9e RÉGIMENT DU GÉNIE
HISTORIQUE DE LA COMPAGNIE 6/4 PENDANT LA GUERRE 1914 - 1918
IMPRIMERIE BERGER - LEVRAULT
NANCY - PARIS - STRASBOURG
Anonyme
[...] Pendant ce temps, la fortune des armes avait souri à nos drapeaux. Malgré ses assauts les plus furieux, l'armée allemande, battue dans l'Oise, sur la Marne, en Champagne, sur la Somme et en Belgique, refluait vers le nord. Au lieu de se tenir sur la défensive, on allait en Lorraine attaquer l'ennemi pour le rejeter définitivement chez lui. En vue de cette attaque, deux sections de la compagnie 6/4 cantonnant à la ferme de Froide-Fontaine construisent des chevalets pour le passage rapide des cours d'eau, tandis que la 3e section,
aidée d'auxiliaires d'infanterie, sous le commandement du lieutenant CASTIEN, prépare à Valhey une piste jusqu'en première ligne pour le passage de l'artillerie. Ces préparatifs furent arrêtés par l'armistice du 11 novembre 1918. La compagnie reçoit l'ordre de se rendre à Herbéviller, afin de procéder à la réparation de la route de Paris à Strasbourg à l'endroit des lignes entre Herbéviller et
Domèvre, pour permettre le passage des troupes françaises entrant en Lorraine. Il fallait combler les tranchées, les entonnoirs et faire sauter les murs antitanks que l'ennemi avait construits à l'entrée du village de
Domèvre. Les sapeurs y travaillent, on devine avec quelle généreuse ardeur, à partir du 12 novembre. Dès le 15, les premiers détachements français pouvaient
passer, et, le 17, la route était complètement réparée. Le 18 novembre, la compagnie
6/4, sous le commandement du lieutenant DESSERTENNE, avec les sous-lieutenants HACOT et CASTIEN, franchissait avec la compagnie 6/5 les anciennes lignes. Les deux compagnies étaient sous le commandement du capitaine DESOUCHES, commandant la
6/5.
Partant d'Herbéviller, la compagnie passant par
Domèvre en ruines, qui constituait la première ligne allemande, arrivait à Blâmont déserte (il ne restait que 57 habitants sur 3.000 avant la guerre) et allait cantonner à Frémonville.
Le 19, elle en repart, passe par Tanconville et Bertrambois. Aux Harchelins... on s'arrête. C'est l'ancienne frontière, c'est la ligne arbitraire que la Prusse, par un odieux abus de la force, nous avait imposée en
1871. Baïonnette au canon, au son de la musique, les deux compagnies passent ce qui fut la frontière. Les coeurs battent fort dans les poitrines, nous voilà en Lorraine, en pays libéré... Par Saint-Quirin, aux maisons couvertes de festons de verdure et d'inscriptions touchantes de bienvenue et de reconnaissance, la compagnie va cantonner à Vasperviller. Elle y reste un jour, et continuant sa marche en avant arrive à Dabo sur la crête des Vosges, au milieu des forêts de sapins, redescend
le lendemain à Allenwiller en Alsace. La compagnie trouve partout un accueil
chaleureux. D'Allenwiller, la compagnie va à Rohr, et de là à Batzendorf (25
novembre).
Elle y apprend qu'elle est désignée pour prendre part le lendemain à l'entrée solennelle des troupes françaises à
Haguenau. Cette journée du 26 novembre restera à jamais gravée dans la mémoire de ceux qui eurent le privilège d'y assister.
[...]
Journal de marches
et opérations du 9e régiment du génie 6e bataillon Cie 6-4
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