Rédaction :
Thierry Meurant |
Après la rédaction de cet article, nous avons trouvé le
très détaillé article de Gaston Save dans le Bulletin de la Société
philomatique vosgienne en 1885 ; nous le reproduisons ci-dessous pour la
qualité de sa démonstration, mais aussi pour le nombre de biographes de
Victor Hugo qu'il cite comme dupe de cette prétendue noblesse.
Bulletin de la Société
philomatique vosgienne.
v.10-12 1885.
LES HUGO DE SPITZEMBERG ET VICTOR HUGO
Presque tous les articles nécrologiques publiés au
lendemain de la mort de l'illustre poète, le présentent comme descendant
d'une famille de vieille noblesse lorraine.
Le Dictionnaire des Contemporains de Vapereau le dit issu d'une famille
anoblie en 1531. Celui d'Ernest Glaeser (Biographie des Contemporains) est
plus explicite et dit : « II descend d'une ancienne famille lorraine, noble
depuis 1534, voir d'Hozier, reg. IV. » On trouve en effet, dans ce volume de
l'Armorial général, la généalogie des Hugo de Lorraine, anoblis en 1535 et
créés barons de Spitzemberg en 1736. Sainte-Beuve fit paraître en Juillet
1831, dans la Biographie des Contemporains (t. IV, 2e p., p. 331), une
notice dont Victor Hugo lui-même lui avait fourni les éléments. « Je n'ai
point écrit mon article, dit Sainte-Beuve, sans m'informer et sans puiser à
la meilleure source. »
Voici un passage de cette biographie:
« Sa famille paternelle, anoblie dès 1531, en la personne de Georges Hugo,
capitaine des gardes du duc de Lorraine, avait donné au XVIIe siècle un
savant théologien de ce nom, évêque de Ptolémaïs. »
Le dernier biographe du maître, M. Barbou, adopte la même origine, après
nous avoir prévenu, comme Sainte-Beuve, qu'il n'a écrit son ouvrage «
qu'après en avoir soigneusement recueilli les éléments dans ses
conversations avec le maître. » (Victor Hugo et son temps, 1882, p. 11). «
Certains généalogistes, dit-il, ont contesté cette descendance (d'une
famille de vieille noblesse). Ils ont prétendu que le grand-père du général
Hugo avait exercé un métier manuel. Cela est possible, les plus illustres
familles ayant eu des revers à subir; mais il n'en est pas moins exact que
Victor Hugo, qui n'en tire point vanité, qui ne rougirait pas, bien au
contraire, de la plus humble extraction, qui estime qu'un homme ne vaut que
par ce qu'il fait, que Victor Hugo, disons-nous, appartient à une famille de
vieille noblesse, de cette noblesse vénérable, devant ses titres aux
services rendus au pays. Ses pères avaient donjon sur roche et fief dans la
campagne. »
Et M. Barbou cite également comme preuve la généalogie des Hugo, donnée par
d'Hozier (1).
Mais Victor Hugo lui-même s'est déclaré descendant direct des Spitzemberg.
Dans les Misérables(1re partie, livre I, ch. 5), il dit : « Dans une autre
dissertation, l'évêque de D. examine les œuvres théologiques de Hugo, évêque
de Ptolémaïs, arrière grand-oncle de celui qui écrit ce livre. »
II aime, du reste, dans tous ses ouvrages, à rappeler l'illustration de ce
nom.
Ainsi dans William Schakespeare (p. 338), il nous présente « Françoise d'Issembourg
de Happoncourt, femme de Francois Hugo, chambellan de Lorraine et fort
célèbre sous le nom de Mme de Graffigny. »
Dans Notre-Dame de Paris (livre IV, ch. 5), il parle de l'évêque Hugo de
Besançon : « Hugo II di Bisuncio, 1326,
1332. »
Dans ses Lettres sur le Rhin (t. I, p. 101), il rappelle qu'au moyen âge la
ville de Mézières a été anoblie par « le comte Hugo. »
Dans les Misérables (2e partie, 1. I), décrivant le champ de bataille de
Waterloo, il dit : « Hougomont, pour l'antiquaire, c'est Hugo mons. Ce
manoir fut bâti par Hugo, sire de Somerel, le même qui dota la sixième
châtellenie de l'abbaye de Villiers, » etc., etc.
Enfin, dans Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, sorte de mémoires
écrits par Mme Hugo, à peu près sous la dictée du poète, et dont il a
lui-même reconnu l'authenticité en leur donnant place dans l'édition
définitive de ses œuvres personnelles, on lit à la première page:
« Le premier Hugo qui ait laissé trace, parce que les documents antérieurs
ont disparu dans le pillage de Nancy par les troupes du maréchal de Créquy,
en 1670, est un Pierre-Antoine Hugo, né en 1532, conseiller privé du grand
duc de Lorraine, et qui épousa la fille du seigneur de Bioncourt. Parmi les
descendants de Pierre-Antoine, je remarque au XVIe siècle, Anne-Marie,
chanoinesse de Remiremont; au XVIIe, Charles-Louis, abbé d'Étival, évêque de
Ptolémaïde, auteur d'un recueil estimé : Sacrœ antiquitatis monumenta; au
XVIIIe siècle, Joseph-Antoine, officier près du maréchal de Montesquiou, tué
à la bataille de Denain; Michel-Pierre, lieutenant-colonel, au service de
Toscane; et Louis-Antoine, que M. Abel Hugo disait être le conventionnel
Hugo, exécuté pour modérantisme. »
Après des indications aussi précises, on doit croire que Victor Hugo avait
des preuves certaines qu'il descendait des Hugo de Lorraine, originaires de
Rouvrois et plus tard barons de Spitzemberg.
Cependant on a soutenu le contraire.
M. Edmond Biré, dans un ouvrage récent (1882), Victor Hugo avant 1830, a
solidement prouvé qu'il n'y avait aucun rapport entre les ascendants de
Victor Hugo et la famille citée par d'Hozier, en se servant de documents
découverts par M. Lepage et M. Charles Courbe.
Ce dernier écrivait dans l'Intermédiaire des Curieux (14e année, p. 69) : «
La famille Hugo était très nombreuse à Beaudricourt, à Biécourt et à
Rouvres-en-Xaintois. Quant aux Hugo de Rouvrois-sur-Meuse, qui sont devenus
barons de Spitzemberg, on ne peut les rattacher en aucune façon aux Hugo du
Xaintois. »
Nous soutiendrons la même thèse; mais comme la question intéresse tout
spécialement les Vosges et Saint-Dié, où les Hugo de Spitzemberg ont joué un
rôle important, nous donnerons quelque développement aux preuves
historiques, en nous attachant surtout à présenter une généalogie aussi
complète que possible de cette famille.
Nous établirons ainsi qu'il ne s'y trouve aucune solution de continuité, ni
aucune dérogeance dans la filiation, qui permette d'y rattacher les Hugo du
Xaintois, ancêtres de Victor Hugo, dont nous donnerons ensuite la
généalogie.
On remarquera de plus qu'aucun des personnages que nous venons de citer,
d'après Mme Hugo, n'a existé dans la famille de Spitzemberg, à l'exception
de l'abbé d'Étival.
Pour dresser cet arbre généalogique, nous avons complété les indications de
l'Armorial général de d'Hozier (1752) par celles du Nobiliaire de Lorraine
de Dom Pelletier (1758), dont la bibliothèque de Nancy possède un exemplaire
enrichi de nombreuses notes manuscrites inédites, où nous avons puisé
quelques nouveaux documents.
Nous y avons ajouté des extraits des archives de la Meuse, tirés du
Nobiliaire de Saint-Mihiel (1865) et des Ruines de la Meuse de M. Dumont,
des registres de l'état civil de Saint-Dié, de la Généalogie de la famille
de Bazelaire en Lorraine (1882), par M. Louis de Bazelaire de Saulcy, et
enfin des Archives de Lorraine.
GÉNÉALOGIE DES HUGO DE LORRAINE
Jean Hugo, capitaine des troupes du duc René II de
Lorraine, après de glorieuses campagnes, vint se retirer à Rouvrois-sur-Meuse,
au commencement du XVIe siècle. C'est en considération de ses loyaux
services que le. duc Antoine accorda à son fils Georges des lettres de
noblesse.
M. Dumont a retrouvé, dans les archives de Rouvrois, les pièces d'un procès,
datées de 1523, où on le voit paraître devant la justice du lieu. « Il fut
condamné, ainsi que son adversaire Robinot, pour s'être réciproquement
injuriés en se prétendant plus hommes de bien l'un que l'autre. Ces deux
orgueilleux ne luttaient ainsi que de probité Dans une autre occasion, le
caractère probablement quelque peu querelleur de Jean Hugo le mit en
contestation avec le nommé Pierresson, qui lui échangea une dénégation
contre un démenti. Le juge les ayant engagés à s'exécuter par le paiement de
l'amende de cinq sous encourue par tous deux, Hugo répondit qu'il n'en
ferait rien, et Pierresson de son côté s'écria que le diable lui rompit le
cou s'il la payait jamais. Aussitôt Hugo fit remarquer que son adversaire
avait nommé le diable, ce qui était un cas grave, une impiété coupable. En
effet, l'imprudent Pierresson fut condamné à une amende de dix sous, qui
toutefois n'empêcha pas la condamnation de tous deux en cinq autres sous
d'amende, l'un pour son déni, l'autre pour son démenti. » (Ruines de la
Meuse, t. I, p. 208).
On trouve encore mention dans les archives de Lorraine (Catalogue t. V, p.
24), d'un Hugo (Nicolas), clerc juré à
Conflans-en-Jarnisy, en 1540. Il donne un certificat qu'il lui a été fait
commandement par la Dame de Ranconnières, de n'écrire sous le nom de M.
Hubert Folar, comme lieutenant de M. le Bailli de Bassigny.
1er Degré
Georges Hugo, fils du précédent, capitaine dans les troupes du duc René, se
retira, comme son père, à Rouvrois-sur-Meuse, après ses campagnes. Il fut
anobli par lettres patentes de Jean, cardinal de Lorraine et évêque de
Verdun, datées de Lillebonne en Normandie, le 14 Avril 1535, et entérinées
au bailliage de Verdun.
Les armes qui lui furent données portent : d'azur à un chef d'argent, chargé
de deux merlettes de sable, l'écu surmonté d'un casque de profil, fermé,
orné de ses lambrequins d'argent et d'azur ainsi que de son bourrelet, et
sommé d'un vol banneret d'azur, chargé d'une fasce d'argent.
Antoine, duc de Lorraine, frère du cardinal, confirma l'anoblissement de
Georges Hugo par d'autres lettres patentes datées de Nancy, le 16 Octobre
1537.
Ces lettres attestent que Georges Hugo était jeune lorsqu'il les obtint « en
reconnaissance des services rendus par Jean Hugo, son père, au duc René, »
qu'il avait déjà « fréquenté les guerres » et qu'il s'était « allié et prins
party de mariage avec une jeune fille de Sainct-Mihiel, extraicte de
noblesse. »
Il épousa en effet Demoiselle Chrétienne (ou Christine) Guyot, fille
d'Alexandre Guyot, seigneur de l'Isle-en-Rigaut, et de Dame Christine de
Génicourt.
Alexandre Guyot, envoyé du duc Antoine dans les cours de France et
d'Espagne, nommé président de la Chambre des Comptes de Bar en 1521, était
petit-fils de Georges Guyot, huissier d'armes de René II, et anobli par lui
en 1481.
Il mourut en 1564, et nous voyons, le 7 Juillet de cette année, Georges Hugo
faire ses reprises au nom de sa femme pour ce qui lui revenait d'héritage à
l'Isle-en-Rigaut.
Mais, selon un mémoire de famille dressé en 1719 et cité par d'Hozier,
Chrétienne Guyot n'aurait été que la seconde femme de Georges Hugo, qui
avait épousé en premières noces une Demoiselle que l'on croit issue de la
famille de Blamont, et qu'un autre mémoire, daté de 1680, appelle Jeanne de
Blamont.
De ce premier mariage étaient nées trois filles que Dom Pelletier ne cite
pas:
1° Nicole, mariée avec noble Antoine Trusson, demeurant à Rouvrois, en 1581.
2° Jeanne, mariée avec François de Mussey, lieutenant-général au bailliage
de Hattonchâtel, fils de Dominique de Mussey, exerçant le même emploi, et de
Philippe Warin, fille de Jean, prévôt de Hattonchâtel, procureur général de
l'évêché de Verdun, puis lieutenant-général au bailliage de Saint-Mihiel.
Cette famille est déclarée d'ancienne chevalerie par Didier Richier, dans
son Registre de la recherche de la noblesse du bailliage de Saint-Mihiel, en
1587, et dans le Registre des grands-jours de Saint-Mihiel.
3° Anne, qui épousa en 1595, Pierre Gervaise, cinquième fils de Gérard
Gervaise, seigneur de Froideau et de Mont-Blainville, docteur en droit,
procureur général du bailliage de Clermont, auditeur des Comptes de Bar,
conseiller d'État au parlement de Saint-Mihiel.
Cette maison avait été anoblie par le duc René en 1481.
De son second mariage, Georges Hugo avait eu cinq enfants:
1° Hugues Hugo, qui continue la descendance.
2° Jeanne, qui épousa vers 1540, Jean Raulet (alias Raoullet), seigneur d'Ambly
en partie, fils d'André Raulet, demeurant à Laumont, et de Jacquemotte de la
Grange de Loupmont. Les Raulet avaient été anoblis en 1498.
Jeanne n'eut qu'une fille, Jacquemotte, mariée à Jean de Dieuze.
3° Françoise, qui vint résider à Saint-Mihiel à la suite de son mariage avec
Me Didier Raulet, frère du précédent, licencié ès lois et avocat au
parlement de Saint-Mihiel, vers 1575. Sa famille la suivit dans cette ville,
où nous la voyons fixée à partir de ce moment. Les registres des paroisses,
mentionnant ses naissances et ses mariages, et qui sont conservés, nous
permettront de rectifier plusieurs erreurs des généalogies données par
d'Hozier et par Dom Pelletier. Françoise eut deux fils : André et Georges
Raulet.
4° Barbe, mariée à Claude Rouyer, dit Blanchéron.
5° Jean, qui épousa Mayon N..., et forma une branche cadette, de deux
générations seulement, que nous donnons ici, d'après les archives de
Saint-Mihiel.
Jean Hugo eut de Mayon N... trois enfants:
1° Jehan, ci-après, né le 8 Février 1598, parrain, Gille Thévenin, marraine,
Claudine, veuve de M. de Vautrombois.
2° Claudine, née le 11 Mai 1604, Pn, Didier Lescuyer, Me, Dlle Didière
Veyrier.
3° Marie, née le 1er Octobre 1609, Pn, Nicolas Malaumont, Me, Delle Anne
Barrois.
Jehan Hugo ci-dessus, surnommé le Jeune, épousa Marie Hussenot, d'une
famille noble du bailliage de Clermont, dont il eut:
1° Marie, née le 5 Novembre 1627, Pn, noble Nicolas Malaumont, avocat, Me,
Jeanne, fille de Daniel Barrois.
2° Lucie, née le 5 Septembre 1630, Pn, noble Nicolas Barrois, avocat, Me,
Lucie, épouse de Jacques Rouyer,
avocat.
3° Jeanne, née le 6 Octobre 1632, Pn, J. Rosselange, Me, Jeanne, épouse de
Didier Bonnet.
4° Jean, né le 7 Juin 1634, Pn, Jean Toussaint, M°, Mengeon, femme de Cuny
Hussenot. Étant mort sans enfants, Jean termine la branche cadette.
2e Degré
Hugues Hugo, fils de Georges, épousa Marguerite Morot, fille de Sébastien
Morot, d'une famille anoblie en 1527, et d'Anne Pichomey, dont il eut
Claude, qui continue la descendance. Ce dernier naquit après 1581, puisqu'à
la recherche de noblesse faite à cette date par Richier, Hugues et sa femme
déclarent n'avoir point encore d'enfants, ce qui fait croire à Dom Pelletier
qu'il mourut sans héritiers, et que Claude fut son frère cadet.
Hugues était seigneur du fief de Rouvrois, de celui de l'Isle-en-Rigaut, par
sa mère, et trésorier de Claude, duc de Guise.
3e Degré
Claude Hugo, fils de Hugues, écuyer, seigneur de l'Isle-en-Rigaut, et
gendarme dans la compagnie du prince Nicolas de Lorraine, épousa Élisabeth
de Labry, fille de Saül de Labry (ou de la Brie), lieutenant en la prévôté
de Conflans en Jarnisy, anobli en 1622 par lettres de Henri, duc de
Lorraine, constatant « qu'il a porté les armes et s'est trouvé au siège de
Jametz. »
Claude eut trois enfants:
1° François, qui continue la descendance.
2° Claude, chanoine en l'église cathédrale de Metz.
(Dom Pelletier ne cite que ces deux premiers.)
3° Nicolas, seigneur du fief de Rouvrois, capitaine de deux cents hommes
dans le régiment de Phalsbourg, tué en 1635 par les Suédois, au siège d'un
fort qu'il commandait près de Heidelberg. Il avait épousé Anne Tabouret,
fille de Dominique Tabouret de Maxéville, seigneur de Brin, châtelain de
Blâmont, officier au service du duc Charles, et de Marie Huguet.
Nicolas eut trois fils, morts sans descendance:
1° Jean, tué au service, étant capitaine dans le régiment de Baudricourt.
2° Claude, capitaine lieutenant au régiment de Champagne, mort à Belfort.
3° Charles, religieux bénédictin.
4e Degré
François Hugo, fils de Claude, écuyer, d'abord lieutenant au service du
grand-duc Charles, résida ensuite à Labry, puis à Saint-Mihiel, où il fut
avocat au parlement, et syndic de la noblesse du bailliage. Il mourut vers
1664. Il avait épousé, le 17 Mars 1615, Demoiselle Mengeon, Dominique (alias
Marguerite) de Tailfumyer, de Commercy, fille de Nicolas de Tailfumyer,
seigneur de Pré-sur-Marne, La Mothe et Valcourt, procureur général de la
Cour des grands-jours de Commercy, en 1630, époux de Simone le Clerc, Dame
de Pré. Cette famille avait été anoblie en 1597 par Charles III.
François Hugo eut six enfants:
1° Claude, née le 10 Novembre 1618, parrain, S. Durand, receveur de
Commercy, marraine, Claude, épouse de Jean de Mussey, avocat.
2° Françoise, née le 15 Octobre 1620, Pn, J. Benndesson, avocat, Me, Delle
Hélène Tailfumyer de Commercy.
(D'Hozier ne cite pas ces deux filles.)
3° André, né le 27 Novembre 1622, Pn, André Raulet, écuyer, châtelain de
Saint-Mihiel, Me, Lucie de Mengeot,
épouse de noble Jean Thévenin, avocat. André Hugo, écuyer, lieutenant de
cavalerie dans le pays de Luxembourg, au service de Charles IV de Lorraine,
puis du roi d'Espagne, mourut à Labry, après 1681, sans descendance. Il est
cité comme témoin présent au partage de biens de Philippe de Doncourt et de
Marie Hugo, sa sœur, le 1er Octobre 1681.
4° Catherine, née le 9 Mars 1625, Pn, Nicolas Bournon, avocat, Me, Delle
Catherine Hyérôme, fille du châtelain de Kœur, épousa en 1650 Michel de la
Marre, écuyer, capitaine au régiment de Feuquières.
5° Nicolas, né le 18 Avril 1630, qui continue la descendance.
6° Marie, née le 22 Septembre 1632, Pn, Joseph Christophe, avocat, Me, Marie
Mouzin, épouse Raulet, écuyer. Elle fut mariée, le 21 Janvier 1664, à
Philippe de Doncourt de Jarny, seigneur de Ville-sur-Illon et de la
Ville-aux-Prés, capitaine de cavalerie au service d'Espagne. Une généalogie
manuscrite des Doncourt, intercalée dans le Nobiliaire de Dom Pelletier,
appartenant à la bibliothèque de Nancy, indique qu'il obtint de M. de
Turgot, intendant à Metz, un jugement du 25 Février 1698, signifié le 22
Mars suivant, établissant la noblesse de ses enfants. Sa femme mourut en
1681.
5e Degré
Nicolas Hugo, fils de François, eut pour parrain noble Nicolas Barrois, et
pour marraine Marie Thévenin, épouse de Jean de Mazaulx, capitaine en
l'armée du roi de France. Il était lieutenant au régiment du cardinal de
Lorraine pour le service de la France, puis, s'étant retiré comme avocat à
Saint-Mihiel, il fut nommé syndic de la noblesse du bailliage et procureur
de la Prévôté-Moine. Il épousa, le 1er Juillet 1662, Demoiselle Glossinde
des Collins, fille de Nicolas Collin, greffier de la prévôté des terres et
seigneuries du Chapitre de Verdun, d'une famille anoblie en 1628.
Il en eut treize enfants, savoir:
1° André François, né le 28 Mai 1663, Pn, André Hugo, son oncle, Me, Jeanne
Arnault. Il fut d'abord chanoine de Hattonchâtel et chapelain de la chapelle
des Meniant (ou de Magnan) en l'église abbatiale de Saint-Mihiel, fonction
qu'il permuta le 15 Février 1700 avec celle de chantre en l'église
primatiale de Lorraine.
2° Nicolas-Ignace, né le 28 Septembre 1664, qui continua la descendance.
3° Henriette-Thérèse, née le 27 Février 1666, Pn, André Raulet, écuyer,
gentilhomme de Mme d'Orléans, Me, Henriette, épouse du procureur général.
Elle épousa, le 19 Mars 1687, Dominique-Ignace (alias Bernard) de Guilbon,
écuyer, seigneur de Chantelut en Bourbonnais et de Montferrat, capitaine de
Carabiniers, au service de France, chevalier de Saint-Louis.
4° Charles-Hyacinthe, né le 20 Octobre 1667, Pn, Charles-François Durand,
assesseur au bailliage, Me, Marguerite, épouse de Charles-Vincent,
secrétaire du cabinet de S. A. Charles-Hyacinthe, connu en religion sous le
nom de Louis, prémontré, docteur en théologie, auteur de plusieurs ouvrages
estimés et historiographe de Lorraine, fut nommé abbé d'Étival en 1722,
évêque de Ptolémaïde en 1728, conseiller d'État du duc Léopold. Il mourut en
son abbaye le 2 Septembre 1739.
5° Jeanne-Claude-Philippe, née le 23 Juillet 1669, Pn, Philippe Saillet,
conseiller, Me, Claude, dame Piart, avocat. Elle épousa Jean de Massiac,
capitaine au régiment de la reine de France et major de Fort-Louis sur le
Rhin.
(D'Hozier ne cite que les cinq enfants précédents.)
6° Jean-Alexis, né le 6 Décembre 1670, Pn, noble Charles-Alexis de l'Isle,
Me, Anne-Marie, épouse Olriot de Jubainville, lieutenant général du
bailliage. Il mourut en bas âge.
7° Philippe-Joseph, né le 5 Janvier 1672, Pn. Philippe de Gondrecourt,
prévôt, Me, Delle Madelaine Collin. Mort sans enfants.
8° Jean-Claude, né le 4 Janvier 1673, Pn, Duplessis, procureur général, Me,
DeIle Anne de Mirecourt. Mort sans enfants.
9° Anne-Varie, née le 4 Mai 1674, Pn, François-Josias Bousmard, conseiller,
Me, Dlle Anne Gâchette.
10° Charlotte-Marie, née le 28 Août 1675, Pn, François Barrois, avocat et
prévôt de l'abbaye, Me, Charlotte, épouse de Charles Tailfumyer, avocat.
11° Lucie-Marie, née le 25 Octobre 1676, Pn, François Millet, curé de
Ranzières, Me, Lucie Malhelin, Dame Collin.
12° Suzanne-Marie-Glossinde, née le 6 Novembre 1679, Pn, Nicolas Arnoulx,
curé de Dugny, Me, Delle Suzanne Piart. Elle se fit religieuse annonciade à
Saint-Mihiel.
13° Marie-Barbe, née le 17 Août 1681, Pn, Louis Hurault, avocat, Me, Barbe
Gervaise, épouse du baron de Lentillac.
Malgré une si nombreuse famille, Nicolas Hugo, étant devenu veuf, se remaria
en 1692 à Catherine Honnot, veuve de Barthélemy-Jeannot de la Malmaison,
d'une famille anoblie par Charles III en 1595.
Il n'eut pas d'enfants de ce second mariage.
6e Degré
Nicolas-Ignace Hugo, fils de Nicolas, eut pour parrain Nicolas Collin, son
grand-père, et pour marraine Marguerite Arnould, Dame Pierron. Il fut
avocat, puis nommé conseiller auditeur en la Chambre des Comptes de
Lorraine, le 11 Septembre 1707 et maître en la même Chambre, le 22 Avril
1715, enfin procureur du roi en la maîtrise de Longwy. II épousa, le 19
Janvier 1689, Demoiselle Christine le Tabary, fille de Jean le Tabary,
contrôleur des domaines et gruerie de Saint-Mihiel, et de Nicole Bourcier,
sa femme. Il en eut neuf enfants, savoir:
1° Marie-Anne-Nicole, née le 8 Décembre 1689, Pn, Ignace Tabary, Me, Dlle,
Marie-Lucie Hugo, sa tante.
2° Jeanne-Catherine, née le 6 Décembre 1690, Pn, Jehan le Tabary,
contrôleur, Me, Nicole Bourcier, sa femme, aïeux. Elle mourut le 6 Août
1697.
3° Jeanne-Victoire, née le 23 Août 1692, Pn, François Barrois, écuyer,
seigneur de Saint-Remy, Me, Marie Platel, Dame Montigny. Elle mourut le 5
Avril 1700.
4° Nicolas-François-Ignace, né le 31 Juillet 1693, Pn, François Hugo,
chanoine de Hattonchâtel, son oncle, Me, Barbe de Tailfumyer, épouse de Nay,
conseiller au Parlement de Metz. Il fut pronotaire apostolique et chanoine
de l'Église primatiale de Lorraine.
5° Claude-Christine-Thérèse, née le 10 Février 1695, Pn, Claude Laurent,
chanoine de Verdun, Me, Delle Claude Hugo, sa tante. Elle mourut religieuse
de Sainte-Elisabeth à Nancy.
6° N..., né le 12 Décembre 1695, mort le 14.
7° Jean-Baptiste-Alexis, né le 24 Mai 1697, Pn, Jean le Tabary. contrôleur,
Me, Nicole Bourcier, sa femme, aïeux.
Mort le 30 Janvier 1700.
8° Charles-Hyacinthe, né le 16 Décembre 1699, qui continue la descendance.
9° Henriette, annonciade à Saint-Mihiel.
(D'Hozier n'a cité que les 3e, 4e, 5e et 8e de ces enfants.)
7e Degré
Charles-Hyacinthe Hugo, fils de Nicolas-Ignace, eut pour parrains
Nicolas-François-Ignace Hugo, et Jeanne-Victoire, ses frère et sœur. Il
servit d'abord pendant quelques campagnes en qualité de volontaire dans le
régiment de Condé-Cavalerie, au service de la France. Puis il fut nommé
conseiller en expectative et auditeur en la Chambre des Comptes de Lorraine,
en survivance de son père. Il épousa, par contrat du 9 Mars 1734, Demoiselle
Anne L'Huilier de Spitzemberg, fille de Charles-Léopold L'Huilier de
Castres, écuyer, seigneur de la capitainerie de Spitzemberg, capitaine, pour
le service du roi de France, au régiment de Bassigny. Marié à dame
Anne Florentin dont il eut cinq filles et un fils mort sans enfants au
service de l'empereur, et privé d'héritier mâle, le capitaine de Spitzemberg
obtint de faire passer sa seigneurie héréditaire aux mains de son gendre.
Charles-Hyacinthe Hugo reçut donc de François, duc de Lorraine, des lettres
patentes datées du 20 Novembre 1736, par lesquelles, lui, ses enfants et sa
postérité furent créés chevaliers et héritiers du titre de barons de
Spitzemberg. Il mourut à Étival le 24 Janvier 1738, en l'abbaye de son
oncle, et fut enterré en l'église de ce lieu.
Il laissait trois enfants, savoir:
1° Nicolas-Dieudonné, chevalier, né le 12 Juin 1735, mort sans enfants,
lieutenant de dragons, au régiment de Caraman, et capitaine dans la légion
de Flandre.
2° Louis-Charles-Toussaint, né le 29 Mai 1736, qui continue la descendance.
3° Joséphine-Mechtilde, alias Melctide, née le 6 Juillet 1737.
LES L'HUILIER DE SPITZEMBERG
Il est bon de donner ici l'origine de cette famille qui transmit ses titres
aux Hugo.
On trouve déjà en 1608 une Demoiselle Louise L'Huilier, chanoinesse de
Poussay. Mais l'anoblissement de la famille ne date que de 1646.
A) Dominique L'Huilier, natif de Moyemont, était lieutenant-colonel
d'infanterie dans les troupes de Lorraine, lorsqu'il fut anobli par lettres
expédiées de Bruxelles, le 17 Janvier 1646, vérifiées le 14 Septembre
suivant, et contenant que « pendant treize années de services qu'il a rendus
dans les armées, y ayant eu quatre compagnies, tant de cavalerie que
d'infanterie, et en la conduite d'icelles rendu des preuves si infaillibles
de son courage en toutes les occasions qui se sont présentées, qu'il a donné
lieu à S. A. de se reposer sur lui de deux postes des plus importantes
places de son obéissance, au temps qu'elle a jugé être le plus nécessaire
d'y avoir une personne de conduite et d'expérience pour résister à la force
des ennemis qui y voulaient entreprendre et où il s'est comporté de sorte
qu'il a donné à sadite Altesse toute satisfaction, etc. »
Les armes parlantes de L'Huilier portent d'azur à une bande d'argent,
chargée de trois olives de sinople, et pour cimier un dextrochère tenant une
branche d'olivier au naturel.
Dominique L'Huilier, colonel d'infanterie, et successivement gouverneur de
Bitche, Hombourg, Neufchâteau et Landsluhl (2), était frère de François
L'Huilier, vivant en 1652. Il obtint de Charles IV l'hérédité de la
capitainerie de Spitzemberg, en indemnité de ce qu'il avait été fait trois
fois prisonnier en combattant pour son service, et avait chaque fois racheté
sa liberté à grands frais et à ses dépens. Il épousa Marguerite de Bar, sœur
de la fondatrice des Dames du Saint-Sacrement et en eut quatre enfants:
1° Nicolas, qui continue la descendance.
2° Françoise, mariée en 1652 à Claude Gauthier, seigneur de Fremifontaine et
de Vienville, maître ès arts, licencié ès droits, gentilhomme ordinaire de
Gaston de France, duc d'Orléans, capitaine et prévôt de Saint-Dié.
Elle eut entre autres enfants : 1° .Marguerite, mariée à Jean-François
Humbert, baron de Gircourt; 2° Gertrude; 3° Catherine.
3° Marguerite, mariée à Gérard de la Grand-Maison, capitaine au régiment de
son beau-père, natif d'Essey-en-Voivre, anobli par lettres de Charles IV,
données à Nancy le 14 Novembre 1667.
4° Adrienne, qui épousa Jean de la Rue, prévôt de Norroy-le-Veneur, vers
1677.
B) Nicolas L'Huilier, flls de Dominique, seigneur de Spitzemberg, Vanzel,
Saint-Marcel, etc., capitaine d'infanterie, écuyer de S. A. R. la princesse
Marguerite de Lorraine, duchesse d'Orléans, épousa Charlotte-Thérèse de
Castres, d'une maison illustre, le 14 Janvier 1670, et en eut cinq enfants:
1° Charles-Léopold, qui continue la descendance.
2° Marie.
3° Madelaine.
4° Catherine, religieuse à Malnoue.
5° Elisabeth-Françoise, épouse de Paul Benoit, chevalier, comte de Braque,
gouverneur d Auxerres, intendant et contrôleur général des écuries et
livrées de la maison du roi.
C) Charles-Léopold L'Huilier, fils de Nicolas, seigneur de la capitainerie
de Spitzemberg et capitaine d'infanterie, épousa Anne Florentin, dont il eut
sept enfants:
1° Catherine, religieuse du Saint-Sacrement.
2° Jeanne, carmélite.
3° Toussaint, mort sans enfants, capitaine au service de l'empereur.
4° Anne, qui épousa Charles-Hyacinthe Hugo.
5° Gertrude, qui resta fille.
6° Marguerite-Dieudonnée, ou Adéodate, qui épousa François Magnien, seigneur
de Serrières, d'Art-sur-Meurthe, de Porcieux et de Langley, contrôleur de
l'hôtel de S. A. R. Elle mourut le 23 Novembre 1713.
7° Ursule, mariée à Ange du Teil, capitaine au régiment royal d'artillerie.
N'ayant plus d'héritiers mâles, Charles Léopold L'Huilier céda sa seigneurie
à son gendre, Charles-Hyacinthe Hugo.
8e Degré
L'Armorial général de France et le Nobiliaire de Lorraine ayant été publiés
en 1752 et 1758, l'arbre généalogique dressé par d'Hozier et Dom Pelletier
s'arrête forcément au milieu du XVIIIe siècle. M. Barbou, dans Victor Hugo
et son temps, en profite pour y introduire Sigisbert Hugo, père de Victor
Hugo, et le présenter comme le petit-fils de Charles-Hyacinthe Hugo.
De même, un historien lorrain très compétent, M. Dumont, suppose que Joseph
Hugo, menuisier à Nancy, grand père de Victor Hugo, doit prendre ici sa
place dans la généalogie des barons de Spitzemberg. « Cette circonstance,
d'une origine aussi modeste, dit-il, n'exclut pas la descendance de Georges,
habitant de Rouvrois. On pourrait expliquer les dérogeances dans la
filiation par le malheur des temps qui auraient jeté quelques parents dans
les professions manuelles, jusqu'au menuisier. » (Nobiliaire de
Saint-Mihiel, t. II, p. 81.)
Et dans les Ruines de In Meuse (t. I, p. 210), le même auteur dit encore : «
Sa filiation a été rapportée dans le nobiliaire de Lorraine. On voit cette
famille parvenue aux postes les plus élevés, descendre jusqu'à un menuisier,
dont les fils, comme nous venons de le dire, sont remontés encore plus haut
que leurs ancêtres. »
Malheureusement pour cette filiation fantaisiste, et heureusement pour
l'histoire, les actes de l'état civil de la commune de Saint-Dié sont là
pour nous donner la descendance de Charles-Hyacinthe, et on peut encore la
compléter par la généalogie de la famille de Bazelaire, dont les Hugo sont
devenus par alliance- une branche collatérale.
Louis-Charles-Toussaint Hugo, fils de Charles-Hyacinthe, chevalier de
Spitzemberg, Biffontaine, Neuvillers, Raves, Ginfosse, Combrimont, etc.,
major au 1er régiment des gardes de l'empereur, en Toscane, épousa, le 25
Septembre 1770, Marie-Catherine de Bazelaire de Lesseux, Dame de Neuvillers,
née à Saint-Dié, le 18 Octobre 1744, morte à Nancy, le 3 Août 1820, fille de
Florent-Joseph de Bazelaire de Lesseux, conseiller du roi,
lieutenant-général civil et criminel au siège de Saint-Dié, grand-maître des
eaux et forêts, subdélégué de l'intendance, conseiller intime du roi
Stanislas.
Louis-Charles-Toussaint eut quatre enfants de ce mariage:
1° Thérèse-Gertrude-Charlotte-Joséphine, née à Saint-Dié, le 5 Juillet 1771,
qui eut pour parrain messire Nicolas-Dieudonné Hugo, seigneur de Spitzemberg,
capitaine dans la légion de Flandre, son oncle, et pour marraine
Anne-Thérèse d'Andlau de Bazelaire de Lesseux, sa bisaïeule. Le parrain fut
représenté par messire Dominique Richard, conseiller, secrétaire intime de
feu Sa Majesté impériale, cousin de la baptisée.
Élevée à la maison royale de Saint-Cyr, elle fut pendant la Révolution le
soutien de sa famille qu'elle nourrissait du travail de ses mains. Après la
mort de sa mère, elle quitta la France pour s'établir avec ses frères dans
le Wurtemberg, et mourut à Stuttgard, le 5 Décembre 1841.
2° Louis-Joseph-Dieudonné, né à Saint-Dié, le 22 Octobre 1772. Il eut pour
parrain Louis-Joseph Bazelaire de Lesseux, seigneur dudit lieu, ban de Lusse
et dépendances, conseiller du roi et maître particulier de la maîtrise
royale de Saint-Dié, et pour marraine Demoiselle Gertrude L'Huilier de
Spitzemberg.
Élevé à l'école militaire Caroline à Stuttgard, lieutenant au régiment de
Bouillon, émigré en 1793 dans l'armée des princes, plus tard officier au
service du Wurtemberg, il mourut sans enfants, à Louisbourg, le 12 Novembre
1804.
Il avait épousé Caroline, comtesse de Martinengo, morte à Stuttgard, le 29
Août 1819.
3° Claude-François-Nicolas, né à Saint-Dié, le 8 Novembre 1773, eut pour
parrain M. de Boulon, seigneur de Toulon, Ciry, etc. (Saône-et-Loire),
ancien officier des troupes légères, au service de France, représenté par M.
Sigisbert de Bazelaire de Saulcy, conseiller à la Cour souveraine de Nancy,
son oncle, et pour marraine Mme Charlotte de Lesseux, née baronne de
Redoublé de Mortagne, sa grand'mère.
Élevé à l'école ducale Caroline, sous-lieutenant aux hussards de Lauzun en
1787, émigré en 1793, il fut nommé
lieutenant au régiment des hussards de Choiseul, au service d'Angleterre,
dont son oncle le comte Pestalozzi était colonel. Il entra au service du
Wurtemberg en 1798. Chevalier de la Légion d'honneur et décoré du mérite
militaire Wurtembergeois en 1807, colonel de son régiment en 1810, il reçut
du roi de Wurtemberg sa retraite en 1812, avec le grade de général-major. Il
mourut sans enfants à Stuttgard, le 21 Juillet 1855. On lui avait donné dans
l'armée le surnom de Brockfeld.
4° Louis-François-Xavier-Antoine, né à Saint-Dié, le 21 Juillet 1781, eut
pour parrain messire François-Xavier
de Millier, avocat général au Conseil souverain d'Alsace, son oncle
maternel, et pour marraine Demoiselle Anne-Thérèse de Bazelaire de Lesseux,
sa tante maternelle.
Il continua la descendance.
L'assassinat de Louis-Charles-Toussaint fut un terrible événement qui
entraîna dans l'émigration ces descendants d'une de nos vieilles familles.
Le 1er Septembre 1793, M. de Spitzemberg fut massacre à Saint-Dié par une
foule furieuse. Si triste que soit le récit de cet assassinat, nous croyons
devoir le donner à la suite de ce travail, car on l'a trop souvent présenté
avec des détails faux.
Un collaborateur de l'Intermédiaire des Curieux, qui signe J. Gt, raconte
(p. 462 de la 14e année), « qu'ayant habité Stuttgard, il a connu
personnellement les frères Hugo de Spitzemberg, et plus particulièrement
Charles qui est mort ministre de Wurtemberg. Leur père racontait encore dans
ses vieux jours, avec les larmes aux yeux, les scènes de la terreur dont son
propre père ou aïeul fut victime, ayant été scié entre deux planches par des
paysans ameutés. »
M. Edmond Biré, dans son ouvrage précité (p. 21), dit aussi qu'il fut «
massacré par la populace de Saint-Dié et
scié entre deux planches. »
Ce détail horrible est matériellement faux, comme on le verra par les
procès-verbaux reproduits plus loin, qui sont trop impartiaux et trop
détaillés pour avoir omis ce fait, s'il avait existé.
Le premier de ces mémoires est un manuscrit inédit, rédigé par un témoin des
faits et que nous possédons malheureusement incomplet et anonyme.
Le second, qui le complète, est le procès-verbal dressé par le maire
Souhait, cinq jours après les événements, pour être présenté au représentant
du peuple Guyardin et à la Convention.
9e Degré
Louis-François-Xavier-Antoine, fils de Louis-Charles Toussaint, émigra comme
ses frères et devint lieutenant-général, grand chambellan du roi de
Wurtemberg. Il épousa Elisabeth-Juliane-Caroline-Charlotte, baronne de
Massembach, née à Berlin, le 29 Avril 1803, morte à Sluttgard, le 17 Mai
1857. Il y mourut aussi le 25 Avril 1864, laissant quatre fils:
1° Guillaume, né à Stuttgard, le 19 Janvier 1825, qui continue la
descendance.
2° Frédéric-Henri-Charles, né à Stuttgard, le 19 Septembre 1826, conseiller
d'État, chambellan du roi de Wurtemberg, ministre plénipotentiaire à Berlin,
où il mourut, le 13 Décembre 1880. Pendant la guerre de 1870, il demanda et
obtint de ne point prendre part à la campagne contre la France, et usa de
son influence pour adoucir la captivité des prisonniers français. Il avait
épousé Hildegarde, baronne de Warnbüler, de Nemmingen, née le 20 Janvier
1843. De ce mariage sont nés:
a) Constantin-Henri-Conrad-Lothard, né à Berlin, le 16 Octobre 1868.
b) Anne-Francisca-Vilma-Caroline-Johanna, née à Berlin, le 21 Juin 1877.
3° Alfred, né à Stuttgard, le 12 Avril 1830, mort sans enfants le 10 Août
1848. ,
4° François-Xavier, né à Stuttgard, le. 30 Décembre 1840, lieutenant de la
garde à cheval, mort à Interlaken, le 17 Juillet 1861, sans enfants.
10e Degré
Guillaume, baron Hugo de Spitzemberg, fils de Louis-François-Xavier-Antoine,
général-major au service du Wurtemberg, grand chambellan, premier aide de
camp du roi, épousa Marie, baronne de Herman, née le 16 Décembre 1837.
« Pendant la dernière guerre, raconte M. Charles Courbe, dans
l'Intermédiaire des Chercheurs (15e année, p. 362). un Hugo de Spitzemberg
était général de division. Il existe toujours et habite toujours Stuttgard.
L'autre, attaché militaire et ambassadeur du roi de Wurtemberg à la Cour de
Berlin, vient de mourir. Ces Messieurs avaient demandé et obtenu, en 1870,
de ne point faire la campagne. Il leur répugnait de prendre les armes contre
la France, patrie de leurs ancêtres. Seulement, comme ils avaient demandé à
quelques uns de leurs amis de visiter les derniers débris du château de
leurs pères, ceux-ci ont dû s'adresser à quelqu'un qui a bien voulu nous
transmettre ces renseignements. »
Guillaume de Spitzemberg eut quatre enfants:
1° Maximilien-Xavier-Guillaume, né à Stuttgard, le 18 Mars 1858, lieutenant
de dragons au service du Wurtemberg, mort à Ulm, le 2 Décembre 1881.
2° Élisabeth, née à Stuttgard, le 8 Mars 1860.
3° Olga, née à Stuttgard, le 17 Janvier 1863.
4° Amélie, née à Stuttgard, le 25 Mai 1869.
Son neveu, Constant-Henri, est donc le seul héritier du titre de baron de
Spitzemberg.
Nous avons ainsi, sans aucune solution de continuité, le tableau
généalogique complet des Hugo de Lorraine, depuis 1523 jusqu'à 1885, et dans
ce tableau, pas une lacune où il soit possible d'introduire le père ou le
grand-père de Victor Hugo, ni aucun de ses ascendants. Nous n'y avons trouvé
non plus aucune des illustrations que cite le « témoin de sa vie, » ni
Pierre-Antoine, né en 1532, conseiller privé du grand-duc de Lorraine, et
qui épousa la fille du seigneur de Bioncourt; ni Anne-Marie, chanoinesse de
Remiremont, dont on ne trouve pas la moindre trace sur les obituaires,
pourtant bien complets, du Chapitre; ni Joseph-Antoine, officier près du
maréchal de Montesquiou, tué à la bataille de Denain; ni Michel-Pierre,
lieutenant-colonel au service de Toscane; ni François, chambellan de
Lorraine, époux de Françoise d'Issembourg de Happoncourt; ni même
Louis-Antoine, le conventionnel exécuté pour modérantisme (3).
Tous ces personnages ont cependant occupé des fonctions trop importantes
pour que les documents de l'époque les aient pu passer sous silence, et il
est au moins singulier qu'on puisse reconstituer une généalogie aussi
complète, même dans ses noms les plus obscurs, sans qu'il soit possible de
retrouver dans nos archives la moindre trace des membres de cette famille,
qui auraient occupé, selon Mme Hugo, les plus hautes positions et contribué
le plus à son illustration
Aussi nous ne doutons pas que les généalogistes et les historiens ne soient
très reconnaissants à la famille de Victor Hugo de les laisser prendre
connaissance des documents qu'elle possède sans doute, et qui attestent
l'existence de ces conseillers privés, chanoinesses et chambellans inédits.
En attendant, nous ne pouvons que nier, pièces en main, l'origine que s'est
attribuée Victor Hugo.
LES ANCÊTRES DE VICTOR HUGO
Il nous reste, pour terminer cette étude, à reconstituer la véritable
généalogie de l'illustre poète, à l'aide de documents indiscutables, les
actes de l'état civil que nous allons transcrire simplement:
1° ACTE DE NAISSANCE DU PÈRE DE VICTOR HUGO
15 Novembre 1773. Joseph-Léopold-Sigisbert, fiis de Joseph Hugo, maître
menuisier, et de Jeanne-Marguerite Michaud. Parrain, le sieur Joseph Réchet,
avocat à la Cour, marraine, Demoiselle Marthe-Elisabeth Béchet. (Registres
de la paroisse de Saint-Epvre.)
2° ACTE DE MARIAGE DU GRAND-PÈRE DE VICTOR HUGO
22 Janvier 1770. Joseph Hugo, maître menuisier, veuf de Dieudonnée Béchet,
fils de Jean-Philippe Hugo et de feu Catherine Grandmaire, avec Marguerite
Michaud, gouvernante d'enfants chez M. le comte Rosières d'Euvezin.
(Registres de la paroisse de Saint-Epvre.)
3° ACTE DE NAISSANCE DU GRAND-PÉRE DE VICTOR HUGO
Joseph, fils légitime de Jean-Philippe Hugo et de Catherine Grandmaire. sa
femme, est né et a été baptisé le 24 Octobre 1727. Il a eu pour parrain
Joseph Lhuillier, laboureur à Offroicourt, et pour marraine, Marguerite
Christophe, femme de Claude Mansuy, de ce lieu, qui ont signé.
4° ACTE DE MARIAGE DU BISAÏEUL DE VICTOR HUGO
1er Janvier 1707. Jean-Philippe, fils de Jean Hugo, paroissien de Domvallier,
et de Catherine Mansuy, et Catherine Grandmaire, fille de défunt Didier
Grandmaire et de Marguerite Voiry, paroissiens de Baudricourt. (Registres de
la paroisse de Baudricourt, près Mirecourt.)
C'est à Domvallier, dont il était paroissien, que l'on devrait trouver
l'acte de mariage de Jean Hugo, trisaïeul de
Victor Hugo. Malheureusement les plus anciens registres de cette paroisse ne
remontent pas au delà de 1699, et s'arrêtent à cette dernière date, à l'acte
de mariage de Anne Hugo, fille de Jean Hugo et sœur de Jean-Philippe
ci-dessus.
Mais M. Chevreux, archiviste à Epinal, a découvert récemment un passage
d'une délibération de l'Hôtel de Ville de Mirecourt, ainsi conçu : « 20 Août
1631 - Traité passé par la Ville avec Claude Hugo, dit le Hollandais, lequel
s'oblige à enterrer les corps morts pendant le temps de la maladie (la
peste), moyennant 40 francs par mois et la nourriture. » Un autre document,
un extrait de compte de la ville de Mirecourt, daté de cette même année,
donne le lieu de résidence de Claude Hugo, qui exerçait à Mirecourt. On lit
dans cet extrait de comptes : « A Claude Hugo, de Ramécourt, enterreur de
morts de contagion, paie quarante francs par mandement dudit conseil, etc. »
Or, Ramécourt est une annexe de Domvallier. Un autre document, daté d'un
siècle et demi
plus tard, nous montre que ces Claude Hugo étaient bien des habitants de
Domvallier. Dans la liste des émigrés des Vosges, en 1793, on trouve
Jean-Claude Hugo, fermier à Domvallier pour le marquis de Bassompierre,
émigré. (Archives des Vosges.)
En résumé, voici la filiation qui peut être établie : Vers la fin du XVIe
siècle, un Hollandais ou une famille hollandaise portant le nom de Hugo vint
s'établir dans les environs de Mirecourt, à Domvallier, en la personne de
Claude Hugo, auquel resta le surnom du Hollandais. De ce Claude Hugo descend
Jean Hugo de Domvallier, époux de Catherine Mansuy. De Jean Hugo de
Domvallier descend Jean-Philippe Hugo, marié à Domvallier à Caiherine
Grandmaire. Jean-Philippe Hugo, paroissien de Domvallier, vient s'établir à
Baudricourt, à une demi-lieue, et il a pour fils Joseph Hugo, père du
général et grand-père de Victor Hugo.
Mais cette date de 1631 à laquelle nous sommes remonté, suffira pour
démontrer que les Hugo de Domvallier,
de Baudricourt et de Nancy, n'ont rien de commun avec les Hugo de Rouvrois,
de Saint-Mihiel, de Labry et de
Spitzemberg.
Les origines de Victor Hugo n'en sont que plus vosgiennes, et c'est pour en
faire honneur à notre département que nous avons tenu à le démontrer.
Si elles sont plus modestes que celles que lui élèvent ses biographes, elles
ne peuvent que mieux convenir au génie assez grand par lui-même pour pouvoir
se passer d'aïeux, et qui pouvait dire : ma noblesse paternelle date de
Naples, de Madrid, de Thionville, et la mienne, des Odes, d'Hernani, de
Notre-Dame de Paris.
Gaston SAVE.
4 Octobre 1885.
(1) M. Macé de Challes raconte dans le Figaro du 15 Juillet
1885 que ce fut un ami, Méry, qui apporta un jour triomphalement à Victor
Hugo le quatrième registre de l'Armoriai de d'Hozier contenant la généalogie
de Georges Hugo, et que ce qui frappa tout d'abord les amis de Victor, dans
cette généalogie, ce fut la qualité de capitaine des gardes; on s'imagina
volontiers que le soldat devait être la souche de cette famille de soldats.
(2) M. le Baron G. d'Huart vient de publier dans les Mémoires de la Société
d Archéologie, lorraine (XIIIe vol., p. 160), une notice sur Jean de
Croonders, gouverneur de Hombourg, dans laquelle il est souvent question de
Dominique L'Huilier. On y voit qu'il fut nommé gouverneur de Landstuhl en
Juillet 1655, et commandant d'un des quatre derniers régiments de Charles IV
en 1661.
(3) Ce dernier, qui s'appelait Joseph et non Louis-Antoine, était né &
Mirecourt, en 1747, où il fut avocat et notaire, administrateur du
département en 1790, puis membre du directoire. Après la Convention, il
devint juge au tribunal criminel d'Épinal, président en 1798, juge à la Cour
d'Appel de Nancy en 1800, conseiller en 1811; il prit sa retraite en 1816 et
mourut à Valfroicourt en 1825, ne laissant qu'une fille mariée à son neveu
Émile Delpierre, conseiller à la Cour de Metz.
|