Est-Républicain
24 octobre 1922
A propos de la fête de «
Buriville-en-France »
On nous écrit :
« Elle fut modeste, mais bien intime. Le beau temps lui-même, à
cette rude arrière-saison, fut exceptionnellement de la partie.
« Il evor pleu lo venredi, c'étor ïn guège de bié ton pou lo
dimanche », expliquent avec conviction les anciens du village.
Et Buriville connut une fête, telle que jamais il n'en connut.
Certes, il n'y eut pas, sur ses places publiques pléthore de
baraques foraines ou de manèges quelconques; pour dire la
vérité, il n'y eut même pas de bal. Il faut encore avouer que le
hameau, digne en cela d'être cité è l'ordre de la Ligue
antialcoolique, est totalement dépourvu de cabarets. Les
amateurs de spectacles, de danses, de sucreries ou de boissons
eurent la ressource... de se transporter à Ogéviller, distant de
1 kilomètre, lequel fit de tous temps, auprès de lui, figure de
capitale, et où, le même jour, eut lieu cette année la fête
patronale.
La jeunesse alla et vint. A Buriville même, la réjouissance fut
essentiellement familiale.
Dans la trentaine de feux qui le composent, ce fut le bonheur de
vivre, de renaître, la
satisfaction causée par la clôture des travaux agricoles qui en
font toute la vie. La vieille église de 1724, à la cloche
unique, fut pour la première fois, depuis ses longs mois de
restauration, rendue à l'exercice du culte Chacun en admira les
nouveaux atours. Et l'électricité qui, depuis hier, éclaire le
village, en fait toujours la joie...
Elle fut modeste, mais bien intime, la fête de Buriville. Elle
fut saine et simple, en tous points digne de ce hameau calme,
heureux, laborieux, prospère, et si délicieusement
particulariste.
« Buriville-en-France », n'est-il pas toujours plein de ses
grands souvenirs, en fonction desquels nous nous en voudrions de
ne pas livrer intégralement ses grands espoirs :
Moitié sur la Lorraine t moitié sur la France,
Ton site, vieux hameau, a bien son éloquence.
Et le frêle Saint-Bâle, indiquant autrefois
La frontière, dit seul ton histoire et tes droits !
Il dit qu'aux jours de paix, ta riante opulence
Invitant côte-à côte, en toute insouciance,
Les Lorrains à la chasse et les Francs au tournois
Ta séduction conquit les deux camps à la fois !...
Depuis cent cinquante ans de douce annexion,
Tu n'as pas renoncé à ton ambition
De renaître « toi-même », et je te sais attendre
Le réveil incertain d'une gloire endormie,
Jaloux d'avoir un jour, en pleine autonomie
Ton passé à revivre, et ton poste à reprendre ! |