Un incendie vient de consumer
treize maisons dans la commune d'Harbouey, arrondissement de
Lunéville (Meurthe). Les laboureurs les plus aisés sont réduits
à la mendicité par ce déplorarb1e accident, dont on ne connaît
pas encore la véritable cause, mais on pense pas qu'il ne peut
être attribué à la malveillance. On ne peut qu'applaudir au zèle
et au dévoûment de M. le curé d'Harbouey et de MM. les curés des
villages voisins, de plusieurs personnes de Blamont, et de tous
les villageois des environs qui sont accourus de quatre lieues
pour porter du secours. On doit surtout faire mention honorable
de M. Guaita, directeur des manufactures de glaces de Cirey,
qui, étant arrivé à cheval avec soixante de ses ouvriers,
suivis d'une pompe, s'est précipité dans les flammes pour sauver
un malheureux père de famille qui aurait été brûlé dans sa
maison. La conduite généreuse de trois gendarmes de Blamont
mérite aussi des éloges. Au milieu du désastre un charpentier de
cette ville a manqué de périr en tombant en bas d'un bâtiment.
On n'a à regretter la perte de personne.
On nous mande de Blamont que
M. Louis, ancien curé de Cirey, vient de mourir. Ce vieillard,
qui gouvernait ses parois siens avec philantropie, mais qui
s'était ni jésuite, ni congréganiste, a succombé à une longue et
douloureuse maladie, causée par le chagrin que lui avait fait
éprouver sa brusque destitution. Les derniers jours de M. Louis
eussent été livrés à la plus affreuse misère, si S. Exc. le
ministre du culte, plus charitable que M. l'évêque de Nancy, et
comprenant mieux l'esprit de l'Evangile, ne lui avait accordé un
secours de 300 francs. Les regrets de toute la population ont
accompagné à son dernier asile la dépouille inanimée du
malheureux vieillard.
Meurthe. - L'élection de M.
Boulay à Lunéville est due en partie aux louables efforts faits
par un honorable membre du conseil général du département pour
assurer sa nomination. Nous devons mentionner principalement les
électeurs de la ville de Blamont. 19 d'entre eux sur 25 ont voté
pour le candidat indépendant. Mais c'est surtout aux électeurs
qui professent le culte israélite que nous devons savoir gré de
leur persévérance et du zèle qu'ils ont déployé dans cette
circonstance. Ils avaient mis cinq voitures à la disposition de
leurs concitoyens. Nous ne devons pas oublier les jeunes gens
non électeurs : ils n'ont cessé de travailler cette élection, et
se sont montrés dignes d'exercer les droits électoraux que leur
refuse une loi faite au profit d'un petit nombre de privilégiés.
La nomination de M. Boulay doit être appréciée en ce sens,
qu'elle a battu une coterie qui depuis long-temps avait le
monopole des élections dans ce département. (Patriote de la
Meurthe.)
Nous lisons dans le Patriote
de la Meurthe :
« Dans le courant de février dernier le garde-forestier d'Ancerviller
ayant trouvé le sieur G...., maire d'une commune du canton de
Blamont, qui chassait sans permis de port d'armes, fit son
rapport dans des termes, dit-on, fort peu flatteurs pour le
contrevenant. Le sieur G... est neveu d'un électeur d'Ancerviller,
et beau-frère d'un autre électeur d'Emberménil. Ces deux
électeurs ont, assure-t on, voté en 1837 pour M. Boulay. Le
sieur G..., homme honorable d'ailleurs, et dont la manière
d'agir en cette circonstance a surpris et affligé ses nombreux
amis, eut, quelques jours seulement avant les élections, la
visite d'un fonctionnaire haut placé dans une administration, et
reçut l'assurance du renvoi de son procès-verbal s'il pouvait
amener son oncle et son beau-frère à voter pour le candidat
préfet. Tout fait croire que ces messieurs ont voté ainsi que
l'avait exigé le fonctionnaire meneur. Dans la prévision que le
tribunal qui aurait à statuer sur le procès-verbal ne condamnât
le délinquant, le courtier ministériel donna l'avis de présenter
une pétition signée de quatre électeurs partisans de M. de l'Espée,
pour obtenir remise de la peine encourue avec promesse d'appuyer
cette pétition. La pétition existe ; elle a été signée par
l'électeur d'Ancerviller, un électeur de Blamont et deux
électeurs de Domèvre. Le tribunal de Lunéville, dont je ne
connais point l'arrêt a dû statuer sur le procès-verbal. »
Nous lisons dans le Journal
de la Meurthe du 22 août : « Le chemin de fer est livré de
nouveau à la circulation entre Nancy et le pont de Saint-Phlin.
La voie a été réparée avec une activité extrême. La locomotive,
le tender, deux wagons de première classe ainsi que des débris
sont encore sur la place, mais on a déplacé les rails de manière
à rendre le parcours libre. En même temps, on ouvre un aqueduc
assez vaste pour assécher promptement, et à fond, toute cette
partie de la voie.
» L'état des blessés s'est encore beaucoup amélioré. Le
conducteur des dépêches, le chef du train, le mécanicien, le
chauffeur et le graisseur, si miraculeusement sauvés, ne donnent
aucune inquiétude. M. Réau, comptable du chemin de fer de l'Ouedt,
l'un des deux voyageurs traités à l'hôtel du Commerce, a quitté
Nancy ce matin, se dirigeant vers Strasbourg. M. Guillery va
également de mieux en mieux. Nous avons aussi des détails
circonstanciés sur la jeune domestique reçue à Saint-Charles.
Elle a été hier entourée de sa famille, accourue d'Harbouey
(canton de Blamont). L'état de santé de cette malade est plus
satisfaisant, l'intelligence reparait de plus en plus. On espère
que l'affection cérébrale ne laissera aucune trace chez elle.
» Dès que la dépêche télégraphique annonçant l'accident arrivé
au chemin de fer à été transmise à M. le ministre des travaux
publics, M. le ministre s'est mis en route pour venir à Nancy.
Il est arrivé ici vendredi soir et s'est rendu sur les lieux. M.
le ministre est reparti pour Paris dans la matinée d'hier. » |