Revue des questions héraldiques, archéologiques
(1905-1906).
Liste générale des Emigrés en 1793
[...]
- Billiard,
Jean-Louis, surnommé Cheville, domicilié à Jussey,
propriétaire à Nancy, Montreux, district de Blamont
(Meurthe), émigra le 9 juillet 1792.
En réalité,
Jean-Louis Billiard de Salins, dit De Chéville (il
apparait sous ce nom dans Procès-verbal de
l'Assemblée de l'ordre de la noblesse du 16 mars
1789, nom qui semble être un lieu-dit de Montreux), chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel
de cavalerie; (capitaine en 1768, major en 1774 au
régiment de cavalerie du Dauphin à Dôle ou Gray),
demeurant à Jussey (Haute-Saône), avait acheté la seigneurie de Montreux en 1784, et y
passa ses étés jusqu'en 1791 : il n'y revint pas
l'année suivante, et fut porté sur la liste des
émigrés à partir du 8 juillet 1792 (voir
Emile Ambroise pour d'autres informations).
Les rapports officiels du 25 brumaire an III
constatent que tout ce que M. de Chéville possédait
dans sa maison de Montreux est vendu pour 3.189
livres ; sa ferme est achetée, en 1795, par
Boulanger, de Cirey, au prix de 99.715 livres.
Dans le cadre de le loi du 27 avril 1825 (dite « du
milliard aux émigrés », indemnisant les biens
confisqués pendant la révolution) une décision de la
commission royale du 28 octobre 1826, accorde 49.381
Fr. (et constate 17.224 de passif, créance envers
l'Etat), soit une rente de 965 francs (3 %), à «
Anciaux (Julie-Victoire), veuve de M.
Nicolas-Charles Jean-Chrysostôme chevalier de
Maillier, nièce du dépossédé, sa légataire pour
moitié, mais ayant droit à totalité de l'indemnité,
par le désistement des deux enfans et uniques
héritiers de sa sœur, que le dépossédé avait
instituée sa légataire pour l'autre moitié. »
(États détaillés des liquidations
faites par la Commission d'indemnité à l'époque du
31 décembre 1826, ed. Paris 1827)
Mais à ce jour, nous n'avons trouvé ni lieu et date
de naissance, ni lieu et date de décès ni d'éléments
biographiques précis, hormis les informations
ci-dessus et ces quelques notes complémentaires :
Dictionnaire des
familles françaises anciennes ou notables à
la fin du XIXe siècle. IV. - 1905
On
trouvera dans les manuscrits de Chérin, au
Cabinet des Titres, beaucoup de
renseignements sur une famille BILLARD DE
CHEVILLE, qui appartenait sous Louis XVI à
la noblesse de Lorraine. Cette famille se
disait issue d'Ancelot Billard qui était
vers le milieu du XVIe siècle gouverneur de
Nesle, en Picardie. Celui-ci aurait laissé
d'une alliance inconnue un fils, Denis
Billard, gouverneur de la personne de Mgr de
Nesle, qui serait venu se fixer à Lisle, en
Champagne. Michel Billard, né à Lisle, fils
du précédent et d'une dame dont on ignore le
nom, fut capitaine de chevau-légers au
service du duc de Lorraine, commandant au
régiment d'Artigoity, capitaine et prévôt de
Conflans et fit reconnaître sa noblesse par
lettres patentes du duc de Lorraine données
à Nancy le 12 avril 1600. Il laissa lui-même
d'une alliance inconnue un fils, Henri
Billard de Salins, colonel de deux
régiments, qui aurait été créé chevalier en
1634 par lettres patentes du duc Charles IV.
Ces lettres ne sont pas mentionnées dans le
Complément au Nobiliaire de Lorraine de dom
Pelletier, cependant si complet, publié en
1885 par M. Lepage. Henri Billard de Salins
laissa à son tour deux fils, François-Michel
et Louis Billard, qui auraient obtenu le 6
mars 1669 de nouvelles lettres patentes
confirmant celles de 1634; mais, d'après
l'ouvrage de M. Lepage, on ne trouve aucune
trace de ces lettres. L'aîné de ces deux
frères alla se fixer en Allemagne le puîné,
Louis, serait allé se fixer à Nesle pendant
la détention en Espagne du duc de Lorraine
Charles IV, y aurait épousé Jeanne Caron et
en aurait eu un fils appelé Jean. Celui-ci
aurait été père de Jacques Billiard,
conseiller trésorier payeur des gages des
officiers de la chancellerie près la Cour
des comptes de Dole, et grand-père d'Antoine
Billard de Cheville, conseiller du Roi,
receveur particulier des finances et bois à
Nancy, et de Jean-Louis Billard ou Billiard
de Cheville, capitaine de cavalerie, qui
furent maintenus dans les privilèges de la
noblesse que leur père leur avait transmise
par arrêt de la Chambre des comptes de
Lorraine du 17 août 1765.
Le second de ces deux frères, Jean-Louis
Billard-Salins, dit de Cheville, chevalier,
Sgr de Montreux, chevalier de Saint-Louis,
lieutenant-colonel de cavalerie fut, par
arrêt de la Chambre des comptes du 11 mai
1787, maintenu dans les droits accordés à
ses ancêtres tant par les patentes du 16
avril 1600 que par celles du 6 mars 1669
avec la permission de continuer à se
qualifier gentilhomme et chevalier ; il prit
part en 1789 aux assemblées de la noblesse
tenues à Nancy.
Lepage attribue à cette famille, d'après un
ancien nobiliaire, les armes suivantes
d'azur au chevron d'or surmonté d'une croix
de Lorraine d'or et accompagné en pointe de
deux croissants d'argent. |
Il semble qu'une
certaine confusion existe dans l'article ci-dessus
car Jacques n'est pas le frère de Jean-Louis, mais
son père : Jacques Billiard, écuyer, avait été
receveur des finances à Nancy, domicilié (et décédé
?) en 1761 Paris à Paris rue
Croix-des-Petits-Champs. Et il apparait que son
second fils, Pierre-Etienne-François lui a succédé
dans ses fonctions à Nancy, puisqu'on lit dans les
Affiches des Trois évêchés : « Le 20
novembre 1773, Mrs. Jean-Louis Billiard de Cheville, Chevalier de l'Ordre royal & militaire de Saint-
Louis, Capitaine de Cavalerie au Régiment Dauphin, & Pierre-Etienne-François Billiard son frere, Ecuyer, receveur des Finances & des Domaines & Bois au
bureau de Nancy, ont vendu une maison pour 2500 liv.
»
Jean-Louis Billiard disposait d'une importante
bibliothèque puisqu'en 1791 Louis Barbiche rédige un
recueil manuscrit de 94 pages (dont certaines
laissées blanches cependant pour de futures
additions) « Catalogue des ouvrages de la
bibliothèque de Mr. de Cheville Chev. de St Louis,
lieutnt colonel de cavalerie et seigneur á Montreux
».
On retrouve cet ouvrage présenté ainsi dans les
Archives du bibliophile de 1879 :
8866. Catalogue des ouvrages de la bibliothèque de
M. de Chéville, chevalier de St. Louis,
lieutenant-colonel de cavalerie et seigneur à
Montreux, 1791. - Armoiries des seigneurs de
Montreux (près Blamont en Lorraine), suivant l'ordre
des temps. (1791) - In-12.v.br. 15 fr.
MANUSCRIT DE LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE orné de curieux
dessins à la plume. il a été écrit et composé par un
nommé Louis Barbiche, curé de Montreux et dédié à
Billard-Salins de Chéville, seigneur de Montreux. La
dédicace en vers débute ainsi
« Je n'exposerai pas dans ce petit ouvrage
Des faits interessans aux yeux de mon lecteur,
Un catalogue en soi n'a point cet avantage
Il ne fait pas briller l'esprit de son auteur »
Parmi les dessins à la plume on voit les suivants :
M. de Chéville en Hanovre - Tour de Babel. - Un vase
de fleurs avec cette inscription Vers pour mettre au
bas du portrait de Me la Marquise de Lambertye - Ex
libris armorié de M de Cheville - Carte des environs
de Montreux - Vue du village de Montreux - Salle de
bibliothèque. - Vue du château - Vue de l'église de
Montreux. 1790. Maison curiale établie en 1789 par
Nicolas Barbiche, curé de Montreux - Armoiries des
seigneurs de Montreux depuis 1413, jusqu'en
1783.-Etc.
« Bibliothèque héraldique de L'ancienne chevalerie
de Lorraine »
Victor Bouton (Ed. Paris 1861) |