Presse -
La Gazette de
Lorraine - 1873-1907
La ville et le
territoire de Belfort ont été entièrement évacués samedi
dernier, 2 août. Le même jour, les derniers soldats
allemands ont quitté Delle, Lunéville, Blamont,
Saint-Nicolas, Nomeny, Longuyon, Pont-à-Mousson,
Saint-Dié, etc.
Le Journal (allemand)
de Strasbourg donne, sur les communes rétrocédées à la
France, les détails suivants:
La commune de Raon-sur-Plaine, de 620 âmes, et la
commune voisine de Raon-lès-Eaux, de 336 âmes, qui,
jusqu'à ce jour, faisaient partie, la première, du
cercle de Molsheim, la deuxième, du cercle de
Sarrebourg, sont situées sur le versant occidental du
Donon, dans la vallée de la Plaine, affluent de la
Meurthe. Leurs relations ayant lieu exclusivement dans
la direction de Blamont et de Badonviller, les habitants
en avaient demandé la rétrocession à la France. Le
gouvernement allemand n'avait qu'un médiocre intérêt à
demeurer en possession de ces communes pauvres et de
nationalité toute française. Il en est de même de la
commune d'Igney, qui ne compte que 191 habitants, et de
la partie de la banlieue de la commune d'Avricourt
située dans le cercle de Sarrebourg, au sud de la ligne
ferrée Avricourt-Emberménil. Le gouvernement français
désirait posséder cette petite portion de territoire,
parce qu'elle est traversée par le chemin de fer vicinal
de Cirey-Blamont-Avricourt, dont la propriété et
l'exploitation sont françaises, et parce que
l'exploitation en eût été compliquée, si les trains
avaient dû passer la ligne de douane allemande. Le
chiffre total des communes, tant urbaines que rurales,
cédées par la France à l'Allemagne, est maintenant de
1688.
VARIETES
LE CHATEAU DE TURQUESTEIN (TÙRKSTEIN).
Les ruines da château de Turquestein méritent bien une
visite. Situées dans la vallée solitaire du Blanc-Rupt,
elles s'élèvent dans la forêt à 460 mètres au-dessus des
petites vallées de la Sarre blanche et du ruisseau de
Lafrimbolle.
Ces ruines reposent sur une masse imposante de rochers
reliés entre eux, mais malheureusement cachés
extérieurement depuis bien des années par de magnifiques
sapins. S'êlevant à pic au midi, à i'est et à l'ouest,
le Burg, n'avait une entrée que du côté du nord, où il
était défendu par un fossé et une muraille très-bien
conservée, dont les pierres aux chauds reflets du grès
vosgien sont taillées avec soin. Ce mur énorme est tout
ce qui reste du château ; car si on pénètre dans
l'intérieur, on se trouve sur un petit plateau, jadis
potager, où on remarque la citerne taillée dans le roc
et une grotte naturelle de 60 mètres de long sur 16 de
large. Au-dessus une maison moderne a été élevée. On a
encastré dans le mur des pierres constatant des
reconstructions du château dans le cours du XVIe siècle.
Les énormes sapins qui ont surgi de chaque côté du
rocher empêchent la vue de s'étendre. Turquestein n'a
donc pour le curieux que le seul charme de son histoire.
Si on examine les anciens documents que l'on possède sur
le pays de la Haute-Sarre, on voit que sa construction
est bien justifiée. En effet, le Burg gardait le chemin
dit d'Allemagne qui, partant du val de la Bruche,
traversait le col du Donon et gagnait Blamont par
Lafrimbolle et Chatillon (ce dernier château près de
Cirey, demeure d'un chevalier brigand, avait été détruit
par les Strasbourgeois dans le cours du XVe siècle), ou
Lorquin, par la vallée ; à la cense de Saint-Michel,
réunion des deux cours d'eau, un autre chemin, parti de
Strasbourg, rejoignait celui dit d'Allemagne. Cette
route avait quitta la vallée de la Brouche à
l'embouchure du ruisseau de Haesel, passait près de la
sombre forteresse de Niedeck, gravissait l'Engelberg et
suivait les sources de la Zorn et celles de la Bièvre
pour gagner Walscheid, après avoir passé près du château
de Durrenstein. De Walscheid le chemin se dirigeait sur
le village daboyen d'Abreschwiller, par le Nonnenberg,
puis il atteignait Turquestein par Saint-Quirin.
Ces routes, très-fréquentées pendant le moyen âge, ont
été totalement abandonnées par suite des guerres du XVIe
et du XVIIe siècle. Plus tard, la défense du pays exigea
leur complète destruction ; la route par Phalsbourg dut
seule desservir toute cette partie de la Haute-Sarre. De
nos jours, une administration intelligente a ordonné la
réouverture de ces communications entre deux provinces
amies. Ces chemins, tout abandonnés qu'ils étaient et
malgré leur état dangereux, sont encore suivis, par
suite de vieux souvenirs, par les pèlerins, les
contrebandiers et les habitants voisins.
Cette petite digression justifie la position de certains
châteaux forts aujourd'hui perdus dans le massif des
forêts vosgiennes.
Turquestein était le siège d'une baronnie comprenant
entre autres villages en 1590 : Lorquin, Frekelfing (Fraquelfing),
Niederhav (Niederhof), La Neuveville, Le Neuf-Moulin,
Lafrimbolle (Leffelbronn), Saint Georges, Hattigny,
Landange (Landlingen), Halbutzel (Habluiz), Bertrambois,
etc.
Cette seigneurie était possédée dans la plus haute
ancienneté par les comtes de Dabo, qui en rendaient foi
et hommage aux évêques de Metz. En 1225, à la mort de la
comtesse Gertrude, le comté de Dabo fut partagé entre
divers compétiteurs. Le château de Turquestein fut rendu
à l'évêque de Metz, comme fief mâle de son église. Jacob
de Lorraine, qui passa son épiscopat à élever des
construction, reconstruisit le château en 1252 Adhémar
de Monteil, pressé da payer quelques dettes, engagea la
redoutable .forteresse en 1344 au duc de Lorraine.
Depuis cette époque, Turquestein, sauf à de rares
intervalles, fut toujours possédé par les descendants de
Gérard d'Alsace, sous la souveraineté des prélats
messins. Les ducs de Lorraine, à leur tour, peu soucieux
de relever d'un prélat, donnèrent en sous-fief la
seigneurie à des gentilshommes de leur pays, aux comtes
de Blamont, à MM. d'Haussonville. Un de ceux-ci, Jean,
bailli de l'évêché, seigneur d'Essey-lès-Naney (où l'on
voit son tombeau avec celui de sa femme Catherine de
Heu), y éleva une chapelle en l'honneur de la Vierge et
de saint Clément, dont la desserte était réservée à un
religieux de l'abbaye de Haute-Seille. L'histoire du
château de Turquestein ne consiste donc qu'en une sèche
nomenclature de reprises ou donations du fief aux
évêques de Metz.
Lors de la guerre de Trente ans, le château qui avait
été reconstruit par les d'Haussonville, fut démantelé
par M. de Machault en 1634, sur l'ordre de Louis XIII.
Ses ruines ne furent plus relevées depuis. Le duc
Léopold, rentrant dans ses Etats par suite du traité de
Ryswick, reprit Turquestein; mais il en céda bientôt la
propriété, sous la souveraineté de l'évêque de Metz, à
un de ses favoris, le prince de Beauveau, dont la
famille en fut propriétaire jusqu'à nos jours.
Le dernier maître, le maréchal de Beauveau, s'intitulait
baron de Turquestein, Lorquin, Saint-Georges, etc. Peu
soucieux de conserver une propriété qui ne lui
rapportait rien, il vendit au commencement de la
Révolution le château et ses dépendances à M. Adorne,
marchand physicien, opticien de la ville de Strasbourg,
demeurant place d'Armes. Celai ci, voulant rendre
l'habitation plus respectable, eut la singulière idée,
au moment où le culte catholique allait être supprimé,
de demander au Directoire du département de la Meurthe
la permission de construire une chapelle pour lui et ses
domestiques. L'autorisation ne lui fut pas refusée, mais
la construction de l'édifice produisit une certaine
émotion chez les naïfs montagnards saargoviens. Ils se
figurèrent que l'on voulait faire un dépôt d'armes et de
poudres pour les « aristocrates. » De là une foule de
dénonciations au chef- lieu du district qui était à
Blamont. Enfin, las de recevoir tant d'avis, les
citoyens, chargés de l'administration civile, résolurent
d'envoyer sur les lieux une compagnie de gardes
nationaux pour faire des fouilles et arrêter les
suspects. Rien de plus curieux à lire que le
procès-verbal dressé à cet effet par le capitaine
Bathelot. Parti de grand matin de Blamont, il se fait
précéder par une avant-garde; arrivé au pied de la côte
sur laquelle s'élève le château, les armes son chargées.
Une justice à rendre, c'est que si les fagots et les
caves furent soigneusement mis sens dessus dessous,
madame Adorne, seule alors, ne fut pas maltraitée. Après
de vaines recherches, les gardes nationaux revinrent
piteusement à Blamont à onze heures du soir. La
capitaine jugea à propos de dresser un procès-verbal
très-circonstancié de cette mémorable expédition, qui
fait honneur au courage des volontaires qui y
participèrent.
Cette escapade fut le dernier incident curieux de
l'histoire du château de Turquestein. L'opticien, las
sans doute de vivre à côté de voisins si pointilleux, se
défit de la ruine. Plus tard on la vit habitée par des
commis des forges de MM. Champy. Ce sont ces derniers
propriétaires qui firent démolir la chapelle élevée par
M. Adorne.
De nos jours, la château appartient à M.Chevandier de
Valdrôme.
Dès l'an 1124, on voit un membre de la famille de
Turquestein. Rien ne prouve qu'il eut la seigneurie ; il
était peut-être gardien ou capitaine du Burg, qui, comme
on l'a lu, appartenait aux puissants seigneurs de Dabo.
Quant aux tombes des sires de Turquestein que l'on
voyait dans la pauvre église de Lafrimbolle, il y a
longtemps qu'elles ont disparu. L'église a été
reconstruite et il ne reste de l'ancienne que la tour
carrée romane.
Au XVIIIe siècle Lafrimbolle et Turquestein dépendaient
de la paroisse de Bertrambois. Telle est en quelques
lignes, d'après le Journal des Communes, l'histoire du
château de Turquestein ; malgré son peu d'intérêt, elle
ne doit pas détourner les amateurs de visiter ses
ruines, car elles le méritent.
On nous écrit de
Sarrebourg, le 29 mars :
« M. Charles Houpert, conservateur des hypothèques en
retraite, décédé à Sarrebourg le 4 mars courant, a
disposé d'une manière également généreuse en faveur de
sa patrie ancienne et de sa nouvelle patrie. Il a légué
non-seulement au département français de
Meurthe-et-Moselle, entre autres, une rente annuelle sur
l'Etat de 1200 francs pour la fondation, à Blâmont,
d'une caisse de prêts, mais encore au département de la
Lorraine, d'une part, six actions de la Banque de France
dont le dividende annuel sera distribué aux instituteurs
des arrondissements de Sarrebourg et de Château-Salins
qui auront le mieux exercé leurs élèves dans les
compositions écrites, et d'autre part, un titre de rente
annuelle sur l'Etat de 1200 francs et sa propriété de
Bassing affermée moyennant un prix annuel de 2,616 M.,
pour la création de caisses de prêts à l'agriculture, à
Dieuze, à Albestroff, Fénétrange, Phalsbourg,
Sarrebourg, Réchicourt et Lorquin. La caisse centrale
sera établie à Dieuze ; elle sera créée la première au
moyen du produit du fermage et de la rente des cinq
premières années ; viendront ensuite dans l'ordre
ci-dessus les succursales d'Albestroff, etc.
« Cette fondation, dont on ne saurait être trop
reconnaissant à son auteur, vient s'ajouter dignement
aux libéralités importantes faites dans un but
charitable et d'intérêt général, surtout dans ces
derniers temps, par des habitants bienfaisants du
département de la Lorraine. »
Echo du conseil
général de la Lorraine
Séance du samedi, 23 octobre 1880
[...] Sur la proposition de M. Ditsch, rapporteur de la
commission des objets généraux, l'assemblée accepte la
fondation et approuve le projet de statuts des banques
d'assistance fraternelle fondées par feu M, Charles
Houpert, ancien conservateur des hypothèques à
Sarrebourg, et elle décide l'exécution d'une plaque en
marbre avec cette inscription :
« A M. Charles Houpert
« La Lorraine reconnaissante
« (Délibération du Conseil général de la Lorraine du 23
octobre 1880.) »
Cette plaque sera apposée sur le monument funèbre à
élever à la mémoire du défunt par son exécuteur
testamentaire.
On nous écrit du
canton d'Albestroff :
« Monsieur le Rédacteur,
« Veuillez être assez bon pour donner 1'hospitalité dans
les colonnes de votre journal à ces quelques lignes, car
Celui qui met un frein à la fureur des flots
Sait aussi, des méchants, arrêter les complots.
« Bonne nouvelle pour les prétendants à l'héritage de M.
Charles Houpert de Sarrebourg. Il me vient de tomber
entre les mains son testament, et comme peu en
connaissent le contenu et que ceux qui l'ont lu ne l'ont
pas compris, attendu l'étrange abus qu'en a fait certain
généalogiste, je veux leur copier textuellement ce qui
les concerne :
« Je crois ne pouvoir trouver de collatéraux
successibles que dans les descendants des frères et
sœurs de mes aïeux, savoir : Jacques Houpert, mon
grand-père paternel, vivant greffier du bailliage d'Insming,
et Marguerite Marget, sa femme » (et non Margo).
Et m'étant renseigné sur les registres de l'état-civil,
j'ai trouvé que Jacques Houpert avait eu deux frères qui
ont laissé des descendants vivants encore, qui par
conséquent sont et seront ses seuls héritiers s'ils ont
eu la prévoyance recommandée par le testateur. Je
renvoie donc notre généalogiste à l'article 750 et 755
du Code Napoléon, à moins qu'il n'ait, trouvé mieux
ainsi que ses nombreuses dupes dont l'argent, selon son
dire, pourra rendre plus d'un heureux.
« J'ai l'honneur, Monsieur, etc.
« Un vieil abonné. »
La succession Houpert
Dieuze, le 16 octobre.
Aujourd'hui nous avions an tribunal cantonal .de Dieuze
la réunion de 368 membres de la famille Charles Houpert,
décédé conservateur des hypothèque Sarrebourg, afin;de
régler divers points encore obscurs de la succession de
ce dernier. Pour expliquer ceci, il suffit de dire que
M. Houpert n'ayant aucuns descendants ni ascendants a
légué sa fortune à tous ses collatéraux « quels qu'en
soient la ligne et le degré, sans aucune exclusion » par
parts, égales. Plusieurs séances n'avaient eu résultat.
Celle-ci, sans être finale, est du moins décisive et a
beaucoup d'importance.
La réunion fixée à 10 heures du matin a commencé, au
milieu du tohu-bohu des premiers moments, par
l'explication, par M. le juge du tribunal cantonal de
Dieuze, de la circulaire du 27 juillet 1882. On étouffe
dans la salle beaucoup trop petite.
Environ 1000 personnes se sont, présentées pour être
admises à la succession, et il s'agit de discuter 1eur
parenté et leurs droits d'hérédité.
Ensuite on procède à l'appel nominal dé la liste des 368
membres présents. Cet . appel très-long dure jusqu'à
midi et est très-monotone. Seules les réponses
embarrassées de quelques-uns de ces heureux égaient un
peu la salle. A la fin de l'appel M. le juge suspend
l'audience jusqu'à 2 heures de relevée.
A 2 heures, la réunion recommence par l'exposé des
motifs de la réunion. Les 1000 personnes qui se sont
présentées à la réunion se divisent en 5 classes.
La première classe comprend les 368 membres qui ont
prouvé par des actes leur degré de parenté avec le
défunt.
La seconde comprend les prétendants descendants de
Didrich Houpert et d'Elisabeth Clément, ei appuyant leur
demande sur ce que ce Didrich Houpert était fils de
Peter Houpert .et d'Anne-Maria Dorr,
arrière-grands-aïeux du défont. Mais l'acte de naissance
n'est pas produit. Il est cependant prouvé par deux
actes de mariage de 1724 et 1729 que ce Didrich Houpert
avait un frère nommé Jean Houpert. D'un autre côté, le
25 juin 1688 est né aux époux Pierre Houpert et
Anne-Maria Dorr un fils Jean Houpert. Mais Didrich
Houpert est-il frère de ce Jean Houpert? Il est aussi
fils des époux Pierre Houpert et Anne-Maria Dorr. La
faiblesse de cette assertion, c'est qu'il n'est pas
prouvé que ce Jean Houpert figurant dans ces trois actes
n'est pas une seule et même personne.
La troisième classe comprend ceux prétendant descendre
des époux Jean Houpert et Catharina Zons. Une partie de
cette classe prétend que ce Jean Houpert fils est né des
époux Pierre Houpert et Dorr Anne-Maria. Mais il est sûr
que Jean Houpert, fils des époux Pierre Houpert-Dorr,
est né le 25 juin 1688, que Jean Houpert, époux de
Catherine Zons, s'est marié à celle-ci en 1690. Iis ne
peuvent donc pas être identiques. L'autre partie prétend
que ce Jean Houpert, marié à Catherine Zons, était un
frère de Pierre Houpert marié à Anne-Maria Dorr. Une
preuve n'est pas fournie.
La quatrième classe fait descendre sa parenté de Nicolas
Houpert, mari d'Anne-Marie Wolf, prétendant que ce
Nicolas Houpert était un frère de Pierre Houpert, époux
d'Anne-Maria Dorr. La preuve doit être faite par une
expertise des pièces.
La cinquième classe comprend tous ceux qui ont produit
des réclamations, mais qui n'ont pas donné de preuves à
l'appui.
M. le juge pose alors à l'assemblée la question suivante
: « Les membres présents veulent-ils admettre les
personnes désignées aux quatre dernières classes ? » La
question ayant été réitérée trois fois pour chaque
classe, personne ne veut admettre aucune de ces
personnes, si ce n'est M. Kromenacker qui déclare
vouloir reconnaître les descendants de Nicolas Houpert
et Anne-Marie Wolf comme parents, mais dans le cas
seulement où la confrontation des pièces prouverait que
ce Nicolas Houpert était frère de Pierre Houpert, marié
à Anne-Maria Dorr.
M. le juge pose ensuite la question ci-après:
« Reconnaissez-vous toutes les personnes présentes comme
parents et comme héritiers ? »
M. Merny, de Paris, demanda alors la parole qui lui est
accordée. Il s'avance comme un académicien et fait une
espèce de plaidoirie dans laquelle il répète au moins
dix fois que, comme on avait confié la vérification des
pièces à M. le juge, il doit être à même de donner son
opinion à ce sujet, et qu'en outre il s'en rapporte à la
« sagesse du tribunal. » Quand il a ennuyé l'auditoire
pendant quelques minutes, des voix du fond de la salle
crient: Assez ! assez, et la parole lui est ainsi
retirée.
C'est le tour de M. Brino, d'Insming, qui est rappelé à
l'ordre parce que dès le commencement il sort de la
question en disant que dès le mois de mars 1882 il a
demandé à M. Laforêt, vérificateur des pièces, la liste
des personnes s'étant présentées et ayant fourni leurs
preuves, mais que M. Laforêt lui a tout simplement dit
qu'il y avait 170 personnes qui s'étaient présentées,
mais lui a refusé la liste, et qu'il veut simplement
accepter comme héritiers ces 170 personnes. M. la juge
lui demande de nouveau s'il reconnaît les 368 membres
présents comme parents de Houpert Charles. M. Brino
revient à sa première réponse. M. le juge lui renouvelle
encore une fois sa demande. Cette fois, M. Brino change
de tactique et déclare n'accepter comme héritiers que
les descendants précisés au testament. M. le juge retire
la parole à M. Brino.
Personne ne fait aucune opposition à la parenté des
personnes présentes.
Le second sujet concernant la qualité d'héritiers de ces
mêmes personnes est mis sur le tapis. La parole est à Me
Lambert, avoué à Nancy. Il commente le testament et
prétend que M. Houpert, le testataire, en rédigeant ses
dernières volontés, s'est expliqué de manière à ne
laisser aucuns doutes. Houpert connaissait les lois et
la valeur de chaque mot qu'il a tracé. Et il dit
lui-même:
« Je suis le fils unique né du mariage de défunt
Jean-Mathias Houpert, receveur de l'enregistrement et
des domaines à Dieuze, et de Catherine-Jeanne Petermann
; je n'ai ni frère, ni sœur, ni oncle, ni tante, ni des
descendants d'eux; je reste le seul représentant vivant
d'une nombreuse famille éteinte, et je crois ne pouvoir
trouver des collatéraux successibles que dans les
descendants des frères et sœurs de mes aïeux, savoir :
Jacques Houpert, mon grand-père paternel, vivant
greffier du bailliage d'Insming, et Marguerite Marget,
sa femme ; Charles Petermann, de Marsal, mon grand-père
maternel, sa femme, que je ne connais pas, etc. »
Me Lambert déclare donc qu'il ne peut y avoir aucun
doute à ce sujet; le testateur n'a pas voulu qu'on
remonte à ses collatéraux provenant de ses bisaïeux et
arrière-aïeux. Donc, il n'accepta à la succession que
les parents provenant des lignes Jacques Houpert et
Marguerite Marget, Charles Petermann et Jeanne Bellon.
M. Merny, qui se trouve mal à l'aise, probablement parce
qu'il est du nombre de ceux à exclure, s'est de nouveau
remis dans sa pose première, et veut recommencer sa
sortie, mais il est rappelé à l'ordre.
M. Brino Frédéric, déjà nommé, se range à l'opinion, de
Me Lambert, et sur la demande de M. le juge, s'il y a
encore des personnes du même avis, plusieurs personnes
répondant affirmative
ment, savoir !
Joseph Schoubrenner
Marie-Anne “
Elisabeth “ femme Jean Strew
Jean “
Cécile «
Marie-Anne “
Catherine “
Anne-Marie “
Michel Emel
Arnoldi de Sarrebourg
Jean-Nicolas Schoubrenner
Hock Henri
Baro Catherine
Nicolas Schoubrenner
Elisabeth Schoubrenner
Michel Ferm
Nicolas Houpert
Betting Christophe à Nancy
Betting Fanny à Nancy
Houpert Anne
Pierre Croisé de Bensdorf
Eugène-Pierre Houpert
Joseph Schoubrenner
Jean Lauer
Veuve Vahl
Catherine Aug
Jean-Baptiste Aug
Chrétien Houpert
Catherine Schütz
Michel Goutfreund
Jean “
Jean-Pierre Baro
Marguerite Schoubrenner
Suzanne Schoubrenner
Vahl.
M. le juge ayant dit primitivement que si on tombait
d'accord, il donnerait immédiatement
l'acte de notoriété nécessaire pour toucher chez M.
Thouvenel, notaire à Blamont, l'exécuteur testamentaire,
l'argent provenant de la succession, déclare maintenant
qu'il lui est impossible de donner ledit acte.
M. Laforêt propose alors de nommer une commission
présidée par M. le juge du tribunal cantonal de Dieuze
assisté de jurisconsultes, chargée d'interpréter le
testament dudit sieur Charles Houpert. Ces
jurisconsultes, naturellement désintéressés à l'affaire,
donneraient leur avis, et chacun prendrait l'engagement
de s'y conformer sans observation.
M. le juge dit que pour lui il n'a plus rien à faire à
l'audience, mais que, pour qu'elle soit valable, la
proposition Laforêt a besoin d'être acceptée à
l'unanimité; il déclare surtout que c'est à cause des
membres absents parmi les 368 admis que cette
proposition doit être refusée.
Un membre répliqué que tous les 368 membres étant
invités pour aujourd'hui, ils devront se ranger aux
décisions prises, puisque leur absence est un
consentement tacite.
M. Merny en revient toujours à la sagesse du tribunal et
dit qu'on doit décider aujourd'hui même. Quant à lui, il
accepte la décision de M. le juge et il croit tout le
monde de son avis.
Quelques voix : Non ! non ! taisez-vous !
M. Lambert, M. Kromenacker et M. Veber appuient la
demande Laforêt. M, Brino l'appuie aussi, mais à la
condition que M. Thouvenel, l'exécuteur testamentaire,
un ami de Houpert et qui connaissait ses intentions,
fasse partie du conseil d'interprétation M. Kromenacker
accepte, mais M. Thouvenel sera seulement admis à titre
consultatif et non à titre délibératif. M. Brino
accepte.
M. le juge déclare alors que cette proposition doit loi
être signifiée par un acte contenant les
signatures des 368 membres et se retire.
M. Laforêt demande aux membres présents s'il y en a qui
s'opposent à sa proposition. Elle est acceptée à
l'unanimité. On vent confier la rédaction de l'acte à M.
Brino, mais il est trop modeste et s'esquive.
Enfin on arrive à une solution ; l'acte est signé et
porte que M. le juge de Dieuze présidera une commission
de quatre jurisconsultes, avocats- avoués ou juges en
Alsace-Lorraine, avec M. Thouvenel en sus à titre
consultatif, chargée d'interpréter le testament, et que
chacun prend l'engagement de s'y conformer sans recours
contre la décision qui sera ainsi de dernière instance.
Grâce à la proposition Laforêt, voilà donc un bon procès
interminable empêché, et chacun s'empresse de reprendre
le chemin de ses pénates.
Gare les rêves cette nuit ; il y en a probablement qui
croiront tenir le coffre-fort de défunt M. Houpert !
Le 7 de ce mois, à 5
heures du matin, le nommé Hachaire Auguste, cultivateur
à Barbas, canton de Blamont (Meurthe-et-Moselle), âgé de
35 ans, a assassiné sa propre mère, rentière, âgée de 66
ans, avec laquelle il vivait en mauvaise intelligence.
Après avoir frappé la malheureuse d'un violent coup sur
le sommet de la tête, il l'a étouffée en lui mettant la
main dans la bouche (pour empêcher sans doute les cris),
puis le pouce sur la gorge. Le meurtrier, qui possède
une fortune de 50,000 fr. environ, a été arrêté dès le
lendemain du crime.
Nous avons annoncé
hier la condamnation à mort, par la Cour d'assises de
Meurthe-et-Moselle, du parricide Hachair, de Barbas,
près de Blâmont.
La Cour a ordonné que l'exécution aura lieu sur une des
places publiques de Nancy, et que le condamné sera
conduit au lieu du supplice en chemise, pieds nus et la
tête couverte d'un voile, qu'il sera exposé sur
l'échafaud pendant que l'huissier donnera au peuple
lecture de l'arrêt de condamnation, après quoi le
condamné sera exécuté.
Hachair a écouté la lecture de l'arrêt avec une
impassibilité et un sang-froid incroyables.
A céder de suite
le café Parisien
à Blâmont (Meurthe-et-Moselle).
On peut y adjoindre un restaurant
S'adresser à Mme FLAVENOT, propriétaire
M. Henri Hanriot, de
Lucy, vient de soutenir avec succès sa thèse de doctorat
devant la Faculté de Nancy. M. Hanriot est installé à
Blamont.
On a trouvé le 1er
juillet, dans la Voise, sur le territoire de Blâmont
(Meurthe-et-Moselle), le cadavre du sieur Breton,
manœuvre à Foulcrey (Lorraine), âgé de trente-huit ans.
On croit que la mort doit être attribuée à un accident.
Nitting. On nous
écrit le 8 janvier :
Monsieur le Rédacteur,
Malgré ces grands froids et ces chutes considérables de
neige, nous nous faisons un devoir d'aller au cimetière
pour renouveler une prière à nos parents défunts, et en
même temps pour examiner l'embellissement de notre
cimetière par le nombre de monuments funèbres bien
exécutés qui se multiplient tous les ans. Plusieurs
d'entre eux sont dus au ciseau de M. Goeury, originaire
de Blâment (France), et dont les travaux sont continués
par M. Julien Clipffel, sculpteur à Cubolot, près
Alberschviller, ancien apprenti de M. Gœury M. Clipffel
a déjà donné les meilleures preuves de son talent par
l'exécution de quelques monuments qu'il a posés cette
année. Nous tous lui souhaitons bonne chance dans ses
travaux qu'il exécute avec beaucoup de goût, et à de
très-bonnes conditions.
Agréez, etc. Un groupe d'habitants de Nitting.
Cubolot, canton de
Lorquin. On nous écrit le 16 janvier:
Monsieur le Rédacteur,
J'ai lu dans le n° 9 de votre journal du 13 courant une
correspondance de Nitting faisant l'éloge de quelques
monuments funèbres que j'ai exécutés et posés au
cimetière de cet endroit, ce qui me prouve de plus en
plus que les personnes qui ont bien voulu m'honorer de
leur confiance en ont été très-satisfaites Cette
correspondance parle aussi de M. Gœury, originaire de
Blâmont. MM. Goeury sont originaires de Voyer et
habitent Blâmont.
Je remercie vivement les habitants de Nitting, qui ont
bien voulu me prêter leur concours, par une insertion
dans votre journal, de leurs vœux et souhaits qui ne
peuvent que m'encourager à exécuter avec plus de soins
encore les commandes qui me sont confiées.
Quant aux bonnes conditions auxquelles je travaille,
j'ai plusieurs facilités pour cela. Je puis d'abord
profiter d'une partie des pierres blanches et rouges qui
sont extraites sur place de la carrière de mon père, qui
me fait de très-grandes concessions ; en plus, de
l'escompte du comptant en ce qui concerne les autres
marchandises.
Agréez, Monsieur le Rédacteur, ainsi que le groupe
d'habitants de Nitting, mes sincères remerciements et
l'assurance de ma parfaite considération.
Julien Clipffel.
Sculpteur.
Vic-sur-Seille. On
nous écrit le 16 février :
La population de Vic vient d'être subitement plongée
dans le deuil. M. Stanislas Prégaldin, curé et
archiprêtre de cette ville, s'est éteint doucement dans
sa 52e année, hier samedi, à 9 heures du matin. M.
Prégaldin jouissait d'une bonne santé, et mardi encore
il visitait ses malades et ses pauvres comme d habitude.
Subitement atteint de l'influenza, il s'alita mercredi,
pour ne plus se relever, malgré des soins assidus et
dévoués: il avait pris un refroidissement, paraît-il. La
nouvelle de sa mort - si inattendu - se répandit en
ville comme un coup de foudre, et depuis ce moment les
visages sont tristes et la ville est morne. Ce prêtre si
bon, si dévoué et si charitable, est vivement regretté
par toutes les classes de la population, aussi les
fidèles se pressent-ils en foule autour de lui, voulant
par là lui dire un dernier adieu et lui témoigner toute
leur gratitude.
Son corps est exposé sur un lit de parade dans une
chambre transformée en chapelle ardente et décorée de
toutes les fleurs qu'il aimait tant de cultiver. C'est
là que ses chers paroissiens viennent le pleurer, car
tous l'aimaient.
M. Prégaldin était né à Blâmont, le 20 mai 1838; il
avait été successivement professeur au collège de Vic,
puis professeur à la Malgrange près Nancy, enfin curé de
la paroisse de Juvelize jusqu'en 1877, époque où il fut
nommé curé de Vic.
C'est à son activité qu'est due la restauration de
l'église paroissiale, et on peut dire hautement qu'en
peu de temps il a fait des prodiges pour la
transformation de ce vieil édifice.
La municipalité, avec laquelle ce prêtre juste n'a eu
que des rapports empreints de la plus grande cordialité,
a voulu aussi prendre sa part de deuil en interdisant
aussitôt toutes les réjouissances projetées dans le
public pour fêter les jours gras. Enfin le Conseil
municipal s'est réuni extraordinairement le même jour
pour voter à l'unanimité qu'une concession à perpétuité
et choisie serait accordée à la dépouille de son
regretté pasteur, dans le cimetière de cette ville, afin
de perpétuer sa mémoire.
L'enterrement de ce digne prêtre aura lieu lundi, à 10
heures du matin. Ch. M.
Héming. Dimanche
matin, le nommé Gérard, garde champêtre à Aspach, qui
s'était engagé sur la voie ferrée malgré la barrière
fermée, a été atteint par le train-poste Paris-Strassburg
et affreusement mutilé. La mort a été instantanée. Un
jeune homme de Blâmont (Meurthe-et-Moselle) qui
l'accompagnait en a été quitte pour une violente
poussée.
Dans la nuit de
dimanche à lundi, on a volé chez un marchand épicier une
certaine somme d'argent, que le propriétaire ne peut
lui-même évaluer qu'approximativement. Il était allé
avec sa famille à la fête d'un village situé aux
environs de Blâmont, et à son retour, le lundi matin, il
trouva la caisse dévalisée. Le voleur s'était introduit
par le soupirail de la cave, et de là, par une trappe,
dans la cuisine, d'où l'accès an magasin était facile,
les portes n'étant pas fermées.
Des voisins auraient entendu du bruit entre 7 et 8
heures, mais ne s'en étaient préoccupés nullement,
croyant à la rentrée du propriétaire.
Faite divers. Le 13
août, la police a procédé à l'arrestation d'une personne
qui paraît être une flibustière raffinée. Elle s'était
fait inscrire sous le nom de Marie Petitfils,
propriétaire à Blâmont, dans un hôtel de la place où
elle commit des escroqueries représentant une somme de
30 Mk. A Morhange, elle s'était présentée sous le nom de
Marie Geoffroy, de Neuilly, et parvint à frustrer
l'hôtelier pour une somme de 90 Mk. Il est à supposer
qu'elle a usé du même truc ailleurs. La flibustière est
de taille moyenne et a le type juif. Les personnes
pouvant fournir des renseignements sur son compte sont
priées de s'adresser an parquet.
Sarrebourg. Un jeune
soldat de la dernière classe, Paul Charrier, de Domnom,
incorporé au 4e escadron du 11e régiment d'uhlans, a
déserté. Cherrier a déclaré qu'il avait été gravement
maltraité par d'anciens soldats de son escadron. Le père
du déserteur a chargé un médecin de se rendre à Blâmont,
où son fils malade est en traitement» pour examiner son
état. On dit qu'un député lorrain portera cet incident
devant le Reichstag.
Blâmont, 11.
septembre. Célestin-Eugène Barrot (et non Parot), qui a
attiré deux coups de revolver sur Mlle Jacques,
sage-femme à Ancerviller, est mort. L'état de Mlle
Jacques est toujours très grave.
DERNIERES NOUVELLES
Metz, .20 juin. On mande d'Avricourt, le 19 juin, à
l'Agence Havas:
« Le prince de Saxe-Weimar, accompagné du baron Van der
Hoeven, avait passé la frontière à 2 heures du matin, se
rendant à Paris en automobile. Un sérieux accident lui
est survenu près de Barbas-Blamont. L'automobile s'est
jetée contre un haut talus. Le prince et le baron ont
été projetés hors de la voiture.
Le chauffeur a été sérieusement blessé. La voiture est
brisée. » |