Annuaire
statistique et administratif des Vosges pour 1853
NECROLOGIE
Lahalle, médecin.
Lahalle (Jean-Baptiste), docteur en médecine, membre du conseil
d'arrondissement et de la société d'agriculture de Nancy, né à
Vomécourt en 1776, mort à Blâmont, le 6 mai 1843.
Issu d'une famille honorable et estimée, il fut poussé de bonne
heure vers l'étude, pour laquelle il avait un penchant prononcé.
Son application et sa facilité naturelle lui firent faire de si
rapides progrès que le district de Rambervillers le jugea digne
d'être envoyé à l'école de Mars. Quelques mois après, on créait
l'école polytechnique et le jeune Lahalle y fut admis ; mais son
peu de goût pour la carrière militaire l'empêcha de profiter de
cet avantage. Il se rendit alors à Strasbourg pour y suivre les
cours de médecine. Son travail lui mérita bientôt une place
parmi les élèves internes de l'école spéciale. A Paris, il se
fit également remarquer parmi ses condisciples, et il venait
d'obtenir un prix à l'école centrale du Panthéon, lorsqu'il fut
atteint par l'inévitable conscription. Incorporé dans un
régiment de dragons en qualité de chirurgien militaire, il fit
la campagne d'Italie. Après la paix, il revint à Paris continuer
ses études. Il devint l'ami et le collaborateur d'un jeune
professeur enlevé trop tôt à la science, de Bichat, l'illustre
auteur du traité d'anatomie générale et des recherches
physiologiques sur la vie et la mort. Lahalle aurait sans doute
suivi les traces de ce jeune savant et se serait destiné à
l'enseignement ; mais la mort de son maître lui imprima une
autre direction, et, ses études terminées, il revint à Vomécourt
exercer modestement la pratique de son art. Sa réputation
dépassa rapidement les limites de son village, et les magistrats
de Blâmont ne tardèrent pas à l'inviter solennellement à venir
se fixer dans cette ville. Il y consentit, et c'est là que
s'écoula cette vie si bien remplie, cette vie de dévouement aux
souffrances de l'humanité. Lors de la terrible épidémie qui
sévit si cruellement dans la Lorraine en 1812, il exposa
généreusement sa vie pour sauver celle des autres, et bien des
fois, durant sa carrière, il fournit de semblables preuves
d'abnégation et de courage.
Les moments que n'absorbait pas l'exercice de sa noble
profession, il les consacrait à l'étude et au bien public. Comme
agronome, il rendit des services signalés en propageant les
méthodes et les découvertes utiles ; comme membre du conseil
d'arrondissement, il soutint avec ardeur les intérêts de son
canton. Son érudition était remarquable, il était profondément
versé dans les sciences naturelles et dans l'archéologie ; il
trouvait son délassement dans la numismatique, et sa collection
de médailles était l'une des plus curieuses du pays.
Cet homme, si généreux et si charitable, avait justement mérité
l'affection et la reconnaissance de ses concitoyens ; non
content d'avoir fait le bien pendant toute sa vie, il voulut
encore, même après sa mort, concourir au soulagement des pauvres
malades, et, pour atteindre ce but, il dota la ville de Blâmont
d'un fonds de stipende. Il légua en outre à la commune de
Vomécourt une somme considérable, pour subvenir à l'entretien
d'une sœur chargée de l'enseignement des filles. Le docteur
Lahalle n'a rien écrit, mais ses belles actions lui ont élevé un
monument impérissable dans le souvenir du pays, et comme l'a
bien dit son confrère, M. le docteur Marchal, dans le discours
qu'il a prononcé sur sa tombe, la postérité impartiale redira
souvent : « Jadis il y avait à Blâmont un médecin de science,
rempli des plus nobles qualités, bienfaisant, honnête homme ; sa
mort a été le signal d'un deuil général : il s'appelait Lahalle.
»
|