Est-Républicain
30 juillet 1923
COMICE AGRICOLE DE
LUNEVILLE
Le Concours de Blâmont
La charmante petite ville de
Blâmont était hier, en fête. Dès les premières heures du matin,
les trains spéciaux mis en circulation par la Compagnie du
L.-B.-B., les trains de la Compagnie de l'Est déversaient dans
ses rues joliment pavoisées, de nombreux étrangers, venus pour
assister à la solennité annuelle du Comice de Lunéville. Des
automobiles amenant les personnalités officielles et les
parlementaires arrivaient bientôt et se rangeaient, en
impressionnante file, à l'entrée du Pâtis, transformé en terrain
de concours. Nous reconnaissons dans la foule qui se presse
devant l'exposition de machines, MM. Lebrun et Louis Michel,
sénateurs; Georges Mazerand, de Warren, Marin, de Wendel,
députés ; notre excellent ami Lucien Labourel, maire de Blâmont
; M. Campion, adjoint ; les membres des divers jurys, très
affairés ; MM. Caen, Bechmann, Suisse, Eugène Bergé, conseiller
d'arrondissement ; Paul Dieudonné, de Turckheim, conseillers
généraux, d'autres encore que nous retrouverons tout à l'heure à
la distribution des prix et au banquet de l'hôtel de ville. ,
La pluie, à ce moment, tombe assez drue. Mais, fort
heureusement, une éclaircie se produit dans le ciel et le
soleil, victorieux de l'oppression des nuages lourds, envoie à
la foule son amical bonjour.
L'EXPOSITION DES MACHINES
L'exposition des machines est très importante. On remarque les
tableaux et pièces détachées de M. Viot qui a eu l'heureuse idée
de créer à Domêvre-sur-Vezouze une école de mécanique, destinée
à rendre les plus grands services à nos jeunes ouvriers ; le
stand d'électricité monté par la Cie Lorraine d'Electricité Les
moteurs ronflent, actionnant des meules, malaxeurs,
coupe-racines, fours électriques, etc.
Les maisons Duval et fils de Nancy ; Labord, Marchal et fils de
Domêvre exposent des faucheuses, faneuses, brabants, batteuses
mobiles, scies circulaires.
Même exposition par la maison E . Marchal de Laneuveville-aux-Bois
; la maison Breton et Joly, d'Einvaux, un lot de charrues, des
houes, émotteuses, distributeurs d'engrais, chariots, tonneaux à
purin, vans, pulvériseurs à disque; la maison DalbIn et Cie de
Nancy, des batteuses, moto-batteuses et semoirs en ligne,
arracheuses de pommes de terre, crics, tarares, moulins à
farine, scies automobiles ; la maison Thouvenot, des charrues,
scies, coupe-racines, lieuses, écrémeuses.
De MM. Chevrier, maréchal-ferrant et Crouvizier, charron à
Herbéviller. on admire un solide chariot à grande échelle.
Citons encore sans entrer dans le détail les moteurs de la
maison de constructions mécaniques Pignolet, de Nancy ; les
instruments des neveux d'A. Lévy, de Sarrebourg ; les châssis de
couches de M. Koehler, de Lunéville ; les batteuses fixes et
locomobile de M. Viard fils, de Jussey, etc.
L'EXPOSITION DES ANIMAUX
L'envoi des animaux des espèces chevaline et bovine n'a pas été
extrêmement important. Par contre, les specimens présentés sont
superbes.
Il est bien évident que les nombreuses manifestations et
concours organisés par nos syndicats d'élevage portent un
certain prejudice aux expositions annuelles du Comice. Mais, il
convient de remarquer aussi que le cheptel du canton de Blâmont,
anéanti par la guerre, n'est pas encore complètement
reconstitué. Applaudissons donc au magnifique effort fourni par
nos éleveurs.
Notons aussi de très beaux verras et huit lots de moutons
remarquables
Tandis que les membres des diverses commissions font leur
travail de classement, l'excellente harmonie de la Société
Lorraine, de Lunéville, dirigée par son distingué chef, M.
Franbry, donne un concert fréquemment applaudi.
Nous quittons le Pâtis pour nous rendre sur la place de
l'Hôtel-de-Ville, en passant devant Bon-Accueil, pavoisé aux
couleurs françaises et américaines.
SUR LA PLACE DE L'HOTEL-DE-VILLE
De même que la Grand'Place, agrémentée d'un kiosque, a reçu une
décoration du meilleur goût, la place de l'Hôtel-de-Ville sur
laquelle circule une foule nombreuse, a été fort coquettement
parée. Un panneau tendu d'andrinople s'érige au milieu, portant
une série de fourches et d'instruments aratoires de la maison
Fensch et Labourel. On peut voir, à côté, un lot de pintades
gloussantes de M. Martin Sérolle.
Sous un stand, très visité, ont été placés les échantillons de
céréales, gerbes enrubannées de la présente récolte, les
produits de la ferme et de l'industrie locale. Signalons, en
premier lien, les osiers de la grande Vannerie Lorraine, maison
Chatel, de Fréménil. Quel joli travail et combien artiste ! Tous
les genres sont familiers aux vanniers et « tresseurs » d'osier
de la vallée de la Vezouze. Voici de menus fauteuils d'enfant,
des paniers en série, corbeilles et corbillons. volettes,
évocatrices de quiches savoureuses, cabas de nos tatans,
mannequins d'osier qui nous font penser à M. Bergeret.
Quel dommage qu'il n'y ait là qu'un seul exposant !
Voici les miels « en couteau » de M. Justin Joly de Foulcrey ;
les ruches et accessoires apicoles de M. Jules Hennequin, de
Blâmont, cires odorantes, miels qui coulent en sirop d'or ; un
lot de poules et coqs de M. Paul Dubois de Blâmont ; les
produits du Clos Saint-Pierre, blés, avoines et seigles,
fromages aux pâtes onctueuses ; eaux-de-vie de pays quetsche,
kirsch et reine-claude.
Deux bons vieux sont arrêtés devant une bouteille de
reine-claude vénérable et l'un d'eux fait cette réflexion
désabusée :
- « Elle doue iête bonne, let reine-glaute di Baron ; ça
déminche que let raubliè les godots... »
Voici encore l'exposition de M. Kennel, de la ferme des Salières
: betteraves demi-sucrières, mirabelle, kirsch, miel, avoines et
blés ; les produits de M. Messager, de Domjevin : pommes de
terre Colin des Vosges, fin de siècle et Richter Imperator,
avoines, blés et escourgeons.
Lorsque nous sortons du stand, l'harmonie de la Société
Lorraine, groupée sur la place, s'apprête à conduire les
personnalités officielles à la messe du Comice.
Dans l'élégante église, dont l'admirable chaire et les
confessionnaux font la joie du docteur Delorme, la foule se
presse. La messe est célébrée par l'abbé Jean Squivet, enfant de
Blâmont et M. le chanoine Florentin prononce un sermon sur ce
vaste thème : Le travail.
Pendant la. cérémonie, l'Harmonie de la Société Lorraine s'est
fait entendre à plusieurs reprises. De délicieuses jeunes
filles, Mlles Duchamp, Blâmont ; Colin, de Domêvre, fille du
lauréat de la journée ; André, de Repaix ; Viriot, de Gogney,
ont fait la quête.
LA DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES
Le service religieux terminé, le cortège se reforme et revient
sur la place de l'Hôtel-de-Ville Sous le hall, une estrade a été
dressée sur laquelle prennent place MM. le souspréfet de
Lunéville ; Paul Suisse, président du Comice agricole de
Lunéville ; Lebrun et Louis Michel, sénateurs ; Georges Mazerand,
de Wendel, de Warren, Ferry, députés ; Dr Hanriot, de Ravinel,
Paul Dieudonné, de l'Espée, conseillers généraux : Bergé et
Marin Adam, conseillers d'arrondissement ; Lucien Labourel,
maire de Blâmont ; Pierre Genay, Marchal, Choné, Rémy, etc.
M. le sous-préfet ouvre la séance en donnant la parole à M. Paul
Suisse, président du Comice.
Après avoir présenté les excuses de MM. Michaut, sénateur ;
Fenal, conseiller général; Ferry et Pernet, conseillers
d'arrondissement,
M Suisse dit sa joie de célébrer cette année, la fête du Comice
dans ce canton de Blâmont, qui fut pendant si longtemps la
sentinelle avancée de l'ancienne frontière, dans ce canton de
Blâmont qui nous est revenu, au prix de combien de sacrifices et
de souffrances vaillamment supportées.
Après avoir subi la domination de l'ennemi ou l'évacuation loin
du sol natal, les habitants du canton sont revenus, répondant à
l'impérieux appel de la terre. Honneur à eux qui n'ont pas
désespéré des destinés de notre pays !
Aujourd'hui, il faut continuer à recoudre ce qui a été déchiré,
à refaire ce qui a été détruit.
Et, sans trop attendre des pouvoirs publics débordés, il faut s'entr'aider
entre Français.
M. Suisse fait un vif éloge de l'esprit, d'union syndicale et
rappelle tout ce que le Comice, émanation de cet esprit, a fait
dans l'arrondissement de Lunéville et dans le canton.
Les Mutuelles-incendie et les Mutuelles-bétail se multiplient.
Il faut reconquérir la place perdue dans l'élevage bovin,
détruit par l'ennemi, cet élevage bovin qui était avant la
guerre réputé dans tout le département.
Le président du Comice parle ensuite de la situation des
récoltes et de l'angoissante question de la main-d'oeuvre
étrangère Les ouvriers étrangers rompent les contrats qui les
lient avec une facilité déconcertante et les exploitations
agricoles subissent de ce fait le plus grave préjudice.
M. Suisse termine en engageant les cultivateurs à poursuivre
leurs efforts persévérants pour le relèvement de notre
agriculture nationale et pour la prospérité du pays, qui doit
être notre constante préoccupation.
La foule massée devant les grilles de l'hôtel de ville applaudit
et M. Marchal, secrétaire général du comice, donne lecture du
palmarès.
I. - Primes culturales
Prime d'honneur (objet d'art) : M Paul Colin, à Domèvre-sur-Vezouze,
pour l'ensemble de ses cultures.
1er Prix (médaille de vermeil) : M. Kennel, aux Sallières.
2e Prix (médaille d'argent grand module) ; M. Marin Lucien, à
Haute-Seirolles
3e Prix (médaille d'argent moyen module) ; M. Susset, à Domèvre-sur-Vezouze,
4e Prix (médaille d'argent petit module) : M. Gérard, à
Halloville.
II. - Spécialités
Médailles d'argent petit module
M. Kalèche Charles, à Domjevin, pour rassemblement de parcelles
et création de ruchers
M. Messager Paul, à Domjevin, pour rassemblement de parcelles et
création de champs d'expériences.
M. Coster Aimé, à Chazelles, pour création de vergers
Médailles de bronze grand module
M Breton, à Chazelles. pour création de ruchers et étangs
M. Dieudonné Camille, pour création de parcs avec abris et
abreuvoirs
Prime d'argent de 75 francs au personnel, Mme veuve Brice, à
Blâmont, pour création et son entretien de vergers
III. - Création de fosses à purin
M. Largentier, à Ogévlller, prime en numéraire de 100 fr.
M. Moitrier-About, à Ogévlller, prime en numéraire de 100 fr,
M. Thirion Jules, à Ancerviller, prime en numéraire de 100 fr.
M. Martin Gustave, à Hallovllle, prime en numéraire de 100 fr
M. Eldler Auguste, à Autrepierre, prime en numéraire de 100 fr.
IV. - Familles nombreuses agricoles
1° Membres du Comice
Médaille de vermeil offerte par le Gouvernement de la République
et prime en numéraire de 450 fr.; M. Gérard Alphonse à Igney (13
enfants)
Médaille d'argent offerte par le Gouvernement de la République
et prime en numéraire de 250 fr : Famille Aubry, de Repaix (6
orphelins, dont les parents sont morts pendant la guerre)
Médaille d'argent offerte par le Gouvernement de la République
et prime en numéraire de 225 fr.: M Piquard Ch . à Vaucourt
(veuf avec 6 enfants en bas âge).
Médaille de bronze offerte par le Gouvernement de la République
et prime en numéraire de 200 fr.: M. Vouaux à Frémonville (6
enfants)
Médaille de bronze offerte par le Gouvernement de la République
et prime en numéraire de 200 fr.: M. Garland Alphonse, à
Buriville (6 enfants).
Médaille de bronze et prime en numéraire de 150 fr : M Colin
Paul à Domèvre-sur-Vezouze (5 enfants).
2° Familles nombreuses agricoles étrangères au Comice
Prime de 150 fr.; M. Chatelat Jules, à Reclonville (9 enfants)
Prime de 125 fr.: M. Marlier Albert, à Reclonville (8 enfants)
Prime de 100 fr.: M. Henry Joseph, à Reclonville (7 enfants).
V. - Enseignement Primaire Agricole
Instituteurs et institutrices
Félicitations du Jury aux maîtres dont les élèves se sont le
mieux classés au concours ; M. Louis Instituteur à Halloville ;
M Harmant, Instituteur à Frémonville, Mlle Martin, institutrice
à Saint-Mard ; Mlle Ledroit, institutrice à Froville ; M.
Harmant, Instituteur à Nonhigny
Médaille d'argent grand module M. Grandeclaude à Leintrey
Médaille d'argent petit module Mlle Jouatte, à Blainville ; M
Mathieu, à Einville ; M Louis, à Halloville.
Médaille de bronze grand module ; M Verrel, à Blâmont, M
Houssement, à Bayon ; M. Harmant, à Frémonville ; Mlle Martin, à
Safnt-Mard ; M. Ledroit. à Froville M Harmant, à Nonhigny
Médaille de bronze petit module : M. Saxer à Igney ; Mlle Nô, à
Blâmont ; M Guitin, à Avricourt ; Mlle Halte, à Villacourt, Mme
Bétis, à Bayon ; M. Nold à Einvaux ; M. Jarzac. à Blémerey ; M
Susset, à Fréménil.
Mention très honorable : M. Mâlo, à Saint-Martin ; Mlle Bridey.
à Harbouey, Mme Hard, à Montreux ; Mlle Robert, à Einville ;
Mlle Jacquet à Barbas ; Mme Delsaux à Lorey ; Mme Gérard, à
Reclonville : M Thiaucourt, à Maixe
Mention honorable : M Menu, à Haussonville ; M Menu, à Bauzemont, Mme de Former, à Saint-Remy-aux-Bois ; M Ledroit, à Villacourt.
Elèves
Prix décernés - Ouvrages d'agriculture
Garçons
1er Prix et un livret de caisse d'épargne de 20 fr.; Fritsch
Pierre à Blâmont.
2e Prix et un livret de caisse d'épargne de 20 fr.; Alain
Maurice, à Halloville.
3e Prix Démangé Félix, à Halloville.
4e Prix Roger Etienne, à Bayon
5e Prix Steinmetz Marcel, à Bayon
6e Prix ex-aequo : Gérard Robert à Halloville ; Houard André, à
Bayon
7e Prix ex aequo Arnet René, à Einville, Fretdenger Georges, à
Einville, Baudot Paul, à Bayon
8e Prix ex-aequo : Lhuilier Etienne, à Harbouey, Malgras Fernaud.
à Igney ; Vançon Maurice, à Avricourt ; Demange Georges, à
Halloville ; L'Hôte Auguste, à Nonhigny ; Gauthier Emile, à
Einville ; Krelter Jean, à Einvaux
9e Prix Benoit Marcel, à Fréménil
10e Prix ex-aequo Leclerc Gaston, à Frémonville ; L'Hôte Rémy, à
Nonhigny ; Jacquot Adrien à Blâmont ; Pierron Edmond, à
Saint-Martin ; André Brégeard, à Avricourt; Ferry Georges, à
Maixe; Lucillon Eugène, à Einville ; Rouyer Jean, à Einvaux
11e Prix : Kugel Pierre, à Leintrey.
12e Prix ex-aequo Bajolet Gabriel, à Barbas ; Mérel Knaebel, à
Avricourt ; Barau Jean, à Blâmont ; Henry Roger, à Grémonville, Kretz Ch. à Blâmont, Gadat Henri, à Leintrey ; L'Hôte Albert, à
Nonhigny ; Cézard Henri, à Bauzemont, Humbert Edmond, à Einvaux
; Gabriel Raymond à Bayon ; Menet H., à Haussonvllle.
Filles
Prix : Cours ménagers
1er Prix et un livret de caisse d'épargne de 10 fr. : Mlle Lamy
Marguerite, à Villacourt
2e Prix et un livret de caisse d'épargne de 10 fr : Mlle Coray
Lucienne, à Blainville
3e Prix ex-aequo ; Mienville Marie, à Froville ; Baratt
Madeleine, à Blâmont ; Atzenhoffer Marie Antoinette, à Blâmont
4e Prix ex-aequo ; Petit Marie-Thérèse, à Blâmont ; Perrey
Madeleine-Marthe à Blâmont
5e Prix ex-aequo ; Thiéry Marguerite, à Villacourt ; Schnorr
Charlotte-Elise, à Blâmont ; Lucaire Antoinette, à Blâmont ;
Rietsch Madeleine, à Avricourt
6e Prix ex-aequo ; Bridey Andrée, à Bayon ; Gouget Jeanne, à
Blâmont : Lonchamp Odette, à Einville
7e Prix ex-aequo ; Talotte Rose, à Bayon ; Cardu Lucie, à Salnt-Mard
; Pernot Marie, à Saint-Mard ; Durand Régine, à Bayon ; Saunier
Yvonne, à Avricourt ; Brégeard Suzanne, à Igney, Bertrand
Emilienne. à Avricourt ; Noël Suzanne-Marie à Blâmont ; Hamant
Lucie, à Einville
9e Prix ex-aequo Wolff Marie-Louise, à Blainville ; Garry
Antoinette, à Blâmont ; Fleurant Alberte, à Barbas
9e Prix ex-aequo . Gérard Berthe. à Igney ; Davillé Renée, à
Blainville
10e Prix ex-eequo . Maza Léa, à Blalnville . Courault Andrée, à
Villaconrt ; Coster Geneviève à Avricourt ; Thomas Suzanne, à
Frémonville.
VI. - Manoeuvres au service de cultivateurs membres du Comice
1° Ayant plus de 50 ans de service chez le même cultivateur,
médaille d argent et prime de 75 fr M Thirion Joseph, chez M.
Gadel René, à Igney
2° Ayant de 31 à 49 ans de service, prime de 50 fr : M. Colin
Prosper, depuis 45 ans chez M Gadel René, à Igney ; Mme Becker
Augustine, depuis 41 ans chez M Aubry Désiré. à Gogney ; M Denis
Jules, depuis 39 ans chez M Thirion Jules, à Ancerviller ; Mme
veuve Coster Joséphine, depuis 36 ans chez M Bridey Auguste, à
Barbas ; Mme veuve Becker, depuis 35 ans chez M Carrier Lucien,
à Barbas ; M. Vouaux Jules-Prosper, depuis 33 ans chez M Vouaux
Joseph, à Ogéviller
3° Ayant de 26 à 30 ans de service, prime de 45 fr : M Enel
Auguste, depuis 28 ans chez M Moitrier About, à Ogéviller ; Mme
Simon Maria, depuis 28 ans chez le même ; Mme veuve Philippe
Louis, depuis 28 ans chez M Dieudonné Onésime, à Barbas ; M.
Chatton Charles, depuis 28 ans chez M Barthélemy Lucien, à
Domjevin . M Chatel Joseph, depuis 26 ans chez M Aubry René, à
Gogney ; M. Patoux Constant depuis 26 ans chez M Chacha Joseph,
à Gogney ; Mme Patoux Léonie. depuis 26 ans chez le même.
4° Ayant de 15 à 25 ans de service, prime de 30 fr. M. Jacquet
Ch.. depuis 25 ans chez M. Thomas Joseph, à Gogney ; M. Bussy
Albert, depuis 24 ans chez M. Messager Paul, à Domjevin ; Mme
Baumer Julie, depuis 23 ans chez M. Chacha Joseph, à Gogney ; M.
Richt Joseph, depuis 23 ans chez M. Carrier Lucien, à Barbas ;
M. Helluy Désiré, depuis 18 ans chez M. Bridey Auguste, à
Barbas.
B. - CONCOURS D'ARRONDISSEMENT
VII. - Domestiques à gages fixes
Servantes à l'année
1° Au-dessus de 36 ans de service chez le même employeur, membre
du Comice, médaille d'argent et prime de 100 fr.
1. Contal Emmanuel, jardinier depuis 47 ans chez M. d'Hausen, à
Blâmont ; 2. Becker Eugénie, servante depuis 36 ans chez M.
Aubry Pierre, à Gogney.
2° De 30 à 35 ans de service, prime de 90 fr.
1. Lorrain Eugène, marcaire depuis 31 ans chez L. Gérard
Alphonse, à Igney.
3° De 24 à 20 ans de service, prime de 75 fr.
1. Jeanpierre Charles, chef de culture depuis 27 ans chez M. de
Bouvier, à Saint-Germain ; 2. Jeanpierre Henri, chef de culture
depuis 25 ans chez M. de Bouvier, à Virecourt ; S. Mangeot
Marie, servante depuis 35 ans chez M. Simonet Jules, à Ogéviller.
4° De 18 à 23 ans de service, prime de 60 fr,
1. Prévôt Joseph, domestique depuis 21 ans chez M. de Bouvier, à
Saint-Germain.
5° De 12 à 17 ans de service, prime de 45 fr.
1. Bigeard Alfred, chef de culture depuis 16 ans thez M. le Dr
Hanriot, à Blâmont ; 2. Jeanpierre Léonie, depuis 15 ans chez M.
de Bouvier, à Saint-Germain ; 3. Mougenot Marguerite, servante
depuis 13 ans chez le même ; 4. Drouin Eugène, jardinier depuis
12 ans chez M. le colonel Lyautey, à Crévic ; 5. Falgon Marie,
jardinière depuis 12 ans chez le. même ; 6. Goubler Jules,
domestique depuis 12 ans chez M. Kennel, aux Salières.
6° De 5 à 11 ans de service, prime de 30 fr.
1. Grunenvald Charles, domestique depuis 10 ans chez M. de
Bouvier, à Virecourt ; 2. Détré Jules, servan te depuis 8 ans
chez Mme veuve Triboulot, à Azerallles ; 3. Lemoine Marie,
servante depuis 6 ans chez M. le colonel Lyautey, à Saint-Mard ;
4. Elsaesser Auguste, marcaire depuis 6 ans chez le même ; 5.
Husson Charles, domestique depuis 5 ans chez M. Mourot, à Haute-Foulcrey
; 6. Lemoine Jeanne, servante depuis 5 ans chez M. le colonel
Lyautey, à Salnt-Mard ; 7. Elssesser fils, domestique depuis 5
ans chez le même ; 8. Simonin Camille, domestique depuis 5 ans
chez M. Thouvenin Jacques, à Maixe.
VIII. - Création de chemins
Prime en numéraire de 150 fr. et diplôme d'honneur :
La commune de Reillon.
Nous publierons dans un numéro suivant la fin du palmarès.
La musique joue la « Marseillaise », écoutée nu tête par
l'assistance et l'on se dirige vers la salle du banquet.
LE BANQUET
Dans la vaste et jolie salle des fêtes, toute neuve et
lumineuse, où resplendit le blason de Blâmont portant deux
saumons accolés, le maître-hôtelier du comice a servi un de ces
banquets dont il détient, sans conteste, le savoureux monopole.
Les appétits sont aiguisés par les allées et venues du matin
ainsi que par l'heure tardive.
En attendant que le traditionnel saumon, sauce vénitiennes, fit
son apparition sur la table, M. de Warren, qui doit assister à
une autre cérémonie, prend la parole. Il adresse ses compliments
à M. Suisse et à ses dévoués collaborateurs et évoque la grande
figure du regretté Paul Genay « qui restera toujours vivant dans
nos coeurs ».
M. de Warren quitte la salle et le déjeuner commence suivant la
belle et rapide ordonnance, habituelle à M. Godard. Les roses de
toutes nuances, qui fleurissent les tables, ajoutent à la
cordialité des conversations leur parfum et leur charme
apaisant.
Au champagne, M. Paul Bouët, sous-préfet, ouvre la série des
discours en prononçant une allocution vibrante, soulignée par de
chaleureux applaudissements.
« Ce ne serait pas avoir de coeur, dit-il, que de ne pas
éprouver une réelle émotion en se trouvant aujourd'hui dans
cette salle de mairie de Blâmont. »
En 1915 et 1916, du haut des observatoires, il apercevait les
deux tours de l'église et les toits déchirés de la ville qu'il
fallait reconquérir. Au lendemain de l'armistice, M. Bouët
traversa Blâmont vide, éventré, désolé. Et puis, l'effort
unanime a fait son oeuvre de résurrection. Après près de cinq
années sous la botte allemande, Blâmont renaît à la vie
française.
Il faut regarder en arrière pour éprouver une satisfaction
entière en contemplant le présent. Les agriculteurs du canton de
Blâmont peuvent être fiers du travail accompli et ce travail
impose le respect.
Après avoir adressé ses personnelles félicitations à M. Suisse
et à ses collaborateurs pour l'organisation du concours. M.
Bouët porte un toast à la santé de M. Poincaré, « l'homme du
moment et l'homme de la nation ». Il porte ensuite le toast
loyal au président de la République, bon ouvrier de la France
lui aussi et qui dirige nos destinées. (Applaudissements. )
Le sympathique maire de Blâmont, M. Lucien Labourel, est heureux
de la visite à Blâmont de tant de personnalités. Il en estime
tout le prix et le dit en termes choisis. Il boit aux hôtes de
la ville de Blâmont. (Applaudissements.)
M. Suisse, président du Comice, remercie M. le sous-préfet et
les parlementaires de l'honneur qu'ils ont fait au Comice en
assistant à sa fête. Parmi ces derniers, il distingue
particulièrement M. Mazerand, député de Lunéville (nombreuses
acclamations et cris Vive Mazerand !). M. Suisse n'oublie
personne dans l'expression de sa gratitude, conseillers généraux
et d'arrondissement, membres des jurvs, commissaires au
concours, la presse pour laquelle il se montre tout à fait
aimable, l'Harmonie de la Société Lorraine et l'excellent
hôtelier Godard.
Plein d'esprit et aussi de choses profondes, le discours de
Louis Michel, sénateur, est accueilli avec l'enthousiasme que
l'on devine.
Parlant de la question du blé, M. Louis Michel déclare que nous
assistons tous les ans à un même phénomène. Aujourd'hui le blé
est à 85 fr. alors qu'il y a huit jours il était à 94 fr.
Pourquoi, se demande-t-il, le pain ne baisse-t-il pas, puisque
le blé baisse ? Et pourquoi donc les consommateurs négligent-ils
de s'occuper de cette intéressante question ?
La chute des cours va se précipiter. Dans quelque temps, nous
verrons le blé à 80 fr. Or, y a-t-il en France une récolte
suffisante pour nous affranchir de l'étranger ? M. Michel ne le
croit pas.
Il ne faudrait donc pas que le blé tombât à un prix dérisoire,
car la chute des cours ne répondrait à rien de véritable.
« Vous verrez encore, dit-il, le blé baisser quand nous en
aurons et hausser quand nous n'en aurons plus. »
Notre département est à la tête des oeuvres agricoles. Soyons-en
fier. Mais, mettons tout en oeuvre pour lui conserver ce premier
rang.
Le dévoué sénateur parle de l'exhibition du cheval de trait qui
doit avoir lieu à Strasbourg. Cette exhibition doit servir à
créer des débouchés à nos éleveurs lorrains. Puis il fait un vil
éloge des organisations agricoles grâce auxquelles le
cultivateur se défend contre les attaques injustes dont il est
l'objet.
Littéralement porté par la sympathie de l'auditoire, M. Louis
Michel termine par ces mots : « Honneur à vous et à votre santé
tous. »
M. Lebrun lui succède. Discours éloquent, plein de poésie et
d'émotion, que l'on déflore en le résumant.
L'ancien ministre rappelle la lointaine inauguration du chemin
de fer départemental, à laquelle il assistait. C'était à l'heure
où l'Allemagne venait de nous tâter à Agadir. Epoque
angoissante.
« Je me rappelle, je vois encore ces maires de la vallée de la
Vezouze venant nous dire d'opposer aux menaces de l'Allemagne
une attitude exempte de provocation, mais digne et ferme,
« J'entend encore le général Goetschy, commandant à cette époque
le 20e corps, nous faisant l'éloge du soldat français et nous
disant qu'il irait jusqu'au bout de son devoir. »
M. Lebrun est revenu à Blâmont au lendemain de l'armistice. Il
dit la tristesse qu'il a éprouvée au contact de tant de misères
sans nom supportées par nos malheureux compatriotes pendant les
terribles années de l'occupation allemande.
Et c'est un hymne magnifique à l'effort libérateur, au travail
de la résurrection qui sort de la bouche de l'éminent orateur.
Au nom du conseil général de Meurthe-et-Moselle, M. Lebrun boit
à tous les agriculteurs du département.
M. de Wendel, qui lui succède, parle du rôle primordial de
l'agriculteur dans notre pays, il déclare que la France doit
poursuivre une politique agricole, c'est-à-dire nettement
protectionniste. Il boit à la santé « du premier comice de
France ».
M. Ferry, député, parle des bénéfices agricoles, du difficile
problème de la main-d'oeuvre, de la vente du blé et loue les
agriculteurs du canton de Blâmont d'avoir contribué à relever la
production de notre pays.
C'est au tour de M. Mazerand. Le dévoué député de
Meurthe-et-Moselle exprime le regret de ne pas voir de dames à
ces agapes annuelles du comice. Et pourtant, ne sont-elles pas
les auxiliaires précieux, les collaboratrices indispensables des
cultivateurs ? Ne serait-il pas juste qu'elles fussent là ?
Toujours à la peine, pourquoi ne sont-elles pas, au moins une
fois l'an, à l'honneur ?
Les applaudissements qui accueillent ces questions montrent à
l'excellent député que l'auditoire partage entièrement son avis.
M. Mazerand se félicite d'assister à cette émouvante renaissance
de l'agriculture dans notre pays, qui a connu les pires
destructions. Quel exemple et quelle magnifique leçon d'énergie
nos cultivateurs lorrains nous ont donnés !
Il dit la part qui revient au Comice, à son aide efficace et à
ses conseils dans cette oeuvre de résurrection et montre que la
sollicitude du Parlement n'a jamais fait défaut à nos
populations rurales.
Il traite la question importante des osiers, industrie
importante de la vallée de la Vezouze. On a essayé d'empêcher
l'exportation des osiers, ce qui eût porté un grave préjudice à
notre industrie locale.
« Je m'y suis opposé, dit-il. On a essayé, hier, de recommencer.
Je m'y suis opposé de nouveau, et j'espère bien que mes efforts
seront couronnés de succès. »
Rapidement, M. Mazerand énumère les dispositions prises par le
Parlement en faveur de l'agriculture : lois sur les assurances
sociales, sur les accidents du travail ; crédit agricole, bien
de famille, etc.
Tout cela, c'est l'oeuvre de la République. Mais elle fera mieux
encore pour récompenser ses fils du sacrifice qu'ils ont fait au
pays.
« Si la Lorraine, dit-il en terminant, a été intégralement
défendue, son sol a été intégralement reconstitué. Nous pouvons
être fiers d'être Lorrains. Je bois à l'agriculture lorraine. »
Ce toast est vivement acclamé.
M. Thiry, directeur de l'Ecole de Tomblaine, prononce encore une
éloquente allocution et fait un vibrant appel ça faveur de
l'instruction agricole, dont nos jeunes agriculteurs doivent
être pourvus.
Enfin, M. de Turckheim, conseiller général, défend les paysans
de l'injuste reproche qu'on leur a fait d'être des profiteurs de
la guerre et parle, non sans à-propos, du bonheur de vivre à la
campagne.
A 4 heures, nous quittons Blâmont, empli du gai tumulte d'une
foule heureuse, Blâmont qui a reçu ses hôtes avec la plus fine,
la plus charmante cordialité.
Fernand ROUSSELOT |