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Les comtes de Salm et l'abbaye de Senones aux XIIe et XIIIe siècles - Louis Schaudel (2/3)
(notes renumérotées)

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CHAPITRE II
Herman Ier. - Herman II. - Henri Ier.

HERMAN Ier (1). - Herman Ier, fils puîné de Gislebert et frère de Conrad Ier, l'aîné, tous deux comtes de Luxembourg, était petit-neveu de l'évêque Thierry II et neveu d'Adalbéron, qui occupèrent le siège épiscopal de Metz, sans interruption, pendant soixante-sept ans, de 1005 à 1072.
Sous ces deux prélats, Metz était devenu comme le centre d'action de la maison de Luxembourg; aussi, quand l'empereur Henri II, en lutte contre ses beaux-frères, eut dépouillé temporairement Henri, l'aine, de son duché de Bavière, celui-ci s'établit à Metz, aux côtés de son frère Thierry et de son beau-frère Gérard Ier d'Alsace, devenu comte épiscopal de Metz. Il n'est donc pas étonnant de trouver Herman Ier fixé dès son jeune âge à Metz, au point que les auteurs contemporains le considéraient comme Messin de naissance (2). C'est, selon toute vraisemblance, son oncle Adalbéron III, qui dirigea son éducation; il ne pouvait avoir de meilleur guide, car, selon Sigebert de Gembloux (3), Adalbéron était un prélat d'une grande sagesse et d'une rare piété. Il avait étudié avec son cousin Brunon, qui fut évêque de Toul, puis pape sous le nom de Léon IX.
Herman Ier occupa sûrement un rang élevé à la cour épiscopale de Metz, car sous le successeur d'Adalbéron III, il est qualifié miles de l'évêque Hériman, expression qui, à l'égal de celles de fidelis noster, homo noster, comes civitatis nostras, servait à désigner, à cette époque, les comtes de Metz, devenus feudataires de l'évêque (4). Après la mort de Rodolphe de Souabe, mortellement blessé dans la bataille sur la Grune, affluent de l'Elster, le 15 octobre 1080, les princes, restés fidèles au pape Grégoire VII, se réunirent à Ochsenfurth, situé à quelques lieues au-dessus de la ville épiscopale de Wurtzbourg, sur le Main. Sur les instigations de Hériman, évêque de Metz, l'un des plus zélés partisans de Grégoire VII et son représentant en Lorraine, l'assemblée élut roi Herman de Luxembourg, comte de Salm. C'était, suivant le témoignage d'auteurs contemporains, l'un des seigneurs les plus riches et les plus influents de la noblesse lorraine, renommé par sa valeur militaire et distingué par sa sagesse, sa modération et sa grande bravoure (5). Cette première élection fut confirmée, peu après, par une assemblée spéciale de Saxons, réunis à Eisleben. Le nouveau roi fut reçu avec enthousiasme par la noblesse saxonne, à Goslar, quelques jours avant Noël 1081. Le 26 décembre, fête de saint Etienne (patron de l'église de Metz), Herman, avec l'approbation des princes de l'Empire, fut sacré roi et reçut la couronne de la main de l'archevêque Sigefroy, de Mayence (6).
Le 3 août 1082, nous trouvons le nouveau roi entouré d'un grand nombre de princes dans le palais royal de Goslar. On y décida l'organisation d'une expédition militaire en Italie pour délivrer le pape Grégoire VII, aux prises avec les troupes du roi Henri IV. Laissant, comme son représentant en Saxe, le comte Otton de Nordheim, le roi Herman se rendit en Souabe où, pour la fête de Noël, il se trouva au milieu des princes de l'Empire. Mais la nouvelle de la mort d'Otton, reçue dans le courant de janvier 1083, l'obligea à retourner en Saxe où, dès lors, il semble avoir séjourné de préférence (7).
Henri IV, couronné empereur par l'antipape Guibert, revint d'Italie, après une absence de plus de trois ans, vers le milieu de l'année 1084. Dès lors, la lutte s'engagea en Allemagne entre les partisans de l'empereur et du roi élu, qui se classaient en même temps comme adhérents du pape Grégoire VII ou de l'antipape Guibert.
Le roi Herman passa les fêtes de Pâques de 1085 à Quedlinbourg (Saxe) où fut tenu un synode, en présence du légat de Grégoire VII, Otton d'Ostie. Celui-ci souleva la question de séparation entre le roi Herman et son épouse pour cause de consanguinité, question restée sans solution. A la fin du synode, on publia l'anathème contre l'antipape Guibert et contre les évêques ses partisans (8). Un autre synode, tenu à Mayence, d'avril à mai 1085, par les partisans de l'empereur Henri IV, renouvela la déposition du pape Grégoire VII et condamna les évêques restés ses fidèles. Il prononça, en même temps, le ban et l'anathème contre le roi Herman et ses partisans (9).
Sur ces entrefaites, Grégoire VII mourut à Salerne, le 25 mai 1085.
Une bataille qui eut lieu le 11 août 1086, à Bleichfelt, près de Wurtzbourg, entre les troupes de l'empereur et du roi élu, amena une défaite de l'armée impériale; mais ce succès ne profita guère au roi Herman, dont la cause, après la mort du pape Grégoire VII, déclina rapidement. Ses ennemis prétendaient que seul l'appui de l'archevêque Hartwig de Magdebourg et celui de l'évêque Bourcard de Halberstadt lui permettaient de subsister. Aussi la mort de ce dernier, d'une part, et la réconciliation de Henri IV avec les princes saxons, notamment avec Hartwig, d'autre part, portèrent le dernier coup à cette situation désespérée. Herman dut quitter la Saxe pour retourner en Lorraine. Mais les circonstances de ce départ ne sont pas exactement connues.
D'après les uns, les Saxons l'auraient chassé; selon d'autres versions plus vraisemblables, il reconnut l'impossibilité de se maintenir dans sa dignité et il quitta volontairement le pays après renonciation au titre de roi et après entente, semble-t-il, avec l'empereur Henri IV (10).
Il mourut en Lorraine, le 28 septembre 1088, peu de temps après qu'il eut quitté la Saxe.
L'auteur contemporain d'un livre de controverse, écrit en faveur de l'empereur Henri IV et de l'antipape Guibert, nous éclaire sur les difficultés rencontrées par le roi Herman, l'élu des partisans du pape Grégoire VII. Il nous apprend que les évêques et les princes saxons, ses principaux électeurs, agissaient indépendamment suivant les tendances de chacun, et sans nul souci de la volonté royale. Le moine auteur, de l'abbaye de Hersfeld, ajoute qu'il a vu un jour Herman, dans le camp saxon, exécutant le service militaire, non comme roi, mais à la place d'un prince et que, après l'avoir supplié instamment en faveur de son église menacée de dévastation et de destruction, il avoua son impuissance en répondant qu'il ne pourrait être utile ni à l'abbaye ni à lui-même (11).
De son côté, l'auteur de la vie de l'empereur Henri IV écrit plus tard : «  De quelle importance pouvait être la puissance d'un roi qui dut être entretenue, non par ses propres moyens, mais par des secours étrangers (12) ? »
En somme, le roi Herman, en sa qualité de Lorrain, fut traité en étranger et il connut, au XIe siècle déjà, le fond que l'on peut faire sur les engagements, les promesses de fidélité et la foi jurée des princes allemands. Sa mort n'apaisa pas entièrement l'hostilité de ses adversaires, qui se plurent à le représenter comme victime d'une ridicule témérité ou d'une blâmable imprudence. Les uns ont prétendu qu'en revenant de la chasse et en regagnant à cheval le château ami qui lui servait de séjour, il aurait été mortellement blessé en simulant une attaque. Selon d'autres versions, il aurait été atteint d'un projectile en passant devant une place forte, ou en s'en approchant étourdiment de trop près. Le plus souvent, sa mort est attribuée au fait de l'attaque d'un château fort situé, soit sur la basse Moselle, soit sur la Lahn; il y aurait été blessé mortellement à la tête par un jet de pierre (13).
La mort de Herman Ier de Salm se rattache plus vraisemblablement à la défense ou à la revendication de ses droits patrimoniaux, après son renoncement volontaire à la couronne royale et son retour en Lorraine. Au commencement de l'année 1086, mourut Herman, comte palatin lorrain, l'oncle paternel et sans doute le parrain du comte de Salm. A défaut d'enfants, son héritage revenait à ses neveux, Herman de Salm et Conrad Ier, comte de Luxembourg. Mais ce dernier, partisan zélé de Henri IV (14), mourut cette même année 1086, en chemin vers Jérusalem et réconcilié, paraît-il, avec l'Eglise; il laissait des héritiers susceptibles de recueillir la succession de leur grand-oncle, le comte palatin Herman. Or, aussitôt après la mort de ce dernier, l'empereur Henri IV désigna comme successeur Henri de Laach, le riche seigneur rhénan qui lui avait témoigné son attachement dans la bataille sur la Grune, et qui épousa ensuite Adelaïde de Ballenstedt, veuve pour la deuxième fois.
Meyer von Knonau, d'accord avec Witte, considérant Henri de Laach comme le neveu du comte palatin Herman, prétend qu'il entra en possession de l'héritage de ce dernier, non par son mariage avec sa veuve, mais comme héritier naturel partageant, à ce titre, la succession avec son frère Herman de Gleiberg et ses fils, et avec les héritiers de Conrad Ier de Luxembourg. Il y a là certainement une erreur. Rien ne prouve que Henri de Laach, pas plus que son frère Herman de Gleiberg, aient été les neveux du comte palatin Herman, oncle au contraire du roi élu Herman de Salm et de Conrad Ier de Luxembourg. Ce dernier, il est bon de le rappeler, était marié à Clémence de Gleiberg, sœur probablement de Herman de Gleiberg, et peut-être de Henri de Laach. C'est cette relation de parenté qui aura amené la confusion. Est-il d'ailleurs admissible que Henri de Laach se fût marié avec sa tante convolant en troisièmes noces (15) ? La vérité probable est que, à la mort du comte palatin Herman, l'empereur Henri IV, pour frustrer de l'héritage son ancien compétiteur, le roi Herman, se sera empressé de mettre les possessions du défunt entre les mains de son zélé partisan Henri de Laach.
Celui-ci aura voulu consolider cette acquisition par son mariage avec la veuve du comte palatin, Adélaïde de Ballenstedt.
C'est sans nul doute en combattant pour la revendication de ses droits dans la succession de son oncle, le comte palatin Herman, que le roi détrôné Herman, comte de Salm, perdit la vie dans un de ces sièges si fréquents alors, quand les châteaux forts se dressaient nombreux dans les pays entre la Moselle et le Rhin.
Si les auteurs diffèrent sur les circonstances et le lieu de la mort de Herman Ier, ils s'accordent par contre pour déclarer qu'il fut transporté à Metz et y fut enterré avec honneur (16).
On sait fort peu de chose au sujet de son mariage. Neyen (17), confondant Herman Ier de Salm avec le comte palatin Herman, son oncle, lui donne pour épouse Adelaïde, fille d'Otto d'Orlamunde, marquis de Misnie, c'est-à-dire Adelaïde veuve en premières noces d'Adalbert de Ballenstedt, en secondes noces du comte palatin lui-même et, enfin, mariée en troisièmes noces à Henri de Laach. Kremer (18), s'appuyant sur une charte, sans date, de la fin du XIe siècle ou du commencement du XIIe, la nomme Ermentrude. Or, nous pouvons établir aujourd'hui, d'une manière certaine, que l'épouse du roi élu, Herman, comte de Salm, se nommait Sophie. Au synode de Quedlinbourg (avril 1085), le légat du pape Otton d'Ostie (plus tard pape Urbain II) souleva la question de séparation des deux époux pour cause de consanguinité au degré défendu. D'après le compte rendu, Herman se serait montré disposé à se soumettre à la décision de l'assemblée qui, toutefois, écarta la question comme inopportune et pour cause d'absence des plaignants dont la présence était exigée par la loi (19). Witte (20), s'appuyant sur une indication fournie par la chronique du monastère de Götweih (21), croit que l'épouse de Herman Ier appartenait à la maison comtale de Formbach, si hostile à l'empereur Henri IV. Comme les noms de la mère et de la grand'mère de Herman sont inconnus, il n'est pas possible d'établir la parenté invoquée par le synode. Par contre, Giesebrecht croit que la reine Sophie est issue de la maison de Luxembourg, par Henri V, duc de Bavière, frère de l'impératrice Cunégonde. Dans ce cas, les deux époux auraient été cousins issus de germains; et si l'on admettait que le père de Sophie fût Henri, duc de Bavière, neveu et successeur du précédent, ils eussent été cousins germains. Mais, comme aucune preuve n'est apportée en faveur de cette opinion, la parenté avec la maison de Formbach (22) est plus probable.
Herman Ier laissa : 1° Herman II qui suit ; 2° Otton, qui épousa, après 1113, Gertrude, fille de Henri le Gros de Nerdheim et de Gertrude de Brunswick, et sœur de Richenza, femme de l'empereur Lothaire II. Gertrude de Nordheim était veuve du comte palatin Sigefroy de Ballenstedt (23) et apporta à son second mari le château de Rineck (près de Breisig sur le Rhin). Le comte Otton de Rineck accompagnait souvent l'empereur Lothaire II dans ses voyages et il fut à ses côtés pendant l'expédition d'Italie contre le roi Roger de Sicile en 1136. Il mourut, d'après Bertholet, en 1146, et d'après Fahne, en 1150, laissant un fils, Olon II de Rineck et une fille Sophie qui épousa le comte Thierry de Hollande, fils du comte Florent de Hollande et de Gertrude, fille elle-même de Thierry, duc de Haute-Lorraine, mort en 1115 et de Hedwig de Formbach, et par conséquent sœur de Simon, duc de Lorraine et demi-sœur de l'empereur Lothaire II (24).
3° Mathilde, comtesse de Hombourg, considérée comme la fondatrice de l'abbaye de Salival, nécropole des comtes de Salm, vers l'année 1140 (25).

HERMAN II. - C'est le mariage de Herman II avec une riche héritière de la maison de Montbéliard-Mousson-Bar qui amena le fils aîné de Herman Ier et ses descendants à s'établir dans cette partie de l'évêché de Metz qui forma plus tard le comté de Salm-en-Vosge et celui de Blâmont. Il est donc d'une importance capitale de fixer tout d'abord l'origine de cette noble héritière, dont la personnalité domine toute l'histoire des comtes de Salm; mais, jusqu'ici, c'est à la façon de ces personnages semi-légendaires dont les figures s'estompent, se voilent, se modifient sous les retouches et les enjolivures que, suivant les goûts de chaque époque, les générations successives se sont plu à leur faire subir. C'est ainsi qu'un roman historique sur le château de Pierre-Percée (26) a contribué pour sa part à en déformer l'histoire authentique, par des superfétations romanesques qui, prises au sérieux, ont fini par troubler et même par fausser le véritable enchaînement des faits. Aussi, l'étude de cette phase initiale de l'histoire des comtes de Salm a-t-elle été particulièrement longue et laborieuse et si, par suite de la pénurie de documents authentiques, je n'ai pu faire la lumière complète, du moins je crois avoir réussi à faire jaillir quelques étincelles permettant de nous guider dans les ténèbres qui enveloppent encore l'origine du comté de Salm, comme celle de la plupart des petits États indépendants sortis de la dislocation de l'ancienne Lotharingie.
Plusieurs chartes, dont il sera question plus loin et datées des années 1135, 1147, 1174 et 1186, mentionnent la femme du comte Herman II sous le nom d'Agnès comtesse de Langenstein. Albéric de Trois-Fontaines, dans les renseignements généalogiques de sa chronique, nous apprend qu'elle appartenait à la famille des comtes de Montbéliard, étant la sœur d'Etienne, évêque de Metz, de Thierry, comte de Montbéliard, de Frédéric, comte de Ferrette et de Renaud, comte de Bar (27).
Les historiens qui se sont occupés de la famille de Montbéliard, parmi lesquels Schœpflin (28), Grandidier (29), dom Calmet (30), Du Chesne (31), Ch. Duvernoy (32), Viellard (33), Tuefferd (34), sont d'accord pour reconnaître cette origine de la femme de Herman II, comte de Salm. Leurs travaux nous renseignent sur la généalogie de cette puissante dynastie à partir du XIe siècle. Cette généalogie est établie, sur des bases certaines, après le mariage de Sophie, l'une des deux filles de Frédéric II, duc de Haute-Lorraine, avec Louis, comte de Montbéliard, de Mousson, etc. De ce mariage naquit Thierry Ier, comte de Montbéliard (II) de Bar et de Ferrette (35), qui épousa Ermentrude, fille de Guillaume II Tête hardie, comte de Bourgogne, et d'Etiennette de Vienne, sœur par conséquent du pape Calixte II.
Agnès, l'épouse de Herman II, comte de Salm, est issue de ce mariage de Thierry Ier et d'Ermentrude dont Voici la descendance:
1° Thierry II, comte de Montbéliard, + 1182;
2° Frédéric Ier, comte de Ferrette et d'Amance, + 1168;
3° Renaud Ier, dit le Borgne, comte de Bar, de Mousson, de Briey, + 1150;
4° Etienne de Bar, évêque de Metz, + 1163;
5° Louis, comte de Mousson, + 1102;
6° Agnès, épouse de Herman II, comte de Salm;
7° Norine, épouse d'Adalbert, comte de Mœrsberg;
8° Gunthilde, première abbesse de Biblisheim, + 1174.
Comment, dans ces conditions, la femme de Herman II est-elle désignée, dans les rares titres qui nous sont parvenus, sous le nom d'Agnès, comtesse de Langenstein et non sous celui d'Agnès de Montbéliard qui était son nom de famille ? La réponse ne saurait être douteuse : c'est en qualité de veuve d'un comte de Langenstein qu'elle a dû porter ce titre.
En rappelant, dans son Histoire de l'abbaye de Saint-Sauveur et de Domèvre, les efforts tentés par les historiens pour dissiper l'obscurité qui enveloppait la généalogie d'Agnès, M. l'abbé Chatton avait pensé apporter un élément nouveau pour résoudre le problème. A cet effet, il a publié le texte d'une charte, datée du 20 février 1138 (n. st.), relative à des donations à l'abbaye de Saint-Sauveur faites par la comtesse Agnès pour le salut de son âme et celle de ses ancêtres; elle y confirme ce qui fut donné antérieurement à ladite abbaye par les princes de Salm et seigneurs de cette terre à elle, savoir la neuvième partie de tout ce qui se dîme en grains, en vins, en fromages, en porcs, en chevaux à Giroville, Couvaye, Blémerey, Herbéviller, Boncourt; elle leur confirme aussi la moitié de l'église de Raon (lès-Leau) qui leur a été donnée pour le salut du comte Godefroy, son mari, et encore la moitié du même village et son ban pour le repos de son fils Guillaume qui y est inhumé... (36).
Cette charte jette, en effet, un jour nouveau sur la personne de la comtesse Agnès; mais, à la condition de soumettre le texte à un examen critique approfondi absolument nécessaire pour dissiper les nouvelles obscurités que des interprétations superficielles étaient parvenues à ajouter à celles qui régnaient déjà. On arrivera ainsi à des conclusions fort différentes de celles admises jusqu'ici.
Ce texte ne laissant aucun doute sur un double mariage de la comtesse Agnès, on en avait conclu qu'après la mort du comte de Salm, Herman II, elle s'est mariée, en secondes noces, à un comte Godefroy dont elle aurait été déjà veuve de nouveau en 1138.
Et partant de là, le comte E. de Martimprey, l'auteur des Sires et Comtes de Blâmont (37), a voulu voir dans ce second mari d'Agnès, le comes Godefridus de Castello (38) cité comme témoin dans la charte de fondation du prieuré de Moniet, en 1127. Cette manière de voir a été admise par M. l'abbé Chatton (39). M. Léon Germain de Maidy, dans un article sur Agnès de Langstein (40), s'est contenté de poser la question: Quel était ce comte Godefroy ? Je crois pouvoir répondre, dès maintenant, que ce n'était certainement pas le comte Godefroy de Castres de la charte de 1127, pour la raison péremptoire que le mariage d'Agnès avec le comte Godefroy a, non pas suivi, mais précédé celui qu'elle contracta avec Herman II, comte de Salm. Le simple énoncé des dates suffira pour rendre manifeste cette interprétation. En 1135, le comte Herman, avec son frère Otton, figurent encore dans une charte d'Adalbert, archevêque de Mayence (41). C'est le dernier acte connu et il faut admettre que peu de temps après Herman II mourut, puisqu'on février 1138, la comtesse Agnès est veuve. Comment en un si court intervalle aurait-elle pu s'engager dans les liens d'un nouveau mariage et avoir un fils décédé à l'âge de raison ? car la donation pour le repos de son âme implique évidemment la mort à l'âge adulte de ce fils Guillaume. Un autre fils, Conrad, assiste d'ailleurs, déjà en 1124, à la dédicace de l'église de l'abbaye de Senones, avec le titre de comte de Langenstein (42). Il sera sans doute superflu d'ajouter qu'à la mort du comte Herman II, la comtesse Agnès avait certainement dépasser la cinquantaine.
Nous sommes donc amené forcément à admettre que le mariage d'Agnès avec le comte Godefroy précéda celui contracté, dans les premières années du douzième siècle, avec Herman II, comte de Salm. Mais quel était donc ce comte Godefroy ? Ce ne peut être, comme nous l'avons dit, le comes Godefridus de Castello, de la charte de fondation de Moniet (1127), puisque celui-ci vivait en même temps que le comte Herman II et lui a même survécu. Ce premier mari d'Agnès de Montbéliard devait naturellement porter le titre qu'il a laissé à sa veuve et à leur fils survivant, Conrad, comte de Langenstein. Et dès lors, la clarté se fait comme par enchantement. Il ne reste plus qu'à rechercher à quelle famille appartenait ce comte Godefroy de Langenstein. Son alliance avec Agnès de Montbéliard-Mousson-Bar est un indice certain qu'il appartenait à l'une des familles puissantes de l'époque. Or, le rapprochement, que nous avons déjà fait de ce nom de Langenstein avec celui de Longuicastro attribué par Laurent de Liége à Adalbert, duc de Haute-Lorraine de 1047 à 1048, incline nos recherches vers la famille d'Alsace.
Le duc Adalbert ne semble pas avoir laissé de fils vivant, ce qui justifie la succession au duché de Lorraine de son neveu, Gérard III, devenu duc sous le nom de Gérard Ier. Mais, l'auteur de La Véritable origine des très illustres maisons d'Alsace et de Lorraine lui attribue une fille, « Mathilde, qui épousa Folmar auquel elle porta le comté de Metz et de Homberg (43) ». De ce mariage seraient issus : Folmar, Hugues et Clémence, cette dernière mariée à Folmar, comte de Castres.
M. l'abbé Châtelain a dressé un tableau généalogique de la lignée principale des Folmar de Lunéville, comtes de Metz (44). Il attribue à Folmar VI, fondateur de l'abbaye de Beaupré en 1135, pour épouse «  Mathilde, héritière de Dagsbourg, dont une fille, Clémence, épousa Folmar, comte de Castres et lui apporta Lunéville ». Or, il ne peut s'agir ici de Mathilde, fille et héritière du duc Adalbert, qui, en 1135, n'aurait pas été loin d'être centenaire. Le Folmar, son mari, ne peut être que Folmar IV qualifié comte de Metz (1055-1075), auquel M. l'abbé Châtelain donne pour épouse Spanéchilde. Si ce prénom de Spanéchilde n'a pas été confondu avec celui de Mathilde, il faudrait admettre que Folmar IV a été marié deux fois. Le tableau généalogique leur attribue deux fils : Folmar V et Godefroy III que l'on considérait généralement comme tige des comtes de Castres. Mais M. l'abbé Châtelain fait remarquer que Folmar IV, fils de Godefroy Ier, comte du palais à Metz (1034-1052), avait un frère du nom de Godefroy, mentionné avec lui dans une charte de 1065 et jusqu'alors ignoré de tous les généalogistes. Il soupçonne, dit-il, ce Godefroy II, voué de Neuviller, d'être le véritable auteur de la branche de Castres. Je me range à cette interprétation.
Du mariage de Folmar IV et de Mathilde, fille d'Adalbert de Longuicastro, seraient issus:
1° Folmar V, comte de Metz (1075-1111), fondateur de l'abbaye de Lixheim, qui succéda à son père dans le comté de Metz;
2° Godefroy III;
3° Clémence, qui épousa Folmar, comte de Castres, fils de Godefroy II considéré comme la tige des comtes de Castres.
Dom Calmet cite, comme preuve de cette filiation, des titres de 1135, 1157, 1166, 1173, 1178 et 1179 (45).
C'est ce Godefroy III, devenu Godefroy, comte de Langenstein, qui serait le premier mari d'Agnès de Montbéliard. Les preuves de cette origine font encore défaut: mais les éléments nouveaux mis en lumière laissent entrevoir une solution définitive.
Observons encore que Godefroy Ier (1034-1052), voué de l'abbaye de Saint-Remy de Lunéville, n'est encore qualifié que de comte du palais à Metz. C'est qu'alors le comté épiscopal de Metz était entre les mains de la maison d'Alsace. Or, Folmar IV, qui succéda à son père Godefroy Ier, vit son autorité s'étendre à tout le pays messin, sans doute après la mort du duc Adalbert et l'accession de son neveu Gérard à la dignité ducale. Son mariage avec Mathilde, l'héritière du duc Adalbert, justifierait cette extension d'attributions. Leur fils aîné, Folmar V, hérita de ce titre de comte de Metz et son frère Godefroy dut recevoir, comme il était d'usage, l'apanage du comté de Longuicastro apporté par sa mère Mathilde, fille d'Adalbert de Longuicastro. Quant à Clémence, la fille de Folmar IV, elle fut mariée à Folmar, comte de Castres, fils de Godefroy considéré maintenant comme la tige des comtes de Castres. Godefroy, comte de Langenstein et Folmar, comte de Castres, étaient donc cousins germains; il s'ensuit que Conrad, comte de Langenstein, fils d'Agnès de Montbéliard et Godefroy, comte de Castres, de la charte de fondation de Moniet, en 1127, étaient cousins issus de germains. Cette parenté explique la présence simultanée, dans plusieurs actes de cette époque, du comte Godefroy de Castres, du comte Conrad de Langenstein, plus tard Pierre-Percée, et du comte Herman de Salm, deuxième mari de la comtesse Agnès.
Nous ignorons la date de la mort du comte Godefroy de Langenstein et l'époque exacte de la nouvelle union de sa veuve à Herman II, comte de Salm. En admettant, avec les historiens de Montbéliard, que le mariage de Thierry Ier et d'Ermentrude de Bourgogne, ses parents, eût lieu en 1076 (46), celui de leur fille Agnès avec le comte Godefroy ne peut être antérieur que de peu d'années à l'an 1100. Son second mariage doit être placé dans la première dizaine du XIIe siècle.
Dom Calmet dit que le nom de Salm ne paraît dans les Vosges que vers l'an 1090; que Herman II fut nommé, par un évêque de Metz, voué de l'abbaye de Senones et que, dès l'an 1104, il est appelé comte de Salm dans un titre de cette abbaye (47). On peut admettre qu'il hérita de la vouerie de Senones de son père Herman Ier qui en aura été pourvu, soit par son oncle, l'évêque Adalbéron III, soit par le successeur de ce prélat, Hériman, dont il était, comme nous l'avons vu (48), le miles, terme désignant à cette époque les comtes de Metz devenus feudataires de l'évêque. La charge de comte ou haut-voué épiscopal de Metz avait été conférée, en 1007, par l'évêque Thierry II à Gérard Ier appelé jusqu'alors Gérard de Turquestein, de la famille d'Alsace; celui-ci, après sa mort, survenue en 1020, eut pour successeur son frère Adalbert Ier auquel succéda, en 1033, son fila Gérard II. Or, Gérard Ier et Gérard II sont désignés comme voués de Senones, le premier en l'an 1000, le second en 1030 (49).
Quelques auteurs ont cru que c'est par son mariage avec la comtesse Agnès de Langenstein que Herman II était devenu voué de l'abbaye de Senones.
C'est, croyons-nous, une erreur. La vouerie de Senones était un bénéfice ou fief de l'évêché de Metz, et à ce titre, comme nous venons de le voir, tenu au XIe siècle par Gérard Ier, puis par Gérard II, comtes épiscopaux de Metz. On pourrait supposer que ce bénéfice a passé dans la maison de Lunéville par le mariage de Mathilde, fille et héritière du duc Adalbert et, par elle, à son fils Godefroy que nous considérons comme le premier mari de la comtesse Agnès.
Mais, s'il en eût été ainsi, ce n'est pas à Herman, comte de Salm, second mari de la comtesse de Langenstein, que revenait cette vouerie, mais au fils de celle-ci, le comte Conrad de Langenstein. Tout indique que c'est Herman II lui-même qui possédait ce bénéfice, soit qu'il l'ait hérité de son père Herman Ier, soit qu'il en ait été investi par l'évêque Poppon, dit Burckard (1090-1103), élu contre l'intrus Adalbéron IV.
Les domaines qu'Agnès de Montbéliard-Bar avait reçus en dot étaient situés, partie sur la haute Vezouse, partie dans le bassin de la Seille, l'ancien Saulnois. Sa sœur Norine, de son côté, avait été dotée de plusieurs seigneuries dans la région de Sarreguemines. Ces possessions de la famille de Montbéliard-Mousson-Bar provenaient en partie de l'ancien domaine qu'un grand d'Austrasie, Fulrad, avait légué par testament, en 777, à l'abbaye de Saint-Denis (50). Ce domaine constitua d'abord la dotation du prieuré de Salone. Vers 862, une partie de ces possessions, celles situées sur la Sarre, furent données en précaire à un comte des plus puissants à cette époque, au comte Adelard qui, avec Matfrid, était en 865 un des conseillers les plus écoutés de Lothaire II.
De 892 à 968, la maison des comtes de Paris, source des Capétiens, sous le titre d'abbés laïques, gouvernait l'abbaye de Saint-Denis. Hugues le Grand ayant marié sa fille Béatrice à Frédéric Ier, duc de Haute-Lorraine et premier comte de Bar, celle-ci reçut en dot, après échange sans doute, les domaines de la Sarre et la partie du comté de Destry située au sud de cette localité. Vers la même époque, le prieuré de Salone, moyennant un cens annuel, fut remis, du consentement de Saint-Denis, à l'abbaye de Saint-Mihiel, comme dédommagement d'autres biens que le duc Frédéric jugea plus à sa convenance. Aussi, dans l'acte de confirmation donné le 15 octobre 980 par Otton II en faveur de Saint-Denis, il n'est plus question des biens de la Sarre et du Saulnois (51).
Ces domaines, ainsi passés entre les mains des premiers ducs de Haute-Lorraine, puis dans celles des comtes de Montbéliard-Bar, furent donnés en dot aux filles de Thierry Ier, Agnès et Norine. Cette dernière épousa Albert, comte de Morsberg, issu du comte de Winterthur, en Suisse (52), et lui apporta en mariage plusieurs seigneuries dans la région de Sarreguemines. En souvenir de son castel familial, Albert, comte de Morsberg, fonda, sous la même appellation, le château de Morsberg, connu sous le nom de Marimont et situé près de Dieuze (53). Il en fit le chef-lieu des biens et des voueries que sa femme lui avait apportés.
Nous avons dit que les domaines reçus en dot par la comtesse Agnès étaient situés sur la Haute-Vezouse et dans le bassin de la Seille. Herman II, dont le comté de Salm était, comme les biens patrimoniaux de son beau-frère, le comte de Morsberg, éloigné des possessions dotales d'Agnès, son épouse, a-t-il, comme ce dernier, construit un château sur ces terres ? Nous l'ignorons, mais nous savons que, dès le XIIIe siècle, les comtes de Salm possédaient, dans l'ancien Saulnois, les châteaux de Morhange (54) et de Viviers (55), situés à égale distance de l'abbaye de Salivai, ancienne nécropole de cette famille à laquelle Ruyr attribue sa fondation (56). La chronique de Richer de Senones nous apprend que, vers 1250, le château de Morhange servait de résidence au comte de Salm (57).
Rappelons ici qu'au XIVe siècle, dans le Luxembourg, la famille des comtes de Salm-en-Vosge était désignée sous la dénomination de Salm-en-Savoye, Savoy, Savais, Saulmois (58). Notre confrère et ami M. Léon Germain de Maidy (59) a montré que sous ces variantes il faut reconnaître le mot Saulnois et il émet l'idée qu'il s'agit peut-être de notre pagus Salinensis. Les Annales du doyen de SaintThiébaut de Metz nous fournissent, de leur côté, la dénomination de comte de Salm-en-Samroy (sans doute mauvaise lecture de Saulnoy) et l'expression Saulnexiens appliquée aux troupes de Jean de Salm en 1364 (60).
Le doute aujourd'hui n'est plus permis sur ces différentes dénominations ; elles se justifient par ce fait que les principaux domaines des comtes de Salm, en dehors de la vouerie de l'abbaye de Senones, se trouvaient dans l'ancien Saulnois; ils provenaient, pour la plupart, des possessions de cette région apportées en dot par Agnès de Montbéliard-Mousson-Bar et plus tard par Marguerite de Bar, épouse du comte Henri III.
Ne perdons pas de vue que, sous Herman II, comme d'ailleurs sous son fils et successeur Henri Ier, le comté de Salm-en-Saulnois, ou en Vosge, n'existait pas encore. Leur titre de comte s'appliquait au comté de Salm-en-Ardenne, la séparation ne s'étant produite que vers le dernier quart du XIIe siècle.
C'est en sa qualité de voué de Senones que nous apparaît pour la première fois le comte Herman II, dans un titre de cette abbaye de l'an 1104, puis dans un acte d'Adalbéron IV, évêque de Metz, du 8 mars 1111. Cet acte, solennellement dressé et publié à Metz, sous la signature de nombreux témoins religieux et laïcs, déclare:
Que Herman, comte de Salm, abusant de son autorité, ne cessait d'inquiéter les sujets de l'abbaye de Senones par des exactions et des tailles; qu'il leur imposait, malgré l'abbé, des plaids auxquels il les obligeait de comparaître.
Antoine, abbé de Senones, en porta ses plaintes à Adalbéron IV, évêque de Metz, qui cita Herman devant lui, l'excommunia, l'obligea à satisfaire à l'abbé, à lui restituer ce qu'il avait pris et à demander l'absolution de l'excommunication qu'il avait encourue (61).
Nous ignorons si le comte Herman II se soumit entièrement à cette sentence. Il est permis d'en douter, puisque les mêmes plaintes se reproduisent sans cesse ultérieurement. L'anarchie qui régnait alors dans l'Empire, par suite du schisme sur la question des investitures, se faisait particulièrement sentir dans l'évêché de Metz, où Adalbéron IV avait été nommé par l'empereur Henri IV, et par les partisans de l'antipape Clément III, alors que les Messins, restés fidèles au pape Urbain II, avaient élu Poppon, dit Burckard. Après la mort de ce prélat, en 1103, les Messins, forcés de plier sous le poids de l'autorité de l'Empereur, se virent obligés de laisser monter Adalbéron IV sur le siège épiscopal. Mais Adalbéron était plus attentif à faire sa cour à l'Empereur, qu'il accompagnait partout, qu'à administrer sagement son évêché; aussi les abus devenant de jour en jour plus criants, il fut enfin résolu de l'expulser de son siège. Convoqué devant le Concile que le pape Pascal II fit assembler à Reims le 28 mars 1115, Adalbéron IV y fut déposé (62). Il faut avouer que, dans ces conditions, l'acte excommuniant le comte Herman II est tout au moins suspect d'être dirigé contre un adversaire politique.
En 1121, Herman II est à Rome, auprès du pape Calixte II, oncle de la comtesse Agnès. Il déposa sur l'autel de saint Pierre, en présence du pape et le jour même où l'on sacrait cet autel, la pièce d'or que Guillaume, comte de Luxembourg, son cousin germain, avait promis d'offrir tous les ans en signe d'affranchissement de l'oratoire fondé par le comte Conrad, sort père, auprès de son château de Luxembourg et devenu l'abbaye de Munster. Herman, comte de Salm, figure en tête des nombreux comtes et seigneurs qui assistaient, comme témoins, à l'acte de confirmation de cette abbaye (63).
Le prestige de ce cadet de la maison de Luxembourg, marié à la sœur des comtes de Montbéliard et de Bar, à la nièce du pape Calixte II, ne pouvait, semble-t-il, que grandir encore par l'élévation, au siège épiscopal de Metz, d'Etienne, autre frère de la comtesse Agnès.
Princier et archidiacre en 1112 (64), Etienne de Montbéliard fut nommé évêque de Metz en 1119, l'année même de l'élévation de Guy de Vienne, son oncle, au siège apostolique de Saint-Pierre sous le nom de Calixte II. La cérémonie du sacre d'Etienne se fit en 1120 à Rome par le nouveau pape, qui le décora du pallium et le créa cardinal. Mais, tant que la division subsista entre l'Empire et le sacerdoce, il ne fut pas possible au nouvel évêque de prendre possession de son évêché, parce que la ville de Metz tenait alors pour l'Empereur contre le pape légitime. La paix ayant été enfin conclue à Worms le 23 septembre 1122, Etienne reçut l'investiture par le sceptre et prit possession de son Eglise (65).
On n'est pas d'accord sur la date de son élévation à la dignité cardinalice. D'après Meurisse (66), ce serait en décembre 1124; mais, cette date, qui coïncide avec la mort de Calixte II survenue le 13 décembre 1124, n'est guère probable. Tout semble indiquer, au contraire, que c'est lors de sa nomination à l'évêché de Metz, en 1119 ou 1120, que le Souverain Pontife le créa en même temps cardinal-diacre de Sainte-Marie in Cosmedin (67).
Le comte Herman II, en sa qualité de voué de l'abbaye de Senones, devint ainsi le feudataire de son beau-frère. Dans le titre constatant la dédicace de l'église de l'abbaye de Senones par l'évêque Etienne, le 22 juin 1124, figurent comme témoins laïcs : le comte Herman, voué de l'abbaye, le comte Conrad de Langenstein et les seigneurs Bencelin de Turquestein, Conon de Buriville, Rainier de Domjevin, Rainier de Badonviller et Richer de Mainil (Masnil). L'acte mentionne le nom du père de l'évêque Etienne, le comte Thierry, et son oncle maternel, le seigneur Guy de Vienne, devenu pape de Rome (68).
En 1125, Herman (69), comte de Salm et voué de l'abbaye de Senones, souscrit, à la suite de ses deux beaux-frères, Renaud, comte de Bar, et Frédéric de Ferrette, un acte par lequel Etienne de Montbéliard-Bar, évêque de Metz, décharge l'abbé Antoine de certains services ou certaines redevances et reconnaît que ce n'était pas l'abbaye (c'est-à-dire l'abbé et le monastère de Senones), mais le ban de Senones pour les deux tiers et les bans de Vipucelle et de Plaine pour l'autre tiers, qui avaient la charge de ces servitudes (70). On saisit ainsi la distinction, établie par l'évêque suzerain, entre le monastère proprement dit et les bans des localités, dont l'ensemble formait le territoire de l'abbaye de Senones que le voué tenait en fief de l'évêque de Metz.
Le 6 janvier 1127, Herman II, voué de Senones, signe le titre de fondation du prieuré de Moniet. Pour la dotation de ce nouveau monastère, l'évêque Etienne de Montbéliard-Bar donne la place située au pied de son château de Deneuvre, le jardin, le pré et deux ménages de serfs établis près de cet emplacement; deux autres ménages de serfs à Vacqueville et deux à Nossoncourt (71). Il fait remise aux religieux de 20 sols que l'abbaye de Senones payait annuellement pour la garde du château de Deneuvre, et du sel ou de l'argent que l'abbaye lui devait pour droit de saline à Vic (72).
Ce titre est important surtout pour établir ce fait que le château et la terre de Deneuvre faisaient partie des domaines de la famille de Montbéliard-Bar, héritière des anciens ducs de Haute-Lorraine. Les donations de l'évêque Etienne témoignent que c'est à titre d'héritage paternel, et non comme biens de l'évêché de Metz, qu'il possédait Deneuvre, comme d'ailleurs les autres parties de la donation. Aussi, cette charte de fondation est-elle signée et scellée, non seulement par le donateur assisté d'Adelo, abbé de Marmoutier, d'Albert, grand prévôt de Saint-Dié, et d'Adalbéron, princier et archidiacre de Metz, mais encore par les témoins laïcs suivants, tous de sa parenté: Herman, comte et voué de Senones, le comte Godefroy de Castres, Thierry, comte de Montbéliard, Conrad, comte de Pierre-Percée, le comte Folmar étant préfet (comte-voué) de Metz.
Herman II, avec son fils Herman cette fois (Comitis Hermani et filii ejus Hermani), assiste encore comme témoin à l'acte de donation du fief de Basemont, daté de l'an 1130, donation faite à l'abbaye de Senones par l'évêque Etienne, du consentement de Gérard de Basemont et de sa femme (73).
Jusque-là, les relations de Herman II avec son suzerain et beau-frère l'évêque Etienne paraissent avoir été normales; mais, à partir de ce moment, la situation se modifie et nous voyons le comte de Salm entraîné à faire cause commune avec le duc Simon Ier de Lorraine qui, en qualité de petit-fils et successeur de Gérard Ier d'Alsace, avait naturellement hérité du ressentiment non encore assoupi de l'ancienne maison ducale de Haute-Lorraine-Bar. Cette nouvelle attitude du comte Herman II, dont j'essaierai plus loin d'établir les causes, paraît coïncider avec les conflits qui s'élevèrent entre Simon Ier et Albéron de Montreuil, peu de temps après que cet ancien princier de Metz fut élevé sur le siège archiépiscopal de Trèves (74).
Bertholet rapporte qu'Adalbéron, archevêque de Trèves (1130-1152), signala le commencement de son épiscopat «  par un acte de fermeté qui fit beaucoup de bruit ». Simon Ier, ajoute-t-il, «  avait ravagé l'archevêché de Trèves par des hostilités injustes et, quoiqu'il fût le beau-frère (75) de Lothaire II, ayant récemment épousé, à Aix-la-Chapelle, Gertrude (76), sœur de cet empereur, notre prélat l'excommunia et le renvoya de l'église le jour même de Pâques, lorsqu'on y eut commencé à chanter l'évangile » (77).
Baldéric nous apprend, en effet, qu'à une diète tenue à Aix-la-Chapelle par le roi Lothaire, à l'occasion des fêtes de Pâques de l'an 1132, l'archevêque de Trèves, Albéron, excommunia le duc Simon le jour de Pâques (10 avril) et l'obligea à sortir de l'église (78).
Cette même année 1132, Simon Ier fait savoir qu'il est venu à l'assemblée qui s'est tenue à Thionville pour établir la paix, et où se trouvaient l'archevêque de Trèves, les évêques Etienne de Metz, Henri de Toul et Adalbéron de Verdun, et une grande foule de clercs et de laïcs de Haute-Lorraine. Là, le duc Simon, du consentement de sa femme Adelaïde et de son fils Mathieu, renonça aux redevances qu'il prélevait injustement sur les terres de l'église de Saint-Dié, en particulier aux tailles que ses ministériaux levaient sur le village de Coincourt, dépendance du chapitre (79).
Albéron, archevêque de Trèves, de son côté, fait savoir au chapitre de Saint-Dié qu'étant venu à l'assemblée de Thionville, le duc Simon a renoncé à ses prétentions injustes sur l'église de Saint-Dié et, en conséquence, a été relevé de l'excommunication(80).
A côté de ces faits établis par des documents authentiques, un écrivain du XVIe siècle, Jean d'Aucy (81), dans une histoire des ducs de Lorraine écrite vers 1540, fournit sur la lutte entre Simon Ier et l'archevêque Albéron des détails puisés, croit-on, dans des chroniques lorraines aujourd'hui perdues et dont, par suite, il n'est pas possible d'apprécier la valeur. Comme l'a fait remarquer M. Chr. Pfister, l'éminent historien de Nancy, c'est aux matériaux réunis par Jean d'Aucy que Richard Wassebourg a emprunté ses biographies ducales, dans ses Antiquitez de la Gaule belgique, publiées en 1549. Et le père Benoît Picart, en 1704, donne, en l'abrégeant, le récit de Jean d'Aucy, dans l'Origine de la très illustre Maison de Lorraine, récit reproduit tel quel par Dom Calmet.
Une partie de ce récit intéresse trop vivement notre sujet pour nous permettre de le passer sous silence.
Nous l'empruntons au texte publié par M. Chr. Pfister, d'après les manuscrits de la bibliothèque de Nancy:
Cependant Adelbero, archevêque de Trèves, s'estant attribué le titre de duc de Lothreine (82), accompagné d'Estienne, evesque de Metz, Regnault, comte de Bar, Gotfroy, comte de Louvain (83), et d'autres princes, veint assaillir Lothreine, de quoy adverty le duc Symon de Nancey et que ses ennemys estoient en la Champaigne auprès de Sirk, au nombre de dix milles hommes pour le moins sans les gens de chevaulx, sur l'heur dudit advertissement faict, le duc Symon ayant avecque luy le duc de Bavière (84), les comtes palatin (85) et de Salm, et autres princes, feit sortir de ce lieu tous ses gens qui estoient en nombre quinze milles hommes sans les gens de chevaulx. Le camp sorti de Nancey, estant au champs, marchèrent droict pour trouver les ennemys, lesquelz trouvez par deux fois rompirent en batailles rengées, l'une auprès de Marcres (86), et l'autre auprès le chasteau Jules (87), et descendant en la possession de l'evesque, prit plusieurs places fortes; enfin, par le moyen de Lothaire II du nom et en l'ordre des empereurs le Ier (88), l'archevesque eust paix et accord avecque le duc Symon; laquelle toutefois peu dura de la part du duc Symon; car peu de jours après, courut toutes les terres de l'église de Trèves, et par force d'armes occupa toutes les terres limitrophes de ses pais. De quoy grandement indigné, Adelbero, archevesque de Trèves, en moins de quinze jours, ayant levé hastivement une armée, l'envoya soubs la charge de Gotfroy le jeune, comte de Falkemont, son cousin, en Lothreine, où à sa venue se rencontrant dessus l'armée du duc Symon, son ennemi, auprès de Toul, l'assaillit si vigoureusement qu'il la moit on route et feit tourner les espaulos au gens du duc Symon.
Lequel, voyant les siens tournez en fuite, et luy mesme et le conte de Salm chascun blessé de trois playes, delibérant de se saulver aussi avecque aucuns barons, et de faict s'enfuirent et se retirent dedans Nancey. Le conte demeure victorieux en la campaigne, poursuivit la victoire et, le jour ensuivant, se meist au siège à l'entour de Nancey si que personne n'en pouvait sortir n'entrer dedans. Cependant Estienne, evesque de Metz, et Regnault, conte de Bar, ayans entendus l'envahissement faict en Lothreine par le comte de Falkemont, contredit (89) dedans le pais jusques à Lambourg qu'il acquit et autres chasteaux du domaine de l'eglise de Metz que le duc Symon avait occupez (90).
Comme nous l'avons dit, ce récit a été utilisé au XVIIIe siècle par les historiens lorrains Benoît Picart et Dom Calmet. Les auteurs allemands du XIXe siècle les ont naturellement imités. Jaffé (91), en racontant, sous l'année 1131, les luttes entre Albéron, archevêque de Trèves, et Simon, duc de Lorraine, traduit le texte de Benoît Picart sans se préoccuper de la source où celui-ci avait lui-même puisé. Huhn (92), dont le récit offre quelques légères variantes, laisse supposer, en l'absence de toute référence, qu'il a utilisé en outre les faux Mémoires que nous nous contentons de signaler en note.
Après une étude très attentive de cette période extrêmement importante pour l'histoire des premiers comtes de Salm, j'estime, avec M. Chr. Pfister, que le récit de J. d'Aucy relatif à une guerre entre l'archevêque Albéron et le duc de Lorraine ne repose sur aucune donnée certaine, et que dès lors les détails fournis par cet auteur du XVIe siècle ne sauraient être utilisés que comme des indications dont l'exactitude n'est pas démontrée.
Les auteurs messins donnent heureusement sur cette période des renseignements, tirés de la chronique épiscopale de Metz, qui se rapportent à des conflits où nous voyons aux prises le duc Simon et l'évêque de Metz, Etienne, allié à Renaud Ier, comte de Bar, c'est-à-dire la nouvelle maison ducale contre les héritiers des anciens ducs de Haute-Lorraine, dont les droits, par le mariage de Sophie, l'une des deux filles du duc Frédéric II, étaient passés dans la maison de Montbéliard-Bar-Mousson.
Nous apprenons ainsi que le duc Simon s'était emparé des châteaux de Mirebaux, Fauquemont, Deneuvre, et que ces châteaux furent repris au duc de Lorraine par l'évêque Etienne assisté du comte de Bar, son frère (93).
Il semblerait que dans ce conflit le comte de Salm, Herman II, dût se trouver aux côtés de ses beaux-frères. Or, on a la surprise de constater qu'au contraire, et sans égard même à sa situation de vassal de l'évêché de Metz, il s'était rangé sous la bannière du duc Simon. Le passage suivant de la chronique épiscopale de Metz ne laisse aucun doute à cet égard: «  Le château de Pierre-Percée, appartenant aux comtes de Salm, était alors la terreur du pays, parce qu'il servait de retraite à des brigands qui faisaient mille ravages dans les campagnes et arrêtaient les voyageurs. Etienne en forma le siège, dressa trois forts autour de la place pour empêcher d'y faire entrer ni vivres ni secours. Il la tint ainsi investie plus d'un an et la força de se rendre (94). »
Au cours des hostilités entre le duc de Lorraine, d'une part, l'évêque Etienne, assisté du comte Renaud de Bar, de l'autre, le duc Simon, d'accord avec son allié le comte de Salm, aura fait occuper le château de Pierre-Percée par des troupes chargées de ravager et de rançonner les terres voisines de l'évêché de Metz, y compris sans doute l'abbaye de Senones. De là, l'acharnement de l'évêque Etienne au siège de cette forteresse, qu'il aurait dirigé lui-même, et dont le souvenir est resté vivace dans la tradition locale.
Cet événement, à mon avis, a dû se produire en 1135 ou 1136, époque coïncidant avec la mort prématurée du comte Herman II et de son fils aîné Herman III.
A quoi attribuer maintenant la détermination prise par le comte Herman II d'entrer dans une ligue qui le mettait dans l'obligation de lutter contre set puissants beaux-frères ? Cette grave et fatale résolution doit, à mon sens, être attribuée à deux causes principales : d'une part, la situation spéciale où se trouvait alors le comté de Luxembourg; d'autre part, les liens de parenté qui s'étaient établis entre le frère puîné de Herman II, le comte Otton de Rineck, et l'empereur Lothaire II, ainsi qu'avec le demi-frère de ce dernier, le duc Simon Ier de Lorraine.
Nous avons vu, en effet, que Otton, par son mariage avec Gertrude de Nordheim, était devenu le beaufrère de l'impératrice Richenza, épouse de Lothaire II; que ce lien de parenté fut encore resserré par le mariage de Sophie, fille du comte Otton de Rineck, avec Thierry, comte de Hollande, neveu du duc Simon Ier de Lorraine et de Lothaire II.
Voici maintenant quelle était alors la situation du comté de Luxembourg, dont relevait, il ne faut pas l'oublier, le comté de Salm-en-Ardenne, le seul qui existât au XIIe siècle et dont la possession faisait du comte de Salm un vassal du comte de Luxembourg.
Le comte Conrad qui, en 1128, avait succédé à son père, le comte Guillaume, était d'une complexion délicate et, bien que marié, n'avait point d'enfant (95). A sa mort, qui semblait proche, la branche masculine des aînés de la maison de Luxembourg serait éteinte. La plus proche héritière de cette branche était Ermenson (96), fille de Conrad Ier et, par conséquent, cousine germaine du comte Herman II. Celui-ci pouvait donc se considérer comme l'héritier présomptif de la couronne comtale de Luxembourg, et, si les anciennes lois franques et germaniques qui excluaient les femmes du pouvoir souverain y avaient été strictement en vigueur, la succession au comté de Luxembourg serait revenue de droit au comte Herman II de Salm, le représentant le plus proche de la branche cadette. Le comte Gislebert, l'ancêtre commun, était, en effet, le grand-père paternel de Herman, comme celui d'Ermenson.
Mais, pour entrer en possession du comté de Luxembourg, qui selon toutes probabilités lui serait disputé par le mari ou le fils d'Ermenson, l'appui du roi des Romains dut paraître au prétendant comme un élément indispensable de réussite. Aussi, à partir de l'année 1128, trouvons-nous souvent le comte de Salm parmi les seigneurs de la cour, où son frère, le comte palatin Otton de Rineck, tient l'un des premiers rangs pendant toute la durée du règne de Lothaire II.
Herman II et son fils Herman III figurent comme témoins dans une charte datée du 27 décembre 1128, à Worms, où Lothaire passait la fête de Noël et tenait une assemblée (97). De Worms, le comte de Salm accompagne le Roi à Strasbourg où, le 20 janvier 1129, il signe comme témoin une charte par laquelle Lothaire affranchit les bourgeois de cette ville de toute juridiction étrangère (98). Quand déjà, le 21 janvier, Lothaire quitte Strasbourg, les comtes Herman de Salm et Otton de Rineck l'accompagnent. Le 10 février, ils sont à Cologne, et le 8 mars 1129 dans la ville royale de Duisbourg, où ils figurent tous deux comme témoins dans une charte, donnée à cette date par Lothaire on faveur des bourgeois de cette ville (99).
L'année suivante, nous retrouvons le comte Herman II en compagnie du roi Lothaire à Strasbourg où, le 17 février 1130, il signe une charte en faveur de l'abbaye d'Hirsau (100).
Au mois de mars 1131, le comte Herman II et son fils aîné sont présents à Liége, où le roi Lothaire et la reine Richenza s'étaient rendus pour recevoir le pape Innocent II et tenir la diète. Ils y signent comme témoins, à la suite du duc Simon de Lorraine, un diplôme de Lothaire, daté du 29 mars 1131, pour l'abbaye de Beuron (101). De Liége, le comte Herman et son frère Otton de Rineck accompagnent le Roi et la Reine à Trèves pour les fêtes de Pâques. Le 13 avril 1131, ils sont à Stavelot, et le 19 avril, à Trèves. Dans l'entourage du Roi, on remarque en outre les évêques Etienne, de Metz, Henri, de Toul, le comte palatin du Rhin, Guillaume, le comte Conrad de Luxembourg, Renaud de Mousson. Ceux-ci, de même que Herman II de Salm et son frère Otton de Rineck, figurent comme témoins dans la charte, dressée le 23 avril 1131 à Trèves, par laquelle Lothaire II confirme les droits de l'abbaye d'Echternach (102).
Nous ignorons si le comte de Salm était présent à l'assemblée tenue à Aix-la-Chapelle, en 1132, à l'occasion des fêtes de Pâques. Nous y relevons la présence de l'archevêque de Trèves, Albéron de Montreuil, auquel Lothaire donna l'investiture, bien qu'il eût, contre la volonté du Roi, été consacré auparavant par le pape Innocent II. L'évêque Etienne de Metz, principal instigateur de l'élection assez irrégulière d'Albéron, était également présent. Parmi les seigneurs laïques, les ducs Simon, de Haute-Lorraine, et Waleran, de Basse-Lorraine, sont nommés, et il est probable que le comte de Salm et son frère, le comte Otton de Rineck, assistaient également à la diète. C'est à l'occasion de cette assemblée que le nouvel archevêque de Trèves, Albéron, excommunia le duc Simon Ier et que, le jour de Pâques (10 avril 1132), devant la cour réunie, il l'obligea à sortir de l'église pendant la lecture de l'évangile (103).
Il est évident que cet affront public, en présence même de la cour sympathique au demi-frère du roi, n'améliora pas la situation déjà manifestement tendue entre l'archevêque Albéron et l'évêque Etienne de Metz, d'une part, et le duc Simon Ier de Lorraine, de l'autre. Comme nous l'avons vu, l'excommunication fut levée dans une réunion organisée à Thionville en vue de la paix; l'acte intervenu mentionne, outre l'archevêque de Trèves, les évêques suffragants, Etienne, de Metz, Henri, de Toul, et Adalbéron, de Verdun (104).
Le 8 novembre 1133, Lothaire, couronné empereur à Rome le 4 juin précédent, et l'impératrice Richenza sont à Bâle, accompagnés d'un grand nombre de nobles parmi lesquels le duc Simon de Lorraine.
De Bâle, la cour se dirigea, par Strasbourg, sur Cologne où, le 1er janvier 1134, le comte Herman II de Salm signe, comme témoin, une charte par laquelle Lothaire II transporte, au comte Otton de Rineck, la vouerie du couvent de l'île rhénane de Rolandswerth, conformément au désir de l'abbesse et de l'impératrice Richenza (105).
Dans une charte de Lothaire II, datée de Buxtehude (106) le 11 juillet 1135, figurent comme témoins Hermannus et Otto de Rinegge. Bernhardi émet l'idée que le premier pourrait être le comte Hermann de Wintzenburg que, dans ce cas, l'Empereur aurait relâché de sa détention (107). Or, ce nom précédant immédiatement celui du comte Otton de Rineck, on pourrait, avec plus de vraisemblance, semble-t-il, y voir celui du comte Herman II de Salm. Ce serait alors le dernier acte connu de l'empereur Lothaire II où figurerait ledit Herman II.
Les deux frères, Herman II et Otton de Rineck, apposent encore une fois ensemble leurs sceaux à une charte d'Adalbert, archevêque de Mayence, confirmant les privilèges de la bourgeoisie de Mayence.
L'acte est daté : 1135, ind. 13, regn. 9, imp. 2 (108).
C'est le dernier acte témoignant que le comte Herman II de Salm vivait encore, car celui qui va suivre ne prouve pas qu'à sa date il fût encore en vie. Il s'agit d'une bulle, datée de Pise, le 10 juin 1135, par laquelle le pape Innocent II confirme les possessions de l'abbaye de Hugueshoffen, entre autres les dons du comte Conrad de Pierre-Percée, du comte Herman de Salm et de son épouse, la comtesse Agnès de Montbéliard. Ces donations concernent les églises de Landage, Parux et Vathiménil... Ecclesiam ejusdem villas, quam dedit Cunradus comes, Erimannus comes cum uxore sua Agneta (109).
Nous sommes ainsi amenés à fixer la mort du comte Herman II entre les années 1135 et 1138, une charte, dont il sera question plus loin, attestant qu'à cette dernière date la comtesse Agnès était veuve. C'est au cours de cette période que doivent être placées les hostilités entre le duc de Lorraine et le comte de Salm, d'une part, l'évêque de Metz et le comte de Bar, de l'autre, et dont l'épisode principal est le siège du château de Pierre-Percée. Il est en effet très frappant qu'aucun de ces belligérants ne fit partie de l'expédition que, sur les instances du pape Innocent II, l'empereur Lothaire II dirigea contre le roi Roger de Sicile en 1136 (110).
Benoît Picart, il est vrai, dit qu'il y a quelque apparence que Simon Ier ait fait ce voyage d'Italie; car ce prince «  donne à l'abbaïe de Sturzelbronn le bois nécessaire pour les bâtiments et les chariots, à prendre dans son bois de Vasgaër, en action de grâce de son heureux retour d'Italie l'an 1138 (cart. du résident Alix)»(111). Or, aucun des nombreux documents contemporains consultés par l'auteur de Lothar von Supplinburg ne fait mention ni du duc Simon, ni de l'évêque de Metz, ni des comtes de Bar et de Salm. Et cependant, le duc Simon, demi-frère de Lothaire II, occupait une situation trop élevée pour être resté inaperçu et pour que son nom n'ait pas eu l'occasion d'être mentionné. La preuve invoquée par Benoît Picart ne saurait trancher la question. Tout d'abord le retour de l'armée impériale n'eut pas lieu en 1138, mais en novembre 1137, puisque Lothaire II mourut, sur le chemin du retour, le 4 décembre 1137 (112).
Si l'acte de donation en faveur de l'abbaye de Sturzelbronn est authentique, le voyage d'Italie invoqué pourrait s'appliquer à celui effectué par Lothaire en vue de son couronnement, qui eut lieu à Rome le 4 juin 1133. Cette expédition dura de septembre 1132 au mois d'août 1133, et, le 8 novembre 1133, le duc Simon est mentionné dans l'entourage de Lothaire II et de l'impératrice Richenza présenta à Bâle (113).
Je considère donc, comme une preuve négative très sérieuse, l'absence de toute indication, dans les documents contemporains, pouvant laisser supposer que le duc Simon de Lorraine et l'évêque Etienne de Metz se soient trouvés parmi les seigneurs accompagnant l'empereur Lothaire II dans sa deuxième expédition d'Italie.
La rupture ouverte et définitive entre ses frères et son second mari fut, sans nul doute, douloureusement ressentie par Agnès de Montbéliard, impuissante à conjurer le danger qui entraînait le comte Herman II dans le parti de la nouvelle maison de Lorraine. Cette nouvelle orientation politique devait d'ailleurs être fatale à la maison de Salm, car c'est précisément à la veille pour ainsi dire de l'ouverture de la succession au comté de Luxembourg (114), que Herman II et son fils aîné Herman III succombèrent dans la lutte meurtrière contre l'évêque Etienne de Metz et le comte de Bar. Le champ restait ainsi libre pour l'accession, sans difficulté, au siège comtal, du fils d'Ermenson, Henri, comte de Namur, connu sous le nom de Henri l'Aveugle.
Après ces tragiques événements, qui la laissèrent veuve pour la deuxième fois, la comtesse Agnès semble s'être confinée dans ses terres de Blâmont et de Pierre-Percée, et avoir passé le reste de son existence dans l'accomplissement d'œuvres de piété, vivant surtout avec les souvenirs de son premier mariage, au point que dans les documents qui nous sont parvenus, il est souvent difficile de distinguer la comtesse de Salm sous la dénomination habituelle d'Agnès de Langenstein qui lui est restée.
L'acte de donation de 1138, en faveur de l'abbaye de Saint-Sauveur, est caractéristique à cet égard. Dédaignant le titre de comtesse de Salm, qui lui revenait de droit, elle s'y qualifie simplement comtesse Agnès; et, comme il fallait confirmer des donations faites antérieurement par le comte Herman, son second mari, avec l'assistance probable de leur fils aîné Herman III, la donatrice les mentionne seulement comme ses prédécesseurs, en les qualifiant, on ne sait trop pourquoi, de princes, titre qui, il est vrai, se justifie par leur origine royale, mais qu'ils ne portaient pas de leur vivant. En revanche, la comtesse Agnès se complaît à rappeler le souvenir de son premier mari, le comte Godefroy, et celui de leur fils Guillaume, mort jeune et inhumé à Raon-lès-Leau. Pour bien marquer que, dans les donations antérieures, les princes de Salm ne sont intervenus que pour la forme, elle spécifie que les terres qui eu font l'objet sont à elle personnellement, soit qu'elles fussent de son patrimoine, soit qu'elles fissent partie de son douaire à elle constitué par son premier mari (115). Parmi les témoins de la donation figure bien un Conrad, qui pourrait être son fils Conrad, comte de Pierre-Percée; mais on y chercherait vainement le nom de Henri, son fils survivant du second mariage (116).
Nous ignorons la date de la mort de la comtesse Agnès; mais une charte de l'évêque de Metz, de l'année 1147, semble indiquer qu'à cette époque elle était encore en vie. Ce document nous apprend en outre que quelques années auparavant (vers 1140), elle avait participé à la fondation de l'abbaye de Haute-Seille avec ses héritiers de Langenstein, d'une part, Bencelin de Turquestein, avec Conon, son fils, Ancelin de Walteringen (117) et Bero de Busnes (118) chevaliers, de l'autre. L'évêque Etienne y déclare que tous ces nobles bienfaiteurs étaient de sa parenté (119). Nous savons que ce prélat était le frère de la comtesse Agnès; mais on ne voit pas quels liens de consanguinité l'unissaient aux autres seigneurs. L. Viellard croit que Bencelin de Turquestein était le gendre d'Agnès. Mathilde (120), l'épouse de Bencelin, aurait donc été sa fille, et, par suite, la nièce de l'évêque Etienne.
La tradition attribue à la comtesse Agnès le creusement dans la roche, au pied du donjon du château de Pierre-Percée, du grand puits, cette œuvre vraiment merveilleuse pour l'époque, qui a justifié le changement du nom primitif de la forteresse. Que ce travail admirable ait été exécuté sous la direction de la comtesse ou de son fils Conrad de Langenstein, toujours est-il que ce dernier a modifié son titre de comte de Langenstein, qu'il porte encore en 1124, contre celui de comte de Pierre-Percée (Petra-Perceia) adopté pour la première fois en 1127, dans la charte de fondation du prieuré de Moniet. On peut donc placer l'aménagement de ce puits dans le premier quart du XIIe siècle.
Une autre tradition conservée dans la haute vallée de Celles est ainsi rapportée par H. Lepage, d'après une version qui lui fut communiquée, vers 1840, par le maire de Raon-lès-Leau:
En 1258, la princesse Agnès, comtesse de Salm, fondatrice de l'abbaye de Haute-Seille, fut enterrée, au cimetière qui existe au milieu du village, par Isembaut, ermite de Lamaix. Cette princesse mourut, par suite des blessures qu'elle reçut dans un combat avec les gens de l'évêque de Metz, sur un rocher dit la Pierre-à-Cheval, dans des retranchements dont on voit aujourd'hui les vestiges. Les troupes ennemies occupaient tous les environs, et, pour inhumer son corps en terre sainte, on fut obligé de traverser toutes les forêts pour arriver au village de Raon-lès-Leau avec une bien faible escorte (121).
1258 doit, évidemment, être lu 1158. Serait-ce là l'année de la mort de la comtesse Agnès ? C'est fort possible, puisque nous la trouvons encore en vie l'année 1147. Pour ce qui touche la cause de sa mort, le combat avec les gens de l'évêque de Metz est certainement une légende, mais qui se rapporte sans nul doute au fameux siège de Pierre-Percée par l'évêque Etienne. Les retranchements du rocher dit la Pierre-à-Cheval, dont on voit encore les vestiges, doivent être ceux désignés sous la dénomination château de Damegalle, situés, comme nous l'avons dit, sur le versant occidental de ce rocher qui domine le col de la Chapelotte.
D'après cette légende, la comtesse Agnès aurait été inhumée à Raon-lès-Leau, ce qui n'a rien d'invraisemblable, puisque déjà son fils Guillaume y avait reçu la sépulture. Nous aurions cependant cherché la sienne plutôt dans l'une ou l'autre des abbayes voisines, Haute-Seille ou Saint-Sauveur, dont elle était la grande bienfaitrice. Y avait-il, à cette époque, à Raon-lès-Leau, quelque établissement religieux dépendant de Saint-Sauveur ? L'intervention, dans la circonstance, d'un ermite de Lamaix marque-t-elle quelque rapport avec cet antique lieu de pèlerinage ? Je ne puis que poser ces questions, le cadre de mon travail ne me permettant pas de pousser plus à fond leur étude.
Le souvenir de la comtesse Agnès est ainsi resté attaché à deux faits importants de l'histoire du château de Pierre-Percée : au creusement du puits qui, bien que comblé jusqu'à quelques mètres seulement de son ouverture, fait encore l'admiration des visiteurs, - et au siège du château par l'évêque Etienne, frère de la comtesse.
Du mariage d'Agnès de Montbéliard et de Godefroy de Langenstein nous paraissent issus:
1° Conrad de Langenstein, devenu comte de Pierre-Percée;
2° Guillaume, enterré à Raon-lès-Leau;
3° Mathilde, épouse de Bencelin de Turquestein.

Conrad, comte de Langenstein ou de Pierre-Percée. - Il figure, comme témoin, dans les actes déjà mentionnés des années 1124 (dédicace de l'église de Senones) et 1127 (fondation du prieuré de Moniet) (122).
En 1137, il intervient encore dans la charte de donation du comte Hugues (123), de la comtesse Gertrude, sa femme, et du jeune Hugues, leur fils encore enfant, de la chapelle de Laubenheim (124), à l'abbaye de Lure, en Franche-Comté, pour le repos du comte Albert, père du comte Hugues et de Brunon, son oncle maternel. Cette donation fut faite en présence de Gebhard, évêque de Strasbourg, qui l'autorisa par son décret épiscopal, et de Conrad de Pierre-Percée (125).
Le comte Conrad est ensuite mentionné dans la bulle du pape Innocent II, du 11 janvier 1135 (126), et dans une charte non datée de l'évêque Etienne ainsi conçue : «  Stephanus Metensium episcopus... noverit comitissam Agnetem de Languestein cum filiis suis Henrico et Hermanno, consulibus, Conrardum nihilominus comitem, cum uxore sua Havyde et filio Hugone... » (3). Le rédacteur de cet acte fait ainsi la distinction entre les enfants des deux lits, en appelant consuls les fils du comte de Salm et comte le fils du comte Godefroy de Langenstein; il nous apprend en outre que l'épouse de Conrad se nommait Havyde et qu'ils avaient un fils appelé Hugues. Ce prénom permet de supposer que Havyde appartenait à la famille d'Eguisheim; elle était peut-être la fille de Hugues VII et de Gertrude. La qualité de gendre expliquerait et justifierait l'intervention de Conrad de Pierre-Percée dans l'acte de donation de la chapelle de Laubenheim par Hugues VII et Gertrude, son épouse, en 1137.
Toutes nos recherches sur la descendance de Conrad de Pierre-Percée et de son épouse Havyde sont restées vaines. Nous ignorons si leur fils Hugues leur a survécu ou s'il est mort sans postérité, comme la suite semble le laisser supposer. Nous allons voir, en effet, le château de Pierre-Percée en la possession du comte Henri II de Salm. Cette seigneurie n'a pu lui appartenir que par héritage ou à la suite d'un arrangement de famille qui ne nous serait pas parvenu.
Ce qui est certain, c'est que, dès la première moitié du XIIe siècle, le château de Langenstein ou Pierre-Percée appartenait à la maison de Salm à titre d'alleu.
Du mariage du comte Herman II de Salm et d'Agnès, nous connaissons:
1° Herman III;
2° Henri Ier qui continua la lignée;
3° Thierry, abbé de Saint-Paul de Verdun, mort le 12 février 1156 (127).

Herman III. - Herman III, l'aîné, mourut jeune et sans postérité. Il figure comme témoin avec son père, dans l'acte de donation de la terre de Basemont, daté de l'an 1130 (Comitis Hermani et filii ejus Hermani) (128), et dans les deux chartes de Lothaire II, déjà mentionnées, l'une datée de Worms le 27 décembre 1128 et l'autre donnée à Liége le 29 mars 1131. Ce sont les seuls actes connus où il intervient de son vivant. Il est ensuite rappelé dans l'acte de confirmation des biens de l'abbaye de Haute-Seille, de l'année 1174, ainsi que dans l'acte de donation de la forêt d'Everbois, à cette même abbaye, de l'an 1186, où il est encore qualifié de consul (129).
Gravier (130) dit que Hermann II avait épousé Berthe, comtesse de Blâmont; mais il n'en fournit aucune preuve, et le comte de Martimprey (131) ne mentionne aucune dame de ce nom. Cet auteur adopte au contraire l'opinion de Benoît Picart, d'après laquelle Herman III épousa Mathilde de Parroy, dont il n'eut point d'enfants (132). Selon toutes probabilités, il succomba en combattant, aux côtés de son père, dans l'armée alliée du duc de Lorraine Simon Ier contre l'évêque de Metz et le comte de Bar.

HENRI Ier. - C'est très certainement par suite d'une er eur de copiste ou d'une confusion de noms que celui de Henri figure, suivi des titres de comte de Salm et de voué de Senones, dans l'acte dressé en 1125 par Etienne, évêque de Metz, en faveur de cette abbaye (133). Henri Ier, fils puîné de Herman II, n'était alors qu'un enfant, et il ne devint voué de l'abbaye de Senones qu'après la mort de son père et celle de Herman III, son frère aîné. Comme ce dernier, il est qualifié de consul (134), dans les actes postérieurs de 1174 et 1186.
Le premier document où figure le nom du comte Henri a été publié par Dom Calmet (135) qui, dans son histoire manuscrite de l'abbaye de Senones, l'a analysé comme suit:
En 1135, l'abbé Antoine porta ses plaintes à Adalbéron, archevêque de Trèves, qui tenait alors son concile provincial, en présence du légat du Pape et de ses évêques suffragants. Antoine se plaignait que Henri fils de Herman, qui avait reçu de l'abbaye une terre en fief (peut-être Bayon), au lieu de la protéger, ne cessait de la molester et d'exiger divers services et contributions des sujets du monastère, les obligeant contre raison, de plaider en sa présence, sans avoir égard aux ordonnances des Roys et aux privilèges accordés par les Souverains Pontifes, Pascal, Calixte et Honoré (136). L'archevêque de Trèves cita en sa présence et devant le concile le comte Henri, et l'obligea de demander l'absolution de l'excommunication qu'il avait encourue; de restituer ce qu'il avait injustement exigé et de promettre solennellement de cesser les vexations et de respecter à l'avenir les droits et privilèges du monastère. Le diplôme est souscrit de Folmar, doien de l'Église de Trèves, de Bertram, abbé de Saint-Arnoû, de Lnndolphe, abbé de Saint-Vincent, d'Herbert, abbé de Saint-Clément, de Richer, abbé de Saint-Martin et de Saint-Symphorien de Metz, de Simon, duc de Lorraine, de Renaud, comte de Bar et de ses deux fils Hugues et Renaut... (137).
Ce document, que Dom Calmet qualifie de diplôme, offre de telles singularités que son authenticité est plus que suspecte. Tout d'abord, le nom sous lequel y figure l'archevêque Albéron [Alberto (138) au lieu d'Albero] n'est pas celui qu'il prend dans tous les actes connus. Ensuite le nom du voué, objet de la sentence, n'y apparaît que sous la simple désignation de comte Henri, sans nul indice qu'il s'agît d'un comte de Salm, car le nom de Herman, que l'on trouve dans l'analyse ci-dessus de Dom Calmet, n'y figure nulle part. Et cependant, nous sommes en 1135, année où vivait encore le comte Herman II qui, jusque-là, était le voué de l'abbaye de Senones et, par conséquent, l'auteur éventuel des abus dont se plaignait l'abbé. Cet Henri aurait reçu de l'abbaye un fief, séparé de la prébende des moines. L'invraisemblance d'un pareil fait saute aux yeux, le haut domaine de l'abbaye appartenant, depuis le VIIIe siècle, à l'évêque de Metz, qui seul avait qualité pour le constituer en fief. L'archevêque de Trèves déclare ensuite qu'il cita Henri en sa présence, en celle du légat du Pape (139) et celle de ses suffragants. D'autre part, les noms et qualités des témoins ne donnent nullement l'impression d'un concile provincial, attendu, tout d'abord, que l'on n'y voit figurer aucun des évêques suffragants; et cependant, les évêques de Metz et de Toul étaient on ne peut plus qualifiés pour appuyer de leur autorité une sentence concernant le voué de l'abbaye de Senones. On y trouve, en revanche, les noms du doyen et de deux archidiacres de Trèves, du chantre et prévôt de Saint-Arnould, de cinq chanoines et de quatre abbés, de Metz. Parmi les témoins laïques, on a la surprise de trouver en tête : Simon, duc de Lorraine, puis Hugo, magister (?), Renaud de Bar (140) avec ses fils Hugues et Renaud, Lambert de Montaigu, Thierry de Florei et Thierry de Humbercourt. Enfin, comme date, simplement le millésime, sans spécification ni de l'indict ni des années du règne ou du pontificat (141).
Or, nous savons quel antagonisme existait entre le duc de Lorraine Simon Ier et Albéron, archevêque de Trèves, Etienne, évêque de Metz et le comte Renaud de Bar. L'apposition de la signature du duc Simon à côté de celle du comte de Bar et de ses fils au bas d'un acte préjudiciable au comte de Salm, son allié, est inadmissible. Que dire aussi de cette mention du nom de Hugo, magister, entre ceux du duc de Lorraine et du comte de Bar ? Nous nous trouvons donc ici en présence d'un document offrant toutes les apparences d'un acte apocryphe. Dom Calmet, qui ne semble pas s'être préoccupé outre mesure de l'authenticité des pièces justificatives mises à profit pour la préparation de son Histoire de l'abbaye de Senones, restée manuscrite, avait cru trouver dans cet acte apocryphe, qualifié par lui de diplôme, la réalité d'un grief plusieurs fois invoqué par le chroniqueur Richer, selon lequel la maison de Salm aurait reçu de l'abbaye de Senones, pour droit d'advocatie, une terre appelée Ambaium (142). Dom Calmet, comme nous l'avons fait ressortir déjà, croyait y voir le nom de Bayon, où la maison de Salm ne possédait aucun fief ni aucune terre à quelque titre que ce soit.
La date de 1135, adoptée par le rédacteur de la pièce analysée plus haut, ne peut donc être admise pour établir l'année de la mort du comte Herman II et de la succession au comté de Salm de son fils puîné Henri Ier. Toutefois, cette date doit se rapprocher de la réalité, puisque l'année 1135 est la dernière où Herman II apparaît dans les actes. La difficulté de préciser davantage est d'autant plus grande qu'aucun autre document de cette époque ne mentionne le nom de Henri en qualité de comte de Salm. Tout ce qui est certain, c'est qu'en 1138, la comtesse Agnès, sa mère, est veuve, comme en témoigne le titre de donation à l'abbaye de Saint-Sauveur.
La fin tragique du comte Herman II de Salm semble avoir précédé de peu celle de Conrad II, comte de Luxembourg, mort en 1136 sans laisser de postérité (143). Si, comme je l'ai fait remarquer plus haut, Herman II avait encore vécu, la question de sa succession au gouvernement du comté de Luxembourg se fût certainement posée, en sa qualité de représentant direct de la branche cadette (144). Son fils puîné Henri, plus éloigné d'un degré de cette parenté, était sans doute d'ailleurs trop jeune pour revendiquer un titre, d'autant plus difficile à recueillir qu'une lutte entre l'archevêque de Trèves et le comte de Luxembourg, au sujet de l'abbaye de Saint-Maximin, était loin d'être terminée. C'est donc Henri, dit l'Aveugle, comte de Namur, qui fut appelé à succéder à Conrad II. II était fils d'Ermenson de Luxembourg, fille de Conrad Ier, qui avait été mariée en premières noces à Albert, comte de Dagsbourg et de Moha (145), et en secondes noces, à Godefroy, comte de Namur. Henri de Namur se fit reconnaître comte aux grandes acclamations des Luxembourgeois qui, par la réunion de deux riches et puissants comtés sur une même tête, espéraient être en meilleur état de résister à leurs ennemis (146).
C'est à l'occasion d'une guerre contre la ville de Metz que nous trouvons mentionné pour la première fois Henri Ier comte de Salm. Voici comment cet événement est rapporté par Meurisse (147):
Tous nos historiens remarquent que les habitants de la ville de Metz et les nobles du pays messin eurent de grandes guerres les uns contre les autres à raison, disentils, que durant le schisme et pendant la persécution qu'on faisait aux évêques ceux de la ville s'étaient emparés de l'autorité et voulaient assujettir les gentilshommes du pays à leurs ordonnances; les gentilshommes de leur côté ne pouvaient point souffrir cette nouvelle domination.
L'évêque Etienne, qui était seigneur de la ville et du pays, lassé de la guerre et ne voulant plus tremper ses mains dans le sang, se transporta à Clairvaux pour prier saint Bernard de venir composer les différends. Mais les gentilshommes ayant eu l'avantage sur ceux de Metz, en une bataille qui s'était donnée entre Bouxières et la Moselle, où plus de 2.000 hommes étaient demeurés sur place, sans ceux qui avaient été emportés par les flots de la rivière, ils ne voulaient point entendre aux propositions que leur faisait saint Bernard d'un accommodement.
D'après l'auteur de la vie de saint Bernard (148), Henri, comte de Salm, aurait été le plus obstiné à continuer la lutte, et il n'aurait pas fallu moins d'un miracle du saint qui, en sa présence, rendit l'ouïe à un sourd, pour l'amener à se réconcilier avec ses ennemis. Mais enfin, dit Meurisse:
Ils y donnèrent les mains et la paix fut conclue à Froimont, auprès de Bouxières (149).
Nous rencontrons ensuite le comte Henri Ier se chargeant lui-même du rôle honorable de médiateur entre les troupes du comte de Bar, qui s'étaient emparées du château de Bouillon, et celles de Henri, comte de Luxembourg et de Namur, placé à la tête de l'armée d'Albéron, évêque de Liége, qui faisait le siège de ce château. Voici ce qu'en rapporte l'auteur du Triomphe de Saint-Lambert:
Le siège durait toujours et on y souffrait beaucoup. Le jour auquel on avait demandé une trêve, Henri, comte de Salm, neveu du comte de Bar, vint au camp et demanda à l'évêque la permission d'entrer dans le château. On le lui permit et il y trouva une désolation extrême. Il y régnait des divisions cruelles entre les assiégés, qui s'entretuaient comme des bêtes carnassières; ils manquaient de provisions et malgré cela ils n'osaient capituler, de peur d'encourir la disgrâce de leur maître.
Le comte de Salm, à la vue de ces calamités, condamna fort leur obstination et les exhorta à se rendre. Ils y donnèrent les mains, mais à condition que, s'ils ne recevaient point de secours avant un certain terme qu'ils fixèrent, on leur permettrait de sortir avec leurs armes et leurs bagages. Le comte médiateur rapporta cette nouvelle à l'évêque et courut à Bar, afin d'obtenir le consentement de son oncle. Le comte Renaud consentit à la reddition de la place, qui fut signée le 22 septembre 1141 (150).
Le 1er novembre 1145, Henri, comte de Salm, signe, comme témoin, un privilège d'Albéron, archevêque de Trèves, qui confirme à l'abbaye de Senones ce qu'elle possédait à Réméréville (151).
Le comte Henri Ier est présent à la confirmation de l'abbaye de l'Étanche en Lorraine (152), faite, le 10 août 1149, par Henri, évêque de Toul. Ce prélat y fait le dénombrement des biens qu'Adelaïde, sa belle-sœur, duchesse de Lorraine, léguait à ce monastère et de ceux que le duc Mathieu, premier fondateur, lui avait déjà cédés. Les seigneurs présents à cette confirmation y figurent dans l'ordre suivant: Etienne, évêque de Metz; Thierry, princier; Henri, comte de Salm; Hugues, comte de Vaudémont; Renaud, comte de Bar; Albert, comte de Chiny; Folmare, comte de Soloen (?); Aubert d'Apremont et plusieurs autres, tant ecclésiastiques que laïques (153).
Le premier rang parmi les témoins laïques où figurent, après lui, les comtes de Vaudémont, de Bar, de Chiny, ne pouvait être attribué au comte Henri Ier par le prélat auteur de la charte (154) qu'en raison d'une situation prépondérante dans l'organisation féodale de l'époque.
Parmi les seigneurs du XIIe siècle, dit l'auteur de l'Histoire du Luxembourg (155), il semble que Henri Ier, comte de Salm, tenait un des premiers rangs. Outre ce que nous en avons déjà rapporté au sujet des dissensions qu'il eut avec les bourgeois de Metz, il nous reste une lettre que Wibalde, abbé de Stavelot (156) lui écrivit, avec la réponse que Henri y fit. Ces deux pièces nous instruisent des hostilités qui se commettaient entre les vassaux des deux seigneurs. Elles sont datées de l'année 1153 et voici le texte de celle de Wibalde:
«  Au noble et illustre comte de Salm Henri, frère Wibalde, par la grâce de Dieu, abbé. Étant arrivés à Stavelot, par ordre du roi et des seigneurs cardinaux, nous y avons trouvé notre abbaye troublée et vexée par les fréquentes rapines et les butins que vos officiers et autres sujets ont faits sur nos Terres. Il serait trop long de raconter les maux qu'ils y ont causés... Nous espérons de votre justice que vous condamnerez ces voies de fait, qui sont si contraires à la bonne police. Il est vrai qu'elles ont été occasionnées par notre mayeur de Lernau, lequel a fait crever les yeux à un de vos sujets, parce qu'il avait enlevé la femme d'un des nôtres; mais il avait permission des vôtres de poursuivre l'inique ravisseur et de le punir selon la grandeur de son crime, s'il le pouvait faire prisonnier. Nous vous avons supplié plus d'une fois de vouloir arrêter ces brigandages. Bien loin d'avoir été exaucés, les vôtres ont encore employé la violence contre notre mayeur, au jour de ses noces, lui ayant enlevé le pain nuptial avec six bœufs qui le conduisaient. Comment pouvons-nous croire que tout cela se soit fait sans votre participation, et vos sujets auraient-ils osé s'emporter à de pareils excès sans votre commandement ? Si nous ne pouvons pas réprimer les vagabonds qui parcourent notre pays, nous nous flattons que pour l'affection sincère que nous portons à votre personne, préférablement à tous les Prin.ces de nos contrées, vous cesserez de nous tenir dans l'oppression, et nous avons cru qu'en souvenir de notre ancienne amitié, nous pouvions vous représenter dans nos lettres la grandeur de nos griefs, vous conjurant, par l'amour de Dieu et en l'honneur des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et de saint Remacle notre fondateur, de nous indemniser des pertes que nous avons faites. Que si l'on venait à ne point les réparer, nous serions obligés de nous adresser à Dieu, au Roi, et à tous les Princes de l'Empire, et aux fidèles de l'Église de Stavelot, pour obtenir la justice qui nous est due (157). »
Le comte de Salm répondit en ces termes:
La nouvelle de votre retour m'a rempli d'une vraie joie, tant par l'espérance que j'en ai conçue de me servir de la sagesse de vos conseils, que pour rétablir une solide paix entre vos vassaux et les miens. Car, quoique les vôtres et vos ennemis aient mis tout en œuvre pour rompre le lien d'amitié qui est entre vous et moi, cependant ils n'ont pu en venir à bout, et par la grâce de Dieu il subsiste en son entier. Il serait trop ennuyeux de faire le récit des brigandages qui ont été commis de part et d'autre. J'abandonne à votre discrétion, tant par le respect que j'ai pour votre caractère que par un désir sincère de conserver votre amitié, la pleine et entière décision des plaintes mutuelles. Car vous savez que mon château de Salm, et tout ce que j'y possède, soit en paix, soit en guerre, sont prêts à vous obéir comme à moi, pourvu que vous vouliez conserver votre honneur et le mien, et m'aimer en les conservant. Je suis persuadé que les plaintes que vous nous faites sont un effet de votre affection et je vous aurais porté les miennes le premier, si j'avais su votre arrivée. J'irai vous voir au premier jour, et nous parlerons ensemble des moyens nécessaires pour conserver la concorde convenable, étant disposé d'ailleurs à vous obéir en tout (158).
«  On voit ici, dit Bertholet, une réponse d'un seigneur judicieux, sage, modéré, mais ferme et résolu à soutenir ses droits et ceux de ses sujets. On ne sait pas, faute de mémoires, quelles suites eurent ces démêlés; mais on doit présumer qu'ils furent assoupis et terminés à l'amiable (159). »
Des difficultés s'élevèrent, à la même époque, entre l'abbaye de Saint-Mihiel et le comte Henri Ier; elles démontrent que ce dernier, tout en s'intéressant aux affaires de son comté de Salm-en-Ardenne, ne s'occupait pas moins activement de ses possessions messines et lorraines. La lettre, dont nous donnons ci-après la traduction, que le pape Eugène III écrivit à ce sujet au comte de Salm, nous fait connaître les causes du conflit. Elle est datée de Signia, 24 mai 1152:
Eugène, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à notre cher fils, noble homme Henri, comte de Salm, salut et bénédiction apostolique. Nous avions espéré d'apprendre des nouvelles qui nous persuadassent la sollicitude avec laquelle vous travaillez au salut de votre âme et qui nous disposassent à vous aimer plus intimement et à vous secourir, si l'occasion s'en présentait. Main l'abbé de Saint-Michel a porté à notre Tribunal des plaintes contre vous, en ce que vous avez envahi avec vos hommes la celle d'Insming (160) que lui, aussi bien que ses prédécesseurs, ont possédée longtemps sans aucuns troubles; il nous a dit encore que non content de la lui avoir enlevée par une damnable témérité, vous en avez chassé les moines et introduit à leur place un prêtre qui vous est tout dévoué. Cette usurpation, si elle est véritable, nous afflige d'autant plus que nous n'appréhendions rien de semblable de votre part... Nous vous enjoignons donc par le présent rescrit, de lui restituer la même celle, avec tout ce que vous en avez emporté; que si vous vous croyez fondé en droit contre lui, on vous rendra ensuite justice. Au surplus, nous voulons que vous sachiez que nous avons donné ordre à notre vénérable frère, l'évêque de Metz, de vous excommunier, si vous ne faites pas d'abord la restitution prescrite (161).
En effet, sous la même date du 24 mai 1152, Eugène III envoya un bref à Etienne, évêque de Metz et oncle du comte Henri Ier de Salm, par lequel il lui ordonnait de jeter l'interdit sur la celle envahie et de frapper le ravisseur des anathèmes de l'Eglise, s'il ne se disposait incessamment à obéir (162). L'évêque Etienne, nommé en même temps commissaire, par le pape, pour examiner la difficulté survenue, s'acquitta sans retard de sa mission. Par une charte du 9 octobre 1152, il confirma les droits de l'abbaye de Saint-Mihiel sur le prieuré d'Insming (apud Asmingiam) et notamment les concessions faites par le comte Henri de Salm (163). Il ressort de cette charte que celui-ci contestait à l'abbaye de Saint-Mihiel le don de l'église d'Insming que lui avait fait, en 1102, son grand-père Thierry Ier, comte de Montbéliard-Mousson-Bar.
Une grande incertitude règne au sujet du nom de l'épouse du comte Henri Ier. Bertholet, confondant Henri Ier avec Herman II, lui attribue pour épouse «  Agnès de Langestein, héritière de Blâmont » (164). Benoît Picart dit qu'il épousa «  Juditte de Xures » (165). D'après Fahne, la femme de Henri Ier serait «  Havide, héritière de Blâmont » (166). Enfin, dans la liste généalogique de Fr. de Rosières, Henri Ier figure, sous le n° 37, avec l'indication suivante : Henricum 7 principem liberaiem, Salmensem et Blancimontis comitem. Iniit magistratum 1146. Obiit 1170, principatus 30. Ex Maria, quae patrem habuerat Henricum à Lutzelburgo suscitavit (167).
La liste de Fr. de Rosières, en ce qui concerne du moins la première partie, avec les noms et les années de règne des trente-six premiers comtes de Salm, ne mérite aucune confiance; mais il faut reconnaître qu'à partir de la fin du XIIe siècle, les données généalogiques de cet auteur sont généralement exactes. Aussi, sous la réserve de considérer comme une mauvaise lecture du nom de Havide (168) ou Hawis, le prénom Marie dont je ne connais pas d'exemple avant le XIIIe et même le XIVe siècle, l'opinion de Rosières, suivant laquelle l'épouse du comte Henri Ier serait la fille de Henri de Lutzelbourg, doit être prise en sérieuse considération. Un tel mariage est d'autant plus admissible que la maison de Lutzelbourg formait un rameau de la puissante dynastie de Montbéliard-Mousson-Bar, à laquelle se rattachait Henri Ier de Salm par sa mère Agnès. Henri de Lutzelbourg était fils de Pierre, comte de Lutzelbourg, fils lui-même de Frédéric comte de Ferrette, frère de Thierry Ier de Montbéliard (169).
Agnès de Langenstein étant l'une des filles de Thierry Ier, Henri de Lutzelbourg et Henri Ier de Salm étaient cousins issus de germains. Le château de Lutzelbourg, qui faisait partie de la marche de Marmoutier, sous la suzeraineté de l'évêque de Metz, aurait été bâti par le comte Pierre, qui eut pour successeur son autre fils Réginald, fondateur de l'abbaye de Neuviller, en 1128, et mort en 1143. Son frère Henri fut vogt ou voué de Strasbourg. A la mort, sans postérité, du comte Réginald, le 1er janvier 1150, l'évêque Etienne de Metz hérita de Lutzelbourg dont il reconstruisit le château et le donna à son église (170). Rappelons que ce prélat était le cousin de Réginald.
La fille de Henri de Lutzelbourg aura apporté en mariage la partie des domaines du Blâmontois qui, avec ceux appartenant déjà à la comtesse Agnès, mère du comte Henri de Salm, formèrent la seigneurie de Blâmont. C'est pour ce motif que la plupart des auteurs désignent l'épouse de Henri Ier comme l'héritière de Blâmont (171).
Henri Ier mourut vers 1170 (172). Il laissa deux fils:
1° Henri II, tige des comtes de Salm-en-Vosge;
2° Ferry, tige des comtes de Salm-en-Ardenne (173).
II figure comme témoin dans deux chartes, des années 1171 et 1172, constatant des donations faites à l'abbaye de Prum (174). Une autre donation, datée du 23 juillet 1207, mentionne comme témoins deux de ses fils : Fredericus et Gerardus clerici, filii comitis de Salmene. Enfin, dans une charte de l'archevêque Jean, de Trèves, de l'année 1210, figurent, comme premiers témoins, le fils et le petit-fils, du comte Ferry : Wilhelmo comite de Salmena et Henrico filio ejus (175).

(A suivre)

(1) Avant lui, nous trouvons mentionné Arnulphe de Salm, qui figure comme témoin dans les actes ci-après:
10 novembre 1036. - Donation faite au couvent de Saint-Euchaire, par le prévôt Adalbéron de Saint-Paulin, près de Trèves, seigneur de Roussy, Sierck, Sarrebourg et Berncastel; donation qui eut lieu dans la cathédrale de Trèves, en présence de l'archevêque Poppon et de Thierry II, évêque de Metz, du duc Godefroy, des comtes Gérard, Arnolf, Barthofl, Frédéric..., ainsi que des deux Arnolf de Salmena et Nagalbach.
1052. - Accord entre Eberhard, archevêque de Trèves, et le comte Waleran d'Arlon. Premier témoin laïc : Arnolf, v. Salmena.
1052. - Donation d'Eberhard, de Trèves, à Saint-Siméon. Témoin : Arnolf v. Salmena.
1052. - Autre donation du même. Témoin, comte Arnolf. Goerz, Mittelrheinische Reg. Coblence, 1876, p. 358-385.
(2) Berthold de Constance. Ad an. 1086 et 1088.
(3) Sigebert de Gembl. - Chron. Ad an. 1046.
(4) CHATELAIN, Le Comté de Metz et la vouer le épiscopale du huitième au treizième siècle. Jahrbuch de la Soc. de Metz, 1901, p. 248. Sigebert. Chron. an. 1082. M. G. H, ss. VI, 364.
(5) «  Iste Hermannus natus fuit de Lotharingie, vir sapientia, modestia, genere fortitudineque insignis. » Annal. s. Disibodi, an. 1082. SS. XVII, 8.
(6) G. MEYER v. KNONAU, Jahrbücher des deutschen Reiches unter Heinrich IV und Heinrich V, 1900, III, p. 417-418, 426, 580.
(7) Jahrbücher des deutschen Reiches unter Heinrich IV, t. III, 1900, p. 464, 467 et 470.
(8) Jahrbücher, etc., t. IV, 1903, p. 15-20.
(9) Ibid., t. IV, p. 22.
(10) Jahrbücher, etc., p. 130-131, et 221.
(11) Liber de unitate ecclesiae conservanda, lib. II, ch. 15 et 16. Cf. Jahrbücher des deutsch. Reich. 1903, IV, p. 228.
(12) Vita Heinrici IV, imperatoris. Cf. ibid., p. 228.
(13) Vita Henrici imperatoris, ch. 4 (SS. XII, 274). Annal, s. Jacobi Leodiens. (SS. XVI, 639, 725). - Annal. August. (SS. III, 133). En ce qui concerne le lieu sur la Moselle, les Annal. Palidens. désignent : castrum suum COCHEHE repperit apertum ; les Gesta archiep. Magdeburg. : statima suis hominibus in obsidione castri sui LINTBERG interficitur (SS. XVI, 71; XIV, 404). Cf. Jahrbücher, etc., 1903, t. IV, p. 226-228.
(14) C'est le mariage de Conrad Ier avec Clémence, de la Maison de Gleiberg, particulièrement attachée à la fortune de l'empereur Henri IV, qui explique la position prise par le comte de Luxembourg, devenu l'adversaire de son frère, le roi Herman.
(15) Meyer v. Knonau, Jahrbücher des deutschen Reiches unter Heinrich IV, 1903, t. IV, p. 229. La puissance territoriale des comtes de Gleiberg s'étendait sur les deux rives du Rhin.
(16) BERTHOLD CONST., ad an. 1088 : «  Hermannus, Rex Catholicus, ab iis in Lotharingiam secessit, ibique non multo post, viam universse terrae arripuit, anno Dominica incarnationis 1088, regni vero ejus septimo; indict. XII, et in patria sua Mettis honorifice sepelitur. Cf. BÉNÉD., Hist. de Metz, II, p. 191; NEYEN, II, p. 104; Jahrbücher des deutsch. Reich. 1903, t. IV, p. 227.
(17) NEYEN, Biogr. luxemb., II, p. 103.
(18) KREMER, Gesch. des ardennischen Geschlechts, p. 77.
(19) Jahrbücher, etc., IV, p. 17.
(20) WITTE, Genealogische Untersuchungen. Stammtafel II: Haus Luxemburg-Gleiberg. - Ann. des histor. Vereins für den Niederrhein, XV, 1864, p. 35-39.
(21) Monastère sur la montagne de Gotweih (Cotewich dicitur) dans la marche orientale de Bavière, évêché de Passau. Voici le passage en question de la chronique : domina Sophya Herimanni regis relicta tradidit ad altare sancte Marie predium quoddam Meginoldi dictum... avec, Otto filius ejusdem regine. comme premier témoin. (Fontes rer. Austriacarum, 2e partie, VIII, 26. Cf. Jahrb., IV, 17, n. 32.)
(22) L'abbaye de Formbach est située en Bavière, au sud de Passau, sur l'Inn ; elle fut fondée par la famille de Formbach, à laquelle appartenait Hedwig de Formbach, mère de l'empereur Lothaire II et du duc Simon de Lorraine. Dans l'abbaye de Formbach fut inhumé, au milieu de ses ancêtres, Fréderic de Formbach, mort en 1059 et père d'Hedwig. W. BERNHARDI, Lothar von Supplinburg, 1879, p. 597.
(23) Sigefroy de Ballenstedt, mort en 1113, était le fils d'Adalbert de Ballenstedt dont la veuve, Adelaïde, se maria, comme nous l'avons vu, p. 70 (t. XV) et 21, en secondes noces au comte palatin Herman et en troisièmes noces à Henri de Laach. Ce dernier, étant mort le 12 avril 1095, eut pour successeurs ses deux beaux-fils : Otton et Sigefroy. En 1099 Sigefroy était désigné, comme le deuxième successeur de Henri, dans la dignité de comte palatin. Les deux fils de Sigefroy de Ballenstedt et de Gertrude étant morts sans postérité : Sigefroy II en 1124 et Guillaume en 1140, c'est le second mari de Gertrude Otton qui devint comte palatin et rentra ainsi en possession de l'héritage de son grand-oncle Herman, comte palatin, dont Herman Ier, père d'Otton, avait été frustré par son compétiteur Henri IV.
(24) W. BERNHARDI, Lothar von Supplinburg, Leipzig, 1879, p. 814-816.
(25) H. LEPAGE, Les Communes, art. Salival. D. CALMET, Not. de Lorr.
(26) J. G. Docteur, Le château de Pierre-Percée, Raon-l'Étape, 1840.
(27) Hic nota quod episcopus (Metensis) Stephanus supra nominatus très habuit fratres comitis, Theodericum de Montebeliardi; Fredericum de Ferretes, patrem comitis Ludovici, et Rainaldum strabum, comitem de Barro Ducis... Quatuor isti fratres surfirent habuerunt, quae comiti Herimanno de Salmis peperit Henricum de Salmis et fratrem ejus Theodericum abbatem S. Pauli Virdunensis. ALBERIC, Chron. Cf. Léon VIELLARD, Documents et Mémoires pour servir à l'hist. de Belfort, p. 278. Besançon, 1884.
(28) SCHOEPFLIN, Als. dipl.
(29) GRANDIDIER, Hist. d'Alsace.
(30) D. CALMET, Hist. de Lorraine.
(31) Du CHESNE, Hist. de la maison de Bar.
(32) Ch. DUVERNOY, Éphémérides du comté de Montbéliard.
(33) L. VIELLARD, Documents, etc.
(34) TUEFFERD, Hist. des comtes souverains de Montbéliard, 1877.
(35) Thierry Ier est appelé, dans des chartes de 1076 et 1096 «  noble comte de Montbéliard; très illustre seigneur; éminent comte; riche et puissant comte qui par sa position et ses ressources, pouvait beaucoup nuire ou rendre service ». Cf. TUEFFERD, ibid., p. 14.
(36) Abbé CHATTON, Hist. de l'abbaye de Saint-Sauveur et de Domèvre. Mém. S. A. L. 1897 et 1898. - Voici le texte du préambule dont ma traduction ci-dessus diffère de celle de M. l'abbé Chatton, qui a traduit : ab antecessoribus principibus Salmeis par «  les princes de Salm ses ancêtres » (d'Agnès). Mém. S. A. L. 1897, p. 39 : Ego Agnès comitissa pro remédio anima meae et antecessorum meorum fratribus et ecclesiae Sanctae Mariae apud Sanctum Salvatorem, confirma presenti scripto ea quae ab antecessoribus principibus Salmeis et dominis hujus meae terrae donata sunt eis nec non nonam... Ibid., 1898; Appendice, p. XII.
(37) Mém. S. A. L., 1890, p. 84.
(38) Castello ou Castres, paraît être Bliescastel, sur la Bliese, entre Deux-Ponts et Sarrebrück.
(39) Mém. S. A. L., 1897, p. 41.
(40) Journ. S. A. L., 1888.
(41) GOERZ, Mtrh. Reg.. I, p. 508.
(42) D. CALMET, IV, pr. col. 439.
(43) La Véritable orig., etc., p. 4. Bien qu'il existât une famille comtale de Homberg, il s'agit sans doute ici de Hombourg, plus tard Hombourg-l'Évêque, canton de Saint-Avold (Moselle), parfois appelé Homberch.
(44) Abbé CHATELAIN, Le Comté de Metz et la Vouerie épiscopale du huitième au treizième siècle (Jahrbuch, 1901, p. 306).
(45) D. CALMET, II, col. XXV, 2e éd. - Cette filiation est établie, d'une manière authentique, par la donation de Consengis, que les deux frères Folmar V et Godefroy font, à l'abbaye de Saint-Remy, pour le repos de l'âme de leur père. D. CALMET, I, col. 412. - Cf. Abbé CHATELAIN dans Jahrbuch, 1901, p. 302.
(46) TUEFFERD, Hist. des comtes de Montbéliard, p. 14. BÉNÉD., Hist. de Metz, II, p. 230.
(47) D. CALMET, I, col. CCIX. - VII, col. CLXXX. - MARTENE, II, p. 80. Notice de Lorr., art. Salm.
(48) Supra.
(49) SIGEBERT DE GEMBL., Chron. ad an. 1081 : In Gallia Hermannus miles Herimanni,... - Gobert, fils de Cunégonde, qualifié voué de Senones en 1103, n'est sans doute qu'un sous-voué ou voué pour des biens de l'abbaye de Senones en dehors de la juridiction du temporel de l'évêché de Metz. Hist. ms. de Senones, éd. Dinago, p. 66.
(50) La Bibliothèque nationale possède quatre testaments de Fulrad. - MABILLON et FÉLIBIEN, Hist. de l'abb. de Saint-Denis.- GRANDIDIER, Hist. de l'égl. de Strasbourg, t. II, pr., p. CXXII et suiv. - Neues Archiv der Gesellsch. für die aeltere Geschichtskunde, vol. 32, p. 169 et suiv. - L. MAUJEAN, Hist. de Destry et du pays Saulnois, Metz, 1913, p. 9-17. - Fulrad, abbé de Saint-Denis, mourut le 16 juillet 784.
(51) E. HUBER et E. PAULUS, Coup d'œil hist. sur les orig. de Sarreguemines jusqu'au XIIIe siècle. Jahrbuch, 1903, p. 263-277. Le Saulnois était limité au nord par le pagus Metensis et le pag. Nitensis; au nord-est par le Blesencis superior. Au sud et à l'ouest, la limite qui le séparait du Calmotensis et du Scarponensis suivait, à quelque distance de la rive, la Seille jusqu'au pag. Metensis, lequel commençait aux environs de Sillegny. Cf. L. MAUJEAN, Hist. de Destry et du pays saulnois, p. 94. Metz, 1913.
(52) E. HUBER et E. PAULUS, p. 263. Le château de Moersperg, dit aussi Morimont, s'élève sur le sommet d'une montagne entre Ferrette et Porrentruy (Suisse). C'est un des premiers domaines du comté de Ferrette. (SCHOEPFLIN-RAVENEZ, L'Alsace ill., t. IV, p. 80.)
(53) Le château de Marimont était entouré d'une double enceinte; démoli, il n'en reste que quelques vestiges. H. LEPAGE, Le Département de la Meurthe, Statistique, art. Marimont.
(54) Morhange, à 15 km. N.-N.-E. de Château-Salins, avait deux châteaux anciennement entourés de fossés.
(55) Viviers, à 10 km. N.-N.-O. de Château-Salins et 4 km. à l'E. de Delme; il y avait là un château fortifié de bonnes murailles et environné de fossés remplis d'eau. Le corps de la place avait sept bastions et les cours en avaient six. D. CALMET, Notice de Lorraine.
(56) Salival, abbaye de Prémontrés, à 3 km. S.-E. de Château-Salins. RUYR, Recherches des sainctes antiquitez de la Vosge, p. 248. Épinal, 1634.
(57) RICHER, 1. V, ch. 11. M. G. H., t. XXV, p. 337.
(58) H. GOFFINET, Les Comtes de Chiny, p. 527, 544, 545, 546. E. TANDEL, Les Com. lux. VI, p. 421.
(59) Journal S. A. L., 1896, p. 259-261.
(60) D. CALMET, IV, pr., col. CLXXV.
(61) D. CALMET, IV, col. 527. - Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 69.
(62) Bénédictins, Hist. de Metz, II, p. 220. Adalbéron IV n'était nullement, comme le croyait MEURISSE (Hist. des évêques de Metz, p. 388), de la maison de Luxembourg. Il y avait alors Adalbéron, fils de Conrad, comte de Luxembourg, qui était princier de l'Église de Metz; mais il mourut au siège d'Antioche en 1098. Cf. BERTHOLET, III, p. V.
(63) BERTHOLET, III, p. 396 et p. justif., p. XLIX-L.
(64) L. VIELLARD, Docum., etc., p. 182.
(65) Bénédictins, Hist. de Metz, II, p. 231.
(66) MEURISSE, Hist. des év. de Metz, p. 393. Metz, 1634.
(67) On peut donc admettre pour exacte l'indication de l'Annuaire pontifical catholique de Mgr A. BATTANDIER, qui fixe la création comme cardinal à l'année 1119. Mais on ne peut considérer de même la partie de la notice consacrée à Etienne de Montbéliard, suivant laquelle il se serait fait moine à Cluny et y aurait vécu saintement quarante-trois ans. La suite de cette étude montrera, d'accord avec tous les historiens de Metz, que l'évêque-cardinal Etienne a gouverné le temporel de l'évêché de Metz sans interruption quarante-trois ans, étant mort le 29 décembre 1163. - On peut consulter sur l'évêque Etienne, RUPERTI, Bischof Stephan von Metz dans le Jahrbuch de la Soc, de Metz, année 1910, p. 1-96 ;et le compte rendu dans la Bibliographie lorraine, 1911-1912, p. 36-37.
(68) D. CALMET, I, col. 439, col. CCLXXV. - Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 76.
(69) C'est bien certainement par suite d'une confusion, fréquente à cette époque, entre Herimanus et Henricus, que Dom Calmet écrit Henri au lieu de Herman. Il ne saurait en effet être question, en 1125, de Henri Ier comme voué de Senones, d'abord parce que ce titre appartient à Herman jusqu'à sa mort vers 1135 et ensuite parce que Henri, fils puîné, devait être alors à peine adolescent.
(70) D. CALMET, IV, col. C.CLXXVII. - Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 85-86.
(71) Vacqueville, village à 8 km. N.-E. de Baccarat. - Nossoncourt, à 8 km. au S.-O. de Baccarat et à égale distance de Rambervillers.
(72) D. CALMET, IV, col. CCLXXXV. - Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 82.
(73) D. CALMET, IV, col. CCXC. Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 83-84. Basemont, auj. Bauzemont, sur la rive droite du Sanon, à 11 km. au N. de Lunéville.
(74) L'élection avait été assez irrégulière et longtemps le roi d'Allemagne., Lothaire de Supplinbourg, hésita à le reconnaître. Il finit pourtant par y consentir dans une assemblée tenue à Aix-la-Chapelle, en avril 1132; il donna à l'élu l'investiture par le sceptre. BALDÉRIC, Gesta Alberonis, Pertz, SS., t. VIII, p. 251. Cf. Chr. PFISTER, Hist. de Nancy, I, p. 115.
(75) Le roi Lothaire (1127-1137) était fils de Gebhard de Supplinbourg et de Hedwige de Formbach (Bavière, près de Passau). A la mort de son mari, Hedwige épousa le duc de Lorraine Thierri Ier, et de ce mariage naquit le duc Simon Ier. Celui-ci n'était donc pas le beau-frère, mais le demi-frère de Lothaire II. Cf. Chr. PPISTER, Hist. de Nancy, I, p. 115.
(76) Elle s'appelait non pas Gertrude, mais Adelaïde ou Adeleis, fille de Gebhard de Supplinbourg et d'une femme autre que Hedwige de Formbach. par conséquent, demi-sœur de Lothaire II. Ém. DUVERNOY, Catalogue des Actes des Ducs de Lorr., 1915, p. 62.
(77) BERTHOLET, Hist. du Duché de Luxemb., IV, p. 41.
(78) BALDÉRIC, Gesta Alberonis, ch. XIII, Monum. 88., t. VIII, p. 251. Cf. Ém. DUVERNOY, Ibid., p. 45.
(79) Orig. Bibl. Nancy, coll. de chartes, n° 5, parch. de 309 mm. de haut sur 383 mm. de large, avec sceau plaqué en cire vierge. Ed. RIGUET, Docum. Hist. lorr., t. I, p. 12. Ém. DUVERNOY, Ibid., p. 46.
(80) D. CALMET, Hist. de Lorr., II, pr., col. 298. Ém. DUVERNOY, Ibid., p. 47.
(81) Jean d'Aucy, cordelier de Nancy, confesseur des ducs François Ier et Charles III. Sur ce personnage, voir D. CALMET, Bibl. lorr., col. 63; A. COLLIGNON, Une Source de Jean d'Aucy, A. D. E., 1894, p. 582. Il existe à la Bibl. de Nancy, sous les n° 727 (81) et 728 (30), des copies des XVIIe et XVIIIe siècles de son Hist. des Ducs de Lorr., restée manuscrite, bien que D. Calmet prétende que l'ouvrage a été imprimé en 1566. Cf. Chr. PFISTER, Hist. de Nancy, I, p. 116.
(82) M. Chr. PFISTER fait remarquer en note (5) que ceci est entièrement faux. Albéron, élu archevêque de Trèves en 1131, ne semblant jamais avoir eu une pareille ambition. H n'en est peut-être pas de même du comte de Louvain.
(83) Le comte de Louvain est Godefroy VII, duc évincé de Basse-Lorraine.
(84) Henri VIII le Superbe, duc de Bavière, était gendre du roi Lothaire II.
(85) Le comte palatin était Guillaume de Ballenstedt; il s'était opposé à l'élection d'Albéron.
(86) Mackeren, canton de Saint-Avold.
(87) Serait-ce Keskastel, Caesaris castellum, en Basse-Alsace ? Question posée par M. Pfister.
(88) Ceci est une erreur. Il avait le titre de Lothaire III, et était le second (II) empereur de ce nom.
(89) Contredit, c'est-à-dire pénétra en ennemi. La phrase exigerait contredirent.
(90) Manuscrits nos 727 (81) et 728 (30) de la Bibl. de Nancy. Chr. PFISTER, Hist. de Nancy, I, p. 119. A côté de l'Epitome de J. d'Aucy, dont l'origine et l'authenticité sont reconnues, certains auteurs, à partir de la fin du XVIIIe siècle, ont utilisé des chroniques, ou plutôt des fragments de chroniques, dont la provenance est restée mystérieuse et qui sont ainsi désignées : 1° Les Mémoires d'Errard, valet de chambre du duc Thiébaut, écrits vers 1213; 2° Les Mémoires de Louis d'Haraucourt, évêque de Verdun, 1456; 3° Les Coupures de Bournon, président des assises de Saint-Mihiel, 1591; 4° Les Mémoires de Florentin le Thierrat, avocat du bailliage des Vosges, à Mirecourt, 1640. Or, ces mémoires sont apocryphes et ont été fabriqués, tous quatre, par le même faussaire, vers la fin du dix-huitième siècle. Ce faux a été signalé pour la première fois par M. G. SAVE, dans le Bulletin de la Société philomatique vosgienne, 1895-1896, p. 326-328; ensuite, par M. R. HARMAND, dans les Mémoires de la Société d'Archéologie lorraine, 1909, p. 101-128; par M. Léon GERMAIN DE MAIDY, dans le Bulletin de la même Société, 1911, p. 103-117; par M. Chr. PFISTER, dans La Lorraine, le Barrais et les Trois-Evêchés, Paris, 1912, p. 16-17. Je m'abstiendrai donc de citer ceux des textes utilisés de bonne foi par Digot, I, p. 316, qui concernent le comte de Salm. J'applique la même exclusion à l'Histoire de Lorraine, de CHEVRIER, à juste titre tenue pour suspecte. Voir au sujet de Chevrier Chr. PFISTER, La Lorr., le Barrois et les Trois-Êvêchés, p. 32. Je profite de l'occasion pour remercier M. Ém. Duvernoy, le savant archiviste de Meurthe-et-Moselle, président de l'Académie de Stanislas, d'avoir bien voulu appeler mon attention sur toutes ces publications suspectes.
(91) JAFFÉ, Geschichte des deutschen Reiches unter Lothar dem Sachsen, Leipzig, 1843, p. 113.
(92) HUHN, Geschichte von Lothringen, Berlin, 1877, t. I, p. 135-138.
(93) MEURISSE, p. 397.
(94) Chron. episcop. Met., Spicilège, t. VI,p. 661. Bénédictins, Hist. de Metz, II, p. 269. D. CALMET, II, col. 74, 1re éd. L'un de ces forts se trouvait sans doute sur l'emplacement des ruines dites du château de Damegalle, sur le versant occidental du rocher delà Pierre-à-Cheval; le deuxième paraît avoir été établi à la Roche des Corbeaux, à l'ouest du château de Pierre-Percée qu'elle domine de loin; l'emplacement du troisième doit être cherché du côté de la vallée de Celles.
(95) BERTHOLET, III, p. 413 et 415.
(96) Ermenson de Luxembourg avait été mariée, en premières noces, à Albert, comte de Dagsbourg et de Moha, et en secondes noces à Godefroy, comte de Namur, mort en 1139.
(97) W. BERNHARDI, Lothar von Supplinburg, p. 196.
(98) Ibid., p. 212. SCHOEPFLIN, Als. dipl., I, 207. GRANBIDIER, Hist. d'Alsace, II, 274. Cf. VIELLARD, Doc. et Mém., etc., p. 243.
(99) W. BERNHARDI, Lothar, etc., p. 216. Stumpf, n° 3241.
(100) Ibid., p. 255. Wirt. Urkundenbuch, I, 381, n° 301. Les témoins sont Welf, frère du duc de Bavière; Hugues, comte de Dagsburg; Wernher, comte de Habisburg; Herman, comte de Salm; Folmar, comte de Huniburg, et Robert.
(101) Ibid.,p. 354. Ém. DUVERNOY, Mém. S. A. L., 1912, p. 140. Beuron ou Beuren, abbaye bénédictine de la Haute-Bavière.
(102) Ibid., p. 366-367. Hontheim, 1516. GOERZ, Mtrh. Reg. I, p. 499. BERTHOLET, III, pr., p. LIV.
(103) W. BERNHARDI, Lothar p. Suppl., p. 426-427.
(104) Ibid., p. 429-430 et 843. Voir supra, p. 48-49. L'acte est daté : an. dom. incarnat. 1132, indict. 10, ap. sedi praesidente domino papa Innocentio II, regn. Rom. imp. Auguste Lothario II, anno ordinationis nostrae 2. Selon W. BERNHARDI, p. 843, cet acte fut dressé entre le 7 et le 24 mars 1133.
(105) Ibid., p. 510 et 522. BCBHMER, Acta imp., 74. GCBRC, p. 506. Rolands- ou Nonnenwerther, sur une île du Rhin.
(106) Buxtehude, entre Bardovick et Stade.
(107) W. BERNHARDI, Lothar v. Suppl., p. 570.
(108) GUDEN, Codex dipl., I, 120. Dom v. Mainz, I, 332. GOERZ, I, p. 508. SERR., Rer. Mog, 547. WILL, Reg. der Erzb. v. Mainz, I, p. 300, n° 278.
(109) SCHOEPFLIN.. Als. dipl., I, 208. L. VIELLARD, Documents, etc., p. 224. Hugueshoffen, plus tard Hegesheim, Hugoncourt et Honcourt, abbaye fondée vers l'an 1000, dans le val de Viller, près du château d'Eguisheim.
(110) Lothar v. Suppl., p. 649 et suiv.
(111) Benoît PICART, Hist. de Toul, p. 223.
(112) Lothar v. Suppl., p. 785-786. Il mourut dans un petit village du Tyrol du nom de Breitenwang, proche de la frontière de Bavière.
(113) Lothar v. Suppl., p. 510.
(114) Conrad II, comte de Luxembourg, mourut en 1136, sans postérité, et fut inhumé dans l'abbaye de Munster. BERTHOLET, III, p. 220.
(115) Agnès de Langenstein, comtesse de Salm, avait établi un péage sur la route qui conduit à Raon-lès-Leau, sans doute parce qu'elle veillait sur son entretien. D. CALMET, I, col. 558 et 559. DIGOT, I, p. 366.
(116) Voir supra, p. 30.
(117) Walteringen ou Waltenheim, était près de Saverne.
(118) C'est probablement le lieu appelé Wuenheim, plus tard Bünen, en 1576, près d'Olwiller (Alsace).
(119) Archives de Meurthe-et-Moselle, H. 569. Orig. en parchemin. Cf. H. LEPAGE, Les Seigneurs, le château, la châtellenie et le village de Turquestein, p. justif. Mém. S. A. L., 1886, p. 180-182.
(120) Le nom de l'épouse de Bencelin figure dans une charte de l'année 1128 relative à la donation de l'église de Lorquin à l'abbaye de Senones par : Bencelinus de Trudisten eum uxore sua Mastilde et Cuonone filio et filiabus suis, avec Gérard, son neveu, et d'autres seigneurs. D. CALMET, IV, pr., col. CCLXXXV.
(121) H. LEPAGE, Le Dép. de la Meurthe, Stat. hist. et adm. Nancy, 1843, p. 479-480.
(122) Voir supra, p. 46.
(123) Hugues VII, le donateur, avait un oncle, Brunon, archidiacre de Toul, frère de Hugues VI et d'Albert Ier, père de Hugues VII. C'est donc oncle paternel que l'on doit lire plus bas. Le jeune Hugues est devenu Hugues VIII, le dernier de la lignée.
(124) Laubenheim ou Lauben est un petit village près de Mollkirch, de la paroisse de Grendelbruch.
(125) GRANDIDIER, OEuvres hist. inéd., II, p. 386. Hugues VII était neveu de Hugues VI d'Eguisheim-Dabo, comte du Nordgau, et de Mathilde de Montbéliard, sa femme, celle-ci sœur de Thierry Ier, comte de Montbéliard.
(126) D. CALMET, IV, col. CCCXLIX. L. VIEILARD, p. 251.
(127) Gallia Christ., XIII, p. 1330.
(128) Voir supra, p. 47. Cette charte démontre que Herman III était bien l'aîné, comme il était d'usage dans la famille de Salm où le premier-né reçoit toujours le nom de son père.
(129) D. CALMET, IV, col. CCXC; CCCLXVI; CCCXCVII.
(130) GRAVIER, Hist. de Saint-Dié, p. 94. Épinal, 1836.
(131) Les Sires et comtes de Blâmont (Mém. S. A. L., 1890, p. 85).
(132) Benoît PICART, Hist. de Toul, p. 40.
(133) Voir supra, p. 45.
(134) Les termes honorifiques de consul et comte paraissent avoir été équivalents au XIIe siècle. Dans un document du 17 septembre 1132, Rainaud III, comte de Bourgogne, est d'abord nommé consul et,plus bas, comte. Les comtes d'Angers portaient toujours le titre de consul. C'est évidemment l'indice d'une origine illustre. Cf. VIELLARD, p. 261.
(135) D. CALMET, IV, col. CCCV.
(136) Par une note [1], D. CALMET renvoie ici à Richer, 1, 2, ch, 5, où ce chroniqueur de l'abbaye de Senones dit que cette abbaye donna à la maison de Salm, pour droit d'advocatie, une terre, qu'il dénomme, et qui est peut-être Bayon, Pars quidem dicta advocato terme et hominum quae adhuc Ambaium vutgo appellatur, pro advocatione, collata fuit quod adhuc tempore nostro haeredes de Salmis possident.
(137) Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 84. BALEICOURT (Traité hist. et critique sur l'origine et la généal. de la maison de Lorraine,Berlin, 1711) apublié le texte de ce document dans ses Preuves, p. LVII-LIX.
(138) Le texte de Baleicourt porte Albero; il est donc possible qu'il s'agisse chez Dom Calmet d'une erreur de copie, et nous n'insistons pas sur l'anomalie de l'orthographe Alberto.
(139) Albéron de Montreuil fut nommé lui-même primat dans la Gaule Belgique et légat en Allemagne, par bulle d'Innocent II du 1er octobre 1137 (Lothar v. Supp., p.,769).
(140) Renaud Ier, dit le Borgne (1105-1149), précisément célèbre par ses vexations et pillages à l'égard des biens de l'abbaye de Saint-Mihiel, et ses violences contre l'évêque et la ville de Verdun!
(141) II est vrai que le document n'est connu que par une copie imprimée et que l'absence de certaines indications habituelles n'est pas toujours une preuve de non-authenticité. Celle-ci réside ici dans un ensemble de circonstances.
(142) V. M. A. S., série VI, t. xv, p. 92 et suiv.
(143) BERTHOLET, III, p. 420.
(144) Le comte Gislebert, l'ancêtre commun, était à la fois le grand-père d'Ermenson et du comte Herman II de Salm.
(145) Albert, fils de Hugues, comte de Dagsbourg et de Moha et petit-fils de Hugues, comte d'Eguisheim, et d'Hadwide, qui, selon quelques-uns, aurait été la sœur ou la fille de Hugues Capet (La Vérit. Orig. des maisons d'Alsace, etc., p. 20).
(146) BERTHOLET, IV, p. 13.
(147) MEURISSE, Hist. des Êv. de Metz, p. 398.
(148) Vita S. Bern., t. II, lib. IV, cap. 8, p. 1149, éd. Mabillon. Cf. BERTHOLET, IV,p. 116.Bénédictins,Hist.gén. deMetz,t. II, p. 265. Benoît PICART, Hist. de Toul, p. 44.
(149) MEURISSE, ibid., p. 399.
(150) BERTHOLET, IV, p. 91. Parmi les défenseurs du château de Bouillon, se trouvaient Hugues et son frère, fils de Renaud de Bar et cousins de Henri Ier de Salm.
(151) D. CALMET, Hist. de l'abb. de Senones, éd. Dinago, p. 90. En dehors du doyen de l'Église de Trêves et de six abbés, les signataires de l'acte sont mentionnés comme suit : Folmar, comte de Castres et Henri, comte de Salm.
(152) L'Étanche, abbaye de filles de l'Ordre de Citeaux, située entre Neufchâteau, arrondissement et canton, Châtenoy et Le Châtelet, fut fondée par le duc Mathieu Ier le 5 décembre 1143.
(153) BERTHOLET, IV, p. 17. D. CALMET, II, Pr., col. 333 et Doc. Vosges, t. IX, p. 21. Ém. DUVERNOY, Le Duc de Lorr. Mathieu Ier, p. 75.
(154) Henri de Lorraine, évêque de Toul, était fils du duc Thierry Ier et frère du duc Simon Ier.
(155) BERTHOLET, IV, p. 147.
(156) Wibald, moine à Stavelot depuis 1118, fut élu abbé de ce monastère, le 16 novembre 1130, âgé seulement de trente-quatre ans. Lothaire II l'investit des régales le 13 avril 1131, à Stavelot même, et accorda le même jour un privilège confirmant les droits de Stavelot, disposant notamment que les abbayes de Stavelot et de Malmédy devaient toujours être dirigées par le même abbé, autant que possible élu parmi les religieux de Stavelot. Le 19 septembre 1137, au moment du retour de l'expédition de Lothaire II contre le roi Roger de Sicile, Wibald fut élu abbé du Mont-Cassin et reçut le lendemain 20 septembre l'investiture impériale. En cette qualité, Wibald reçut les foi et hommage du duc Rainaud d'Apulie, du prince Robert de Capoue et des barons de cette principauté, des comtes d'Aquin et de nombreux nobles normands, tous vassaux du monastère. Il conserva en même temps la direction des abbayes de Stavelot et de Malmédy (Lothar v. Suppl., p. 366 et 750-762).
(157) BERTHOLET, IV, p. 148.
(158) BERTHOLET, IV, p. 149.
(159) Ibid., p. 150.
(160) Cellam Asmingiae. Il existait à Lattre-sous-Àmance un prieuré dont la fondation est attribuée à Sophie, héritière du comté de Bar, et qui dépendait de l'abbaye de Saint-Mihiel. Un autre prieuré, dépendant de la même abbaye, existait à Insming, en latin également Asmingia, donné à ladite abbaye de Saint-Mihiel, par Thierry Ier, comte de Montbéliard-Bar (grand-père maternel du comte Henri Ier), en 1099. Voir Notice de Lorr. de Dom CALMET et H. LEPAGE, Les Communes:.., II, p. 508. C'est certainement de ce dernier prieuré qu'il s'agit.
(161) BERTHOLET, IV, pr. XIII.
(162) Ibid.
(163) Arch. de la Meuse, série H, fonds Saint-Mihiel,5.L. VIELLARD, Documents, etc., p. 268. Mettensia, VI, p. 333.
(164) BERTHOLET, III, p. XXXIII.
(165) Benoît PICART, p. 40.
(166) FAHNE, I, p. 54.
(167) Fr. de ROSIÈRES, Stemmatum ac Barri ducum, t. IIII, f° 186 v°.
(168) Hadwide, Havide et Hawis, dans les chartes romanes du XVIIIe siècle.
(169) SCHOEPFLIN, Alsatia illustrata, t. II, p. 617.
(170) SCHOEPFLIN-RAVENEZ, L'Alsace illustrée, t. IV, p. 452 et V, p. 621. TUEFFERT, Hist. des comtes de Montbéliard, supplément n°4, p. 25.
(171) Les domaines que Havide de Lutzelbourg a pu apporter en mariage à son cousin Henri Ier, comte de Salm, faisaient sans doute partie de l'ancien comté d'Eguisheim transféré aux comtes de Ferrette après la mort sans postérité de Hugues et d'Ulric, frères de Stéphanie, épouse de Frédéric, comte de Ferrette. Stéphanie, fille de Gérard, premier comte de Vaudémont, mort en 1108, et d'Hadvide, héritière des comtes d'Eguisheim, hérita à son tour, avec sa sœur Gisèle, dudit comté et apporta sa part dans la maison de Ferrette (SCHOEPFLIN-RAVENEZ, L'Als. ill., t. V, p. 430).
(172) Du CHESNE, Hist. de la Maison de Luxembourg. Mon. Germ. SS.
(173) FAHNE, Gesch., etc., t. I, p. 55. BERTHOLET (III, p. XXXIV) désigne ce deuxième fils sous le nom de Conrad et il ajoute qu'il était en même temps seigneur de Pierre-Percée. Mais Fahne déclare que la charte invoquée par Bertholet est fausse. Mon savant confrère belge, M. Jules Vannérus, dans un travail sur les Comtes de Salm-en-Ardenne, destiné aux Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg pour l'année 1920, établit que Ferry ou Frédéric était, non le fils, mais le gendre du comte Henri Ier. Celui-ci, outre son fils et successeur Henri II, aurait laissé une fille, Élise, qui épousa Frédéric de Vianden, tige de la dynastie des Comtes de Salm-en-Ardenne de la 2e race.
(174) BEYER, II, p. 42 et 52.
(175) Ibid.

 

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