Historique des faits auxquels a pris part le
régiment d'artillerie de la 63e division : 216e régiment
d'artillerie (1914-18)
Enfin, le 14 [août 1918], on
reçoit l'ordre d'embarquement en chemin de fer, pour se rendre
dans une région avantageusement connue par le 216e qui va
revenir vers la Lorraine et les Vosges. Le séjour là-bas servira
de repos. Le 14, le 1er groupe embarque à Sommesous et le 2e et
3e à Fère-Champenoise et par Montier-en-Der, Troyes, Commercy,
Nancy, Blainville-sur l'Eau, arrivent dans la région de
Rambervillers. Le 15 au soir, le régiment débarque en gare de
Gerbéviller, Moyen, Rambervilliers, et vient cantonner dans la
région au sud de Baccarat : Anglemont, Nossoncourt (1er groupe),
Ménil-sur-Belvitte (2e groupe), Xaffiler (3e groupe), le
régiment va s'établir dans le secteur de Baccarat et servira
d'artillerie divisionnaire â la 37e D.I. américaine qui occupe
un front très étendu, allant de Domèvre à Badonviller. Le 18. la
relève du 40e par le 216e a lieu et les groupes s'installent
dans l'ordre 3-1-2, de l'ouest à l'est. Le 3e occupe la région
de Rablainville-Vaxainville, le 1er la région de Reheney-Montigny-St-Pole,
le 2e la région de Vaqueville-Neufmaison Le secteur est calme
Dans ce pays mollement ondulé, dont les grands bois, les
villages aux toits rouges, les clochers bleus virent les
premiers combats de la guerre. Les Américains font maintenant
leur apprentissage. L'artillerie montre peu d'activité de part
et d'autre Nos batteries restent muettes pour ne pas se dévoiler
et ne doivent commencer à tirer que si la première position est
forcée. Des sections avancées ont été détachées près du bois
Banal, de Montigny, de St Pôle, exécutent des tirs courants de
harcèlement et de représailles. En outre, des pièces balladeuses
font des tirs d'exercice avec avions. Aux positions de la
batterie, les hommes travaillant à l'aménagement des
emplacements, car on vient seulement de procéder à un recul
général des positions de l'artillerie du secteur. Une activité
un peu plus grande se produit vers le 15 septembre, époque à
laquelle ont lieu plusieurs coups de main. Le 14 septembre, de
22 heures à 25 heures, un coup de main a lieu dans la région
Gondrexon-Leintrey. Exécuté avec succès par une compagnie de la
division, placée à la gauche de la 37e D.I U.S. Il est appuyé
par le.3e groupe qui s'est déplacé pour renforcer l'artillerie
de cette division. Le 13 septembre a eu lieu un coup de main aux
environs de Péxonne et a été appuyé par les 25e et 26e
batteries. En même temps à cette époque circulent des bruits
d'une offensive de notre part devant avoir lieu dans la région
et dans chaque groupe des reconnaissances rapides sont
effectuées pour placer 3 A. C. D., en vue d'un renforcement du
secteur.
Le 15 septembre, la 37e D.I américaine est retirée et part dans
la région de Saint Mihiel. Le front est modifié et nécessite un
déplacement de batteries qui se resserrent vers l'est. Le 1er
groupe occupe la région Reheley-Merviller, le 3e Merviller-Vacqueville,
le 2e s'étale un peu dans la direction de Pexonne.
L'organisation du secteur reste la même; plusieurs de nos
batteries sont à plus de 8 kilom. des lignes et ne doivent
défendre que la 2e position.
Vers la fin du mois de septembre, nos artilleurs voient les
premières (shapska). Le 1er groupe du 1er régiment d'artillerie
Polonais vient dans le secteur et ses batteries s'installent
près des nôtres (1 batterie polonaise par groupe du 216e) afin
de parachever leur instruction. Ce sont les premiers éléments de
la division à laquelle appartient désormais le régiment.
Ce séjour dans le secteur de Baccarat dure jusqu'au 12 octobre,
date à laquelle arrivent les reconnaissances du 50e d'artillerie
qui vient nous relever En même temps arrive par la T.S.F, la
nouvelle que l'Allemagne accepte les fameux quatorze points du
Président Wilson. Premiers indices de la capitulation
incessante, premières espérances d'une paix prochaine !
Les 13 et 14 octobre, la relève a lieu et nos batteries sont
cantonnées au sud de Baccarat : 1er groupe à Domptail. 2e
Saint-Maurice, le 3e à Xafféville Le 15, le régiment fait
mouvement vers le sud est pour se rendre dans le secteur de St-Dié
à la grande joie des canonniers qui se souviennent agréablement
de cette pittoresque région.
Le 15 octobre, le régiment est cantonné près de Rambervilliers :
le 1er groupe à Jeanménil, le 2e tout près de Grand Ru, le 3e à
St-Benoît. Quelques jours de repos jusqu'au 26 octobre, et
pendant lesquels on voit arriver les premiers contingents
polonais. Les trois régiments de chasseurs de la 1re D.P.
défilent. se rendant vers Raon et regardés avec une curiosité
sympathique par les artilleurs. De bonnes nouvelles arrivent
chaque jour, c'est à cette époque qu'on apprend l'offensive
franco-belge et la délivrance de Lille-Roubaix-Tourcoing. Chacun
s'attend à une fin prochaine.
Le 26 octobre, le régiment part prendre position de nouveau,
dans le secteur de Raon-l'Etape. Le 1er groupe restera au repos
à la Bourgonce à la Salle près de Raon. le 20 groupe occupe le
secteur de Moyenmoutier, la vallée de Senones, le 3e se met en
position vers la Tronche, à l'est de Raon, dans la vallée de
Celles, et dans ce secteur calme et pittoresque, aux vallées
étroites fermées par des crêtes couvertes de sapins. les groupes
continuent l'instruction du 1er groupe Polonais qui leur est
adjoint.
Des bruits d'une offensive imminente de notre part en Lorraine,
circulent. Le 4 novembre, le régiment est relevé par le 207e, se
regroupe près de Raon-I'Etape, et prend la direction du
nord-ouest vers Lunéville. Le 11 novembre, en étape, il apprend
la nouvelle de la signature de l'armistice au moment où il
devenait certain que la division Polonaise et le 216e R.A.C,
allaient prendre part à une grande offensive, en Lorraine,
dirigée par le général de Castelnau.
Du 11 au 18 novembre, par étapes, le régiment s'approche de
Lunéville. Le 18, il se trouve à Thiebeauménil. près du fort de
Manonviller, et on apprend que le 216e va occuper la région de
Bitche et Landau. Grande joie dans toutes les batteries. Déjà
ont été reçus des ordres sévères pour la bonne tenue et la
discipline de marche, déjà l'A.D. P/I est à Avricourt, en terre
désannexée, lorsque le 19 au soir arrive l'ordre de prendre la
direction de Lunéville. Tournant le dos à la frontière, le
régiment va cantonner à Lunéville, puis le 21 novembre arrive
dans la région de Bayon où il va séjourner longtemps Le 1er
groupe s'installe à Bayon-Virecourt-Borville, le 28 à Roville-Mangonville,
le 3e à Villecourt. Ce séjour durera jusqu'au 1er janvier, date
à laquelle le régiment s'étale un peu et vient dans la région de
Charmes : le 1er groupe à St-Germain-Loromontzey, le 3e à
St-Rémy-auBois et St-Boingt.
Dans ce cantonnement, le régiment reste au repos pendant 2 mois
au lieu de goûter les joies de l'occupation. Ce fut là une
déception amère pour beaucoup mais le régiment avait à ce moment
son sort lié à celui de la division polonaise. Les batteries
organisèrent des fêtes pour distraire les hommes et puis le 1er
décembre, les permissions étaient portées à 20 jours et vers la
fin de l'année la démobilisation commençait. |