BLAMONT.INFO

Documents sur Blâmont (54) et le Blâmontois

 Présentation

 Documents

 Recherche

 Contact

 
 Plan du site
 Historique du site
 
Texte précédent (dans l'ordre de mise en ligne)

Retour à la liste des textes

Texte suivant (dans l'ordre de mise en ligne)

L'archiprêtré de Sarrebourg au XVIIe siècle - Avricourt
 


Revue ecclésiastique de Metz; études de théologie, ... Annee 27-28 (1920-21).
L'archiprêtré de Sarrebourg au XVIIe siècle
d'après quelques documents de l'époque

AVRICOURT

Die septima Octobris 1603.
Ecclia est sub Invocatne strum Fereoli et Feruci. Collatores D. D. de Ogiviller, pastor Nicolaus Dieudonné. Altare majus est stratum, sigillum est ablatum - non habent missale novum, habent tres calices unum argenteum. Asservatur Sum Sacratum in ciborio stanneo Involvatur Sum Eucharistiae Sacratum in corporali novo mundo. Claudatur ciborium ancula. Sacrae unctiones in vasis ex stanno claudantur vasa comparent novam monstrantiam. Fontes lapidei intus lebes cum operculo. Duo alia altaria sunt exsecrata, sunt strata, ablata sunt sigilla. Non utatur casula nigra nisiprius resarciatur. Comparent duo corporalia nova, reficiatur tabulatum, auferanturcistae ex Ecclesia, parent calicem novum ex stanno. Reficiantur fenestrae, fiant portae in coemiterio.

La collation de la cure appartient à la famille d'Ogéviller. Cependant, la paroisse n'est pas exclusivement de la juridiction d'Ogéviller. Elle est partie de Lorraine et partie de l'Evêché, respectivement de France et, à ce titre, du comté de Réchicourt. Mais l'église, le presbytère et le gibet sont en Lorraine et, de ce chef, les seigneurs d'Ogéviller sont seuls seigneurs haut-justiciers et collateurs d'Avricourt ; ceux de Réchicourt ne sont que seigneurs fonciers en la partie d'Evêché puis France. De quelque côté que se présentât le nouveau titulaire du bénéfice, il apercevait sa paroisse dans l'horizon étrange du cadre de deux gibets, faisant acolytes au clocher de l'église : celui d'Ogéviller pour tout Avricourt, près de l'église de la gare d'Igney, et celui de Réchicourt pour Réchicourt et Moussey sur la colline en face, au haut de Linchamp. Les désignations cadastrales, la Potence, le Poteau, la Fosse, en perpétuent encore aujourd'hui le souvenir. Cette question de topographie de la maison curiale, de l'église et du gibet joue alors dans bon nombre de nos paroisses un grand rôle dans les transactions de l'époque. En cas de besoin d'argent - et ce cas était endémique, - on gagera, on aliénera tout, mais pour autant que ce sera possible, on exceptera toujours le gibet et la collation de la cure. C'étaient là, en effet, les deux symboles les plus expressifs et les plus lucratifs de la seigneurie, savoir : le droit de vie et de mort d'une part et le droit de collation de la cure d'autre part. Celui-là rapportait bon an, mal an «  des espaves et confiscations », le tout pretio estimabile, diront les tabellions du Seigneur, en notant, comme c'est le rôle d'un notaire, «  toutes robes, tous chapperons, toutes cottes, tous couvre-chefs » et tout le bric-à-brac plus ou moins ébréché et bancal du meublant. Celui-ci assurait pour une bonne part les dîmes grosses et menues. A Avricourt, les collateurs possèdent les deux tiers, le curé ne jouit que d'un tiers et ce, uniquement dans l'étendue du finage de Lorraine. En mémoire de feu «  messire Nicolas Boulanger vivant curé du dict Auricourt escrit et signé de sa main ainsi que les anciens bourgeois ont lit et recognu faict l'an mil six cent et douze » déclare : « Il (le curé) a la thierse dans les menues dixmes d'agneaux couchons ling chanvre et autre contre les seigneurs dixmiers. Celui qui doibt le dixme d'agneaux et couchons a le droit pour choix d'en eslire deux qui seront neanmoing compris dans ce qu'il debvera de dizaine. Item que pour le dixme des vaches, le veaux toreaux doibvent chacun trois deniers et les genisses deux tant au sieur curé qu'aux seigneurs dixmiers. Cette rente est chue a chacune St Georges. Item que le dixme des meix et jardins du Breu (le Brolium de l'Auiaca villa cum ecclesia inibi constructa du VIII siecle) appartient entièrement au sieur curé qui sont présentement réduits en terre labourable pouvant comter environ de cinq jours trois quarts. Item que le maire des seigneurs d'Ogiéviller doibvt annuellement payer deux poules au Sr Curé à la St Martin. Item que le maire doibt aussi annuellement le dixme du foin du prey du Breu qu'il tient des seigneurs a cause de son office lui estant loisible de prendre pour son dixme de l'argent ou bien du foin. Item qu'il est loisible au Sr Curé de nourir et mener dans les bois du seigneur Comte de Linange autant de porcqs qu'il lui plaira sans payer l'avêne des bois à cause des services qu'il est obligé de dire à Richecourt comme l'ancienneté (Encore une ancienneté à retenir). Item que le dit Sr Curé n'est obligé de fournir un toureau ni un cheval ains seulement le porcq masle avec lequel il a un porcq franc du garde ». - Voilà ce qui s'appelle en l'espèce la portion congrue du sieur curé d'Avricourt Lorraine. Le fait est assez singulier. La partie la plus considérable de la paroisse est d' Evêché de France, donc de la seigneurie de Réchicourt. Le curé la dessert et il n'en tire cependant aucune dîme. Au siècle suivant, à l'occasion du défrichage en cette partie d'une forêt, le curé essaye bien de faire appliquer à ces terrains la règle des terres novales. Il expose qu'il «  est extrêmement lézé de ce qu'étant curé d'Avricourt on le frustroit de la dixme sur les terres qui sont du domaine de France ». «  Je suis curé de A. partie France et partie Lorraine, la première de soixante et dix ménages, l'autre quarante-huit. Ces deux parties font deux communautés distinctes séparées : chacune a son maire, son ban, son finage. L'Eglise et le clocher sont communs a tout le village. Les deux communauté sont également contribué à la réédification du presbitère, de la tour de l'Eglise. Je ne tire rien deus les dixmes de quelle nature elles puissent être sur le finage de la communauté de France ny desserte. Le ban ou finage de la partie de France était cy devant une forest qu'on a commencé a défricher depuis environs cinquante ans. Votre Excellence sera peut être étonnée que mes prédécesseurs n'ayent pas réclamé et soient demeurés tranquilles sur cet objet. La raison en est que lors du défrichement des terres dont il s'agit, le titulaire était infirme de corps et d'esprit. Celui qui lui succéda voulut remuer, mais une longue maladie dont il nourut l'empêcha de suivre ses droits. Un troisième à qui je succède, peu intelligent dans les affaires, se rendit aux avis du procureur d'office de Réchicourt. Si on ajoute à cela que pendant un nombre considérable d'années, la dixme entière ne valait pas dix écus, il ne sera plus étonnant qu'on l'ai si aisément abandonnée. » Non, ses prédécesseurs ne l'avaient pas abandonnée. Ils n'avaient pas trop réclamé parce que «  d'ancienneté », ils ne recevaient rien et n'avaient rien à prétendre. Et pour cause : la question de droit remontait «  d'ancienneté » au VIIIe siècle. Il n'avait d'ailleurs qu'à regarder le plan topographique de la paroisse tel qu'il se trouve encore aux archives de Nancy. La ligne du tracé de la frontière France Lorraine passe tout contre la tour de l'église, laquelle est dessinée à pic sur la pointe du clocher pour pouvoir demeurer en deçà de la ligne de Lorraine.
Ce dualisme politique ne simplifiait pas le ministère du curé. A un moment donné, les actes le Lorraine sont libellés en français ; les actes de France-Réchicourt-Linange, en allemand. Le curé doit posséder les deux langues, et le bilinguisme local le fait dé signer comme socius du visiteur de l'archidiaconé dans les parties allemandes de Sarrebourg, du Palatinat et de la Sarre. L'archidiacre se fie nécessaire ment à son traducteur d'office et suppose que son compagnon ne dit pas le contraire de son mandat. « Nous n'avons pu en cette église (Bruderdorff) interroger que deux ou trois enfants, parce que la plupart ne scavent pas le françois mais nous avons prié le sieur archiprêtre (M. Le Grand, curé d'Avricourt) d'interroger et les enfants et les grandes personnes en allemand, et il nous a assuré qu'ils ont encore beaucoup de religion, de docilité, de piété et de déférance aux ordonnances de Monseigneur en toutes choses ».
Nos anciens ne nous ont-ils pas raconté qu'au temps où l'archidiaconé de Château-Salins était du diocèse de Nancy, Mgr Foulon dut parfois recourir à un interprète bilingue et qu'il eut des fois l'impression que les paroles de son traducteur ne provoquaient pas sur le visage des auditeurs du canton d'Albestroff le contentement qu'il prévoyait ? Quoi d'étonnant! L'évêque faisait des compliments ; le traducteur grondait en son nom. L'évêque donnait raison à une municipalité, le curé traducteur ne se donnait pas tort. Voilà pour la langue.
Pour les fondations, il ne fallait pas que les biens fussent situés en l'une et l'autre juridiction, sinon, sous peine de nullité, il fallait se faire autoriser et en Lorraine et en France et payer, cela va de soi, doubles droits. De là, et des retards dans l'approbation et des frais sans fin. Pour l'entretien de l'église et les réparations les plus urgentes, c'était la même difficulté. Lorraine et France mettront soixante ans à se mettre d'accord sur les modalités de l'exécution d'une grosse réparation. Pendant ce temps, l'autorité diocésaine mettra en interdit l'église et le cimetière adjacent; les mariages seront publiés à Blâmont, à Ogéviller, et les enterrements se feront à Igney, à Amenoncourt, à Leintrey. C'était assez loin pour les porteurs, car les chemins de communication n'étaient pas carrossables.
Ce dualisme politique était tellement rigoureux que de 1514 à 1625, aux archives de la seigneurie de Réchicourt, il y avait une liasse spéciale pour «  les papiers concernant une difficulté avec les co-seigneurs d'Avricourt, Lorraine au sujet de l'entrée des habitants de France en Lorraine ». Pour passer d'une juridiction dans l'autre, il fallait «  tourner la thuile » Ou encore «  se contremander ».
Cette procédure était des plus pointilleuses ; l'inexécution d'une formalité quelconque entraînait la confiscation du tout, et il ne fallait plus jamais songer à passer dans une autre seigneurie. Pour commencer, il fallait dépendre la crémaillère et ne plus faire de feu sur l'âtre, puis renverser les meubles de telle sorte qu'ils ne fussent plus en leur position d'usage ; il fallait délier les bêtes blanches et rouges de la crèche et les laisser vaguer : il fallait sortir de la maison, n'y rentrer que pour donner provende aux bêtes, ne point être vu dans la demeure de France après le coucher du soleil, à aucun moment s'y asseoir. Et cela pendant la durée de toute une année à compter du jour où au maieur de France on faisait sa déclaration de contremand, de tournethuile pour descendre en Lorraine. Les gens de justice faisaient bonne garde, à moins que des pots de vin pour eux et «  encore trente un sol pour épingles à la femme du prévot » n'endormissent leur vigilance. Il faut croire qu'il faisait meilleur vivre en Lorraine et qu'on y payait moins d'impôts, car les tournethuile se rencontrent fréquemment.
Le curé avait ainsi deux sortes de paroissiens aux offices, ce qui maintes fois le gênait. Il ne pouvait, comme ses confrères, proclamer au prône les ordonnances de l'un et l'autre des seigneurs, ni autoriser après l' «  lte missa est » l'un ou l'autre des deux maires à se lever pour convoquer les gens sous «  lô mât », le tilleul devant l'église. Pour les ordonnances de Réchicourt, l'église était topographiquement en Lorraine, donc d'Ogéviller. Pour les affaires d'Ogéviller, une partie des auditeurs étaient de la juridiction de Réchicourt, donc pas sujets. L'office terminé, le maieur de Lorraine attendait donc ses administrés à la sortie, les réunissait au cimetière sous le tilleul près de la croix des saints patrons et y tenait sa séance de communauté de Lorraine.
A leur tour, ceux d'Évêché-France s'en allaient sans dire mot, devant la maison du maieur d'Évêché France y tenir leur séance de communauté.
Il y avait là une grave question de validité, car certaines ordonnances demandaient trois publications au prône suivant le prescript de la coutume. Après la dernière des dites publications, on «  laissait couler la huitaine », puis les sanctions suivaient leur cours. Les corvéables et censables se riaient de ces rigueurs à Avricourt, parce que leur curé n'avait rien dit, ne pouvait rien dire au prône.
Il ne fallut rien moins qu'un arrêt de la Cour des comptes de Metz pour permettre, en février 1720, la publication des aveux et dénombrement du comté de Réchicourt et de la baronnie de Marimont «  devant la maison du maire d'Avricourt-France, attendu que l'église paroissiale est située en la partie de Lorraine ». Cette maison du maieur de France est la maison qui fait le coin de l'intersection de la route de Moussey avec la rue de la Chapelle. Elle est encore aujourd'hui caractérisée par une niche avec vierge et cette inscription très particulière : Reyne de Paix Mère de Dieu Ayiez la Garde de ce lieu 1684. Les ordonnances à lire au prône par le sieur curé n'avaient pas toutes pour objet «  quantité de cens tant en chapons poulles qu'autrement. lesquels n'auraient pas estés acquittés depuis un fort long temps pour faire commandement d'y satisfaire et dire qu'après la dicte huitaine coulant après la troisième publication, l'héritage censable est saisy et réuny au domaine du seigneur ». On trouve mention d'ordonnances seigneuriales dont l'objet intéresse les bonnes vies et chrétiennes mœurs des sujets. Il est dit : «  Les sieurs curés liront à leurs prônes, deux fois l'année, les ordonnances du Roi (paroisses de France) qui défendent la fréquentation des cabarets dans les lieux où on fait résidence et surtout aux jours de Dimanche et de Fètes. Pendant le cours de l'année, ils veilleront à ce que les gardes-cabarets s'acquittent fidèlement de cette charge. Et si malgré ces sages pré cautions, il arrive que des paroissiens violent souvent les défenses de l'Église et du Souverain à cet égard, on ne manquera pas de réserver à Pâques la confession de ces Profanateurs des jours saints. » Réserver à Pâques signifie sans doute refuser l'absolution.
Dans nos difficultés de ministère d'après guerre, il nest pas sans intérêt de faire des approchements entre notre époque et celle qui suivit la guerre de tente ans. qui en notre Lorraine dura, à dire vrai, cinquante-trois ans.
«  Une fois l'année, les sieurs curés, pour prévenir un abominable genre de scandale qui excite les gémissements et l'indignation de tous les bons chrétiens, liront à leurs prônes l'ordonnance du Duc Léopold concernant les Filles ou veuves qui recèlent leurs grossesses ». La recherche de la paternité est de droit. In dolore partus, la matrone dûment assermentée, le maieur, le syndic et deux échevins lui poseront d'office la question. M. le Curé inscrira l'enfant en ajoutant qu'il est venu «  des œuvres d'un soldat » en précisant, à défaut du nom, le régiment et lieu de garnison, ainsi que l'occasion de la rencontre. Dans la suite des actes religieux de l'époque, il est facile de se retrouver: les décès sont marqués d'une croix, les baptêmes d'un poupon emmailloté.
Les concubinages sont également à l'ordre du jour, et l'objet d'une ordonnance.
«  Comme il arrive quelquefois que des inconnus viennent s'établir dans les paroisses avec des concubines qu'ils supposent être et font passer pour leurs femmes, nous ordonnons aux sieurs curés de faire présenter à tout étranger en ce cas, des certificats de leurs mariages signés des curés qui les auraient mariés et légalisés par les seigneurs Evêques diocésains ou leurs vicaires généraux, sinon d'en donner avis aux officiers des lieux pour procéder selon l'exigence des cas et éloigner le crime et le scandale de la maison de Dieu. »
Au lendemain d'une guerre, l'éclairage et le chauffage sont matières rares et choses coûteuses. Une ordonnance, à lire chaque année dans le courant du mois d'octobre, «  considérant l'extrême misère qui, dans ces temps calamiteux accable les peuples de la campagne », laisse «  à la prudente condescendence des sieurs curés de permettre chaque année les poëles ou ouvroirs, dans lesquels pendant l'hiver plusieurs femmes et filles travailleront à la chaleur d'un seul âtre et à la lueur d'une seule lumière, mais sous les conditions et réserves indiquées par chacun curé». La lecture de l'ordonnance sera faite «  afin que ceux et celles qui transgresseraient les défenses à cet égard ne peuvent prétexter leur ignorance, mais sentent leur obligation de subir avec un coeur pénitent les peines qu'ils encoureront ».
Ces ordonnances étaient corroborées et complétées au cours de la tenue des «  Plaids annaux, tenus en la haute justice partie de Lorraine. et dérechef tous officiers maieur et échevins continués ou créés, prêtaient serment de bien et fidèlement chacun à leur égard faire les fonctions de leurs charges en honneur et conscience ». «  Tous vendans vin, - y est-il dit - sont tenus de fournir les vins nécessaires pour les messes qui se disent dans l'église paroissiale du dit lieu d'Avricourt, le tout à peine de cinq livres d'amende pour la première fois, du double pour la seconde fois et plus grand en récidive ». On ne dit pas si au cours du plaid annal, on les assermentait à l'Évêché de Metz comme fournisseur de vin pour la sainte messe. L'honnêteté d'alors donnait, sans doute, toute garantie que le vin des vendans vin était vinum de vite.
«  Le pain bénit se fournit chacun à son tour et il y a un pré pour la fourniture du pain destiné au sacrifice, dit le pré des hosties ».
«  La fabrique n'a point d'autres revenus que celuy des heritages qui se recoit par les echevins. Ils sont au nombre de quatre, dont deux sont pour le gouvernement de la fabrique et la provision des choses nécessaires au service divin pour ce quoy satisfaire, outre le revenu de la dite fabrique qui n'est pas suffisant, ils font une levée authorisée par les maires et gens de justice lu lieu sur la communauté. »
«  Le curé se fera un point essentiel de son devoir d'avoir l'inspection sur l'école ou il ira régulière ment tous les Samedys pour y faire le catéchisme et voir ce qui s'y passe, et il ne recevra pas de maître d'écolle qui ne soit porté à faire tous ses devoirs. Il y aura une sage femme sermentée et instruite. Les Religieux Carmes de Baccarat et les Cordeliers de Raon comme aussi les pères Capucins de Blamont, diocèse de Toul ont prescrit le droit de faire la quête tant au dit Avricourt qu'au voisinage. Les Carmes déschaussés de Gerbevillé voulaient sy introduire il y a quelques années quoique rentés, ils sont à empêcher. »
«  Les anciens ont déclaré n jurant que le prey de Bettemanprey doibt trois quarterons de cire au jour du rand Vendredy, et les deux Nierres de terre en la Grande ruelle, doibvent une pinte d'huile. Les échevins d'église rendront compte annuellement de la fourniture d'environ trente cinq livres de cire pour le luminaire de toute l'année. »
Tout est donc fort bien dit et prévu, en toutes ces ordonnances lues au prône, en tous ces plaids annaux relus à haute voix devant toute la communauté réunie sur le pré du Breuil. Mais à la lecture de toutes ces prescriptions, il vous vient le désir de rechercher quelque document contemporain qui expose la réalité de cet état idéal. Le voici, sous la forme d'un Estat de la Paroisse d'Avricourt, que présente Méssire Jean Le Grand, curé de ce lieu et archiprêtre de Sarbourg à Monseigneur l'Illustrissime et Revérendissime Évêque de Metz dans sa visite du dit Sarbourg, conformément au model que son Excellence a fait dresser.
M. le curé écrit en1690: «  Il y a deux cents et environ vingt cinq communiants, cinquante neuf familles complettes y compris le maitre d'écolle, la sage-femme et les pâtres. Il y a un marcaire calviniste dans la maison de la Baronne y établi depuis deux ans par le sieur Bouchart chef de cette maison, quoy que jamais il n'y ait habité religionnaire dans cette paroisse.
Les superstitions et autres crimes notables sont bannis par la grâce du Seigneur de cette paroisse.
Quelqu'effort que fasse le soubscrit pour en bannir le jeu de carte il n'a sû en venir encore a bout de tout point, plusieurs particuliers s'émancipent malgré ses avis et passent quelquefois des nuits entières chez un nommé Jean Marchal tavernier leur fauteur et refuge, qu'il a déja après plusieurs remontrances charitables, menacé de l'entreprendre en justice, dont il ne tient conte. » Messire Le Grand était pour sûr lui même réfractaire d'un Solo Tout.
«  Il y a un jeune homme libertin, nommé Christophe Malnory qui n'ayant d'autre profession que le jeu de carte et la chicane est la source de tout le désordre qui se commet dans la paroisse au sujet du jeu, étant celuy qui recherche, excite et entretient les autres dans ce mauvais commerce et le dit Marchal luy donne ordinairement retraitte, malgré les avis et menaces du dit soubscrit curé. - Lesvalentines n'ont plus de lieu dans la paroisse ni les follies du mardy gras.
Le soubscrit a toléré des assemblées nocturnes pour filer jusqu'à présent mais avec des règles qui les excluent de l'occasion d'offenser Dieu, les garcons n'y ont point d'entrée. Elles ne sont qu'un petit nombre et toutes alliées ou parentes, les filles sont avec leurs mères ou d'autres femmes d'honneur qui veillent sur leur conduite. Elles sont chargées de faire la prière, chanter quelques chansons spirituelles, les litanies de la Sainte-Vierge, de dire quelque point de catéchisme.
On ne boit et on ne joue point impunément pendant les offices de l'église. ll y a un petit moulin, qu'on appelle «  écoute s'il pleut ! » qui ne tirant son avantage que de la pluye, son munier tâche d'en profiter quand elle vient, même ès jours de fêtes et de dimanches.
Il est malaisé que les pâtres puissent assister régulièrement tous les dimanches au service divin, d'autant que le paturage est fort éloigné du village. Je les ay exhortés de sy rendre le plus souvent qu'ils pourront ce qu'ils font alternativement.
La messe et les vêpres se chantent aux heures réglées par les Statuts - et fêtes et dimanches le catéchisme s'y fait à midy jusqu'à une heure et demie, depuis saint Remy jusqu'au commencement de la moisson. »
Dans ce qui précède, nous avons toute la vie préceptive d'une paroisse. C'était vraiment une force pour l'autorité religieuse que d'avoir l'appui de l'autorité civile. Or, celle-ci paraît avoir tenu à faire respecter les préceptes de l'Église. Nous l'avons entendu dire ci-dessus à M. Le Grand et voici à Avricourt et autres lieux un fait complémentaire.
«  En 1632-1633, par ordre de Charles IV, les habitants ont à fournir aux régiments cantonnés à Saint Martin, Avricourt, Domepvre, Verdenal, Petitmont, Autrepierre et Repaix, des rations de pain, de vin, de chaire, sauf les jours maigres où il s'agissait de trouver 3760 rations de frommage «  parce que on ne donnait pas le Wendredy de chaire ».
Encore fallait-il y tenir la main. Le même curé écrit, dans l'exercice de ses fonctions d'archiprêtre, que «  la superstition des Valentines, les danses entre personnes de différent sexe et autres abus étaient fort en usage parmi les jeunes gens de M... et le sieur curé de Neil, à la dernière visite du sieur archi prêtre faite le jour de la fête du patron à l'issue des Vêpres, exprès pour arrêter les danses publiques, fit paraître son mécontentement en sortant de l'église. Ceci donna lieu à deux ou trois mutins auteurs de ces danses de se récrier contre ce que le sieur archiprêtre venait de dire, en opposant la permission qu'ils disent en avoir du chatelain de Réchicourt. Mais le maire et d'autres notables firent des excuses au dit sieur archiprêtre sur ce qu'ils n'avaient pas encore été bien instruits sur cet article ». Cette fois ils l'étaient, car M. Le Grand avaient parlé toute une demi-heure. Quant au sieur curé de M..., l'archidiacre écrira à son sujet : «  Ce curé de M... n'a nul soin d'instruire - il permet aisément les danses. Si Monseigneur voulait bien in cursu visitationis luy ordonner trois mois de séminaire, cette pénitence pourroit le ramener à son devoir ».

J. PAULY.

Mentions légales

 blamont.info - Hébergement : Amen.fr

Partagez : Facebook Twitter Google+ LinkedIn tumblr Pinterest Email