Presse - Divers - 1842-1887
La perte d"un homme
de bien est digne de nos regrets et de nos larmes ;
c"est un vide lamentable dans une société qui voit se
briser chaque jour les liens sacrés qui la rattachent à
la religion et à toutes les vertus morales. Quand la fin
du juste est prématurée, quand il descend, jeune encore,
dans la nuit du tombeau, en laissant après lui une
famille nombreuse qui avait besoin plus que jamais de
l"appui de ses conseils et des nobles exemples de sa
vie, alors le cœur se resserre et il n"y a point de
parole assez vive sur les lèvres pour exprimer toute
l"amertume d"une pareille douleur !
C'est à ces différons titres que nous voulons consacrer
aussi quelques lignes à la mémoire précieuse de M.
George, licencié ès-lettres, membre de l"université et
professeur au collège de Lunéville. Né à Velaines-en-Hays
(Meurthe), en 1805, il avait fait de bonnes études au
petit séminaire de Pont-à- Mousson ; mais il s était
particulièrement distingué dans le cours de ses études
théologiques. L'extrême délicatesse de sa conscience
l"avait effrayé de bonne heure à l"aspect des sublimes
et importans devoirs du sacerdoce; en conséquence, il
avait demandé une position où il put s"éprouver lui-même
et comparer attentivement ses forces avec la tâche
difficile qui l"attendait dans l"avenir. Il exerça
d"abord les fonctions de sous-censeur au collège de
Nancy ; plus tard, il fut envoyé comme professeur à
Blâmont, et dans ces premiers débuts, il donna la plus
haute idée de son mérite et de son caractère.
Après les événemens de 1830, voyant les séminaires
ébranlés par la tourmente révolutionnaire et libre de
tout engagement, il accepta les fonctions de principal
au même pensionnat de Blâmont, dont la direction lui fut
remise avec joie, par l"excellent M. Lebon, un des
prêtres les plus vénérables du clergé de Nancy. M.
George sut également, dans ce nouveau poste, se
concilier l"estime publique et I"affection des élèves
comme celle des familles. Des raisons de santé le
déterminèrent à se retirer à Lunéville ; c"est la qu"il
vient de rendre le dernier soupir, à 37 ans, après avoir
exercé, aux applaudissemens de tous, la charge de
professeur au brillant collège de cette ville. Les
belles et touchantes paroles qui ont retenti sur sa
tombe, nous prouvent assez a quel point il avait mérité
la considération profonde et l"amitié de ceux qui ont pu
le connaître. Mais il est un trait de sa vie que nous ne
devons pas oublier; c"est qu"il avait conservé toute la
vivacité de sa foi, toute la force de ses convictions
religieuses; il savait accomplir ses devoirs de chrétien
avec une fidélité inviolable; aussi rien ne saurait
peindre la résignation, le calme et la paix de ses
derniers instans.
M. George est mort consumé par un travail opiniâtre : à
côté de sa classe qu"il dirigeait d"une manière si
habile, il avait encore à soigner de vastes affaires
commerciales et il s"occupait de la rédaction de
quelques ouvrages. Nous devons à ses veilles patientes
et laborieuses un recueil de maximes tirées de nos
meilleurs moralistes : c"est un excellent opuscule de
lecture courante pour nos écoles primaires; ensuite une
mythologie expliquée: c"est une imitation du livre
classique du P. Jouvency, Appendix de Diis et Heroîbus,
etc. Ce qui fait le mérite particulier du travail de M.
George, c"est que les mythes du paganisme sont comparés
aux récits véritables de l"histoire et servent à
démontrer les enseignemens catholiques. D"autres
productions utiles devaient jaillir de la plume savante
et infatigable de l"excellent professeur; mais Dieu
s"est contenté de sa volonté si droite et si sage, il
s"est hâté de le rappeler au repos sans fin d"un monde
plus heureux. Pendant que nous combattons encore dans
l"arène pénible de cette vie et que nous plions souvent,
hélas! sous l"effort de la tempête, noble et digne ami,
veillez sur nous, ranimez nos forces défaillantes;
soutenez- nous par le souvenir de vos vertus, afin que
nous puissions retrouver un jour comme vous le bonheur
et le port !
O. M.
Terrible désespoir
conjugal. - Nous avons annoncé, il y a six semaines, que
l"excellent sous-chef d"équipe Feith, venait d"être
écrasé par une locomotive à la gare d"Epinal.
Ce fut un immense chagrin pour sa jeune veuve. Cette
pauvre femme quitta son logement du faubourg de Nancy et
l"on n"entendit plus parler d"elle, quand, aujourd"hui,
les journaux de Meurthe-et-Moselle nous apprennent que
mercredi dernier, vers trois heures de l"après-midi,
entre Blamont et Cirey, une femme s"est précipitée an
devant d"un train qui n"était plus qu"à vingt-cinq pas.
Elle fut littéralement broyée. On trouva sur sa manche
une lettre qu"elle y avait attachée avec une épingle et
dans laquelle elle déclarait qu'elle ne voulait pas
survivre à son mari et qu"elle voulait mourir de la même
mort. C"était la veuve Feith !
La statue de l"abbé
Grégoire. - Une très nombreuse réunion assistait lundi
dernier à la conférence que M. Viox a faite à Blâmont,
sur l"abbé Grégoire.
La salle de la justice de paix et une salle adjacente
ont été insuffisantes à contenir la foule d"auditeurs
accourus de tous les points du canton. Les retardataires
ont dû rester dans les escaliers. Pour les conférences
ultérieures, qui auront lieu deux fois par mois, M.
Brice fait préparer une salle plus vaste, qui sera
chauffée.
A l"arrivée du conférencier, accompagné de M. Brice,
maire de Blàmont, de M. Bister, maire de Vého, lieu de
naissance de l'abbé Grégoire, la musique municipale,
qui, entre parenthèse, est excellente, a joué la
Marseillaise.
M. Brice a ouvert la séance en disant que cette
conférence étant la première, on a cru devoir la
commencer par un sujet d"actualité.
Nous croyons superflu de mentionner que M. Viox a obtenu
un plein succès et que les applaudissements ne lui ont
pas manqué en retraçant la vie de notre compatriote
Grégoire, l"une des plus remarquables figures de la
Révolution. On a surtout fort applaudi l"éloge de la
Convention, dont l"abbé Grégoire a été président.
Après M. Viox, M. Brice a repris la parole pour annoncer
que la souscription était ouverte à Blâmont.
Une condamnation à
mort. - La cour d"assises de Meurthe-et-Moselle vient de
condamner à mort un nommé Hachair, de Barbas, près de
Blâmont, qui a tué sa mère afin de pouvoir jouir de sa
fortune.
Le jugement porte que Hachair sera exécuté sur une des
places de Nancy, qu"il sera exposé en chemise et la tête
voilée de noir pendant la lecture de sa condamnation.
Remoncourt. - Le 26
juillet 1887, le sieur Humbert, propriétaire à
Remoncourt, se trouvant à Blâmont, s"est pendu dans un
établissement public de cette ville. On attribue cette
triste détermination à des chagrins d"intérêt.
Election de Blâmont.
- Dimanche dernier, a eu lieu, dans le canton de
Blâmont, une élection pour le choix d"un conseiller
général, en remplacement de M. Brice, républicain
décédé.
M. Cuny, républicain, a été élu au premier tour, contre
M. d"Hausen, réactionnaire. |