Historique du 37e régiment territorial d'infanterie
pendant la guerre 1914-1918
Éd. Berger-Levrault (Nancy), 19..
HISTORIQUE SOMMAIRE DU 37e RÉGIMENT TERRITORIAL
D'INFANTERIE PENDANT LA GUERRE
1914-1918 Le 2
août 1914, à la déclaration de guerre, le 37e R.I.T. est
mobilisé à Auxerre, sous les ordres. du
lieutenant-colonel BROSSIN DE-SAINT-DIDIER.
Embarqué en .chemin de fer le 6 août, il arrive le 7 à
Darnieulles (Vosges). Il est alors rattaché aux troupes
de défense du secteur nord-ouest d'Épinal et reçoit
immédiatement la mission de garder les forts et
d'organiser le camp retranché.
Puis, ses compagnies vont successivement exécuter des
travaux, les unes le 20 septembre dans les environs de
Saint-Dié, les autres, le 26 octobre, près de Gérardmer;
d'autres enfin, le 9 décembre, à Rambervillers.
Le 31 décembre, à la suite de nouveaux déplacements dans
cette région accidentée des Vosges, le 1er bataillon
(commandant LAMY) cantonne à Golbey; le 2e (commandant
LOUCHE) à Rambervillers; le 3e (commandant GRESSET) à La
Chapelle et Thiaville.
1915
Le 11 janvier 1915, après une marche pénible, le 3e
bataillon atteint Brouville, Vacqueville, Hablainville.
Du 12 au 20 janvier, il participe avec le 370e R. I. à
la prise des avant-postes, aux travaux et aux
reconnaissances .de ce secteur. Il rentre dans ses
cantonnements (nord-ouest d'Épinal) après avoir été
relevé par le 38e R.I.T. Et le 11 février, il est passé
en revue par le Président de la République et le
ministre de la Guerre MILLERAND, sur le plateau de la
Justice.
Le 27 février, le régiment regroupé commence un
mouvement important vers le nord; par étapes longues et
fatigantes, il gagne le secteur Thiébauménil-Domjevin-Laronxe-Manonviller
où il prend les avant-postes. Les bataillons, avec Je
concours du 172e R.I., organisent solidement les cotes
183, 202, 203 et 300, et poussent en avant des lignes,
avec les 6e et 10e hussards, des reconnaissances hardies
qui n'hésitent point à livrer combat.
Ainsi, le 19 mars, la section du lieutenant GUÉNARD (2e
compagnie) pénètre dans le village de Blémerey et tient
tête à un parti adverse auquel elle inflige des pertes.
Le 3 avril, le détachement de l'adjudant PRANGER (11e
compagnie) aborde la cote 297 (sud-est de Reillon) et se
maintient en observation malgré une vive fusillade. A
signaler encore les patrouilles du 1er bataillon sur le
Remabois où se distinguent le lieutenant ESMONIN et les
caporaux TUPINIER et NILLOT. Bientôt le secteur s'agite.
L'aviation allemande devient active; l'artillerie
bombarde régulièrement les tranchées de la cote 300 et
Vého est incendié.
Brusquement, le 17 avril, après un tir violent, l'ennemi
attaque à plusieurs reprises les lignes de la 6e
compagnie (bois des Haies d'Albe). Les positions sont
maintenues intégralement. Le sergent DIRY reçoit la
Médaille militaire et le soldat Roy est cité à l'ordre
de l'armée.
Peu à peu la vie de secteur reprend, tantôt calme et
monotone, tantôt troublée et difficile. Les compagnies
se relèvent régulièrement et occupent à tour de rôle les
différents points d'appui : bois des Railleux, des Haies
d'Albe, de la Chapelle, source de la Rognelle, les
Arbres-Jumeaux, les villages Nègre, de Saint-Martin,
Vého, Herbéviller, etc.
Le 19 juin, les 6e et 11e compagnies prennent part aux
attaques des 217e et 223e R.I. sur les positions
ennemies au nord-est de Reillon. La 11e compagnie s'y
fait remarquer particulièrement et mérite une citation à
l'ordre de l'armée.
Le général HUMBERT commandant le détachement d'armée de
Lorraine, cite à l'ordre de l'armée : La 11e compagnie
du 37e R.I.T. sous le commandement du capitaine LANCELOT
:
« Pendant la nuit du 21 au 22 juin et la journée du 22
juin, sous le commandement énergique de son capitaine,
les hommes de cette compagnie ont fourni un rendement
absolu, exceptionnel. Dans un terrain complètement
découvert, balayé par les balles et par un violent
bombardement, après avoir transporté toute la nuit du
matériel, ont ravitaillé en plein jour et malgré des
pertes sensibles plusieurs bataillons engagés pendant la
nuit et fixés dans des tranchées; leur ont porté l'eau,
les vivres, les munitions qui leur manquaient et ont de
plus contribué au relèvement des blessés. »
Le 10 juillet, le 37e R.I.T., rattaché à la 74e D.I.
(148e brigade), occupe les sous-secteurs Fréménil,
Reillon et Vého.
Le 15 juillet, à 10 heures, l'ennemi déclanche sur les
tranchées un tir d'artillerie intense (150,305,
torpilles). A 17 heures, il lance une vigoureuse attaque
: la 8e compagnie la brise net. A 18h 30, une colonne
d'un bataillon débouche de la lisière sud de Remabois en
masse compacte. Un feu violent l'accueille qui l'éprouve
sévèrement; cependant des groupes audacieux réussissent
à pénétrer dans les réseaux de fils de fer et arrosent
les tranchées de grenades. Un violent combat se livre
qui dure jusqu'à 1 heure du matin, le 16.
Vers 2 heures, une nouvelle attaque est repoussée.
L'ennemi est définitivement arrêté et les positions si
courageusement défendues demeurent intactes. Il ressort
de l'interrogatoire d'un prisonnier que le 37e R.I.T.
aurait été attaqué par quatre bataillons ennemis.
« Nous ne pouvions pas supposer, dit-il, qu'un être
humain puisse rester dans une tranchée sans abri par un
bombardement aussi violent que celui auquel vous étiez
soumis. »
Blessé, le lieutenant CLAMENS a refusé d'être évacué
avant la fin du combat. Il est cité à l'ordre de l'armée
ainsi que le sous-lieutenant FÈVRE et le sergent MOTHÈRE.
L'année 1915 se termine sans autre événement important,
bien que la vie de secteur soit devenue de plus en plus
périlleuse. C'est ainsi que, le 28 novembre, le
capitaine NATALI (9e compagnie) est tué avec 12 hommes
de sa compagnie.
1916
Le 37e R.I.T., par un travail considérable que ni la
fatigue, ni les intempéries, ni les fusillades, ni les
tirs d'artillerie ne parviennent à entraver, fait du
coin de la frontière confié à sa garde un secteur
solidement défendu, chaque jour mieux aménagé.
Cependant, si les opérations se bornent à des
patrouilles agressives de part et d'autre et à des
escarmouches aux avant-postes, les pertes sont sévères
car il n'est pas de jour que l'ennemi ne bombarde
violemment les positions.
Le capitaine HERPIN est frappé mortellement le 28
février.
Le 7 mai, le lieutenant-colonel BROSSIN DE SAINT-DIDIER
est promu officier de la Légion d'honneur.
Le régiment, « qui a organisé un secteur difficile et
s'y est maintenu depuis plus d'un an malgré les efforts
de l'ennemi », est récompensé dans son chef de toutes
les qualités d'endurance, de ténacité et de courage
qu'il n'a cessé de déployer.
Le 20 mai, le point d'appui nord de la Rognelle, occupé
par la 6e compagnie, est entièrement bouleversé par les
obus. L'attaque ennemie suit aussitôt, menée avec
violence. Les pertes sont lourdes (30 tués). Le
sous-lieutenant MOIRON, un fusil à la main, se jette
audacieusement sur un groupe d'Allemands. Il est cité à
l'ordre de l'armée. Le 21, le général RIBERPRAY,
commandant la 128e D.I., rend un hommage à la vaillance
des occupants aux obsèques des morts, et la 6e compagnie
obtient 64 citations individuelles.
Le 4 juin, le lieutenant-colonel BROSSIN DE SAINT-DIDIER,
terrassé par la maladie, est-évacué. Le 8, le
lieutenant-colonel BRUSSELET prend le commandement du
37e R.I.T.
Le 5 juillet, à 3h 30, l'ennemi tente un coup de main
sur le point d'appui des Haies d'Albe. Il réussit à
pénétrer dans quelques éléments de tranchées. Une
contre-attaque énergique l'en chasse immédiatement. Un
Allemand est capturé.
C'est la dernière affaire un peu chaude de l'année. Le
31 décembre 1916, après avoir été affecté aux diverses
divisions qui se sont succédé dans le secteur, le 37e
R.I.T. fait partie de la 146e brigade.
1917-1918
Au commencement de l'année 1917, à la suite d'un
remaniement du front, le 2e bataillon passe au
sous-secteur de Reillon, où il tient un centre de
résistance à côté de deux bataillons de l'active,
période de ligne particulièrement pénible en raison de
la saison, de la faiblesse des effectifs qui ne permet
que six jours de repos par mois et des attaques
fréquentes des Allemands sur l'ouvrage « le Zeppelin ».
Le 1er bataillon passe, à la même époque et dans les
mêmes conditions, au sous-secteur de Mignéville, le 3e
reste au sous-secteur de Saint-Martin.
Cette situation dure jusqu'au printemps de 1917. Le 37e
R. I. T., qui n'avait pas eu de repos véritable depuis
août 1914, est alors envoyé à Lunéville pour une période
prévue de trois semaines. Mais de nouvelles exigences le
ramènent huit jours après en première ligne, dans la
région de Baccarat; il est réuni tout entier pour
l'occupation du sous-secteur de Montigny.
Six mois après, fin septembre 1917, il obtient un repos
mérité et est affecté à divers travaux en arrière du
front : 1er bataillon, région de Baccarat; 2e bataillon,
région de Blainville; 3e bataillon, région de Toul. Ce
dernier est spécialement désigné pour l'installation de
nouveaux camps d'aviation, en particulier celui d'Épieds;
la C.H.R. est employée au centre de camouflage de Nancy
(ferme Saint-Jacques). Le colonel BRUSSELET a son poste
de commandement à Nancy même.
C'est ainsi que l'ordre de dissolution surprit le 37e
R.I.T. fin février 1918. Quels qu'aient été le poids et
les difficultés de sa tâche, tous ses officiers et ses
soldats, en grande partie Bourguignons, ont fait preuve
de la même énergie, de la même volonté et du même esprit
de sacrifice. Honneur à eux !
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