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1906 - Inauguration du monument 1813-1814 à
Domèvre-sur-Vezouse

Voir aussi Est-Républicain du 14 novembre 1906 - Monument 1813-1814 à Domèvre-sur-Vezouse - Blâmont 1813 - Canton de Blâmont 1813


Dix ans du Souvenir français en Lorraine
Emile Badel
NANCY
A. CRÉPIN-LEBLOND, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
1907

Le Monument de Domèvre-sur-Vezouse.

Le dimanche 11 novembre 1906 eut lieu, dans le petit village de Domèvre-sur-Vezouse, sous la présidence du général Marin, président du Souvenir français du canton de Blâmont, avec le concours des membres du Souvenir français et de la 320e section des Vétérans, l'inauguration d'un monument élevé par le Souvenir français à la mémoire des soldats morts dans cette localité en 1813-1814.
Après un service religieux, le cortège précédé des enfants des écoles, escorté des sapeurs-pompiers, de toute la population et de nombreux habitants de la région, se rend sur l'emplacement du monument dont la face porte l'inscription:
«  Ici reposent 50 soldats français et piémontais de la Grande-Armée de Napoléon 1er morts à Domèvre-sur-Vezouse en 1813-1814. »
Sur les côtés, sont gravés les noms des soldats connus appartenant à 22 différents départements.
Là, un des élèves de l'école communale récite les vers, si connus, de Victor Hugo : Aux Morts pour la Patrie, puis le général Marin prononce une allocution patriotique dont nous extrayons les passages suivants:
Il y aura bientôt un siècle, l'armée française, sous les ordres de Napoléon, livrait dans les plaines de Saxe, à Leipzig, aux armées de l'Europe coalisée contre nous, une sanglante bataille qui dura trois jours et que l'histoire a baptisée la bataille des nations; trahie par la plupart de ses alliés, elle dut, écrasée par le nombre, reculer sur le Rhin, puis en Champagne semant sur sa ligne de retraite de nombreux blessés.
C'est ainsi qu'un grand nombre de ces infortunés soldats dont la plupart avaient, l'année précédente, échappé aux glaces de la Russie, furent accueillis par les habitants de Domèvre. Malgré les soins dont ils furent l'objet, cinquante d'entre eux, dont plusieurs Italiens, succombèrent et furent inhumés dans le terrain sur lequel s'élève aujourd'hui ce monument.
Pendant longtemps, le souvenir de ces obscurs soldats morts loin de leurs familles et pour quelques-uns loin de leur patrie fut le sujet des conversations dans le cours des soirées hivernales; puis le temps fit son œuvre, il nivela les rides qui séparaient les tombes et les générations succédant aux générations, ce souvenir s'effaça. Il allait même disparaître, quand le fondateur du Souvenir français, l'ardent patriote alsacien, M. Niessen, le fit revivre et arracha à l'oubli ces victimes d'une guerre malheureuse, mais glorieuse. M. Niessen avait retrouvé dans les archives de la Guerre les traces des pertes subies par l'arrivée sur sa ligne de retraite et de l'inhumation à Domèvre d'un certain nombre de soldats de cette armée.
Il en informa le secrétaire du comite de Blâmont, M. Louis François, lui demandant de faire une enquête pour reconstituer ce qui s'était passé dans cette localité.
A la suite de patientes et laborieuses recherches dans lesquelles il fut secondé avec le plus grand dévouement par M. l'instituteur Colin, et je suis heureux de leur rendre ici à tous un public hommage, la liste et l'état civil des soldats inhumés à Domèvre furent reconstitués.
C'est alors que le Souvenir français, fidèle à sa grande et patriotique mission, décida l'érection d'un monument à la mémoire des soldats morts à Domèvre dans le cours des années 1813-1814 et demanda à la municipalité de cette commune la concession du terrain nécessaire à l'élévation du monument.
Dans un magnifique élan de patriotisme, le conseil municipal fit droit, à l'unanimité, à la demande du Souvenir français.
Si ce monument est modeste dans ses proportions, il a, en revanche, une haute portée morale et civique. Il témoigne, en effet, que la France n'est pas oublieuse de ceux de ses enfants qui, même à une époque déjà lointaine, ont sacrifié leur vie et, en échange de leur sang versé pour elle, elle leur donne l'immortalité.
En outre, n'est-ce pas pour le petit soldat qui marche au combat sous une trombe de feu, un puissant stimulant que la pensée que la France a les yeux sur lui et que, s'il tombe, son nom sera légué à la postérité ? N'est-ce pas cet idéal de gloire qui a souvent fait de lui un héros ?
Et pour la mère qui pleure son fils, n'est-ce pas une grande consolation que de savoir que son nom survivra et qu'il sera inscrit au livre d'or des victimes du devoir patriotique.
Et pour nous, Français et patriotes, ce monument n'est-il pas une éloquente protestation contre les théories criminelles de ces renégats de la patrie qui veulent nous livrer sans défense à ceux qui nous guettent du haut de ces montagnes.
Aussi, Messieurs, en adressant un pieux souvenir à ceux dont cette terre recouvre les restes, rendons un éclatant hommage à l'œuvre nationale du Souvenir français qui, en perpétuant la mémoire de ceux qui, à toutes les époques de notre histoire, sur tous les points du globe où a flotté notre drapeau, nous montrent où est le devoir à nous, Lorrains, qui marchons à l'avant-garde des armées de la France.
A vous tous qui vous êtes joints à nous, membres du Souvenir français, pour honorer la mémoire de ces victimes de guerres déjà lointaines, je dis : Merci.
Merci à vous, M. le Curé, qui avez appelé sur ce monument la bénédiction du Dieu des armées et qui venez du haut de la chaire sacrée, de célébrer en termes si élevés et si chaleureux le culte de la patrie et du drapeau.
Merci à vous, vétérans de la 320e section, mes camarades, qui avez une fois de plus affirmé votre ardent patriotisme en venant rendre hommage à ces héroïques soldats de la Grande Armée qui reposent sous cette terre.
Merci enfin à vous, sapeurs-pompiers de Domèvre, qui vous êtes souvenus que vous aussi vous êtes des soldats et qui avez par votre présence donné à cette cérémonie un caractère militaire, ce dont je vous suis personnellement reconnaissant.
Monsieur le Maire,
Au nom du Souvenir français, je vous fais la remise de ce monument ; il en fait don à la commune de Domèvre et le confie à la foi patriotique de ses habitants, certain qu'ils sauront en assurer l'entretien et le défendre contre les injures du temps et des hommes.
Qu'il devienne pour eux un but de pèlerinage patriotique; car élevé sur la frontière, ce monument est le symbole de nos regrets et de nos espérances.
Monsieur le Maire,
Messieurs les Conseillers municipaux,
Le Président de l'œuvre nationale du Souvenir français m'a délégué, et je suis heureux et fier de cette mission, pour vous exprimer sa profonde reconnaissance pour l'unanimité avec laquelle vous avez fait au Souvenir français la cession du terrain nécessaire à l'élévation de ce monument.
Comme témoignage et pour en perpétuer le souvenir, il m'a chargé de vous remettre, M. le Maire, ce diplôme d'honneur que vous a décerné le Conseil général de l'œuvre.
Je vous prie d'agréer mes bien sincères félicitations pour cette distinction si justement méritée.
Et avant de nous éloigner, Messieurs, inclinons-nous devant ce monument, en redisant la sublime devise du Souvenir français:
A nous le Souvenir, à eux l'Immortalité !
Clairons, sonnez aux champs.

Tout le monde se découvre, et après la sonnerie retentit le cri mille fois répété de : «  Vive la France ! Vive l'Alsace-Lorraine ! »
Un vin d'honneur, offert à la Mairie, par M. le général Marin, clôtura cette cérémonie.
Dans sa simplicité, elle a eu une grandeur émouvante dont les habitants de la vallée de la Vezouze conserveront longtemps le souvenir; car elle s'est déroulée en rase campagne, à deux pas de la frontière, en face des Vosges, dont la ligne bleue fermait l'horizon.

 

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