Ce récit allemand complète les versions françaises des
combats de Pierre-Percée et de la
scierie de Lajus.
Dans les versions françaises « les Prussiens abandonnaient la
position en emportant leurs morts et leurs blessés. Nos pertes
furent, à Lajus, pour le bataillon, de 4 hommes tués et 3
blessés grièvement »
La version allemande indique donc « La colonne reçut un feu
si violent qu'il lui fut impossible de franchir le sommet de la
montagne, et elle se replia sur Badonviller, après avoir perdu 2
tués et 4 blessés, dont un officier ».
On reste étonné du peu de pertes de part et d'autres, puisque
selon le Journal de Marche des
Mobiles de la Meurthe « Le feu devint bientôt très vif et
dura de 2 h. 1/2 jusqu'à 4 heures. », et on aurait ainsi en
présence près de 500 allemands contre plusieurs compagnie de
francs-tireurs française.
Cependant, les décomptes des Mobiles français semblent se faire
par compagnie, puisque les premiers arrivés sur place, une
compagnie des francs-tireurs de Luxeuil (Doubs), indique : «
Au dire des paysans requis pour creuser des fossés où furent
enterrés les morts allemands du combat de Pierre-Percée, ceux-ci
se seraient élevés au chiffre de 47, dont 2 officiers. Le corps
du commandant aurait été expédié en Prusse, et le cadavre d'un
4e officier aurait été trouvé par un garde forestier. Nous avons
perdu 2 tués et 10 blessés. »
Difficile donc, à la seule lecture des documents publiés ici, de
déterminer l'ampleur du combat de la scierie de Lajus...
Bulletin de la
Réunion des Officiers de Terre et de Mer
23 novembre 1878
Histoire du siège de
Strasbourg en 1870
Par Reinhold WAGNER, major du génie prussien. Traduit de
l'allemand et résumé par H. Roswag, capitaine au 26e régiment
d'artillerie.
TROISIÈME PARTIE
SIÉGE RÉGULIER ET CAPITULATION
CHAPITRE XIII
[...]
Comme on l'a vu, on avait formé vers la fin de la période
précédente le détachement du major von Elern pour assurer le
chemin de fer de Lunéville. Passant par Saverne et Sarrebourg,
ce détachement était arrivé le 20 septembre à Blamont, et devait
aller le 21 à Badonviller, le 22 à Raon-sur-Plaine. Pour le
relier avec le corps de siège, un bataillon, un escadron et une
section d'artillerie, sous les ordres du major Held, se
réunirent à Mutzig, marchèrent le 22 jusqu'à Schirmeck, d'où ils
devaient rejoindre le major von Elern pour marcher ensemble à
Raon-l'Etape et revenir au corps de siège par Senones. Le 22•une
compagnie rejoignant Mutzig avait été attaquée par 3 à 400
francs tireurs près de Gresswiller et repoussa l'ennemi, qui se
replia vers le nord, du côté de Flexbourg, laissant sur place 16
tués, tandis que la compagnie badoise n'eut que 3 blessés. Quand
le détachement du major Held quitta Mutzig, il rencontra des
francs tireurs du côté de Heiligenberg, qui disparurent aussi
vers le nord-ouest, Enfin• après être arrivé vers le soir à
Schirmeck, on reçut des coups de .fusil en plaçant les avant-postes sur la route de Raon-sur-Plaine. La fouille de la
forêt fut sans résultat. On allait poursuivre la route le
lendemain, quand arriva l'ordre de rejoindre le corps de siège
aussi bien pour le détachement Held que pour• le détachement von
Elern. C'est que dans l'après-midi du 21 il était arrivé à
Mundolsheim plusieurs dépêches d'après lesquelles 50.000 hommes
étaient rassemblés à Belfort pour secourir Strasbourg, dont
6.000 étaient déjà arrivés à Mulhouse et marchaient dans la
direction de Thann.
De grandes précautions devenaient donc nécessaires. On compléta
le désarmement des environs, on groupa des forces nombreuses
vers le sud, de sorte que le commandant de la division badoise
pût disposer, en cas de bataille, de 19 bataillons, 19 escadrons
et 16 batteries. Le détachement d'observation badois fut ramené
à hauteur de Rosheim et Erstein. La communication avec la rive
droite du Rhin fut transportée à Plobsheim, où on acheva le 25
le pont amené de Rhinau. Enfin, de fortes patrouilles durent
éclairer la route du Rhin jusqu'à Marckolsheim, et une colonne
volante battre le terrain le long de la montagne. De petites
troupes de francs tireurs se montrèrent en plusieurs points. Il
régnait une grande surexcitation parmi les jeunes gens
alsaciens, mais ils n'avaient pas encore pris une part effective
aux opérations des francs tireurs.
Le détachement von Elern avait, en allant de Blamont à
Badonviller, rencontré, le 2I, des francs tireurs à Bréménil,
qui tirèrent sur la cavalerie, mais disparurent devant
l'infanterie. Le 22 on partit de Badonviller par la route allant
dans la vallée de la Plaine, où l'ennemi devait se trouver en
grandes forces à Celles. Avant d'entrer dans cette vallée, on
essuya des deux côtés de la route une vive fusillade venant des
montagnes ; les francs tireurs furent chassés de leurs
positions, mais il fallut renoncer à s'avancer sur la route, à
cause de la présence d'abatis considérables, et essayer de
prendre un chemin de traverse vers le sud-ouest, par
Pierre-Percée. La colonne reçut un feu si violent qu'il lui fut
impossible de franchir le sommet de la montagne, et elle se
replia sur Badonviller, après avoir perdu 2 tués et 4 blessés,
dont un officier. De là, où il resta pour surveiller le chemin
de fer de Lunéville, le major von Elern entreprit des
reconnaissances. Dans l'une d'elles, qui eut lieu le 27 contre
Raon-I'Étape, il y eut un nouveau combat dans lequel l'ennemi
montra environ 1.200 hommes. On ne savait pas encore qu'on avait
affaire à des troupes avancées de l'armée des Vosges, qui se
formait à Besançon, sous les ordres du général Cambriels, et qui
était déjà en mouvement sur Epinal. Du coté de la haute Alsace
on allait être garanti, parce que, d'après un ordre du grand
quartier-général en date du 21, la 4e division de réserve se
rassemblait à Fribourg. Néanmoins la capitulation de Strasbourg
vint, on ne peut plus à propos rendre disponibles 50.000 hommes
à un moment où toutes les forces allemandes étaient occupées
devant Metz et Paris, et où un danger sérieux menaçait leurs
communications. [...]
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