Histoire de nostre
temps
Guillaume Paradin
Ed. Paris 1561
[1552]
DU ROI HENRI II. DE CE NOM
Le voyage du tres chrestien Roy de Franse Hanri serond de ce
nom, aux Allemagnes, pour la restitution de leur libertez.
LE Roy, commença à dresser son armee des le mois de laouier,
soubs la charge de Monsieur de Chastillon, lequel fut faict
Couronnal de toute la fanterie Françoise.
Ce pendant furent leuees plusieurs compagnies en France iusques
au nombre de cinquante enseignes, qui estoieat mesparties a
sçauoir xxv. A l'auangarde, de laquelle estoient conducteurs
Messieurs de Vendome, & le Connestable. Autres xxv. enseignes
Françoises, desquelles estoit conducteur Monsieur d'Estauges,
Lieutenant de Monsieur de Chastillon.
Quant à la gendarmerie & caualerie,y pouuoit auoir enuiron
quinze cens hommes d'armes, auec leur suite d'archers, deux
mille cheuaux legers, & autant de harquebusiers à cheual,
desquelz estoit General, Monsieur le Comte d'Aumale, puisayné de
la maison de Guise.
Le iij. iour de Feurier, lan de Fresse, Evuesque de Bayonne, fut
enuoyé.par le Roy pour Ambassadeur, auec lettre de credit par
deuers les Brinces Electeurs & estats d'Allemagne, les asseurant
du bon vouloir du Roy, & de son voyage d'Allemagne, entreprins à
leur faueur, instance,& requeste.
Le xij. dudit mois, le Roy estant deliberé aller en Allemagne
auec grosse & puissante armee, print congé en la Court de
plement à Paris, des ministres de sa iustice instituant
Gouuerneur en chacune prouince de son Royaume, & laissant pour
regente en France sa bien aymee espouse Madame Catherine de
Medicis, Royne de France.
Le xxv. iour de mars, les Bourguignons Hennuiers coururent le
pais de Santois au dessus de Peronne,lequel ilz pillerent &
dommagerent fort.
Incontinent que l'armee du Roy fut assemblee, & qu'elle fut
fournie de munitions & victuailles, fut conduite & adressee
deuers Thoul, premiere ville neutre, à l'entree de Lorraine. Au
deuant de Monsieur le Connestable conducteur de ceste armee
furent apportees les clefz de ceste ville, & fut rendue à fa
volunté sans autre differens, estant auec luy les premiers
princes de ce Royaume : comme Monsieur de Vendosme, de Neuers,
d'Anguien, de Condé, de Montpensier, de la Roche Suryon, le
Marquis d'Albeuf, de Nemours, & deRohan, & plusieurs autres
grans seigneurs & Gentilzhommes.
L'armee apres qu'elle eut seiourné à Thoul, print le chemin
droit à pont Camouson petite ville, par le milieu de laquelle
passe la riuiere de Mozelle, en laquelle fut entendu la plainte
des paisans, & qu'ily auoit vne Abbaye assez forte, appellee
Gorzes à quatre lieues de là, qui auoit bruit d'estre le refuge
& retrait de voleyrs y fut enuoyé dix enseignes de gens de pié,
& quelque Caualerie legere, auec trois ou quatre pieces
d'artillerie : & d'abordee ayant esté sommez n'y voulurent
entendre, donc mal leur en print : car en peu d'heure estant la
bresche faite, les souldats y entrerent: & tout ce qui fut
trouué, passa au fil de l'espee apres fut pillee & saccagée, &
le feu mis dedens,
Du pont Camouson fut prins le chemin droit en la ville de Mets,
laquelle se rendit à l'obeissance du Roy, auec autres petites
villes & places forces des enuirons.
Les Bourgeois d'icelle en auoient tousiours este Seigneurs, des
l'an m.xcvj. lorsque Goudefroy Duc de Bouillon, & de Lorraine la
leur vendit, & à l'Euesque du Liege, la Duché de Bouillon, pour
subuenir aux fraiz de son voyage, entreprins à la terre saincte
contre les infideles en la compagnie de Hue le grand, frere du
roy de France.
En ce mesme temps le Duc Maurice, lequel en la guerre
d'Allemagne auoit tenu le parti de l'Empereur contre les
Protestans & qui depuis pour l'infidelité de l'Empereur s'estoit
reuolté contre luy, prenant le parti du Roy, & des Protestans,
estoit en armes au pais d'Allemagne, faisant deuoir tel qu'à
force d'armes il reduist la pluspart des villes, & communautez
d'Allemagne en leur pristine liberté, au moyen que le Roy lui
faisoit : & tant exploita qu'il dechassa la pluspart des
garnisons, que l'Empereur auoit posees es places fortes &
citadelles dudit pais d'Allemagne.
Chrestienne fille d'Isabeau soeur de l'Empereur & de Christianus
Roy de Dannemarc, femme en premieres noces de Francisque Sforce,
dernier Duc de Milan, & en secondes noces du Duc de Lorraine,
mist son corps & celuy du petit Duc de Lorraine son filz auec la
Duché, à la protection & sauuegarde du Roy, lequel les receut la
vigile de Pasques audit an mil cinq cens cinquante deux.
Le Roy estant demouré à Ginuile, atendant l'avancement de la
santé de la Royne, ou seiourna douze ou quinze jours, partit le
xj, iour d'Auril pour venir trouuer son armee, acompagné de
messieurs de Guise, & de Boisi grand Eseuier, de Sedam, & sainct
André, Mareschaux de France, & print le chemin de Thoul, ou il
fist son entree en armes : & le lendemain partit de cette ciré
de Thoul, & alla droit à Nanci petite ville belle & forte,
ancienne maison des Ducs, ou le Roy fist son entree en la sorte
qu'il fit à Thoul.
Ce jour le Roy coucha à Condé, maison de plaisir aux Ducs de
Lorraine, & au partir de ce lieu alla coucher au pont Camouson,
& le lendemain fut continué le chemin pour aller à Mets :
audeuant duquel vint Monsieur le Connestable, avec toute son
auantgarde.
Le Roy seiourna trois iours en ceste Cité de Mets, pour
cognoistre le gouuernement de leur Republique, pour confirmer
les bons, & abolir les pernicieux & dommageables, & eriger loix
& ordonnances pour la conseruation de chacun estat, entre autres
choses pour la fortification d'icelle: & en partit auec son
armee en deliberation de faire son voyage d'Allemagne le ieudi
xxj. d'Auril, m.d.lij laissant en ladite ville de Mets monsieur
de Gonnor, frere de monsieur de Brissac ; son gouuerneur &
lieutenant, & auec la compagnie de monsieur de Nantueil, deux
cens cheuaux legers, deux cens harquebusiers, & douze enseignes
de gens de pié, tant pour la garde de la ville que pour la
conduicte des viures & munitions qui sortoient & venoient des
lieux circunuoisins pour suiure son armee laquelle pour ce iour
ne fist grand traite, & campa à lieue & demie en deux petits
villages, desquels l'un s'appelle Goin.
Le lendemain l'armee fist trois lieues, & alla camper à
Rancourt, & Rouures, & au partir de ce lieu, fut prins le chemin
de Luneuille, ou le Roy, monsieur le Connestabie, les Princes &
grands Seigneurs furent logez, & y fut laissé vne enseigne de
gens de pié, & quelques harquebusiers à cheual pour l'escorte de
la munition & viures qui suyuoient ladite armée.
De Luneuille fut prins le chemin de Blamont, ou fut aussi laissé
une enseigne de gens de pié, & quelque caualerie, pour escorte:
& de la á Salebourg, ou semblablement fut laisse vne enseigne de
gens de pié & quelques cheuaux legers, pour la mesme faction que
les precedens.
L'Empereur estant à Ispurg, ville principale du Conté de Tyrol.
pour la doubte du Duc Maurice, pour lors con ennemy capital, fut
transporté en grand haste & à petite compagnie dedens vne
lictiere: & comme estonné de la venue du Roy en Allemagne, se
retira au pais de Carinthe loing du danger.
En ce temps Ian Batiste de la Corne, neueu du Pape Jules iij.
ayant espousé la Seignore Arsilia, fille de laques le Courtois,
procureur de la Rote en Court de Romme, fut occis d'un coup d'harquebuze,
& quatre vingts de ses gens deffaitz par les François, ainsi
qu'il retournoit s'esbatre de la volerie pres son fort de saint
Antoine, situé pres la Mirandole, qu'il tenoit assiegee : &
iceluy fort prins les François y mirent garnison.
Treues furent acordees entre le Pape & le Roy, soubs esperance
d'apointemen : & par ce le camp des ennemis, tant de la
Mírandole que de Parme, fut leué & par vu mesme moyen, les
passages de Romme ouverts, auec main leuce sur la deffence de
porter l'argent de France à Romme pour quelconque expedition.
Chose qui plus greuoit le Pape, & qui plus le contraint à
promptement se condescendre à la raison,
Le deuxiesme iour de May, fut continue le chemin droit à Sauerne,
premiere ville d'Allemagne à quatre lieues pres de Strasbourg,
lesquelz eouoyerent un Houpeman qui est à dire en langage
François vn Seigneur, pour le supplier de vouloir suporter leur
plat pais le plus qu'il seroit possible, offrans viures &
prouisions en payant raisonnablement: ce que leRoy leur acorda
liberalement.
Le Vendredy sixiesme jour de May, l'armee ne fist que deux
lieues. Le lęndemain deux, & le dimenche huitiesme jour de ce
mois, l'armee passa à vne lieue pres de Strasbourg : & le
lendemain fut prins le chemin de Hagmau, ou les habitans d'icelļe
firent quelque difficulté de ne vouloir faire ouuerture &
contribution de viures, comme les autres, jusques à ce qu'ilz
veirent qu'on vouloit approcher l'artillerie pour ouurir le
passage : qui les estonna fort, & en toute diligence abbatirent
les ponts & furent ouuertes les portes, se soumettans eux & leur
ville à l'obeissance du Roy.
Le mardi x, du mois de may, m.d.lij partit le Roy auec son armee
de Haguenau, fist deux lieues : & en ce temps vindrent nouvelles
au Roy, que la Royne Marie douairie de Hongrie, estoit en
campagne auec xx. mille hommes de pié, & quatre mille chevaux, &
que son armee auoit prios la ville d'Aftenay, mettant tout à feu
& à sang par qu elle passoie dont le Roy en fut bien marri.
De là fut poursuiui le chemin à Visbourg petite ville, qui est
distante de Spire enuieon trois lieues. Ceux du país l'appellet
la ville aux trois alliances, dont ils portent en leur blason
trois escussons auec les armoiries de trois grans seigneurs, Le
Roy n'y logea point ni son armees : il alla loger à vn village
vne lieue plus auant nomé l'Estar, auquel lieu vindrent
plusieurs Princes &Seigneurs d'Allemagne le saluer & remercier
d'ainsi exposer sa propre personne & son armee, fait si grans
frais, en faueur & pour la liberté de la Germanie, le prians les
auoir tousiours en recommendation. Finablement dirent que les
affaires d'Allemagne estoient en tel estat, qu'il ne leur
sembloit besoin que la majesté tirast plus avant pour ledit
affaire. Cela entendu, leRoy & son conseil, delibera de
retourner en France, pour deffendre les terres, & employer les
forces à repousser les ennemis.
Le Roy pour retourner en Lorraine print vn chemin assez fascheux,
entre les montaignes, lieux deserts & estroitz, enclos de
montaignes & bois, pais tres infertile : & la famine y fut si
tresgrande, qu'vn Capitaine voulut donner cinq escuz sol de deux
petis pains : & n'estoit la famine entre les souldars seulement,
mais entre les Gentilhommes & grans Seigneurs : & le defaut de
vin estoit tel, & quelquefois de eau, qu'on a esté contraint de
boire es sales bourbiers.
Apres laquelle disette & famine, on passa Mozelle fleuue au
dessoubz de Thionuille, lequel delaissa derriere : & à cause que
là endroit l'eau estoit excessiụement large, les ponts à
basteaux furent dressez, sur lesquelz on passa, & l'artillerie
vn peu au dessus par dedens ladite Mozelle. Cependant la
cavalerie fut auant courir au chasteau de Roquemars, lieu tres
fort assis sur roche, au long de ladite riuiere de Mozelle,
lequel chasteau fut sommé de se rendre soubż l'obeissance du
Roy, ceux de dedan firent responce qu'ilz n'estoient pas encores
prests a se rendre, pensans l'artillerie ne estre si prochaine
qu'elle estoit, laquelle fut aprochee promptement, & commença à
donner à vne grosse tour & vn quanton de muraille, qui estonna
fort ceux de dedens, & commencerent à faire signal de vouloir
parlementer. Les souldats se doutans que si lon venoit à
composition qu'ilz seroient frustrez de leur sac, aucuns se
getterent dens les fossez, se mirent à grauir & ramper au long
de leurs piques, & sans grand resistence entrerent dedens, & ce
qui fut trouué à la premiere furie, taillerent en pieces, qui
estoit chose piteuse de entendre les clameurs des poures captifz.
Par quoy le Roy y enuoya Monsieur de Chastillon pour faire
retirer les souldats :& fut trouué par le conseil que ce
chasteau estoit propre pour donner empeschement à ceux de
Thionuille. Le Roy y laissa vne enseigne de gens de pié, & cent
chevaux du Capitaine de la Sonnerie.
De Roquemars on vint en la Duché de Luxembourg, toute deserte
sans aucuns biens ne viures : & par ou les François passoient,
mettoient le feu, mesme iusques à deux lieues à lentour. Pres de
Luxembourg furent brulez deux beaux chasteaux, à sauoir le mont
sainct lan, & Souleuure.
Cependant pour obuier aux entreprinses & boutefeuz de la Royne
Marie, Monsieur l'Admiral d'Annebaut de laissé regent en France,
auec bonne armee vint la part ou estoit ladite Royne, c'est a
sauoir à Astenay : & se voyant foible, & sachant que le Roy
aprochoit, se retire, & prend son chemin en Picardie.
Comme ces choses se faisoient, fut prins le chemin à Danuilliers
ou se trouua Monsieur l'Amiral d'Annebaut, auec les legionnaires
de Champagnes & plusieurs autres compagnies tant de cheual que
de pié, & fut l'artillerie assise du costé du chasteau, &
commença la baterie tant furieusement & soudainement, que fut
iamais ville canonnee, ayant fait deux bresches & ne restoit
plus qu'a bailler l'assaut, quand ceux de dedens le rendirent au
bon plaisir du Roy, Faut sauoir qu'en ce mesme mois de luin y
auoit eu neuf ans que ledit Danuiliers auoit esté prins par feu
Monsieur d'Orleens, lequel l'auoit miné & brulé.
Le Roy ayant prins la ville de Danuiliers pour la garder, laissa
en garnison le Capitaine Ville Franche, qui depuis y deceda. Ce
fait le Roy auec son armee prend son chemin yers Montmedi, campa
deux ou trois lours à Cheranci vne lieue presz & estimans ceux
d'Yuoy qu'il ne laisseroit arriere Montmedi, y enuoierent gens &
artillerie pour renfort. Le Roy aduerty de ce s'en va droit à
Yuoy, laissa Montmedi derriere, & arriua à Yuoy le XX. de luing.
Qui est ville tresforte & que lon estimoit imprenable, comme qui
auoit esté fortifiée deux fois par le Roy de France, François
premier de ce nom & autant par Charles d'Austriche Empereur. En
laquelle estoit dedens le Conte de Mansfel, Lieutenant general
pour l'Empereur, & Gouverneur au Duché de Luxembourg, auec le
gouverneur de la ville, cent hommes d'armes & enuiron cinq cens
cheuaux, & quatre enseignes de gens de pié: lesquelz au
commencent firent leur deuoir de sortir & escarmoccher, ils
firent de grans efforts tant par hommes que par artillerie, pour
empescher d'aprocher la nostre de leurs murailles, laquelle par
la conduite du Seigneur d'Estree fut posee iusques sur la douue
de leurs fossez, afauoir du costé de Mouson contre vn petit
quanton de muraille pres du portail neuf, ou fut fait bresche :
& au dessus de la montaigne furent mis six grandes couleurines
qui tiroient si furieusement de dens les rues de ladite ville
qu'il ne leur estoit loisible eux pour mener sur le paué sans
grand danger de leurs persoones, qui fort les estonna, & deslor
le coeur leur commença à defaillir, & jugerent estre impossible
de pouuoir dauantage defendre. Ce oyant le Conte de Mansfel, fut
grandement faché de la lacheté de plusieurs de ses gens, qe
voyant abandonné de ceux de sa nation, delibera de se rendre, &
auec grand regret se retira à son logis, & de la part de la
ville fut ouyee vne trompette pour parlementer de leur
reddition, qui ne purent autrement impetrer, que de rendre la
ville & eux à la volunté du Roy.
Le lendemain partie des compagnies Françoises tant de la
bataille que auangarde fut enuoyee à Montmedi, qui eft vne
petite ville tresforte, auecq' un chasteau fort, enclos sur le
sommet d'une montaigne ronde. Les habitans à la fin se rendirent
; leurs vies, bagues, & armes sauues, & y fut laissé en garnison
le Capitaine Vileins, auec vne autre compagnie.
Cependant la Royne de Hongrie tenoit la campagne en la Duché de
Guise, qui pilloit, saccageoit, bruloit pas tout ou elle passoit,
& mesmement brula Vernins, Trespont, & plusieurs autres petites
villes, & grans villages.
Le Roy estant de ces choses auerti, enuoya d'Yuoy, Monsieur de
Vendome, pour empescher tels boutefeuz, & violemens de femmes.
Le Roy en poursuiuant son chemin, & ayant executé de ceste part
ses entreprinses, s'en vint à Sedan, qui est à Monsieur le
Mareschal de la Marche, auquel lieu la Royne le vint trouuer. De
là à Mezieres, ou elle fit la departie, & prend son chemin à
Laon.
En passant, Lumes fut sommé, lequel se rendit, & estoit vn
tresfort chasteau assissur la Meuse.
Le Roy poussant outre, enuoya sommier Bouillon, qui est vn
tresfort lieu, assis aux Ardenes lequel se rendit, & estoit d'ancieneté
à Monsieur le Marechal de la Marche, & depuis remis entre ses
mains;& deslors ha priņs le titre de Bouillon.
De là le Roy prend son chemin en la Duché de Guise, ou la Royne
auoit tout foudroyé. Et la poursuivant le Roy, alla iusques à
vne lieue pres d'Auanes, ville tresforte au pais de Henaut, &
estant auerti qu'il y auoit là pres sur les frontieres de Guise
& Rechelois, quelques villes& chasteaux qui ordinairement
couroyent & molestoyent leurs circonuoisins, le Roy delibera les
deffaite : & allant de là à Flamengnerie dernier village
François, passa quelque partie des Ardenes, & trouua deux
chasteaux, nommez l'vn Glaion, & l'autre Trelon bien ramassé,
rond, fortifié de murailles : endura le canon, non long temps
toutefois, car incontinent voulut parlementer. Ledict chacteau
ha esté ruiné, & mis par terre . L'auangarde passa outre, & alla
droit à Symais; demeura le Roy audict Trelon auec la bataille.
Monsieur d'Eftauges conducteur de la Fanterie d'icelle, fut
blessé d'vne mousquette à vne escarmouche, & depuis mené à
Guise, ou il deceda du coup.
Cependant l'armee estoit deuant Symais, ville en assez plat
pais, bien muree sans aucuns rempars par le derriere, fortifiee
d'vn fort chasteau bien gabionné auecq' quelques petites
artilleries, de laquelle saluerent les François fort & ferme :
neanmoins le Roy sy porta si vaillamment qu'il la print, &
tellement l'a redigee, que le chasteau & la ville brulez n'est
demeuré en Symais maison entiere qui n'ay resté brulee & demolie.
De là departiz pour la calamité du temps si pluvieux, & que
impossible estoit mener outre l'artillerie, tant pour auoir plu
l'espace d'vn mois ou cinq semeines, que pour le travail par les
hommes & cheuaux souffert, & enduré en ce si long & si facheux
voyage, le Roy delibera, à luy &aux siens donner quelque repos,
sans autrement rompre son camp : & fut departie toute l'armee
pour la mettre en garnison en attendant que feroit l'ennemy.
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