BLAMONT.INFO

Documents sur Blâmont (54) et le Blâmontois

 Présentation

 Documents

 Recherche

 Contact

 
 Plan du site
 Historique du site
 
Texte précédent (dans l'ordre de mise en ligne)

Retour à la liste des textes

Texte suivant (dans l'ordre de mise en ligne)


1789 - Elections - Regnier - Regneault
(Notes renumérotées)


Les préliminaires de la révolution à Nancy. L'élection aux états généraux et le cahier de la ville de Nancy
Christian Pfister
Ed. Nancy, 1910

Les opérations pour la nomination des députés du baillage de Nancy avaient traîné, surtout par la nécessité où l'on s'était trouvé de convoquer à plusieurs fois l'assemblée de la ville de Nancy, chargée d'approuver le cahier municipal. Les cinq autres bailliages avaient été plus expéditifs. Dans celui de Lunéville, l'assemblée des trois ordres et les assemblées spéciales à chaque ordre se tinrent du lundi 23 au samedi 28 mars, sous la présidence du lieutenant-général, Jean-Antoine Thiry, en l'absence du bailli d'épée, le maréchal prince de Beauvau. Elles se terminèrent par les élections de Grégoire, curé d'Emberménil, et de Drouin, curé d'Haudonville, pour le clergé ; par celles de Maximilien-Chrétien, comte de Fiquelmont de Parroy, et du marquis Anne Bernard-Antoine de Raigecourt-Vitrimont pour la noblesse; celles de Germain Bonneval, cultivateur à Ogéviller, de Pierre-Nicolas Blampain, avocat à Rambervillers, Charles Regneault, avocat du roi au bailliage royal de Lunéville, Étienne Brunei, ancien négociant à Magnières (1). L'assemblée du bailliage de Blâmont se tint dès le 16 mars et était close le 23; Louis Fromental, lieutenant général, présidait en l'absence du bailli d'épée, le baron de Lubert. Les députés choisis furent Ména, curé de Foulcrey, pour le clergé ; Marie-Joseph de Bussène pour la noblesse ; Louis Fromental, lieutenant général, et François Gérard, laboureur à Barbas, pour le tiers. (2).
[...]
Les 7 membres du clergé, les 7 de la noblesse et les 14 du tiers, élus dans ces cinq bailliages, devaient se rendre à Nancy, pour s'unir aux 3 membres du clergé 3 de la noblesse, 6 du tiers choisis par le bailliage de Nancy et ces électeurs étaient tenus de choisir entre eux les députés définitifs de la circonscription. L'assemblée de réduction avait été fixée d'abord au 30 mars ; mais, comme les opérations des assemblées préliminaires se prolongèrent à Nancy, elle fut renvoyée au lundi 6 avril, à 4 heures de l'après- midi : le matin encore siégeait l'assemblée du bailliage de Nancy, pour remplir les dernières formalités. L'assemblée de réduction fut présidée par le marquis de Boufflers en sa qualité de bailli d'épée du bailliage de Nancy. On fit l'appel des députés électeurs qui étaient tous présents ; le greffier du bailliage donna lecture des articles du règlement du 7 février relatifs à la réduction ; puis chaque ordre décida qu'il procéderait séparément à cette réduction et remit au bailli les cinq cahiers, un par bailliage, plus le cahier commun aux trois ordres du bailliage de Rosières. Ces cahiers ne devaient pas être fondus en un seul ; ils étaient réputés cahiers principaux et devaient être portés aux états généraux par les deux députations, 2 ecclésiastiques, 2 nobles et 4 du tiers qu'il restait à désigner. Le bailli remit au lieutenant-général les cahiers du tiers et les députés des deux premiers ordres quittèrent la salle où le tiers resta seul et se retirèrent dans leurs chambres. Le tiers procéda à la vérification des pouvoirs des 20 électeurs, les trouva en bonne forme et passa à l'élection des députés définitifs. Regnier fut choisi sans difficulté comme premier député par 19 voix contre 1 donnée à Prugnon, c'est-à-dire à l'unanimité. Pour la seconde place, il fallut deux scrutins ; Salle passa au second tour à une voix de majorité, soit par 11 voix. La troisième place fut attribuée sans difficulté à Prugnon par 17 voix et la quatrième ne fut distribuée qu'après un second tour de scrutin à Regneault, de Lunéville, par 11 voix. Ainsi deux avocats de Nancy, un médecin de Vézelise, un avocat de Lunéville étaient chargés de représenter la circonscription. Il fallait choisir deux suppléants. Au premier tour, Plassiart fut désigné à l'unanimité de 19 voix sur 20 votants. La seconde place fut disputée avec beaucoup d'acharnement ; Blampain, avocat à Rambervillers, ne l'emporta que d'une voix (10) sur Fromental, lieutenant-général du bailliage de Blâmont. La députation du tiers état se trouvait de la sorte complète.
La noblesse de son côté choisissait, sous la présidence de Boufflers, ses députés; après avoir nommé comme secrétaire M. Vaultrin, écuyer, trésorier du grand-duc de Toscane. MM. de Ludres, Collenel et le baron de Châtillon furent choisis pour scrutateurs. Comme premier député le comte de Ludres fut désigné au premier tour à la majorité des suffrages; comme second député, le chevalier de Boufflers, également au premier tour. Le marquis de Raigecourt et le comte de Salm Salm furent élus par deux nouveaux tour de scrutin, comme suppléants. Un exemplaire des six cahiers fut remis aux mains des députés et un autre déposé au greffe du bailliage.
Le clergé se réunit sous la présidence de l'évêque de Nancy et renomma comme secrétaire M. Bourgeois. Les trois plus anciens membres, Drouin, Houillon et Liébault, furent priés d'accepter les fonctions de scrutateurs. M. Drouin, doyen d'âge, se leva alors et se dit chargé par ses collègues d'exprimer leur désir de nommer l'évêque de Nancy député par acclamation. Mais Mgr de La Fare refusa, alléguant le règlement. On passa donc au vote et il fut choisi à l'unanimité comme premier député. L'élection du second député fut beaucoup plus laborieuse : trois tours de scrutin furent nécessaires. Après le second, Grégoire, curé d'Emberménil, et Houillon, curé de Crépey, restaient en présence. Le premier fut élu par cinq suffrages contre trois donnés au second. M. Houillon se vit aussitôt donner une compensation; on le choisit comme député suppléant. Les cahiers du clergé des six bailliages furent remis aux députés choisis ; un second exemplaire fut déposé au greffe.
Ainsi se terminèrent les élections, et, quelques jours plus tard (3), les huit députés de la circonscription partaient pour Versailles. Mgr de La Fare fut chargé de prononcer le sermon le jour de la procession des états généraux.
[...]
TIERS
1re place. - REGNIER. - Claude-Ambroise Regnier était né à Blâmont, le 5 novembre 1746 (4), d'Ambroise Regnier, aubergiste, et de Françoise Thiry. Son père était fils d'un procureur général au bailliage de Saint-Dié et mourut à Blâmont à 87 ans, le 28 décembre 1806.
Regnier fit ses études secondaires sous la direction d'un oncle, curé de Saint-Dié, et suivit les cours de l'Université catholique de Strasbourg, puis ceux de l'Université de Pont-à- Mousson, où il prit le titre de licencié en droit. En juillet 1765, à 19 ans, il se fit inscrire comme avocat au barreau de Lunéville. En 1769, il fut appelé par le prince régnant Louis de Salm-Salm à Senones et, en qualité de procureur général, il dirigea les affaires de la principauté. En 1773, il quitta Senones pour s'installer à Nancy comme avocat au Parlement. et y remporta de grands succès oratoires. Aussi fut-il, en 1789, désigné par les avocats de la ville, comme l'un de leurs représentants à l'assemblée de la ville; il fut l'un des principaux rédacteurs du cahier de la cité, fut choisi comme député électeur à l'assemblée du bailliage le 5 avril et élu définitivement par l'assemblée de réduction le 6. Il prit, à l'Assemblée nationale, une grande part à la discussion sur la nouvelle organisation judiciaire, se prononça contre l'institution du jury en matière civile. Il défendit la municipalité de Nancy contre ceux qui incriminaient sa conduite lors de l'insurrection du 31 août 1790 et approuva la conduite du marquis de Bouillé. Il fut envoyé, après la fuite du roi, comme commissaire dans le département des Vosges, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. pour apaiser les troubles qui y avaient éclaté. Sous la Législative, il revint à Nancy, reprit sa profession d'avocat, fit partie, à la fin de 1791 du corps municipal, puis fut nommé président du tribunal de district ; mais, destitué en 1793, il se retira en sa maison de campagne de Maxéville, songea à émigrer et fut arrêté du 17 ventôse an II (7 mars 1794) au 9 thermidor. Le 20 vendémiaire an IV (13 octobre 1795), il fut élu député de la Meurthe au Corps législatif - l'un des deux députés du nouveau tiers - et le tirage au sort l'appela le 5 brumaire au Conseil des anciens. Il fut réélu membre de ce Conseil aux élections complémentaires de l'an VII ; il en devint secrétaire, puis président. Il se prononça contre le retour des prêtres exilés ou déportés. En 1799, il se rapprocha de Bonaparte, trempa dans le coup d'état du 18 brumaire : c'est lui qui présenta le décret transférant les deux Conseils à Saint- Cloud ; - ce fut l'origine de sa haute fortune. Il présida la commission législative intermédiaire d'où sortit la constitution de l'an VIII. Il entra au Conseil d'État et fut l'un des principaux rédacteurs du Code civil. Le 14 septembre 1802, le premier consul le nomma grand juge et ministre de la justice, et il cumula pendant un certain temps avec ses fonctions celles de ministre de la police, lors de la disgrâce de Fouché (1802-1804). Grand officier de la Légion d'honneur le 14 juin 1804, grand cordon le 2 février 1805, il devint, le 24 avril 1808, comte de l'Empire, et, le 15 août 1809, par un décret signé de Schoenbrunn, il reçut le titre de duc de Massa-di-Carrara. En 1813, très fatigué, il donna sa démission de grand juge; mais il fut nommé par Napoléon président du Corps législatif, quoiqu'il n'appartînt pas à cette assemblée; aussi fut-il accueilli très froidement. Le duc de Massa, comblé de bienfaits par l'Empereur, fit adhésion au gouvernement des Bourbons ; il ne tarda du reste pas à mourir en son hôtel de la rue de Choiseul, le 25 juin 1814, en sa 68e année.
Il s'était marié à Lunéville le 5 avril 1769 avec Charlotte Lejeune (5) ; il en eut 10 enfants. Un fils, le comte de Gronau, et une fille, la baronne Thiry, seuls survécurent ; mais ils ont laissé une nombreuse descendance.
Cf. L. ADAM, Étude sur trois gardes des sceaux de France, nés en Lorraine (Regnier, comte de Serre, Henrion de Pansey, Discours prononcé le 4 novembre 1872, à l'audience de rentrée de la Cour d'appel, Nancy, 1871 ; ALEXANDRE, Notice sur Claude- Ambroise Regnier, duc de Massa, Discours à l'audience solennelle de rentrée du 3 novembre 1853 ; PAUL DELAVAL, Le grand-juge Regnier, duc de Massa, dans le Pays lorrain, 1909, pp. 738-745 et tirage et part.
[...]
4e Place. - REGNEAULT. - Charles Regneault, né à Blâmont le 15 février 1755, fils de Hyacinthe Regneault, avocat en Parlement, exerçant au bailliage royal de Blâmont, et de Françoise-Théodore Paquet, devint lui-même conseiller du roi et son avocat au bailliage de Lunéville; il se maria dans cette ville, le 9 mai 1785, avec Thérèse-Charlotte Chippel (CH. DENIS, Registres de l'état civil de Lunéville, p. 231). Il fut député électeur du bailliage de Lunéville, élu député définitif par l'assemblée de réduction de Nancy le 6 avril. Il siégea à Versailles où il habitait boulevard de la Reine, n° 20, puis à Paris en 1790 et 1791, rue de Gaillon, 2, hôtel d'Antin. Après l'Assemblée constituante il revint en Lorraine, fut pendant un certain temps administrateur du département de la Meurthe et choisi ,le 24 août 1793, comme juge de paix du territoire du midi de la ville de Nancy. D'opinion modérée, il déplora le régime de la Terreur, devint suspect et n'échappa à l'échafaud que par la chute de Robespierre. Après le 18 brumaire, il fut appelé à présider le tribunal civil de Nancy. Il fut choisi comme électeur départemental en l'an XI. Il avait alors 48 ans, était marié, père de quatre enfants. Son revenu était estimé 50.000 francs. Il obtint 112 suffrages sur 186 dans le canton de Nancy-Ouest. Il demeura à Nancy, rue de la Poissonnerie (n° 366) jusqu'en l'année 1811. Son ancien collègue Regnier, dont nous avons dit la haute fortune, l'appela dans ses bureaux. Il mourut sans doute à Paris. Sur son frère Jean-Baptiste Regneault, voir PAUL DENIS, Les municipalités de Nancy, p. 153.

(1) Cf. Liste des députés des bailliages de la province de Lorraine et de Bar aux états généraux avant leur réduction aux quatre chefs-lieux d'arrondissement, Nancy, Bar-le-Duc, Mirecourt et Sarreguemines. A Nancy, chez H. Haener, 17 pages in-8. Le cahier du clergé pour le bailliage de Lunéville a été publié par l'abbé JÉRÔME, o. c., pp. 97-105. Celui de la noblesse a été imprimé dès 1789, 12 pages in-4, avec certaines fautes d'impression qui, sur beaucoup d'exemplaires, sont corrigées à la plume ; le cahier avec les corrections a été réimprimé dans MAVIDAL et LAURENT, Archives parlementaires, t. IV, pp. 84-86. Le cahier du tiers n'a pas encore été retrouvé Le cahier particulier de la ville de Lunéville a été publié par H. BAUMONT, Histoire de Lunéville, pp. 217-246. M. EMILE DUVERNOY a donné les cahiers primaires d'Emberménil et de Sommerviller (Annales de l'Est, 1898, p. 577, et 1900, p. 86).
(2) Le cahier du clergé a été publié par l'abbé JÉROME, o. c., pp. 114- 119. Les cahiers de la noblesse et du tiers n'ont pas encore été retrouvés à notre connaissance.
(3) Les états généraux devaient, d'après la lettre du 24 janvier 1789, se réunir le 27 avril. Mais, le 26 avril, un ordre du roi en différa jusqu'au 4 mai l'ouverture, beaucoup de députés ne se trouvant pas encore à Versailles et quelques élections, notamment celles de Paris, n'étant pas encore achevées.
(4) Registres de l'état civil de Blâmont. Cf. J. S. A. L., 1888, p. 134 (DE MARTIMPREY), et 1898, p. 12 (ÉMILE DUVERNOY.)
(5) Il avait alors 23 ans et était encore mineur. Charlotte Lejeune était fille mineure de Nicolas-François Lejeune, conseiller du roi, greffier en chef du bailliage, et de Claude Persil. CH. DENIS, Inventaire des registres de l'état civil de Lunéville, p. 209.

 

Mentions légales

 blamont.info - Hébergement : Amen.fr

Partagez : Facebook Twitter Google+ LinkedIn tumblr Pinterest Email