7 février 1886
Haguenau. - Ce matin, écrit-on le 4 février
au Journal d'Alsace, deux individus disant s'appeler Michel
Hohwald, âgé de 26 ans, et Joseph Trendel, âgé de 30 ans, tous
deux originaires de l'annexe dite Saxenhausen, faisaient dire à
un sergent de ville de venir les arrêter, attendu qu'ils avaient
commis un meurtre dimanche soir à Blâmont, en France, et qu'ils
ne voulaient pas être pris par les gendarmes. L'agent se rendit
immédiatement au domicile des deux individus. Ceux-ci
racontèrent que dans une rixe qu'ils avaient eue dans un café,
ils avaient brisé, à coups de porte-allumettes, le crâne à un
troisième individu, et qu'après le meurtre ils avaient pris la
fuite pour se sauver en Alsace. L'agent de police crut
reconnaître dans ces meurtriers deux drôles qui ont déjà eu
souvent maille à partir avec les tribunaux, et qui, sous le coup
de poursuites judiciaires, Hohwald pour vol avec effraction et
Trendel comme réfractaire, s'étaient sauvés en France, il y a
environ deux ans. Tous deux, mariés et pères de famille,
travaillaient eu dernier lieu à Blâmont, dans une brasserie.
Or, l'interrogatoire qu'on a fait subir aux deux individus a
établi que le prétendu Trendel s'appelle en réalité Ignace
Hohwald et qu'il est le frère de Michel, son coprisonnier. On ne
comprend pas le motif pour lequel ce criminel, qui s'est livré
lui-même, sachant qu'il se trouve sous le coup de poursuites
judiciaires comme réfractaire, a d'abord voulu essayer d'induire
la justice en erreur en se servant d'un nom supposé. Dans tous
les cas, il a bien mal choisi, car le hasard a voulu que le nom
qu'il avait adopté fût celui d'un individu qui, comme lui, est
aussi poursuivi pour s être soustrait au service militaire.
En attendant, il a été incarcéré à la caserne de cavalerie,
tandis que son frère, condamné par contumace pour vol, a été
dirigé sur Strasbourg. Si l'histoire du meurtre se vérifie, le
parquet français ne manquera pas de demander l'extradition des
deux Hohwald.
11 mars 1887
Sarrebourg. - La nouvelle d'après laquelle un
dividende sera payé vers la fin de ce mois aux créanciers de la
succursale de Sarrebourg de la banque Mézière, à Blâmont, se
confirme. Le montant de ce dividende sera compris entre 30 et 40
0/0.
A Blâmont on procède depuis le 4 mars à la liquidation de la
fortune du sieur Mézière.
12 août 1886
Dieuze. - La ville de Dieuze, écrit-on à la
Gazette de Lorraine, est aujourd'hui sous le coup d'une
animation et d'une agitation extraordinaires par suite de la
nouvelle annoncée ce matin : la banque Ed-G. Mèzière, dont le
siège principal est à Blâment (Meurthe et-Moselle), avec
succursales à Sarrebourg, Château-Salins et Dieuze, a suspendu
ses payements.
Dès la première heure. M. Feurtey, gérant de la succursale de
Dieuze, a reçu ordre télégraphique de fermer la banque et de
requérir le juge, à l'effet d'apposer les scellés sur la caisse
et les livres de la succursale de Dieuze. Il a été procédé
immédiatement à cette opération par M. Massenet, maire,
suppléant remplaçant le juge en congé, et le greffier du juge
cantonal. Les espèces en caisse se montent, dit-on, à 9,000
mark.
Ce sinistre financier cause des pertes énormes dans notre
localité et, par extension, dans tout le canton; il y a des
personnes qui avaient placé là toutes leurs petites économies.
Beaucoup de commerçants et de négociants ont aussi de l'argent
placé dans cette banque. On parle de pertes importantes que M.
Mézière aurait éprouvées dans ces derniers temps : d'abord la
faillite Ancel de Lorquin, où il est pris pour une forte somme,
et la semaine dernière une grande usine de Lorraine lui aurait
causé des préjudices sensibles.
Je vous tiendrai au courant de cette affaire qui, comme vous
pouvez bien le penser, ne fait que le sujet des conversations du
jour, surtout aujourd'hui, jour de marché, où tous les
commerçants des environs sont à Dieuze. Pour terminer, j'ose
toutefois espérer que la suspension de paiements pourrait
s'arranger autrement que par une faillite, M. Mézière étant
possesseur, dans le canton de Vic, de beaucoup de biens
fonciers.
29 août 1886
Sarrebourg. - La première réunion des
créanciers de la faillite Ed. G. Mézière, banquier, a eu lieu
avant-hier, 25 août, à Sarrebourg. L'appel nominal des
créanciers a duré de 10 heures et demie à midi et demie.
L'assemblée a nommé syndic définitif M. Stüve, avocat-avoué à
Saverne, qui sera assisté de M. Jacques Reiterhart, caissier de
la banque Mézière à Sarrebourg. Le rapport du syndic provisoire
fait prévoir un dividende de 30 0/0 à Sarrebourg. A Blâmont, il
y aura un dividende de 22 0/0, paraît-il. Néanmoins, comme tout
indique qu'il y aura un dividende égal pour tous les créanciers
de cette faillite, nous ne croyons pas, dit le Messin, que le
dividende général puisse dépasser 25 0/0, malgré la situation
moins désastreuse des succursales de Château-Salins et de
Dieuze. On arrête d'ailleurs que M. Mézières cherchera, autant
que possible, à obtenir un concordat avec ses créanciers.
10 janvier 1887
Sarrebourg. -On lit dans l'Eclaireur de
Lunéville: « Les débats du procès du sieur Mézière,
l'ex-banquier de Blâmont, se sont ouverts le 5, devant le
tribunal correctionnel de Lunéville, en présence d'une affluence
considérable. M°Lallement, avocat à Nancy, est assis au banc de
la défense. M. Michelet, substitut, occupe le siège du ministère
public; après avoir déposé ses conclusions tendant à la
condamnation de Mézière pour s'être livré à des dépenses
exagérées, étant en état de faillite, et avoir établi des
inventaires fictifs, l'organe du ministère public requiert
l'audition de M. Bloch, syndicat de la faillite. M. Bloch donne
des explications, desquelles il résulte qu'il lui a été
impossible de se rendre compte de la situation personnelle de
Mézière, parce qu'il n'a trouvé aucune indication sur ses livres
de comptabilité, contrairement aux exigences de la loi. Le
tribunal écarte le chef de « dépenses personnelles excessives»,
mais retient celui de « dépenses de maison excessives » et d' «
irrégularités dans la tenue des livres de la maison de banque ».
En conséquence, le tribunal condamne Mézière à 3 mois de prison.
On sait que la durée de la prison préventive subie par
l'ex-banquier était d'un peu supérieure à 3 mois. »
2 juin 1887
Sarrebourg . - La répartition du dividende de
la faillite Mezière, si longtemps promis déjà, va enfin pouvoir
se faire, d'après la Gazette de Sarrebourg.
Suivant la loi française, tout failli peut demander un concordat
et le syndicat ne peut sous aucun prétexte procéder à une
répartition quelconque sans l'autorisation du failli.
Mézière ayant refusé son consentement jusqu'à ce jour pour
autoriser une distribution avant le vote du concordat, le
syndicat de Blâmont, M. Bloch, a fait fixer le vote du
concordat, demandé par le failli, au vendredi, 10 juin, à une
heure de relevée, dans la salle du tribunal de Lunéville. Les
conditions du concordat sont inconnues; mais nul doute que
celui-ci, sous n'importe quelle forme on le présente, sera
rejeté tant par les créanciers de France que d'Alsace-Lorraine.
Immédiatement après le rejet du concordat, les syndicats
fixeront le jour pour la distribution d'un premier dividente de
15 0/0.
Aux termes de la législation française tous les créanciers admis
et affirmés doivent être convoqués. Le syndicat de Sarrebourg,
ayant produit pour tout le passif d'ici dans la faillite de
Blâmont, devra comme représentant de tous les créanciers de sa
faillite assister au vote du concordat.
Le tribunal de Lunéville, pour plus ample régularité, appellera
tous les créanciers d'ici individuellement, ils seront
naturellement libres d'y aller ou de n'y pas y aller, les
absents sont considérés comme refusant le concordat.
24 juillet 1887
Deutsch-Avricourt. - Dimanche matin un jeune
homme âgé de 20 ans, venant de France, se rendit auprès du
gendarme de service à Deutsch-Avricourt et lui annonça que son
avoir lui avait été volé au passage de la frontière. Le
gendarme, en visitant les papiers du jeune homme, apprit que ce
dernier avait été pendant assez longtemps professeur dans un
établissement dirigé par les jésuites. En dehors de plusieurs
certificats, il possédait encore un livret de caisse d'épargne
de 120 m. Les gestes désordonnés du malheureux jeune homme
indiquaient suffisamment qu'il ne jouissait pas de ses facultés
mentales. Il fut renvoyé au commissaire spécial de police d
Igney-Avricourt. Dans l'après-dîner, le malheureux quitta la
gare et grimpa sur un peuplier sur la route de Blâmont, où il se
mit à pérorer. Des passants le prièrent de descendre, mais
subitement l'infortuné perdit l'équilibre et vint s'abattre sur
le sol; il était mort. Dans la journée de lundi, le frère du
défunt, habitant le pays de Saverne, est arrivé pour réclamer le
cadavre.
1er novembre 1887
Blamont, 30 octobre.
Une affluence considérable se pressait aux obsèques de M. Brice,
maire de Blamont, conseiller général.
Des discours ont été prononcés par le préfet, par M. Bichat,
conseiller général, par le maire et par le juge de paix.
22 septembre 1892
Le Choléra. - Mesures sanitaires à la
frontière. -Nous lisons dans le Lorrain la très intéressante
lettre qu'un ses correspondants lui envoie d'Igney-Avricourt, à
la date du 19 septembre :
Le poste sanitaire d'Avricourt fonctionne depuis le 2 septembre
sous la direction de MM. les docteurs Henriot et Zimmermann, de
Blâmont; MM. Dengler et Blüm, internes près la Faculté de
Médecine, sont adjoints à ces Messieurs.
La visite sanitaire est faite par l'un des docteurs, accompagné
d'un interne. Les voyageurs, à la sortie du train venant
d'Allemagne, viennent l'un après l'autre se présenter à la
visite qui est faite le plus rapidement possible pour ne pas
retarder la marche des trains. Des passeports sanitaires sont
généralement délivrés à tous les voyageurs venant d'au delà du
Rhin: aux personnes habitant l'Alsace-Lorraine, pays non
contaminé jusqu'ici, il est donné un simple laisser passer. La
visite sanitaire est donc plutôt une formalité qu'un sujet
d'ennui pour le voyageur qui n'est en rien inquiété. S'il parait
souffrant cependant, il lui est fait quelques questions au point
de vue de sa santé, après quoi il est libre. J'ajoute du reste,
qu'il n'a pas encore été constaté de cas suspect.
A la salle de visite de la douane, on ouvre toutes les malles,
les valises, tous les colis en un mot. - Avis aux personnes qui
seraient tentées de faire la contrebande. - On met de côté le
linge sale, qui est aussitôt porté à l'étuve par les aides
désinfecteurs ; le linge est envoyé par le train suivant et par
les soins de la compagnie de l'Est, au voyageur qui a donné sou
adresse au préalable.
Exception est faite pour les couvertures de voyage, objets de
literie, matelas, oreillers, etc., qui une fois passés à l'étuve
sont emmagasinés jusqu'à ce que les mesures de prohibition pour
les objets de literie soient soulevées. Recommandation doit donc
être faite aux voyageurs qui veulent franchir la frontière de ne
pas apporter avec eux de la literie : elle ne passe pas pour le
moment.
La mesure qui a soulevé le plus de réclamations de la part des
voyageurs est celle qui concerne les fruits et légumes.
Jusqu'aujourd'hui rien ne passait, tout était impitoyablement
enlevé, au grand désespoir des parents et surtout des enfants
qui voyaient avec stupéfaction les agents de la Douane leur
prendre leurs provisions de bouche les plus appréciées.
Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que depuis ce matin les
mesures concernant les fruits sont singulièrement atténuées, et
je suis heureux de pouvoir en informer vos lecteurs et lectrices
par la voie de votre estimable journal. Dorénavant, ne pourront
plus passer que les fruits et légumes qui poussent sous terre ou
à la surface de la terre : pois, pommes de terre, salades,
choux, haricots, etc., etc. - En revanche peuvent passer les
fruits qui poussent bien au-dessus du niveau du sol: houblon,
raisins, pommes, poires, fruits, noix, etc., etc.
Rassurez-vous donc, lecteurs, les mesures sanitaires prises à
lgney-Avricourt, ne sont en rien des mesures draconiennes. Vous
rencontrerez bienveillance et aménité de la part des médecins du
service sanitaire, et de leurs agents et sous-jacents.
Conclusion, continuez de voyager comme par le passé, et ne vous
préoccupez en rien de ce que des personnes pessimistes pourront
vous dire : votre correspondant est bien renseigné, il a vu de
ses propres yeux le fonctionnement du poste sanitaire.
Les chemins de fer d'Alsace-Lorraine ont transporté pendant le
mois d'août 1,820,493 personnes et 861,569 tonnes de
marchandises, 14,665 personnes de moins et 19,100 tonnes de plus
qu'en août 1891. La recette a subi une augmentation de 104,585
mark sur un chiffre total de 4,630,000 mark.
2 octobre 1892
- On mande de Nancy, à la date du 30 :
A la pointe du jour, quatre déserteurs du 11e régiment de uhlans
brandebourgeois, en garnison à Sarrebourg (Lorraine), ont
franchi la frontière, en uniforme, près de Blâmont
(Meurthe-et-Moselle), après avoir erré toute la nuit dans la
campagne pour ne pas tomber dans les nombreuses embuscades de
gendarmes et de douaniers allemands échelonnés le long de la
frontière.
L'un d'eux, le nommé Bettbaum, s'est présenté affamé et harassé
de fatigue à la gendarmerie de Blâmont, où on l'a restauré et de
là conduit devant le commissaire spécial de la gare d'Igney-Avricourt,
à qui il a demandé à contracter un engagement de trois uns dans
la légion étrangère.
Ce magistrat l'a fait diriger sur Nancy.
Les trois autres se sont mis à la recherche de travail.
Ces jeunes gens ont déserté pour se soustraire au surmenage et
aux mauvais traitements dont ils étaient l'objet de la part de
leurs supérieurs.
25 avril 1896
A VENDRE A L'AMIABLE
L'Usine dite le Moulin des Champs
Cette usine, située à Blâmont (Meurthe-et-Moselle), sur la
rivière de Vezouze, à proximité de la gare de Blamont, comprend
:
1° Force motrice hydraulique d'environ 25 chevaux, force à
vapeur produite par un moteur neuf de 50 chevaux (type Corlif,
const. lion Berger-André), le tout disposé pour pouvoir être
doublé ;
2° Bâtiments industriels, magasins, maison de direction, 20
logements d'employés et d'ouvriers, le tout en bon état ;
3° 12 hectares environ de prés, terres, jardins et surfaces
bâties.
Pour tous renseignements, s'adresser à M. D. Hausen,
propriétaire à Blamont, ou à Me Triboulot, notaire à Lunéville.
20 juin 1907
Accident d'automobile
Avricourt, 19 juin. - Le prince de Saxe-Weimar, accompagné du
baron Van der Hoeven, avait passé la frontière à 2 heures du
matin, se rendant à Paris en automobile. Un sérieux accident lui
est survenu près de Barbas-Blamont.
L'automobile s'est jetée contre un haut talus.
Le prince et le baron ont été projetés hors de la voiture.
Le chauffeur a été sérieusement blessé. La voiture est brisée.
8 août 1909
SARREBOURG, 7 août. - Le prince Herman de
Saxe-Weimar, dont l'« Express » annonçait hier la renonciation à
toutes ses prérogatives de naissance et de rang, est une
personnalité bien connue ici. Né en 1886, le prince Hermann
débuta comme lieutenant dans les cuirassiers de la garde, à
Berlin, où il se fit bientôt remarquer par ses folles dépenses.
A la suite d'une incartade, il fut envoyé en disgrâce au
régiment de uhlans No 11, en garnison dans notre ville. On le
connaissait ici pour le luxe qu'il déployait et pour d'autres
extravagances, dont les journaux s'occupèrent. Un jour il avait
acheté une automobile avec laquelle il comptait se rendre
incognito à Paris. L'auto franchit la frontière sans encombre,
mais à Blâmont elle alla se jeter contre une maison et s'y
brisa. Le prince échappa à la mort par un simple hasard, mais la
gendarmerie ayant fait une enquête sur l'accident, l'incognito
du prince se trouva levé et il s'empressa de rejoindre sa
garnison.
A ce moment, on parlait d'un projet de mariage du lieutenant
avec une princesse Bonaparte.
L'an dernier, le prince Hermann fut mis en demeure de donner sa
démission comme officier. Sur l'ordre du grand-duc
Guillaume-Ernest de Saxe-Weimar, il fut mis en tutelle. A ce
moment, il comptait, dit-on, près de cinq millions de dettes.
En renonçant à ses titres et à son rang, le prince Hermann perd
en même temps l'expectative au trône. Son titre actuel de comte
d'Ostheim lui vient encore de son ancêtre le prince Bernard de
Saxe-Weimar, qui, au temps de la guerre de Trente Ans obtint,
grâce à l'appui de Richelieu, le duché d'Alsace.
14 août 1911
Lunéville, 13 août. - La soirée d'hier s'est
terminée sans incident par une fête et un feu d'artifice dans
les Bosquets.
Ce matin, à quatre heures, M. Augagneur, ministre des travaux
publics, est arrivé à Lunéville. Il a été reçu à la gare par le
préfet, le sous-préfet, le général Goetschy, M. Boutrone, chef
de cabinet du ministre des colonies et conduit à la
sous-préfecture.
A huit heures, MM. Augagneur et Lebrun, ministres, les députés,
M. Castara, maire, M. de Langenhagen, conseiller général,
organisateur des fêtes, les généraux, ont pris le train et
inauguré le chemin de fer de Lunéville à Blâmont et à
Badonviller.
De grandes fêtes ont lieu à Blâmont à l'occasions de ces
visites. |