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L'eau dans les communes rurales de Meurthe-et-Moselle - 1924


L'eau dans les communes rurales de Meurthe-et-Moselle
par R. Préaud, ingénieur en chef du génie rural
et L. Thiébaut, chargé de cours à la faculté des sciences (institut de géologie)
Avril 1924.


OFFICE AGRICOLE DÉPARTEMENTAL DE MEURTHE-ET-MOSELLE
L'EAU DANS LES COMMUNES RURALES
 

AVANT-PROPOS
Un programme général d'étude et de vulgarisation
Une série de problèmes d'améliorations de l'état de choses antérieur se posaient à l'occasion de la reconstitution des villages dans notre département :
Amélioration du plan général d'alignement et d'aménagement des localités détruites ;
Établissement de plans logiques, sauvegardant l'hygiène comme les nécessités pratiques de la culture, pour les bâtiments agricoles à reconstruire ;
Généralisation des distributions rurales d'électricité;
Amélioration des conditions d'alimentation en eau.
A l'heure actuelle, tous les nouveaux plans de villages sont arrêtés et approuvés. Les bâtiments agricoles sont à peu près tous reconstruits et le mouvement d'opinion nécessaire à leur amélioration a été lancé, puis énergiquement entretenu. Le programme général d'électrification est complètement au point et les réalisations sont en cours : plus de 260 communes nouvelles, dont 180 groupées en syndicats, disposent déjà du courant ; les projets sont établis pour toutes les autres et les syndicats nécessaires sont tous constitués.
Pour toutes ces questions si importantes, l'Office départemental et l'Office régional ont assuré une collaboration active et efficace avec les services compétents du ministère de l'Agriculture et tout particulièrement le Service du Génie rural.
Il nous paraît nécessaire d'attirer l'attention sur le problème de l'alimentation en eau.
La situation était généralement déplorable dans le département de Meurthe-et-Moselle en ce qui regarde tant la qualité que la quantité de l'eau disponible. Sans diminuer le rôle essentiel des préoccupations d'ordre hygiénique, appuyées d'ailleurs sur l'observation d'épidémies fréquentes ou d'états sanitaires fâcheux, nous nous plaçons ici au seul point de vue agricole et nous n'avons pas à rappeler les inconvénients graves sinon même les impossibilités auxquels se heurtait le développement agricole local du fait de l'insuffisance de l'alimentation en eau. Certaines zones du département, comme le plateau de Haye, les régions de la Seille et du Grand Couronné, la vallée du Sanon, etc... nous paraissaient parmi les plus mal pourvues de France à cet égard.
Un effort d'ensemble s'imposait et voici comment il a été entrepris par le Service du Génie rural.
Le contrôle proprement dit des travaux de reconstitution pour les captages et canalisations d'eau incombait en principe au Service des Ponts et Chaussées. Mais, dès le printemps de 1919, ce Service - qui avait alors l'immense tâche de la reconstitution des routes et ouvrages d'art - demandait à être déchargé de ce contrôle. L'arrêté préfectoral du 15 août 1919, confirmé par la note de réorganisation du 1er mars 1920, confiait ce rôle au Service du Génie rural dont les attributions normales, conformément aux instructions du ministère de l'Agriculture, comportaient déjà l'étude et la direction des travaux destinés à l'alimentation en eau des hameaux et groupements d'exploitations agricoles.
Avec le concours de M. Thiébaut, chargé de cours à l'Institut de Géologie, hydrologue réputé tant par ses travaux d'avant-guerre que par l'organisation du premier service des eaux aux armées, le Service du Génie rural a cherché d'abord à définir la situation de toutes les communes dévastées (et l'étude s'est tout naturellement étendue ensuite aux zones voisines).
Une courte note, résumant la situation antérieure, bonne, mauvaise ou médiocre et indiquant la ou les solutions possibles, a été fournie à chacun des maires intéressés. Les solutions comportaient : soit l'amélioration ou l'établissement d'ouvrages locaux, utilisant les ressources en eau propres à chaque commune, soit la mise en commun de ressources géographiquement limitées et l'établissement d'ouvrages d'intérêt collectif, les communes étant appelées à s'unir en syndicats intercommunaux d'alimentation en eau.
Toute cette besogne préparatoire était achevée dès 1920 et donnait lieu à la rédaction d'une très importante et très intéressante circulaire qui a été adressée le 7 septembre 1920 par M. le Préfet à tous les maires des localités sinistrées. Mais elle ne pouvait suffire. Les maires de nos communes ont une tâche très lourde; ils sont souvent embarrassés pour mettre en train les affaires; quelques-uns d'entre eux ne sont peut-être pas assez convaincus de la nécessité de telles améliorations.
Il fallait provoquer et diriger les efforts de réalisation.
Le succès est venu (après de longues démarches et des réunions nombreuses) dans les zones où la misère antérieure était la plus frappante et où les solutions nouvelles apparaissaient les plus simples.
Il n'est pas douteux que l'on rencontre à l'heure actuelle des difficultés sérieuses pour étendre les réalisations. Sans insister ici sur les difficultés d'ordre technique et financier, nous retenons surtout celles qui sont d'ordre local et, pouvons-nous dire, moral. Incertitude, timidité, attachement parfois exagéré aux habitudes du passé, manque de conviction à l'égard d'un progrès si capital : tels nous apparaissent les principaux obstacles du moment.
Il faut essayer sans relâche d'éclairer et de convaincre et c'est l'objet de cette petite brochure que l'Office agricole départemental va fournir à toutes les municipalités rurales.
Nous nous associons ainsi à un effort d'ensemble dont nous apprécions la valeur et les premiers résultats. Nous savons d'ailleurs que les initiatives locales aiment à se rendre compte des situations d'ensemble, des cadres logiques dans lesquels elles peuvent s'exercer; le goût des comparaisons et l'amour-propre mutuel peuvent jouer ainsi un rôle efficace.
Nous souhaitons que, dans les années qui vont suivre, tous les villages de Meurthe-et-Moselle soient pourvus au meilleur compte d'une distribution d'eau de bonne qualité, comme ils le sont déjà pour l'électricité.
Louis MlCHEL,
Sénateur, Président de l'Office agricole départemental de Meurthe-et-Moselle.

L'EAU DANS LES C0MMUNES RURALES DU DÉPARTEMENT DE MEURTHE-ET-M0SELLE

L'étude générale des ressources en eau dans les diverses communes du département de Meurthe-et-Moselle surprend tous ceux qui s'y livrent, car elle fait ressortir les conditions pénibles d'existence des populations rurales et les graves dangers d'épidémie qui les menacent. Elle permet également de constater, dans le même ordre d'idées, que le sort des citadins n'est souvent pas meilleur.
Tout un ensemble de faits, les uns dus à l'ignorance des règles les plus élémentaires de l'hygiène, les autres à la position même des villages intéressés, sont les véritables causes de cette situation.
Cet état de choses, fort ancien, n'est d'ailleurs pas particulier à la région de l'Est. Beaucoup de communes de France sont dans le même cas ; aussi le Gouvernement s'est-il efforcé de faciliter et de réglementer les adductions d'eau potable.
Depuis 1903, les communes ou syndicats de communes qui désirent effectuer de tels travaux peuvent recevoir une subvention sur les fonds prélevés au Pari mutuel. Actuellement, cette subvention ne peut dépasser 50 % du montant du projet et exceptionnellement, dans les régions libérées, 80 %. De plus, depuis quelques années, les communes reçoivent, au titre de leur budget ordinaire, une part de l'impôt sur le chiffre d'affaires et une part du fonds commun des contributions indirectes. Elles peuvent ainsi gager sur ces produits annuels un service d'emprunt au Crédit Foncier. Enfin les localités détruites pendant la guerre peuvent recevoir en plus une subvention du ministère des Régions libérées.
L'État laisse les municipalités entièrement libres du choix du technicien chargé par elles d'établir un projet d'adduction d'eau (réfection importante ou projet nouveau).
Par contre, l'approbation des services administratifs est imposée dans tous les cas, en pareille matière, et ceci dans l'intérêt même des populations.
Avant toutes choses, il doit être procédé à l'étude géologique des sources à capter ainsi qu'à l'analyse de leurs eaux. Si les avis des experts désignés sont favorables, la commune peut faire procéder à l'établissement d'un projet dont les détails sont au préalable vérifiés et modifiés, s'il y a lieu, par le Service hydraulique. Celui-ci est chargé également d'en contrôler l'exécution.
Le détail des formalités à remplir figure du reste à la fin de cet opuscule.
Le but de l'Administration, en imposant son avis, est double : d'une part, ménager les deniers publics, et d'un autre côté, obliger les intéressés à respecter une série de règles découlant des données de la science et dont la bonne observation peut seule écarter toute cause de contagion due à l'eau.
On peut résumer comme il suit ces données et les déductions pratiques qu'on en tire.

Conditions générales à observer

Une agglomération quelconque ne peut être abondamment alimentée en eau saine que s'il existe à proximité une réserve souterraine importante pouvant se renouveler facilement, et si ce réservoir naturel est protégé des pollutions venant de la surface.
Pour qu'une nappe aquifère réalise ces conditions, plusieurs choses sont nécessaires : d'abord une base imperméable; des assises marneuses par exemple supportant des bancs d'une roche suffisamment poreuse, comme des grès ou des calcaires. Ces bancs doivent, de plus, présenter une épaisseur importante, cette épaisseur (ou puissance) correspondant en somme à la hauteur d'un réservoir. Au-dessus, une bonne couverture doit en assurer la protection contre les contaminations : des marnes rempliront le plus souvent ce rôle, parfois aussi des bois, des prés pourront en tenir lieu. Mais la présence de jardins, de fumiers, d'habitations au-dessus de la nappe la contamineront infailliblement s'il n'existe pas de bancs de marne pour la protéger des infiltrations, comme c'est malheureusement le cas dans presque tous les villages. Enfin, pour que le débit de cette nappe soit important, il faut qu'elle présente une grande surface d'affleurement recouverte d'un manteau protecteur de forêts ou de prairies naturelles.
Pour utiliser son eau, on capte les sources qui en jaillissent à la façon du trop plein d'un réservoir et afin d'éviter toute pollution par le captage, on établit celui-ci à une profondeur suffisante qui varie suivant les terrains, mais ne saurait être inférieure à 3 mètres, en le plaçant autant que possible sur la marne. Enfin, pour supprimer tout danger de contamination, on réserve autour de lui un périmètre de protection plus ou moins étendu selon le cas, semé de gazon ou laissé inculte.
Si les sources émergent trop bas, il faut avoir recours à des puits profonds, le plus souvent à des sondages atteignant l'eau sous une couche imperméable. En assurant à l'ouvrage une parfaite étanchéité et en élevant tout autour de lui une margelle bien couverte, on éliminera toute cause de pollution.
Il arrive aussi fréquemment qu'un ou plusieurs villages se trouvent très éloignés de sources suffisantes. On ne saurait alors trop conseiller aux intéressés de se grouper en syndicat pour aller chercher au loin, à l'aide d'une canalisation commune, l'eau qui leur manque, et si, malgré tout, celle-ci ne présente pas le degré de pureté voulu, force sera pour eux de créer et d'entretenir une station d'épuration.

LA SITUATION DE FAIT ET L'ACTION ENGAGÉE

Tels sont, en résumé, les seuls modes d'alimentation en eau potable véritablement acceptables. Malheureusement, peu de communes y ont eu recours. Presque toutes vivent encore suivant les errements du passé.
Chacune possède un puits foncé à une faible profondeur dans une nappe superficielle plus ou moins souillée par les fumiers et les fosses d'aisance du voisinage. Quelques puits particuliers complètent l'ensemble. En été, la disette d'eau se fait sentir et parfois des épidémies apparaissent tant parmi les habitants que parmi les troupeaux (1).
D'autres villages possèdent quelques fontaines desservies par une ou plusieurs sources. Mais de nombreux captages ont été établis trop près de la surface et leurs eaux généralement malsaines se troublent par temps de pluie. On trouvera quantité d'exemples de ces faits, en particulier dans la région comprise entre Blâmont et Azerailles, et dans le canton de Saint-Nicolas.
Souvent aussi, la nappe captée très superficiellement ne possède qu'une faible puissance et tarit en été.
La guerre a aggravé cet état de choses : les nappes sont polluées sans espoir possible de les assainir, et l'utilisation de presque tous les puits doit être considérée comme dangereuse pour la salubrité publique, malgré les curages dont ils ont été l'objet. En d'autres endroits, des travaux de défense ont détourné les cours souterrains des sources, réduisant leur débit ou même les tarissant. Presque partout, les installations existantes ont gravement souffert; dans certaines communes, elles ont été presque complètement détruites.
Dès le lendemain de l'armistice, on étudia le moyen d'améliorer le sort de ces localités en leur donnant des possibilités d'alimentation en eau plus en rapport avec les besoins de l'hygiène et l'évolution que devait normalement subir la culture dans ces régions si éprouvées. En effet, pour diverses raisons, tenant à la situation économique et au manque de main-d'œuvre, l'agriculture tend, en beaucoup d'endroits, à limiter les ensemencements et à développer l'élevage.
Le but à atteindre est donc multiple : d'une part, améliorer l'hygiène des populations et les préserver des épidémies typhiques et cholériques; d'autre part, permettre le développement et l'isolement du bétail en fournissant partout une eau saine et abondante. Cet idéal ne sera atteint que le jour où chaque exploitation disposera en propre d'une distribution d'eau. Dès lors, plus de puits pollués, plus de ces longs stationnements de troupeaux fatigués autour d'une auge commune où chaque animal, en buvant, prend les germes de tant de maladies contagieuses déposés en passant par quelques sujets contaminés.
Mais la tâche est lourde : nul ne peut se le dissimuler. Les villages favorisés par la nature possèdent pour la plupart les installations nécessaires; par contre, certaines régions deshéritées n'ont pu jusqu'ici malgré leurs efforts, pourvoir à leurs besoins, tant sont difficiles et onéreuses les solutions possibles du problème qui les intéresse. Pour quelques-unes d'entre elles, quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse, les dépenses d'installation seront beaucoup plus élevées que la moyenne généralement admise.

(1) Pendant la guerre, le haut commandement a dû mener d'importants travaux pour permettre l'alimentation en eau des troupes du front et des étapes. Ces travaux ont été conduits de façon à pouvoir être utilisés sans grands changements par les populations. Souvent même, un réseau de distribution a été amorcé en tenant compte de l'avenir et l'on ne peut que déplorer les actes de déprédation si nombreux qui, après l'armistice, ont rendu ces installations inutilisables.

Le Service du Génie rural en Meurthe-et-Moselle, s'inspirant des données acquises et en particulier des travaux des professeurs Nicklès, Imbeaux et Macé, a pris à tâche d'améliorer le sort des populations rurales et spécialement de celles des régions libérées.
Un tel rôle d'ensemble impliquait une indépendance absolue. Le Service s'est donc interdit toute utilisation des dispositions réglementaires qui auraient pu permettre à ses agents d'étudier et de réaliser des projets aux frais des municipalités.
Agissant à titre de conseil bénévole pour toutes les améliorations agricoles, il ne pouvait être question que le Service du Génie rural fît autrement pour les adductions d'eau.
Les premières recherches ont eu surtout pour but de dresser un inventaire des ressources existant dans chaque agglomération et d'étudier la façon dont elles sont utilisées. Nous sommes obligés de reconnaître ici que les sources donnant en abondance une eau saine sont en somme rares dans le département. On peut même se demander si la totalité de leur débit dépasse celui que nécessite l'alimentation rationnelle du territoire, soit 1.000 litres environ à la seconde, correspondant sensiblement à 50 sources donnant chacune un minimum de 20 litres.
Il fallut donc prévoir l'utilisation de toutes les ressources existantes et chercher à les répartir aussi judicieusement que possible entre les intéressés. Pour aboutir, on a dû dès le début envisager le groupement de plusieurs villages en syndicats intercommunaux.
En second lieu, on a élaboré en partant de ces faits, des avant-projets d'adduction destinés à compléter ou à remplacer les installations insuffisantes, imparfaites ou mauvaises.
Dès le début des études, certaines zones ont paru plus deshéritées que d'autres. Réparties non pas au hasard, elles se groupent au contraire dans diverses régions géologiques où la nature du sous-sol est en grande partie la cause de cette affreuse disette que nous y avons constatée plus particulièrement en 1921. Un exposé sommaire de la topographie et la géologie du département permet seul de bien mettre en relief les particularités de chaque contrée, les raisons de la pénurie d'eau dont elle souffre et les moyens d'y remédier.
Nous grouperons donc nos observations et nos conclusions suivant l'ordre naturel de ces régions.
Le territoire de Meurthe-et-Moselle est formé de plusieurs bandes de terrain à peu près parallèles et orientées sensiblement nord-sud.

Région gréseuse de BADONVILLER

La première n'occupe qu'une faible surface au sud du département : c'est la zone gréseuse aux riches forêts de sapins. Elle commence à la crête qui limite les Vosges pour finir par des ondulations de plus en plus adoucies à une ligne passant sensiblement par Cirey et Baccarat. L'eau y est abondante, fraîche et d'une pureté le plus souvent parfaite. Aussi depuis longtemps, la plupart des villages ont été dotés largement des adductions nécessaires; beaucoup d'entre eux possèdent même un réseau de distributions privées. Cependant, la guerre a causé parfois de graves dégâts aujourd'hui réparés (Angomont, Bréménil) et certaines sources ont même été contaminées (Vacqueville); des projets sont en cours d'exécution (Saint-Sauveur, Fenneviller, Badonviller). Enfin, certaines améliorations restent encore à faire, entre autres à Val-et-Châtillon, à Neufmaisons, actuellement alimenté par un ruisseau, à Veney, à Bertrambois.

Régions de BLAMONT et de GERBEVILLER, d'EINVILLE et de BAYON

Si cette première zone est relativement favorisée, on n'en saurait dire autant du reste de l'arrondissement de Lunéville. Des terrains calcaro-marneux y font suite au grès des Vosges, puis apparaissent sur une grande surface les marnes gypseuses et salifères d'Einville. L'ensemble finit aux plateaux calcaires de la rive gauche de la Moselle et du Grand Couronné, près de Serres. Vallonnées surtout vers l'est où le substratum calcaire des assises superficielles forme la partie du trias moyen, elle ne comprend guère pour le reste que des marnes parfois recouvertes d'alluvions anciennes.
Dans la région calcaire, quelques communes ont eu recours à de petites sources qui émergent au pied des coteaux, malheureusement, la plupart sont captées trop près de la surface et se troublent à la moindre pluie. D'autres sont contaminées, et en particulier la principale source de Blâmont.
Deux grands projets élaborés avant guerre par le Service des Ponts et Chaussées, sont destinés à remédier partiellement à cet état de choses. L'un, en voie de réalisation, doit desservir Montreux, Ancerviller et un certain nombre de villages de la partie haute de la vallée de la Blette. L'autre, encore à l'étude, concerne Frémonville, Blâmont, Repaix, Gogney, Igney, Avricourt, Amenoncourt et Autrepierre.
Sur les données du Service du Génie rural, un groupement de communes a été créé pour alimenter Ogéviller, Fréménil et Herbéviller, à l'aide d'un puits foncé dans les alluvions de la Meurthe.
Des avant-projets ont été soumis et adoptés par les communes de Chazelles, Domjevin et Gélacourt. Des réfections et des améliorations de détail ont été apportées dans d'autres agglomérations.
Les villages groupés le long des vallées de la Meurthe et de la Vezouse ont pu s'alimenter tant bien que mal en utilisant les quelques petites sources qui s'échappent des alluvions anciennes supportant la forêt de Mondom. Diverses réfections et améliorations y sont en cours d'étude.
Les terrains salifères du département font suite à ces contrées. Ils sont composés presque uniquement sur plusleurs centaines de mètres de bancs imperméables. Ceux de la base ne supportent que de rares et pauvres villages ne possédant que des puits : Vého, Reillon, Fraimbois.
Cette contrée semi-désertique ne prend fin qu'à la vallée du Sanon, où les localités qu'on y trouve vont puiser dans la seule nappe un peu importante de l'étage, une eau séléniteuse et magnésienne.
Les cantons d'Arracourt et de Bayon ne sont pas mieux desservis, on n'y trouve que des puits; tout est à faire. Malheureusement, on ne peut penser remédier à ce triste état de choses que par de longues adductions allant chercher au pied des plateaux l'eau fort pure des sources qui s'échappent du grès de l'infralias : Bezange-la-Grande, Athienville. Valhey, Einville, Froville sont dans ce cas.
Plus au sud, Blainville-sur-l'Eau et Damelevières ne peuvent espérer trouver l'important cube d'eau journalier qui leur est nécessaire qu'à l'aide d'un sondage profond. Enfin, les communes de la région comprise entre la Mortagne et la Moselle ne peuvent avoir recours qu'à la très médiocre nappe du keuper moyen.

Région des plateaux et des plaines du lias

Ainsi que les précédents, ces terrains plongent vers l'est où une série de plateaux, puis de plaines leur succèdent et forment la majeure partie des cantons d'Haroué et de Saint-Nicolas. La vallée de la Seille les prolonge au nord. C'est la région des plateaux liasiques. Presque partout affleurent des calcaires à chaux hydrauliques dans les bancs, séparés par les intercalations marneuses renfermant un peu d'eau en hiver.
Cette zone est limitée à l'ouest par une longue falaise calcaire, dont la côte de Sion n'est qu'un lambeau isolé et qui, traversant tout le département depuis Vandeléville à la limite des Vosges, aboutit à Pagny-sur-Moselle. Coupée par la Moselle, elle se prolonge sur sa rive droite où elle forme, à partir de Nancy, la seconde partie du Grand Couronné qui comprend : les plateaux de Malzéville, d'Amance, de Faulx les collines du cirque de Sivry-les-Côtes, de Sainte-Geneviève et de Mousson.
Les habitants de cette zone ne sont pas mieux partagés, car ils ne disposent que de petites nappes superficielles d'un débit sans doute abondant par les pluies, mais dont les eaux rarement limpides tarissent en été.
Et cependant, il existe presque partout, à quelques dizaines de mètres de profondeur une petite nappe d'un débit constant et d'une eau très pure. C'est grâce à elle qu'on a pu, durant la guerre, alimenter les troupes cantonnées dans la région de Réméréville. C'est à elle encore qu'on devra avoir recours dans la suite, car il n'en existe pratiquement pas d'autres. Déjà diverses communes : Champenoux, Erbéviller, Réméréville, Courbesseaux, Hoéville et Buissoncourt ont tiré parti de cette indication. L'excès de débit trouvé pourra contribuer grandement à améliorer la situation des agglomérations voisines. C'est ainsi que le sondage jaillissant de Courbesseaux, pourrait à lui seul alimenter une population d'au moins 5.000 personnes.
Plus au nord, un avant-projet a été élaboré pour doter du nécessaire les communes du canton de Nomeny. Celles-ci sont réparties en deux groupes, l'un borde la Seille, l'autre se trouve au pied des collines. Implantées sur les seules assises aquifères de la région, les premières ne possèdent guère que des puits tarissant presque complètement en été. Les secondes ont pu capter quelques petites sources s'écoulant des coteaux. Pour remédier à la situation déplorable des habitants de la vallée, on avait pensé tout d'abord grouper les villages en deux syndicats. Ceux du nord auraient utilisé toutes les sources disponibles sur le versant ouest et nord de la butte Sainte-Geneviève, de Serrières, du Mont Toulon et du Mont Saint-Jean. On aurait adjoint à toutes ces émergences la fontaine Saint-Pierre près de Morey. En fait, pendant la guerre, on a pu alimenter ainsi, à un régime très réduit (10 litres par hommes et par jour) les troupes cantonnées dans la forêt de Facq. Ayant alors contribué nous-même aux recherches de l'armée à cette époque, nous nous étions préoccupés en même temps des ressources disponibles dans les villages. Notre tâche d'après guerre fut ainsi facilitée par les constatations faites à ce moment; la sécheresse de 1921 nous les confirma : seules, la source du lavoir de Sainte-Geneviève et la fontaine Saint-Pierre ne s'asséchèrent pas; mais l'ensemble de leur débit pouvait suffire à peine à une population de 300 habitants. On dut ainsi renoncer à alimenter avec ces sources les trois villages d'Éply, Morville et Port-sur-Seille et force fut de prévoir la seule utilisation des émergences situées plus au sud sur chaque versant du bois de Faulx, car l'importance des villages de Montenoy, Faulx, Saint-Pierre, Malleloy et Custines (2.500 habitants environ) oblige à leur réserver au moins les sources émergeant du Bois du Chapitre.
Il fallut donc avoir recours à celles qui sourdent du bois de Faulx. Les plus importantes de la région : celles de Moulins sont les plus rapprochées de la Seille et en même temps les plus abondantes; on ne pouvait que conseiller leur utilisation. Sans doute, leur débit est encore notablement influencé par la sécheresse et quelques-unes ont été reconnues de qualité douteuse, mais leur débit mesuré en fin 1921, à l'époque la plus sèche, correspond sensiblement au cube journalier nécessaire aux populations groupées dans le syndicat de la Seille. Les doutes qui s'élèvent sur la pureté de certaines d'entre elles disparaîtront en les captant beaucoup plus haut que leur point d'émergence. Il existe en effet à Moulins un petit vallonnement naturel, et c'est à sa base que se rassemblent toutes les eaux tombées sur le plateau. Un long parcours à une très faible profondeur, sous des dépôts de pentes recouverts de culture paraît être la seule cause des constatations faites à l'analyse. Un ou deux captages allongés à une profondeur suffisante, au pied même de la falaise, permettront de réunir la quantité d'eau nécessaire au groupement intéressé en faisant disparaître toutes les causes de contamination.
Au nord de Nomeny, les villages de Raucourt et de Morville-sur-Seille qui, du reste, ne pourraient pas être rattachés au réseau prévu étant donnée la cote à laquelle ils sont situés, devront avoir recours à un sondage poussé jusqu'au grès de l'infralias, malgré les aléas que comporte une telle entreprise.

Région des plateaux calcaires et de la Woëvre

La dernière région naturelle du département est nettement délimitée à l'est par la ligne de collines et de falaises que nous avons définie précédemment.
A l'ouest de cette ligne s'étendent des longs plateaux de calcaires marneux et de marnes qui forment la presque totalité du reste du département en s'étendant jusqu'au pied des Hauts de Meuse. Ceux-ci n'apparaissent guère en Meurthe-et-Moselle qu'à partir de Toul. Les cantons de Colombey, de Toul de Domèvre-en-Haye, de Thiaucourt, l'arrondissement de Briey forment ce long territoire. Les sources y sont rares, mais d'un débit souvent fort important. Il n'y existe à proprement parler que deux nappes aquifères : l'une de peu d'intérêt apparaît au sommet des escarpements calcaires de la vallée du Rupt-de-Mad, vers Thiaucourt ; l'autre, considérable, jaillit un peu partout au pied de cette falaise, et dans les échancrures du plateau, donnant parfois naissance à des sources abondantes.
Cependant, quelques intercalations de calcaires marneux ont permis de tout temps aux communes de s'alimenter en eau à l'aide de puits foncés dans la nappe superficielle. En été, presque tous tarissent et quelques villages sont obligés d'aller chercher au loin l'eau qui leur est nécessaire.
Pendant la guerre, un certain nombre de sondages furent entrepris dans la région de la Woëvre, à travers la couche de marnes qui affleure presque partout. En dessous, on rencontre de fortes venues d'eau dans les calcaires du bathonien et même du bajocien et l'on a ainsi pu doter de points d'eau suffisants toute l'armée stationnée dans ces régions : malheureusement, les dévastations qui suivirent l'armistice rendent inutilisables la plupart de ces aménagements. Cependant quelques communes : Royaumeix, Francheville et quelques fermes continuèrent à s'en servir.
Certains villages isolés, en particulier Ansauville, Grosrouvres, Minorville, Sanzey, Manoncourt, Avrainville, Villers-Saint-Etienne, Xonville, Sponville, pourront encore avoir recours à ce mode d'alimentation. Mais pour les autres, une solution plus économique a été adoptée. Groupés en syndicats, ils peuvent utiliser les sources les plus importantes jaillissant à la base de la falaise bajocienne. C'est d'après ces données que fut créé le syndicat des eaux du Trey, comprenant 24 agglomérations, dont la petite ville de Thiaucourt.
Les eaux de la source du Trey, refoulées dans un réservoir de 750mètres cubes, placé près du bois Le Prêtre, non loin de la Croix des Carmes, s'écoulent jusque dans les villages de la Meuse : à Rembercourt et à Benney.
Un très gros débit (plus de 80 litres à la seconde) que l'on pourrait vraisemblablement augmenter d'une façon importante, reste disponible.
Plus au sud, une étude a été faite en vue d'alimenter d'une manière analogue Domèvre-en-Haye et un certain nombre de communes du canton. Groupés en syndicats, Saint-Julien-les-Gorze, Charey, Dommartin-la-Chaussée, Dampvitoux, Hagéville attendent la réalisation d'un projet comportant l'utilisation, après épuration, des eaux du Soiron.
Dans la région de Conflans, un projet est à l'étude; mais là comme dans presque tout le bassin de Briey, le problème de l'alimentation en eau est plus difficile encore à résoudre. Les nappes qu'on peut rencontrer en profondeur, sont appelées à s'assécher au fur et à mesure que progresseront les exploitations minières situées en dessous. Pour concilier ces intérêts divers, une commission nommée par M. le préfet de Meurthe-et-Moselle a approuvé en principe tout projet d'entente qui pourrait avoir lieu entre les exploitants et les communes groupées en syndicats et remédierait ainsi à la situation actuelle en évitant tout conflit dans l'avenir.
Se basant sur ces faits, un groupement parisien secondé dans ses travaux par le Service des Ponts et Chaussées a entrepris, sur les données de M. l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Imbeaux, de grouper en syndicats les communes des environs d'Audun-le-Roman pour utiliser les sources importantes du Moulin de Fillières. Plus à l'ouest, hors de la zone minéralisée, un certain nombre de communes songent avec raison à utiliser quelques petites sources pouvant suffire à leurs besoins.

CONCLUSIONS

L'ensemble des faits qui viennent d'être signalés permet de se rendre compte de la situation actuelle et des efforts tentés pour l'améliorer. Le tableau annexe n'en est que le résumé.
Comme on le voit, bien des choses restent à faire, que seul un travail coordonné peut mener à bien, car il importe avant tout que le groupement des intéressés puisse être dirigé suivant des données communes, sous peine de laisser des villages isolés en les privant de toute amélioration possible dans l'avenir, et de rendre aussi plus onéreuses bien des solutions du problème actuel.
Dans cet ordre d'idées, si paradoxale que paraisse la chose, on ne peut que désirer voir les services compétents autoriser les communes et surtout les syndicats intercommunaux à prévoir des canalisations d'un diamètre plus élevé que celui que comportent les résultats stricts d'un calcul théorique. Sans cela, aucune extension de réseau n'est possible; aucune amélioration de détail n'est réalisable. L'installation de réservoirs d'un cube suffisant est désirable dans tous les cas, et dans tous les cas aussi, les projets présentés ne paraissent pas devoir rendre impossibles dans l'avenir des attributions de concessions aux particuliers qui désireraient ne plus avoir recours pour leurs bestiaux au foyer de contamination qu'est toute auge communale.
Enfin, le développement d'un enseignement d'hydrologie pratique formant des spécialistes entièrement compétents en ce qui concerne les adductions d'eau, paraît particulièrement désirable.
Si, dans l'avenir, nos populations rurales voulaient se rendre mieux compte de leur véritable intérêt, si elles comprenaient mieux l'importante source de santé, et de richesse qu'est l'eau pure, et si elles se laissaient convaincre de l'avantage qu'elles ont à se grouper pour utiliser des ressources autrement inactives, alors l'œuvre restante serait bien simplifiée et l'agriculture lorraine pourrait y trouver un élément vital de sa prospérité.

FORMALITÉS A ACCOMPLIR PAR LES COMMUNES POUR OBTENIR UNE SUBVENTION P0UR TRAVAUX D'ADDUCTI0N D'EAU P0TABLE

Quand une commune veut s'assurer le bienfait d'une amenée d'eau potable, elle doit en aviser le préfet, en s'engageant à payer les indemnités de vacations au géologue et à l'analyste.
Le préfet charge le géologue, choisi parmi les collaborateurs du Service de la carte géologique de France, de faire un rapport sur les conditions de pureté de l'eau et sur ses chances de contamination.
Si ce rapport est défavorable, le préfet le communique à la commune. Sinon, il charge un analyste de procéder à l'analyse de l'eau. Celui-ci doit alors s'entendre avec le maire pour le prélèvement des échantillons; puis il adresse à la préfecture les résultats de l'analyse chimique et bactériologique de l'eau.
Les avis du géologue et de l'analyste sont envoyés par le préfet au maire qui fait dresser, s'il y a lieu, le projet des travaux.
Toutes les demandes de subvention pour travaux communaux d'adduction d'eau potable doivent être présentées sous la forme d'une délibération du conseil municipal et adressées au préfet du département, accompagnées des documents et indications ci-après :
1° De l'examen géologique, des analyses chimiques et bactériologiques, et, suivant le cas, des avis de la commission sanitaire compétente, du Conseil départemental ou du Conseil supérieur d'hygiène publique de France;
2° Du projet des travaux à exécuter avec notice explicative;
3° Des renseignements précis et authentiques sur la situation financière de la commune établie dans la forme suivante :
Valeur du centime
Nombre de centimes pour insuffisance de revenus
CENTIMES EXTRAORDINAIRES Objet - Nombre - Date de l'extinction
Ressources disponibles du centime
Toutefois, le travail pour lequel un subside peut être sollicité doit remplir deux conditions :
1. Avoir un caractère communal ;
2. S'appliquer à une adduction d'eau potable.
Lorsque l'instruction de l'affaire est terminée dans le département, le préfet transmet la demande de subvention, avec toutes les pièces du dossier, au ministère de l'Agriculture.


QUELQUES EXEMPLES DE RÉALISATION

Alimentation par gravité

Pettonville (110 habitants.)
Une source captée sur 12 mètres de long, à 3m 50 dans les calcaires du muschelkalk, déverse ses eaux dans un réservoir construit pendant la guerre. La conduite, établie en tuyaux Lavril, a 700 mètres de long et dessert 3 abreuvoirs.
Le débit à la seconde est de 0l 33, soit 0mº 260 par habitant et par Jour.
Montant total du devis : 28.850 francs entièrement soldé par remploi d'indemnités de dommages de guerre (soit 262 francs par tête d'habitant).

Villers-sous-Prémy (248 habitants.)
La source alimentant le village se trouve à la base du bajocien, à 460 mètres de l'agglomération (cote de départ 232). Les captages, longs de 14 mètres, ont été établis à 6 mètres de profondeur et viennent se déverser dans un réservoir à double compartiment de 40 mêtres cubes.
928 mètres de canalisation distribuent l'eau à 3 abreuvoirs, une borne-fontaine et 4 concessions privées.
La conduite principale a 60 millimètres de diamètre; le débit à la seconde, en temps ordinaire, est de 1 litre, soit 0mº 348 par habitant et par Jour.
Montant total du devis : 72.950 francs entièrement soldé par remploi d'indemnités de dommages de guerre (soit 294 francs par tête d'habitant)

Syndicat de la Seille.
Communes alimentées :
Abaucourt, Armaucourt, Arraye-et-Han, Bey, Bouxières-aux-Chênes, Brin, Chenicourt, Éply, Lanfroicourt, Mailly, Manoncourt-sur-Seille, Moivrons, Nomeny, Phlin, Port-sur-Seille, Rouves, d'une population totale de 4.803 habitants.
Les sources captées sont celles du vallon de Moulins (territoire de Bouxières-aux-Chênes). Les captages comportent environ 200 mètres de long et sont établis à une profondeur moyenne de 8 mètres. La distribution comprendra 84 kilomètres de canalisation distribuant l'eau à 81 bornes-fontaines, 26 abreuvoirs, 18 lavoirs, 2 bouches d'incendie.
Le montant global du devis est de 4.271.000 francs. Les subventions attribuées à ces travaux par les commissions du Pari mutuel et des régions • libérées se montent à :
Pari mutuel 2.500.000 francs.
Régions libérées 1.500.000

Alimentation par station de pompage

Rembercourt-sur-Mad (165 habitants).
Ce village est alimenté par un puits profond foncé dans la nappe bajocienne à 300 mètres du village. L'analyse de l'eau a donné les résultats suivants : pas de colibacille. Eau très bonne.
Les caractéristiques principales du projet sont : hauteur de refoulement, 50 mètres; puissance du moteur, 3 HP 5; capacité du réservoir, 40 mètres cubes; longueur du réseau, 2.113 mètres; nombre d'appareils publics, 8; montant de la dépense, 163.750 francs; prix de revient du mètre cube d'eau, 25 centimes.

Sornéville (315 habitants).
Cette commune a capté une source dans le grès infraliasique en contre-bas du village. L'eau ne renferme pas de colibacille ni espèces putrides. Eau de bonne qualité.
La hauteur de refoulement est de 49 mètres et la puissance du moteur est de 4 HP pour un débit de 2l 8 à la seconde. Capacité du réservoir, 125 mètres cubes. Longueur du réseau, 1.600 mètres. Nombre d'appareils publics : 1 lavoir, 3 abreuvoirs, 6 bornes-fontaines. Montant de la dépense : 289.000 francs entièrement couverts par des dommages de guerre. Le prix de revient actuel se décompose comme il suit :
- Dépense d'essence pour 6 heures de marche à 2 litres par heure 21f 60
- d'huile 0 30
- mécanicien (50 francs par mois) 1 70
Soit une dépense globale pour 6 heures de 23f 60 Ce qui donne comme prix de revient au mètre cube : 0f 38, prix qui pourrait être ramené à 0f 20 lors du fonctionnement du moteur électrique.

Syndicat des eaux du Trey.
Communes alimentées : Viéville-en-Haye, Fey-en-Haye, Mamey, Limey, Lironville, Manonville, Flirey, Saint-Baussant, Seicheprey. Beaumont, Mandres-aux-Quatre-Tours, Thiaucourt, Xammes, Euvezin, Pannes, Essey-Maizerais, Béney, Rambucourt, comprenant en tout : 3.758 habitants.
La source captée se trouve au fond de la vallée du Trey. Elle émerge à la base de la falaise bajocienne. L'analyse de ses eaux a montré qu'elles étaient de bonne qualité. Le débit utilisé correspond à peine au cinquième du débit total.
Le refoulement de l'eau au sommet du Quart-en-Réserve (forêt du bois Le Prêtre) est assuré par une station de pompage mixte comprenant un moteur électrique et un moteur à essence (comme appareil de secours). La puissance absorbée est de 30 HP pour un débit de 12l 25 à la seconde sur une hauteur manométrique de 116 mètres. La canalisation de refoulement est en fonte à joints coulés renforcée dans sa partie inférieure. Elle à 175 millimètres de diamètre et 1.800 mètres de long.
Le réservoir principal à double compartiment a une capacité de 750 mètres cubes et celle des réservoirs communaux varie entre 10 et 40 mètres cubes. La réserve d'eau amenée ainsi est au total de 1.170 mètres cubes. La jonction des divers branchements aux points hauts est assurée par de petits réservoirs de 2 mètres cubes de capacité munis de commandes automatiques à flotteur du type Gibaut. Le nombre des appareils publics est de 60, non compris ceux de la ville de Thiaucourt. Le montant global de la dépense est de : 3.270.000 francs couverts en presque totalité par les subventions du Pari mutuel et des Régions libérées. Le prix de revient prévu après la mise en marche se décompose comme il suit :
Quantité d'eau pompée en une année : 225.000 mètres cubes.
Dépenses prévues : Courant électrique 50.000 francs
Mécanicien 7.200
Graissage 2.000
Frais généraux et entretien 8.800
Total 68.000 francs soit pour le prix de revient du mètre cube d'eau : 0f 30 monté au réservoir, pour une consommation journalière de 150 litres par habitant.




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