CENTENAIRE.
Jean -Pierre Zimmermann, natif du village d'Imbermenill, est
mort le 26 Mars dernier, âgé de plus de 100 ans, à Blamont où il
étoit Conseilier-Vétéran de l'Hôtel-de-Ville. Il a vécu 52 ans
avec sa seconde femme, & il lui a survécu neuf ans. Il a laissé
32, tant petit-fils qu'arriere-petit fils ; s'il eût vécu encore
peu de tems, il auroit pu voir un sous-arriere-petit-fils.
MEURTHE. (Blamont) - Le 21e
régiment, (ci-devant Guyenne) ayant reçu l'ordre de joindre
l'armée de Custine, & ne pouvant laisser Blamont sans troupes,
il fut décidé que les anciens soldats & les infirmes y
resteroient en garnison. L appel nominal de chaque soldat étoit
un appel à la victoire. Ceux qui avoient le bonheur de partir,
comme ceux que l'âge ou les maladies condamnaient à rester,
versoient des larmes, ces derniers de douleur, & les autres de
joie. La pique & le bonnet de la liberté, que ces braves
militaires portent par-tout avec eux furent promenés dans toute
la ville, aux cris mille fois répétés de Vive la nation ! Et ils
partirent, emportant avec eux les regrets de tous les bons
patriotes.
Dernièrement à Blamont près
Nancy, un hussard de bonne mine vint loger chez une femme, dont
le mari était absent ; au milieu de la nuit il se présenta dans
l'auberge quatre personnes masquées, qui, s'adressant à la
femme, lui demandèrent la bourse ou la vie ; elle leur dit
quelle elle allait leur donner le peu d'argent quelle avait;
elle entre dans la chambre du militaire, lui fait part de sa
position : il se lève, prend son sabre et ses pistolets,
descend, ajuste deux des voleurs, les tue, blesse le troisième
d'un coup de sabre, et se saisit du quatrième.
On court chez le juge de paix pour verbaliser, il était absent;
on va chez l'agent, on ne le trouve point; enfin on démasque les
brigands, c'étaient le commissaire du directoire, le juge de
paix, l'agent national et le secrétaire du canton ; ils se
qualifiaient d'honnêtes gens, mais on ne manquera pas d'en faire
des jacobins.
On mande de Blamont,
département de la Meurthe, que M. l'abbé Ferry, vicaire de celte
petite ville, vient de faire habiller à ses frais quatorze
enfants de parents pauvres.
Une souscription pour le soulagement de la classe indigente, a
rendu 58 hectolitres de grains, et 544 francs en argent,
indépendamment de 20 hectolitres de froment et de 272 f. qu'on a
envoyés aux malheureux qui ont le plus souffert de l'épouventable
orage du 5 août.
L'hiver dernier et jusqu'après la récolte, il a été fait
d'abondantes distributions de pain, toutes les semaines, avec le
produit d'une autre souscription, et celui d'un atelier de
travail qui a fait vivre les artisans pauvres qui se trouvaient
sans ouvrage.
Un événement déplorable vient
de donner lieu à un acte de courage bien digne d'être connu. Il
y a quelque temps, deux enfans du meunier de Saint-Martin, près
de Blâmont, tombèrent dans la fosse du moulin; aussitôt leur
mère et la domestique accoururent pour les secourir ; mais ils
allaient périr tous quatre, quand le nommé Nicolas Bied, garçon
meunier, se jeta à l'eau et parvint à les retirer. La
malheureuse mère, qui était enceinte de 8 mois, n'a pu être
rappelée à la vie; les trois autres sont hors de danger. M. le
préfet, informé du dévouement du sieur Bied, lui a accordé une
gratification de 50 f.
Un incendie affreux vient
d'éclater dans la commune d'Harbouey arrondissement de
Lunéville. Treize maisons contiguës ont été dévorées par les
flammes. Les laboureurs les plus aisés sont réduits à la
mendicité par ce déplorable accident, dont on ne connaît pas
encore la véritable cause ; mais on pense qu'il ne peut être
attribué à la malveillance. On ne peut qu'applaudir au zèle et
au dévouerai nt de M. le curé d'Harbouey et de MM. les curés des
villages voisins, de plusieurs personnes de Blâmont et de tous
les villageois des environs, qui sont accourus de quatre lieues,
pour porter du secours. On doit surtout faire mention honorable
de M. Guaita, directeur des manufactures de glaces de Cirey, qui
étant arrivé à cheval, avec 60 de ses ouvriers, suivis d'une
pompe, s'est précipité dans les flammes pour sauver un
malheureux père de famille qui aurait été brûlé dans sa maison :
la conduite généreuse de trois gendarmes de Blâmont mérite aussi
des éloges. Au milieu du désastre, un charpentier de cette ville
a manqué de périr en tombant en bas d'un bâtiment. On n'a à
regretter la perte de personne.
MEURTHE.
ELECTIONS.
Blamont, 18 juin. -Nous allons bientôt nous rendre à Lunéville
pour les élections. Un n'a pas osé nous proposer de candidats
ministériels ; notre président n'est pas éligible. Mais dans
l'arrondissement voisin on emploie toutes sortes de manoeuvres.
La gendarmerie parcourt les campagnes pour intimider les
électeurs. Il en est un qui s'est vu menacé d'un procès
correctionnel pour avoir dit à son curé qu'il ne voterait pas en
faveur du candidat du ministère, parce qu'il craignait le
rétablissement de la dîme. M. le sous-préfet de Sarrebourg,
accompagné de l'inspecteur forestier et d'un garde général,
vient de parcourir le canton de Richecourt afin de recruter des
suffrages aux hommes du pouvoir. Ainsi, vous voyez que
gendarmes, sous-préfets, inspecteurs, etc., négligent les
services spéciaux auxquels ils sont préposés, pour ne s'occuper
que de la grande affaire du moment. Mais je doute qu'ils
retirent beaucoup de fruit de tant de peines. J'ai causé avec
plusieurs électeurs ainsi travaillés, et ils m'ont paru dans les
mêmes intentions qu'auparavant, c'est-à-dire fermement résolus à
repousser les suggestions des apostoliques.
On écrit de Blâmont
(Meurthe), à la Gazette de Metz :
« Mgr. Donnet est arrivé à Blâmont le 2 novembre au soir; le
coadjuteur a voulu présider lui même aux vêpres des morts, et
adresser quelques paroles de saint aux nombreux fidèles qui
remplissaient l''église. Son allocution a été vivement goûtée,
et à Blâmont comme dans le reste du diocèse, on remercie ta
Providence de ce qu'elle nous a envoyé un pontife si digne de
remplacer celui que des événemens malheureux ont éloigné nous.
« L'exil que Mgr. de Forbin Janson subit depuis tant d'années,
n'a pas affaibli ce souvenir d'affection que lui gardent tous
ceux qui ne sont pas égarés par d'injustes préventions ou par
les clameurs des partis.
« Mgr. le coadjuteur est reparti, le 3 novembre, pour
Lutzelbourg pour y bénir la nouvelle église; de là Sa Grandeur
est allée rendre visite à Mgr. l'évêque de Strasbourg. »
Nécrologie
Discours prononce par M. le marquis Targot, sur la tombe de M.
le général comte Klein, pair de France.
C'est un triste, c'est un pieux devoir, messieurs, de venir, en
présence d'une tombe entr'ouverte, dire la vérité à ceux qui ne
sont plus!... Souvent on recule devant la nécessité d'apprécier
les actes d'une vie, lorsqu'on n'a pas été témoin des
circonstances qui les ont déterminés, quand surtout cette vie
s'est écoulée au milieu des gloires, mais aussi des déchirements
de la patrie !... Mais cette tâche devient douce quand on n'a
que du bien à retracer, quand deux mots su disent pour la
résumer : courage et loyauté.
Il eût appartenu à un des vieux compagnons d'armes du noble
vétéran auquel nous rendons aujourd'hui les derniers devoirs de
venir nous dire quel il fut lorsque la France fit un premier
appel à ses défenseurs!... Mais, hélas ! le temps a enlevé ceux
que la guerre avait épargnés! Le petit nombre de ceux qui ont
survécu ne peut que s'associer de cœur à cette triste cérémonie
La vie du général Klein appartient déjà par sa date à l'histoire
de notre pays, et, à défaut de contemporains, permettez à un de
ceux que, dans ses dernières années, il a honorés de son
affection, de vous en retracer brièvement les traits les plus
saillants,
Louis-Dominique Klein, né à Blamont, département de la Meurthe,
en 1769, servait dans la maison militaire du roi Louis XVI,
lorsque la révolution éclata. Lieutenant d'infanterie au 83e
régiment en 1790, il passa dans un régiment de chasseurs à
cheval, et se distingua à l'armée du Nord, où il devint adjudant
général.
En 1793, sa brillante conduite à Maubeuge, à Fleurus, aux
combats livrés sur la Meuse, l'Ourthe et la Roër, à la prise de
Bonn, de Coblentz, à Jemmapes et à Valmy, lui valut le grade de
général de brigade.
En 1795, il recevait les éloges publics du général en chef
Jourdan, pour ses brillants services au passage de la Lahn ;
commandant l'avant-garde du général Championnet dans la même
année, il fait capituler Wurlzbourg, bat la cavalerie ennemie à
Salzback.
Il pénètre à la tète de cinquante cavaliers dans la ville de
Bamberg et y soutient un combat acharné contre les Autrichiens.
Il se distingue encore aux combats de Langfeld, d'Albermansdorf
et de Waleback.
En 1796, commandant l'avant-garde de l'armée de Sambre-et-Meuse,
sous le général Beurnonville, il défait complètement, à la tète
de 6,000 hommes, un corps de 11,000 Autrichiens, et est, pour
cette action, nommé général de division.
En 1799, commandant en chef la cavalerie de l'armée du Rhin, il
partage les travaux et la gloire de cette campagne avec le
général Moreau.
En 1805, il se signale au passage du Danube, à Donowerth, à
Verlingen, à Aibeck... Il faudrait, pour être exact, citer son
nom à chacun des combats de ces mémorables campagnes : je ne
rappellerai que le nom de trois batailles où le général Klein
mit le dernier sceau à sa haute réputation : Austerlitz, Iéna,
Eylau.
Il ne s'y surpassa pas; il fut ce qu'il avait toujours été,
brave entre les braves...
L'empereur Napoléon, juste appréciateur du mérite militaire du
général Klein, jugea qu'il était digne des plus hautes
récompenses, car, en 1807, il était sénateur, comte de l'empire,
grand-officier de la Légion d'honneur, gouverneur du palais
impérial.
En 1814, le général Klein fut nommé pair de France.
La loyauté de son caractère, la justesse de son esprit le
guidèrent dans sa carrière législative, comme elles l'avaient
fait dans sa carrière militaire. Il fit partie, sous la
restauration, de cette sage opposition qui illustra la chambre
des pairs, et son vote éclairé sut encore servir son pays, quand
les circonstances et son âge avaient sonné pour lui l'heure du
repos.
Il salua avec bonheur la révolution de Juillet, qui venait
réaliser les idées d'ordre et de liberté qui avaient été le
désir et le but de toute sa vie
Qui de nous, messieurs, ne se rappelle, avec respect et
affection, les exemples de dévouement au devoir, d'exactitude,
malgré son grand âge, que nous donnait sans cesse le général
Klein ?
Sa vie glorieuse dans sa partie militaire, pleine de droiture et
de fermeté dans sa carrière parlementaire, n'avait jamais eu
qu'un but, qu'un motif... l'amour du pays!... Celui-là,
messieurs, ne trompe jamais, et c'est pour l'honorer, pour le
glorifier, que nous nous sommes réunis autour de cette noble
tombe.
Qu'il me soit permis, en terminant, de pénétrer un instant dans
le sanctuaire de la famille... C'est là, messieurs que le
général Klein était grand aussi, par sa modestie, sa simplicité,
sa bonté... Cœur dévoué aux affections tendres, à l'amitié,
comme il l'avait été à la gloire, à la patrie, il lui a été
donné de se faire aimer des siens, comme il avait su se faire
estimer de ses concitoyens et redouter des ennemis de son pays.
Ses dernières années se sont écoulées au milieu des affections
et des soins de sa famille. Son grand âge n'avait pas refroidi
son cœur; jusqu'à son dernier jour, il s'est associé aux joies
et aux douleurs de son pays et de ses amis.
II est mort le 2 novembre, dans sa quatre-vingt-sixième année.
Repose en paix, illustre vétéran de nos plus vieilles phalanges
rénovatrices, ta vie a été laborieuse el pure, que ta mémoire
soit honorée !...
Dieu t'a donné une longue vie, mais le compte est facile à
rendre, car tu as été brave, loyal et bon, depuis ta jeunesse
jusqu'au jour de ta mort. Les vertus que tu as si longtemps
pratiquées ont déjà trouvé là-haut leur récompense... Reçois ici
les derniers hommages du respect et de l'attachement que tu as
si bien mérités.
Un incendie qui menaçait
d'avoir les suites les plus désastreuses, a détruit à Blâmont
(Meurthe), le dimanche 16 de ce mois, six maisons, et réduit à
la misère dix-neuf ménages qui n'ont pu rien sauver de leur
mobilier. On craignait beaucoup pour le collège, dont la toiture
était déjà envahie par les flammes.
Vendredi 20 novembre une
sorte d'émeute a éclaté sur le marché de Blâmont (Meurthe), à
cause du haut prix des céréales. Les autorités de la ville sont
accourues sur la place, et après quelques pourparlers assez
orageux, force est restée à la loi. On a procédé à l'arrestation
de quelques femmes.
« C'est tris-bien de maintenir l'ordre, ajoute la Gazette de
Metz, mais il faudrait aussi avoir égard à la détresse de la
classe ouvrière, et la haute administration ne devrait pas se
borner à des circulaires plus ou moins rassurantes. Il y a dans
les campagnes certaines manoeuvres de spéculation qui
mériteraient d'être mieux surveillées. »
Nous lisons dans le Journal
de la Meurthe du 22 août :
« Le chemin de fer est livré de nouveau à la circulation entre
Nancy et le pont de Saint-Phlin. La voie a été réparée avec une
activité extrême. La locomotive, le tender, deux wagons de
première classe ainsi que des débris sont encore sur la place,
mais on a déplacé les rails de manière à rendre le parcours
libre. En même temps, on ouvre un aqueduc assez vaste pour
assécher promptement, et à fond, toute cette partie de la voie.
L'état des blessés s'est encore beaucoup amélioré. Le conducteur
des dépêches, le chef du train, le mécanicien, le chauffeur et
le graisseur, si miraculeusement sauvés, ne donnent aucune
inquiétude. M. Réau, comptable du chemin de fer de l'Ouest, l'un
des deux voyageurs traités à l'hôtel du Commerce, a quitté Nancy
ce matin, se dirigeant vers Strasbourg; M. Guillery va également
de mieux en mieux. Nous avons aussi des détails circonstanciés
sur la jeune domestique reçue à Saint-Charles. Elle a été hier
entourée de sa famille, accourue d'Harbouey (canton de Blamont)
L état de santé de cette malade est plus satisfaisant,
l'intelligence reparait de plus en plus. On espère que
l'affection cérébrale ne laissera aucune trace chez elle.
Dès que la dépêche télégraphique annonçant l'accident arrivé au
chemin de fer a été transmise à M. le ministre des travaux
publics, M. le ministre s'est mis en route pour venir à Nancy.
Il est arrivé ici vendredi soir-et s'est rendu sur les lieux. M.
le ministre est reparti pour Paris dans la matinée d'hier. ».
Un jeune enfant, Bazile-Victor
Urbain, demeurant avec ses parents, meuniers à Saint-Martin,
canton de Blamont (Meurthe), a disparu le 19 avril 1868.
Signalement :
Agé de 3 ans, taille 80 ou 85 centimètres, cheveux et sourcils
blonds, lèvres minces, teint coloré, larges épaules. Il répond
au nom de Victor.
Dans le cas où cet entant serait découvert, prière de faire
connaître aussitôt ce résultat au ministère de l'intérieur,
direction générale de la sûreté publique, 3e bureau.
Le premier détachement de
gendarmerie mobile est entré le 20 à Belfort. Aucune
manifestation extérieure ne s'est produite. A Vouziers, les
troupes françaises sont arrivées le 19 à neuf heures du soir -et
ont occupé la ville en bon nombre.
Les premiers détachements de gendarmerie mobile destinés à
Nancy, Lunéville, Blamont, Saint-Nicolas, Baccarat, Bar-le-Duc,
Montmédy et Belfort sont arrivés dans de bonnes conditions et
ont été installés sans incidents dans les locaux préparés pour
eux.
AUTREPIERRE. On lit dans le
Moniteur de la Meurthe.
On nous écrit d'Autrepierre qu'un affreux malheur vient de
frapper une des familles les plus honorables de cette commune.
La veuve Perrin avait invité, mardi dernier, ses trois fils à
dîner avec elle. La journée s'était très bien passée, lorsque,
vers, six heures et demie du soir,-le plus, jeune, nommé Joseph,
âgé, de vingt-sept, ans, en rentrant chez lui, s'est vu chercher
querelle par son frère Léon. Après quelques paroles assez vives
échangées entre eux, ce dernier, qui depuis longtemps déjà
donnait des signes d'aliénation mentale, ayant saisi un couteau,
en a transpercé son malheureux frère qui est tombé sur le coup
et a succombé vingt-quatre heures après, au milieu des plus
grandes souffrances.
Il emportera dans la tombe les regrets de tout le monde, car il
était aimé et estimé de tous ceux qui l'ont connu.
Le coupable a été arrêté le lendemain. Il laisse dans la plus
grande misère une femme malade et trois enfants en bas âge.
TRIBUNAUX
COUR D'ASSISES DE MEURTHE-ET-MOSELLE
Meurtre. - Incendie et vol. - L'acte d'accusation expose les
faits suivants :
Le 10 novembre 1875, une maison, sise à Autrepierre, habitée par
le sieur Jeanjean, âgé de soixante-douze ans, était consumée par
un incendie, entre huit, et neuf heures du soir. Le propriétaire
avait passé toute la journée à Blâmont, au mariage d'un de ses
fils; on n'avait pas allumé de feu depuis la veille ; de toute
la famille, Prosper Rémy Louis, qui est le gendre de Jeanjean,
avait seul refusé d'aller à la noce de son beau-frère.
Des affaires d'intérêt l'avaient presque brouillé avec son
beau-père ; sa femme est fille d'un premier lit de Jeanjean, et
il accusait celui-ci de vouloir avantager les -enfants du second
lit. Dans la famille-on l'estimait si peu, qu'avant de partir
pour Barbas, le père Jeanjean, sur le conseil de ses enfants,
avait caché dans là cheminée une somme d'argent qu'il possédait,
pour la dérober aux recherches de Louis qu'on croyait capable de
venir la prendre.
Quelques minutes avant l'incendie, deux jeunes gens avaient vu
un homme de la taille et de l'apparence de Louis dans les
environs de la maison Jeanjean; cet homme avait des allures
suspectes.
Quant à lui, il ne vint à l'incendie qu'une heure après le
commencement, et quand tout le village y était déjà, ainsi que
des habitants des communes voisines ; il ne prit aucune part au
sauvetage. Enfin sa femme déclarait quelques jours après à une
autre fille de Jeanjean, la femme Gossner, que son mari se
réveillait presque toutes les nuits rêvant feu et maisons
incendiées.
Toute la commune et le père Jeanjean, en tête, accusaient Louis
d'être l'auteur du désastre.
Le 17 décembre suivant, le père Jeanjean qui avait été habiter
chez les Gossner, fut laissé seul à la maison par ceux-ci, qui
allaient à Blâmont pour affaires. Gossner était parti à sept
heures du matin, après avoir déjeuné avec son beau-père. Vers
onze heures et demie, la femme Louis ayant eu affaire dans cette
maison avec un étranger, ouvrit la porte et la referma aussitôt
en poussant une exclamation ; elle venait de voir le corps de
son père pendu à une clef d'armoire par un mouchoir qui lui
serrait le cou. Croyant à un suicide, elle écarta sous un
prétexte quelconque, son compagnon, pour cacher, dit-elle, le
déshonneur de sa famille. Puis elle rentra, décrocha le cadavre
et l'étendit par terre dans la chambre après avoir caché le
mouchoir. L'examen du corps montra à la tête une fracture
considérable due à un instrument contondant, et qui avait suffi
pour occasionner la mort ; les médecins rejettent toute Idée de
suicide ; la mort est certainement due à un meurtre.
Louis était entré chez son beau-père après le départ de Gossner.
L'opinion publique l'accusa aussitôt ; le lendemain,-la justice
saisit chez lui une paire de sabots, dont l'un était tâché de
sang ; il ne put expliquer la présence de ce sang sur son sabot.
De plus, un gendarme le surprit au moment où il cachait des
pièces de 5 fr. qui provenaient de son beau-père, comme le
prouvent des taches produites par l'incendie du 10 novembre.
Louis était craint dans la commune ; en 1865, il avait essayé
d'étrangler un de ses oncles ; celui-ci, encore vigoureux,
s'était défendu, mais n'avait rien osé dire ensuite, si ce n'est
à quelques camarades que la crainte empêcha, aussi de parler.
Louis est un homme de taille moyenne, robuste,-cheveux noirs,
teint bilieux; il a l'air sournois. Il nie froidement les faits
relevés contre lui.
Le verdict du jury est affirmatif sur les questions da meurtre
et de vol, négatif sur la question d'incendie.
La cour condamne Prosper-Remy Louis à la peine des travaux
forcés à perpétuité.
Chronique des Départements
Lunéville. - On lit dans le Journal de Lunéville :
Un nouveau crime vient de jeter la consternation dans la
population d'Autrepierre (canton de Blamont).
M. Jeanjean, vieillard de soixante-douze ans, a été trouvé mort,
vendredi, dans sa maison ; il avait été frappé de plusieurs
coups à la tête.
L'assassin n'est pas encore connu.
La justice s'est transportée samedi sur le théâtre du crime.
On ne sait pas encore absolument s'il y a eu un crime. Ce qui
fait naître des doutes, pourtant, c'est que cette mort
prématurée est survenue pendant que les gendres de M. Jeanjean
étaient à Blâmont et que la femme de ce vieillard n'était pas
auprès de lui.
Il y a quelque temps le feu avait pris dans un immeuble qui lui
appartenait.
DEPARTEMENTS
NANCY, 6 mai. Mme de Rozière, née de Klopstein, s'était rendue
mardi dernier à Blâmont pour être marraine d'un enfant de Mme de
Gonneville, sa fille, et le soir du même jour elle était partie,
en voiture pour rejoindre, à Baccarat, son autre fille, Mme
Michaut., t
A l'arrivée de la voiture à Baccarat, M. Michaut en ouvrant la
portière, trouva Mme de Rozièrè morte. Mme Michaut, qui est en
couches ignore encore de même que Mme de Gonneville la mort
subite de leur mère.
TRIB. de SIMPLE POLICE de
BLAMONT
L'abbé Péché
Le tribunal de simple police de Blâmont (Meurthe-et-Moselle)
vient de condamner à trois jours de prison l'abbé Péché, des
servant de Veho, coupable d'avoir « exercé de nombreuses
violences » sur des enfants de la commune qui suivaient le
catéchisme.
NANCY, 14 mai. - Hachair,
cultivateur à Barbas, près Blamont, accusé d'avoir étranglé sa
mère, a été reconnu coupable par le jury et condamné à mort
aujourd'hui.
L'exécution aura lieu à Nancy.
Nancy, 15 mai. - Une scierie,
valant six mille francs et appartenant à M. Mathis de
Grandseille, à Blâmont, a été brûlée accidentellement. Les
pertes sont couvertes par une assurance.
INFAMIE RÉPUBLICAINE
On n'a pas oublié, écrit l'Express du Pas-de-Calais, que le
préfet a fait expulser M. l'abbé Friant, vicaire de Gombrin,
comme « étranger » et ennemi de la sûreté publique.
Les journaux républicains, approuvant les termes de la mesure
administrative, n'ont pas manqué de dire que M. l'abbé Friant
n'avait pas voulu opter pour la France et que l'on avait très
bien fait de l'expulser.
Nous avons protesté en disant qu'au nom de ses enfants mineurs,
Mme Friant avait opté pour la nationalité française. Voici une
pièce qui confirme notre assertion et qui fera rougir, - nous
l'espérons du moins pour eux, - ceux qui ont voulu jeter
l'odieux d'un manque de patriotisme sur un très digne prêtre,
dans lequel ils dénonçaient et frappaient sans motifs
l'adversaire politique :
MAIRIE de SAINT-GEORGES
Nous, soussigné, François Georges, maire de la commune de
Saint-Georges, arrondissement de Sarrebourg, département de la
Lorraine (Alsace-Lorraine), certifions que feue Callais,
Marie-Thérèse, alors veuve du défunt Friant, Louis, de son
vivant, cultivateur en cette commune, a le 12 septembre 1872,
devant le directeur de l'arrondissement, opté pour la
nationalité française pour elle et ses deux fils, Louis, né le
29 janvier 1853, et Ernest, né le 5 août 1855, et que cette
vaillante femme, si française de cœur et de sang, a transféré
son domicile au village d'Amenoncourt où elle est restée près de
deux mois.
En foi de quoi, nous avons délivré le présent certificat pour
servir que de droit.
Saint-Georges, le 19 novembre 1885.
Le Maire. F. Georges.
L'ABBE FRIANT
On se rappelle ce prêtre alsacien si français de cœur et de
naissance qu'on a expulsé en Belgique sous prétexte qu'il y
avait eu un vice de forme dans sa naturalisation.
Mme Friant avait opté pour ses enfants mineurs, voici une pièce
de la mairie de Saint-Georges qui atteste le fait énergiquement,
Mairie de SAINT-GEORGES
Nous, soussigné, François Georges, maire de la commune de
Saint-Georges, arrondissement de Sarrebourg, département de la
Lorraine (Alsace- Lorraine) certifions que feue Caillais,
Marie-Thérèse, alors veuve dit défunt Friant Louis, de son
vivant cultivateur en cette commune, a, la 12 septembre 1872,
devant le directeur de l'arrondissement opté, pour la
nationalité française pour elle et ses deux file, Louis, né le
29 janvier 1853, et Ernest, né le 5 août 1855, et que cette
vaillante femme si française de cœur et de sang, a transféré son
domicile au village d'Amenoncourt où elle est restée près de
deux mois.
En foi de quoi noue avons délivré le présent certificat pour
servir que de droit.
Saint-Georges, le 19 novembre 1885,
Le Maire, F. Georges.
Voilà un maire qui sera révoqué.
Quant aux expulseurs, ils eussent mieux fait de dite à ce bon
prêtre: « vous nous gênez, partez » que de chercher des vices de
forme après tant d'année ».
Bulletin nécrologique. -
Lundi ont eu lieu les funérailles d'un artiste d'un grand
talent, qui vient de s'éteindre à 57 ans, succombant aux
étreintes d'une maladie implacable, dont il était atteint depuis
quelques années, maladie qui s'était aggravée par suite de
profonds chagrins.
Edouard Lièvre, dont le nom est bien connu du monde artistique
et des riches amateurs, avait perdu une fille de douze ans,
charmante enfant qu'il adorait. A cette mort succéda celle de sa
femme, et le malheureux artiste resta avec deux enfants en bas
âge, dont l'avenir l'inquiétait, et sur lesquels il avait
reporté toute l'affection qu'il avait eue pour celles qu'il
avait perdues. La mort est venue briser ses espérances et ses
rêves.
Lièvre était né à Blamont, dans la Meurthe. Il était élève de
Couture. Un remarqua bien vite ses œuvres aux différentes
expositions. Il était dessinateur, peintre et graveur, comme ce
grand maître de la Renaissance que nous n'avons pas besoin de
nommer, qui était, lui, peintre, sculpteur et architecte.
Il publia plusieurs grands ouvrages, entre autres : la
Collection Sauvageot et les Collections célèbres d'oeuvres
d'art. Ces publications, classées à présent, resteront comme un
des plus beaux spécimens de l'art moderne : tous les dessins,
faits par lui, gravés par lui, brillent par le choix des objets
qu'ils représentent, autant que par la finesse de leur
exécution.
Lièvre, comme Jules Jacquemart, est enlevé prématurément â
l'art, par une maladie qui ne pardonne pas, la maladie de
poitrine, au moment où, entouré, aidé dans ses travaux par
d'habiles artistes, ses amis pour la plupart, Il allait mener à
bonne fin des œuvres à l'exécution desquelles la vie d'un seul
homme n'aurait pas suffi.
Il s'était adonné à la spécialité du meuble d'art, et nous
pourrions citer les noms des riches heureux qui ont pu se rendre
acquéreurs des merveilles créées par lui, merveilles, en vérité,
car rien ne sortait de ses mains qui ne fût Irréprochable et
digne de l'admiration de tous.
Nous savons qu'il meurt en laissant chez lui un nombre assez
considérable d'œuvres exquises par la délicatesse des formes, le
fini du travail, qui rivalisent avec les plus beaux modèles dont
il s'était inspiré.
Leur place, à notre avis, serait dans un musée français, afin
que nos artistes modernes les eussent toujours sous les yeux;
mais il est à craindre qu'elles ne passent à l'étranger et que
l'Angleterre, qui nous a enlevé déjà tant de merveilles, nous
ravisse encore celles-ci. Ce serait bien regrettable.
Le grand rabbin Zadoc Kahn a retracé, en termes émus, la vie de
ce grand et bon artiste, au cimetière Montmartre, où
l'inhumation a eu lieu. Après lui, un ami particulier d'Edmond
Lièvre a prononcé quelques mots touchants.
Il est à regretter que, par excès de modestie, sans doute,
Lièvre n'ait pas voulu qu'on envoyât de lettres de faire part.
Un simple avis, dans les journaux, devait être Inséré. C'était,
paraît-il, sa volonté expresse; et la famille, respectueuse de
cet ordre suprême, a dû, à son grand regret, s'y conformer.
Nous apprenons avec regret la
mort de M. Edouard Lièvre, décédé en son domicile, à Paris, le
26 novembre dernier. Né à Blamont (Meurthe-et-Moselle),
chevalier de la Légion d'honneur et depuis longtemps « hors
concours», M. Lièvre était un de nos peintres les plus
distingués et avait su se faire une belle place dans la pléiade
d'artistes qui honorent le judaïsme français.
Ses ouvrages sur l'art du mobilier sont devenus classiques. On
cite également ses remarquables portraits du comte de Paris, de
la baronne James de Rothschild, etc.
Sarrebourg. -On lit dans
L'Eclaireur de Lunéville: « Les débats du procès du sieur
Mézière, l'ex-banquier de Blâmont, se sont ouverts le 5, devant
le tribunal correctionnel de Lunéville, en présence d'une
affluence considérable. Me Lallement, avocat à Nancy, est assis
au banc de la défense. M. Michelet, substitut, occupe le siège
du ministère public; après avoir dépose ses conclusions tendant
à la condamnation de Mézière pour s'être livré è des dépenses
exagérées, étant en état de faillite, et avoir établi des
inventaires fictifs, l'organe du ministère public requiert
l'audition de M. Bloch, syndicat de la faillite. M. Bloch donne
des explications, desquelles il résulte qu'il lui a été
impossible de se rendre compte de la situation personnelle de
Mézière, parce qu'il n'a trouvé aucune indication sur ses livres
de comptabilité, contrairement aux exigences de la loi. Le
tribunal écarte le chef de « dépenses personnelles excessives»,
mais retient celui de « dépenses de maison excessives » et d'
« irrégularités dans la tenue des livres de la maison de banque
».
En conséquence, le tribunal condamne Mézière à 3 mois de prison.
On sait que la durée de la prison préventive subie par
l'ex-banquier était d'un peu supérieure à 3 mois.
Deutsch Avricourt. - Dimanche
matin un jeune homme âgé de 20 ans, venant de France, se rendit
auprès du gendarme de service à Deutsch-Avricourt et lui annonça
que son avoir lui avait été volé au passage de la frontière. Le
gendarme, en visitant les papiers du jeune homme, apprit que ce
dernier avait été pendant assez longtemps professeur dans un
établissement dirigé par les jésuites. En dehors de plusieurs
certificats, il possédait encore un livret de caisse d'épargne
de 120 m. Les gestes désordonnés du malheureux jeune homme
indiquaient suffisamment qu'il ne jouissait pas de ses facultés
mentales. Il fut renvoyé au commissaire spécial de police d'Igney-Avricourt.
Dans l'après-dîner, le malheureux quitta la gare et grimpa sur
un peuplier sur la route de Blâmont, où il se mit à pérorer. Des
passants le prièrent de descendre, mais subitement l'infortuné
perdit l'équilibre et vint s'abattre sur le sol; il était mort.
Dans la journée de lundi, le frère du défunt, habitant !e pays
de Saverne, est arrivé pour réclamer le cadavre.
Nancy, 1er Avril, soir.
Il y a deux jours, la maison Isay, Bechmann, Zeller et Cie, à
Blamont, a reçu une lettre anonyme, non affranchie, portant sur
l'enveloppe deux cachets de la poste de Nancy et contenant la
menace suivante : « votre maison et vos magasins sauteront à la
dynamite le 1er avril prochain. Mort aux juifs ! - un
anarchiste. » Celle affaire se réduit probablement à une
mystification ; quoi qu'il en soit, les intéressés et les
autorités locales ont organisé un service de surveillance.
Quatre soldats noyés
Châlons-sur-Marne, 11 juin.
Quatre soldats de la 6e section d'ouvriers d'administration, en
garnison a Châlons, faisaient une partie de canot sur la Marne;
après s'être arrêtés quelque temps dans un cabaret de Sarre, les
passagers, un peu pris de boisson, s'étaient, embarqués et
dansaient ou gesticulaient dans leur embarcation. Soudain un des
militaires tomba à l'eau, faisant chavirer le canot ; ses
compagnons furent précipités à leur tour dans la Marne, où ils
disparurent.
Un témoin de l'accident, M. Fizen, garde-pêche, au lieu dit « Le
Radois », monta dans une barque pour leur porter secours, aidé
de plusieurs personnes ; mais ce ne fut que quelques heures plus
tard que l'on put retirer les cadavres de trois de ces
infortunés.
Les victimes de cet accident étaient les nommés Devot, âgé de
vingt-trois ans, né à Ancerviller (Meurthe-et-Moselle),
caporal-tailleur; Hiblot, âgé de vingt-trois ans, originaire de
Montmédy (Meuse), caporal-cordonnier; Réder, âgé de vingt-quatre
ans, soldat de 1re classe, né à Mangiennes (Meuse).
On ne connaît pas encore le nom de la quatrième victime, qui n'a
pas été retrouvé.
Etude de Me Triboulot,
notaire à Lunéville.
A VENDRE A L'AMIABLE
Usine dite le Moulin des Champs
Cette usine, située à Blamont (Meurthe-et-Moselle), sur la
rivière de Vezouze, à proximité de la gare de Blamont, comprend
:
1° Force motrice hydraulique d'environ 40 chevaux, force à
vapeur produite par un moteur neuf de 50 chevaux (type Corlif,
construction Berger-André), le tout dispose pour pouvoir être
doublé;
2° Bâtiment» Industriels, magasins, maison de direction, 20
logements d'employés et d'ouvriers, le tout en bon état;
3° 12 hectares environ de prés, terres, jardins et surfaces
bâties.
Pour tous renseignements, s'adresser à M. D. Hausen,
propriétaire à Blamont, ou à Me Triboulot, notaire à Lunéville.
MADAGASCAR
[...] Le général donne toujours des consultation» coloniales ou
commerciales à tous ceux qui ont recours à ses lumières. Il
vient d adresser à MM. X..d'Amiens, une lettre dont voici la
partie principale et didactique :
« Par votre lettre du 18 mars dernier, vous m'avez demandé de
vous fournir des renseignements au sujet de l'importation, dans
la colonie, d'un article « velours de coton » pour lequel vous
êtes désireux de trouver un nouveau débouché.
La population européenne ne semble pas assez nombreuse à
Madagascar, pour permettre à un fabricant de la Métropole d'y
importer, avec quelque chance de réussite, des velours en coton.
Le velours n'a donné lieu, jusqu'à ce jour, qu'à une vente tris
restreinte.
Il n'y a pas à songer, d'ailleurs, à écouler cet article dans la
population indigène de la cote, dont les goûts sont encore très
primitifs.
Au cas où vous tenteriez l'importation de votre article velours,
il serait bon, je crois, d'en faire l'envoi en pièces et d'y
joindre quelques vêtements de confection, qui pourraient
peut-être trouver acheteurs parmi les Européens habitant
Tananarive
(ils sont au nombre de 700, sans compter la troupe et les
fonctionnaires). »
Il parait que les imaginations d'Amiens ne sont pas seules à
être hantées par ces visions veloutées, car six jours après
cette lettre, qui est DU 13 de ce mois, notre Journal officiel
contenait l'avis suivant : « MM. les commerçants et colons sont
prévenus qu'une collection très variée d'échantillons de velours
de coton teints unis et teints imprimés de fabrication
française, provenant de la manufacture de MM. Isay, Bechmann,
Zeller et Cie, fabricants à Blamont (Meurthe-et-Moselle), est
exposée au musée commercial de Tananarive ouvert tous les jours,
de deux heures à quatre heures du soir). »
Les Vétérans
On télégraphie de Blamont qu'à l'occasion de la réception de son
drapeau, la 320e section des Vétérans a organisé une grande fête
patriotique avec le concours de la compagnie de sapeurs-pompiers
et de la Société de musique la Blamontaise. La ville était
entièrement pavoisée.
A une heure et demie, la fanfare et les membres du conseil de la
section sont allés recevoir à la gare les invités ainsi que les
délégués du conseil général de la Société, puis à deux heures et
demie il y a eu remise des titres et des insignes aux nouveaux
membres dans une salle de l'Hôtel de Ville. Le maire a prononcé
quelques paroles patriotiques et a souhaité la bienvenue aux
autorités du département.
La Blamontaise a exécuté quelques morceaux de son répertoire et
les élèves des écoles communales ont entonné des chants
patriotiques.
Alors, M. le commandant Schpeck, délégué du conseil général,
s'est avancé vers les vétérans massés sur la place et a remis le
drapeau au milieu de l'émotion générale.
Un cortège s'est formé immédiatement : la compagnie des
pompiers, les vétérans, puis les conscrits de la classe 1898
sont allés défiler devant le monument élevé à la mémoire des
soldats morts en 1870-71, puis, traversant la ville par la place
Carnot, les rues Traversière et du Château, sont venus
reconduire le drapeau à l'Hôtel de Ville, où il a été déposé.
CÉRÉMONIES PATRIOTIQUES
L'inauguration du monument élevé au cimetière de la ville de
Blamont (Meurthe-et-Moselle), en souvenir des enfants du canton
morts au champ d'honneur, a eu lieu ce matin, sous la présidence
d'honneur du général Marin.
A dix heures, un service solennel a été célébré à la cathédrale,
puis, après l'inauguration, un grand défilé des Sociétés
patriotiques et des vétérans a été effectué devant les autorités
civiles et militaires.
Un banquet a ensuite réuni, à l'hôtel de ville, vétérans et
invités.
DANS L'EST
Blamont, 16 septembre.
Pour cette cinquième journée des manœuvres, trois partis sont en
présence.
D'une part, la 22e brigade (général Michel) est cantonnée à
Balmont et doit se retirer vers Lunéville. Elle a pour mission
de retarder la marche d'une colonne-ennemie signalée à Cirey
(21e brigade, général Deckherr). Quant aux chasseurs à pied
(général Dalstein), ils forment un troisième parti qui doit,
ainsi que la 21e brigade, marcher dans la direction générale d'Ogeviller.
Ces deux directions de marche permettent de prévoir « a priori»
que, d'une part, la 21e brigade se heurtera, au sud de Blamont,
à la 22e et que les chasseurs à pied, ralliant au canon dès que
l'action sera engagée, viendra soutenir la brigade amie (la 21e)
et menacer le flanc droit de l'adversaire.
En somme, la retraite de la 22e brigade eùt pu se présenter dans
des conditions difficiles si le général Michel, prenant position
au sud de Blamont (de Blamont ou Barbas. et le bois Benal),
s'était proposé d'attendre sur ces très belles positions
l'attaque de la 21e.
Dans ces conditions, en effet, il eût été facile aux chasseurs à
pied de déborder le général Michel sur sa droite par Ancerviller
; puis, accentuant encore ce mouvement, de menacer complètement
sa ligne de retraite en se portant sur Domevre et Ogeviller.
Il est donc très intéressant de constater comment le général
Michel a manoeuvré.
Prenant position au sud de Blamont sur un front restreint (du
bois de Trion à la cote 345), il a placé sa réserve non pas sur
la rive droite de la Vesouze, mais sur la rive gauche.
Cette disposition initiale indiquait clairement que son
intention était de se retirer par la rive droite de la Vesouze
et c'est bien là ce qu'il fit, en effet.
Après avoir pendant quelque temps maintenu sur son front la 21e
brigade, le général Michel, dès qu'il fut avisé de l'approche
des chasseurs à pied, donna l'ordre de se replier sur Lunéville
par Verdenal. Il éludait ainsi toute difficulté, les ponts de la
Vesouze étant tenus par ses détachements.
Quant la brigade de chasseurs, c'est en pure perte assurément
qu'elle s'était redressée pour marcher au canon, puisqu'il n'y
avait entre elle et la Vesouze que des détachements de maigre
importance, bien qu'ils aient suffi à entraîner les chasseurs à
un complet déploiement (3 bataillons sur 4).
Après avoir-fait ainsi dans les terres labourées,
particulièrement dures, et en formation déployée, plusieurs
kilomètres, il ne restait plus au général Dalstein qu'à se
redresser dans la direction de Lunéville et à saisir, s'il était
possible, d'un des ponts de la Vesouze, opération aléatoire,
car, dans cette course au clocher sur Lunéville, la 22e brigade
tenait la corde et, de plus aussi, les hauteurs.
Un incident assez curieux est à signaler : Vers sept heures et
demie du matin, les trois brigades entendirent du canon vers le
nord. On eût pu croire un instant à l'existence d'un quatrième
parti.
C'était le canon allemand qui grondait, comme hier.
J'ai eu l'honneur de rencontrer, à Domevre, le directeur des
manœuvres, général de Cornulier-Lucinière, et de m'entretenir
assez longuement avec lui. Le vigoureux commandant de la 11e
division est enthousiasmé de ses troupes, et il y a de quoi.
Il a écourté les opérations d'aujourd'hui, en raison de la
chaleur et des grosses fatigues de la veille.
Ce fût une sorte de demi-repos. On se rattrapera demain !
Nos généreux financiers
L'ADMlNlSTRATION DE M.CAILLAUX
Une fraude de douane. - 400,000 francs d'indigo. - Transaction
bizarre.
On ne donne qu'aux riches.
Depuis quelques semaines, des bruits, très vagues d'ailleurs,
circulaient au Palais Bourbon et visaient l'administration des
finances. Plusieurs députés de la région du Rhône laissaient
entendre qu'une grosse fraude en matière de douane avait été
constatée et qu'en cette affaire les collaborateurs de M.
Caillaux n'avaient pas fait tout leur devoir.
Ces rumeurs viennent de prendre corps. Un de nos confrères,
réputé pour la violence, et parfois l'exagération de ses écrits,
a mis hier les points sur les i. Il accuse le comité des
transactions au ministère des finances d'avoir trahi les
intérêts du Trésor en faisant remise à une Compagnie allemande
pour la fabrication de l'indigo d'une condamnation au paiement
de 413,000 francs pour fausses déclarations aux douanes.
Le ministre des finances, responsable des actes de son
administration, mérite-t-il les reproches qui lui sont adressés?
C'est ce que nous avons recherché par une enquête approfondie,
tant auprès des accusateurs que des personnalités mises en
cause.
L'un des députés du Sud-Est nous a ainsi exposé les faits.
- L'article d'hier est absolument la vérité. Oui, il est exact
que depuis un certain nombre d'années la société allemande
Budische Anilin und Soda Fabrik, de Ludwigshafen, et qui a une
succursale dans le -Rhône, a bénéficié, grâce à l'incurie de
l'administration des douanes, d'une somme de 413,000 francs,
grâce au stratagème suivant :
Là Société déclarait.son indigo, extrait du goudron de houille,
dit « indigo synthétique » comme indigo naturel ayant passé par
les entrepôts d'Europe, et payait de ce fait un droit de 25
francs par 100 kilog. alors qu'elle aurait dû payer le droit
applicable aux dérivés du goudron de houille, soit 100 francs
par quintal.
Or, malgré un jugement régulier du juge de paix de Blamont,
malgré l'aveu complet des fabricants allemands, le comité de
transaction des finances a bénévolement décidé, qu'il ne
réclamerait aux délinquants qu'une amende de 2,750 francs,
abandonnant ainsi les 413,000 francs dont les roublards Teutons
avaient frustré le Trésor.
Remarquez que des concurrents français existent dans notre
région du Rhône et qu'ils sont à bon droit surpris, et écœurés
de voir de quelle façon l'administration des finances françaises
défend les contribuables et l'industrie nationale.
A cela, qu'allait répondre l'administration incriminée ? Nous
sommes en mesure d'énumérer ses arguments, tous ses arguments,
certain de n'être pas démenti par les bureaux des douanes ni par
le ministre des finances, ni par la Compagnie allemande :
- Oui, l'administration des douanes et le comité des
transactions ont été saisis des erreurs regrettables qui ont
donné lieu à de multiples expéditions.de la Société de
Ludwigshafen. Mais on ignorait complètement que les progrès de
la: science -avaient-permis à la fabrication allemande
d'extraire du goudron de houille un indigo semblable à celui de
provenance exotique. On se bornait donc sur la foi des
déclarations de l'expéditeur à appliquer, le tarif fixé pour les
indigos entreposés dans les pays d'Europe, c'est-à-dire 25
francs le quintal.
Ce n'est que récemment, sur un avis du ministère du commerce,
que l'administration des douanes fut prévenue. Aussitôt, elle
formula ses réclamations. Les expéditeurs firent valoir leur
bonne foi. « Notre indigo, ont-ils dit, est exactement
semblable, chimiquement, à l'indigo exotique. Nous n'avons donc
jamais pensé que nous fraudions » au détriment du Trésor
français.
Le comité des transactions a admis la bonne foi (!). Mais, s'il
n'a pas exigé le paiement de la valeur des marchandises
introduites en France, il a réclamé le paiement du droit de 100
francs le quintal sur lesdites marchandises, récupérant ainsi
une somme de 70,000 francs.
De son côté, la Compagnie allemande, heureuse de s'en tirer a si
bon compte, a acquiescé, sans même vouloir profiter de la
prescription acquise aux expéditions faites antérieurement aux
trois dernières années.
Nous enregistrons impartialement les explications qui-précèdent.
-De notre enquête, il résulte que l'administration des finances
a fait preuve d'une mansuétude extrême à l'égard de nos
concurrents de l'étranger, car, en droit, elle pouvait, sinon
confisquer les marchandises, pour la plupart livrées depuis
longtemps aux destinataires, du moins réclamer davantage que
l'amende dérisoire de 2,750 francs.
Peut-être M. Caillaux sera-t-il appelé à s'expliquer là-dessus
prochainement.
BAR-SUR-SEINE
Audience du 16 janvier 1902. - [...]
Baptiste Nicolas-Augustin dit Massacrot, âgé de 39 ans, né à
Autrepierre (Meurthe-et-Moselle), berger à Villiers-sous-Praslin,
a été condamne à 100 francs d'amende et aux dépens pour chasse à
l'aide de collets, engins prohibés.
LUNÉVILLE-BLAMONT
Un service public d'automobiles
Hier a été inauguré un nouveau service public par automobiles de
Lunéville à Blamont, soit 29 kilomètres.
Blamont est un gros bourg chef-lieu de canton qui se trouve sur
la Vezouse et qui compte environ 2,000 habitants.
Le chemin de fer n'y arrive que par un assez long détour vers
Igney-Avricourt, où l'on quitte la grande ligne de l'Est pour
prendre la ligne de Cirey.
Lunéville, est, on le sait, le siège de la grande usine
d'automobiles de Diétrich.
De là à l'établissement d'un service public par automobiles en
suivant la belle route qui longe le cours de la Vezouze, il n y
avait qu'un pas.
Il fut franchi hier.
C'est hier, en effet, qu'à été inaugure le service public
organisé par la Société de Diétrich.
On a pu voir l'un de ces omnibus au dernier Salon. Ce sont
quatre omnibus de 12 chevaux à 12 places pourvus-du moteur bien
connu de la maison. Les omnibus prennent avec bagages à main 12
voyageurs.
Le trajet se fait en une heure, ce qui est une jolie vitesse
moyenne.
Le prix du transport est de 9 centimes 1/2 par kilomètre pour
chaque voyageur, ce qui est le prix du voyageur de 1re classe
sur le chemin de fer. Le port des bagages varie, suivant leur
dimension, entre 0 fr. 25 et 1 franc.
Le service a été inauguré par un pied de neige, ce qui n'a pas
empêché l'omnibus de faire gaillardement le trajet.
Le maire de BIamont et tout le conseil municipal ont reçu les
premiers voyageurs et ont fait une chaude ovation à MM. le baron
de Diétrich et du Turckheim qui avaient tenu à accompagner leur
enfant.
G. P.
Contribuables, à vos poches I
Un certain nombre de contribuables ont déjà reçu leurs feuilles
de contribution, car le gouvernement manque de fonds - ce n'est
un secret pour personne - et il est pressé de remplir ses
caisses vides, surtout à la veille des élections.
Mais quelques-uns d'entre eux ont éprouvé une surprise
désagréable ; ils ont constaté que leur cote mobilière était
augmentée dans de fortes proportions.
Le Journal de Lunéville nous apprend que dans les divers cantons
de cet arrondissement, dans les arrondissements voisins, dans
les Vosges, dans tout l'Est enfin, c'est un tollé général contre
le gouvernement.
Ainsi, à Lunéville, l'augmentation de la cote mobilière est do
50 %, à Blamont de 49, à Bayon de 36, à Tinville de 42 Bref,
l'augmentation dans les villes supérieures à 1,000 habitants
atteint environ 50 %. Nous comprenons que les contribuables ce
cette région la trouvent mauvaise.
L'administration centrale allègue que cette augmentation est due
à la loi du 10 juillet 1901, qui a modifié l'ancienne
répartition de la contribution mobilière et que, si le
département de Meurthe-et-Moselle est augmenté de près de
150.000 francs, d'autres départements ont été dégrevés. Ce n'est
pas là une consolation pour ceux qui sont invités à payer.
Mais, ce qu'il y a surtout d'intéressant à constater dans cette
répartition, c'est la manière dont elle s'est opérée. Les
influences politiques n'y ont certainement pas été étrangères.
La preuve, c'est qu'en Meurthe-et-Moselle les arrondissements
sur lesquels porte exclusivement l'augmentation de la cote
mobilière ont tous des députés antiministériels. Au contraire,
le seul arrondissement dégrevé a un député ministériel, celui de
Toul.
Cette augmentation des impôts produit une vive irritation dans
toute la région de l'Est.
A Saint-Nicolas, l'administration municipale fait circuler une
réclamation que les contribuables couvrent de signatures. A
Charmes, la municipalité a mis un registre à la disposition des
nombreux protestataires. Il est probable que ce mouvement va se
généraliser, mais il n'est pas fait pour attirer les sympathies
des habitants au gouvernement.
Déjà, les populations de l'Est sont franchement hostiles au
ministère Dreyfus et aux députés qui forment sa majorité. Ces
procédés ne leur feront pas changer leur manière de voir.
Notre confrère de Lunéville, qui nous signale ces faits
instructifs, s'écrie : « Contribuables on vous vole. Sus aux
voleurs ! Montrez aux autocrates dreyfusards que vous n'êtes
point des serfs, mais des hommes libres. »
Nous doutons que les braves contribuables de l'Est obtiennent
satisfaction : ils ne sont pas assez ministériels et chacun sait
qu'avec le gouvernement que nous avons le malheur de posséder,
on n'obtient justice que si l'on montre patte rouge.
CINQUIEME SALON DE
L'AUTOMOBILE & DES SPORTS
LES AUTOMOBILES DE DIETRICH
Grande nef -Stands 4 et 12
Ce fut un étonnement, au printemps dernier, lorsqu'on vit
apparaître les nouvelles voitures de Diétrich, construites avec
la licence de brevets Turcat-Méry, les célèbres constructeurs
marseillais. Les voitures de Diétrich ont -eu une saison
merveilleuse. Tandis que dans la Caravane des poids lourds elles
obtenaient le premier prix et amenaient cinq véhicules, voitures
de livraison, camions, de Paris à Monte-Carlo, les véhicules, de
tourisme obtenaient un succès non moins vif.
La course de côte de Spà, courue sur la fameuse côte de Spa à
Malchamps, revenait à une voiture à 4 places, conduite par M. de
Brou et construite par les célèbres ateliers de Lunéville.
Le seul service public régulièrement organisé et fonctionnant à
la satisfaction de tous l'était par la maison de Diétrich, de
Lunéville, à Blamont.
Ces succès réitérés ont d'ailleurs une cause très simple : c'est
qu'il n'existe pas de véhicule plus pratique et plus robuste que
la voiture Diétrich à quatre cylindres verticaux, dont tout le
mécanisme moteur est disposé sur le châssis, de façon à être
accessible avec la plus grande facilité. Or, sur route, tous les
touristes le savent, c'est la complication des organes qui est,
on peut l'affirmer, « la mère des pannes et des ennuis ». Un
coup d'œil jeté sur l'ensemble de la voiture de Diétrich permet
de constater que, de tous les véhicules à moteur, il est certes
celui qui se prête le moins facilement aux désagréments de ce
genre. C'est par excellence la voiture automobile commerciale,
industrielle, faite pour le grand tourisme, les services
publics, les voyages, en un mot faite pour « servir », et non
pour être un objet de grand luxe, aussi coûteux d'achat que
d'entretien. Les grands constructeurs de Lunéville ont mis un
soin tout particulier à parachever les divers modèles qu'ils
exposent dans les deux vastes stands qu'ils ont au Salon du
Grand Palais. Voitures de commerce ou voitures particulières
sont également finies, munies de pneumatiques de premier choix,
des Michelin dernier modèle, et habillées par les plus grands
carrossiers. Aussi peut-on dire que cette année, parmi les
grandes marques, la marque de Diétrich se place au tout premier
rang.
Automobile incendié. -
L'automobile postale, qui fait le service de Lunéville à Blamont
et Cirey, a été détruite en cours de route par un incendie
attribué à la rupture d'un tuyau d'alimentation des brûleurs.
Les chauffeurs ont pu sauver les dépêches.
Triste accident de cheval
Mort du lieutenant de Poncheville
Lunéville, 26 juillet. Le lieutenant de Poncheville, du 8e
dragons, qui fit une chute de cheval dans la course au clocher
donnée par les officiers de Lunéville, dans la plaine de
Hériménil, jeudi, vient de mourir.
Il était marié depuis le mois de mai dernier Mlle Mathis de
Grandseille. La douleur de la jeune femme, qui fut témoin de
l'accident, est poignante.
Le lieutenant de Poncheville avait, parait-il, fait une chute
dans la première course, et il avait voulu remonter quand même à
cheval, malgré les avis de ses camarades.
EN SEPTIÈMES NOCES
Un ancien conseiller municipal de Blamont (Meurthe-et-Moselle),
âgé de cent un ans, va contracter son septième mariage dans
cette commune.
Il épouse une demoiselle âgée de soixante ans.
Telle est la nouvelle que l'on pouvait lire dans le Journal des
Débats, il y a juste aujourd'hui un siècle, le 10 avril 1804.
Ce citoyen s'appelait Dominique Mathieu. Son nom ne méritait-il
point de passer à la postérité ?
LES AUTOS DES ROTHSCHILD
On nous écrit de Blamont :
Ces puissants personnages ont le don d'ubiquité. On les trouve
partout.
A Ferrières, une automobile d'un Rothschild causait, hier, un
accident grave.
La veille, à Blamont (Meurthe-et-Moselle), l'automobile de M.
Henri de Rothschild, conduite par le chauffeur Lecomte, lancée à
toute vitesse, culbutait le chariot du brasseur Baumgarten et
blessait l'un des chevaux.
L'automobile brisée, restée dans le fossé, servira de gage pour
l'indemnité justement réclamée par Baumgarten.
BAR-SUR-SEINE
Correctionnelle - Audience du 16 mai 1907
Baptiste Nicolas-Augustin, âgé de quarante-quatre ans, né à
Autrepierre (Meurthe-et-Moselle), manouvrier, né et demeurant à
Villiers-sous-Praslin, prévenu d'outrage public à la pudeur et
de violences envers son enfant mineure, a été acquitté.
L'Automobile de la Mort
(DÉPÊCHE DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lunéville, 30 octobre.
Un terrible accident s'est produit cette nuit sur la route
nationale de Blamont à Herbéviller.
M. Piard, négociant en vins à Châlons-sur-Marne, que ses
affaires appellent fréquemment dans la région avait quitté
Lunéville vers onze heures du soir, en automobile. Après
Herbéviller, il se jeta sur une voiture attelée de deux chevaux,
conduite par M. Eugène Simonet demeurant à Ogeviller. La flèche
du véhicule pénétra dans la poitrine du malheureux négociant qui
fut tué sur le coup. Son chauffeur n'eut aucune blessure.
La première enquête semble établir que l'automobile était munie
de lanternes. La voiture de M. Simonet, au contraire, n'était
pas éclairée.
II y a deux mois, la voiture de M. Piard pénétrait dans la
devanture d'un magasin de Lunéville. Quelques jours après, son
automobile prenait feu aux environs de Manonviller.
NANCY -Un accident
d'automobile s'est produit entre Blâmont et Herbéviller. M.
Piard, négociant en vins à Châlons-sur-Marne, avait quitté
Lunéville à onze heures, quand, près d'Herbéviller, il se jeta
sur une voiture conduite par M. Simonet, commerçant à Ogéviller.
La flèche pénétra dans la poitrine du malheureux négociant qui
fut tué sur le coup. La famille de M. Piard a été prévenue.
Ouvriers agricoles polonais
en Fiance
Une réunion peu banale vient de se tenir à Nancy ; nous en
trouvons le compte rendu dans le Bon cultivateur, organe de la
Société centrale d'agriculture de Meurthe-et-Moselle et des
Syndicats agricoles de la région.
L'assemblée, fort nombreuse, et présidée par M. Papelier, ancien
député, a entendu un député de la Pologne autrichienne, M.
Skolytzwesky, exposer les moyens d'employer les ouvriers
polonais en remplacement de la main-d'œuvre française qui
disparait de plus en plus de nos campagnes. Le fait est gros de
conséquences et mérite d'attirer l'attention des ruraux.
Du reste, l'essai a déjà été tenté dans la région.
M. Krug, fabricant de choucroute à Nancy en emploie depuis huit
ans pour les besoins de l'exploitation agricole qu'il a
organisée près de sa fabrique de choucroute d'Emberménil.
Les frais de voyage, par l'Allemagne qui accorde des tarifs
spéciaux, lui ont coûté de 28 à 30 francs par ouvrier. Il
déclare que les paysans polonais sont de braves gens, honnêtes,
et d'un caractère très doux. Il a reconnu également chez eux
beaucoup d'intelligence et de propreté. Les prix qu'il accorde à
ces ouvriers sont de 2 fr. 50 pour les hommes, 2 fr pour les
jeunes gens et 1 fr. 50 pour les femmes ; il leur donne de plus
le logement et un salaire en nature consistant en pommes de
terre et lard.
M. Duchamp, agriculteur à Blâmont, emploie également, depuis
trois ans, des Galiciens pour les travaux de son exploitation. A
part quelques rares exceptions, il déclare que ces ouvriers sont
très stables et qu'il n'a rien à leur reprocher au point de vue
de la probité. Il tient aussi à signaler leur intelligence et
leur douceur de caractère.
La question du langage ne peut être un obstacle dit M.
Skolytzewski, car les importants convois envoyés en Allemagne,
en Suède et en Danemark ne sont une preuve. Le Galicien ne parle
pas l'allemand et cependant il s'assimile facilement cette
langue ainsi que le suédois et le danois, il est à supposer
qu'il en ferait tout autant du français. Dès leur jeune âge les
Polonais sont initiés aux travaux des champs, les jeunes gens et
les femmes savent tous traire les vaches.
Le salaire annuel serait de 400 francs pour les hommes adultes ;
pour les jeunes gens de moins de 18 ans il serait de 300 à 400
francs suivant leur vigueur et leurs aptitudes et enfin pour les
femmes adultes le salaire serait de 300 francs par an. Ces prix
comportant en plus, naturellement, la nourriture habituelle des
femmes,-à la table des ouvriers ruraux, et le logement.
D'autres observations sont encore présentées. Un auditeur
demande quel serait le meilleur moyen de retenir ces ouvriers
dans les exploitations agricoles. « C'est en employant la
douceur et en leur montrant beaucoup de sympathie, marques
auxquelles ils sont très sensibles », lui répond M. Skolytzewski.
Comme conclusion, il a été décidé que la Société centrale
d'agriculture de Meurthe-et-Moselle centralisera toutes les
demandes des agriculteurs pour les transmettre en bloc au Comité
d'émigration de Galicie.
Les intéressés devront donc adresser sous forme de lettre, leurs
demandes à cette Société, 24, rue de Strasbourg, à Nancy, en
indiquant leur nom, prénoms, domicile et bureau de poste gare
d'arrivée. Ils donneront également des explications sur le genre
de travail qu'ils désirent des ouvriers polonais, sur la durée
des services que devra comporter le contrat, sur le nombre et
l'âge des ouvriers qu'ils désirent. Ils indiqueront autant que
possible le salaire qu'ils peuvent offrir en indiquant s'ils
nourriront les ouvriers comme on le fait pour les domestiques de
culture indigènes.
Certes, on accueillera avec sympathie ces familles polonaises,
que tant de liens du cœur unissent à la France. On se plaît à
rappeler que la France et la Pologne sont deux nations sœurs,
sœurs par la même foi catholique et aussi par le malheur.
Ce qu'il y a de nouveau, de bizarre, c'est que la France n'ait
plus assez d'enfants pour cultiver son sol. Faute de Français,
mille fois mieux des Polonais que des Chinois ou des Prussiens !
Concours de gymnastique de
Blâmont du 13 août.
Contrairement aux instructions données jusqu'ici et seulement
pour le cas spécial du Concours de gymnastique de Blâmont, les
commandants de compagnie sont autorisés à porter sur leur
situation rapport, sans lettre spéciale des intéressés, les
demandes des militaires sous leurs ordres désireux de participer
à ce concours, le Colonel étant délégué pour statuer.
Qu'est donc ce concours de gymnastique de Blâmont en faveur
duquel les soldats sont invités à négliger les instructions
données six jours auparavant par le commandant du corps d'armée
?
C'est un concours de gymnastique organisé par les Amicales
laïques du département. Alors tout change. Les soldats qui,
quinze jours auparavant, ne pouvaient pas, sans risquer trente
jours de prison, converser amicalement avec des gymnastes
catholiques, sont cette fois invités à participer effectivement
au concours. On fait mieux. Pour être sûr d'avoir le nombre de
soldats désiré par les organisateurs du concours, l'autorité
militaire dispense les soldats de demander par lettre spéciale
l'autorisation réglementaire. Ainsi s'expliquent ces mots : «
sans lettre spéciale des intéressés », qui figurent dans
l'extrait du rapport que nous donnons plus haut.
Par là est percée une fois de plus à jour l'hypocrisie jacobine.
Le commandant Driant a bien raison de saisir cette occasion de
demander au gouvernement et au Parlement ce que devient
l'égalité devant la loi et devant les règlements militaires dans
des scandales de ce genre.
Nous verrons si les radicaux du gouvernement et de la Chambre
auront le cynisme de lui répondre : « Il en est suivant notre
bon plaisir. »
Nos chefs militaire sous
l'oppression de la politique
La fête de la Fédération, des patronages de Nancy a eu un
épilogue pour le moins singulier. Un soldat de la garnison, en
voyant passer, dans un groupe du cortège, un jeune homme de son
pays, s'approche de lui, pour lui serrer la main, puis rentre
dans la foule. Mais les affiliés de la libre pensée veillaient.
Le préfet de Meurthe-et-Moselle demande aussitôt qu'un pareil
scandale soit réprimé, et réclame pour ce soldat, trop
affectueux pour les chrétiens de son village, une punition
exemplaire.
L'autorité militaire, docilement, s'incline devant injonction
préfectorale, et le soldat est puni de trente jours de prison,
comme s'il avait commis un acte d'indiscipline des plus graves.
Ce fait divers a produit à Nancy une émotion pénible,-dont le
remous a gagné toute la presse.
Le général Langlois en a pris texte pour faire, dans le Temps du
7 août, sous la rubrique : les « Sociétés de préparation
militaire et la politique», une note excellente. J'y ai
vainement cherché, cependant, ce que je croyais y trouver,
l'étonnement attristé du grand chef qu'il a été, devant la
docilité de l'autorité militaire à obéir aux injonctions d'un
préfet. Si ce soldat est iniquement puni, ce n'est point par le
préfet, c'est par l'autorité militaire. Et le devoir de cette
autorité était de se soucier d'être juste, plutôt qu'agréable à
la colère du pouvoir civil. Celui-ci est tout-puissant,
dispensateur patenté de toutes les récompenses ; mais ce
privilège exorbitant est une mauvaise excuse, à qui en peut
pâtir, de ne pas faire son devoir. Or, le premier devoir d'un
chef est d'accorder à tous une légale justice.
La même autorité qui, le 13 octobre dernier, reculait de deux
jours -la convocation des réservistes israélites, pour leur
permettre d'assister, dans leur famille, à une grande fête
religieuse, puis qui, récemment, inflige trente jours de prison
à un soldat coupable d'avoir, au passage, parlé à un catholique,
; n'a pas appliqué à ces deux actes successifs le même poids et
la même mesure.
Certes oui, il ne faut pas mêler la politique aux manifestations
qui doivent être uniquement patriotiques ; mais, du parti
libéral et du parti sectaire, quel est celui qui fait de la
politique et qui en infeste tous ses actes, même l'avancement
dans l'armée ?
Si le général Langlois n'avait pas été empêché, par sa santé, de
s'asseoir, comme il en avait annoncé l'intention, là côté des
quatre évêques, pour assister à cette fête uniquement française,
il aurait été frappé, comme moi, des sentiments uniquement
patriotiques qui animaient les chefs, les organisateurs et les
fédérés.
Est-on moins Français et moins patriote parce qu'on croit en
Dieu, et faut-il, pour être patriote, crier : « Vive-la secte ! »
et « A bas Jehanne d'Arc ! »
Faisait-il de la politique, le pauvre troupier qui a-serré la
main de son pays ? En faisaient-ils aussi, les prêtres
directeurs des patronages, qui se découvraient aux accents de la
Marseillaise ? Et pensaient-ils à en faire, les neuf milles
patriotes qui ont terminé la grandiose parade de ces sociétés
par le cri, paraît-il séditieux, de : « Vive la France » ?
N'est-ce point, au contraire, ce préfet implacable qui, en
demandant une punition monstrueuse pour un geste naturel et
touchant, ne trouve en son cœur, au lieu de la sereine
impartialité du pouvoir, que la haine d'un sectaire ? Et
n'est-ce point plutôt de l'autre côté des barricades qu'il faut
prêcher l'union des cœurs, que dans notre camp ?
La gravité de l'heure commandait impérieusement d'oublier la
politique et de ne penser qu'à la France, au gouvernement qui
avait à choisir le meilleur de nos chefs pour l'élever au
commandement des armées. Tous les actes du pouvoir, à tous les
échelons de sa hiérarchie, ne sont que des manifestations de
politique étroite et jalouse. Qu'un ministre de la guerre salue
le drapeau rouge, d'une bande de grévistes, qu'un Chef de
gouvernement promène un président de la République au milieu
d'une manifestation révolutionnaire et lui fasse, devant son
cortège, incliner un chapeau auquel le geste n'a pas porté
bonheur, on leur élèvera des statues !
Mais qu'un soldat naïf serre une main catholique, et aussitôt on
le jettera, en prison comme un malfaiteur.
La fête des patronages de Nancy ne méritait pas cet excès de
courroux:
Les prêtres et les évêques ont le droit d'être Français et
patriotes ; et leur présence dans une fête patriotique ne la
change pas en cérémonie cléricale. Si je crie d'abord : « Vive
Dieu ! » je n'en crie que plus fort ensuite : « Vive, la France
! »
La haine est -chez les persécuteurs et les oppresseurs de toutes
nos croyances et de toutes les libertés, alors que notre
religion, à nous catholiques, est toute de charité et d'amour.
Mais voici que ce qui, à travers la presse, est devenu
l'incident de Nancy, offre à notre étonnement une contre partie
dont l'inopportunité semble une gageure contre la justice et le
bon sens. Des fêtes viennent de se donner le 13 août-à Blamont à
l'occasion de l''inauguration d'un petit chemin de fer d'intérêt
local de Lunéville à Blamont et Badonviller. La partie
essentielle de ces fêtes officielles et républicaines était
l'organisation d'un concours de gymnastique des associations de
la région. C'était la réponse laïque - et combien obligatoire !
- à la grande manifestation catholique à Nancy des patronages de
France. Blamont. ville juive, est une des citadelles lorraines
du bloc gouvernemental. Comme les effectifs de ces amicales
étaient un peu grêles, il a paru-au gouvernement nécessaire de
les renforcer par des éléments d'emprunt.
L'armée.de la France n'est-elle pas la servante des loges ?
n'a-t-elle pas pour principale mission, non de se préparer pour
une guerre dont ses ministres éloignent la troublante pensée,
mais d'apporter l'appoint de sa sécurité aux fauteurs de
révoltes, ou le concours de ses phalanges aux parades
républicaines ?
Les bataillons voisins sont, depuis, quelques semaines à peine,
de retour d'une campagne de grèves de plus de trois mois, où
leur occupation essentielle a été de regarder lés incendies,
allumés par des mains sacrées, et de fournir des factionnaires
aux organisateurs de troubles et aux chefs d'émeute, que le
gouvernement couvre de son égide tutélaire.
L'occasion est donc favorable d'avoir recours à la troupe, pour
ajouter à la pompe des fêtes de Blamont.
Alors, on voit la même autorité militaire, qui vient d'être
injustement sévère pour un soldat catholique, écouter, avec
complaisance les injonctions préfectorales, ou peut-être même
obéir à un ordre ministériel exorbitant, dans le but d'assurer à
ces manifestations laïques un concours obligatoire.
Tous les journaux lorrains ont reproduit cette note, adressée,
le 8 août 1911, par le général commandant le 20e corps aux deux
divisions de Toul et de Nancy :
« Après entente avec l'autorité administrative et pour le cas
tout particulier du concours de gymnastique de Blâmont, qui aura
lieu le 13 août courant sous la présidence de deux membres du
gouvernement, le général commandant le C.A. autorise les chefs
de corps et de service Qui seraient saisis de demandes de
militaires sous leurs ordres pour participer à ce concours, à
donner les autorisations sollicitées sans consultation préalable
de l'autorité administrative.
» Prière de vouloir bien porter d'urgence cette disposition à la
connaissance des chefs de corps et de service et de les inviter
à assurer l'exécution »
(D.A., 10 août 1911.)
Ainsi, par ordre, on vide les casernes, on bat le rappel pour,
sur les injonctions des loges, envoyer les soldats de la France
prendre part à une représentation dont le patriotisme colore mal
le caractère uniquement politique.
II y a dans ces deux attitudes successives de l'autorité
militaire une opposition dont l'absence de mesure est bien faite
pour nous attrister. Que cette autorité ait été obéissante à un
ordre supérieur, ou docile à une requête préfectorale, elle
avait le droit et même le devoir de protester dans le second
cas, et dans le premier de faire entendre des remontrances
justifiées. Mais il semble que l'obéissance militaire, qui,
autrefois, était empreinte de dignité et animée du sentiment
d'un noble devoir, soit devenue sourde, muette et aveugle, telle
l'obéissance maçonnique, dont elle parait n'être qu'un reflet.
Quand on pense que les chefs qui arrivent à en agir ainsi, sous
la pression du pouvoir civil, -sont les premiers parmi les
meilleurs, on reste inquiet devant les ravages que de pareilles,
pratiqués politiques produisent dans la mentalité du haut
commandement, en déprimant les caractères humiliant les dignités
et détruisant avec toutes les grandeurs morales tous les
respects. Telle est l'œuvré des loges. Je doute qu'elles en
soient fières longtemps.
GENERAL CHERFILS.
OBSEQUES D'UN HEROS DU MAROC
Nancy, 14 septembre.
A Frémonville, près de Blamont, ont eu lieu aujourd'hui, au
milieu d'une assistance considérable, les obsèques du capitaine
Desfrères, du Ier tirailleurs, tué au Maroc.
Mme Desfrères mère et le cousin du défunt conduisaient le deuil.
Le capitaine Desfrères était âgé de 42ans et chevalier de la
Légion d'honneur.
NANCY. - [...] - La Cour
d'appel de Nancy a élevé à 6 mois la peine de 3 mois
d'emprisonnement qui avait été infligée par le tribunal
correctionnel de Lunéville au nommé Lorentz, âgé de vingt-trois
ans, arrêté à Blâmont pour infraction â un arrêté d'expulsion.
Lorentz, qui a accueilli cette aggravation de peine par une
injure â l'adresse de la Cour, a été condamné à 3 uns de prison,
non compris, la peine précédente.
Nécrologie
Le général de brigade Emile Marin, du cadre de réserve, est mort
hier à l hôpital militaire de Nice.
Né à Blamont, près de Lunéville, le 26 mars 1836, il passa par
Saint-Cyr et Saumur ; en 1870, il fit la campagne contre
l'Allemagne comme capitaine de dragons et combattit à Forbach et
à Rezonville. Chef d'escadrons en 1875, lieutenant-colonel en
1881 et colonel quatre ans plus tard, il commanda le 6e hussards
à Bordeaux. Le 11 juillet 1891 il reçut les deux étoiles et
commanda la brigade de cavalerie du 3° corps, à Evreux.
Leurs crimes
Les journaux de l'Est continuent de nous apporter les détails
des atrocités commises dans la région par les Allemands.
Voici, d'après l'Est républicain, ce qui s'est passé à
Amenoncourt (Meurthe-et-Moselle) :
Dans la nuit de jeudi à vendredi, après s'être glissé comme des
bandits dans les rues, ils incendiaient trois maisons, et
jetaient dans les flammes M. Eugène Thouvenin, coupable d'avoir
abrité dans son écurie deux chevaux de dragons français.
Les soldats allemands, baïonnette au canon, avaient pénétré dans
toutes les maisons, avaient tout pillé, tout détruit. Ils
tuaient sans pitié les pauvres gens qui élevaient la moindre
protestation.
Affamés, Ils se jetaient sur les vivres, dévoraient tout avec
une gloutonnerie répugnante.
[...]
M. Mirman, préfet de Meurthe-et-Moselle, s'est rendu dans les
communes pillées et brûlées par les Allemands.
Il a d'abord visité : à Badonviller, les tombes de Mme Benoit,
femme du maire, de Mme George et de son mari, fusillés avec une
atroce cruauté ; à Bréménil, celle de Mme Barbier, brûlée dans
sa maison avec son fils ; à Blamont, celle de Mlle Cuny, tuée
dans les champs.
Après avoir, dans une émouvante allocution, rappelé ces horreurs
et d'autres encore, le préfet a conclu :
-« Le spectacle de ces ruines fumantes m'impose un devoir :
habitants de Badonviller et des communes éprouvées de Lorraine,
je prends devant vous un double et solennel engagement : d'abord
vos maisons vous seront rendues, reconstruites aux frais du
pillard et de l'incendiaire ; puis vos églises seront
restaurées, et si elles doivent l'être par souscription
publique, je prends l'engagement, au nom de ma race dont je
connais bien l'âme, qu'à cette souscription pas un Français ne
manquera, catholique ou libre penseur, protestant ou Israélite,
puisque tous aujourd'hui forment contre le barbare comme un bloc
de ciment armé. »
A Nonhigny, où M. Mirman s'est également rendu, quarante-cinq
maisons sur soixante et l'église sont en ruines et quatre hommes
ont été assassinés ; à Barbas, deux hommes tués, des maisons
pillées, cinq otages emmenés ; trois maisons brûlées à Xousse,
trente à Vaucourt, etc.
BAR-SUR-AUBE
Tribunal correctionnel
Audience du 20 juin 1917
Baptiste Nicolas-Augustin, dit Massacro, 64 ans, né à
Autrepierre (Meurthe-et-Moselle), berger, demeurant à Magnant,
déclaré coupable de violation de domicile chez les époux Gobin
et de violences volontaires d'une nature toute spéciale en vers
la jeune Pettinelli Suzanne, domestique des époux Gobin, a été
condamné à 3 mois d'emprisonnement. (Sursis à exécution).
AMERICANS WIPE OUT SMALL
BOCHE POST IN JIG TIME
Patrol Goes Into German Lines And Returns Without A Scratch
The semi-official French commentary on the communique says :
Our communique of May 5 related that a patrol action on the
Lorraine front had resulted in our taking some prisoners. Let us
make it clear at the start that it concerned the hamlet of
Ancerviller, which is situated within the German Lines, and not
the village of Ancerviller, belongs to us and into which the
enemy does not risk sending patrols.
Our American allies are showing upon the front occupied by them
in this region, unrelenting activity and magnificent audacity.
On May 5 at three o'clock in the morning without the least
artillery preparation three of their patrols set out from the
village of Ancerviller and while two of them placéd themselves
in a flanking position, the third, composed of eight men,
accomplished a skillful turning movement and penetrated into the
hamlet of Ancerviller by the rear. The hamlet was occupied by a
small German post.
Not a single shot was fired by the Americans who threw
themselves forward as one man upon the Germans. The struggle was
sharp and desperate. The Americans struck with so much force
that the butts . of the rifles with which the Germans tried to
defend themselves were cut to pieces.
Two Germans were killed and the corporal of the group was badly
wounded. The Americans brought him back to their trenches with
the three other men who made up the little post.
On their return the Americans showed with pride the German
rifles which they were carrying. Not one of the Americans
received the slightest injury during the action.
EN LORRAINE
Un coup de main américain
Notre communiqué du 5 mai a relaté que sur le front de Lorraine,
une rencontre de « patrouilles dans Angerviler nous avait permis
de ramener des prisonniers.
Disons tout d'abord qu'il s'agit du hameau d'Ancerviller, qui se
trouve dans les lignes allemandes, et non du village d'Ancerviller
qui, lui, est à nous et dans lequel l'ennemi ne se hasarde pas à
venir patrouiller.
Nos alliés américains font montre, sur le front occupé par eux
dans cette région, d'une activité jamais ralentie et d'une
audace magnifique.
Le 5 mai, à trois heures du matin, sans la moindre préparation
d'artillerie, trois de leurs patrouilles partaient d'Ancerviller-village
pendant que les deux premières s'établissaient en flanquements à
droite et à gauche, la troisième, composée de huit hommes,
accomplissait un habile mouvement tournant, pénétrait par
derrière dans le hameau d'Ancerviller, où se trouvait un petit
poste allemand.
Pas un seul coup de fusil ne fut tiré par la patrouille
américaine qui se précipita aussitôt, d'un seul élan, sur les
Allemands.
La lutte fut âpre et farouche.
Les Américains frappèrent avec tant de violence que les crosses
des fusils dont l'ennemi voulut se servir pour se défendre
furent largement entaillées par les lames.
Deux Allemands furent tués. Le caporal chef de groupe fut
grièvement blessé.
Les Américains le ramenèrent dans leurs tranchées avec les trois
autres hommes composant le petit poste.
Au retour, ils montraient avec fierté les armes allemandes
rapportées.
Aucun d'entre eux n'avait reçu la moindre blessure pendant
l'action.
SUR LE FRONT
Les as américains coopèrent à l'offensive aérienne
L'aviation américaine, si cruellement frappée par la mort du
major Lulbery, l'as aux dix-huit avions, et par la disparition
du lieutenant Chapinau, dont l'appareil tombait en feu, le 3
mai, dans la région d'Autrepierre, a de graves inquiétudes sur
le sort du lieutenant Baer. Le jeune champion, qui avait
remporté sept victoires en deux mois, n'est pas revenu d'une
patrouille.
Le village d'Ancerviller fête
sa complète reconstitution.
Nancy, 21 octobre.
Le village d'Ancerviller, détruit en 1914, vient de fêter sa
complète reconstitution. Tous les immeubles sont relevés ou
réparés. Les rues qui sont propres et nettes, étaient, ornées de
sapins et guirlandes, de drapeaux, d'oriflammes et arcs « le
triomphe. La population compte 554 habitants au lieu de 512 en
1914 Le général Benet a remis la croix de guerre à la commune.
M. Duponteyl, préfet et M. Michel. sénateur. M. Mazerand.
député. M. Colin, maire, et l'abbé Fiel ont glorifié en des
discours l'énergie et la ténacité de la population qui a
triomphé des ruines.
Les cérémonies dans les
départements [...]
A Nancy, au cours d'une revue, furent distribuées diverses
décorations dont une croix de chevalier et une médaille
militaire à titre posthume, qui furent remises â une vaillante
Lorraine, Mme veuve Denis, mère de treize enfants, dont les deux
aînés sont tombés à l'ennemi. Mme Denis est, elle-même titulaire
de la médaille de la reconnaissance pour avoir, étant chez elle
à Ancerviller, pays envahi, caché pendant quatre jours deux
soldats français.
AUX MARCHES DE LORRAINE
Comment cent sept églises ressuscitèrent
En une nuit de l'année 1921, un prêtre de Nancy méditait
longuement. L'obsession des églises détruites le hantait. Il
constatait qu'en leurs villages rapidement rebâtis les
populations revenaient ; n'avait-il pas lui-même été l'un des
reconstructeurs ?
L'abbé Thouvenin - tel était son nom - écoutant l'appel d'un
ministre qui avait nom Albert Lebrun, avait su grouper, en une
union départementale pour la reconstruction des immeubles, deux
cent dix coopératives avec plus de douze mille adhérents,
représentant neuf cent millions d'intérêts engagés ; et dans son
petit bureau de la rue Déglin, devenu le centre de rénovation de
toute une région, il avait vu survenir, un jour, deux
fonctionnaires du département du Nord, envoyés en mission par le
ministère, en vue d'étudier, pour s'en inspirer à Lille, ce qu'à
Nancy l'on avait accompli.
Mais ces premiers succès, qui ramenaient la confiance au cœur
des populations hier déracinées, ne faisaient qu'aviver, en
cette âme sacerdotale, une impatience chaque jour plus aiguë.
Ils avaient l'applaudissement du préfet, et du ministre, et des
ruraux : l'abbé Thouvenin, seul, n'était pas content... Content,
il ne le serait que lorsqu'il aurait trouvé le moyen de rendre
une âme à chacun des villages qui renaissaient, en aidant un
clocher à y pointer... Et le livre des méditations qu'il avait à
son chevet, en cette nuit qui devait être féconde, n'était autre
que La Grande pitié des églises de France, de Maurice Barrés. Il
lui plaisait d'y écouter la voix même du sol, aspirant à
retrouver Dieu.
Alors, sautant sur sa plume, il rédigeait l'appel en faveur de
l'emprunt que venait d'autoriser M. Loucheur, ministre des
régions libérées, pour la reconstruction des églises du diocèse
de Nancy. « La Coopérative des églises, expliquait-il, demande
au public les quinze millions nécessaires pour reconstruire le
gros œuvre des édifices du culte... Beaucoup de fidèles ont
pleuré sur leur église en ruinés et se sont promis de tout faire
pour la relever. Les chrétiens, même peu pratiquants, demandent
la reconstruction de l'église, témoin de leurs joies et de
leurs, deuils. Tous veulent que se relève l'église qui proclame
et transmet de générations en générations les notions d'honneur,
de justice, de bonté, de charité, qui caractérisent la France
chrétienne. »
Pour consacrer en terre lorraine le premier sanctuaire réédifié,
l'abbé Thouvenin faisait venir, de Paris, le nonce apostolique
et il commentait : « Le représentant du pape en France,
consacrant une nouvelle église construite avec l'argent de la
France, à la place d'une église détruite par les faits de
guerre, l'évêque de Nancy disant à l'ambassadeur du Saint-Siège
tout le concours apporté par le gouvernement français et ses
représentants dans la reconstruction des églises, le nonce
rapportant au chef dé l'Eglise catholique que la France, en
s'imposant de très lourds sacrifices, relève les temples de Dieu
aussi bien que les mairies et les écoles, les usines et les
maisons de commerce, les fermes et les habitations
particulières, voilà des gestes et des paroles capables
d'impressionner tous les bons Français, tous les étrangers
sincères, et de détruire les préjugés et les erreurs engendrés
par la propagande de nos anciens ennemis. »
Un jour s'élevait, sur la place publique d'Ancerviller, la voix
du préfet de Meurthe-et-Moselle : « Quand un bâtiment est
terminé, disait-il aux habitants, on place au faite un bouquet.
Eh bien, à la reconstruction de votre village, nous allons
mettre le bouquet en posant la première pierre de son église. »
Et ces propos préfectoraux faisaient à l'abbé Thouvenin plus de
plaisir que ne lui eût fait une décoration.
A l'écart des agglomérations humaines, deux chapelles sortaient
du sol : elles étaient comme des vigies, veillant sur des
déserts. L'une occupait l'emplacement de Regnéville, l'autre
celui de Reménauville, deux communes qui n'étaient pas destinées
à renaître, leur sol ayant été trop saccagé par les obus et les
travaux souterrains. Mais là où ces villages avaient vécu, là où
ils étaient morts, ces chapelles commémoratives protégeaient
contre l'oubli les alluvions humaines qu'une guerre
scientifique, en bouleversant les cimetières, était venue
déranger dans leur éternel repos. Au delà du diocèse, l'abbé
Thouvenin, fit école : à Douaumont, à Fleury, ces villages
proches de Verdun - disparus de notre sol, mais non point
disparus de l'histoire - des chapelles aussi surgissaient, comme
pour maintenir, à l'arrière-garde des vies humaines, un peu de
vie divine.
Le prêtre qui réalisa ces merveilles mourait il y a quelques
mois : un de ses collaborateurs et confrères de Nancy, le
chanoine Paul Fiel, vient de dessiner en une plaquette un
raccourci de cette prodigieuse activité. Cent sept églises
relevées, au prix total de cinquante-quatre millions, tel en est
le bilan. Ce fut en incarnant la collaboration constante entre
l'Eglise et les pouvoirs publics, et en exploitant par son
esprit d'initiative toutes les possibilités offertes par les
lois, que Mgr Thouvenin - prélat du pape depuis 1927 - put faire
succéder à Une « grande pitié » les débuts d'une grande
allégresse, l'allégresse des Angélus, qui de nouveau scandaient
les matins, les midi et les crépuscules des villages
ressuscités.
Georges Goyau,
de l'Académie française.
Considérant qu'à la suite de
la démission du maire il n'a pas été possible de constituer dans
la commune d'Amenoncourt (Meurthe-et-Moselle) une municipalité
apte à gérer, de façon satisfaisante, à es affaires communales,
Arrête :
Art. 1er. - Le conseil municipal de la commune d'Amenoncourt
(Meurthe-et-Moselle) est dissous.
Art. 2. - Il est institué dans la commune d'Amenoncourt
(Meurthe-et-Moselle) une délégation spéciale habilitée à prendre
les mêmes décisions que le conseil municipal et ainsi composée :
Président: M. Colin (Joseph); membres: MM. Frichemann (Eugène),
Dersange (Georges).
Fait à Vichy, le 12 juin 1942.
Pour le chef du Gouvernement, ministre secrétaire d'Etat à
l'intérieur:
Le conseiller d'Etat secrétaire général pour l'administration,
GEORGES HILAIRE. |