CHAPITRE II
Herman Ier. - Herman II. - Henri Ier.
HERMAN Ier (1). - Herman Ier, fils puîné
de Gislebert et frère de Conrad Ier, l'aîné, tous deux comtes de
Luxembourg, était petit-neveu de l'évêque Thierry II et neveu
d'Adalbéron, qui occupèrent le siège épiscopal de Metz, sans
interruption, pendant soixante-sept ans, de 1005 à 1072.
Sous ces deux prélats, Metz était devenu comme le centre
d'action de la maison de Luxembourg; aussi, quand l'empereur
Henri II, en lutte contre ses beaux-frères, eut dépouillé
temporairement Henri, l'aine, de son duché de Bavière, celui-ci
s'établit à Metz, aux côtés de son frère Thierry et de son
beau-frère Gérard Ier d'Alsace, devenu comte épiscopal de Metz.
Il n'est donc pas étonnant de trouver Herman Ier fixé dès son
jeune âge à Metz, au point que les auteurs contemporains le
considéraient comme Messin de naissance (2). C'est, selon toute
vraisemblance, son oncle Adalbéron III, qui dirigea son
éducation; il ne pouvait avoir de meilleur guide, car, selon
Sigebert de Gembloux (3), Adalbéron était un prélat d'une grande
sagesse et d'une rare piété. Il avait étudié avec son cousin
Brunon, qui fut évêque de Toul, puis pape sous le nom de Léon
IX.
Herman Ier occupa sûrement un rang élevé à la cour épiscopale de
Metz, car sous le successeur d'Adalbéron III, il est qualifié
miles de l'évêque Hériman, expression qui, à l'égal de celles de
fidelis noster, homo noster, comes civitatis nostras, servait à
désigner, à cette époque, les comtes de Metz, devenus
feudataires de l'évêque (4). Après la mort de Rodolphe de
Souabe, mortellement blessé dans la bataille sur la Grune,
affluent de l'Elster, le 15 octobre 1080, les princes, restés
fidèles au pape Grégoire VII, se réunirent à Ochsenfurth, situé
à quelques lieues au-dessus de la ville épiscopale de
Wurtzbourg, sur le Main. Sur les instigations de Hériman, évêque
de Metz, l'un des plus zélés partisans de Grégoire VII et son
représentant en Lorraine, l'assemblée élut roi Herman de
Luxembourg, comte de Salm. C'était, suivant le témoignage
d'auteurs contemporains, l'un des seigneurs les plus riches et
les plus influents de la noblesse lorraine, renommé par sa
valeur militaire et distingué par sa sagesse, sa modération et
sa grande bravoure (5). Cette première élection fut confirmée,
peu après, par une assemblée spéciale de Saxons, réunis à
Eisleben. Le nouveau roi fut reçu avec enthousiasme par la
noblesse saxonne, à Goslar, quelques jours avant Noël 1081. Le
26 décembre, fête de saint Etienne (patron de l'église de Metz),
Herman, avec l'approbation des princes de l'Empire, fut sacré
roi et reçut la couronne de la main de l'archevêque Sigefroy, de
Mayence (6).
Le 3 août 1082, nous trouvons le nouveau roi entouré d'un grand
nombre de princes dans le palais royal de Goslar. On y décida
l'organisation d'une expédition militaire en Italie pour
délivrer le pape Grégoire VII, aux prises avec les troupes du
roi Henri IV. Laissant, comme son représentant en Saxe, le comte
Otton de Nordheim, le roi Herman se rendit en Souabe où, pour la
fête de Noël, il se trouva au milieu des princes de l'Empire.
Mais la nouvelle de la mort d'Otton, reçue dans le courant de
janvier 1083, l'obligea à retourner en Saxe où, dès lors, il
semble avoir séjourné de préférence (7).
Henri IV, couronné empereur par l'antipape Guibert, revint
d'Italie, après une absence de plus de trois ans, vers le milieu
de l'année 1084. Dès lors, la lutte s'engagea en Allemagne entre
les partisans de l'empereur et du roi élu, qui se classaient en
même temps comme adhérents du pape Grégoire VII ou de l'antipape
Guibert.
Le roi Herman passa les fêtes de Pâques de 1085 à Quedlinbourg
(Saxe) où fut tenu un synode, en présence du légat de Grégoire
VII, Otton d'Ostie. Celui-ci souleva la question de séparation
entre le roi Herman et son épouse pour cause de consanguinité,
question restée sans solution. A la fin du synode, on publia
l'anathème contre l'antipape Guibert et contre les évêques ses
partisans (8). Un autre synode, tenu à Mayence, d'avril à mai
1085, par les partisans de l'empereur Henri IV, renouvela la
déposition du pape Grégoire VII et condamna les évêques restés
ses fidèles. Il prononça, en même temps, le ban et l'anathème
contre le roi Herman et ses partisans (9).
Sur ces entrefaites, Grégoire VII mourut à Salerne, le 25 mai
1085.
Une bataille qui eut lieu le 11 août 1086, à Bleichfelt, près de
Wurtzbourg, entre les troupes de l'empereur et du roi élu, amena
une défaite de l'armée impériale; mais ce succès ne profita
guère au roi Herman, dont la cause, après la mort du pape
Grégoire VII, déclina rapidement. Ses ennemis prétendaient que
seul l'appui de l'archevêque Hartwig de Magdebourg et celui de
l'évêque Bourcard de Halberstadt lui permettaient de subsister.
Aussi la mort de ce dernier, d'une part, et la réconciliation de
Henri IV avec les princes saxons, notamment avec Hartwig,
d'autre part, portèrent le dernier coup à cette situation
désespérée. Herman dut quitter la Saxe pour retourner en
Lorraine. Mais les circonstances de ce départ ne sont pas
exactement connues.
D'après les uns, les Saxons l'auraient chassé; selon d'autres
versions plus vraisemblables, il reconnut l'impossibilité de se
maintenir dans sa dignité et il quitta volontairement le pays
après renonciation au titre de roi et après entente,
semble-t-il, avec l'empereur Henri IV (10).
Il mourut en Lorraine, le 28 septembre 1088, peu de temps après
qu'il eut quitté la Saxe.
L'auteur contemporain d'un livre de controverse, écrit en faveur
de l'empereur Henri IV et de l'antipape Guibert, nous éclaire
sur les difficultés rencontrées par le roi Herman, l'élu des
partisans du pape Grégoire VII. Il nous apprend que les évêques
et les princes saxons, ses principaux électeurs, agissaient
indépendamment suivant les tendances de chacun, et sans nul
souci de la volonté royale. Le moine auteur, de l'abbaye de
Hersfeld, ajoute qu'il a vu un jour Herman, dans le camp saxon,
exécutant le service militaire, non comme roi, mais à la place
d'un prince et que, après l'avoir supplié instamment en faveur
de son église menacée de dévastation et de destruction, il avoua
son impuissance en répondant qu'il ne pourrait être utile ni à
l'abbaye ni à lui-même (11).
De son côté, l'auteur de la vie de l'empereur Henri IV écrit
plus tard : « De quelle importance pouvait être la puissance
d'un roi qui dut être entretenue, non par ses propres moyens,
mais par des secours étrangers (12) ? »
En somme, le roi Herman, en sa qualité de Lorrain, fut traité en
étranger et il connut, au XIe siècle déjà, le fond que l'on peut
faire sur les engagements, les promesses de fidélité et la foi
jurée des princes allemands. Sa mort n'apaisa pas entièrement
l'hostilité de ses adversaires, qui se plurent à le représenter
comme victime d'une ridicule témérité ou d'une blâmable
imprudence. Les uns ont prétendu qu'en revenant de la chasse et
en regagnant à cheval le château ami qui lui servait de séjour,
il aurait été mortellement blessé en simulant une attaque. Selon
d'autres versions, il aurait été atteint d'un projectile en
passant devant une place forte, ou en s'en approchant
étourdiment de trop près. Le plus souvent, sa mort est attribuée
au fait de l'attaque d'un château fort situé, soit sur la basse
Moselle, soit sur la Lahn; il y aurait été blessé mortellement à
la tête par un jet de pierre (13).
La mort de Herman Ier de Salm se rattache plus vraisemblablement
à la défense ou à la revendication de ses droits patrimoniaux,
après son renoncement volontaire à la couronne royale et son
retour en Lorraine. Au commencement de l'année 1086, mourut
Herman, comte palatin lorrain, l'oncle paternel et sans doute le
parrain du comte de Salm. A défaut d'enfants, son héritage
revenait à ses neveux, Herman de Salm et Conrad Ier, comte de
Luxembourg. Mais ce dernier, partisan zélé de Henri IV (14),
mourut cette même année 1086, en chemin vers Jérusalem et
réconcilié, paraît-il, avec l'Eglise; il laissait des héritiers
susceptibles de recueillir la succession de leur grand-oncle, le
comte palatin Herman. Or, aussitôt après la mort de ce dernier,
l'empereur Henri IV désigna comme successeur Henri de Laach, le
riche seigneur rhénan qui lui avait témoigné son attachement
dans la bataille sur la Grune, et qui épousa ensuite Adelaïde de
Ballenstedt, veuve pour la deuxième fois.
Meyer von Knonau, d'accord avec Witte, considérant Henri de
Laach comme le neveu du comte palatin Herman, prétend qu'il
entra en possession de l'héritage de ce dernier, non par son
mariage avec sa veuve, mais comme héritier naturel partageant, à
ce titre, la succession avec son frère Herman de Gleiberg et ses
fils, et avec les héritiers de Conrad Ier de Luxembourg. Il y a
là certainement une erreur. Rien ne prouve que Henri de Laach,
pas plus que son frère Herman de Gleiberg, aient été les neveux
du comte palatin Herman, oncle au contraire du roi élu Herman de
Salm et de Conrad Ier de Luxembourg. Ce dernier, il est bon de
le rappeler, était marié à Clémence de Gleiberg, sœur
probablement de Herman de Gleiberg, et peut-être de Henri de
Laach. C'est cette relation de parenté qui aura amené la
confusion. Est-il d'ailleurs admissible que Henri de Laach se
fût marié avec sa tante convolant en troisièmes noces (15) ? La
vérité probable est que, à la mort du comte palatin Herman,
l'empereur Henri IV, pour frustrer de l'héritage son ancien
compétiteur, le roi Herman, se sera empressé de mettre les
possessions du défunt entre les mains de son zélé partisan Henri
de Laach.
Celui-ci aura voulu consolider cette acquisition par son mariage
avec la veuve du comte palatin, Adélaïde de Ballenstedt.
C'est sans nul doute en combattant pour la revendication de ses
droits dans la succession de son oncle, le comte palatin Herman,
que le roi détrôné Herman, comte de Salm, perdit la vie dans un
de ces sièges si fréquents alors, quand les châteaux forts se
dressaient nombreux dans les pays entre la Moselle et le Rhin.
Si les auteurs diffèrent sur les circonstances et le lieu de la
mort de Herman Ier, ils s'accordent par contre pour déclarer
qu'il fut transporté à Metz et y fut enterré avec honneur (16).
On sait fort peu de chose au sujet de son mariage. Neyen (17),
confondant Herman Ier de Salm avec le comte palatin Herman, son
oncle, lui donne pour épouse Adelaïde, fille d'Otto d'Orlamunde,
marquis de Misnie, c'est-à-dire Adelaïde veuve en premières
noces d'Adalbert de Ballenstedt, en secondes noces du comte
palatin lui-même et, enfin, mariée en troisièmes noces à Henri
de Laach. Kremer (18), s'appuyant sur une charte, sans date, de
la fin du XIe siècle ou du commencement du XIIe, la nomme
Ermentrude. Or, nous pouvons établir aujourd'hui, d'une manière
certaine, que l'épouse du roi élu, Herman, comte de Salm, se
nommait Sophie. Au synode de Quedlinbourg (avril 1085), le légat
du pape Otton d'Ostie (plus tard pape Urbain II) souleva la
question de séparation des deux époux pour cause de
consanguinité au degré défendu. D'après le compte rendu, Herman
se serait montré disposé à se soumettre à la décision de
l'assemblée qui, toutefois, écarta la question comme inopportune
et pour cause d'absence des plaignants dont la présence était
exigée par la loi (19). Witte (20), s'appuyant sur une
indication fournie par la chronique du monastère de Götweih
(21), croit que l'épouse de Herman Ier appartenait à la maison
comtale de Formbach, si hostile à l'empereur Henri IV. Comme les
noms de la mère et de la grand'mère de Herman sont inconnus, il
n'est pas possible d'établir la parenté invoquée par le synode.
Par contre, Giesebrecht croit que la reine Sophie est issue de
la maison de Luxembourg, par Henri V, duc de Bavière, frère de
l'impératrice Cunégonde. Dans ce cas, les deux époux auraient
été cousins issus de germains; et si l'on admettait que le père
de Sophie fût Henri, duc de Bavière, neveu et successeur du
précédent, ils eussent été cousins germains. Mais, comme aucune
preuve n'est apportée en faveur de cette opinion, la parenté
avec la maison de Formbach (22) est plus probable.
Herman Ier laissa : 1° Herman II qui suit ; 2° Otton, qui
épousa, après 1113, Gertrude, fille de Henri le Gros de Nerdheim
et de Gertrude de Brunswick, et sœur de Richenza, femme de
l'empereur Lothaire II. Gertrude de Nordheim était veuve du
comte palatin Sigefroy de Ballenstedt (23) et apporta à son
second mari le château de Rineck (près de Breisig sur le Rhin).
Le comte Otton de Rineck accompagnait souvent l'empereur
Lothaire II dans ses voyages et il fut à ses côtés pendant
l'expédition d'Italie contre le roi Roger de Sicile en 1136. Il
mourut, d'après Bertholet, en 1146, et d'après Fahne, en 1150,
laissant un fils, Olon II de Rineck et une fille Sophie qui
épousa le comte Thierry de Hollande, fils du comte Florent de
Hollande et de Gertrude, fille elle-même de Thierry, duc de
Haute-Lorraine, mort en 1115 et de Hedwig de Formbach, et par
conséquent sœur de Simon, duc de Lorraine et demi-sœur de
l'empereur Lothaire II (24).
3° Mathilde, comtesse de Hombourg, considérée comme la
fondatrice de l'abbaye de Salival, nécropole des comtes de Salm,
vers l'année 1140 (25).
HERMAN II. - C'est le mariage de Herman II avec une riche
héritière de la maison de Montbéliard-Mousson-Bar qui amena le
fils aîné de Herman Ier et ses descendants à s'établir dans
cette partie de l'évêché de Metz qui forma plus tard le comté de
Salm-en-Vosge et celui de Blâmont. Il est donc d'une importance
capitale de fixer tout d'abord l'origine de cette noble
héritière, dont la personnalité domine toute l'histoire des
comtes de Salm; mais, jusqu'ici, c'est à la façon de ces
personnages semi-légendaires dont les figures s'estompent, se
voilent, se modifient sous les retouches et les enjolivures que,
suivant les goûts de chaque époque, les générations successives
se sont plu à leur faire subir. C'est ainsi qu'un roman
historique sur le château de Pierre-Percée (26) a contribué pour
sa part à en déformer l'histoire authentique, par des
superfétations romanesques qui, prises au sérieux, ont fini par
troubler et même par fausser le véritable enchaînement des
faits. Aussi, l'étude de cette phase initiale de l'histoire des
comtes de Salm a-t-elle été particulièrement longue et
laborieuse et si, par suite de la pénurie de documents
authentiques, je n'ai pu faire la lumière complète, du moins je
crois avoir réussi à faire jaillir quelques étincelles
permettant de nous guider dans les ténèbres qui enveloppent
encore l'origine du comté de Salm, comme celle de la plupart des
petits États indépendants sortis de la dislocation de l'ancienne
Lotharingie.
Plusieurs chartes, dont il sera question plus loin et datées des
années 1135, 1147, 1174 et 1186, mentionnent la femme du comte
Herman II sous le nom d'Agnès comtesse de Langenstein. Albéric
de Trois-Fontaines, dans les renseignements généalogiques de sa
chronique, nous apprend qu'elle appartenait à la famille des
comtes de Montbéliard, étant la sœur d'Etienne, évêque de Metz,
de Thierry, comte de Montbéliard, de Frédéric, comte de Ferrette
et de Renaud, comte de Bar (27).
Les historiens qui se sont occupés de la famille de Montbéliard,
parmi lesquels Schœpflin (28), Grandidier (29), dom Calmet (30),
Du Chesne (31), Ch. Duvernoy (32), Viellard (33), Tuefferd (34),
sont d'accord pour reconnaître cette origine de la femme de
Herman II, comte de Salm. Leurs travaux nous renseignent sur la
généalogie de cette puissante dynastie à partir du XIe siècle.
Cette généalogie est établie, sur des bases certaines, après le
mariage de Sophie, l'une des deux filles de Frédéric II, duc de
Haute-Lorraine, avec Louis, comte de Montbéliard, de Mousson,
etc. De ce mariage naquit Thierry Ier, comte de Montbéliard (II)
de Bar et de Ferrette (35), qui épousa Ermentrude, fille de
Guillaume II Tête hardie, comte de Bourgogne, et d'Etiennette de
Vienne, sœur par conséquent du pape Calixte II.
Agnès, l'épouse de Herman II, comte de Salm, est issue de ce
mariage de Thierry Ier et d'Ermentrude dont Voici la
descendance:
1° Thierry II, comte de Montbéliard, + 1182;
2° Frédéric Ier, comte de Ferrette et d'Amance, + 1168;
3° Renaud Ier, dit le Borgne, comte de Bar, de Mousson, de
Briey, + 1150;
4° Etienne de Bar, évêque de Metz, + 1163;
5° Louis, comte de Mousson, + 1102;
6° Agnès, épouse de Herman II, comte de Salm;
7° Norine, épouse d'Adalbert, comte de Mœrsberg;
8° Gunthilde, première abbesse de Biblisheim, + 1174.
Comment, dans ces conditions, la femme de Herman II est-elle
désignée, dans les rares titres qui nous sont parvenus, sous le
nom d'Agnès, comtesse de Langenstein et non sous celui d'Agnès
de Montbéliard qui était son nom de famille ? La réponse ne
saurait être douteuse : c'est en qualité de veuve d'un comte de
Langenstein qu'elle a dû porter ce titre.
En rappelant, dans son Histoire de l'abbaye de Saint-Sauveur et
de Domèvre, les efforts tentés par les historiens pour dissiper
l'obscurité qui enveloppait la généalogie d'Agnès, M. l'abbé
Chatton avait pensé apporter un élément nouveau pour résoudre le
problème. A cet effet, il a publié le texte d'une charte, datée
du 20 février 1138 (n. st.), relative à des donations à l'abbaye
de Saint-Sauveur faites par la comtesse Agnès pour le salut de
son âme et celle de ses ancêtres; elle y confirme ce qui fut
donné antérieurement à ladite abbaye par les princes de Salm et
seigneurs de cette terre à elle, savoir la neuvième partie de
tout ce qui se dîme en grains, en vins, en fromages, en porcs,
en chevaux à Giroville, Couvaye, Blémerey, Herbéviller,
Boncourt; elle leur confirme aussi la moitié de l'église de Raon
(lès-Leau) qui leur a été donnée pour le salut du comte
Godefroy, son mari, et encore la moitié du même village et son
ban pour le repos de son fils Guillaume qui y est inhumé...
(36).
Cette charte jette, en effet, un jour nouveau sur la personne de
la comtesse Agnès; mais, à la condition de soumettre le texte à
un examen critique approfondi absolument nécessaire pour
dissiper les nouvelles obscurités que des interprétations
superficielles étaient parvenues à ajouter à celles qui
régnaient déjà. On arrivera ainsi à des conclusions fort
différentes de celles admises jusqu'ici.
Ce texte ne laissant aucun doute sur un double mariage de la
comtesse Agnès, on en avait conclu qu'après la mort du comte de
Salm, Herman II, elle s'est mariée, en secondes noces, à un
comte Godefroy dont elle aurait été déjà veuve de nouveau en
1138.
Et partant de là, le comte E. de Martimprey, l'auteur des Sires
et Comtes de Blâmont (37), a voulu voir dans ce second mari
d'Agnès, le comes Godefridus de Castello (38) cité comme témoin
dans la charte de fondation du prieuré de Moniet, en 1127. Cette
manière de voir a été admise par M. l'abbé Chatton (39). M. Léon
Germain de Maidy, dans un article sur Agnès de Langstein (40),
s'est contenté de poser la question: Quel était ce comte
Godefroy ? Je crois pouvoir répondre, dès maintenant, que ce
n'était certainement pas le comte Godefroy de Castres de la
charte de 1127, pour la raison péremptoire que le mariage
d'Agnès avec le comte Godefroy a, non pas suivi, mais précédé
celui qu'elle contracta avec Herman II, comte de Salm. Le simple
énoncé des dates suffira pour rendre manifeste cette
interprétation. En 1135, le comte Herman, avec son frère Otton,
figurent encore dans une charte d'Adalbert, archevêque de
Mayence (41). C'est le dernier acte connu et il faut admettre
que peu de temps après Herman II mourut, puisqu'on février 1138,
la comtesse Agnès est veuve. Comment en un si court intervalle
aurait-elle pu s'engager dans les liens d'un nouveau mariage et
avoir un fils décédé à l'âge de raison ? car la donation pour le
repos de son âme implique évidemment la mort à l'âge adulte de
ce fils Guillaume. Un autre fils, Conrad, assiste d'ailleurs,
déjà en 1124, à la dédicace de l'église de l'abbaye de Senones,
avec le titre de comte de Langenstein (42). Il sera sans doute
superflu d'ajouter qu'à la mort du comte Herman II, la comtesse
Agnès avait certainement dépasser la cinquantaine.
Nous sommes donc amené forcément à admettre que le mariage
d'Agnès avec le comte Godefroy précéda celui contracté, dans les
premières années du douzième siècle, avec Herman II, comte de
Salm. Mais quel était donc ce comte Godefroy ? Ce ne peut être,
comme nous l'avons dit, le comes Godefridus de Castello, de la
charte de fondation de Moniet (1127), puisque celui-ci vivait en
même temps que le comte Herman II et lui a même survécu. Ce
premier mari d'Agnès de Montbéliard devait naturellement porter
le titre qu'il a laissé à sa veuve et à leur fils survivant,
Conrad, comte de Langenstein. Et dès lors, la clarté se fait
comme par enchantement. Il ne reste plus qu'à rechercher à
quelle famille appartenait ce comte Godefroy de Langenstein. Son
alliance avec Agnès de Montbéliard-Mousson-Bar est un indice
certain qu'il appartenait à l'une des familles puissantes de
l'époque. Or, le rapprochement, que nous avons déjà fait de ce
nom de Langenstein avec celui de Longuicastro attribué par
Laurent de Liége à Adalbert, duc de Haute-Lorraine de 1047 à
1048, incline nos recherches vers la famille d'Alsace.
Le duc Adalbert ne semble pas avoir laissé de fils vivant, ce
qui justifie la succession au duché de Lorraine de son neveu,
Gérard III, devenu duc sous le nom de Gérard Ier. Mais, l'auteur
de La Véritable origine des très illustres maisons d'Alsace et
de Lorraine lui attribue une fille, « Mathilde, qui épousa Folmar
auquel elle porta le comté de Metz et de Homberg (43) ». De ce
mariage seraient issus : Folmar, Hugues et Clémence, cette
dernière mariée à Folmar, comte de Castres.
M. l'abbé Châtelain a dressé un tableau généalogique de la
lignée principale des Folmar de Lunéville, comtes de Metz (44).
Il attribue à Folmar VI, fondateur de l'abbaye de Beaupré en
1135, pour épouse « Mathilde, héritière de Dagsbourg, dont une
fille, Clémence, épousa Folmar, comte de Castres et lui apporta
Lunéville ». Or, il ne peut s'agir ici de Mathilde, fille et
héritière du duc Adalbert, qui, en 1135, n'aurait pas été loin
d'être centenaire. Le Folmar, son mari, ne peut être que Folmar
IV qualifié comte de Metz (1055-1075), auquel M. l'abbé
Châtelain donne pour épouse Spanéchilde. Si ce prénom de
Spanéchilde n'a pas été confondu avec celui de Mathilde, il
faudrait admettre que Folmar IV a été marié deux fois. Le
tableau généalogique leur attribue deux fils : Folmar V et
Godefroy III que l'on considérait généralement comme tige des
comtes de Castres. Mais M. l'abbé Châtelain fait remarquer que
Folmar IV, fils de Godefroy Ier, comte du palais à Metz
(1034-1052), avait un frère du nom de Godefroy, mentionné avec
lui dans une charte de 1065 et jusqu'alors ignoré de tous les
généalogistes. Il soupçonne, dit-il, ce Godefroy II, voué de
Neuviller, d'être le véritable auteur de la branche de Castres.
Je me range à cette interprétation.
Du mariage de Folmar IV et de Mathilde, fille d'Adalbert de
Longuicastro, seraient issus:
1° Folmar V, comte de Metz (1075-1111), fondateur de l'abbaye de
Lixheim, qui succéda à son père dans le comté de Metz;
2° Godefroy III;
3° Clémence, qui épousa Folmar, comte de Castres, fils de
Godefroy II considéré comme la tige des comtes de Castres.
Dom Calmet cite, comme preuve de cette filiation, des titres de
1135, 1157, 1166, 1173, 1178 et 1179 (45).
C'est ce Godefroy III, devenu Godefroy, comte de Langenstein,
qui serait le premier mari d'Agnès de Montbéliard. Les preuves
de cette origine font encore défaut: mais les éléments nouveaux
mis en lumière laissent entrevoir une solution définitive.
Observons encore que Godefroy Ier (1034-1052), voué de l'abbaye
de Saint-Remy de Lunéville, n'est encore qualifié que de comte
du palais à Metz. C'est qu'alors le comté épiscopal de Metz
était entre les mains de la maison d'Alsace. Or, Folmar IV, qui
succéda à son père Godefroy Ier, vit son autorité s'étendre à
tout le pays messin, sans doute après la mort du duc Adalbert et
l'accession de son neveu Gérard à la dignité ducale. Son mariage
avec Mathilde, l'héritière du duc Adalbert, justifierait cette
extension d'attributions. Leur fils aîné, Folmar V, hérita de ce
titre de comte de Metz et son frère Godefroy dut recevoir, comme
il était d'usage, l'apanage du comté de Longuicastro apporté par
sa mère Mathilde, fille d'Adalbert de Longuicastro. Quant à
Clémence, la fille de Folmar IV, elle fut mariée à Folmar, comte
de Castres, fils de Godefroy considéré maintenant comme la tige
des comtes de Castres. Godefroy, comte de Langenstein et Folmar,
comte de Castres, étaient donc cousins germains; il s'ensuit que
Conrad, comte de Langenstein, fils d'Agnès de Montbéliard et
Godefroy, comte de Castres, de la charte de fondation de Moniet,
en 1127, étaient cousins issus de germains. Cette parenté
explique la présence simultanée, dans plusieurs actes de cette
époque, du comte Godefroy de Castres, du comte Conrad de
Langenstein, plus tard Pierre-Percée, et du comte Herman de
Salm, deuxième mari de la comtesse Agnès.
Nous ignorons la date de la mort du comte Godefroy de
Langenstein et l'époque exacte de la nouvelle union de sa veuve
à Herman II, comte de Salm. En admettant, avec les historiens de
Montbéliard, que le mariage de Thierry Ier et d'Ermentrude de
Bourgogne, ses parents, eût lieu en 1076 (46), celui de leur
fille Agnès avec le comte Godefroy ne peut être antérieur que de
peu d'années à l'an 1100. Son second mariage doit être placé
dans la première dizaine du XIIe siècle.
Dom Calmet dit que le nom de Salm ne paraît dans les Vosges que
vers l'an 1090; que Herman II fut nommé, par un évêque de Metz,
voué de l'abbaye de Senones et que, dès l'an 1104, il est appelé
comte de Salm dans un titre de cette abbaye (47). On peut
admettre qu'il hérita de la vouerie de Senones de son père
Herman Ier qui en aura été pourvu, soit par son oncle, l'évêque
Adalbéron III, soit par le successeur de ce prélat, Hériman,
dont il était, comme nous l'avons vu (48), le miles, terme
désignant à cette époque les comtes de Metz devenus feudataires
de l'évêque. La charge de comte ou haut-voué épiscopal de Metz
avait été conférée, en 1007, par l'évêque Thierry II à Gérard
Ier appelé jusqu'alors Gérard de Turquestein, de la famille
d'Alsace; celui-ci, après sa mort, survenue en 1020, eut pour
successeur son frère Adalbert Ier auquel succéda, en 1033, son
fila Gérard II. Or, Gérard Ier et Gérard II sont désignés comme
voués de Senones, le premier en l'an 1000, le second en 1030
(49).
Quelques auteurs ont cru que c'est par son mariage avec la
comtesse Agnès de Langenstein que Herman II était devenu voué de
l'abbaye de Senones.
C'est, croyons-nous, une erreur. La vouerie de Senones était un
bénéfice ou fief de l'évêché de Metz, et à ce titre, comme nous
venons de le voir, tenu au XIe siècle par Gérard Ier, puis par
Gérard II, comtes épiscopaux de Metz. On pourrait supposer que
ce bénéfice a passé dans la maison de Lunéville par le mariage
de Mathilde, fille et héritière du duc Adalbert et, par elle, à
son fils Godefroy que nous considérons comme le premier mari de
la comtesse Agnès.
Mais, s'il en eût été ainsi, ce n'est pas à Herman, comte de
Salm, second mari de la comtesse de Langenstein, que revenait
cette vouerie, mais au fils de celle-ci, le comte Conrad de
Langenstein. Tout indique que c'est Herman II lui-même qui
possédait ce bénéfice, soit qu'il l'ait hérité de son père
Herman Ier, soit qu'il en ait été investi par l'évêque Poppon,
dit Burckard (1090-1103), élu contre l'intrus Adalbéron IV.
Les domaines qu'Agnès de Montbéliard-Bar avait reçus en dot
étaient situés, partie sur la haute Vezouse, partie dans le
bassin de la Seille, l'ancien Saulnois. Sa sœur Norine, de son
côté, avait été dotée de plusieurs seigneuries dans la région de
Sarreguemines. Ces possessions de la famille de
Montbéliard-Mousson-Bar provenaient en partie de l'ancien
domaine qu'un grand d'Austrasie, Fulrad, avait légué par
testament, en 777, à l'abbaye de Saint-Denis (50). Ce domaine
constitua d'abord la dotation du prieuré de Salone. Vers 862,
une partie de ces possessions, celles situées sur la Sarre,
furent données en précaire à un comte des plus puissants à cette
époque, au comte Adelard qui, avec Matfrid, était en 865 un des
conseillers les plus écoutés de Lothaire II.
De 892 à 968, la maison des comtes de Paris, source des
Capétiens, sous le titre d'abbés laïques, gouvernait l'abbaye de
Saint-Denis. Hugues le Grand ayant marié sa fille Béatrice à
Frédéric Ier, duc de Haute-Lorraine et premier comte de Bar,
celle-ci reçut en dot, après échange sans doute, les domaines de
la Sarre et la partie du comté de Destry située au sud de cette
localité. Vers la même époque, le prieuré de Salone, moyennant
un cens annuel, fut remis, du consentement de Saint-Denis, à
l'abbaye de Saint-Mihiel, comme dédommagement d'autres biens que
le duc Frédéric jugea plus à sa convenance. Aussi, dans l'acte
de confirmation donné le 15 octobre 980 par Otton II en faveur
de Saint-Denis, il n'est plus question des biens de la Sarre et
du Saulnois (51).
Ces domaines, ainsi passés entre les mains des premiers ducs de
Haute-Lorraine, puis dans celles des comtes de Montbéliard-Bar,
furent donnés en dot aux filles de Thierry Ier, Agnès et Norine.
Cette dernière épousa Albert, comte de Morsberg, issu du comte
de Winterthur, en Suisse (52), et lui apporta en mariage
plusieurs seigneuries dans la région de Sarreguemines. En
souvenir de son castel familial, Albert, comte de Morsberg,
fonda, sous la même appellation, le château de Morsberg, connu
sous le nom de Marimont et situé près de Dieuze (53). Il en fit
le chef-lieu des biens et des voueries que sa femme lui avait
apportés.
Nous avons dit que les domaines reçus en dot par la comtesse
Agnès étaient situés sur la Haute-Vezouse et dans le bassin de
la Seille. Herman II, dont le comté de Salm était, comme les
biens patrimoniaux de son beau-frère, le comte de Morsberg,
éloigné des possessions dotales d'Agnès, son épouse, a-t-il,
comme ce dernier, construit un château sur ces terres ? Nous
l'ignorons, mais nous savons que, dès le XIIIe siècle, les
comtes de Salm possédaient, dans l'ancien Saulnois, les châteaux
de Morhange (54) et de Viviers (55), situés à égale distance de
l'abbaye de Salivai, ancienne nécropole de cette famille à
laquelle Ruyr attribue sa fondation (56). La chronique de Richer
de Senones nous apprend que, vers 1250, le château de Morhange
servait de résidence au comte de Salm (57).
Rappelons ici qu'au XIVe siècle, dans le Luxembourg, la famille
des comtes de Salm-en-Vosge était désignée sous la dénomination
de Salm-en-Savoye, Savoy, Savais, Saulmois (58). Notre confrère
et ami M. Léon Germain de Maidy (59) a montré que sous ces
variantes il faut reconnaître le mot Saulnois et il émet l'idée
qu'il s'agit peut-être de notre pagus Salinensis. Les Annales du
doyen de SaintThiébaut de Metz nous fournissent, de leur côté,
la dénomination de comte de Salm-en-Samroy (sans doute mauvaise
lecture de Saulnoy) et l'expression Saulnexiens appliquée aux
troupes de Jean de Salm en 1364 (60).
Le doute aujourd'hui n'est plus permis sur ces différentes
dénominations ; elles se justifient par ce fait que les
principaux domaines des comtes de Salm, en dehors de la vouerie
de l'abbaye de Senones, se trouvaient dans l'ancien Saulnois;
ils provenaient, pour la plupart, des possessions de cette
région apportées en dot par Agnès de Montbéliard-Mousson-Bar et
plus tard par Marguerite de Bar, épouse du comte Henri III.
Ne perdons pas de vue que, sous Herman II, comme d'ailleurs sous
son fils et successeur Henri Ier, le comté de Salm-en-Saulnois,
ou en Vosge, n'existait pas encore. Leur titre de comte
s'appliquait au comté de Salm-en-Ardenne, la séparation ne
s'étant produite que vers le dernier quart du XIIe siècle.
C'est en sa qualité de voué de Senones que nous apparaît pour la
première fois le comte Herman II, dans un titre de cette abbaye
de l'an 1104, puis dans un acte d'Adalbéron IV, évêque de Metz,
du 8 mars 1111. Cet acte, solennellement dressé et publié à
Metz, sous la signature de nombreux témoins religieux et laïcs,
déclare:
Que Herman, comte de Salm, abusant de son autorité, ne cessait
d'inquiéter les sujets de l'abbaye de Senones par des exactions
et des tailles; qu'il leur imposait, malgré l'abbé, des plaids
auxquels il les obligeait de comparaître.
Antoine, abbé de Senones, en porta ses plaintes à Adalbéron IV,
évêque de Metz, qui cita Herman devant lui, l'excommunia,
l'obligea à satisfaire à l'abbé, à lui restituer ce qu'il avait
pris et à demander l'absolution de l'excommunication qu'il avait
encourue (61).
Nous ignorons si le comte Herman II se soumit entièrement à
cette sentence. Il est permis d'en douter, puisque les mêmes
plaintes se reproduisent sans cesse ultérieurement. L'anarchie
qui régnait alors dans l'Empire, par suite du schisme sur la
question des investitures, se faisait particulièrement sentir
dans l'évêché de Metz, où Adalbéron IV avait été nommé par
l'empereur Henri IV, et par les partisans de l'antipape Clément
III, alors que les Messins, restés fidèles au pape Urbain II,
avaient élu Poppon, dit Burckard. Après la mort de ce prélat, en
1103, les Messins, forcés de plier sous le poids de l'autorité
de l'Empereur, se virent obligés de laisser monter Adalbéron IV
sur le siège épiscopal. Mais Adalbéron était plus attentif à
faire sa cour à l'Empereur, qu'il accompagnait partout, qu'à
administrer sagement son évêché; aussi les abus devenant de jour
en jour plus criants, il fut enfin résolu de l'expulser de son
siège. Convoqué devant le Concile que le pape Pascal II fit
assembler à Reims le 28 mars 1115, Adalbéron IV y fut déposé
(62). Il faut avouer que, dans ces conditions, l'acte
excommuniant le comte Herman II est tout au moins suspect d'être
dirigé contre un adversaire politique.
En 1121, Herman II est à Rome, auprès du pape Calixte II, oncle
de la comtesse Agnès. Il déposa sur l'autel de saint Pierre, en
présence du pape et le jour même où l'on sacrait cet autel, la
pièce d'or que Guillaume, comte de Luxembourg, son cousin
germain, avait promis d'offrir tous les ans en signe
d'affranchissement de l'oratoire fondé par le comte Conrad, sort
père, auprès de son château de Luxembourg et devenu l'abbaye de
Munster. Herman, comte de Salm, figure en tête des nombreux
comtes et seigneurs qui assistaient, comme témoins, à l'acte de
confirmation de cette abbaye (63).
Le prestige de ce cadet de la maison de Luxembourg, marié à la
sœur des comtes de Montbéliard et de Bar, à la nièce du pape
Calixte II, ne pouvait, semble-t-il, que grandir encore par
l'élévation, au siège épiscopal de Metz, d'Etienne, autre frère
de la comtesse Agnès.
Princier et archidiacre en 1112 (64), Etienne de Montbéliard fut
nommé évêque de Metz en 1119, l'année même de l'élévation de Guy
de Vienne, son oncle, au siège apostolique de Saint-Pierre sous
le nom de Calixte II. La cérémonie du sacre d'Etienne se fit en
1120 à Rome par le nouveau pape, qui le décora du pallium et le
créa cardinal. Mais, tant que la division subsista entre
l'Empire et le sacerdoce, il ne fut pas possible au nouvel
évêque de prendre possession de son évêché, parce que la ville
de Metz tenait alors pour l'Empereur contre le pape légitime. La
paix ayant été enfin conclue à Worms le 23 septembre 1122,
Etienne reçut l'investiture par le sceptre et prit possession de
son Eglise (65).
On n'est pas d'accord sur la date de son élévation à la dignité
cardinalice. D'après Meurisse (66), ce serait en décembre 1124;
mais, cette date, qui coïncide avec la mort de Calixte II
survenue le 13 décembre 1124, n'est guère probable. Tout semble
indiquer, au contraire, que c'est lors de sa nomination à
l'évêché de Metz, en 1119 ou 1120, que le Souverain Pontife le
créa en même temps cardinal-diacre de Sainte-Marie in Cosmedin
(67).
Le comte Herman II, en sa qualité de voué de l'abbaye de
Senones, devint ainsi le feudataire de son beau-frère. Dans le
titre constatant la dédicace de l'église de l'abbaye de Senones
par l'évêque Etienne, le 22 juin 1124, figurent comme témoins
laïcs : le comte Herman, voué de l'abbaye, le comte Conrad de
Langenstein et les seigneurs Bencelin de Turquestein, Conon de
Buriville, Rainier de Domjevin, Rainier de Badonviller et Richer
de Mainil (Masnil). L'acte mentionne le nom du père de l'évêque
Etienne, le comte Thierry, et son oncle maternel, le seigneur
Guy de Vienne, devenu pape de Rome (68).
En 1125, Herman (69), comte de Salm et voué de l'abbaye de
Senones, souscrit, à la suite de ses deux beaux-frères, Renaud,
comte de Bar, et Frédéric de Ferrette, un acte par lequel
Etienne de Montbéliard-Bar, évêque de Metz, décharge l'abbé
Antoine de certains services ou certaines redevances et
reconnaît que ce n'était pas l'abbaye (c'est-à-dire l'abbé et le
monastère de Senones), mais le ban de Senones pour les deux
tiers et les bans de Vipucelle et de Plaine pour l'autre tiers,
qui avaient la charge de ces servitudes (70). On saisit ainsi la
distinction, établie par l'évêque suzerain, entre le monastère
proprement dit et les bans des localités, dont l'ensemble
formait le territoire de l'abbaye de Senones que le voué tenait
en fief de l'évêque de Metz.
Le 6 janvier 1127, Herman II, voué de Senones, signe le titre de
fondation du prieuré de Moniet. Pour la dotation de ce nouveau
monastère, l'évêque Etienne de Montbéliard-Bar donne la place
située au pied de son château de Deneuvre, le jardin, le pré et
deux ménages de serfs établis près de cet emplacement; deux
autres ménages de serfs à Vacqueville et deux à Nossoncourt
(71). Il fait remise aux religieux de 20 sols que l'abbaye de
Senones payait annuellement pour la garde du château de Deneuvre,
et du sel ou de l'argent que l'abbaye lui devait pour droit de
saline à Vic (72).
Ce titre est important surtout pour établir ce fait que le
château et la terre de Deneuvre faisaient partie des domaines de
la famille de Montbéliard-Bar, héritière des anciens ducs de
Haute-Lorraine. Les donations de l'évêque Etienne témoignent que
c'est à titre d'héritage paternel, et non comme biens de
l'évêché de Metz, qu'il possédait Deneuvre, comme d'ailleurs les
autres parties de la donation. Aussi, cette charte de fondation
est-elle signée et scellée, non seulement par le donateur
assisté d'Adelo, abbé de Marmoutier, d'Albert, grand prévôt de
Saint-Dié, et d'Adalbéron, princier et archidiacre de Metz, mais
encore par les témoins laïcs suivants, tous de sa parenté:
Herman, comte et voué de Senones, le comte Godefroy de Castres,
Thierry, comte de Montbéliard, Conrad, comte de Pierre-Percée,
le comte Folmar étant préfet (comte-voué) de Metz.
Herman II, avec son fils Herman cette fois (Comitis Hermani et
filii ejus Hermani), assiste encore comme témoin à l'acte de
donation du fief de Basemont, daté de l'an 1130, donation faite
à l'abbaye de Senones par l'évêque Etienne, du consentement de
Gérard de Basemont et de sa femme (73).
Jusque-là, les relations de Herman II avec son suzerain et
beau-frère l'évêque Etienne paraissent avoir été normales; mais,
à partir de ce moment, la situation se modifie et nous voyons le
comte de Salm entraîné à faire cause commune avec le duc Simon
Ier de Lorraine qui, en qualité de petit-fils et successeur de
Gérard Ier d'Alsace, avait naturellement hérité du ressentiment
non encore assoupi de l'ancienne maison ducale de
Haute-Lorraine-Bar. Cette nouvelle attitude du comte Herman II,
dont j'essaierai plus loin d'établir les causes, paraît
coïncider avec les conflits qui s'élevèrent entre Simon Ier et
Albéron de Montreuil, peu de temps après que cet ancien princier
de Metz fut élevé sur le siège archiépiscopal de Trèves (74).
Bertholet rapporte qu'Adalbéron, archevêque de Trèves
(1130-1152), signala le commencement de son épiscopat « par un
acte de fermeté qui fit beaucoup de bruit ». Simon Ier,
ajoute-t-il, « avait ravagé l'archevêché de Trèves par des
hostilités injustes et, quoiqu'il fût le beau-frère (75) de
Lothaire II, ayant récemment épousé, à Aix-la-Chapelle, Gertrude
(76), sœur de cet empereur, notre prélat l'excommunia et le
renvoya de l'église le jour même de Pâques, lorsqu'on y eut
commencé à chanter l'évangile » (77).
Baldéric nous apprend, en effet, qu'à une diète tenue à
Aix-la-Chapelle par le roi Lothaire, à l'occasion des fêtes de
Pâques de l'an 1132, l'archevêque de Trèves, Albéron, excommunia
le duc Simon le jour de Pâques (10 avril) et l'obligea à sortir
de l'église (78).
Cette même année 1132, Simon Ier fait savoir qu'il est venu à
l'assemblée qui s'est tenue à Thionville pour établir la paix,
et où se trouvaient l'archevêque de Trèves, les évêques Etienne
de Metz, Henri de Toul et Adalbéron de Verdun, et une grande
foule de clercs et de laïcs de Haute-Lorraine. Là, le duc Simon,
du consentement de sa femme Adelaïde et de son fils Mathieu,
renonça aux redevances qu'il prélevait injustement sur les
terres de l'église de Saint-Dié, en particulier aux tailles que
ses ministériaux levaient sur le village de Coincourt,
dépendance du chapitre (79).
Albéron, archevêque de Trèves, de son côté, fait savoir au
chapitre de Saint-Dié qu'étant venu à l'assemblée de Thionville,
le duc Simon a renoncé à ses prétentions injustes sur l'église
de Saint-Dié et, en conséquence, a été relevé de
l'excommunication(80).
A côté de ces faits établis par des documents authentiques, un
écrivain du XVIe siècle, Jean d'Aucy (81), dans une histoire des
ducs de Lorraine écrite vers 1540, fournit sur la lutte entre
Simon Ier et l'archevêque Albéron des détails puisés, croit-on,
dans des chroniques lorraines aujourd'hui perdues et dont, par
suite, il n'est pas possible d'apprécier la valeur. Comme l'a
fait remarquer M. Chr. Pfister, l'éminent historien de Nancy,
c'est aux matériaux réunis par Jean d'Aucy que Richard
Wassebourg a emprunté ses biographies ducales, dans ses
Antiquitez de la Gaule belgique, publiées en 1549. Et le père
Benoît Picart, en 1704, donne, en l'abrégeant, le récit de Jean
d'Aucy, dans l'Origine de la très illustre Maison de Lorraine,
récit reproduit tel quel par Dom Calmet.
Une partie de ce récit intéresse trop vivement notre sujet pour
nous permettre de le passer sous silence.
Nous l'empruntons au texte publié par M. Chr. Pfister, d'après
les manuscrits de la bibliothèque de Nancy:
Cependant Adelbero, archevêque de Trèves, s'estant attribué le
titre de duc de Lothreine (82), accompagné d'Estienne, evesque
de Metz, Regnault, comte de Bar, Gotfroy, comte de Louvain (83),
et d'autres princes, veint assaillir Lothreine, de quoy adverty
le duc Symon de Nancey et que ses ennemys estoient en la
Champaigne auprès de Sirk, au nombre de dix milles hommes pour
le moins sans les gens de chevaulx, sur l'heur dudit
advertissement faict, le duc Symon ayant avecque luy le duc de
Bavière (84), les comtes palatin (85) et de Salm, et autres
princes, feit sortir de ce lieu tous ses gens qui estoient en
nombre quinze milles hommes sans les gens de chevaulx. Le camp
sorti de Nancey, estant au champs, marchèrent droict pour
trouver les ennemys, lesquelz trouvez par deux fois rompirent en
batailles rengées, l'une auprès de Marcres (86), et l'autre
auprès le chasteau Jules (87), et descendant en la possession de
l'evesque, prit plusieurs places fortes; enfin, par le moyen de
Lothaire II du nom et en l'ordre des empereurs le Ier (88), l'archevesque
eust paix et accord avecque le duc Symon; laquelle toutefois peu
dura de la part du duc Symon; car peu de jours après, courut
toutes les terres de l'église de Trèves, et par force d'armes
occupa toutes les terres limitrophes de ses pais. De quoy
grandement indigné, Adelbero, archevesque de Trèves, en moins de
quinze jours, ayant levé hastivement une armée, l'envoya soubs
la charge de Gotfroy le jeune, comte de Falkemont, son cousin,
en Lothreine, où à sa venue se rencontrant dessus l'armée du duc
Symon, son ennemi, auprès de Toul, l'assaillit si vigoureusement
qu'il la moit on route et feit tourner les espaulos au gens du
duc Symon.
Lequel, voyant les siens tournez en fuite, et luy mesme et le
conte de Salm chascun blessé de trois playes, delibérant de se
saulver aussi avecque aucuns barons, et de faict s'enfuirent et
se retirent dedans Nancey. Le conte demeure victorieux en la
campaigne, poursuivit la victoire et, le jour ensuivant, se
meist au siège à l'entour de Nancey si que personne n'en pouvait
sortir n'entrer dedans. Cependant Estienne, evesque de Metz, et
Regnault, conte de Bar, ayans entendus l'envahissement faict en
Lothreine par le comte de Falkemont, contredit (89) dedans le
pais jusques à Lambourg qu'il acquit et autres chasteaux du
domaine de l'eglise de Metz que le duc Symon avait occupez (90).
Comme nous l'avons dit, ce récit a été utilisé au XVIIIe siècle
par les historiens lorrains Benoît Picart et Dom Calmet. Les
auteurs allemands du XIXe siècle les ont naturellement imités.
Jaffé (91), en racontant, sous l'année 1131, les luttes entre
Albéron, archevêque de Trèves, et Simon, duc de Lorraine,
traduit le texte de Benoît Picart sans se préoccuper de la
source où celui-ci avait lui-même puisé. Huhn (92), dont le
récit offre quelques légères variantes, laisse supposer, en
l'absence de toute référence, qu'il a utilisé en outre les faux
Mémoires que nous nous contentons de signaler en note.
Après une étude très attentive de cette période extrêmement
importante pour l'histoire des premiers comtes de Salm,
j'estime, avec M. Chr. Pfister, que le récit de J. d'Aucy
relatif à une guerre entre l'archevêque Albéron et le duc de
Lorraine ne repose sur aucune donnée certaine, et que dès lors
les détails fournis par cet auteur du XVIe siècle ne sauraient
être utilisés que comme des indications dont l'exactitude n'est
pas démontrée.
Les auteurs messins donnent heureusement sur cette période des
renseignements, tirés de la chronique épiscopale de Metz, qui se
rapportent à des conflits où nous voyons aux prises le duc Simon
et l'évêque de Metz, Etienne, allié à Renaud Ier, comte de Bar,
c'est-à-dire la nouvelle maison ducale contre les héritiers des
anciens ducs de Haute-Lorraine, dont les droits, par le mariage
de Sophie, l'une des deux filles du duc Frédéric II, étaient
passés dans la maison de Montbéliard-Bar-Mousson.
Nous apprenons ainsi que le duc Simon s'était emparé des
châteaux de Mirebaux, Fauquemont, Deneuvre, et que ces châteaux
furent repris au duc de Lorraine par l'évêque Etienne assisté du
comte de Bar, son frère (93).
Il semblerait que dans ce conflit le comte de Salm, Herman II,
dût se trouver aux côtés de ses beaux-frères. Or, on a la
surprise de constater qu'au contraire, et sans égard même à sa
situation de vassal de l'évêché de Metz, il s'était rangé sous
la bannière du duc Simon. Le passage suivant de la chronique
épiscopale de Metz ne laisse aucun doute à cet égard: « Le
château de Pierre-Percée, appartenant aux comtes de Salm, était
alors la terreur du pays, parce qu'il servait de retraite à des
brigands qui faisaient mille ravages dans les campagnes et
arrêtaient les voyageurs. Etienne en forma le siège, dressa
trois forts autour de la place pour empêcher d'y faire entrer ni
vivres ni secours. Il la tint ainsi investie plus d'un an et la
força de se rendre (94). »
Au cours des hostilités entre le duc de Lorraine, d'une part,
l'évêque Etienne, assisté du comte Renaud de Bar, de l'autre, le
duc Simon, d'accord avec son allié le comte de Salm, aura fait
occuper le château de Pierre-Percée par des troupes chargées de
ravager et de rançonner les terres voisines de l'évêché de Metz,
y compris sans doute l'abbaye de Senones. De là, l'acharnement
de l'évêque Etienne au siège de cette forteresse, qu'il aurait
dirigé lui-même, et dont le souvenir est resté vivace dans la
tradition locale.
Cet événement, à mon avis, a dû se produire en 1135 ou 1136,
époque coïncidant avec la mort prématurée du comte Herman II et
de son fils aîné Herman III.
A quoi attribuer maintenant la détermination prise par le comte
Herman II d'entrer dans une ligue qui le mettait dans
l'obligation de lutter contre set puissants beaux-frères ? Cette
grave et fatale résolution doit, à mon sens, être attribuée à
deux causes principales : d'une part, la situation spéciale où
se trouvait alors le comté de Luxembourg; d'autre part, les
liens de parenté qui s'étaient établis entre le frère puîné de
Herman II, le comte Otton de Rineck, et l'empereur Lothaire II,
ainsi qu'avec le demi-frère de ce dernier, le duc Simon Ier de
Lorraine.
Nous avons vu, en effet, que Otton, par son mariage avec
Gertrude de Nordheim, était devenu le beaufrère de l'impératrice
Richenza, épouse de Lothaire II; que ce lien de parenté fut
encore resserré par le mariage de Sophie, fille du comte Otton
de Rineck, avec Thierry, comte de Hollande, neveu du duc Simon
Ier de Lorraine et de Lothaire II.
Voici maintenant quelle était alors la situation du comté de
Luxembourg, dont relevait, il ne faut pas l'oublier, le comté de
Salm-en-Ardenne, le seul qui existât au XIIe siècle et dont la
possession faisait du comte de Salm un vassal du comte de
Luxembourg.
Le comte Conrad qui, en 1128, avait succédé à son père, le comte
Guillaume, était d'une complexion délicate et, bien que marié,
n'avait point d'enfant (95). A sa mort, qui semblait proche, la
branche masculine des aînés de la maison de Luxembourg serait
éteinte. La plus proche héritière de cette branche était
Ermenson (96), fille de Conrad Ier et, par conséquent, cousine
germaine du comte Herman II. Celui-ci pouvait donc se considérer
comme l'héritier présomptif de la couronne comtale de
Luxembourg, et, si les anciennes lois franques et germaniques
qui excluaient les femmes du pouvoir souverain y avaient été
strictement en vigueur, la succession au comté de Luxembourg
serait revenue de droit au comte Herman II de Salm, le
représentant le plus proche de la branche cadette. Le comte
Gislebert, l'ancêtre commun, était, en effet, le grand-père
paternel de Herman, comme celui d'Ermenson.
Mais, pour entrer en possession du comté de Luxembourg, qui
selon toutes probabilités lui serait disputé par le mari ou le
fils d'Ermenson, l'appui du roi des Romains dut paraître au
prétendant comme un élément indispensable de réussite. Aussi, à
partir de l'année 1128, trouvons-nous souvent le comte de Salm
parmi les seigneurs de la cour, où son frère, le comte palatin
Otton de Rineck, tient l'un des premiers rangs pendant toute la
durée du règne de Lothaire II.
Herman II et son fils Herman III figurent comme témoins dans une
charte datée du 27 décembre 1128, à Worms, où Lothaire passait
la fête de Noël et tenait une assemblée (97). De Worms, le comte
de Salm accompagne le Roi à Strasbourg où, le 20 janvier 1129,
il signe comme témoin une charte par laquelle Lothaire
affranchit les bourgeois de cette ville de toute juridiction
étrangère (98). Quand déjà, le 21 janvier, Lothaire quitte
Strasbourg, les comtes Herman de Salm et Otton de Rineck
l'accompagnent. Le 10 février, ils sont à Cologne, et le 8 mars
1129 dans la ville royale de Duisbourg, où ils figurent tous
deux comme témoins dans une charte, donnée à cette date par
Lothaire on faveur des bourgeois de cette ville (99).
L'année suivante, nous retrouvons le comte Herman II en
compagnie du roi Lothaire à Strasbourg où, le 17 février 1130,
il signe une charte en faveur de l'abbaye d'Hirsau (100).
Au mois de mars 1131, le comte Herman II et son fils aîné sont
présents à Liége, où le roi Lothaire et la reine Richenza
s'étaient rendus pour recevoir le pape Innocent II et tenir la
diète. Ils y signent comme témoins, à la suite du duc Simon de
Lorraine, un diplôme de Lothaire, daté du 29 mars 1131, pour
l'abbaye de Beuron (101). De Liége, le comte Herman et son frère
Otton de Rineck accompagnent le Roi et la Reine à Trèves pour
les fêtes de Pâques. Le 13 avril 1131, ils sont à Stavelot, et
le 19 avril, à Trèves. Dans l'entourage du Roi, on remarque en
outre les évêques Etienne, de Metz, Henri, de Toul, le comte
palatin du Rhin, Guillaume, le comte Conrad de Luxembourg,
Renaud de Mousson. Ceux-ci, de même que Herman II de Salm et son
frère Otton de Rineck, figurent comme témoins dans la charte,
dressée le 23 avril 1131 à Trèves, par laquelle Lothaire II
confirme les droits de l'abbaye d'Echternach (102).
Nous ignorons si le comte de Salm était présent à l'assemblée
tenue à Aix-la-Chapelle, en 1132, à l'occasion des fêtes de
Pâques. Nous y relevons la présence de l'archevêque de Trèves,
Albéron de Montreuil, auquel Lothaire donna l'investiture, bien
qu'il eût, contre la volonté du Roi, été consacré auparavant par
le pape Innocent II. L'évêque Etienne de Metz, principal
instigateur de l'élection assez irrégulière d'Albéron, était
également présent. Parmi les seigneurs laïques, les ducs Simon,
de Haute-Lorraine, et Waleran, de Basse-Lorraine, sont nommés,
et il est probable que le comte de Salm et son frère, le comte
Otton de Rineck, assistaient également à la diète. C'est à
l'occasion de cette assemblée que le nouvel archevêque de
Trèves, Albéron, excommunia le duc Simon Ier et que, le jour de
Pâques (10 avril 1132), devant la cour réunie, il l'obligea à
sortir de l'église pendant la lecture de l'évangile (103).
Il est évident que cet affront public, en présence même de la
cour sympathique au demi-frère du roi, n'améliora pas la
situation déjà manifestement tendue entre l'archevêque Albéron
et l'évêque Etienne de Metz, d'une part, et le duc Simon Ier de
Lorraine, de l'autre. Comme nous l'avons vu, l'excommunication
fut levée dans une réunion organisée à Thionville en vue de la
paix; l'acte intervenu mentionne, outre l'archevêque de Trèves,
les évêques suffragants, Etienne, de Metz, Henri, de Toul, et
Adalbéron, de Verdun (104).
Le 8 novembre 1133, Lothaire, couronné empereur à Rome le 4 juin
précédent, et l'impératrice Richenza sont à Bâle, accompagnés
d'un grand nombre de nobles parmi lesquels le duc Simon de
Lorraine.
De Bâle, la cour se dirigea, par Strasbourg, sur Cologne où, le
1er janvier 1134, le comte Herman II de Salm signe, comme
témoin, une charte par laquelle Lothaire II transporte, au comte
Otton de Rineck, la vouerie du couvent de l'île rhénane de
Rolandswerth, conformément au désir de l'abbesse et de
l'impératrice Richenza (105).
Dans une charte de Lothaire II, datée de Buxtehude (106) le 11
juillet 1135, figurent comme témoins Hermannus et Otto de
Rinegge. Bernhardi émet l'idée que le premier pourrait être le
comte Hermann de Wintzenburg que, dans ce cas, l'Empereur aurait
relâché de sa détention (107). Or, ce nom précédant
immédiatement celui du comte Otton de Rineck, on pourrait, avec
plus de vraisemblance, semble-t-il, y voir celui du comte Herman
II de Salm. Ce serait alors le dernier acte connu de l'empereur
Lothaire II où figurerait ledit Herman II.
Les deux frères, Herman II et Otton de Rineck, apposent encore
une fois ensemble leurs sceaux à une charte d'Adalbert,
archevêque de Mayence, confirmant les privilèges de la
bourgeoisie de Mayence.
L'acte est daté : 1135, ind. 13, regn. 9, imp. 2 (108).
C'est le dernier acte témoignant que le comte Herman II de Salm
vivait encore, car celui qui va suivre ne prouve pas qu'à sa
date il fût encore en vie. Il s'agit d'une bulle, datée de Pise,
le 10 juin 1135, par laquelle le pape Innocent II confirme les
possessions de l'abbaye de Hugueshoffen, entre autres les dons
du comte Conrad de Pierre-Percée, du comte Herman de Salm et de
son épouse, la comtesse Agnès de Montbéliard. Ces donations
concernent les églises de Landage, Parux et Vathiménil...
Ecclesiam ejusdem villas, quam dedit Cunradus comes, Erimannus
comes cum uxore sua Agneta (109).
Nous sommes ainsi amenés à fixer la mort du comte Herman II
entre les années 1135 et 1138, une charte, dont il sera question
plus loin, attestant qu'à cette dernière date la comtesse Agnès
était veuve. C'est au cours de cette période que doivent être
placées les hostilités entre le duc de Lorraine et le comte de
Salm, d'une part, l'évêque de Metz et le comte de Bar, de
l'autre, et dont l'épisode principal est le siège du château de
Pierre-Percée. Il est en effet très frappant qu'aucun de ces
belligérants ne fit partie de l'expédition que, sur les
instances du pape Innocent II, l'empereur Lothaire II dirigea
contre le roi Roger de Sicile en 1136 (110).
Benoît Picart, il est vrai, dit qu'il y a quelque apparence que
Simon Ier ait fait ce voyage d'Italie; car ce prince « donne à
l'abbaïe de Sturzelbronn le bois nécessaire pour les bâtiments
et les chariots, à prendre dans son bois de Vasgaër, en action
de grâce de son heureux retour d'Italie l'an 1138 (cart. du
résident Alix)»(111). Or, aucun des nombreux documents
contemporains consultés par l'auteur de Lothar von Supplinburg
ne fait mention ni du duc Simon, ni de l'évêque de Metz, ni des
comtes de Bar et de Salm. Et cependant, le duc Simon, demi-frère
de Lothaire II, occupait une situation trop élevée pour être
resté inaperçu et pour que son nom n'ait pas eu l'occasion
d'être mentionné. La preuve invoquée par Benoît Picart ne
saurait trancher la question. Tout d'abord le retour de l'armée
impériale n'eut pas lieu en 1138, mais en novembre 1137, puisque
Lothaire II mourut, sur le chemin du retour, le 4 décembre 1137
(112).
Si l'acte de donation en faveur de l'abbaye de Sturzelbronn est
authentique, le voyage d'Italie invoqué pourrait s'appliquer à
celui effectué par Lothaire en vue de son couronnement, qui eut
lieu à Rome le 4 juin 1133. Cette expédition dura de septembre
1132 au mois d'août 1133, et, le 8 novembre 1133, le duc Simon
est mentionné dans l'entourage de Lothaire II et de
l'impératrice Richenza présenta à Bâle (113).
Je considère donc, comme une preuve négative très sérieuse,
l'absence de toute indication, dans les documents contemporains,
pouvant laisser supposer que le duc Simon de Lorraine et
l'évêque Etienne de Metz se soient trouvés parmi les seigneurs
accompagnant l'empereur Lothaire II dans sa deuxième expédition
d'Italie.
La rupture ouverte et définitive entre ses frères et son second
mari fut, sans nul doute, douloureusement ressentie par Agnès de
Montbéliard, impuissante à conjurer le danger qui entraînait le
comte Herman II dans le parti de la nouvelle maison de Lorraine.
Cette nouvelle orientation politique devait d'ailleurs être
fatale à la maison de Salm, car c'est précisément à la veille
pour ainsi dire de l'ouverture de la succession au comté de
Luxembourg (114), que Herman II et son fils aîné Herman III
succombèrent dans la lutte meurtrière contre l'évêque Etienne de
Metz et le comte de Bar. Le champ restait ainsi libre pour
l'accession, sans difficulté, au siège comtal, du fils d'Ermenson,
Henri, comte de Namur, connu sous le nom de Henri l'Aveugle.
Après ces tragiques événements, qui la laissèrent veuve pour la
deuxième fois, la comtesse Agnès semble s'être confinée dans ses
terres de Blâmont et de Pierre-Percée, et avoir passé le reste
de son existence dans l'accomplissement d'œuvres de piété,
vivant surtout avec les souvenirs de son premier mariage, au
point que dans les documents qui nous sont parvenus, il est
souvent difficile de distinguer la comtesse de Salm sous la
dénomination habituelle d'Agnès de Langenstein qui lui est
restée.
L'acte de donation de 1138, en faveur de l'abbaye de
Saint-Sauveur, est caractéristique à cet égard. Dédaignant le
titre de comtesse de Salm, qui lui revenait de droit, elle s'y
qualifie simplement comtesse Agnès; et, comme il fallait
confirmer des donations faites antérieurement par le comte
Herman, son second mari, avec l'assistance probable de leur fils
aîné Herman III, la donatrice les mentionne seulement comme ses
prédécesseurs, en les qualifiant, on ne sait trop pourquoi, de
princes, titre qui, il est vrai, se justifie par leur origine
royale, mais qu'ils ne portaient pas de leur vivant. En
revanche, la comtesse Agnès se complaît à rappeler le souvenir
de son premier mari, le comte Godefroy, et celui de leur fils
Guillaume, mort jeune et inhumé à Raon-lès-Leau. Pour bien
marquer que, dans les donations antérieures, les princes de Salm
ne sont intervenus que pour la forme, elle spécifie que les
terres qui eu font l'objet sont à elle personnellement, soit
qu'elles fussent de son patrimoine, soit qu'elles fissent partie
de son douaire à elle constitué par son premier mari (115).
Parmi les témoins de la donation figure bien un Conrad, qui
pourrait être son fils Conrad, comte de Pierre-Percée; mais on y
chercherait vainement le nom de Henri, son fils survivant du
second mariage (116).
Nous ignorons la date de la mort de la comtesse Agnès; mais une
charte de l'évêque de Metz, de l'année 1147, semble indiquer
qu'à cette époque elle était encore en vie. Ce document nous
apprend en outre que quelques années auparavant (vers 1140),
elle avait participé à la fondation de l'abbaye de Haute-Seille
avec ses héritiers de Langenstein, d'une part, Bencelin de
Turquestein, avec Conon, son fils, Ancelin de Walteringen (117)
et Bero de Busnes (118) chevaliers, de l'autre. L'évêque Etienne
y déclare que tous ces nobles bienfaiteurs étaient de sa parenté
(119). Nous savons que ce prélat était le frère de la comtesse
Agnès; mais on ne voit pas quels liens de consanguinité
l'unissaient aux autres seigneurs. L. Viellard croit que
Bencelin de Turquestein était le gendre d'Agnès. Mathilde (120),
l'épouse de Bencelin, aurait donc été sa fille, et, par suite,
la nièce de l'évêque Etienne.
La tradition attribue à la comtesse Agnès le creusement dans la
roche, au pied du donjon du château de Pierre-Percée, du grand
puits, cette œuvre vraiment merveilleuse pour l'époque, qui a
justifié le changement du nom primitif de la forteresse. Que ce
travail admirable ait été exécuté sous la direction de la
comtesse ou de son fils Conrad de Langenstein, toujours est-il
que ce dernier a modifié son titre de comte de Langenstein,
qu'il porte encore en 1124, contre celui de comte de
Pierre-Percée (Petra-Perceia) adopté pour la première fois en
1127, dans la charte de fondation du prieuré de Moniet. On peut
donc placer l'aménagement de ce puits dans le premier quart du
XIIe siècle.
Une autre tradition conservée dans la haute vallée de Celles est
ainsi rapportée par H. Lepage, d'après une version qui lui fut
communiquée, vers 1840, par le maire de Raon-lès-Leau:
En 1258, la princesse Agnès, comtesse de Salm, fondatrice de
l'abbaye de Haute-Seille, fut enterrée, au cimetière qui existe
au milieu du village, par Isembaut, ermite de Lamaix. Cette
princesse mourut, par suite des blessures qu'elle reçut dans un
combat avec les gens de l'évêque de Metz, sur un rocher dit la
Pierre-à-Cheval, dans des retranchements dont on voit
aujourd'hui les vestiges. Les troupes ennemies occupaient tous
les environs, et, pour inhumer son corps en terre sainte, on fut
obligé de traverser toutes les forêts pour arriver au village de
Raon-lès-Leau avec une bien faible escorte (121).
1258 doit, évidemment, être lu 1158. Serait-ce là l'année de la
mort de la comtesse Agnès ? C'est fort possible, puisque nous la
trouvons encore en vie l'année 1147. Pour ce qui touche la cause
de sa mort, le combat avec les gens de l'évêque de Metz est
certainement une légende, mais qui se rapporte sans nul doute au
fameux siège de Pierre-Percée par l'évêque Etienne. Les
retranchements du rocher dit la Pierre-à-Cheval, dont on voit
encore les vestiges, doivent être ceux désignés sous la
dénomination château de Damegalle, situés, comme nous l'avons
dit, sur le versant occidental de ce rocher qui domine le col de
la Chapelotte.
D'après cette légende, la comtesse Agnès aurait été inhumée à
Raon-lès-Leau, ce qui n'a rien d'invraisemblable, puisque déjà
son fils Guillaume y avait reçu la sépulture. Nous aurions
cependant cherché la sienne plutôt dans l'une ou l'autre des
abbayes voisines, Haute-Seille ou Saint-Sauveur, dont elle était
la grande bienfaitrice. Y avait-il, à cette époque, à Raon-lès-Leau,
quelque établissement religieux dépendant de Saint-Sauveur ?
L'intervention, dans la circonstance, d'un ermite de Lamaix
marque-t-elle quelque rapport avec cet antique lieu de
pèlerinage ? Je ne puis que poser ces questions, le cadre de mon
travail ne me permettant pas de pousser plus à fond leur étude.
Le souvenir de la comtesse Agnès est ainsi resté attaché à deux
faits importants de l'histoire du château de Pierre-Percée : au
creusement du puits qui, bien que comblé jusqu'à quelques mètres
seulement de son ouverture, fait encore l'admiration des
visiteurs, - et au siège du château par l'évêque Etienne, frère
de la comtesse.
Du mariage d'Agnès de Montbéliard et de Godefroy de Langenstein
nous paraissent issus:
1° Conrad de Langenstein, devenu comte de Pierre-Percée;
2° Guillaume, enterré à Raon-lès-Leau;
3° Mathilde, épouse de Bencelin de Turquestein.
Conrad, comte de Langenstein ou de Pierre-Percée. - Il figure,
comme témoin, dans les actes déjà mentionnés des années 1124
(dédicace de l'église de Senones) et 1127 (fondation du prieuré
de Moniet) (122).
En 1137, il intervient encore dans la charte de donation du
comte Hugues (123), de la comtesse Gertrude, sa femme, et du
jeune Hugues, leur fils encore enfant, de la chapelle de
Laubenheim (124), à l'abbaye de Lure, en Franche-Comté, pour le
repos du comte Albert, père du comte Hugues et de Brunon, son
oncle maternel. Cette donation fut faite en présence de Gebhard,
évêque de Strasbourg, qui l'autorisa par son décret épiscopal,
et de Conrad de Pierre-Percée (125).
Le comte Conrad est ensuite mentionné dans la bulle du pape
Innocent II, du 11 janvier 1135 (126), et dans une charte non
datée de l'évêque Etienne ainsi conçue : « Stephanus Metensium
episcopus... noverit comitissam Agnetem de Languestein cum
filiis suis Henrico et Hermanno, consulibus, Conrardum
nihilominus comitem, cum uxore sua Havyde et filio Hugone... »
(3). Le rédacteur de cet acte fait ainsi la distinction entre
les enfants des deux lits, en appelant consuls les fils du comte
de Salm et comte le fils du comte Godefroy de Langenstein; il
nous apprend en outre que l'épouse de Conrad se nommait Havyde
et qu'ils avaient un fils appelé Hugues. Ce prénom permet de
supposer que Havyde appartenait à la famille d'Eguisheim; elle
était peut-être la fille de Hugues VII et de Gertrude. La
qualité de gendre expliquerait et justifierait l'intervention de
Conrad de Pierre-Percée dans l'acte de donation de la chapelle
de Laubenheim par Hugues VII et Gertrude, son épouse, en 1137.
Toutes nos recherches sur la descendance de Conrad de
Pierre-Percée et de son épouse Havyde sont restées vaines. Nous
ignorons si leur fils Hugues leur a survécu ou s'il est mort
sans postérité, comme la suite semble le laisser supposer. Nous
allons voir, en effet, le château de Pierre-Percée en la
possession du comte Henri II de Salm. Cette seigneurie n'a pu
lui appartenir que par héritage ou à la suite d'un arrangement
de famille qui ne nous serait pas parvenu.
Ce qui est certain, c'est que, dès la première moitié du XIIe
siècle, le château de Langenstein ou Pierre-Percée appartenait à
la maison de Salm à titre d'alleu.
Du mariage du comte Herman II de Salm et d'Agnès, nous
connaissons:
1° Herman III;
2° Henri Ier qui continua la lignée;
3° Thierry, abbé de Saint-Paul de Verdun, mort le 12 février
1156 (127).
Herman III. - Herman III, l'aîné, mourut jeune et sans
postérité. Il figure comme témoin avec son père, dans l'acte de
donation de la terre de Basemont, daté de l'an 1130 (Comitis
Hermani et filii ejus Hermani) (128), et dans les deux chartes
de Lothaire II, déjà mentionnées, l'une datée de Worms le 27
décembre 1128 et l'autre donnée à Liége le 29 mars 1131. Ce sont
les seuls actes connus où il intervient de son vivant. Il est
ensuite rappelé dans l'acte de confirmation des biens de
l'abbaye de Haute-Seille, de l'année 1174, ainsi que dans l'acte
de donation de la forêt d'Everbois, à cette même abbaye, de l'an
1186, où il est encore qualifié de consul (129).
Gravier (130) dit que Hermann II avait épousé Berthe, comtesse
de Blâmont; mais il n'en fournit aucune preuve, et le comte de
Martimprey (131) ne mentionne aucune dame de ce nom. Cet auteur
adopte au contraire l'opinion de Benoît Picart, d'après laquelle
Herman III épousa Mathilde de Parroy, dont il n'eut point
d'enfants (132). Selon toutes probabilités, il succomba en
combattant, aux côtés de son père, dans l'armée alliée du duc de
Lorraine Simon Ier contre l'évêque de Metz et le comte de Bar.
HENRI Ier. - C'est très certainement par suite d'une er eur de
copiste ou d'une confusion de noms que celui de Henri figure,
suivi des titres de comte de Salm et de voué de Senones, dans
l'acte dressé en 1125 par Etienne, évêque de Metz, en faveur de
cette abbaye (133). Henri Ier, fils puîné de Herman II, n'était
alors qu'un enfant, et il ne devint voué de l'abbaye de Senones
qu'après la mort de son père et celle de Herman III, son frère
aîné. Comme ce dernier, il est qualifié de consul (134), dans
les actes postérieurs de 1174 et 1186.
Le premier document où figure le nom du comte Henri a été publié
par Dom Calmet (135) qui, dans son histoire manuscrite de
l'abbaye de Senones, l'a analysé comme suit:
En 1135, l'abbé Antoine porta ses plaintes à Adalbéron,
archevêque de Trèves, qui tenait alors son concile provincial,
en présence du légat du Pape et de ses évêques suffragants.
Antoine se plaignait que Henri fils de Herman, qui avait reçu de
l'abbaye une terre en fief (peut-être Bayon), au lieu de la
protéger, ne cessait de la molester et d'exiger divers services
et contributions des sujets du monastère, les obligeant contre
raison, de plaider en sa présence, sans avoir égard aux
ordonnances des Roys et aux privilèges accordés par les
Souverains Pontifes, Pascal, Calixte et Honoré (136).
L'archevêque de Trèves cita en sa présence et devant le concile
le comte Henri, et l'obligea de demander l'absolution de
l'excommunication qu'il avait encourue; de restituer ce qu'il
avait injustement exigé et de promettre solennellement de cesser
les vexations et de respecter à l'avenir les droits et
privilèges du monastère. Le diplôme est souscrit de Folmar,
doien de l'Église de Trèves, de Bertram, abbé de Saint-Arnoû, de
Lnndolphe, abbé de Saint-Vincent, d'Herbert, abbé de
Saint-Clément, de Richer, abbé de Saint-Martin et de
Saint-Symphorien de Metz, de Simon, duc de Lorraine, de Renaud,
comte de Bar et de ses deux fils Hugues et Renaut... (137).
Ce document, que Dom Calmet qualifie de diplôme, offre de telles
singularités que son authenticité est plus que suspecte. Tout
d'abord, le nom sous lequel y figure l'archevêque Albéron
[Alberto (138) au lieu d'Albero] n'est pas celui qu'il prend
dans tous les actes connus. Ensuite le nom du voué, objet de la
sentence, n'y apparaît que sous la simple désignation de comte
Henri, sans nul indice qu'il s'agît d'un comte de Salm, car le
nom de Herman, que l'on trouve dans l'analyse ci-dessus de Dom
Calmet, n'y figure nulle part. Et cependant, nous sommes en
1135, année où vivait encore le comte Herman II qui, jusque-là,
était le voué de l'abbaye de Senones et, par conséquent,
l'auteur éventuel des abus dont se plaignait l'abbé. Cet Henri
aurait reçu de l'abbaye un fief, séparé de la prébende des
moines. L'invraisemblance d'un pareil fait saute aux yeux, le
haut domaine de l'abbaye appartenant, depuis le VIIIe siècle, à
l'évêque de Metz, qui seul avait qualité pour le constituer en
fief. L'archevêque de Trèves déclare ensuite qu'il cita Henri en
sa présence, en celle du légat du Pape (139) et celle de ses
suffragants. D'autre part, les noms et qualités des témoins ne
donnent nullement l'impression d'un concile provincial, attendu,
tout d'abord, que l'on n'y voit figurer aucun des évêques
suffragants; et cependant, les évêques de Metz et de Toul
étaient on ne peut plus qualifiés pour appuyer de leur autorité
une sentence concernant le voué de l'abbaye de Senones. On y
trouve, en revanche, les noms du doyen et de deux archidiacres
de Trèves, du chantre et prévôt de Saint-Arnould, de cinq
chanoines et de quatre abbés, de Metz. Parmi les témoins
laïques, on a la surprise de trouver en tête : Simon, duc de
Lorraine, puis Hugo, magister (?), Renaud de Bar (140) avec ses
fils Hugues et Renaud, Lambert de Montaigu, Thierry de Florei et
Thierry de Humbercourt. Enfin, comme date, simplement le
millésime, sans spécification ni de l'indict ni des années du
règne ou du pontificat (141).
Or, nous savons quel antagonisme existait entre le duc de
Lorraine Simon Ier et Albéron, archevêque de Trèves, Etienne,
évêque de Metz et le comte Renaud de Bar. L'apposition de la
signature du duc Simon à côté de celle du comte de Bar et de ses
fils au bas d'un acte préjudiciable au comte de Salm, son allié,
est inadmissible. Que dire aussi de cette mention du nom de
Hugo, magister, entre ceux du duc de Lorraine et du comte de Bar
? Nous nous trouvons donc ici en présence d'un document offrant
toutes les apparences d'un acte apocryphe. Dom Calmet, qui ne
semble pas s'être préoccupé outre mesure de l'authenticité des
pièces justificatives mises à profit pour la préparation de son
Histoire de l'abbaye de Senones, restée manuscrite, avait cru
trouver dans cet acte apocryphe, qualifié par lui de diplôme, la
réalité d'un grief plusieurs fois invoqué par le chroniqueur
Richer, selon lequel la maison de Salm aurait reçu de l'abbaye
de Senones, pour droit d'advocatie, une terre appelée Ambaium
(142). Dom Calmet, comme nous l'avons fait ressortir déjà,
croyait y voir le nom de Bayon, où la maison de Salm ne
possédait aucun fief ni aucune terre à quelque titre que ce
soit.
La date de 1135, adoptée par le rédacteur de la pièce analysée
plus haut, ne peut donc être admise pour établir l'année de la
mort du comte Herman II et de la succession au comté de Salm de
son fils puîné Henri Ier. Toutefois, cette date doit se
rapprocher de la réalité, puisque l'année 1135 est la dernière
où Herman II apparaît dans les actes. La difficulté de préciser
davantage est d'autant plus grande qu'aucun autre document de
cette époque ne mentionne le nom de Henri en qualité de comte de
Salm. Tout ce qui est certain, c'est qu'en 1138, la comtesse
Agnès, sa mère, est veuve, comme en témoigne le titre de
donation à l'abbaye de Saint-Sauveur.
La fin tragique du comte Herman II de Salm semble avoir précédé
de peu celle de Conrad II, comte de Luxembourg, mort en 1136
sans laisser de postérité (143). Si, comme je l'ai fait
remarquer plus haut, Herman II avait encore vécu, la question de
sa succession au gouvernement du comté de Luxembourg se fût
certainement posée, en sa qualité de représentant direct de la
branche cadette (144). Son fils puîné Henri, plus éloigné d'un
degré de cette parenté, était sans doute d'ailleurs trop jeune
pour revendiquer un titre, d'autant plus difficile à recueillir
qu'une lutte entre l'archevêque de Trèves et le comte de
Luxembourg, au sujet de l'abbaye de Saint-Maximin, était loin
d'être terminée. C'est donc Henri, dit l'Aveugle, comte de
Namur, qui fut appelé à succéder à Conrad II. II était fils d'Ermenson
de Luxembourg, fille de Conrad Ier, qui avait été mariée en
premières noces à Albert, comte de Dagsbourg et de Moha (145),
et en secondes noces, à Godefroy, comte de Namur. Henri de Namur
se fit reconnaître comte aux grandes acclamations des
Luxembourgeois qui, par la réunion de deux riches et puissants
comtés sur une même tête, espéraient être en meilleur état de
résister à leurs ennemis (146).
C'est à l'occasion d'une guerre contre la ville de Metz que nous
trouvons mentionné pour la première fois Henri Ier comte de
Salm. Voici comment cet événement est rapporté par Meurisse
(147):
Tous nos historiens remarquent que les habitants de la ville de
Metz et les nobles du pays messin eurent de grandes guerres les
uns contre les autres à raison, disentils, que durant le schisme
et pendant la persécution qu'on faisait aux évêques ceux de la
ville s'étaient emparés de l'autorité et voulaient assujettir
les gentilshommes du pays à leurs ordonnances; les gentilshommes
de leur côté ne pouvaient point souffrir cette nouvelle
domination.
L'évêque Etienne, qui était seigneur de la ville et du pays,
lassé de la guerre et ne voulant plus tremper ses mains dans le
sang, se transporta à Clairvaux pour prier saint Bernard de
venir composer les différends. Mais les gentilshommes ayant eu
l'avantage sur ceux de Metz, en une bataille qui s'était donnée
entre Bouxières et la Moselle, où plus de 2.000 hommes étaient
demeurés sur place, sans ceux qui avaient été emportés par les
flots de la rivière, ils ne voulaient point entendre aux
propositions que leur faisait saint Bernard d'un accommodement.
D'après l'auteur de la vie de saint Bernard (148), Henri, comte
de Salm, aurait été le plus obstiné à continuer la lutte, et il
n'aurait pas fallu moins d'un miracle du saint qui, en sa
présence, rendit l'ouïe à un sourd, pour l'amener à se
réconcilier avec ses ennemis. Mais enfin, dit Meurisse:
Ils y donnèrent les mains et la paix fut conclue à Froimont,
auprès de Bouxières (149).
Nous rencontrons ensuite le comte Henri Ier se chargeant
lui-même du rôle honorable de médiateur entre les troupes du
comte de Bar, qui s'étaient emparées du château de Bouillon, et
celles de Henri, comte de Luxembourg et de Namur, placé à la
tête de l'armée d'Albéron, évêque de Liége, qui faisait le siège
de ce château. Voici ce qu'en rapporte l'auteur du Triomphe de
Saint-Lambert:
Le siège durait toujours et on y souffrait beaucoup. Le jour
auquel on avait demandé une trêve, Henri, comte de Salm, neveu
du comte de Bar, vint au camp et demanda à l'évêque la
permission d'entrer dans le château. On le lui permit et il y
trouva une désolation extrême. Il y régnait des divisions
cruelles entre les assiégés, qui s'entretuaient comme des bêtes
carnassières; ils manquaient de provisions et malgré cela ils
n'osaient capituler, de peur d'encourir la disgrâce de leur
maître.
Le comte de Salm, à la vue de ces calamités, condamna fort leur
obstination et les exhorta à se rendre. Ils y donnèrent les
mains, mais à condition que, s'ils ne recevaient point de
secours avant un certain terme qu'ils fixèrent, on leur
permettrait de sortir avec leurs armes et leurs bagages. Le
comte médiateur rapporta cette nouvelle à l'évêque et courut à
Bar, afin d'obtenir le consentement de son oncle. Le comte
Renaud consentit à la reddition de la place, qui fut signée le
22 septembre 1141 (150).
Le 1er novembre 1145, Henri, comte de Salm, signe, comme témoin,
un privilège d'Albéron, archevêque de Trèves, qui confirme à
l'abbaye de Senones ce qu'elle possédait à Réméréville (151).
Le comte Henri Ier est présent à la confirmation de l'abbaye de
l'Étanche en Lorraine (152), faite, le 10 août 1149, par Henri,
évêque de Toul. Ce prélat y fait le dénombrement des biens
qu'Adelaïde, sa belle-sœur, duchesse de Lorraine, léguait à ce
monastère et de ceux que le duc Mathieu, premier fondateur, lui
avait déjà cédés. Les seigneurs présents à cette confirmation y
figurent dans l'ordre suivant: Etienne, évêque de Metz; Thierry,
princier; Henri, comte de Salm; Hugues, comte de Vaudémont;
Renaud, comte de Bar; Albert, comte de Chiny; Folmare, comte de
Soloen (?); Aubert d'Apremont et plusieurs autres, tant
ecclésiastiques que laïques (153).
Le premier rang parmi les témoins laïques où figurent, après
lui, les comtes de Vaudémont, de Bar, de Chiny, ne pouvait être
attribué au comte Henri Ier par le prélat auteur de la charte
(154) qu'en raison d'une situation prépondérante dans
l'organisation féodale de l'époque.
Parmi les seigneurs du XIIe siècle, dit l'auteur de l'Histoire
du Luxembourg (155), il semble que Henri Ier, comte de Salm,
tenait un des premiers rangs. Outre ce que nous en avons déjà
rapporté au sujet des dissensions qu'il eut avec les bourgeois
de Metz, il nous reste une lettre que Wibalde, abbé de Stavelot
(156) lui écrivit, avec la réponse que Henri y fit. Ces deux
pièces nous instruisent des hostilités qui se commettaient entre
les vassaux des deux seigneurs. Elles sont datées de l'année
1153 et voici le texte de celle de Wibalde:
« Au noble et illustre comte de Salm Henri, frère Wibalde, par
la grâce de Dieu, abbé. Étant arrivés à Stavelot, par ordre du
roi et des seigneurs cardinaux, nous y avons trouvé notre abbaye
troublée et vexée par les fréquentes rapines et les butins que
vos officiers et autres sujets ont faits sur nos Terres. Il
serait trop long de raconter les maux qu'ils y ont causés...
Nous espérons de votre justice que vous condamnerez ces voies de
fait, qui sont si contraires à la bonne police. Il est vrai
qu'elles ont été occasionnées par notre mayeur de Lernau, lequel
a fait crever les yeux à un de vos sujets, parce qu'il avait
enlevé la femme d'un des nôtres; mais il avait permission des
vôtres de poursuivre l'inique ravisseur et de le punir selon la
grandeur de son crime, s'il le pouvait faire prisonnier. Nous
vous avons supplié plus d'une fois de vouloir arrêter ces
brigandages. Bien loin d'avoir été exaucés, les vôtres ont
encore employé la violence contre notre mayeur, au jour de ses
noces, lui ayant enlevé le pain nuptial avec six bœufs qui le
conduisaient. Comment pouvons-nous croire que tout cela se soit
fait sans votre participation, et vos sujets auraient-ils osé
s'emporter à de pareils excès sans votre commandement ? Si nous
ne pouvons pas réprimer les vagabonds qui parcourent notre pays,
nous nous flattons que pour l'affection sincère que nous portons
à votre personne, préférablement à tous les Prin.ces de nos
contrées, vous cesserez de nous tenir dans l'oppression, et nous
avons cru qu'en souvenir de notre ancienne amitié, nous pouvions
vous représenter dans nos lettres la grandeur de nos griefs,
vous conjurant, par l'amour de Dieu et en l'honneur des
bienheureux apôtres Pierre et Paul, et de saint Remacle notre
fondateur, de nous indemniser des pertes que nous avons faites.
Que si l'on venait à ne point les réparer, nous serions obligés
de nous adresser à Dieu, au Roi, et à tous les Princes de
l'Empire, et aux fidèles de l'Église de Stavelot, pour obtenir
la justice qui nous est due (157). »
Le comte de Salm répondit en ces termes:
La nouvelle de votre retour m'a rempli d'une vraie joie, tant
par l'espérance que j'en ai conçue de me servir de la sagesse de
vos conseils, que pour rétablir une solide paix entre vos
vassaux et les miens. Car, quoique les vôtres et vos ennemis
aient mis tout en œuvre pour rompre le lien d'amitié qui est
entre vous et moi, cependant ils n'ont pu en venir à bout, et
par la grâce de Dieu il subsiste en son entier. Il serait trop
ennuyeux de faire le récit des brigandages qui ont été commis de
part et d'autre. J'abandonne à votre discrétion, tant par le
respect que j'ai pour votre caractère que par un désir sincère
de conserver votre amitié, la pleine et entière décision des
plaintes mutuelles. Car vous savez que mon château de Salm, et
tout ce que j'y possède, soit en paix, soit en guerre, sont
prêts à vous obéir comme à moi, pourvu que vous vouliez
conserver votre honneur et le mien, et m'aimer en les
conservant. Je suis persuadé que les plaintes que vous nous
faites sont un effet de votre affection et je vous aurais porté
les miennes le premier, si j'avais su votre arrivée. J'irai vous
voir au premier jour, et nous parlerons ensemble des moyens
nécessaires pour conserver la concorde convenable, étant disposé
d'ailleurs à vous obéir en tout (158).
« On voit ici, dit Bertholet, une réponse d'un seigneur
judicieux, sage, modéré, mais ferme et résolu à soutenir ses
droits et ceux de ses sujets. On ne sait pas, faute de mémoires,
quelles suites eurent ces démêlés; mais on doit présumer qu'ils
furent assoupis et terminés à l'amiable (159). »
Des difficultés s'élevèrent, à la même époque, entre l'abbaye de
Saint-Mihiel et le comte Henri Ier; elles démontrent que ce
dernier, tout en s'intéressant aux affaires de son comté de
Salm-en-Ardenne, ne s'occupait pas moins activement de ses
possessions messines et lorraines. La lettre, dont nous donnons
ci-après la traduction, que le pape Eugène III écrivit à ce
sujet au comte de Salm, nous fait connaître les causes du
conflit. Elle est datée de Signia, 24 mai 1152:
Eugène, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à notre cher
fils, noble homme Henri, comte de Salm, salut et bénédiction
apostolique. Nous avions espéré d'apprendre des nouvelles qui
nous persuadassent la sollicitude avec laquelle vous travaillez
au salut de votre âme et qui nous disposassent à vous aimer plus
intimement et à vous secourir, si l'occasion s'en présentait.
Main l'abbé de Saint-Michel a porté à notre Tribunal des
plaintes contre vous, en ce que vous avez envahi avec vos hommes
la celle d'Insming (160) que lui, aussi bien que ses
prédécesseurs, ont possédée longtemps sans aucuns troubles; il
nous a dit encore que non content de la lui avoir enlevée par
une damnable témérité, vous en avez chassé les moines et
introduit à leur place un prêtre qui vous est tout dévoué. Cette
usurpation, si elle est véritable, nous afflige d'autant plus
que nous n'appréhendions rien de semblable de votre part... Nous
vous enjoignons donc par le présent rescrit, de lui restituer la
même celle, avec tout ce que vous en avez emporté; que si vous
vous croyez fondé en droit contre lui, on vous rendra ensuite
justice. Au surplus, nous voulons que vous sachiez que nous
avons donné ordre à notre vénérable frère, l'évêque de Metz, de
vous excommunier, si vous ne faites pas d'abord la restitution
prescrite (161).
En effet, sous la même date du 24 mai 1152, Eugène III envoya un
bref à Etienne, évêque de Metz et oncle du comte Henri Ier de
Salm, par lequel il lui ordonnait de jeter l'interdit sur la
celle envahie et de frapper le ravisseur des anathèmes de
l'Eglise, s'il ne se disposait incessamment à obéir (162).
L'évêque Etienne, nommé en même temps commissaire, par le pape,
pour examiner la difficulté survenue, s'acquitta sans retard de
sa mission. Par une charte du 9 octobre 1152, il confirma les
droits de l'abbaye de Saint-Mihiel sur le prieuré d'Insming
(apud Asmingiam) et notamment les concessions faites par le
comte Henri de Salm (163). Il ressort de cette charte que
celui-ci contestait à l'abbaye de Saint-Mihiel le don de
l'église d'Insming que lui avait fait, en 1102, son grand-père
Thierry Ier, comte de Montbéliard-Mousson-Bar.
Une grande incertitude règne au sujet du nom de l'épouse du
comte Henri Ier. Bertholet, confondant Henri Ier avec Herman II,
lui attribue pour épouse « Agnès de Langestein, héritière de
Blâmont » (164). Benoît Picart dit qu'il épousa « Juditte de
Xures » (165). D'après Fahne, la femme de Henri Ier serait «
Havide, héritière de Blâmont » (166). Enfin, dans la liste
généalogique de Fr. de Rosières, Henri Ier figure, sous le n°
37, avec l'indication suivante : Henricum 7 principem liberaiem,
Salmensem et Blancimontis comitem. Iniit magistratum 1146. Obiit
1170, principatus 30. Ex Maria, quae patrem habuerat Henricum à
Lutzelburgo suscitavit (167).
La liste de Fr. de Rosières, en ce qui concerne du moins la
première partie, avec les noms et les années de règne des
trente-six premiers comtes de Salm, ne mérite aucune confiance;
mais il faut reconnaître qu'à partir de la fin du XIIe siècle,
les données généalogiques de cet auteur sont généralement
exactes. Aussi, sous la réserve de considérer comme une mauvaise
lecture du nom de Havide (168) ou Hawis, le prénom Marie dont je
ne connais pas d'exemple avant le XIIIe et même le XIVe siècle,
l'opinion de Rosières, suivant laquelle l'épouse du comte Henri
Ier serait la fille de Henri de Lutzelbourg, doit être prise en
sérieuse considération. Un tel mariage est d'autant plus
admissible que la maison de Lutzelbourg formait un rameau de la
puissante dynastie de Montbéliard-Mousson-Bar, à laquelle se
rattachait Henri Ier de Salm par sa mère Agnès. Henri de
Lutzelbourg était fils de Pierre, comte de Lutzelbourg, fils
lui-même de Frédéric comte de Ferrette, frère de Thierry Ier de
Montbéliard (169).
Agnès de Langenstein étant l'une des filles de Thierry Ier,
Henri de Lutzelbourg et Henri Ier de Salm étaient cousins issus
de germains. Le château de Lutzelbourg, qui faisait partie de la
marche de Marmoutier, sous la suzeraineté de l'évêque de Metz,
aurait été bâti par le comte Pierre, qui eut pour successeur son
autre fils Réginald, fondateur de l'abbaye de Neuviller, en
1128, et mort en 1143. Son frère Henri fut vogt ou voué de
Strasbourg. A la mort, sans postérité, du comte Réginald, le 1er
janvier 1150, l'évêque Etienne de Metz hérita de Lutzelbourg
dont il reconstruisit le château et le donna à son église (170).
Rappelons que ce prélat était le cousin de Réginald.
La fille de Henri de Lutzelbourg aura apporté en mariage la
partie des domaines du Blâmontois qui, avec ceux appartenant
déjà à la comtesse Agnès, mère du comte Henri de Salm, formèrent
la seigneurie de Blâmont. C'est pour ce motif que la plupart des
auteurs désignent l'épouse de Henri Ier comme l'héritière de
Blâmont (171).
Henri Ier mourut vers 1170 (172). Il laissa deux fils:
1° Henri II, tige des comtes de Salm-en-Vosge;
2° Ferry, tige des comtes de Salm-en-Ardenne (173).
II figure comme témoin dans deux chartes, des années 1171 et
1172, constatant des donations faites à l'abbaye de Prum (174).
Une autre donation, datée du 23 juillet 1207, mentionne comme
témoins deux de ses fils : Fredericus et Gerardus clerici, filii
comitis de Salmene. Enfin, dans une charte de l'archevêque Jean,
de Trèves, de l'année 1210, figurent, comme premiers témoins, le
fils et le petit-fils, du comte Ferry : Wilhelmo comite de
Salmena et Henrico filio ejus (175).
(A suivre)
(1) Avant lui, nous
trouvons mentionné Arnulphe de Salm, qui figure comme témoin
dans les actes ci-après:
10 novembre 1036. - Donation faite au couvent de Saint-Euchaire,
par le prévôt Adalbéron de Saint-Paulin, près de Trèves,
seigneur de Roussy, Sierck, Sarrebourg et Berncastel; donation
qui eut lieu dans la cathédrale de Trèves, en présence de
l'archevêque Poppon et de Thierry II, évêque de Metz, du duc
Godefroy, des comtes Gérard, Arnolf, Barthofl, Frédéric...,
ainsi que des deux Arnolf de Salmena et Nagalbach.
1052. - Accord entre Eberhard, archevêque de Trèves, et le comte
Waleran d'Arlon. Premier témoin laïc : Arnolf, v. Salmena.
1052. - Donation d'Eberhard, de Trèves, à Saint-Siméon. Témoin :
Arnolf v. Salmena.
1052. - Autre donation du même. Témoin, comte Arnolf. Goerz,
Mittelrheinische Reg. Coblence, 1876, p. 358-385.
(2) Berthold de Constance. Ad an. 1086 et 1088.
(3) Sigebert de Gembl. - Chron. Ad an. 1046.
(4) CHATELAIN, Le Comté de Metz et la vouer le épiscopale du
huitième au treizième siècle. Jahrbuch de la Soc. de Metz, 1901,
p. 248. Sigebert. Chron. an. 1082. M. G. H, ss. VI, 364.
(5) « Iste Hermannus natus fuit de Lotharingie, vir sapientia,
modestia, genere fortitudineque insignis. » Annal. s. Disibodi,
an. 1082. SS. XVII, 8.
(6) G. MEYER v. KNONAU, Jahrbücher des deutschen Reiches unter
Heinrich IV und Heinrich V, 1900, III, p. 417-418, 426, 580.
(7) Jahrbücher des deutschen Reiches unter Heinrich IV, t. III,
1900, p. 464, 467 et 470.
(8) Jahrbücher, etc., t. IV, 1903, p. 15-20.
(9) Ibid., t. IV, p. 22.
(10) Jahrbücher, etc., p. 130-131, et 221.
(11) Liber de unitate ecclesiae conservanda, lib. II, ch. 15 et
16. Cf. Jahrbücher des deutsch. Reich. 1903, IV, p. 228.
(12) Vita Heinrici IV, imperatoris. Cf. ibid., p. 228.
(13) Vita Henrici imperatoris, ch. 4 (SS. XII, 274). Annal, s.
Jacobi Leodiens. (SS. XVI, 639, 725). - Annal. August. (SS. III,
133). En ce qui concerne le lieu sur la Moselle, les Annal.
Palidens. désignent : castrum suum COCHEHE repperit apertum ;
les Gesta archiep. Magdeburg. : statima suis hominibus in
obsidione castri sui LINTBERG interficitur (SS. XVI, 71; XIV,
404). Cf. Jahrbücher, etc., 1903, t. IV, p. 226-228.
(14) C'est le mariage de Conrad Ier avec Clémence, de la Maison
de Gleiberg, particulièrement attachée à la fortune de
l'empereur Henri IV, qui explique la position prise par le comte
de Luxembourg, devenu l'adversaire de son frère, le roi Herman.
(15) Meyer v. Knonau, Jahrbücher des deutschen Reiches unter
Heinrich IV, 1903, t. IV, p. 229. La puissance territoriale des
comtes de Gleiberg s'étendait sur les deux rives du Rhin.
(16) BERTHOLD CONST., ad an. 1088 : « Hermannus, Rex Catholicus,
ab iis in Lotharingiam secessit, ibique non multo post, viam
universse terrae arripuit, anno Dominica incarnationis 1088,
regni vero ejus septimo; indict. XII, et in patria sua Mettis
honorifice sepelitur. Cf. BÉNÉD., Hist. de Metz, II, p. 191;
NEYEN, II, p. 104; Jahrbücher des deutsch. Reich. 1903, t. IV,
p. 227.
(17) NEYEN, Biogr. luxemb., II, p. 103.
(18) KREMER, Gesch. des ardennischen Geschlechts, p. 77.
(19) Jahrbücher, etc., IV, p. 17.
(20) WITTE, Genealogische Untersuchungen. Stammtafel II: Haus
Luxemburg-Gleiberg. - Ann. des histor. Vereins für den
Niederrhein, XV, 1864, p. 35-39.
(21) Monastère sur la montagne de Gotweih (Cotewich dicitur)
dans la marche orientale de Bavière, évêché de Passau. Voici le
passage en question de la chronique : domina Sophya Herimanni
regis relicta tradidit ad altare sancte Marie predium quoddam
Meginoldi dictum... avec, Otto filius ejusdem regine. comme
premier témoin. (Fontes rer. Austriacarum, 2e partie, VIII, 26.
Cf. Jahrb., IV, 17, n. 32.)
(22) L'abbaye de Formbach est située en Bavière, au sud de
Passau, sur l'Inn ; elle fut fondée par la famille de Formbach,
à laquelle appartenait Hedwig de Formbach, mère de l'empereur
Lothaire II et du duc Simon de Lorraine. Dans l'abbaye de
Formbach fut inhumé, au milieu de ses ancêtres, Fréderic de
Formbach, mort en 1059 et père d'Hedwig. W. BERNHARDI, Lothar
von Supplinburg, 1879, p. 597.
(23) Sigefroy de Ballenstedt, mort en 1113, était le fils
d'Adalbert de Ballenstedt dont la veuve, Adelaïde, se maria,
comme nous l'avons vu, p. 70 (t. XV) et 21, en secondes noces au
comte palatin Herman et en troisièmes noces à Henri de Laach. Ce
dernier, étant mort le 12 avril 1095, eut pour successeurs ses
deux beaux-fils : Otton et Sigefroy. En 1099 Sigefroy était
désigné, comme le deuxième successeur de Henri, dans la dignité
de comte palatin. Les deux fils de Sigefroy de Ballenstedt et de
Gertrude étant morts sans postérité : Sigefroy II en 1124 et
Guillaume en 1140, c'est le second mari de Gertrude Otton qui
devint comte palatin et rentra ainsi en possession de l'héritage
de son grand-oncle Herman, comte palatin, dont Herman Ier, père
d'Otton, avait été frustré par son compétiteur Henri IV.
(24) W. BERNHARDI, Lothar von Supplinburg, Leipzig, 1879, p.
814-816.
(25) H. LEPAGE, Les Communes, art. Salival. D. CALMET, Not. de
Lorr.
(26) J. G. Docteur, Le château de Pierre-Percée, Raon-l'Étape,
1840.
(27) Hic nota quod episcopus (Metensis) Stephanus supra
nominatus très habuit fratres comitis, Theodericum de
Montebeliardi; Fredericum de Ferretes, patrem comitis Ludovici,
et Rainaldum strabum, comitem de Barro Ducis... Quatuor isti
fratres surfirent habuerunt, quae comiti Herimanno de Salmis
peperit Henricum de Salmis et fratrem ejus Theodericum abbatem
S. Pauli Virdunensis. ALBERIC, Chron. Cf. Léon VIELLARD,
Documents et Mémoires pour servir à l'hist. de Belfort, p. 278.
Besançon, 1884.
(28) SCHOEPFLIN, Als. dipl.
(29) GRANDIDIER, Hist. d'Alsace.
(30) D. CALMET, Hist. de Lorraine.
(31) Du CHESNE, Hist. de la maison de Bar.
(32) Ch. DUVERNOY, Éphémérides du comté de Montbéliard.
(33) L. VIELLARD, Documents, etc.
(34) TUEFFERD, Hist. des comtes souverains de Montbéliard, 1877.
(35) Thierry Ier est appelé, dans des chartes de 1076 et 1096 «
noble comte de Montbéliard; très illustre seigneur; éminent
comte; riche et puissant comte qui par sa position et ses
ressources, pouvait beaucoup nuire ou rendre service ». Cf.
TUEFFERD, ibid., p. 14.
(36) Abbé CHATTON, Hist. de l'abbaye de Saint-Sauveur et de
Domèvre. Mém. S. A. L. 1897 et 1898. - Voici le texte du
préambule dont ma traduction ci-dessus diffère de celle de M.
l'abbé Chatton, qui a traduit : ab antecessoribus principibus
Salmeis par « les princes de Salm ses ancêtres » (d'Agnès). Mém.
S. A. L. 1897, p. 39 : Ego Agnès comitissa pro remédio anima
meae et antecessorum meorum fratribus et ecclesiae Sanctae
Mariae apud Sanctum Salvatorem, confirma presenti scripto ea
quae ab antecessoribus principibus Salmeis et dominis hujus meae
terrae donata sunt eis nec non nonam... Ibid., 1898; Appendice,
p. XII.
(37) Mém. S. A. L., 1890, p. 84.
(38) Castello ou Castres, paraît être Bliescastel, sur la
Bliese, entre Deux-Ponts et Sarrebrück.
(39) Mém. S. A. L., 1897, p. 41.
(40) Journ. S. A. L., 1888.
(41) GOERZ, Mtrh. Reg.. I, p. 508.
(42) D. CALMET, IV, pr. col. 439.
(43) La Véritable orig., etc., p. 4. Bien qu'il existât une
famille comtale de Homberg, il s'agit sans doute ici de
Hombourg, plus tard Hombourg-l'Évêque, canton de Saint-Avold
(Moselle), parfois appelé Homberch.
(44) Abbé CHATELAIN, Le Comté de Metz et la Vouerie épiscopale
du huitième au treizième siècle (Jahrbuch, 1901, p. 306).
(45) D. CALMET, II, col. XXV, 2e éd. - Cette filiation est
établie, d'une manière authentique, par la donation de
Consengis, que les deux frères Folmar V et Godefroy font, à
l'abbaye de Saint-Remy, pour le repos de l'âme de leur père. D.
CALMET, I, col. 412. - Cf. Abbé CHATELAIN dans Jahrbuch, 1901,
p. 302.
(46) TUEFFERD, Hist. des comtes de Montbéliard, p. 14. BÉNÉD.,
Hist. de Metz, II, p. 230.
(47) D. CALMET, I, col. CCIX. - VII, col. CLXXX. - MARTENE, II,
p. 80. Notice de Lorr., art. Salm.
(48) Supra.
(49) SIGEBERT DE GEMBL., Chron. ad an. 1081 : In Gallia
Hermannus miles Herimanni,... - Gobert, fils de Cunégonde,
qualifié voué de Senones en 1103, n'est sans doute qu'un
sous-voué ou voué pour des biens de l'abbaye de Senones en
dehors de la juridiction du temporel de l'évêché de Metz. Hist.
ms. de Senones, éd. Dinago, p. 66.
(50) La Bibliothèque nationale possède quatre testaments de
Fulrad. - MABILLON et FÉLIBIEN, Hist. de l'abb. de Saint-Denis.-
GRANDIDIER, Hist. de l'égl. de Strasbourg, t. II, pr., p. CXXII
et suiv. - Neues Archiv der Gesellsch. für die aeltere
Geschichtskunde, vol. 32, p. 169 et suiv. - L. MAUJEAN, Hist. de
Destry et du pays Saulnois, Metz, 1913, p. 9-17. - Fulrad, abbé
de Saint-Denis, mourut le 16 juillet 784.
(51) E. HUBER et E. PAULUS, Coup d'œil hist. sur les orig. de
Sarreguemines jusqu'au XIIIe siècle. Jahrbuch, 1903, p. 263-277.
Le Saulnois était limité au nord par le pagus Metensis et le
pag. Nitensis; au nord-est par le Blesencis superior. Au sud et
à l'ouest, la limite qui le séparait du Calmotensis et du
Scarponensis suivait, à quelque distance de la rive, la Seille
jusqu'au pag. Metensis, lequel commençait aux environs de
Sillegny. Cf. L. MAUJEAN, Hist. de Destry et du pays saulnois,
p. 94. Metz, 1913.
(52) E. HUBER et E. PAULUS, p. 263. Le château de Moersperg, dit
aussi Morimont, s'élève sur le sommet d'une montagne entre
Ferrette et Porrentruy (Suisse). C'est un des premiers domaines
du comté de Ferrette. (SCHOEPFLIN-RAVENEZ, L'Alsace ill., t. IV,
p. 80.)
(53) Le château de Marimont était entouré d'une double enceinte;
démoli, il n'en reste que quelques vestiges. H. LEPAGE, Le
Département de la Meurthe, Statistique, art. Marimont.
(54) Morhange, à 15 km. N.-N.-E. de Château-Salins, avait deux
châteaux anciennement entourés de fossés.
(55) Viviers, à 10 km. N.-N.-O. de Château-Salins et 4 km. à
l'E. de Delme; il y avait là un château fortifié de bonnes
murailles et environné de fossés remplis d'eau. Le corps de la
place avait sept bastions et les cours en avaient six. D.
CALMET, Notice de Lorraine.
(56) Salival, abbaye de Prémontrés, à 3 km. S.-E. de
Château-Salins. RUYR, Recherches des sainctes antiquitez de la
Vosge, p. 248. Épinal, 1634.
(57) RICHER, 1. V, ch. 11. M. G. H., t. XXV, p. 337.
(58) H. GOFFINET, Les Comtes de Chiny, p. 527, 544, 545, 546. E.
TANDEL, Les Com. lux. VI, p. 421.
(59) Journal S. A. L., 1896, p. 259-261.
(60) D. CALMET, IV, pr., col. CLXXV.
(61) D. CALMET, IV, col. 527. - Hist. de l'abb. de Senones, éd.
Dinago, p. 69.
(62) Bénédictins, Hist. de Metz, II, p. 220. Adalbéron IV
n'était nullement, comme le croyait MEURISSE (Hist. des évêques
de Metz, p. 388), de la maison de Luxembourg. Il y avait alors
Adalbéron, fils de Conrad, comte de Luxembourg, qui était
princier de l'Église de Metz; mais il mourut au siège d'Antioche
en 1098. Cf. BERTHOLET, III, p. V.
(63) BERTHOLET, III, p. 396 et p. justif., p. XLIX-L.
(64) L. VIELLARD, Docum., etc., p. 182.
(65) Bénédictins, Hist. de Metz, II, p. 231.
(66) MEURISSE, Hist. des év. de Metz, p. 393. Metz, 1634.
(67) On peut donc admettre pour exacte l'indication de
l'Annuaire pontifical catholique de Mgr A. BATTANDIER, qui fixe
la création comme cardinal à l'année 1119. Mais on ne peut
considérer de même la partie de la notice consacrée à Etienne de
Montbéliard, suivant laquelle il se serait fait moine à Cluny et
y aurait vécu saintement quarante-trois ans. La suite de cette
étude montrera, d'accord avec tous les historiens de Metz, que
l'évêque-cardinal Etienne a gouverné le temporel de l'évêché de
Metz sans interruption quarante-trois ans, étant mort le 29
décembre 1163. - On peut consulter sur l'évêque Etienne,
RUPERTI, Bischof Stephan von Metz dans le Jahrbuch de la Soc, de
Metz, année 1910, p. 1-96 ;et le compte rendu dans la
Bibliographie lorraine, 1911-1912, p. 36-37.
(68) D. CALMET, I, col. 439, col. CCLXXV. - Hist. de l'abb. de
Senones, éd. Dinago, p. 76.
(69) C'est bien certainement par suite d'une confusion,
fréquente à cette époque, entre Herimanus et Henricus, que Dom
Calmet écrit Henri au lieu de Herman. Il ne saurait en effet
être question, en 1125, de Henri Ier comme voué de Senones,
d'abord parce que ce titre appartient à Herman jusqu'à sa mort
vers 1135 et ensuite parce que Henri, fils puîné, devait être
alors à peine adolescent.
(70) D. CALMET, IV, col. C.CLXXVII. - Hist. de l'abb. de
Senones, éd. Dinago, p. 85-86.
(71) Vacqueville, village à 8 km. N.-E. de Baccarat. -
Nossoncourt, à 8 km. au S.-O. de Baccarat et à égale distance de
Rambervillers.
(72) D. CALMET, IV, col. CCLXXXV. - Hist. de l'abb. de Senones,
éd. Dinago, p. 82.
(73) D. CALMET, IV, col. CCXC. Hist. de l'abb. de Senones, éd.
Dinago, p. 83-84. Basemont, auj. Bauzemont, sur la rive droite
du Sanon, à 11 km. au N. de Lunéville.
(74) L'élection avait été assez irrégulière et longtemps le roi
d'Allemagne., Lothaire de Supplinbourg, hésita à le reconnaître.
Il finit pourtant par y consentir dans une assemblée tenue à
Aix-la-Chapelle, en avril 1132; il donna à l'élu l'investiture
par le sceptre. BALDÉRIC, Gesta Alberonis, Pertz, SS., t. VIII,
p. 251. Cf. Chr. PFISTER, Hist. de Nancy, I, p. 115.
(75) Le roi Lothaire (1127-1137) était fils de Gebhard de
Supplinbourg et de Hedwige de Formbach (Bavière, près de
Passau). A la mort de son mari, Hedwige épousa le duc de
Lorraine Thierri Ier, et de ce mariage naquit le duc Simon Ier.
Celui-ci n'était donc pas le beau-frère, mais le demi-frère de
Lothaire II. Cf. Chr. PPISTER, Hist. de Nancy, I, p. 115.
(76) Elle s'appelait non pas Gertrude, mais Adelaïde ou Adeleis,
fille de Gebhard de Supplinbourg et d'une femme autre que
Hedwige de Formbach. par conséquent, demi-sœur de Lothaire II.
Ém. DUVERNOY, Catalogue des Actes des Ducs de Lorr., 1915, p.
62.
(77) BERTHOLET, Hist. du Duché de Luxemb., IV, p. 41.
(78) BALDÉRIC, Gesta Alberonis, ch. XIII, Monum. 88., t. VIII,
p. 251. Cf. Ém. DUVERNOY, Ibid., p. 45.
(79) Orig. Bibl. Nancy, coll. de chartes, n° 5, parch. de 309
mm. de haut sur 383 mm. de large, avec sceau plaqué en cire
vierge. Ed. RIGUET, Docum. Hist. lorr., t. I, p. 12. Ém.
DUVERNOY, Ibid., p. 46.
(80) D. CALMET, Hist. de Lorr., II, pr., col. 298. Ém. DUVERNOY,
Ibid., p. 47.
(81) Jean d'Aucy, cordelier de Nancy, confesseur des ducs
François Ier et Charles III. Sur ce personnage, voir D. CALMET,
Bibl. lorr., col. 63; A. COLLIGNON, Une Source de Jean d'Aucy,
A. D. E., 1894, p. 582. Il existe à la Bibl. de Nancy, sous les
n° 727 (81) et 728 (30), des copies des XVIIe et XVIIIe siècles
de son Hist. des Ducs de Lorr., restée manuscrite, bien que D.
Calmet prétende que l'ouvrage a été imprimé en 1566. Cf. Chr.
PFISTER, Hist. de Nancy, I, p. 116.
(82) M. Chr. PFISTER fait remarquer en note (5) que ceci est
entièrement faux. Albéron, élu archevêque de Trèves en 1131, ne
semblant jamais avoir eu une pareille ambition. H n'en est
peut-être pas de même du comte de Louvain.
(83) Le comte de Louvain est Godefroy VII, duc évincé de
Basse-Lorraine.
(84) Henri VIII le Superbe, duc de Bavière, était gendre du roi
Lothaire II.
(85) Le comte palatin était Guillaume de Ballenstedt; il s'était
opposé à l'élection d'Albéron.
(86) Mackeren, canton de Saint-Avold.
(87) Serait-ce Keskastel, Caesaris castellum, en Basse-Alsace ?
Question posée par M. Pfister.
(88) Ceci est une erreur. Il avait le titre de Lothaire III, et
était le second (II) empereur de ce nom.
(89) Contredit, c'est-à-dire pénétra en ennemi. La phrase
exigerait contredirent.
(90) Manuscrits nos 727 (81) et 728 (30) de la Bibl. de Nancy.
Chr. PFISTER, Hist. de Nancy, I, p. 119. A côté de l'Epitome de
J. d'Aucy, dont l'origine et l'authenticité sont reconnues,
certains auteurs, à partir de la fin du XVIIIe siècle, ont
utilisé des chroniques, ou plutôt des fragments de chroniques,
dont la provenance est restée mystérieuse et qui sont ainsi
désignées : 1° Les Mémoires d'Errard, valet de chambre du duc
Thiébaut, écrits vers 1213; 2° Les Mémoires de Louis
d'Haraucourt, évêque de Verdun, 1456; 3° Les Coupures de
Bournon, président des assises de Saint-Mihiel, 1591; 4° Les
Mémoires de Florentin le Thierrat, avocat du bailliage des
Vosges, à Mirecourt, 1640. Or, ces mémoires sont apocryphes et
ont été fabriqués, tous quatre, par le même faussaire, vers la
fin du dix-huitième siècle. Ce faux a été signalé pour la
première fois par M. G. SAVE, dans le Bulletin de la Société
philomatique vosgienne, 1895-1896, p. 326-328; ensuite, par M.
R. HARMAND, dans les Mémoires de la Société d'Archéologie
lorraine, 1909, p. 101-128; par M. Léon GERMAIN DE MAIDY, dans
le Bulletin de la même Société, 1911, p. 103-117; par M. Chr.
PFISTER, dans La Lorraine, le Barrais et les Trois-Evêchés,
Paris, 1912, p. 16-17. Je m'abstiendrai donc de citer ceux des
textes utilisés de bonne foi par Digot, I, p. 316, qui
concernent le comte de Salm. J'applique la même exclusion à
l'Histoire de Lorraine, de CHEVRIER, à juste titre tenue pour
suspecte. Voir au sujet de Chevrier Chr. PFISTER, La Lorr., le
Barrois et les Trois-Êvêchés, p. 32. Je profite de l'occasion
pour remercier M. Ém. Duvernoy, le savant archiviste de
Meurthe-et-Moselle, président de l'Académie de Stanislas,
d'avoir bien voulu appeler mon attention sur toutes ces
publications suspectes.
(91) JAFFÉ, Geschichte des deutschen Reiches unter Lothar dem
Sachsen, Leipzig, 1843, p. 113.
(92) HUHN, Geschichte von Lothringen, Berlin, 1877, t. I, p.
135-138.
(93) MEURISSE, p. 397.
(94) Chron. episcop. Met., Spicilège, t. VI,p. 661. Bénédictins,
Hist. de Metz, II, p. 269. D. CALMET, II, col. 74, 1re éd. L'un
de ces forts se trouvait sans doute sur l'emplacement des ruines
dites du château de Damegalle, sur le versant occidental du
rocher delà Pierre-à-Cheval; le deuxième paraît avoir été établi
à la Roche des Corbeaux, à l'ouest du château de Pierre-Percée
qu'elle domine de loin; l'emplacement du troisième doit être
cherché du côté de la vallée de Celles.
(95) BERTHOLET, III, p. 413 et 415.
(96) Ermenson de Luxembourg avait été mariée, en premières
noces, à Albert, comte de Dagsbourg et de Moha, et en secondes
noces à Godefroy, comte de Namur, mort en 1139.
(97) W. BERNHARDI, Lothar von Supplinburg, p. 196.
(98) Ibid., p. 212. SCHOEPFLIN, Als. dipl., I, 207. GRANBIDIER,
Hist. d'Alsace, II, 274. Cf. VIELLARD, Doc. et Mém., etc., p.
243.
(99) W. BERNHARDI, Lothar, etc., p. 216. Stumpf, n° 3241.
(100) Ibid., p. 255. Wirt. Urkundenbuch, I, 381, n° 301. Les
témoins sont Welf, frère du duc de Bavière; Hugues, comte de
Dagsburg; Wernher, comte de Habisburg; Herman, comte de Salm;
Folmar, comte de Huniburg, et Robert.
(101) Ibid.,p. 354. Ém. DUVERNOY, Mém. S. A. L., 1912, p. 140.
Beuron ou Beuren, abbaye bénédictine de la Haute-Bavière.
(102) Ibid., p. 366-367. Hontheim, 1516. GOERZ, Mtrh. Reg. I, p.
499. BERTHOLET, III, pr., p. LIV.
(103) W. BERNHARDI, Lothar p. Suppl., p. 426-427.
(104) Ibid., p. 429-430 et 843. Voir supra, p. 48-49. L'acte est
daté : an. dom. incarnat. 1132, indict. 10, ap. sedi praesidente
domino papa Innocentio II, regn. Rom. imp. Auguste Lothario II,
anno ordinationis nostrae 2. Selon W. BERNHARDI, p. 843, cet
acte fut dressé entre le 7 et le 24 mars 1133.
(105) Ibid., p. 510 et 522. BCBHMER, Acta imp., 74. GCBRC, p.
506. Rolands- ou Nonnenwerther, sur une île du Rhin.
(106) Buxtehude, entre Bardovick et Stade.
(107) W. BERNHARDI, Lothar v. Suppl., p. 570.
(108) GUDEN, Codex dipl., I, 120. Dom v. Mainz, I, 332. GOERZ,
I, p. 508. SERR., Rer. Mog, 547. WILL, Reg. der Erzb. v. Mainz,
I, p. 300, n° 278.
(109) SCHOEPFLIN.. Als. dipl., I, 208. L. VIELLARD, Documents,
etc., p. 224. Hugueshoffen, plus tard Hegesheim, Hugoncourt et
Honcourt, abbaye fondée vers l'an 1000, dans le val de Viller,
près du château d'Eguisheim.
(110) Lothar v. Suppl., p. 649 et suiv.
(111) Benoît PICART, Hist. de Toul, p. 223.
(112) Lothar v. Suppl., p. 785-786. Il mourut dans un petit
village du Tyrol du nom de Breitenwang, proche de la frontière
de Bavière.
(113) Lothar v. Suppl., p. 510.
(114) Conrad II, comte de Luxembourg, mourut en 1136, sans
postérité, et fut inhumé dans l'abbaye de Munster. BERTHOLET,
III, p. 220.
(115) Agnès de Langenstein, comtesse de Salm, avait établi un
péage sur la route qui conduit à Raon-lès-Leau, sans doute parce
qu'elle veillait sur son entretien. D. CALMET, I, col. 558 et
559. DIGOT, I, p. 366.
(116) Voir supra, p. 30.
(117) Walteringen ou Waltenheim, était près de Saverne.
(118) C'est probablement le lieu appelé Wuenheim, plus tard
Bünen, en 1576, près d'Olwiller (Alsace).
(119) Archives de Meurthe-et-Moselle, H. 569. Orig. en
parchemin. Cf. H. LEPAGE, Les Seigneurs, le château, la
châtellenie et le village de Turquestein, p. justif. Mém. S. A.
L., 1886, p. 180-182.
(120) Le nom de l'épouse de Bencelin figure dans une charte de
l'année 1128 relative à la donation de l'église de Lorquin à
l'abbaye de Senones par : Bencelinus de Trudisten eum uxore sua
Mastilde et Cuonone filio et filiabus suis, avec Gérard, son
neveu, et d'autres seigneurs. D. CALMET, IV, pr., col. CCLXXXV.
(121) H. LEPAGE, Le Dép. de la Meurthe, Stat. hist. et adm.
Nancy, 1843, p. 479-480.
(122) Voir supra, p. 46.
(123) Hugues VII, le donateur, avait un oncle, Brunon,
archidiacre de Toul, frère de Hugues VI et d'Albert Ier, père de
Hugues VII. C'est donc oncle paternel que l'on doit lire plus
bas. Le jeune Hugues est devenu Hugues VIII, le dernier de la
lignée.
(124) Laubenheim ou Lauben est un petit village près de
Mollkirch, de la paroisse de Grendelbruch.
(125) GRANDIDIER, OEuvres hist. inéd., II, p. 386. Hugues VII
était neveu de Hugues VI d'Eguisheim-Dabo, comte du Nordgau, et
de Mathilde de Montbéliard, sa femme, celle-ci sœur de Thierry
Ier, comte de Montbéliard.
(126) D. CALMET, IV, col. CCCXLIX. L. VIEILARD, p. 251.
(127) Gallia Christ., XIII, p. 1330.
(128) Voir supra, p. 47. Cette charte démontre que Herman III
était bien l'aîné, comme il était d'usage dans la famille de
Salm où le premier-né reçoit toujours le nom de son père.
(129) D. CALMET, IV, col. CCXC; CCCLXVI; CCCXCVII.
(130) GRAVIER, Hist. de Saint-Dié, p. 94. Épinal, 1836.
(131) Les Sires et comtes de Blâmont (Mém. S. A. L., 1890, p.
85).
(132) Benoît PICART, Hist. de Toul, p. 40.
(133) Voir supra, p. 45.
(134) Les termes honorifiques de consul et comte paraissent
avoir été équivalents au XIIe siècle. Dans un document du 17
septembre 1132, Rainaud III, comte de Bourgogne, est d'abord
nommé consul et,plus bas, comte. Les comtes d'Angers portaient
toujours le titre de consul. C'est évidemment l'indice d'une
origine illustre. Cf. VIELLARD, p. 261.
(135) D. CALMET, IV, col. CCCV.
(136) Par une note [1], D. CALMET renvoie ici à Richer, 1, 2,
ch, 5, où ce chroniqueur de l'abbaye de Senones dit que cette
abbaye donna à la maison de Salm, pour droit d'advocatie, une
terre, qu'il dénomme, et qui est peut-être Bayon, Pars quidem
dicta advocato terme et hominum quae adhuc Ambaium vutgo
appellatur, pro advocatione, collata fuit quod adhuc tempore
nostro haeredes de Salmis possident.
(137) Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 84. BALEICOURT
(Traité hist. et critique sur l'origine et la généal. de la
maison de Lorraine,Berlin, 1711) apublié le texte de ce document
dans ses Preuves, p. LVII-LIX.
(138) Le texte de Baleicourt porte Albero; il est donc possible
qu'il s'agisse chez Dom Calmet d'une erreur de copie, et nous
n'insistons pas sur l'anomalie de l'orthographe Alberto.
(139) Albéron de Montreuil fut nommé lui-même primat dans la
Gaule Belgique et légat en Allemagne, par bulle d'Innocent II du
1er octobre 1137 (Lothar v. Supp., p.,769).
(140) Renaud Ier, dit le Borgne (1105-1149), précisément célèbre
par ses vexations et pillages à l'égard des biens de l'abbaye de
Saint-Mihiel, et ses violences contre l'évêque et la ville de
Verdun!
(141) II est vrai que le document n'est connu que par une copie
imprimée et que l'absence de certaines indications habituelles
n'est pas toujours une preuve de non-authenticité. Celle-ci
réside ici dans un ensemble de circonstances.
(142) V. M. A. S., série VI, t. xv, p. 92 et suiv.
(143) BERTHOLET, III, p. 420.
(144) Le comte Gislebert, l'ancêtre commun, était à la fois le
grand-père d'Ermenson et du comte Herman II de Salm.
(145) Albert, fils de Hugues, comte de Dagsbourg et de Moha et
petit-fils de Hugues, comte d'Eguisheim, et d'Hadwide, qui,
selon quelques-uns, aurait été la sœur ou la fille de Hugues
Capet (La Vérit. Orig. des maisons d'Alsace, etc., p. 20).
(146) BERTHOLET, IV, p. 13.
(147) MEURISSE, Hist. des Êv. de Metz, p. 398.
(148) Vita S. Bern., t. II, lib. IV, cap. 8, p. 1149, éd.
Mabillon. Cf. BERTHOLET, IV,p. 116.Bénédictins,Hist.gén.
deMetz,t. II, p. 265. Benoît PICART, Hist. de Toul, p. 44.
(149) MEURISSE, ibid., p. 399.
(150) BERTHOLET, IV, p. 91. Parmi les défenseurs du château de
Bouillon, se trouvaient Hugues et son frère, fils de Renaud de
Bar et cousins de Henri Ier de Salm.
(151) D. CALMET, Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 90.
En dehors du doyen de l'Église de Trêves et de six abbés, les
signataires de l'acte sont mentionnés comme suit : Folmar, comte
de Castres et Henri, comte de Salm.
(152) L'Étanche, abbaye de filles de l'Ordre de Citeaux, située
entre Neufchâteau, arrondissement et canton, Châtenoy et Le
Châtelet, fut fondée par le duc Mathieu Ier le 5 décembre 1143.
(153) BERTHOLET, IV, p. 17. D. CALMET, II, Pr., col. 333 et Doc.
Vosges, t. IX, p. 21. Ém. DUVERNOY, Le Duc de Lorr. Mathieu Ier,
p. 75.
(154) Henri de Lorraine, évêque de Toul, était fils du duc
Thierry Ier et frère du duc Simon Ier.
(155) BERTHOLET, IV, p. 147.
(156) Wibald, moine à Stavelot depuis 1118, fut élu abbé de ce
monastère, le 16 novembre 1130, âgé seulement de trente-quatre
ans. Lothaire II l'investit des régales le 13 avril 1131, à
Stavelot même, et accorda le même jour un privilège confirmant
les droits de Stavelot, disposant notamment que les abbayes de
Stavelot et de Malmédy devaient toujours être dirigées par le
même abbé, autant que possible élu parmi les religieux de
Stavelot. Le 19 septembre 1137, au moment du retour de
l'expédition de Lothaire II contre le roi Roger de Sicile,
Wibald fut élu abbé du Mont-Cassin et reçut le lendemain 20
septembre l'investiture impériale. En cette qualité, Wibald
reçut les foi et hommage du duc Rainaud d'Apulie, du prince
Robert de Capoue et des barons de cette principauté, des comtes
d'Aquin et de nombreux nobles normands, tous vassaux du
monastère. Il conserva en même temps la direction des abbayes de
Stavelot et de Malmédy (Lothar v. Suppl., p. 366 et 750-762).
(157) BERTHOLET, IV, p. 148.
(158) BERTHOLET, IV, p. 149.
(159) Ibid., p. 150.
(160) Cellam Asmingiae. Il existait à Lattre-sous-Àmance un
prieuré dont la fondation est attribuée à Sophie, héritière du
comté de Bar, et qui dépendait de l'abbaye de Saint-Mihiel. Un
autre prieuré, dépendant de la même abbaye, existait à Insming,
en latin également Asmingia, donné à ladite abbaye de
Saint-Mihiel, par Thierry Ier, comte de Montbéliard-Bar
(grand-père maternel du comte Henri Ier), en 1099. Voir Notice
de Lorr. de Dom CALMET et H. LEPAGE, Les Communes:.., II, p.
508. C'est certainement de ce dernier prieuré qu'il s'agit.
(161) BERTHOLET, IV, pr. XIII.
(162) Ibid.
(163) Arch. de la Meuse, série H, fonds Saint-Mihiel,5.L.
VIELLARD, Documents, etc., p. 268. Mettensia, VI, p. 333.
(164) BERTHOLET, III, p. XXXIII.
(165) Benoît PICART, p. 40.
(166) FAHNE, I, p. 54.
(167) Fr. de ROSIÈRES, Stemmatum ac Barri ducum, t. IIII, f° 186
v°.
(168) Hadwide, Havide et Hawis, dans les chartes romanes du
XVIIIe siècle.
(169) SCHOEPFLIN, Alsatia illustrata, t. II, p. 617.
(170) SCHOEPFLIN-RAVENEZ, L'Alsace illustrée, t. IV, p. 452 et
V, p. 621. TUEFFERT, Hist. des comtes de Montbéliard, supplément
n°4, p. 25.
(171) Les domaines que Havide de Lutzelbourg a pu apporter en
mariage à son cousin Henri Ier, comte de Salm, faisaient sans
doute partie de l'ancien comté d'Eguisheim transféré aux comtes
de Ferrette après la mort sans postérité de Hugues et d'Ulric,
frères de Stéphanie, épouse de Frédéric, comte de Ferrette.
Stéphanie, fille de Gérard, premier comte de Vaudémont, mort en
1108, et d'Hadvide, héritière des comtes d'Eguisheim, hérita à
son tour, avec sa sœur Gisèle, dudit comté et apporta sa part
dans la maison de Ferrette (SCHOEPFLIN-RAVENEZ, L'Als. ill., t.
V, p. 430).
(172) Du CHESNE, Hist. de la Maison de Luxembourg. Mon. Germ.
SS.
(173) FAHNE, Gesch., etc., t. I, p. 55. BERTHOLET (III, p.
XXXIV) désigne ce deuxième fils sous le nom de Conrad et il
ajoute qu'il était en même temps seigneur de Pierre-Percée. Mais
Fahne déclare que la charte invoquée par Bertholet est fausse.
Mon savant confrère belge, M. Jules Vannérus, dans un travail
sur les Comtes de Salm-en-Ardenne, destiné aux Annales de
l'Institut archéologique du Luxembourg pour l'année 1920,
établit que Ferry ou Frédéric était, non le fils, mais le gendre
du comte Henri Ier. Celui-ci, outre son fils et successeur Henri
II, aurait laissé une fille, Élise, qui épousa Frédéric de
Vianden, tige de la dynastie des Comtes de Salm-en-Ardenne de la
2e race.
(174) BEYER, II, p. 42 et 52.
(175) Ibid. |