire amiablement en même temps que 
				l'acte de distribution.» (aux héritiers) 
				Il apparaît donc qu'il voulait que toute la succession soit 
				liquidée en même temps. Nous avons vu précédemment que la 
				reconnaissance des héritiers ne put être décidée à cette date, 
				qu'on s'engagea alors dans une série de procès qui dura cinq ans 
				et que le notaire de Blâmont et le juge de Dieuze, principaux 
				protagonistes dans cette liquidation, ne voyaient pas les choses 
				de la même façon. 
				Le 14 août 1882, le Conseiller général Thomas, qui présidait le 
				comité chargé par le Président de Lorraine de veiller à la mise 
				en marche de la première banque lui écrivait, ayant eu 
				communication des lettres de Kolping et de Thouvenel déjà 
				citées, des 25 juillet et 11 août : 
				... «  le département de la Lorraine ne peut rester indéfiniment 
				dans cette situation. Je serais d'avis de demander 
				judiciairement la délivrance des legs à lui faits par M. Houpert 
				en se conformant aux dispositions des articles 811 et 812 du 
				Code civil. Dans ce cas la demande en délivrance serait formée 
				contre le curateur de la succession », 
				qui était le notaire Lévy, de Sarrebourg. Ce n'est que seize 
				mois après cet avis, le 15 décembre 1883, que les divers 
				problèmes soulevés par l'exécution du testament de Charles 
				Houpert furent soumis au tribunal de Saverne qui rendit jugement 
				au sujet des legs pour les primes aux instituteurs et la 
				fondation des banques le 25 février 1884. Thouvenel et Lévy, 
				administrateurs de la succession, étaient condamnés à remettre 
				au département de Lorraine les legs énumérés dans le testament, 
				qui était aussi déclaré habilité à toucher le fermage de Bassing. 
				Ce jugement fut signifié à Thouvenel le 13 décembre suivant par 
				l'intermédiaire de l'ambassade l'Allemagne à Paris. 
				S'exécuta-t-il ? Il ne le semble pas puisque, le 14 novembre 
				1890, le Conseil général de Lorraine constate que le problème 
				des banques n'est toujours pas réglé parce que les fonds ne sont 
				pas encore délivrés. 
				Qu'advint-il à Blâmont? Le notaire Claude Aubry, successeur 
				actuel de Thouvenel, nous a écrit que le greffe de son étude 
				avait été détruit du fait de la guerre de 1914-18; nos démarches 
				auprès du secrétariat du Conseil général de Meurthe-et-Moselle 
				sont restées infructueuses et la mairie de Blâmont, consultée, a 
				répondu n'avoir aucune connaissance de la création, à la fin du 
				XIXe siècle, de la banque voulue par Charles Houpert. 
				Il reste cependant, aux Archives départementales de la Moselle, 
				une série de lettres échangées entre le Préfet de 
				Meurthe-et-Moselle et le Président de Lorraine. 
				La première lettre du Préfet, du 20 mars 1885, nous apprend que 
				le Conseil général de Meurthe-et- Moselle a «  accepté à titre 
				provisoire la libéralité de M. Houpert » le 18 août 1880. L'état 
				du problème y est exposé tel que perçu à Nancy, perception qui 
				est la même que celle qu'on en avait à Metz; on désire que les 
				fonds légués soient versés, afin de remplir la volonté du 
				testateur. L'affaire est pendante devant le tribunal de Saverne 
				dont on espère une prompte décision. 
				«  Mais pour (le) mettre à même de statuer il importe d'obtenir 
				l'autorisation d'accepter le legs » et le préfet demande à son 
				collègue «  de bien vouloir provoquer de votre Gouvernement cette 
				autorisation... et de me faire connaître si des oppositions ou 
				réclamations vous sont parvenues relativement au legs fait au 
				département de Meurthe-et-Moselle. Le Tribunal a besoin d'être 
				renseigné à cet égard. » 
				Cette lettre était adressée au Président de la Basse-Alsace, à 
				Strasbourg, du fait que Saverne relevait de cette 
				circonscription administrative, qui la renvoya au Président de 
				Lorraine et il y eut échange de lettres assez rapprochées au 
				cours des sept mois suivants, réitérant les mêmes demandes avec, 
				à l'appui, les renseignements et documents réclamés. 
				Il en ressort que les deux titres de rente sur l'État français 
				de 1 200 francs chacun, légués l'un au département de la 
				Meurthe, France, l'autre au département de la 
				Meurthe-et-Moselle, Allemagne (devenus Meurthe-et-Moselle en 
				France et Lorraine, en Allemagne) très exactement précisés dans 
				le testament par leurs numéros d'inscription au Grand livre et 
				dates de délivrance des certificats, étaient devenus un seul 
				titre de 2 400 francs, déposés à la banque Mézières à Sarrebourg 
				(qui allait déposer son bilan en 1886). Pour en obtenir la 
				division en deux titres, l'un au nom de la Meurthe-et- Moselle, 
				l'autre au nom de la Lorraine, il fallait non seulement que le 
				notaire Lévy, détenteur du testament, établisse «  sur papier 
				libre le projet de certificat demandé » mais aussi d'obtenir 
				l'autorisation du Gouvernement allemand d'accepter le legs. 
				Cette autorisation devait être sollicitée par la voie 
				diplomatique, accompagnée d'un certificat constatant qu'il n'y 
				avait aucune opposition des héritiers Houpert à la délivrance du 
				legs au département de Meurthe-et-Moselle. 
				Finalement, c'est le 2 juillet 1892 que le Préfet faisait 
				connaître au Président que le département de Meurthe-et-Moselle 
				était autorisé à accepter le legs Charles Houpert et c'est le 3 
				février 1895 que les six actions de la Banque de France furent 
				enfin versées à la succession. Le préfet de Meurthe-et- Moselle 
				accusait réception de la part revenant à la banque de Blâmont, 
				le 21 septembre 1895. 
				Qu'en est-il advenu, puisque, selon les informations reçues, 
				elle ne fut pas fondée ? 
				Les banques de Lorraine annexée furent organisées et 
				commencèrent à remplir le rôle que leur avait assigné leur 
				fondateur et bailleur de fonds. Ce rôle fut-il celui qu'il avait 
				désiré et précisé avec tant de soin ? Ont-elles contribué à 
				diminuer «  les difficultés qu'éprouvent nos petits 
				cultivateurs...» ? 
				Nous n'avons trouvé aucun rapport donnant des précisions à ce 
				sujet, mais il est permis d'en douter en s'appuyant sur les 
				renseignements fournis par la Direction des finances et de 
				l'administration départementale de la Moselle : (3) 
				«  Les banques de prêts d'assistance fraternelle fondées par 
				Charles Houpert (en Moselle) ont été dissoutes par arrêté 
				préfectoral du 30 mars 1951, suivant décision du Conseil général 
				du 3 octobre 1950. Cette dissolution a été prononcée sur 
				invitation de la Cour des Comptes et sur avis conforme des 
				conseils d'administration des banques en cause, compte tenu de 
				la modicité des ressources de celles-ci et de l'absence 
				d'emprunteurs, ce qui ne leur permettait plus de remplir leur 
				rôle... 
				dès avant la guerre (1939), l'activité des banques de prêts 
				était très réduite, sinon nulle, dans certains cantons. » 
				Au 31 décembre 1949, les sept banques de la Moselle avaient un 
				actif totalisant 329 936 francs, ce qui aurait fait en valeur 
				d'avant 1914 un peu plus de 2 000 francs. 
				La banque de Dieuze n'avait jamais eu d'activité, celle 
				d'Albestroff avait cessé d'en avoir en 1920, celles de 
				Fénétrange, Lorquin, Phalsbourg, Réchicourt-le-Château et 
				Sarrebourg en 1944. 
				Considérant cet état de chose et le bail de la ferme de Bassing, 
				représentant le principal de la dotation de ces banques, devant 
				être renouvelé, le préfet de la Moselle soumit au Conseil 
				général du département un projet tendant à : 
				1. supprimer les banques de prêts d'assistance fraternelle; 
				2. vendre la ferme de Bassing et en réemployer le prix obtenu ; 
				3. fixer la destination à donner aux revenus. 
				Le revenu brut annuel de la ferme de Bassing, d'une contenance 
				de cent hectares, oscillait aux environs de 225 000 francs (4), 
				variant selon le cours du blé puisque le canon était calculé à 
				raison d'un quintal à l'hectare. 
				De ce montant, il fallait défalquer les frais d'entretien des 
				bâtiments, l'impôt foncier et les taxes annexes. Bref, de 1945 à 
				1949, le revenu total avait été de 564 960 francs, les dépenses 
				de 501 231 francs, laissant à la Fondation un revenu net de 63 
				729 francs. 
				L'administration des domaines estimait que la ferme pourrait 
				être vendue au prix de sept millions de francs. Il restait donc 
				au Conseil général à discuter le projet et s'il l'acceptait, à 
				décider de l'emploi des fonds selon l'esprit du donateur qui 
				avait voulu aider les cultivateurs et ouvriers de métier. 
				La discussion peut se résumer dans cette phrase du conseiller 
				Driant : 
				«  Il est très grave pour une collectivité publique d'aliéner un 
				bien foncier. Des communes sont ainsi tentées de vendre un bien 
				pour financer des travaux et la population ne comprend pas 
				qu'une collectivité amenuise son capital. Il faudrait rechercher 
				une solution qui respecte la volonté de M. Houpert sans pour 
				cela vendre la ferme. » 
				Le projet fut renvoyé aux commissions compétentes pour étude et 
				rapport. Elles recommandèrent : 
				1. la dissolution des banques de prêts d'assistance fraternelle; 
				2. de conserver la propriété de la ferme de Bassing en la louant 
				aux meilleures conditions; 
				3. d'employer le revenu net à subventionner des oeuvres à 
				caractère agricole en versant des dots à de jeunes ménages 
				pauvres désirant s'établir dans la culture ou l'artisanat rural. 
				Ces conclusions furent adoptées par le Conseil général le 3 
				octobre 1950. La Commission départementale établit les 
				règlements d'attribution et même d'emploi des dots, fixées à 50 
				000 francs, le 31 mai 1951, ajoutant en guise de commentaire : 
				«  malgré toute la publicité donnée, la première mise en concours 
				de ces dots faite dans le courant de l'été dernier (1950) n'a 
				donné aucun résultat; deux demandes seulement ont été présentées 
				mais n'étaient pas recevables » et il était recommandé de «  
				réserver les produits de la Fondation aux pupilles de 
				l'Assistance publique qui prendraient un métier rural, le 
				versement étant effectué au moment de leur mariage ». 
				Ces recommandations furent adoptées le 4 décembre 1951. A 
				l'ouverture de la session suivante du Conseil général, le 8 
				avril 1952, la ferme avait été louée; il y avait 700 000 francs 
				en caisse et le préfet proposa un projet de règlement, préparé 
				par la commission départementale; quatre dots de 100 000 francs 
				chacune seraient offertes en 1952; le solde de 300 000 francs 
				étant réservé pour d'autres dots l'année suivante et, 
				éventuellement, pour l'entretien de la ferme (5). 
				Même à ces conditions, l'annonce des dots de la Fondation 
				Houpert faite chaque année dans les journaux n'a suscité aucune 
				candidature. Le produit du canon de la ferme a été affecté à 
				l'entretien et l'amélioration des bâtiments. 
				D'autre part, le département de la Moselle, qui avait déjà fait 
				restaurer le tombeau de Charles Houpert au cimetière de 
				Sarrebourg en 1936, a payé une nouvelle restauration en 1978. 
				 
				Cette histoire de l'héritage et de la Fondation Houpert peut 
				nous faire admirer (?) la minutie et la lenteur des «  
				administrations » qui eurent à s'en occuper. Mais plutôt que 
				l'Administration, n'est-ce-pas surtout Charles Houpert qu'il 
				faut rendre responsable de l'échec, du piètre résultat pour le 
				moins, de ses excellentes intentions ? Nul ne peut nier la 
				générosité de ses dispositions testamentaires et qu'il ait voulu 
				que sa fortune vienne en aide à ceux qui en avaient le plus 
				besoin. 
				Voilà un siècle qu'il est mort et la fortune considérable qu'il 
				laissait alors, loin de fructifier, ou même de se conserver, 
				s'est consumée à peu près sans profit pour ceux qu'il avait 
				voulu aider. 
				Nous l'avons qualifié de «  doctrinaire », entendant par là un 
				personnage plutôt rigide, ayant abouti à la conclusion que les 
				choses doivent être améliorées selon un système bien calculé de 
				bons principes moraux et sociaux. Dans quelle mesure les 
				réalités ambiantes entrent-elles en ligne de compte dans un tel 
				système ? Réalités humaines, réalités naturelles ? La question 
				peut être posée. 
				Il n'eut pas d'enfants, pas de proches et il en souffrit, au 
				moins tardivement et abstraitement, si l'on peut dire. Il légua 
				la plus grande partie de sa fortune à des parents qu'il ne 
				connaissait pas, qu'il ne s'était pas donné la peine de 
				connaître, de reconnaître, même s'ils étaient matériellement, 
				géographiquement, très proches de lui. Il voulait que «  dans 
				aucun cas (sa) succession (ne) devienne le sujet de procès de 
				famille interminables ». C'est pourtant ce qui arriva et le 
				contraire eut été étonnant ! Charles Houpert, déjà octogénaire 
				quand il écrivait ces lignes, ne connaissait pas sa famille, 
				disait-il; il ne semblait pas connaître davantage l'humanité en 
				général. N'aurait-il pas mieux valu rechercher sa parenté, juger 
				de la valeur, des possibilités des uns et des autres et, ayant 
				discerné les plus méritants, aider de son vivant ceux qui en 
				avaient besoin ? 
				Cela impliquait, bien sûr, d'inévitables «  embêtements », 
				quelques désillusions, des échecs peut-être. Il y fallait une 
				bonne dose d'abnégation, mais on peut penser, même 
				rétrospectivement, que cela aurait donné de meilleurs résultats, 
				concrets et rapides, que les neuf années de démarches, 
				justifications, contestations, procès, qui mangèrent très 
				probablement la moitié de l'héritage et éparpillèrent l'autre 
				moitié entre 393 héritiers qui reçurent chacun une somme bien 
				minime, même pour l'époque. 
				Il laissa à l'administration supérieure le soin de réglementer 
				la distribution des primes aux instituteurs. Quand il rédigeait 
				cette clause de son testament en 1873, cette administration, à 
				Sarrebourg et Château-Salins, était déjà allemande. Le patriote 
				français espérait-il que ce n'était pas pour longtemps ? Il 
				avait eu 23 l'année ans de Waterloo, 78 ans l'année de Sedan, 
				avec tout ce qui s'était passé entretemps et il semble bien ne 
				pas avoir compris toute la portée des événements. Il ne reste 
				pas trace de la distribution des primes ; quant au capital de 
				cette fondation, que devint-il ? Les banques de prêts 
				d'assistance fraternelle, enfin, qui devinrent «  caisses de 
				prêts d'assistance fraternelle » administrées par les 
				percepteurs des contributions. L'idée en plus d'être généreuse 
				avait de l'avenir, répondait à une nécessité. Qu'on pense à ce 
				qu'est devenu le Crédit agricole, fondé dans les années 1920 
				(6). 
				Faut-il dire qu'en ordonnant, en 1873, la fondation de huit 
				banques dans huit chefs-lieux de canton ruraux, à partir d'une 
				liquidité de 16 350 francs pour chacune, il gardait l'angle de 
				vision qu'il avait quarante ans plus tôt, c'est-à-dire, avant 
				les chemins de fer. Plus même, n'en n'était-il pas resté aux 
				thèses des physiocrates, contemporains de son père? Qu'il n'ait 
				pas prévu toutes les complications qu'apporteraient à 
				l'exécution de ses dernières volontés les événements politiques 
				de 1871 et encore moins les dévaluations monétaires d'après 1918 
				et 1945, on ne saurait le lui reprocher. 
				Le fait brutal est que sa Fondation (inspirée par un sentiment 
				d'indéniable générosité) a été un fiasco complet et qu'il n'en 
				reste rien. 
				Conclusion mélancolique à énoncer qui ne nous dispense pas, 
				cependant, de reconnaître et de rendre hommage aux convictions 
				sociales et à la générosité qui inspirèrent les dernières 
				volontés de Charles Houpert. 
				 
				BIBLIOGRAPHIE ET SOURCES 
				- L'original du testament de Charles Houpert, rédigé le 22 mars 
				1873, est conservé à l'étude notariale de Sarrebourg. 
				- Archives départementales de la Moselle, 6AL-436, 437, 438, 
				439. Fondation Houpert 440, Domaine de Bassing; 10AL, 1857; 
				15AL, 515. 
				- Délibérations du Conseil général de la Moselle; deuxième 
				session ordinaire de 1950, 59-60, 148-149; deuxième session 
				extraordinaire de 1951, 38-39; délibérations de la Commission 
				départementale, 8 avril 1952. 
				- Procès verbaux du Tribunal de Saverne : 25 janvier 1884; 28 
				septembre 1885; 21 juin 1886; 13 juin 1887 ; de la Cour d'appel 
				de Colmar : 8 mai 1886. 
				- Les administrateurs de la succession Houpert ont fait imprimer 
				deux brochures en 1883 et 1889, la première de 117 pages, la 
				seconde de 46 pages. Il manque malheureusement aux exemplaires 
				que nous en possédons les pages de titre et nous en ignorons 
				donc l'imprimeur. 
				 
				Outre MM. Charles Jund et Ch. Hiegel, déjà cités, l'auteur 
				remercie M. Léon Matt, clerc de notaire à Sarrebourg, maire de 
				Brouderdorff, et tous ceux qui l'ont aidé à réunir la 
				documentation nécessaire à cette étude; M. Claude Sainpy, de 
				Nancy, a été le lien toujours obligeant, rapide, efficace entre 
				la Lorraine et le Canada. 
				Grâce à une recherche toute récente de M. Hubert Collin, 
				directeur des services d'archives de Meurthe-et-Moselle, on peut 
				préciser que Charles Houpert avait été receveur de 
				l'Enregistrement et des Domaines à Fénétrange en 1819-1822, puis 
				à Blâmont en 1823-1824 et à Sarrebourg de 1825 à 1833. Il devint 
				ensuite conservateur des hypothèques de 1843 à 1846, toujours à 
				Sarrebourg, où il devait mourir en 1880. 
				 
				(1) Des 998 prétendants, 871 étaient domiciliés 
				en Lorraine annexée (dont 356 à Insming, Léning et les villages 
				voisins), 58 en Meurthe-et-Moselle (dont 35 à Nancy), 87 à Paris 
				et sa banlieue, 35 dans les autres départements français, 6 en 
				Algérie, 11 en Allemagne (à Reinheim et Medeslheim, près de, 
				Sarreguemines), 4 en Belgique, 14 aux Etats-Unis, 1 en 
				Argentine, 1 (missionnaire) en Chine. Tous les métiers et 
				professions étaient représentés avec une très grande majorité de 
				terriens. 
				Qu'est devenue la masse des preuves fournies par ces prétendants 
				? Nos recherches sont restées vaines et il est à craindre que 
				dans les délais prévus par les règlements elles aient été 
				détruites. C'est ce qui nous a été répondu au Palais de justice 
				de Metz. 
				(2) Il s'agit des soeurs Marie-Louise et Thérèse Houpert, 
				tenancières d'un bureau de tabac à Saverne, dont le père, Joseph 
				Houpert, huissier à Saverne, était né à Dieuze. Même si Charles 
				Houpert déclarait dans son testament ignorer totalement sa 
				parenté, il semble au moins improbable qu'il n'ait pas connu ce 
				cousin Joseph, son contemporain, dont le père et le grand-père 
				étaient avocats à Dieuze. 
				(3) Lettre du 26 avril 1979 de M. J. Courquin, secrétaire 
				général, que je remercie, ainsi que M. Charles Hiegel, des 
				Archives départementales de la Moselle qui a guidé mes 
				recherches et m'a communiqué de nombreux documents. Merci 
				également à M. Charles Jund, greffier du Tribunal de Saverne, 
				qui a bien voulu me communiquer le texte des jugements rendus 
				par ce tribunal. 
				(4) Il faut se rappeler qu'à la suite des dévaluations 
				monétaires et crises financières provoquées par les guerres de 
				1914-18 et 1939-45, le franc de 1949 était à peu près à son plus 
				bas niveau. Le canon de la ferme de Bassing était, en 1880, de 3 
				270 francs, en 1903, de 2,875 francs (2 300 marks). Si on veut 
				un point de comparaison, l'affranchissement d'une lettre était 
				de 10 centimes jusqu'à 1914, de 15 francs ou 1 500 centimes, en 
				1949. 
				(5) La ferme de Bassing était louée en 1880 à la veuve Demange. 
				Le bail venant à expiration en 1881 fut renouvellé en faveur 
				d'Anselme Mouchot. Ses descendants en jouissent toujours. 
				Présentement, en 1979, le fermier est Hubert Gaillot, marié à 
				N... Mouchot. Leur fille, Jacqueline Gaillot, a épousé, en 1978, 
				Gérard Houpert, de Givrycourt, dont l'aïeul fut, en 1880, un des 
				héritiers reconnus de Charles Houpert. 
				(6) Qu'il soit permis au Canadien que je suis devenu de 
				mentionner les Caisses d'entraide économique du Québec, fondées 
				en 1960 dans la petite ville d'Alma par 25 personnes qui 
				s'engageaient à souscrire 3,000 dollars, à raison de $50 par 
				mois pendant cinq ans. Vingt ans après, la Fédération des 
				Caisses contrôle un milliard de dollars. La mise initiale des 25 
				premiers souscripteurs, répartie sur cinq années, représentait 
				une valeur bien inférieure à celle du capital légué par Charles 
				Houpert.  
				
				Rapports et délibérations 
				Conseil général du Département de la Meurthe et Moselle 
				Séance du 20 août 1901. 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert. 
				M. P. DENIS, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PREFET. 
				J'aurai l'honneur de déposer sur le bureau du Conseil général le 
				compte rendu des opérations effectuées par le «  Crédit agricole 
				et ouvrier Houpert », pendant l'année 1900. 
				Je vous serai obligé de vouloir bien me donner acte de cette 
				communication et ratifier l'inscription, au budget de 1902, de 
				la somme de 1,200 fr., montant de la rente affectée par le 
				fondateur à l'oeuvre dont il s'agit (art. 3 du chap. II des 
				recettes et art. 16 du chap. XII des dépenses). 
				RAPPORT DE LA COMMISSION. 
				Votre Commission vous propose, Messieurs, de donner acte à M. le 
				Préfet de sa communication relative au compte rendu, toujours 
				intéressant, des opérations du ce Crédit agricole et ouvrier 
				Houpert et de voter les 1,200 fr. inscrits pour cette oeuvre au 
				projet de budget de 1902. 
				 
				Séance du 20 août 1902. 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert. 
				M. BONNETTE, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PRÉFET. 
				J'aurai l'honneur de déposer sur le bureau du Conseil général le 
				compte rendu des opérations effectuées par le Crédit agricole et 
				ouvrier Houpert, pendant l'année 1901. 
				Je vous serai obligé de vouloir bien me donner acte de cette 
				communication et ratifier l'inscription, au budget de 1903, de 
				la somme de 1,200 fr., montant de la rente affectée par le 
				fondateur à l'oeuvre dont il s'agit (art. 3 du chap. II des 
				recettes et art. 15 du chap. XII des dépenses). 
				Au cours de sa réunion du 11 mars, l'Assemblée générale, réunie 
				sous la présidence de M. le Sous-Préfet, a été amenée à demander 
				une modification à l'article 56 des statuts de l'oeuvre. 
				Cet article dispose qu' «  après la fermeture des bureaux, la 
				Caisse de la Banque sera remise, par les administrateurs 
				délégués, à la perception de Blâmont, où elle restera en dépôt 
				sous la garde du percepteur, qui sera autorisé à cet effet, à 
				cause du caractère de bienfaisance de la Banque ». 
				Mais M. le Percepteur de Blâmont n'a pas été autorisé par 
				l'Administration de la comptabilité publique à recevoir en dépôt 
				la caisse de la Banque. Il a donc paru nécessaire de désigner un 
				autre dépositaire, et la Commission cantonale a proposé, à cet 
				effet, d'adopter pour l'article 56 la rédaction suivante : 
				«  Art. 56. -Tant qu'il ne sera pas devenu nécessaire d'avoir un 
				caissier salarié, la caisse de la Banque, après la fermeture des 
				bureaux, sera mise en dépôt, par les administrateurs délégués, 
				chez un trésorier désigné annuellement par la Commission 
				cantonale, et nommé au besoin par le bureau. » 
				J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien délibérer sur cette 
				proposition. 
				RAPPORT DE LA COMMISSION. 
				La Commission vous propose de donner acte à M. le Préfet de sa 
				communication touchant les opérations effectuées par le crédit 
				agricole et ouvrier Houpert, en 1901, et ratifie l'inscription 
				au budget de 1903 de la somme de 1,200 fr., rente affectée par 
				le fondateur à l'oeuvre dont il s'agit. 
				Le percepteur de Blâmont n'ayant pas été autorisé à recevoir en 
				dépôt la caisse de la Banque du crédit agricole, cette caisse, 
				après la fermeture des bureaux, sera mise en dépôt chez un 
				trésorier désigné annuellement par la Commission. 
				DÉLIBÉRATION. 
				Les conclusions de la Commission sont adoptées. 
				 
				Séance du 18 août 1903. 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert. 
				M. le baron D'HAMONVILLE, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PRÉFET. 
				J'aurai l'honneur de déposer sur votre bureau le compte rendu 
				des opérations effectuées par le Crédit agricole et ouvrier 
				Houpert pendant l'année 1902. 
				Il résulte de ce compte rendu qu'il a été fait, en 1902, deux 
				prêts nouveaux s'élevant ensemble à 700 fr., et que l'avoir de 
				la banque, au 31 décembre 1902, était de 25,578 fr. 20 c. Il 
				était de 23,783 fr. 21 c. au 1er janvier de la même année. 
				Mon projet de budget pour 1904 comporte en recette et en dépense 
				la rente de 1,200 fr. affectée par le fondateur à l'oeuvre dont 
				il s'agit (art. 3 du chap. II des recettes et art. 15 du chap. 
				XII des dépenses). 
				RAPPORT DE LA COMMISSION. 
				La Commission d'agriculture vous propose de donner acte à M. le 
				Préfet de sa communication. 
				DÉLIBÉRATION. 
				Les conclusions de la Commission sont adoptées. 
				 
				Séance du 26 avril 1911 
				CRÉDIT AGRICOLE ET OUVRIER HOUPERT 
				Elle [La Commission] a émis l'avis que, dans le testament de M. 
				Houpert, le mot ouvrier est employé d'une façon générale et 
				qu'en conséquence rien n'autorise à en limiter le terme aux 
				seuls ouvriers agricoles. 
				 
				Séance du 31 août 1911 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont 
				M. STEF, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PRÉFET 
				J'ai l'honneur de déposer sur votre bureau le compte rendu des 
				opérations effectuées par le Crédit agricole et ouvrier Houpert, 
				pendant l'année 1910. 
				Il résulte de ce compte rendu que les prêts en circulation, au 
				31 décembre 1910, au nombre de 43, s'élevaient à 16 870 francs, 
				et que l'avoir de la banque, à cette date, se chiffrait à 37 
				569f 80. 
				Mon projet de budget pour 1912 comporte en recette et en dépense 
				la rente de 1 200 francs affectée par le fondateur à l'oeuvre 
				dont il s'agit (art. 3 du chapitre II des recettes et art. 17 du 
				chapitre XVII des dépenses). 
				RAPPORT DE LA COMMISSION 
				Votre commission vous propose d'approuver le projet de budget de 
				M. le préfet, comportant en recette et en dépense la rente de 1 
				200 francs affectée par le fondateur à cette oeuvre et 
				d'adresser des félicitations au bureau d'administration pour la 
				manière dont il a géré l'affaire. 
				 
				Séance du 27 août 1912 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont. 
				M. le baron D'HAMONVILLE, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PRÉFET 
				J'ai l'honneur de déposer sur votre bureau le compte rendu des 
				opérations effectuées par le Crédit agricole et ouvrier Houpert, 
				pendant l'année 1911. 
				II résulte de ce compte rendu que les prêts en circulation, au 
				31 décembre 1911, au nombre de 53, s'élevaient à 21 500 francs, 
				et que l'avoir de la banque, à cette date, se chiffrait à 39 704 
				f 81, en augmentation de 2135 f 01 sur l'avoir constaté au 31 
				décembre 1910. 
				Mon projet de budget pour 1913 comporte en recette et en dépense 
				la rente de 1200 francs-affectée par le fondateur à l'oeuvre 
				dont il s'agit (art. 3 du chapitre II des recettes et art, 17 du 
				chapitre XVII des dépenses). 
				RAPPORT DE LA COMMISSION 
				Votre commission vous prie de donner acte à M. le préfet de sa 
				communication et de ratifier l'inscription du crédit de 12 00 
				francs mentionné en son rapport. 
				DÉLIBÉRATION 
				Les conclusions de la commission sont adoptées. 
				 
				Séance du 28 août 1913 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont. 
				M. VOIRIN, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PREFET 
				J'ai l'honneur de déposer, sur votre bureau, le compte rendu des 
				opérations effectuées par le Crédit agricole et ouvrier Houpert, 
				pendant l'année 1912. 
				Il résulte de ce compte rendu que les prêts en circulation, au 
				31 décembre 1912, au nombre de 58, s'élevaient à 23 570 francs, 
				et que l'avoir de la banque, à cette date, se chiffrait à 42 315 
				f 80, en augmentation de 2 611 francs sur l'avoir constaté au 31 
				décembre 1911. 
				Mon projet de budget pour 1914 comporte en recette et en dépense 
				la rente de 1 200 francs affectée par le fondateur à l'oeuvre 
				dont il s'agit (art. 3 du chap. II des recettes et art. 17 du 
				chap. XVII des dépenses). 
				RAPPORT DE LA COMMISSION 
				Votre commission, Messieurs, vous propose de donner acte à M. le 
				Préfet de sa communication, et de ratifier l'inscription. 
				 
				Séance du 6 novembre 1914 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont. 
				M. JAMBOIS, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PRÉFET 
				J'ai l'honneur de déposer, sur votre bureau, le compte rendu des 
				opérations effectuées par le Crédit agricole et ouvrier Houpert, 
				pendant l'année 1913. 
				Il résulte de ce compte rendu que les prêts en circulation, au 
				31 décembre 1914, au nombre de 60, s'élevaient à 23.270 francs, 
				et que l'avoir de la banque, à cette date, se chiffrait à 44.416 
				f05, en augmentation de 2.400 f 25 sur l'avoir constaté au 31 
				décembre 1912. 
				Mon projet de budget pour 1915 comporte en recette et en dépense 
				la rente de 1.200 francs affectée par le fondateur à l'oeuvre 
				dont il s'agit (art. 3 du chap. II des recettes et art. 17 du 
				chap. XIX des dépenses). 
				DÉLIBÉRATION 
				Les conclusions du rapport de M. le Préfet sont adoptées. 
				 
				Séance du 29 novembre 1915 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont. 
				M. CAMUS, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PRÉFET 
				En raison des événements, je n'ai pas reçu le compte rendu des 
				opérations effectuées par le Crédit agricole et ouvrier Houpert, 
				pendant l'année 1914. 
				J'ai néanmoins prévu dans mon projet de budget pour l'exercice 
				1916, en recette et en dépense, la rente de 1.200 francs 
				affectée par le fondateur à l'oeuvre dont il s'agit (art. 3, 
				chap. 2 des recettes, et art. 14, chap. 19, des dépenses). Je 
				vous serai obligé, Messieurs, de vouloir bien ratifier ces 
				inscriptions. 
				 
				Séance du 8 septembre 1916 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont. 
				M. BONNETTE, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PREFET 
				Les événements n'ont pas encore permis, cette année, la 
				production du compte rendu des opérations effectuées par le 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont, pendant l'année 
				1915. 
				Comme l'an dernier, j'ai néanmoins prévu dans mon projet de 
				budget pour 1917, en recette et en dépense, la rente de 1.200 
				francs affectée par le fondateur à l'oeuvre dont il s'agit 
				(Recettes, chap. 2, art. 3, et dépenses, chap. 49, art. 44). 
				Je vous serai obligé, Messieurs, de vouloir bien ratifier ces 
				inscriptions. 
				 
				1ère session 1917 
				Dotation de la banque de prêt d'assistance fraternelle située 
				dans la ville de Blâmont en faveur des cultivateurs et ouvriers 
				domiciliés dans ce canton qui voudraient y recourir (Emploi des 
				revenus de la fondation Houpert) 
				Fixations actuelles 1200 fr 
				Changements par suite d'augmentations 3 600 
				Fixations nouvelles 4 800 
				 
				Séance du 11 septembre 1917 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont. 
				Les événements n'ont pas encore permis, cette année, la 
				production du compte rendu des opérations effectuées par le 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont, pendant l'année 
				1916. 
				Comme l'an dernier, j'ai néanmoins prévu dans mon projet de 
				budget pour 1918; en recette et en dépense, la rente de 1.200 
				francs affectée par le fondateur à l'oeuvre dont il s'agit. 
				(Recettes, chap. 2, art. 3, et dépenses, chap. 19, art. 15). 
				Je vous serai obligé, Messieurs, de vouloir bien ratifier ces 
				inscriptions. 
				 
				Séance du 29 avril 1919 
				Dotation de la banque de prêt d'assistance fraternelle située 
				dans la ville de Blâmont en faveur des cultivateurs et ouvriers 
				domiciliés dans ce canton qui voudraient y recourir (Emploi des 
				revenus de la fondation Houpert) 
				Fixations actuelles 1200 fr 
				Changements par suite d'augmentations 6 000 
				Fixations nouvelles 7 200 
				 
				Séance du 15 septembre 1919 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont. 
				M. VOIRIN, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PREFET 
				Les événements n'ont pas encore permis, cette année, la 
				production du compte rendu des opérations effectuées par le 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont, pendant l'année 
				1918. 
				Comme l'an dernier, j'ai néanmoins prévu dans mon projet de 
				budget pour 4920, en recette et en dépense, la rente de 4.200 
				francs affectée par, le fondateur à l'oeuvre dont il s'agit 
				(Recettes, chap. 2, art. 3, et dépenses, chap. 19, art. 15). 
				Je vous serai obligé, Messieurs,-de vouloir bien ratifier ces 
				inscriptions. 
				 
				1ère session ordinaire de 1920 
				Dotation de la banque de prêt d'assistance fraternelle située 
				dans la ville de Blâmont en faveur des cultivateurs et ouvriers 
				domiciliés dans ce canton qui voudraient y recourir (Emploi des 
				revenus de la fondation Houpert) 
				Fixations actuelles 1200 fr 
				Changements par suite d'augmentations 7 200 
				Fixations nouvelles 8 400 
				 
				Séance du 18 août 1920 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert. 
				M. DIEUDONNÉ, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PRÉFET 
				Les événements n'ont pas encore permis, cette année, la 
				production du compte rendu des opérations effectuées par le 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert, de Blâmont, pendant l'année 
				1919. 
				Comme l'an dernier, j'ai néanmoins prévu dans mon projet de 
				budget pour 1921, en recette et en dépense, la rente de 1.200 
				francs affectée par le fondateur à l'oeuvre dont il s'agit 
				(Recettes, chap. 2, art. 3, et dépenses, chap. 19, art. 17). 
				Je vous serai obligé, Messieurs, de vouloir bien ratifier ces 
				inscriptions. 
				RAPPORT DE LA COMMISSION 
				Votre Commission vous propose de ratifier les inscriptions 
				budgétaires prévues au projet de budget de 1921 pour le crédit 
				agricole et ouvrier Houpert. 
				DÉLIBÉRATION 
				M. BENTZ. - Cette institution du crédit agricole et ouvrier 
				provenait d'un don fait par M. Houpert au profit du canton de 
				Blâmont seulement; mais le don avait été attribué au 
				département. Cela a fonctionné d'une façon satisfaisante jusqu'à 
				la guerre. A la suite de l'occupation allemande, les livres de 
				comptabilité, les débiteurs, tout cela a disparu. Il y aurait 
				lieu de savoir ce que l'on veut faire. Il faudrait, tout 
				d'abord, faire une déclaration de dommages de guerre, pour cela 
				on pourrait voir avec M. le Préfet. 
				M. le PRÉSIDENT. - Cela appartient à l'Administration, 
				évidemment; elle seule a qualité pour le faire. 
				Les conclusions de la Commission sont adoptées. 
				 
				Séance du 13 septembre 1921 
				Crédit agricole et ouvrier Houpert. 
				M. DE RAVINEL, rapporteur. 
				RAPPORT DE M. LE PREFET 
				Le crédit agricole et ouvrier Houpert, institué à Blâmont par 
				arrêté de l'un de mes prédécesseurs du 25 mars 1895, n'a pu 
				encore reprendre son fonctionnement depuis 1914 et je me propose 
				de reconstituer prochainement son Comité. 
				J'ai néanmoins prévu, dans mon projet de budget pour l'exercice 
				1922, .en recette et en dépense, la rente de 1.200 francs 
				affectée par le fondateur à l'oeuvre dont il s'agit (Chap. 2, 
				art. 3 des recettes et Chap. 19, art. 16). 
				Je vous serai obligé, Messieurs, de vouloir bien ratifier ces 
				inscriptions. 
				RAPPORT DE. LA COMMISSION 
				Le Crédit agricole et ouvrier, institué à Blâmont par arrêté du 
				25 mars 1895, en exécution des dispositions testamentaires de M. 
				Houpert et destiné à faire des prêts aux agriculteurs et 
				ouvriers du canton de Blâmont, n'a pu fonctionner depuis 1914. 
				Une partie de la comptabilité a été détruite pendant la guerre.
				 
				M. le préfet a l'intention d'en reconstituer prochainement le 
				Comité et vous demande de ratifier, dans le projet de budget de 
				l'exercice 1922, l'inscription en recette et en dépense de la 
				rente de 1.200 francs affectée par le fondateur à cette, oeuvre.
				 
				Votre Commission insiste pour la reconstitution, dans le délai 
				le plus prochain, du Comité agricole et ouvrier Houpert et vous 
				propose là ratification au budget de 1922 des sommes inscrites 
				par M. le préfet. Il est bien entendu que cette rente de 1.200 
				francs, non touchée depuis 1914, sera mise à la disposition du 
				crédit agricole et ouvrier Houpert dès sa reconstitution. 
				DELIBERATION 
				Les conclusions de la Commission sont adoptées. 
				 
				Séance du 9 mai 1933 
				Article 18. - Inscription d'un crédit de 22 . 800 f représentant 
				le montant du reliquat disponible à la clôture de l'exercice 
				1932, des dépenses de la fondation Houpert et constaté dans la 
				note préliminaire. 
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