Le comte Jean-Thomas de Mitry
est né à Rosières-aux-Salines le 9 mai 1752. Il s'enrôle le 1er
octobre 1771 dans la légion Saint-Victor au dépôt des recrues de
l'Ile de Ré, puis embarque pour Saint-Domingue le 26 décembre
1772. Entré au régiment du Cap en garnison à Port-au-Prince, il
devient porte-drapeau le 20 août 1775, est impliqué dans une
affaire de duel en octobre 1775, et donne sa démission le 28 mai
1779.
Il avait entre temps il avait épousé à Nancy le 15 avril 1777
Marie-Catherine Rose de Bault.
Le 8 février 1790, Thomas de Mitry, est élu maire de la Ville de
Blâmont. Selon Emile Ambroise, il
aurait exercé ses fonctions jusqu'au élections du 4 septembre
1791 où il aurait été remplacé par Jean-Claude Claudon, qui profitant
alors de la loi du 8 février 1792, l'aurait fait inscrire sur la liste
des citoyens non présents (avec inventaire des propriétés de Mitry à Blâmont et Repaix, mise des biens sous séquestre). En
mai 1792, Thomas de Mitry serait passé à l'étranger.
Mais la chronologie est inverse selon Dedenon : « Thomas de
Mitry, nommé maire en 1790, tint habilement le gouvernail sur
une mer houleuse, jusqu'en août 1791. Mais soudain il disparut
pour aller, au grand étonnement de la population, s'enrôler
parmi les ennemis de la République, Par réaction, la petite cité
se jeta dans les bras de Claudon, démagogue intrigant, dont nous
avons déjà dénoncé les menées et qui fut porté à la mairie, dans
une heure d'exaltation malsaine, le 4 septembre 1791 »
On ne sait donc pas exactement quand Thomas de Mitry a émigré
avec son fils François (né en 1780), pour servir dans la légion
de Mirabeau sous les ordres du prince de Condé : la version
d'Alphonse Dedenon (qui de surcroit honnit Claudon) semble
cependant plus crédible que celle d'Emile Ambroise.
Car si le 4 septembre 1791, Louis XVI accepte la constitution,
la monarchie absolue devenant constitutionnelle, c'est la fuite
à Varennes du 21 juin 1791 qui déclenche une importante vague
d'émigration ; beaucoup rejoignent Louis-Joseph de
Bourbon-Condé qui organise depuis plusieurs mois à Worms des
troupes sous son commandement, faisant appel à tous les
militaires qui sortent de France (c'est ainsi que MM. de
Mirabeau et de Bussy partent avec leurs troupes pour Worms et y
arrivent au commencement de mars 1791).
Et dans le document suivant, on voit en 1794 « le comte de
Mitry, capitaine en second des grenadiers de Mirabeau », qui
semble s'occuper secrètement d'introduction en France de faux
assignats. On ne peut d'ailleurs s'empêcher de rapprocher ce
fait de la condamnation à mort de Marie-Thérèse Marchal de
Domèvre en 1795 (voir Condamnation à
mort - 1795)
Il semble donc que les manoeuvres de Jean-Claude Claudon, pour
excessives qu'elles aient pu être, ne soient pas la motivation
du départ de Thomas de Mitry pour Worms ; l'affirmation
d'Alphonse Dedenon est donc fort plausible : « L'exode, un
instant interrompu, reprit en 1791. Thomas de Mitry, maire de
Blâmont, s'engagea dans l'armée de Condé, au mois d'août »
Papiers de
Barthélemy, ambassadeur de France en Suisse
Publiés sous les auspices de la Commission des archives
diplomatiques, par M. Jean Kaulek
T. III Septembre 1793-Mars 1794
Éd. F. Alcan (Paris), 1888
[Janvier 1794]
BACHER A DEFORGUES
717. - Bâle, 10 pluviôse [29 janvier].
[...] « Il ne s'agit pas de sommes considérables, mais
comme on ne me rembourse aucune de mes avances, je suis
entièrement à sec et je ne pourrai même plus employer
l'émigré Coney en Allemagne qui, ainsi que tu en jugeras
par le journal ci-joint, est cependant très à même de
continuer à me procurer des renseignements utiles,
surtout relativement aux faux assignats. »
[...] Pièces jointes. - a. - Journal d'un voyage fait au
quartier général et autres cantonnements de l'armée de
Condé [par l'émigré Coney, agent secret de Bâcher ]
« [...] M. de Mazaucourt qui commande à l'armée de Condé
la cavalerie noble entretient une correspondance assez
suivie avec un négociant de Senlis, qui fait passer à
Paris ses lettres et celles du Prince et autres
personnages conséquents. On correspond aussi à Nancy, à
Blamont, où plusieurs municipaux prévariquent
continuellement. C'est le comte de Mitry, capitaine en
second des grenadiers de Mirabeau, qui est chargé de
cette partie. Comme je suis en relation directe avec lui
et le comte Charles du Hautois, colonel en second de la
légion et neveu de Calonne, je promets de savoir quels
moyens ils emploient surtout pour faire entrer les
assignats en France. Je suis également sûr d'être
informé à Friessenheim du nom de celui qui fait passer
en France les papiers des princes. » |
Thomas de Mitry est fait Chevalier de Saint-Louis, et ne
quitte l'armée qu'en 1801. Il passe deux années à Prague et
Ratisbonne, et si l'on ne connait pas la date de son retour en
Lorraine, on sait qu'après le décès de Marie Catherine Rose de Bault (à Nancy le 20 août 1819), il épouse en 1819 Philippine
de Lauzières-Thémines, et n'obtiend une indemnité que le 25
février 1826 (dans le cadre de la loi du 27 avril 1825 dite « du
milliard aux émigrés »).
Thomas de Mitry décède au château du Ménil le 13 juin 1832
(Leménil-Mitry)
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