Le Pays
lorrain
1987
Foires et marchés en Lorraine centrale au XIXe siècle
Claude Gérard
[...] Non sans peine, Blamont
eut plus de succès en 1746, Stanislas lui avait octroyé un tel
marché, disparu vers 1790, et on voulait le réanimer en 1818. En
1817, la grande disette de grains avait décidé le gouvernement à
envoyer du blé à Blamont, comme sur d'autres places, ce qui
donna lieu à « de fructueuses ventes ».
Aussi le maire proposa-t-il dès le 14 juin au préfet un marché
régulier : « quelques bons esprits ont pensé que cela pourrait
être utile à la contrée; il se tiendrait le vendredi, serait
approvisionné par les propriétaires de la ville et par une
compagnie d'actionnaires qui tirerait les grains du pays le plus
agricole et qui ferait ses achats quand les prix seraient
modérés.
Ainsi le blé serait maintenu à un taux raisonnable. Si vous ne
désapprouvez pas ce projet, j'aurai bientôt trouvé des
actionnaires... ».
Le ministre méfiant demanda si celui de Badonviller ne suffisait
pas et Badonviller fit savoir que le sien était lui-même
fortement concurrencé par celui de Raon; et Raon ajouta que le
sien suffisait à tous. « Pas du tout, répondit Blamont (29 mars
1818) les cultivateurs qui entourent notre ville doivent mettre
trois jours pour aller au marché de Raon et en revenir, à cause
des mauvais chemins : un jour leur suffira pour Blamont, bien
situé entre communes agricoles et pays de montagne ». Le mois
suivant, le ministre convaincu fixa ce marché au vendredi et
renvoya le titre original des lettres patentes de Stanislas avec
ce commentaire gracieux : « J'ai du plaisir à confirmer une
concession de ce Prince bienfaisant ». Puis en 1854 le jeudi
parut préférable aux maires du canton : « les audiences de la
justice de paix se tiennent le jeudi, ce qui dispenserait de
deux voyages celui qui a à faire à l'audience et au marché; le
jeudi étant le jour de congé des écoles, les instituteurs
auraient la facilité de s'y rendre et les parents celle d'amener
leurs enfants à la ville ». Enfin, le maire de Blamont explique
encore au sous-préfet que le marché aux grains a cessé d'exister
« excepté quelques sacs de semences au moment des semailles; le
moulin achète et reçoit directement tous les blés qui allaient
au marché ». C'était la nouvelle « filière blé ». [...] |