Le duc de Lorraine Antoine
(1489-1544), fils de René II, décède le 14 juin 1544 à
Bar-le-Duc.
De son mariage avec Renée de Bourbon-Montpensier, il avait eu :
François Ier (1517-1545), Anne (1522-1568), Nicolas (1524-1577),
Jean (1526-1532), Antoine (1528, décédé jeune) et Elisabeth
(1530, décédée jeune). Par son testament du 11 juin 1544,
Antoine fait de François son seul héritier, ne laissant à
Nicolas qu'une rente de 24 000 francs. Administrateur perpétuel
des évêchés de Metz et Verdun, Nicolas s'estimant lésé, obtient
de son frère, par transaction du 10 avril 1545 appuyée par ses
deux oncles, l'attribution la rente de la baronnie de Mercoeur
(en Auvergne, baronnie apportée par la dot de sa mère).
Mais la mort prématurée du duc François (12 juin 1545),
contraint Nicolas à renouveler cette acceptation par les traités
de Deneuvre du 6 août 1545 et de Nancy du 26 août 1546 avec
Christine de Danemark, duchesse douairière, veuve de François ;
elle permet ensuite à Nicolas de porter le titre de comte de
Vaudémont (traité d'Augsbourg, 4 février 1548, en présence de
Charles-Quint).
Jusqu'en 1552, la régence du duc Charles III (1543-1608) est
assurée conjointement par Nicolas, et Christine de Danemark.
Lors de sa visite à Nancy, le roi de France Henri II écarte de
la régence la duchesse douairière (nièce de l'Empereur Charles
Quint), confie la totalité du pouvoir à Nicolas de Vaudémont, et
emmène Charles III (qui n'a alors que 9 ans) pour le faire
élever à la cour de France.
Lorsqu'en 1559 Charles III épouse Claude de France, il est
déclaré majeur et revient alors en Lorraine ; il fait son entrée
à Nancy en octobre, mais retourne cependant à Paris, et ne
revient en Lorraine qu'en 1562. Le 18 mai 1562, sa mère,
Christine de Danemark quitte Nancy pour s'installer
définitivement à son château de Blâmont.
Mais la tutelle de Nicolas de Vaudémont avait fait naître
diverses discordes entre le duc et son oncle. Charles III va
alors s'efforcer de satisfaire aux réclamations de Nicolas,
notamment en lui constituant un domaine.
En 1559, Nicolas avait acheté la terre de Chaligny à Bonne d'Isembourg,
comtesse de Waldeck, pour 20 000 florins d'or. La surface étant
insuffisante à constituer un comté, Charles III achète alors
Pont-Saint-Vincent pour le donner à son oncle.
C'est ainsi que le 21 novembre 1562 est conclu à Blâmont un
traité mettant fin au discordes : Charles III, en son nom et
celui de ses sœurs Dorothée et Renée, accorde à son oncle
paternel Nicolas :
-
les terres de
Pont-Saint-Vincent, permettant à Nicolas de les réunir à ses
terres voisines afin de constituer le comté de Chaligny
(érigé par lettres de Charles III du 5 janvier 1563 en
domaine héréditaire, fief lige et indivisible. Le comte de
Chaligny, qui prend possession de son domaine le 10 mai
1563, devient le premier vassal du duc de Lorraine, tenant «
le premier siège et dignité » après le duc, et exerce dans
son comté tous les droits de haute justice sans dépendre du
bailliage de Nancy) ;
-
le renouvellement de la
concession de la baronnie de Mercoeur ;
-
la décharge des comptes
de tutelles ;
-
une somme de 200,000 fr.
lorrains pour ses peines, travaux, labeurs et diligences
pendant la tutelle de Charles III ;
-
une rente annuelle et
perpétuelle de 21,000 fr ;
-
la cession à Nicolas de
la terre et seigneurie de Kœur, dans la vallée de la Meuse ;
-
le titre de comte de
Vaudémont (porté par les fils cadets des ducs de Lorraine),
jusqu'à ce Charles III ait deux enfants mâles ;
-
le règlement par le duché
de Lorraine et de Bar des dettes contractées par Nicolas
jusqu'à concurrence de 86.145 francs ;
En contrepartie, Nicolas
accepte que :
-
bien que les justiciables
du comté de Chaligny ne relèvent en dernier ressort que de
leur comte et de ses tribunaux, ils peuvent déférer les
sentences à la justice ducale par une voie de recours
extraordinaire appelée la supplication
-
il lui est formellement
interdit de lever des impôts sur ses sujets (hormis les
trois cas classiques : mariage de sa fille ainée, lorsqu'il
est armé chevalier, ou lorsque, prisonnier de l'ennemi, il
doit payer une rançon).
Le traité signé à Blâmont le
21 novembre 1562 met un terme au querelles de succession et de
tutelles du duché de Lorraine, et permet au duc Charles III
d'entamer un règne serein jusqu'en 1608. |