En mai 1644, Philippe de La
Mothe-Houdancourt (1605-1657) marche contre les Espagnols qui
assiègent Lérida. Battu le 15 mai, La Mothe accuse le ministre
Michel Le Tellier, d'avoir volontairement retardé l'envoi des
secours afin de faire rater l'offensive.
Mais son protecteur et parent Richelieu étant mort, c'est
Mazarin qui avait nommé Le Tellier secrétaire d'Etat de la
guerre. Et La Mothe, déjà accablé de pamphlets de Catalans
fidèles à la France, est accusé d'avoir couvert une malversation
monétaire sur le paiement des armées.
Mazarin lui retire la vice-royauté de Catalogne le 24 décembre,
puis le duché de Cardona, et La Mothe est arrêté le 28 décembre.
Enfermé au château de Pierre Encise, et après plusieurs procès,
La Mothe n'est disculpé que par le parlement de Grenoble en
1648, et sort de prison au mois de septembre après quatre années
de détention.
Second Factum, ou
Defenses De Messire Philippes De La Mothe-Houdancourt Duc De
Cardonne, & Mareschal de France, Cy-Devant Vice-Roy et Capitaine
Général en Catalogne
contre Monsieur le Procureur General du Roy au Parlement de
Grenoble .
Ed. Paris,, 1649
Apres tant de pertes, le Duc
Charles croyant estre plus heureux en Lorraine qu'au Comté : il
y alla surprendre Luneville, qu'il fortifia & munit d'une
garnison de plus de deux mille hommes. Monsieur de Longueville
eut ordre du Roy de le suivre, & de reprendre cette Place . Il
donna à Mr de la Mothe le commandement d'une des attaques, en
laquelle ce Prince qui avoit l'oeil sur toutes, assista presque
tousjours : & sa presence fit que les ennemis y ayans fait une
sortie, furent repoussez avec tant de bonheur, que Mr de la
Mothe & les siens entrerent meslez avec les ennemis dans la
Place, qui fut lors emportée.
Peu apres le Duc Savelli ayant esté poussé en une grande
rencontre, se renferma dans Blamont, où estoient les magazins de
l'Empereur & du Duc Charles : Il y fut incontinent assiegé, &
monsieur de la Mothe y avança si brusquement les attaques par
l'ordre de monsieur de Longueville, que ledit Duc Savelli
jugeant la prise de cette Ville infaillible, ayma mieux s'evader
par une nuit obscure, que d'aprendre la capitulacion. Apres la
fuitte, les soldats abandonnez de leur General, se rendirent à
discretion. Le butin d'armes & de chevaux y fut tel, que
monsieur de Longueville en equipa les troupes qui formerent le
secours considerable qu'il envoya à monsieur le Duc de Weymar
pour la continuation du siege de Brisac. Il desira que monsieur
de la Mothe accompagnast monsieur de Feuquieres en la conduite
de ce secours : ce qui fut executé heureusement, iusques au lieu
où ce Prince leur avoit ordonné de le remettre. Pendant cette
marche, cinq cens maistres furent deffaits au Capitaine Cliquot,
& tour leur bagage pris. |