Nancy le 28 juillet.
Convention conclue entre le colonel Orloff, commandant un
détachement du 7e corps d'armée se S.M.I. de toutes les Russies,
dans les Vosges, au nom des hautes puissances alliées, d'une
part ;
Et le chef d'escadron Brice, commandant le 2e corps des
chasseurs volontaires de la Meurthe, au nom du Gouvernement
français, d'autre part :
1°. Dès ce moment toutes hostilités cessent entre les troupes
alliées et celles commandées par le chef d'escadron Brice.
2°. Le chef d'escadron Brice s'engage à déposer les armes à
Fremonville, et à dissoudre son corps dans les vingt quatre
heures de la ratification de la présente convention, par le
commandant du 7e corps d'armée le lieutenant-général Sabancieff
Quant aux parties détachées de son corps, M. Brice enverra les
ordres en conséquence, et nommera les chefs qui les commandent
et les lieux où ils se trouvent.
3°. Le chef d'escadron Brice et MM. les officiers sous ses
ordres, savoir : Le capitaine Rioux, le capitaine Georgel, le
capitaine Gulsard-du-Vivier, le capitaine Parmentier, le
capitaine Lété, l'adjudant-major Clein, le lieutenant
Schmideling, le lieutenant Garnier, le lieutenant Conrad, le
lieutenant Deveney, le lieutenant Gauthier, le lieutenant
MaréchaI, le sous-lieutenant Parmentier, le sous-lieutenant
Service, le sous-lieutenant Rauche et le maréchal-des-logis
Jacquot,
S'engageront, chacun sous leur parole d'honneur, en rentrant
dans leurs foyers, autres que les places fortes qui n'ont pas
encore arboré le pavillon blanc, à ne rien entreprendre contre
les hautes puissances alliées, à moins qu'ils n'y soient
autorisés par leur Gouvernement légitime, reconnu des puissances
alliées ; ils conserveront leurs armes et bagages.
4°. Le chef d'escadron Brice et les officiers sous ses ordres
désigneront les endroits de leurs domiciles où ils désirent
rentrer, après la dissolution du corps ; et si quelques-uns de
ces officiers préféraient se retirer ailleurs que dans leurs
domiciles, il leur sera délivré des passeports à Nancy.
5°. Le délai de vingt-quatre heures expiré, ceux qui seraient
trouves en armes attaquant quelques individus appartenant aux
puissances alliées, seront regardés comme brigands et traités
comme tels
6°. Il ne sera fait aucune recherche contre ceux qui ont servi
dans le 2e corps de chasseurs volontaires, non plus que contre
leurs parens, soit dans leurs personnes, soit dans leurs
propriétés.
Fait double à Fremonville, le 7-16 juillet 1815, a midi.
(Suivent les signatures.)
[Journal de la Meurthe]
Le conseil municipal de
Frémonville (Meurthe), vient d'offrir un exemple de rare
intelligence et de zèle pour les intérêts des familles. Dans une
délibération récente, il a décidé que les écoles des garçons et
des filles seraient gratuites pour tous les enfans, et il a fixé
à l'instituteur ainsi qu'aux deux Sœurs de la doctrine, un
traitement très convenable pour les indemniser. Cette mesure
vraiment paternelle est d'autant plus louable qu'elle vient
épargner, à un grand nombre d'habitans des sacrifices
pécuniaires toujours pénibles à la fin d une année où les
récoltes sont insuffisantes.
Elle va laisser en même temps sans excuse raisonnable les parens
qui autorisent leurs enfans à quitter les classes pendant la
belle saison et leur permettent de courir les bois et les
champs, où ils prennent trop souvent des habitudes sauvages et
immorales.
Les heureuses conséquences de la gratuité des écoles nous
engagent à signaler, avec une juste approbation, le vote
remarquable du conseil municipal de Frémonville, qui doit
combler de joie le digne curé de cette paroisse.
Le Moniteur de la Meurthe et
des Vosges rapporte qu'un incendie considérable vient de réduire
en cendres une vingtaine de maisons dans la commune d'Herbéviller.
De l'église, il ne reste plus que le chœur.
Le Moniteur de la Meurthe
annonce un nouvel incendie très considérable, qui a dévoré 15
maisons et le clocher du village à Herbéviller. La perte est
évaluée à 130,000 fr. Les assurances couvriront !à peu-près les
pertes, sauf pour l'église qui n'était pas assurée. Le feu a été
mis, comme cela n'arrive que trop souvent, par des enfants
jouant avec des allumettes chimiques; il était deux heures de
l'après-midi ; on était aux champs, et les secours ont été
tardifs. On n'a pu maîtriser l'incendie que le lendemain à la
pointe du jour.
On lit dans le Courrier de
Nancy : A Gondrexon, deux femmes, la mère et la fille, l'une
âgée de soixante-douze ans. l'autre de cinquante, veillaient
ensemble, occupées à écosser des fèves. Vers sept heures, la
septuagénaire alla se coucher. Une heure après environ,
l'aïeule, dont la chambre touche à la cuisine, fut réveillée par
un pétillement de flamme et par une odeur d'étoile brûlée. Elle
se leva aussitôt et trouva sa fille, la veuve Chapel, près de la
pompe, éteignant le leu qui consumait ses vêtements.
Quand la malheureuse femme se crut hors de danger, elle se
plaignit seulement d'avoir la main droite un peu brûlée, et elle
voulut se déshabiller seule. Le lendemain, ses deux fils
s'apercevant que cette blessure avait de la gravité, car on
voyait les os, voulurent appeler un médecin. La veuve Chapel s'y
opposa, disant qu'elle ne souffrait pas. Le troisième jour elle
eut le délire et expira.
Lorsqu'on l'ensevelit, on eut la preuve de son incroyable
stoïcisme : elle avait en effet tout le côté droit du corps
brûlé, depuis le bas du ventre jusqu'à l'estomac, et elle a dû
endurer des souffrances atroces.
COUR D'ASSISES DE
SEINE-ET-MARNE.
Présidence de M. le conseiller DUMAS.
Audience du 29 novembre 1869.
(M. GAVINET, Ministère public).
Encore des jeunes gens ! toujours des jeunes gens !!.
Vivons-nous bien dans le 19e siècle !
Oh ! éducation (même primaire), quand donc seras-tu répandue sur
la terre, à titre universel ? Nous ne verrions plus assouvies
les passions basses qui rongent l'humanité; pensant à la mort
qui est proche et au peu de puissance de notre organisation,
nous viserions a nous entre-soutenir plutôt qu'a nous égorger
par cupidité, comme nous le faisons dans une proportion
effrayante depuis quelques années.
Voyez, ces deux accusés : ils ne sont pas assassins, mais ils
sont voleurs. Quel âge ont-ils donc pour s'être livrés, corps
perdu, au vice ?
1° Valter (François), 26 ans, né a Fremonville, arrondissement
de Lunéville (Meurthe), le 4 juillet 1843, charretier ayant
demeuré à Villeparisis ;
2° Chéron (Ernest), 25 ans, né a Echampen, arrondissement de
Meaux, le 7 mars 1844, charretier ayant demeuré à Villeparisis.
Voici les faits qui leur sont reprochés :
Le 16 mai dernier, Chéron et Valler, tous deux charretiers sans
ouvrage, se rencontrèrent près de La Ferté-sous-Jouarre et se
dirigèrent ensemble vers Lizy. Chéron parla à son compagnon d'un
sieur Simon, actuellement détenu a Meaux et dont la maison
située a Vendrest, devait se trouver abandonnée. Ils s'y
rendirent tous deux, attendirent 9 ou 10 heures du soir ; puis
sur les indications de Chéron qui autrefois était souvent entré
dans cette maison, la porte de la cave fut fracturée, les deux
accusés commencèrent par boire une certaine quantité de vin ;
ils s'introduisirent ensuite de la cave dans la maison,
brisèrent deux armoires et s'emparèrent d'une vingtaine de
chemises, de trois torchons, de trois pantalons, d'un gilet et
d'une blouse ; ils prirent aussi de l'eau-de-vie et du vinaigre
et partirent après avoir fouillé les paillasses dans l'espoir
d'y découvrir de l'argent ; ils s'éloignèrent chacun de son côté
et se défirent, en les vendant à l'un et à l'autre, de la
plupart des objets dont ils s'étaient emparés.
Les deux accusés sont vêtus de blouses bleues ; leur physionomie
et l'interrogatoire qu'ils subissent n'offrent aucun intérêt.
Nous nous bornerons à dire que Chéron reconnaît ainsi son crime
:
- C'était le 17 mai dernier, à dix heures du soir ; je savais
que Simon, manouvrier de la commune de Vindrest, était absent de
sou domicile ; je connaissais les êtres de sa maison, puisque
pendant neuf sois j'avais été charretier dans la localité. Tous
les dimanches ]e venais boire chez, le père Simon et souvent
j'allais moi-même a la cave. Je savais que la porte de cette
cave, donnant par derrière, n'était pas très-solide, alors j'eus
l'idée de m'y introduire pour boire du vin. Après avoir bu,
Valter, qui m'accompagnait, me dit : « Je ne suis pas bien nippé
; si nous prenions des effets ? » Je lui répondis que cela
m'était égal. Nous montâmes tous les deux dans la maison et nous
prîmes ce qui nous tomba sous la main.
Valter nie avoir participé au crime. - Ce n'est pas lui qui a
commis le vol ; il a rencontré par hasard Chéron ; il a su que
ce dernier avait volé; mais lui, Valter, grand Dieu ! pour rien
au monde il n'aurait contribué à l'action.
Malgré sa dénégation et les efforts de son défenseur, Valter est
condamné à quatre ans de prison.
Quant à Chéron, on lui tient compte de ses aveux en ne le
condamnant qu'a trois ans de la même peine.
Mes Vuallart et Despagnat ont défendu les accusés.
On lit dans le Courrier du
Bas-Rhin:
Il résulte d'une communication faite par l'administration des
chemins de fer de l'Est français que les formalités douanières à
remplir à Emberménil sont rendues plus difficiles parce que les
expéditeurs d'ici adressent leurs marchandises destinées à la
France à des expéditionnaires d'Emberménil, et que souvent ils
négligent d'y joindre les attestations d'origine nécessaires
pour obtenir l'entrée libre.
MM. les expéditeurs sont donc invités à adresser leurs
marchandises directement à la station française de destination,
et alors les employés de la douane à Emberménil peuvent sans
retard faire repartir les marchandises. On répète de nouveau de
ne pas manquer de joindre les attestations d'origine pour les
marchandises alsaciennes.
Strasbourg, le 13 août 1871.
La Commission d'exploitation des chemins de fer.
Chronique des départements
Lunéville. - Le parquet de Lunéville est saisi en ce moment
d'une affaire de meurtre qui a causé une certaine émotion dans
l'arrondissement.
Le sieur L., charpentier, résidant à Herbevillers, vint déclarer
le 13 de ce mois, à la mairie de sa commune, que sa fille Marie,
âgée de vingt-cinq ans, était morte à la suite d'une chute
qu'elle avait faite dans un escalier.
Cette déclaration de décès était à peine enregistrée que
l'autorité municipale fut informée que dans la soirée du 12 on
avait entendu des cris de douleur paraissant provenir de la
maison habitée par L., et que ce dernier passait pour maltraiter
sa fille.
Une enquête sommaire fut aussitôt opérée, et plusieurs personnes
déclarèrent alors que le 12, vers six heures du soir, elles
avaient entendu du bruit chez les époux L., comme des coups
frappés sur un corps humain.
Elles avaient aussi distingué ces cris poussés par la victime :
Pardon, papa, pardon !
L., de son côté, prétendait que sa fille, estropiée aux deux
pieds et au bras droit, était tombée du haut en bas de
l'escalier conduisant à sa chambre, située au premier étage;
qu'il l'avait relevée et qu'il l'avait aidée à remonter dans sa
chambre, où on lui avait ensuite porté à souper; qu'il ne s'en
était plus occupé, et que, le lendemain, il l'avait trouvée
morte.
L'examen médical auquel a été soumis le cadavre de la fille L.,
tend à établir que' cette malheureuse a été victime des
violences dont elle a été l'objet, et qu'elle a succombé à la
suite des coups qui lui ont été portés à la tête, notamment à la
tempe droite.
Il a été immédiatement arrêté.
Meurthe-et-Moselle. - Une
femme étranglée - Un crime horrible a été commis à Herbeviller.
Le nomme Charles Ade, âgé de vingt-cinq ans, originaire
d'Alsace-Lorraine, domestique chez M. Lemoine, a étranglé, à
l'aide d'un mouchoir, une pauvre veuve de quatre-vingts ans
nommée Masson.
On ignore le mobile du crime. L'assassin a été arrêté.
INCENDIE - Le Rappel a reçu
de Nancy la dépêche suivante :
« Minuit. Grand incendie rue Saint Jean, Epicerie parisienne.
Deux garçons brûlés vifs. »
Le Journal de la Meurthe et des Vosges, du 21, qui raconte les
détails de cet incendie, dit qu'au milieu de l'effondrement
général, un boulanger vit distinctement apparaître l'un d'eux
sur le toit du grenier et solliciter le secours d'une échelle. A
l'instant même où ses cris étaient entendus, le plancher du
grenier s'effondrait sous lui et le malheureux jeune homme
disparaissait dans un tourbillon de flammes. Quelques heures
plus tard, lorsque les pompiers purent pénétrer au milieu des
décombres et déblayer les gravois amoncelés, la pioche vint
heurter un corps humain informe. Le cœur du cadavre avait été
traversé par une pioche dont on se servait pour cette triste
opération.
On dégagea ces restes fumants ; les membres avaient été séparés
; la tête fut retrouvée à l'étage inférieur. Ce qui restait du
tronc avait été réduit à l'état de charbon noir. Le tronc était
celui du malheureux qu'on avait vu appeler à grands cris le
secours d'une échelle.
Le second cadavre avait été retrouvé dans son lit, asphyxié
probablement, avant que tout mouvement lui eût été possible ;
les chairs, également carbonisées, laissaient à nu les os : les
extrémités étaient absolument réduites en cendres, le crâne
fracassé, mais les membres étaient adhérents au tronc, les
muscles convulsés. Tout indiquait dans ces restes informes à
voir les symptômes d'une indicible angoisse et d'une mort pleine
d'horreur.
Ces deux jeunes gens, tous deux âgés de dix-huit ans, se
nommaient : l'un Victor Dardenne, était né à Ogeviller, canton
de Blâmont ; l'autre s'appelait Charles Plaisance, était natif
de Delme (Lorraine annexée).
Les restes ont été toute la matinée exposés dans la salle des
morts de l'hospice Saint-Charles.
Le train de voyageurs numéro
46, d'Avricourt à Paris, a été arrêté dimanche soir par les
neiges, entre Embermenil et Marainviller ; la voie descendante
est obstruée par la neige ; la circulation est établie sur une
voie unique, la voie montante, entre Lunéville et Embermenil.
Les précautions sont prises pour le service de la voie; des
ouvriers auxiliaires et des détachements de troupe déblaient.
Lunéville, 23 décembre.
Le train de voyageurs numéro 46, d'Avricourt à Paris, a été
arrêté cette nuit par les neiges, entre Embermenil et
Marainviller ; la voie descendante est obstruée par la neige ;
la circulation est établie sur une voie unique, la voie
montante, entre Lunéville et Embermenil.
Les précautions sont prises pour le service de la voie; des
ouvriers auxiliaires et des détachements de troupes déblaient.
ENTRAVES AU PETITIONNEMENT
Nous lisons dans L'Espérance de Nancy ;
Le maire de Verdenal a refusé, contre tout droit, de légaliser
la signature de M. Frémion, attestant l'authenticité des autres
signatures.
Tout près de Nancy, le maire de Saint-Max, a fait mieux, ou
plutôt pis que celui de Verdenal. Non content de refuser la
légalisation de deux signatures, il a menacé, dit-on, les deux
honorables signataires de leur dresser procès-verbal s'ils
insistaient davantage.
Verbalisez, monsieur le maire ; verbalisez, si vous voulez
égayer la galerie. [...]
LES ORAGES
Notre correspondance des départements nous signale de tous côtés
de nombreux orages. Nous relevons les principaux.
Une véritable trombe d'eau s'est abattue pendant trois heures
sur diverses communes des environs de Lunéville. Le ruisseau qui
va de Serres à Maix, s'est changé en torrent, entraînant les
terres et les foins coupés. A Emberménil et Leintrey, les champs
ont été noyés.
Le 28 avril 1880, Eugénie
Michel, alors âgée de trente ans, accouchait à Gondrexon
(Meurthe-et-Moselle), chez les époux Duru, d'un enfant dont la
naissance fut déclarée le même jour à la mairie de Gondrexon par
la dame Duru, et dont le baptême eut lieu le lendemain.
Le 15 mai suivant, on découvrit, dans un ruisseau, le cadavre de
cet enfant, dont la mort par asphyxie provenant de submersion
paraissait remonter à une dizaine de jours.
L'information a établi que cette mort était le résultat d'un
crime imputable à la mère de l'enfant. Le 3 mai, en effet, la
fille Michel avait quitté le domicile des époux Duru emportant
son enfant et annonçant qu'elle se rendait à Nancy pour le faire
admettre, disait elle, parmi les enfans assistés. Le même jour,
à onze heures du matin, elle reparaissait chez son ancien
maitre, le sieur Liotté, qui consentit à la reprendre comme
domestique. Toutefois le maire de Gondrexon et le sieur Liotté
ne tardèrent pas à concevoir des doutes sur la véracité des
dires de l'accusée. Elle avait produit pour les tromper une
attestation fabriquée d'après ses instructions, et de laquelle
il semblait résulter qu'elle avait en effet placé son enfant à
l'hospice de Nancy.
Le 13 mai, comprenant que son mensonge allait être découvert, la
fille Michel prit la fuite, après avoir avoué à un témoin
qu'elle avait jeté son enfant à l'eau sous le pont du ruisseau
du Reillon et qu'elle avait mis une grosse pierre sur son corps.
Deux jours plus tard le cadavre de l'enfant était retiré de ce
ruisseau.
Eugénie Michel qui avait pu jusqu'ici se soustraire à toutes les
recherches, vient de comparaître devant la Cour d'assisses de
Meurthe et Moselle.
Interrogée par M. le président, l'accusée, sans dénier le fait
qui lui est reproché, l'attribue à un accès de désespoir et de
folie où l'avait jetée l'abandon dont elle était victime de la
part d'un domestique comme elle au service de M. Liotté, et qui
l'avait séduite sous la foi d'une promesse de mariage.
L'accusée, déclarée coupable par le jury, mais avec admission de
circonstances atténuantes, a été condamnée par la Cour à cinq
ans de réclusion.
Un petit grand homme.
L'inauguration de la statue du conventionnel Grégoire inspire an
Moniteur les réflexions suivantes.
Qu'il faut donc que les républicains aient parmi eux une disette
de vrais grands hommes, pour qu'ils s'égaillent prodiguer tant
d'honneurs à celui qu'ils viennent de fêter dimanche ! Le
ministre de l'intérieur se dérange en personne, escorté d'une
demi-douzaine de députés et de sénateurs, il met sur pied toute
une armée de fonctionnaires militaires et civils, pour honorer
qui ? Un homme qui joua un pauvre rôle sous la Révolution, et
dont il ne reste rien que quelques mots à effet, quelques
maximes aussi fausses que prétentieuses et emphatiques.
Qu'admirent-ils donc dans l'ex-curé d'Emberménil ?
Est-ce le courage avec lequel, après avoir voté par écrit pour
la condamnation de Louis XV), il est revenu ensuite sur son vote
pour déclarer qu'il n'avait pas prétendu le condamner à mort ?
Est-ce l'austérité démocratique avec la quelle il se laissa
faire comte et sénateur de l'empire, pour conspirer, il est
vrai, bientôt après contre l'empereur ? Applaudissent-ils en lui
le libre penseur, oubliant que, s'il adhéra à la constitution
civile du clergé, il n'en resta pas moins un fervent adhérent
des dogmes catholiques et un champion du célibat des prêtres ?
Voudraient-ils faire un anticlérical de celui qui, sur son lit
de mort, sollicita si ardemment les secours de la religion et la
bénédiction du prêtre ? Toute la vie de l'abbé Grégoire ne fut
qu'un tissu de contradictions ; et il faut bien de la bonne
volonté pour faire de lui un modèle de fermeté d'âme. N'importe,
le voilà coulé en bronze ; et sa statue dressée sur l'une des
places de Lunéville passera à la postérité comme un monument
élevé à une médiocrité par des nullités.
L'ASSASSINAT D'HERBÉVILLER :
Un crime horrible a été commis à Herbéviller
(Meurthe-et-Moselle), le 31 mai. La veuve Masson, âgée de
soixante-dix-neuf ans, a été étranglée dans son lit ; elle a été
trouvée étendue sans vie sur son lit, le cou était' fortement
serré à l'aide d'un mouchoir de poche. Les draps et les
couvertures du lit n'étaient pas dérangés.
La face portait une légère ecchymose. M. le docteur Zimmermann a
été requis pour faire l'autopsie du cadavre. Le juge de paix du
canton de Blamont est chargé d'une commission rogatoire.
L'auteur présumé du crime est un nommé Charles Ade, âgé de
vingt-cinq ans, né en Alsace-Lorraine, domestique à Herbéviller
chez M. Lemoine, propriétaire. Il est arrêté.
MEURTHE-ET-MOSELLE.--Un
acacia presque séculaire, ombrageant le crucifix du calvaire
situé à environ 400 mètres du village de Xousse, a été détruit
par un individu qui exerce la profession d'horloger ambulant: et
qui était de passage dans ladite localité.
Il a passé la nuit chez le sieur Charles-Nicolas Tuny,
cultivateur, mais on ignore son nom. Il a commis ce méfait en
voulant prendre un essaim, ou son miel, qui se trouvait dans
ledit acacia.
Cet arbre étant creux, il a mis le feu à l'intérieur, et après
une certaine combustion, l'arbre est tombé.
Les trains ont subi des
retards. Dès la première heure on signalait vingt centimètres de
neige sur la ligne principale de Paris à Avricourt et cinquante
centimètres sur les lignes vosgiennes. De Nancy sont parties
dans diverses directions des locomotives chasse-neige. Le nombre
des voitures a dû être encore réduit pour chaque train Le
train-express, qui part d'Avricourt, en temps ordinaire, vers
neuf heures du matin, avait plus d'une heure de retard. Le train
qui vient de Port-d'Atelier vers neuf heures un quart, avait une
heure de retard.
Les trains de marchandises étaient supprimés totalement sur la
ligne de Remiremont à Saint-Maurice. Enfin, on apprenait dans la
matinée, à Nancy, qu'un train était resté en détresse sur la
ligne de Cirey, entre Blâmont et Frémonville.
DANS L'EST
Dimanche, 2 septembre 1888.
Je ne puis dire exactement d'où je vous écris, car je viens de
passer la moitié de la journée à parcourir la frontière pendant
quelques lieues, un peu au-dessus d'Embermenil entre Remouchard
et Coincourt. Le pays est charmant, très agréable à l'oeil, très
verdoyant et très touffu et pourtant on est à deux pas des
territoires annexés; il faut que l'imagination s'en mêle pour
sentir que de l'autre côté ce sont des anciens Français. Les
bornes et les poteaux indiquent, il est vrai, qu'il faut prendre
garde, car il serait dangereux d'aller un peu trop loin allumer
son cigare. Je n'ai vu ni forestiers ni gendarmes allemands, et
l'on m'a dit qu'ils n'approchaient très près que lorsqu'ils en
avaient reçu l'ordre pour le service.
En effet, cela n'est pas un lieu de promenade banale.
Les Allemands ont beaucoup pris et fondé d'établissements privés
à Metz et à Strasbourg, mais les campagnes et les petites villes
leur sont toujours récalcitrantes ; aussi, pour éviter tout
ennui, les annexés vivent chez eux et évitent tout rapport avec
les autorités allemandes. II y a juste dix ans, j'étais dans ces
parages, au chef-lieu d'un ancien arrondissement français ; mes
hôtes me disaient qu'à la condition de ne s'occuper en rien des
choses publiques, on vous laissait dans le calme, mais depuis
ils m'ont dit qu'ils étaient surveillés, que leur correspondance
commerciale était ouverte et que l'on n'évitait aucune occasion
de les piquer.
Les autorités allemandes s'étaient au début figurées qu'il leur
serait aussi facile de digérer des départements français que de
les conquérir. Ils n'avaient pas réfléchi -car, lorsque leur
vanité est en jeu, les Allemands réfléchissent peu - que c'est
le vaincu qui doit pouvoir digérer le vainqueur et que
l'absorption des peuples est une opération de réciprocité.
Heureusement qu'ils s'y sont très mal pris, que les haines se
sont réveillées et que l'on regrette toujours la France dans
l'Alsace-Lorraine.
M. de Bismarck se plaignant que nous n'avons point l'air en
France de croire à l'éternité du traité de Francfort est
vraiment plaisant. Est-ce que lui-même croit à la sincérité, à
la justice, à l'opportunité de ce traité, lorsqu'il inflige aux
annexés des règlements d'une dureté exceptionnelle ? Est-ce que
nous pouvons oublier que ces annexés étaient encore nos frères
il y a dix-sept ans et demi ? Est-ce que tous les mauvais
traitements qu'il leur fait endurer ne portent pas un contrecoup
douloureux dans nos coeurs ?
D'ailleurs, les Allemands tourmentent les annexés uniquement
parce qu'ils ont été Français tout à fait et qu'ils le sont
restés beaucoup.
NANCY (d'un correspondant)
Un incendie considérable a détruit totalement l'habitation de M.
Thuny, cultivateur à Xousse.
Vers trois heures du matin, un domestique, entrant à l'écurie
pour donner à manger aux bestiaux, s'aperçut qu'une voiture
d'avoine chargée la veille était en feu.
Il donna aussitôt l'alarme, mais les flammes avaient gagné la
grange et trouvaient là assez de matières pour s'alimenter. En
un instant, tout fut embrasé. A grand'peine on put sauver le
bétail. Tout le mobilier devint la proie des flammes. Nul
accident de personne n'est à déplorer.
UN FAUX CHOLÉRIQUE
On écrit de Deutsch-Avricourt à la Gazette de Sarrebourg :
Grand émoi, aujourd'hui, dans les gares françaises d'Igney-Avricourt,
Emberménil et Lunéville. Un employé du chemin de fer venait
d'être subitement atteint du choléra. Le sieur G..., ouvrier
d'équipe à Emberménil, pris de violentes coliques, se tordait,
se roulait à terre, vomissait, diaprait, présentait en un mot
tous les symptômes du choléra asiatique. Immédiatement, le chef
de gare fait descendre les voyageurs d'un wagon du train de
Lunéville. Le wagon est isolé, on y installe, avec mille
précautions, le malade à destination pour l'hôpital. Là, le
docteurs..., après avoir palpé l'homme, lui dit : « Voyons, mon
ami, vous avez une indigestion ! - Çà se peut, fait l'autre
piteusement, j'ai chipé (mangé) un lièvre à moi seul, et je l'ai
fortement arrosé de « schnick ».
Pendant ce temps, le wagon du prétendu cholérique était
désinfecté à la gare de Lunéville ; les employés à ce destinés,
se lavaient à l'eau paniquée. Un médecin de la station d'Igney-Avricourt,
mandé en toute hâte, débarquait à Emberménil, avec tous les
appareils de désinfection pour purifier le logis, j'allais dire
le gîte, du mangeur de lièvre à la sauce alcoolique. Le soir
même, le bonhomme,
remis de son indisposition, réintégrait son domicile largement
nettoyé. Vous dire ce qu'on en rit après une si grande peur...
Tout est bien qui finit bien.
On a découvert à Harbouey
(Meurthe-et-Moselle), à 0 m,40 en terre dans un verger, un
squelette qu'on suppose être celui d'un soldat russe inhumé en
1815.
LUNEVILLE, 28 février. - Un
braconnier, repris de justice, nommé Henisch, de Leintrey, près
Emberménil, a tiré hier soir deux coups de fusil sur deux
habitants de la commune, les frères Voinot.
Le capitaine de gendarmerie et le substitut de Lunéville sont
sur les lieux.
Le meurtrier a pris la fuite dans la forêt. Les deux victimes
sont légèrement blessées.
Cette tentative de meurtre est attribuée à la vengeance.
DEUX ENFANTS ASPHYXIÉS
Lunéville, 28 février.
Avant hier, M. Adolphe Dime, âgé de trente-neuf ans, cultivateur
à Emberménil, s'était absenté de son domicile pour aller
conduire une voiture de paille à Lunéville.
Avant de partir, il avait recommandé à son domestique, le jeune
Hubert Wingerter, âgé de quatorze ans, de prendre soin de ses
petits enfants, Marie et Paul, respectivement âgés de deux ans
et demi et de dix mois.
Le soir venu, Wingerter, ne voyant rien d'anormal chez son
maître, se coucha. Il dormait depuis une heure environ, quand
tout à coup il fut réveillé par le frère de M. Dime, qui venait
lui demander un service. A ce moment, une odeur de paille brûlée
le prit à la gorge. Il se précipita dans la cuisine où
couchaient les deux enfants ; la pièce était remplie d'une
épaisse fumée ; quant aux petits, ils étaient étendus couchés
sur le plancher sans connaissance.
Une paillasse laissée imprudemment par le domestique à côté du
fourneau s'était allumée, et les enfants étaient morts
asphyxiés.
Lunéville. - Un braconnier,
repris de justice, nommé Henisch, de Leintrey, près d'Emberménil,
a tiré hier soir deux coups de feux sur deux habitants de la
commune, les frères Voinot.
Le meurtrier a pris la fuite dans la forêt.
Les deux victimes sont légèrement blessées.
Refus d affichage
Nous continuons à enregistrer les mesures prises par les préfets
contre les maires qui refusent de faire afficher l'arrêt de la
cour de cassation relatif à l'affaire Dreyfus.
[...] Le préfet du département de Meurtheet-Moselle vient de
suspendre de leurs fonctions MM. Bonnardel, maire de
Saint-Nicolas-de-Port, Mathis de Grandseille, maire de Verdenal,
et Gauche, maire d'Hussigny, pour avoir laissé lacérer les
affiches donnant le texte de l'arrêt.
La même mesure va être prise à l'égard de plusieurs autres
maires du département.
En la petite église de
Verdenal (Meurthe-et-Moselle),M. l'abbé de Poncheville a béni le
mariage de son frère, fils de l'ancien député et de la comtesse
de Poncheville, avec Marie Elisabeth de Granseille. Témoins du
marié : MM. de Vienne, son cousin, et Maurice de Poncheville,
son frère ; de la mariée : M. d'Hausen, son oncle, et le
lieutenant de La Nouvelle, son beau-frère.
NANCY. - Un incendie vient de
détruire -quatre maisons, à Verdenal. Au cours du sinistre, un
pompier, M. Mangin, a été blessé par la chute d'une pièce de
bois.
LUNÉVILLE. - Le parquet de
Lunéville ayant ouvert une enquête sur un vol de 35,000 francs
de titres, commis au préjudice d'un cultivateur d'Embermenil, la
police de Lunéville a arrêté la bonne d'un officier-de la
garnison, dans.la malle de laquelle les titres ont été
retrouvés.
Interrogée, la voleuse Marie Rainville, femme Girard, fit des
révélations à la suite desquelles le parquet a lancé un mandat
d'arrêt contré un nommé Charles Marin,-cultivateur à Embermenil,
accusé par la femme Girard d'avoir volé la somme et de la lui
avoir confiée en dépôt.
LUNEVILLE. - A la suite d'une
enquête du parquet de Lunéville sur le vol de 35.000 francs
commis à Embermenil, l'innocence complète et la parfaite
honorabilité de M. Charles Marin, le cultivateur qu'avait
désigné comme le coupable la femme Gairard, ont été nettement
établies. La Gairard a été trouvée en possession des titres.
Elle a avoue quelle accusait M. Marin pour tenter d'échapper à
la justice.
LUNEVILLE. - A la suite d'une
enquête du parquet de Lunéville sur le vol de 35.000 francs
commis à Embermenil, l'innocence complète et la parfaite
honorabilité de M. Charles Marin, le cultivateur qu'avait
désigné comme le coupable la femme Gairard, ont été nettement
établies. La Gairard a été trouvée en possession des titres.
Elle a avoué quelle accusait M. Marin pour tenter d'échapper à
la justice.
Mme Vve J. Thellier de
Poncheville, née Anne. de Granseille, 26 ans, belle-sœur de
notre excellent -collaborateur, et ami M. l'abbé Thellier de
Poncheville, pieusement décédée le 13 juillet, à Verdenal
(Meurthe-et-Moselle).
Mort tragique d'une fillette.
(dépêche de notre correspondant particulier)
Nancy, 17 septembre.
M. Jeanjean, cultivateur à Nonhigny, rentrait des champs avec
une voiture de regain. Un groupe d'enfants demanda à M. Jeanjean
l'autorisation de monter sur sa voiture, il y consentit.
En cours de route, une profonde ornière imprima au véhicule une
secousse telle que l'un des enfants, la petite Claire Gédor,
âgée de neuf ans, tomba sur la route. La pauvre fillette, fut
tuée sur le coup.
Ses parents sont désespérés, et M. Jeanjean regrette amèrement
d'avoir cédé aux imprudents bambins.
VIANDE A SOLDATS
[...] Les aveux d'un fraudeur
Nancy, 18 avril. - L'enquête se trouve arrêtée, les analyses ne
pouvant être faites en ce moment à la Faculté de Nancy -en
raison des vacances ; le parquet a fait compléter les
renseignements qui lui sont nécessaires en interrogeant des
soldats et des officiers du-fort de Manonviller.
Il semble, d'après les dépositions recueillie, que le
boucher-charcutier Tronquart ne sera-pas inquiété ; la même
enquête est faite en ce moment relativement aux
livraisons-du-boucher-charcutier d'Ogéviller, également
fournisseur du fort.
Par contre, un autre boucher-charcutier, également fournisseur
de la garnison de Lunéville, nommé Krich, a avoué devant le juge
d'instruction que les saucisses préparées par lui et destinées à
la troupe, contenaient du cœur de bœuf. Il va être poursuivi.
A Embermenil
(Meurthe-et-Moselle), on a trouvé évanoui dans un champ M.
Henry, cultivateur, trente ans.. Il portait à la jambe droite de
profondes blessures par lesquelles le sang s'échappait en
abondance, Il succomba peu après à une abondante hémorragie,
mais sans avoir repris connaissance. On ignore comment et quand
il fut blessé.
Le parquet de Lunéville enquête. (Tél.)
UNE MORT SUSPECTE
Lunéville, 19 avril.
Des cultivateurs ont trouvé étendu inanimé dans un champ, à peu
de distance d'Emberménil, un propriétaire de cette commune, M.
Henry, âgé de trente ans.
Le malheureux portait à la jambe une profonde blessure d'où le
sang s'échappait avec abondance.
Transporté à son domicile, M. Henry mourut sans avoir repris
connaissance.
Le parquet a ouvert une enquête sur cette mort étrange.
LUNEVILLE. - Un propriétaire
de la commune d'Emberménil, M. Henry, 33 ans, a été trouvé
inanimé dans un champ, ayant â la jambe droite une profonde
blessure.
Il est mort sans avoir repris connaissance.
Le parquet a ouvert une enquête sur cette mort étrange.
Accident de chemin de fer.
-Hier matin, vers cinq heures et demie, un train de voyageurs
parti de Nancy à destination d'Avricourt, a tamponné entre
Emberménil et La Neuveville-aux-Bois, un train de ballast en
manœuvre. Deux voyageurs ont été légèrement, blessés.
Collision de trains
Hier matin, vers cinq heures et demie, un train de voyageurs
parti de Nancy à destination d'Avricourt a tamponné entre
Emberménil et La-Neuveville-aux-Bois un train de ballast en
manoeuvre. Deux voyageurs ont été légèrement blessés.
Les ballon étrangers en
France
Ils panent ou passent constamment depuis deux jours au-dessus de
nos forts de l'Est
Nancy, 5 Avril.
Depuis deux jours, il pleut des ballons allemands sur la
frontière.
Outre ceux de Remiremont et de Pont-à-Mousson, un autre ballon
allemand a plané au-dessus du champ-de tir du Haut-des-Forêts
près de Montmédy, un autre a observé les soldats du fort de
Razimont, près d'Epinal. Enfin, hier, à midi cinquante, un
aérostat monté par quatre personnes est passé au-dessus des
villages d'Embermenil et de Remoncourt, à un kilomètre du fort
de Manonviller. II a accroché un arbre et un passager est
descendu à terre par le guide-rope qui traînait depuis plusieurs
kilomètres ; le ballon avait son ancre arrachée.
Une sentinelle donna l'alarme. Un capitaine du 153 e
d'infanterie fit atteler le break régimentaire.et se rendit sur
les lieux pour arrêter les aéronautes. Descendus entre temps,
ceux-ci avaient lâché douze pigeons voyageurs et brisé de
nombreuses plaques photographiques, en présence d'un vieux
berger, M. Oliger, qui a témoigné depuis.
Ramenés en break, les étrangers ont été introduits dans le fort,
les yeux préalablement bandés ; ils ont déclaré être officiers
allemands, mais ont affirmé qu'ils n'avaient pas l'intention de
franchir la frontière, mais que leur ballon avait été entraîné
par le vent. L'enveloppe déchirée reste accrochée aux arbres ;
la nacelle a été saisie.
L'aérostat, le Gutenberg, venait de Stuttgart.
Grave accident dans une école
M. Gérard, instituteur à Verdenal (Meurthe-et-Moselle), essayait
une carabine pour le tir scolaire, quand des élèves firent du
bruit derrière lui. L'instituteur se retourna pour leur faire
des observations, et dans ce mouvement pressa sur la gâchette de
la carabine chargée qu'il tenait en main. Le coup partit et le
projectile atteignit à la tête le jeune Eugène Lhote, âgé de 8
ans.
L'enfant a été transporté à l'hôpital dans un état qui laisse
peu d'espoir.
La Conquête de l'Air
Reconnaissances militaires
Lunéville. - Le capitaine d'artillerie Eischmann et le
lieutenant de dragons De Rose sont allés hier reconnaître les
positions des troupes de cavalerie et d'infanterie en manœuvre
entre La Neuville-au-Bois et Emberménil, puis ils sont revenus à
tire d'ailes près du point de concentration, en compagnie du
lieutenant de Malherbe et du capitaine Bellanger, dont on
attendait l'arrivée. Ils continuèrent à opérer des
reconnaissances sur la frontière et à participer aux manœuvres
de la deuxième division indépendante de cavalerie.
Les Faits-Divers de la
semaine
NOYÉ DANS UN BAQUET. - Un cultivateur avait confié la garde de
son fils, Raymond, âgé de 15 mois, à sa tante. Pendant que cette
dernière vaquait aux occupations du ménage, le jeune Raymond se
pencha sur un baquet et tomba dans l'eau. Quand la tante put le
retirer, il était mort.
MIGNEVILLE
L'abbé de Cabanoux, curé de
Saint-Thomas-d'Aquin, a béni hier à midi, en son église, devant
une assistance élégante et nombreuse, le mariage du vicomte
Jehan Perret du Cray, fils du comte Perret du Cray et de la
comtesse née de la Font, avec Mlle Sabine Mathis -de Grandseille,
fille de M. Mathis de Grandseille et de madame née Miller. La
messe a été dite -par le curé de Verdenal, paroisse du château
de Grandseille. Le Saint-Père avait daigné envoyer sa
bénédiction aux jeunes époux.
Les témoins étaient, pour le marié : le vicomte Perret du Cray,
son frère, et Mlle de la Font, sa tante ; pour la mariée : le
capitaine de Lanouvelle, fils du général de Lanouvelle, et le
comte Georges Thellier de Poncheville, ses beaux-frères.
La quête a été faite par Mlles de La Font, Cécile du Cray,
Marie-Thérèse de Gonneville et Antoinette Degoutin,
qu'accompagnaient MM. André d'Hausen, Gérard de Gonneville,
Pierre de-la-Font et Jean de Limur.
A l'issue de la cérémonie-religieuse, Mme de Mathis de
Grandseille a -donné un lunch suivi de réception en ses salons
du boulevard Raspail, où l'on a beaucoup admiré la corbeille et
les cadeaux offerts, aux jeunes mariés.
La corbeille comprenait : collier de perles, pendentif diamants,
étoile de diamants, bague rubis, bague diamants, bracelet émail
bleu diamants, sautoir or, dentelles point d'Angleterre, point à
l'aiguille, fourrures de zibeline, missel ancien, etc., etc.
Mortel accident de chasse. -
On mande de Lunéville qu'un chasseur, M. Isidore Petit, cafetier
à Verdenal, a tué accidentellement, près de Blâmont, un autre
chasseur, M. Emile Chatton, rentier, âgé de soixante-deux ans,
habitant également Verdenal.
Les Arts
Exposition d'art gothique
Voilà, je pense, une nouveauté, - en 1913. Une exposition d'art
gothique, peinture, verrières, et statuaire. Des merveilles,
comparables.aux plus hauts chefs-d'œuvre de Chartres, Reims,
Amiens, Sens, Bourges, ou de Notre-Dame de Paris. Cela va nous.
changer des sempiternelles et commerciales exhibitions de
marines bretonnes, frondaisons versaillaises et « couchers de
soleil sur le grand canal ». Est-il possible d'imaginer pour les
artistes, les archéologues, les grands amateurs, les érudits,
une rétrospective plus émouvante et d'un enseignement plus
profond ?
Ce spectacle d'une rareté précieuse, c'est à M. Demotte (et qui,
sinon M. Demotte, pourrait à l'heure actuelle, l'offrir ?) que
nous en serons, sous deux mois, redevables.
A cette exposition, qui attirera l'élite à l'hôtel de la rue de
Berri, l'on verra [...]
Et vous aurez encore la surprise d'admirer chez M. Demotte la
chapelle démontée, transportée, reconstituée pierre à pierre, du
château de Lannoy, à Herbeviller (Meurthe-et-Moselle), chapelle
avec ses verrières, son autel, et bas-relief dédié à saint
Hubert.
Nous reviendrons à loisir sur cette manifestation considérable.
Pour la commenter, il faudrait un volume. [...]
Déjà nous devons un grand merci à M. Demotte qui va bientôt nous
donner la plus salutaire leçon et la meilleure des joies.
Louis Vauxceiles.
La petite affaire d'Emberménil
nous fait connaître que nous avons progressé depuis quelque
temps sur cette partie du front de Lorraine. Emberménil se
trouve à 16 kilomètres au Nord-Est de Lunéville, a proximité de
la voie ferrée Lunéville-Avricourt.
Les dernières nouvelles que nous connaissions jusqu'ici
indiquaient que nous étions à Lunéville à quatre kilomètres plus
au Sud-Ouest. C'est donc une progression sensible que nous avons
effectuée
de ce côté.
TROIS PIRATES AÉRIENS abattus
par les Américains en Lorraine
(Du correspondant du Petit Journal)
Nancy, 18 Août.- L'aviation de chasse américaine inscrit à son
tableau de victoires trois appareils ennemis.
Le premier, abattu ces jours derniers à Emberménil, est exposé
sûr la place Stanislas ; son camouflage dans le « goût boche »
paraît étrange et l'on remarque aussi que la croix noire, sur le
fuselage et les ailes, plus discrète, a changé-de forme.
Les grands raids de
l'aviation
Le capitaine Lafon en panne
Le capitaine Lafon, qui était parti hier à deux heures trente du
matin de l'aérodrome du Bourget, pour effectuer, avec son
mécanicien, le raid Paris-Constantinople, a été contraint
d'atterrir par suite de la mauvaise circulation d'eau dans son
moteur, aux environs de Gondrexon, à quelques kilomètres à l'est
de Lunéville.
L'appareil est endommagé, mais il n'y a pas eu d'accident de
personnes.
LA VIE SPORTIVE
AVIATION
Paris-Constantinople
Le capitaine Lafon s'arrête à Gondrexon
Le capitaine Lafon, parti dans la nuit d'avant-hier hier, à 2 h.
30, du Bourget pour Constantinople, a dû atterrir, par suite
d'une panne de moteur (arrêt de la circulation d'eau) à
Gondrexon. Gondrexon se trouve entre Lunéville et Blamont, par
conséquent en dehors de la route que devait primitivement suivre
l'aviateur. L'itinéraire comportait en effet les escales
suivantes Paris-Vicence par Dijon, Vicence-Belgrade,
Belgrade-Constantinople.
L'atterrissage a été violent et l'appareil est brisé ; le
capitaine Lafon et son mécanicien Farcy sont indemnes.
Au seuil de la Haute-Lorraine
Quand j'arrivai sur ce plateau de Reillon, perché sur un
camion-automobile nu, - un véhicule que j'avais dû
réquisitionner, parce qu'a Paris on.est trop loin de cet ancien
front de bataille, où il n'y a plus rien que le désert
immense,-et des maisons de carton à côté des bâtisses de
remplacement que le service de la reconstitution élève avec des
lenteurs désespérantes, et parce que les bureaux ministériels
sont trop éloignés de nos cimetières glorieux pour les défendre
contre le mercantilisme des entrepreneurs de transports ; la
bise âpre et mordante nous déchirait le visage, et, dans les
embardées du véhicule, avançant péniblement sur une route où, il
n'y avait qu'ornières et cahots, nous étions, à chaque instant,
menacés d'être précipités de nos sièges.
Sur toutes choses, la lune mettait des clairs-obscurs
impressionnants ; et lorsque je pénétrai dans le cimetière
militaire de Reillon, où des familles sans gîte, quelques-unes
l'estomac vide depuis le matin, attendaient, durant des heures,
ma présence, fatalement retardée par ces lamentables et
décevants transports de l'entreprise, le vent nous secouait
jusqu'aux moelles, aussi froid que s'il eût soufflé, en plein
hiver moscovite, du plateau de Valdaï.
Et je rendis sous la pâle clarté d'Heucate et à la lueur des
lanternes, les restes de nos héros aux mères, aux épouses, qui
étaient venues les réclamer, et qui, doucement, avec
attendrissement même, me témoignaient leur gratitude de ne pas
les abandonner, elles, des femmes, au seuil de cette nécropole,
où rien ne leur parlait plus que la voix hallucinante des
aquilons.
Pauvres gens, combien je les ai plaints; et eux, les Poilus
défunts, comme je me suis incliné profondément vers eux... eux
qui auraient dû retourner au pays natal dans l'apothéose des
soleils radieux, et à qui était presque réservée l'offense des
exhumations nocturnes !
Pourquoi ? parce que nous nous devons aussi aux vivants, et
qu'aux parents qu'un long voyage a déprimés, et que le froid a
transis, il convient d'épargner les nuits d'hiver passées à la
belle étoile.
Trois jours durant, la colère du vent s'est abattue sur cette
région de la Haute-Lorraine.
Des sceptiques - et il y en a trop dans ce commencement de
siècle qui a connu toutes les grandeurs et aussi toutes les
défaillances humaines, - ont osé soutenir que les familles de
nos morts, en réclamant leurs restes, ont cherché,
quelques-unes, à se ménager gratuitement un voyage dans les
régions libérées...
Je proteste hautement contre ce blasphème : car à Reillon, en
plein désert, et par un temps que beaucoup d'hommes rompus à la
fatigue, n'auraient pas voulu affronter, ce sont les neuf
dixièmes de ces éprouvés qui sort, venus; et encore, de ceux
demeurés dans leur pays, la plupart s'étaient excusés, à
demi-honteux, parce que trop vieux ou malades.
Nulle part, je ne me suis senti, mieux qu'ici, en communion de
pensées avec ces vivantes victimes de la guerre. On sentait,
dans ce recueillement de tout leur être, et leur douleur
résignée, que ces mères avaient offert, dès le début de la
guerre, le meilleur d'elles, leurs fils à la Patrie: et que ces
veuves - certaines remariées, ne vous en offusquez pas. M.
Emmanuel Broyne - conservaient toujours au fond de leur cœur,
avec la foi jalouse des Vestales antiques, la blessure que la
Mort y a faite.
J'ai consulté mes dossiers : sur plus de mille familles que mes
avis ont touchées, cinq veuves seulement se sont récusées ; et
ici, ce sont les veuves qui dominant parmi ces parents
souhaitant pouvoir se pencher librement sur le tertre qu'on va
creuser dans le cimetière communal.
Les chiffres ont leur éloquence, une éloquence froide, mais
indiscutable : quoi qu'aient prétendu de rares ligues d'anciens
combattants, mal renseignés, les femmes de France sont dignes de
la grande pitié, comme de la généreuse admiration. qui montent
de nos cœurs vers leurs âmes douloureuses.
LAMEROSE.
GRAVE ACCIDENT D'AUTO
Nancy, 29 mai. Téléph. Malin. Un terrible accident d'automobile
s'est produit hier soir sur la route qui conduit de la gare d'Emberménil
à Laneuveville-aux-Bois, à 200 mètres environ de cette dernière
commune. M Ginelli. entrepreneur de travaux publics à Lunéville.
accompagné de sa femme, qui avait assisté dans la journée, à
Laneuveville-au-Bois, à un mariage. revenait en auto de la gare
d'Emberménil. Dans la voiture avaient pris place, en outre de M.
Ginelli qui conduisait. Mme Ginelli, Mlle Frischmann, M. Vitari,
entrepreneur, M. Grasse, directeur de garage à Nancy, et Mlle
Piazzola.
Soudain, le pneumatique d'une roue avant éclata. La voiture fit
une embardée et vint s écraser contre un arbre en bordure de la
route.
Le crâne ouvert, Mlle Frischmann avait été tuée sur le coup. Mme
Ginelli. qui a dû subir, à l'hôpital, de Lunéville, l'amputation
d'une jambe, est dans un état désespéré. Son mari est également
dans un état très grave. Quant aux autres voyageurs, ils ont été
tous blessés, mais moins grièvement.
M. Reibel en
Meurthe-et-Moselle
NANCY, 13 juillet. - M. Reibel, ministre des Régions libérées,
après avoir présidé la distribution des prix du lycée
Henri-Poincaré, dont il fut il y a vingt ans, un des plus
brillants élèves, a profité de son passage à Nancy pour visiter
un certain nombre de communes dévastées de l'arrondissement de
Lunéville.
A Emberménil, parlant des accords de Wiesbaden, le ministre a
annoncé qu'ils entreraient en vigueur le 20 juillet.
FAMILLE OU L'ON SE MARIE
A Mignéville (Vosges), a été célébré, le 14 octobre, le mariage
de M. Boudot, 73 ans, avec Mme Vouaux, 66 ans. Or, la fille de
Mme Vouaux. 45 ans, s'était mariée le 5 avril, et sa
petite-fille, 25 ans, avait contracté mariage le 14 janvier. Le
registre des mariages de Mignéville va donc porter, dans la même
année, les noms de la petite fille, de la mère et de la
grand'mère. Les deux nouveaux conjoints, veufs l'un et l'autre,
comptaient déjà chacun quarante-huit ans de mariage.
A Mignéville (Vosges), a été
célébré, le 14 octobre, le mariage de M. Boudot, 73 ans, avec
Mme Vouaux, 66 ans. Or, la fille de Mme Vouaux. 45 ans, s'était
mariée le 5 avril, et sa petite-fille, 25 ans, avait contracté
mariage le 14 janvier. Le registre des mariages de Mignéville va
donc porter, dans la même année, les noms de la petite fille, de
la mère et de la grand'mère. Les deux nouveaux conjoints, veufs
l'un et l'autre, comptaient déjà chacun quarante-huit ans de
mariage.
Secteur de Lunéville. -
Translation, dans le cimetière national de Reillon, des corps
des militaires inhumés dans le cimetière militaire de Bénaménil.
Au sujet de notre chronique
intitulée En-Lorraine », et parue dans le numéro du 30 octobre,
M. Désenclos, architecte de l'église de Reillon,-s'est ému d'une
phrase à laquelle il attribue un sens; tout à fait contraire à
notre pensée. Nous avions écrit,; « On prétend que M. Désenclos,
à Reillon s'en est inspiré (de l'église de Gondrexon)».-Nous
avions si peu entendu dire par là que. M. Désenclos avait copié
l'église de Gondrexon, que, plus loin, nous ajoutions : « Ce
sont là des pensées qui peuvent venir à plusieurs artistes, sur
un programme identique, et il ne faut pas s'abandonner au délire
de la personnalité. »
Constitution des cimetières
nationaux
Programme des travaux qui seront effectués par le service de
l'état civil militaire dans la première quinzaine du mois de
Juin 1924. [...]
Secteur de Baccarat à Lunéville. - Aménagement du cimetière
national de Reillon (déplacement de tombes identifiées et mise
en ossuaire des inconnus) ; translation dans cette nécropole des
cimetières militaires de Laneuveville-aux-Bois ; de La
Grande-Taille, commune de Laneuveville-aux-Bois, et du cimetière
militaire nouveau de Reillon.
Ouverture des fosses communes situées dans les cimetières
communaux de Reherrey et Blémerey.
Secteur de Baccarat
Lunéville. - Translation dans le cimetière national de Reillon
des corps des militaires français inconnus inhumés dans les
cimetières communaux de Gélacourt, Herbéviller, Domjevin,
Benaménil et Igney. Déplacement des sépultures militaires
situées dans le cimetière communal désaffecté de Manonviller.
Aménagement du cimetière national de Courbesseaux. (déplacement,
de tombes identifiées et mise en ossuaire des inconnus) :
translation dans
cette nécropole du cimetière militaire de Drouville.
Les familles avant des parents inhumés dans les cimetières
désignés ci-dessus et qui désireraient être fixées sur la date
du déplacement, de la tombe de leur parent, auraient à
s'adresser à l'officier chef du secteur d'état-civil intéressé.
Il demeure entendu que les corps des militaires qui, identifiés
depuis moins de trois mois, ont été réclamés par les familles,
ne seront pas déplacés, en attendant le transfert aux frais de
l'Etat.
Les accidents de la route
Nancy. M. Dulché, marchand de bestiaux à Herbéviller, traversait
Varangéville en automobile, lorsqu'il s'est trouvé soudain à
quelques mètres du jeune Charles Rublot, âgé de neuf ans, qui
jouait au cerceau au milieu de la rue. M. Dulché n'a pu éviter
l'enfant, qui a été renversé et tué.
Saint Nicolas
C'est le 6 décembre 1915 que la Saint-Nicolas fut célébrée en
Lorraine d'une façon apparemment unique dans les annales de
cette jolie et joyeuse fête.
Le régiment qui; protégeant Lunéville, occupait alors les
tranchées en avant du village de Reillon était commandé par un
grand diable de Lorrain, magnifique entraîneur d'hommes, un
original, certes, un casse-cou, bref ce que l'on peut appeler un
« type pas ordinaire », si l'on veut bien remarquer et ajouter
que c'est la caractéristique des héros d'être précisément des
types pas ordinaires...
Et il avait imaginé ceci.
Sur une énorme toile blanche, tendue comme un décor de théâtre,
il avait fait dessiner par un artiste du régiment,- il y avait
de tout, vous savez bien, dans les régiments; même des artistes,
: celui-ci d'ailleurs et par surcroît était dans le civil un
prêtre, - le colonel avait fait dessiner un saint Nicolas
gigantesque.
Le soir du 5 décembre, dans la nuit noire, le décor fut
transporté jusqu'aux tranchées de première ligne ; et à minuit,
un projecteur installé derrière la toile brusquement dressée
éclaira tout à coup, en ombre chinoise, l'effigie du saint face
aux Allemands...
Les Allemands étaient là, en effet, à moins de cent mètres.
Mais ils furent tellement étonnés par cette apparition
singulière qu'ils ne songèrent même pas à- « réagir »...
Pas une balle, pas un obus, ne vint troubler la cérémonie.
C'est sans doute aussi que la protection de saint Nicolas,
patron des garçons, s'étendait sur les bons, les vaillants
garçons qui avaient tenu à l'emmener-bénir, de ses trois doigts
levés comme dans toutes ses statues et sur toutes ses images,
bénir cette terre de Lorraine qu'ils voulaient reprendre et
garder...
De Leintrey : Deux jeunes
gens revenaient de leur travail ; en passant à travers champs,
ils aperçurent une torpille, l'examinèrent, la déplacèrent et
jetèrent des pierres. La torpille fit explosion. Un des jeunes
gens, Charles Riche, atteint par des éclats, a succombé.
La grande misère de nos
cimetières militaires
De grands noms qui s'effacent sur des croix de bois
Nous avons signalé, hier, la grande détresse des cimetières
militaires français en Belgique.
Il nous faut malheureusement revenir sur une négligence
sacrilège qui ne doit pas durer.
Si le Matin a déjà intercédé, l'an dernier, en faveur du
cimetière Saint-Charles, près d'Ypres et de l'ossuaire du
Kemmel, où quelque effort a été fait, il avait aussi dénoncé le
lamentable abandon, entre Vého et Leintrey, des deux entonnoirs
de trente-cinq mètres de circonférence creusés par les mines
allemandes et où dorment les 150; hommes du 162e d'infanterie
que commandait le lieutenant Georges Lévy dans la nuit du 10 au
11 juillet 1916. Là encore, notre appel a été entendu, mais si
l'autorité militaire a fait tracer un soupçon de chemin d'accès
et déblayer, quelques réseaux de barbelés, on s'étonne qu'une
modeste pierre n'ait pas encore été substituée à l'écriteau
sommaire qui commémore l'hécatombe.
Les passages à niveau
dangereux
NANCY, 6 novembre. - Un employé des ponts et chaussées. M.
Martin Steinmann, âgé de 57 ans, demeurant à Lunéville, se
rendait à bicyclette à Vého, lorsque, arrivé au passage à niveau
de la ligne de Lunéville à Badonviller, entre Croismare et
Marainviller, il alla, par suite du brouillard, buter contre le
train qui passait à ce moment. Le malheureux a été tué sur le
coup.
A Vého (Meurthe-et-Moselle).
un enfant de six ans, qui Jouait avec une fusée d'obus, la
laisse tomber sur le sol, où elle fait explosion. Le malheureux
est tué sur le coup.
MEURTHE-ET-MOSELLE.
Veho. Un obus oublié chauffé par un feu de bûcheron éclate. M.
Veltin est tué, son frère et deux camarades blessés.
ANNIVERSAIRES PATRIOTIQUES
Un monument sera inauguré à Reillon
Nancy; 23 août. Téléph. Matin
Un monument commémoratif élevé à la gloire des officiers,
sous-officiers et soldats du 223e régiment d'infanterie, morts
au champ d'honneur sur le front de Lorraine, sera solennellement
inauguré, dimanche, dans le cimetière national de Reillon à
l'intersection des routes de Blémerey et de Gondrexon.
Le service funèbre sera célébré par l'abbé Lestiévant, ancien
capitaine du 223e R. I.
INAUGURATION DE DEUX
MONUMENTS
Un monument commémoratif élevé à la gloire des officiers,
sous-officiers et soldats du 223e régiment d'infanterie, morts
au champ d'honneur sur le front de Lorraine, sera solennellement
inauguré aujourd'hui, dans le cimetière national de Reillon
(Meurthe-et-Moselle), à l'intersection des routes de Blémerey et
de Gondrexon.
Le service funèbre sera célébré par l'abbé Lestiévant, ancien
capitaine du 223e R.I.
Un pèlerinage au champ de
bataille
Nancy. 26 août. - Une délégation de deux cent cinquante anciens
combattants et des veuves et orphelins du 223e R I., ayant à sa
tête le colonel Grollmund, du 152 e R. I.; MM. Henri Villard, de
Bourg, président; Pernot, vice-président de la Chambre des
Députés, ancien sergent au 223e R.I., dont les membres sont
venus spécialement de Bourg, de Lyon et de Besançon, est
arrivée, pour visiter les environs de Lunéville où le 223e R. I.
a séjourné et combattu en 1914, 15 et 16.
Après être allés samedi à Mehoncourt, déposer une palme sur le
monument élevé à l'endroit où fut tué, le 25 août 1914, ie
lieutenant Pierre Goujon, député de Belley, les pèlerins ont
assisté, samedi soir, à Lunéville, à une manifestation musicale
organisée en leur honneur par les sociétés locales.
Dimanche, la caravane a parcouru l'ancien secteur de Reillon,
Veho, Donjevin, Doret, Deparroy, et assisté à l'inauguration
d'un monument élevé à Reillon, à la mémoire des anciens
combattants du 223e R I. tombés au champ d'honneur.
L'accueil des populations lorraines a été remarquablement
chaleureux et émouvant.
DÉCORÉ A 103 ANS
M. JOSEPH ZALESKI, QUI VIENT D'ÊTRE NOMMÉ CHEVALIER DE LA LÉGION
D'HONNEUR.
Agé de cent trois ans, M. Joseph Zaleski, ouvrier agricole à
Migneville (Meurthe-et-Moselle), figure comme chevalier de la
Légion d'honneur dans la promotion du ministère de
l'Agriculture.
Il est entré à l'âge de dix ans dans la culture comme domestique
de ferme et depuis quatre-vingt-treize ans il est resté attaché
à son village, où il travaille encore actuellement avec ses
petits-enfants.
Un centenaire, M. Zalesky,
qui cultive depuis soixante ans la même ferme, à Migneville,
vient d'être décoré de la Légion d'honneur.
FARMER, 104, GIVEN HONOR
LEGION CROSS
LUNEVILLE, June 16.-The little town of Migneville was in holiday
attire today as "Papa" Zaleski, a Lorraine peasant, aged 104,
was decorated with the cross of the Legion of Honor for his long
service as a farmer. At the same time that the sturdy old
peasant was honored, his nephew, Georges, was decorated for his
services during the War.
"Papa" Zaleski will soon celebrate his 105t,h birthday. He has
been working the soil for 94 years and he has not yet retired.
Every morning, he accompanies his grandchildren into the fields
to help them with their labors.
Nancy, 5 janv. - M. Joseph
Zaleski, qui était le doyen de la Lorraine, vient de mourir à
Migneville à l'âgé de 105 ans.
A Lunéville
Il vient de se constituer, à Lunéville, un comité destiné à
organiser, en liaison étroite avec celui de Paris, les
manifestations importantes qui se préparent pour le mois de juin
prochain à Lunéville, Vého et Emberménil, en l'honneur de l'abbé
Grégoire.
Une de ses premières décisions comporte l'invitation à toutes
les communautés de Lorraine et d'Alsace de se faire représenter
aux cérémonies prochaines, afin que les Juifs puissent témoigner
leur reconnaissance à leur bienfaiteur.
Désireux de pouvoir organiser dignement la réception des
nombreuses délégations attendues, le comité lance une
souscription qui servira également à l'apposition d'une plaque
commémorative sur lia maison natale de l'abbé Grégoire.
On peut adresser les fonds dès maintenant à notre collaborateur
M. Paul Lang, secrétaire général du comité, 19, place du
Château, Lunéville (chèques postaux Nancy, 31-15).
Voici la composition du comité :
Présidents d'honneur : MM. Edouard Fenal, maire de Lunéville, et
Georges Mazerand, député de Meurthe-et-Moselle ;
Président : M. Gaspard, ingénieur du service vicinal, adjoint au
maire de Lunéville ;
Vice-présidents : MM. Legendre, commissaire spécial honoraire,
et Fleurent, négociant en
bois, adjoints au maire ;
Secrétaire général : M. Paul Lang, représentant ;
Secrétaire : M. Riquet, chef de bureau à la mairie ;
Trésorier : Me Marie, notaire ;
Membres du bureau : MM. le docteur Hanriot, conseiller général ;
Adrien Valentin, industriel, conseiller d'arrondissement ;
Alison, maire d'Emberménil ; Humbert, maire de Vaucourt ;
Gérardin Aimé, adjoint au maire de Vého ; Coulon, inspecteur de
l'Enseignement primaire ; Fernand Rousselot, (président de
l'Association de la Presse nancéienne, rédacteur à l' « Est
Républicain » ; Henrard, rédacteur à l'« Indépendant de
Lunéville » ; Etienne, professeur d'histoire au collège,
conservateur de la bibliothèque municipale ; Jacquot, directeur
d'école honoraire, bibliothécaire adjoint ; Claude, professeur
de lettres au collège ; Provost, architecte, conseiller
municipal ; Julien Risse, directeur d'entreprises, conseiller
municipal ; André Kahn, industriel ; Dubourvieux, secrétaire
général des Sociétés de Gymnastique de l'Est; Cuny-Mangin,
marbrier, petit-cousin de l'abbé Grégoire.
DEPLACEMENT DE TOMBES
MILITAIRES DANS LES CIMETIERES COMMUNAUX
Des transferts de tombes militaires seront effectués aux dates
ci-après :
[...] Les 7, 8 et 9 avril 1931.
Transfert dans la nécropole nationale de Reillon
(Meurthe-et-Moselle) de 23 tombes militaires, situées dans le
cimetière communal de Croismare.
Le geste touchant des petits
écoliers lorrains et la gentille réponse du président Daladier
NANCY, 26 juin. Téléph. Matin. Dans un geste touchant, les
élèves de l'école primaire de Leintrey, petite village de
Meurthe-et-Moselle, durement éprouvé par la guerre, avaient
adressé au Président Edouard Daladier, ministre de la défense
nationale, une lettre qui contenait cent francs., provenant de
la coopérative scolaire, pour aider à l'achat d'un avion.
Voici la gentille réponse que le chef du gouvernement vient
d'envoyer aux petits écoliers lorrains:
J'ai bien reçu votre lettre et les cent francs que, tous
ensemble, vous m'avez adressés, pour m'aider à acheter un avion.
J'ai été très touché du geste que vous a dicté votre grand amour
de la France. Je vous en félicite et vous remercie de votre don
généreux. Les témoignages du fervent patriotisme des enfants de
notre chère Lorraine, me sont particulièrement précieux.
J'ai fait transmettre ces cent francs à la Caisse autonome de la
défense nationale, comme contribution à l'achat d'un avion, qui
portera le nom de votre belle province.
Je vous adresse, mes chers petits amis, mes meilleures pensées.
Edouard Daladier.
PLUSIEURS lecteurs ayant
constaté ma parfaite indifférence devant certains récits d'ordre
héroïque et lacrymogène, inventés ou romancés par d'ingénieux
spécialistes, me reprochent ma « révoltante insensibilité ».
D'autres, prenant texte de mes réactions violentes devant
certains actes de barbarie, généralement commis contre des
enfants, reprennent à mon intention certaine raillerie dont
Henri Rochefort abusait à l'égard de Séverine. Il l'appelait :
Notre-Dame de la Larme à l'œil.
Or, je ne pleure pas. J'enrage !
Je vais très objectivement, sans indignation superflue, vous
soumettre ce petit entrefilet ressortissant à la chronique
judiciaire :
« A Nancy, à la prison,
Mme Gadat, trente-quatre ans, cultivatrice à Leintrey, arrêtée
pour avoir enterré clandestinement son huitième enfant, s'est
étranglée dans sa cellule. »
Je vous prie de bien vouloir remarquer qu'on n'accusait la
défunte d'aucun crime. Elle n'a pas tué son huitième enfant ;
elle ne lui a pas infligé de mauvais traitements. D'après le
texte qui précède, on lui reprochait seulement, le bébé n'ayant
pas survécu (et c'était peut-être le meilleur parti qu'il avait
à prendre, le monde étant ce qu'il est aujourd'hui) de l'avoir
inhumé dans la plus stricte intimité, sans passer par l'église
ni par les pompes funèbres.
Elle s'était dit, sans doute :
« Encore des démarches ! Encore des frais ! Et, surtout, encore
du temps perdu. J'ai assez à faire chez moi avec mes sept aînés,
et je suis bien capable, toute seule, d'enterrer ce pauvre
petit. Je n'enverrai pas de lettres de faire-part. Je ne dirai
rien à personne. »
Le magistrat chargé de l'affaire n'a pas cru devoir accorder le
bénéfice de la liberté provisoire à Mme Gadat, c'est-à-dire la
maintenir comme indispensable à son foyer.
Maintenant, voici quelques questions indiscrètes, auxquelles il
est assez difficile de répondre sans offenser la morale
conventionnelle et l'ordre social.
Qui a donc a soigné les sept enfants survivants de Mme Gadat (le
huitième étant hors de cause et hors d'affaire) pendant que leur
maman était en prison ?
Qui donc va les soigner maintenant que la maman, mise (elle
aussi) hors de cause et hors d'affaire, a été enterrée (elle
aussi) sans les sacrements de l'Eglise?
N'y a-t-il pas quelqu'un qui, à la suite de ce dénouement, aura
un sommeil peuplé de cauchemars, formes nocturnes et
cinématographiques du remords ?
Les sept petits abandonnés ne vont-ils pas, comme ceux du
bûcheron et de la bûcheronne, errer dans la forêt à la recherche
du palais de l'ogre ?
Mais c'est seulement dans les contes de fées que l'histoire
finit bien.
Au fait, il n'est pas affirmé, dans l'avis publié au sujet du
décès de Mme Gadat, cultivatrice, que ses sept aînés soient
encore vivants. Espérons qu'il n'en reste pas énormément, qu'il
en reste le moins possible !
Parce que ceux qui restent ont la perspective d'une joyeuse
existence.
A l'école, les autres petits d'hommes les montreront du doigt.
Plus tard, des justiciers à retardement chuchoteront sur leur
passage :
-Leur mère s'est étranglée dans sa prison !
La vie est belle. Les hommes sont bons. Nous n'avons aucune
raison de nous en faire.
Vous voyez bien qu'une fois de plus je fais montre de la plus
révoltante insensibilité !
G. de La Fouchardière.
Une fille charmante ! Aidée
par son amant elle étrangle sa mère et enterre le cadavre dans
un champ.
Nancy, 23. - Un crime particulièrement odieux vient d'être
commis a Xousse (Meurthe-et-Moselle). Mme veuve Rentenauer, 37
ans, mère de trois enfants, a été assassinée par sa fille aînée,
Marguerite. 17 ans, avec la complicité de son amant Auguste
Levang, domestique à la ferme de la victime.
Tandis que Mme Rentenauer était occupée à traire une vache,
Levang lui passa une corde autour du cou et tira violemment
réduisant sa victime au silence. C'est alors que la fille
intervint, elle se jeta sur sa mère lui immobilisant bras et
jambes.
Lorsque la victime eut cessé de vivre, les assassins cachèrent
le cadavre sous la paille de l'étable puis, la nuit venue, ils
allèrent l'enterrer dans un champ à 1.800 mètres de la ferme.
Les assassins se sont emparés de 29.000 francs montant des
économies de la victime. Ils ont été écroués à la prison de
Nancy.
Une parricide et son amant
sont condamnés à mort
Nancy, 25 octobre, - Lundi ont comparu devant la Cour d'assises
de Meurthe-et-Moselle Auguste Levang, 24 ans et sa maîtresse,
Marguerite Reutenauer, 18 ans, qui, le 15 mai dernier, tuèrent
Mme Reutenauer. mère de l'accusée, cultivatrice à Xousse, sous
prétexte qu'elle s'opposait à leur mariage.
Levang. domestique chez Mme Reutenauer, avait, alors qu'elle
était occupée à traire une vache, passé une corde au cou de la
fermière et l'avait étranglée pendant que sa maîtresse se jetait
sur elle pour lui immobiliser les bras et les Jambes.
Les deux. complices, après avoir dissimulé le cadavre sous la
paille de l'étable, s'emparèrent des économies de la victime,
29.000 francs environ et, la nuit venue, allèrent enterrer le
corps dans un bois, A 1 800 mètres de la ferme.
Après une courte délibération, le Jury a rapporté un verdict de
culpabilité et les deux criminels ont été condamnés à la peine
de mort.
COMMUNIQUE DU G.Q.G. DES
FORCES EXPEDITIONNAIRES ALLIEES
Les forces alliées ont continué à avancer, hier, au nord et au
sud de Metz.
[...]
Des gains de terrain d'environ 3 km. 500 ont été réalisés dans
le secteur situé à l'est de Lunéville. En dépit d'une forte
résistance et de difficultés dues à la neige, Leintrey a été
libéré. Plus au sud, le village de Montigny a été pris.
Au sud-est de Baccarat, une contre-attaque ennemie a été brisée
par notre artillerie qui a fait subir de lourdes pertes aux
Allemands.
L'abbé PIERRE et ROBERT
SCHUMAN EN LORRAINE
Jusqu'à présent, le parti communiste. obéissant sans doute à des
ordres précis, s'était gardé visiblement d'attaquer de front le
M.R.P.
Aujourd'hui, le contre-ordre logique est intervenu. Les
candidats communistes mènent autour de notre Mouvement, une
sorte de danse du scalp qui laisse d'ailleurs indifférent l'abbé
Pierre et ses compagnons.
On ne présente pas l'abbé Pierre, alias Henri Grouès. C'est l'un
de ces prêtres héroïques qui refusa de se soumettre aux hérésies
de l'ordre nouveau Fondateur, en mars 1943. de maquis en
Chartreuse et dans le Vercors, adjoint à l'état-major F.F.I. de
la région, deux fois arrêté et deux fois évadé, il est titulaire
de la médaille de la Résistance et de la croix de guerre.
Son second de liste est Alexandre Gaspary, ouvrier de 37 ans,
père de sept enfants, fondateur de syndicats dans le Pays Haut.
Robert Goetz, qui vient ensuite, est professeur. François
Houlllon, cultivateur, maire de Verdenal ; Philippe Legendre,
père de six enfants, est chef d'exploitation, et Lucien
Gouverneur, commerçant. Telle est la liste M.R.P. que l'abbé
Pierre mènera dimanche à sa juste victoire.
M. le député dit sa messe
Pour l'instant, l'abbé Pierre, qu'on attend à la permanence, est
absent. Il est rentré cette nuit, vers les deux heures, de
Pagny-sur-Moselle. Le président de la Fédération ira donc le
chercher chez lui. Je suis du voyage.
Nous montons, et, dans une pièce sans meubles qu'orne seulement
un tableau de Jeanne d'Arc, sur la cheminée qui lui sert
d'autel, M. l'abbé Pierre, député de Nancy, dit sa messe.
Une fois celle-ci terminée, après un très bref déjeuner, nous
partons pour Messein où doit se tenir la première des douze
réunions de la journée.
L'abbé Pierre entre tout de suite dans le vif de son sujet.
C'est pour constater d'abord que, de plus en plus, l'heure est
aux grands courants d'opinions. Ainsi, en Meurthe-et-Moselle,
lors des premières consul tations, il y avait six listes en
présence. Pour la seconde consultation, il n'y en avait plus que
cinq. Cette fois-ci, il ne s'en trouve que quatre, dont le P.R.L.
- Ah, ce P.R.L. ! s'écrie l'abbé Pierre, mais, s'il n'existait
pas, il faudrait l'inventer !
En vingt minutes, cet étonnant orateur populaire, qui sait
d'instinct les mots dans lesquels le peuple se reconnaît a fait
le tour des principaux problèmes politiques actuels.
- Je sais bien, conclut-il, que nous sommes des « rouspéteurs »,
des « cabochards » ; mais le Français est un peuple avec lequel
on ne fait de « boulot » que lorsque le cœur y est et qu'on peut
se regarder les yeux dans les yeux.
...Et douze fois, en ce dimanche il ira porter la bonne et
franche parole attendue.
Communes sinistrées tenues
d'avoir un projet de reconstruction.
Par arrêtée en date du 25 avril 1947 pris en application de la
loi d'urbanisme provisoirement applicable du 15 juin 1943, les
communes de Leintrey (Meurthe-et-Moselle) et Ebermunster
(Bas-Rhin) ont été déclarées communes sinistrées.
Des projets de reconstruction seront élablis dans ces communes,
dans les conditions fixées par la loi validée du 11 octobre
1940-12 juillet 1941 relative à la reconstruction, des immeubles
d'habitation partiellement ou totalement détruite par suite
d'actes de guerre, et par le décret du 21 juin 1945, modifié le
23 mars 1946, relatif aux projets de reconstruction et
d'aménagement des communes sinistrées.
Dilatation anormale des rails
LE STRASBOURG -PARIS
DÉRAILLE EN PLEINE VITESSE
6 morts - 50 blessés
NANCY, 4 juillet. - Le rapide Strasbourg-Paris a déraillé
aujourd'hui, à 13 h. 10, à environ 200 mètres de la gare d'Embermenil
(Meurthe-et-Moselle). Le wagon-restaurant et celui qui le
suivait, qui étaient respectivement en troisième et quatrième
position, ont été couchés suivant un angle de 45°. Une rupture
d'attelage se produisit alors et le cinquième wagon (3e classe),
arraché de ses bougies et projeté sur le côté, glissa par la
vitesse acquise, se couchant sur les rails de la voie parallèle,
où il se rabota littéralement sur une centaine de mètres.
C'est des débris de cette voiture que l'on retira les restes
absolument méconnaissables des morts, que l'on estime être six.
Il n'est pas encore possible, toutefois, d'avancer un chiffre
définitif, les travaux de déblayement n'étant pas encore
terminés.
PENDANT UN KILOMETRE
Les autres wagons se sont couchés sur place et quelques-uns de
leurs occupants ont été blessés. La locomotive du rapide a
continué de rouler pendant environ un kilomètre, entraînant à sa
suite les wagons qui étaient restés dans leur position normale.
On compte entre 40 et 50 blessés, dont certains grièvement. Les
trois postiers ambulants sont parmi les blessés.
L'accident parait dû à une dilatation des rails causée par la
chaleur caniculaire. Le mécanicien du convoi a déclaré, en
effet, qu'en abordant une courbe à environ 110 km. à l'heure, il
sentit que le rail offrait une résistance insolite. Il renversa
la vapeur, mais il était trop tard pour éviter la catastrophe.
Sur une centaine de mètres, on a recueilli des débris
ensanglantés dont l'identification est actuellement impossible,
et qui ont été transportés dans l'église du village.
La locomotive et les deux wagons indemnes dans lesquels ont pris
place presque tous les rescapés de l'accident sont repartis vers
Paris.
A 17 KILOMETRES DE LUNËVILLE
Un wagon « raboté » dans le déraillement du Strasbourg-Paris
On comptait hier soir 6 MORTS et 40 BLESSES
LE SANG-FROID DU MECANICIEN EVITE UNE CATASTROPHE PLUS GRAVE
NANCY, 4 juillet (correspond. « Humanité »). - A 12 h. 40, le
rapide Strasbourg-Paris a déraillé à environ 200 mètres de la
petite gare d'Emberménil, située à 17 kilomètres de Lunéville.
L'accident a fait six morts et quarante blessés, dont une
dizaine sont dans un état grave.
Le train avait quitté Strasbourg à 11 h. 27 et devait arriver à
Lunéville à 12 h. 59. Peu après avoir passé la gare d'Avricourt,
au moment où le convoi, qui marchait à 110 kilomètres à l'heure,
abordait une courbe, le mécanicien sentit une résistance. Il
freina, évitant ainsi, grâce à son sang-froid, une plus terrible
catastrophe.
Le wagon-restaurant-et celui qui le suivait, qui étaient
respectivement en troisème et quatrième position, ont été
couchés suivant un angle de 45 degrés. Une rupture d'attelage se
produisit alors et le cinquième wagon, arraché de ses bougies et
projeté sur le côté glissa par la vitesse acquise, se couchant
sur les rails de la voie parallèle où il se rabota littéralement
sur une centaine de mètres.
Les voyageurs furent projetés dans le couloir et, passant à
travers les fenêtres, écrasés entré les rails et la voiture.
Les autres wagons se-sont couchés sur place et quelques-uns de
leurs occupants ont été blessés.
La locomotive du rapide a continué à rouler pendant environ un
kilomètre, entraînant à sa suite les wagons qui étaient restés
dans leur position normale.
Parmi les blessés se trouvent les trois postiers ambulants.
Un très grave accident de
chemin de fer s'est produit à 12 h. 40, sur le réseau Est, entre
les gares d'Avricourt et d'Emberménil, près de Lunéville.
C'est le rapide qui quitte Strasbourg à 11 h. 27 pour arriver à
Paris à 18 h. 5 qui a déraillé à cet endroit, à la suite de
circonstances qui n'ont pu être encore établies.
D'après les premiers renseignements parvenus à la direction de
la S.N.C.F., on compterait une vingtaine de victimes, toutes
très grièvement atteintes. Mais, malheureusement, on ignore
encore le nombre des décès qui se chiffrerait, d'ores et déjà, à
sept.
Deux wagons pulvérisés
C'est, semble-t-il, à le suite d'un déraillement qu'un wagon du
rapide est sorti des rails et a été presque pulvérisé. Un
deuxième véhicule a été très endommagé. On ne saurait dire,
actuellement, s'il y a encore des victimes sous les restes des
wagons sinistrés.
Les gendarmeries de Lunéville, Blâmont, etc., et le personnel
technique des gares de Strasbourg et Nancy sont sur les lieux.
Des voitures réquisitionnées effectuent le transport des
victimes dans les hôpitaux de la région. Les deux voies sont
obstruées et le trafic détourné.
Le déraillement du rapide
Strasbourg-Paris
Grièvement blessé le contrôleur du train alla jusqu' la gare d
Emberménil pour donner l'alarme.
Une nouvelle victime du déraillement de Strasbourg-Paris est
décédée lundi soir, à l'hôpital de Lunéville.
Ce décès porte donc à six le nombre des morts de cet accident.
Comme dans chaque accident de ce genre, on a relevé des actes de
courage et de conscience professionnelle dignes d'être
soulignés.
Ce fut d'abord ce contrôleur qui, l'avant-bras à demi arrachée,
se dégagea des wagons bouleversés pour courir, tenant son
poignet mort de sa main valide, à la gare prévenir et appeler à
l'aide. Dans son dos, une grosse plaque blanche et sanguinolente
était collée : une cervelle humaine.
Ce fut aussi l'attitude des ambulants du wagon postal, qui,
blessés, se refusèrent de se laisser emmener par les sauveteurs
: ils ne voulaient pas abandonner-le courrier.
Il fallut qu'un médecin fasse violence au chef convoyeur pour
qu'il se laissât transporter par les brancardiers. Encore
fallut-il qu'il fût assuré qu'une garde vigilante serait montée
auprès des sacs postaux pour s'abandonner aux soins que
nécessitait son état.
Des techniciens de la S. N. C. F. se sont mis aussitôt au
travail pour tenter d'établir les causes de cet accident. Si on
incrimine la chaleur qui aurait dilaté les rails et aurait
provoqué leur écartement, des observateurs ont remarqué dans la
courbe que le rapide aborda à 110 kilomètres à l'heure des
traverses en mauvais état marquées d'une croix blanche, pour
être remplacées. L'enquête dira alors si là réside la cause du
déraillement. Un fait certain, les wagons métalliques ont,
prouvé leur solidité, aucun ne s'est écrasé.
A Emberménil, au même
endroit...
NOUVEAU DERAILLEMENT d'un rapide Strasbourg Paris
Trois wagons sortent des rails : pas de victimes
De notre envoyé spéculos Paul PELOT.
EMBERMENIL, 5 juillet.
ALORS que se poursuivaient cette nuit a une heure, les travaux
de dégagement des wagons du Strasbourg-Paris déraillé hier prés
de la gare d'Emberménil, le rapide n° 18, qui avait quitté
Strasbourg à 23 heures et qui empruntait la voie libre, a lui
aussi déraillé exactement au même endroit.
L'enquête sur le premier accident piétine...
Les boogies du cinquième wagon se mirent en travers des voies,
entraînant la sortie des rails de trois voitures. Le train
roulant au pas, il n'y eut que quelques contusions sans gravité
parmi les voyageurs.
Les trois voitures déraillées ont du être abandonnées sur place,
cependant que les voyageurs continuaient leur route vers Nancy à
bord des voitures de tête.
Notons, en passant, que beaucoup parmi eux se rendaient à
Lunéville, au chevet des blessés de l'accident de la veille.
Ce deuxième déraillement survenus cette fois en pleine nuit
parait bien confirmer la thèse selon laquelle, ainsi qu'on le
verra plus loin, la chaleur n'est pas seule responsable de
l'accident qui a coûté la vie à six personnes. Ii s agirait
plutôt d une défectuosité de la voie.
L'enquête sur le premier accident piétine...
Une jeune fille a succombé, dans la soirée d'hier, à l'hôpital
de Lunéville. Elle avait 20 ans ; elle était la fille du colonel
Jeanjean. commandant de la place de Sarrebourg Ce décès porte à
six le nombre des morts de l'accident du Strasbourg-Paris.
Pendant ce temps, dans la cabane en planches qui tient lieu d'eglise,
à Emberménil, village détruit au cours de la dernière guerre,
comme il l'avait été en 1914-1918, des mains pieuses plaçaient
dans cinq cercueils des débris humains informes, broyés,
laminés, déchiquetés.
Combien ces membres épars représentent-ils de cadavres ?
apparemment cinq : quatre femmes et un homme.
Cette nuit, on a réussi à identifier deux des cadavres mutilés.
Une vieille demoiselle de 52 ans, Mlle Mariette Sustraut,
demeurant 52, rue du Champ-de-Mars, A Paris et une jeune fille
de 18 ans, Mlle Katz Silas. de Strasbourg Pour identifier les
trois autres, il faudra se contenter de quelques maigres
indices.
Celle femme âgée de 65 A 70 ans de mise modeste porte encore au
cou une médaille a l'effigie de Pie XI et un scapulaire. On a
retrouvé a ses côtés un fascicule du congrès eucharistique en
langue allemande, sans doute se rendait-elle à congrès
Une autre femme ne pourra être reconnue que par son alliance en
platine sertie de pierres précieuse. Une aussi, par le fait
qu'elle était enceinte
Le cinquième corps est celui d'un homme.
A un doigt, une chevalière aux Initiales F W ou J M. on ne sait
pas exactement, car la bague est écrasée.
A tout instant, un soldat ou un employé de chemins de fer
apporte, dans un morceau de papier, un lambeau de chair : une
main de femme gantée une parcelle de vêtement qui servira
peut-être tout à l'heure, à des gens en larmes, a reconnaître un
des leurs.
L'enquête
A l'hôpital de Lunéville, à celui de Sarrebourg des blessés
souffrent et geignent. Toute la soirée, toute la nuit, les
médecins, les chirurgiens. !es Infirmiers, les religieuses se
sont dépensés. Certains blessés ne seront sauvés qu'à grand
peine.
Cependant ce matin le directeur de l'hôpital de Lunéville nous a
dit lui-même que !a plupart des blessé étaient dans un état
relativement satisfaisant.
Comment l'accident s'est-il produit ?
Les techniciens de la S.N.C.F. sont très discrets sur ce sujet.
Généralement on incrimine la chaleur qui aurait dilaté les rails
et aurait pratiqué leur écartement mais nous avons remarqué nous
même dans la courbe que le rapide aborda à 110 à l'heure des
traverses marquées d'une croix blanche qui Indique qu'elles
étaient à remplacer
L'enquête dira sans doute, si là réside la cause de l'accident.
Un fait est certain : les wagons métalliques ont résisté au
choc, aucun ne s'est écrasé.
Comme dans chaque accident de ce genre on a relevé des actes de
courage et de conscience professionnelle dignes d'être
soulignés.
Ce fut d'abord ce contrôleur qui, l'avant-bras à demi arrachée,
se dégagea des wagons bouleversés pour courir, tenant son
poignet mort de sa main valide, à la gare prévenir et appeler à
l'aide. Dans son dos, une grosse plaque blanche et sanguinolente
était collée : une cervelle humaine.
Ce fut aussi l'attitude des ambulants du wagon postal, qui,
blessés, refusèrent de se laisser emmener par les sauveteurs :
ils ne voulaient pas abandonner-le courrier...
Il fallut qu'un médecin fasse violence au chef convoyeur pour
qu'il se laissât transporter par les brancardiers. Encore
fallut-il qu'il fût assuré qu'une garde vigilante serait montée
auprès des sacs postaux pour s'abandonner aux soins que
nécessitait son état.
Une interpellation
M Kriegel-Valrimont, député communiste de la Meurthe-et Moselle,
va interpeller sur l'accident du Strasbourg-Paris.
LA SIXIEME VICTIME DE
L'ACCIDENT DU STRASBOURG-PARIS EST IDENTIFIEE
NANCY. 7 juillet (dépêche « Paris-presse-l'lntransigeant ») - La
sixième victime de l'accident du Strasbourg-Paris a été
identifiée II s'agit d'une vieille demoiselle d'Eibenheim
(Bas-Rhin).
Mlle Philomène Schmitt, âgée de soixante six ans, qui se rendait
à Nancy pour assister aux cérémonies du congrès eucharistique.
Dans la matinée a eu lieu dans la petite chapelle d'Emberménil
la levée du corps de cinq des victimes de l'accident. Quatre des
cercueils ont été dirigés sur Strasbourg et le cinquième sur
Saumur.
De Gaulle rend visite à son
ancienne gouvernante
Le général et Mme de Gaulle sont allés hier à Frémonville
(Meurthe-et-Moselle), rendre visite à Mlle Louise Camaille,
l'ex-gouvernante de La Boisserie.
Le maire de cette petite localité de 300 habitants et les jeunes
du village se livraient, vers 15 heures, aux jeux organisés sur
la place de la mairie par la municipalité lorsque deux voitures
s'arrêtèrent devant le domicile de Mlle Camaille.
De la première voiture descendirent, à leur grand étonnement, le
général et Mme de Gaulle qui avaient décidé, en ce jour de fête
nationale, de rendre visite à leur ancienne gouvernante, retirée
depuis deux ans, dans son village natal.
Dans la deuxième voiture avaient pris place un aide de camp et
un policier.
Alors que le général se reposait à l'intérieur de la coquette
maison, on a pu voir Mme de Gaulle et Mlle Camaille se rendre au
jardin pour cueillir des petits pois.
Une heure plus tard, salués par les enfants du village, le
général et Mme de Gaulle reprenaient la direction de
Colombey-les-deux-Eglises. |