Pour seconder la Chouannerie
et l'armée catholique de Vendée, le 17 juin 1795, embarque en
Angleterre la 1re division du corps expéditionnaire
des émigrés, constituée de royalistes mais surtout de
prisonniers républicains enrôlés (plus de 2800).
Les 60 navires de transport atteignent la baie de Quiberon le 25
juin 1795 ; le 27 juin, les émigrés débarquent sur la plage de
Carnac, bientôt rejoints par les forces chouannes. Le 30 juin,
ils attaquent le fort Sans-Culotte (fort de Penthièvre), dont
ils obtiennent la reddition le 3 juillet : sur les 700
prisonniers républicains, 400 acceptent de rejoindre les forces
royalistes.
Mais du 30 juin au 7 juillet, les armées républicaines
organisent la riposte, et les royalistes entament une retraite
progressive sur la presqu'ile de Quiberon. L'assaut républicain
du 20 juillet parvient à reconquérir le fort malgré les tirs des
navires britanniques, et le 21 juillet 1795 les dernières forces
royalistes capitulent (2500 chouans et émigrés ont cependant été
évacués par des chaloupes britanniques).
La liste des prisonniers émigrés faits dans la presqu'ile de
Quiberon par le général Lemoine indique
« Jean FOURNIER, soldat déserteur, Commune : Montreuil.
District : Blamond, Meurthe. »
Il s'agit de toute évidence de la commune de Montreux, du
district de Blâmont.
Le 12 thermidor (30 juillet 1795), Jean-Marie Fournier, soldat
déserteur des armées républicaines, âgé 49 ans est condamné à
mort par la commission militaire réunie à Auray, sous la
présidence du chef de bataillon Jean-Germain Lalène. Cette
condamnation intervient en vertu de la loi du 25 brumaire an III
(loi sur l'émigration) et de l'article 4 de la loi du 30
prairial an III : « Les hommes armés, pris dans les
rassemblemens, s'ils sont déserteurs ou étrangers au département
où ils sont pris, seront punis de la peine de mort ».
Sur les 751 condamnations à mort, 98 concernent des déserteurs
fusillés : le soldat Fournier de Montreux en fait partie (son
nom ne figure cependant pas sur le monument de la Chartreuse
d'Auray) ; mais, sur son statut de déserteur, on ignore s'il
s'agit d'un soldat fait prisonnier et enrôlé en Angleterre (ce
qui serait un cas particulier, car les commissions militaires
ont généralement acquitté les prisonniers français extraits des
prisons anglaises), ou s'il s'agit d'un défenseur du fort
Sans-Culotte. |