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				 A M. le Rédacteur du JOURNAL 
				DE LA MEURTHE ET DES VOSGES. 
				Le 17 décembre 1846. 
				Monsieur le Rédacteur, 
				Un double malheur vient de nous frapper, et à peine remis des 
				plus cruelles émotions, notre premier soin est de remercier les 
				personnes courageuses qui nous ont généreusement prêté le 
				secours de leurs bras et de leurs conseils. 
				Le samedi, 12 décembre, un violent incendie s'est déclaré dans 
				une maison de la commune de Frémonville. Toute la population 
				s'est empressée d'accourir : mais le zèle et le dévoûment le 
				plus admirable n'ont pu sauver cette habitation d'une entière 
				destruction. Une grande partie du mobilier est restée la proie 
				de la dévorante activité des flammes.. Grâce aux efforts et à j 
				l'habileté de nos pompiers, le terrible élément n‛a pas étendu 
				plus loin ses ravages, et les chaumières voisines ont été 
				préservées. La perle s'élève à 3,000 fr. environ; mais 
				l'indemnité réglée par la compagnie d'assurances, ne dépassera 
				pas 15 à 1,800 fr. Il paraît certain que ce déplorable accident 
				est dû au mauvais état d'une cheminée, qui a communiqué le feu 
				au grenier et à la toiture. 
				De pareils sinistres n'apparaissent dans ce village qu'à des 
				intervalles immenses; aussi chacun se confiait paisiblement à 
				l'avenir, lorsque, dans la nuit du mercredi, 16 décembre, la cri 
				d'alarme vint jeter parmi nous l'épouvante, et la stupeur, un 
				incendie bien autrement formidable, projetait au loin sa lueur 
				effrayante et attaquait une des maisons les plus considérables 
				et les plus justement aimées du pays. Dans les premiers 
				instants, l'étonnement et la frayeur ont occasionné une sorte de 
				confusion ; chacun songeait à soi et cherchait à se préserver du 
				danger; un vent d'une extrême intensité chassait devant lui une 
				pluie d'étincelles qui retombait sur le village. 
				Enfin la chaîne put s'organiser et on travaillait avec une 
				ardeur incroyable ; mais, que faire avec une seule pompe devant 
				un foyer d'une énorme étendue ? Le découragement s'emparait des 
				coeurs : l'incendie grandissait à chaque minute; on s'attendait 
				à le voir se communiquer à la maison voisine qui est la plus 
				élevée ; de là s'élancer sur l'église, le presbytère, et dévorer 
				des rues entières, et point d'eau que celle des puits ! Dans ce 
				moment de cruelle détresse, j'ai aperçu, moi-même, quelques 
				hommes qui s'embrassaient en s'écriant, les larmes aux yeux : «  
				Nous sommes perdus !» 
				Le glas lamentable du tocsin retentissait dans la nuit et les 
				secours du voisinage n'arrivaient pas : pendant une heure et 
				demie, personne pour nous aider ! c'était désespérant ! 
				Mais voici les braves-pompiers de Blâmont qui accourent pour la 
				seconde fois depuis huit jours ; une 
				foule d'habitants Ies accompagne, et à leur approche, la terreur 
				commence à se dissiper. Admirablement dirigés, ils dressent 
				leur, échelles, se placent intrépidement sur les toits voisins,, 
				et avec une adresse incroyable parviennent à sauver les maisons 
				adjacentes qui étaient vides, parce qu'on les regardait comme 
				perdues. En même temps, les pompes .de Cirey qui étaient déjà 
				venues la semaine précédente, ayant M. Eugène Chevandier et ses 
				ouvriers à leur tête, se présentent encore, et ajoutent leurs 
				habiles manoeuvres à l'excellent travail des pompes de Blâmont 
				et de Frémonville. A quatre heures du matin on était maître du 
				feu, et il n'y avait plus de danger sérieux à craindre : 
				l'incendie s'était déclaré à neuf heures du soir. 
				Le dommage occasionné dans cette nuit fatale, est évalué à douze 
				ou quinze mille francs. Tout a été dévoré par les flammes ; blé, 
				avoine, paille, foin, provisions de diverse nature, bois, linge 
				et la plus grande partie du mobilier. La vaste maison de Mme 
				veuve Charles Hatin, née de Chainel, n'est plus qu'une ruine, et 
				les deux habitations voisines sont fortement endommagées ; 
				quelques animaux ont péri. Ce qu'il y a de plus déplorable, 
				c'est que le feu a été allumé par une main criminelle ; tout 
				nous démontre qu'une personne étrangère au village.et dont les 
				traces ont pu être suivies dans la neige, a voulu accomplir une 
				horrible pensée de vengeance : la justice est informée et exerce 
				maintenant d'actives poursuites. Il nous reste à exprimer la 
				plus vive reconnaissance aux généreux habitants de Blâmont, aux 
				professeurs du collège et surtout aux pompiers ainsi qu'à leurs 
				digues chefs qui nous ont sauvés d'une catastrophe plus 
				affligeante encore. Nous adressons les mêmes actions de grâce au 
				courageux ouvriers de Cirey si bien dirigés par leurs maîtres, 
				et à toutes les personnes qui n'ont pas refusé de nous secourir, 
				malgré la rigueur de la saison et les difficultés extrêmes des 
				chemins couverts de neige. Il y aurait bien des noms à citer 
				honorablement, mais, dans l'impossibilité de les signaler tous, 
				nous en garderons un souvenir durable; nous savons d'ailleurs 
				qu'il y a dans le ciel un juge qui place la charité au premier 
				rang des vertus et qui ne laisse aucun dévouement sans 
				récompense ! 
				Agréez, etc. E. G. 
				
				- La ville de Blâmont mérite 
				d'être citée au premier rang parmi les communes qui s'imposent 
				des sacrifices de tous genres, pour venir en aide aux 
				malheureux. Dès le commencement de la mauvaise saison, le 
				conseil municipal a volé 1.° 1,000 fr. pour l'hospice, qui 
				entretient 30 pauvres, et qui est pauvre lui-même; 2.° 4,000 fr. 
				pour maintenir le prix du pain à un taux modéré, à l'aide de 
				bons qui sont distribués, par quinzaine, aux indigents, aux 
				familles peu aisées, aux ouvriers ; 3.° 5,435 fr. pour divers 
				travaux. 
				La quête annuelle au profit des pauvres a produit 3,000 fr., et 
				il s'est trouvé des propriétaires qui ont bien voulu céder, à 41 
				fr. les 125 litres, le blé nécessaire à l'approvisionnement du 
				bureau de charité. Ce bureau fait aux indigents une distribution 
				hebdomadaire de 5 à 600 kil. de pain, sans compter la soupe, la 
				viande, le linge pour les vieillards et les malades. 
				Enfin, ces jours derniers, une souscription, par coupons de 500 
				fr., a produit 23,000 fr. ; cette somme est destinée à des 
				achats de blé au loin, et, s'il le faut, à l'étranger. 
				Pour faire le bien, pour le faire en commun, toutes les opinions 
				se sont fondues en une seule, et la fusion a été complète. 
				
				On nous annonce la mort de M. 
				le docteur Lesaing, médecin à Blâmont, membre de la Société 
				d‛émulation des Vosges. Jeune encore, plein de santé et 
				d'avenir, possédant une fortune considérable, dont il faisait le 
				plus honorable usage, le docteur Lesaing, gendre de M. le 
				docteur Lahalle, dont les habitans de Blâmont ont conservé le 
				plus touchant souvenir, avait dignement remplacé son beau-père 
				dans la confiance de ses nombreux clients. Médecin 
				recommandable, géologue instruit, agronome-pratique des plus 
				distingués, ce laborieux praticien a succombé mercredi dernier à 
				une longue et douloureuse maladie. 
				
				Troubles à Leintrey. - A 
				Leintrey, comme dans beaucoup de communes, les habitans sont 
				partagés en deux camps. Les rivalités de famille, d'influences, 
				de fortune bien plus que des rivalités politiques entretiennent 
				depuis longtemps une division sourde, mais prononcée, dans cette 
				commune. La révolution de 1848 amena naturellement un changement 
				dans l'administration municipale. L'ancien maire fut remplacé 
				par un maire pris dans le parti qui avait le dessous avant les 
				journées de février. 
				A Leintrey pas plus qu'ailleurs les vaincus n'acceptent leur 
				défaite avec résignation, Le nouveau maire inaugura ses 
				fonctions par la plantation de l'arbre de la liberté. L'arbre 
				fut nuitamment scié et abattu ; un deuxième est planté, et 
				pareillement abattu. Ce n'était là que le signal de la réaction. 
				On ne s'en tint pas là, les amis du maire déchu, après avoir par 
				d'amples libations échauffé leur courage, se portèrent chez le 
				nouveau maire, se livrèrent à des voies de fait, se firent 
				remettre l'écharpe, insigne de de l'autorité, et pillèrent la 
				caisse municipale. 
				Ce n'était pas assez, les adhérens du maire subirent des 
				traitemens analogues, furent rançonnés et frappés d'une 
				contribution forcée dont le paiement fut exigé séance tenante. - 
				Jusque là tout allait au mieux. Mais la gendarmerie de Blâmont 
				arriva bientôt, puis le lundi matin le commissaire du 
				Gouvernement près le tribunal avec la brigade de gendarmerie et 
				50 hussards. L'instruction a été commencée sur le champ. Neuf 
				des principaux meneurs ont été arrêtés et amenés dans les 
				prisons de Lunéville. Espérons que de semblables tentatives ne 
				se renouvelleront pas. Rappelons à cette occasion que le peuple 
				de Paris qui a fait une révolution, n'a commis aucune espèce de 
				violences, ni de pillage, qu'il n'a cessé de respecter les 
				personnes et les propriétés. 
				(Journal dé Lunéville) 
				
				M. Boris, de Blâmont, 
				capitaine au 52e de ligne depuis le 30 septembre 1846, vient, en 
				récompense de sa belle conduite à Paris, dans les journées de 
				juin, d'être nommé chef de bataillon. 
				
				F...., le 21 août 1848. 
				Monsieur le rédacteur, 
				Les révolutions, dans leur marche inexorable, versent dans le 
				sein des peuples, à côté d'immenses bienfaits, des calamités 
				souvent bien cruelles qui déconcertent les espérances de 
				l'avenir. 
				La ville de Blâmont gémit, en ce moment, sous une expérience 
				aussi douloureuse. Elle vient de perdre, vendredi dernier, son 
				magistrat le plus éminent, l'homme qui, depuis longtemps faisait 
				sa prospérité et sa gloire. 
				Charles-Balthazard Lafrogne, ancien maire, ancien membre du 
				conseil général de la Meurthe, est décédé à Nancy, le 18 août, 
				après avoir vainement lutté contre les progrès d'un mal 
				incurable et contre les chagrins qui lui brisaient le coeur ! 
				C'est à ses concitoyens qu'il appartient de nous dire tout ce 
				qu'il y a eu de dévouement, de lumières, de sagesse et 
				d'énergie, dans la carrière de cet habile administrateur. Il 
				serait trop long d'énumérer ici, les bienfaits d'une édilité qui 
				a toujours exercé la plus heureuse influence dans la modeste 
				cité qu'il présidait, et dans les campagnes environnantes. 
				On lui doit un grand nombre de constructions d'une haute 
				nécessité, des voies de communication réparées et embellies, une 
				police fortement constituée, et plus que cela encore, des moyens 
				d'instruction largement répandus, des écoles prospères, un 
				collège admirablement pourvu et jouissant de la confiance 
				universelle ; voilà quelques uns des fruits d'une magistrature 
				qui laissera des regrets impérissables. 
				D'autres pourront placer quelques ombres dans ce tableau : On 
				reprochera les formes un peu acerbes de M. Lafrogne, et l'usage 
				despotique de son autorité. Mais tous conviendront que 
				l'excellence de son coeur était incomparable ; ses intentions se 
				montraient toujours dirigées par la justice ; il aimait-à prêter 
				son immense crédit à tous ceux qui en avaient besoin, et jusques 
				sur son lit de mort, il obtenait encore des grâces à des 
				adversaires ou à des ennemis. 
				Bien connu par son dévouement au pouvoir monarchique, la 
				révolution devait l'atteindre ; elle fut cruelle pour lui. 
				Dépouillé violemment de l'écharpe municipale, exclu même du 
				nouveau conseil et frappé, chaque jour, de nouvelles marques 
				d'ingratitude, il courut à Nancy, chercher un peu de calme et de 
				repos. Hélas ! malgré les soins les plus empressés et les plus 
				tendres, il ne trouva que les ennuis, les regrets, les sombres 
				préoccupations de l'avenir et enfin la mort ! Blâmont était son 
				idole ; il y avait concentré ses affections les plus chères ; ne 
				pouvant plus lui dévouer sa vie, il ne lui restait plus qu'à 
				demander la paix du tombeau ! 
				S'il y avait quelque pompe véritable dans les solennités qui 
				entourent le cercueil, nous dirions que le convoi funèbre de M. 
				Lafrogne a été un triomphe. A l'approche du char lugubre qui le 
				ramenait dans sa ville bien-aimée, on vit la population se 
				précipiter en masse au-devant de lui, et l'accompagner des 
				témoignages de son affliction ; ceux même qui l'avaient 
				poursuivi de leur hostilité, venaient former son cortège. La 
				belle compagnie de pompiers, qui lui doit sa complète 
				organisation, fournit spontanément deux factionnaires à la porte 
				de sa maison ; enfin, aujourd'hui lundi, la ville entière et 
				l'élite de nos campagnes ont voulu prendre part à ses 
				funérailles. C'était une solennelle réparation du passé et une 
				protestation éloquente en faveur d'un magistrat dont l'existence 
				fut si activé et si utile. 
				Faut-il ajouter qu'au moment où la voix de son digne collègue, 
				M. Hovasse, lui adressait des adieux si vrais et si élevés, des 
				larmes coulaient de tous les yeux ; les gardes nationaux qui 
				escortaient ses dépouilles vénérées, laissaient tomber hautement 
				leurs regrets et leurs sanglots. 
				Il a disparu au moment où l'appel de ses concitoyens venait de 
				le replacer au sein du conseil municipal, et où, par les 
				suffrages de la contrée, il devait hier encore se retrouver dans 
				le conseil général du département. 
				Tout cela est évanoui ; mais que sa mort si imprévue et si 
				rapide ne demeure pas stérile dans ses enseignemens ! Si des 
				luttes orageuses ont pu tourmenter une ville autrefois paisible, 
				et diviser malheureusement un peuple de frères, que tout se 
				taise, maintenant devant la tombe qui renferme tant de mérite et 
				d'espérances ! Le plus noble hommage qu'il soit possible de 
				rendre à M. Lafrogne, c'est de continuer sa vie de dévoûment et 
				de multiplier, comme lui, les oeuvres utiles, les oeuvres qui 
				peuvent contribuer au bonheur public. D'ailleurs, avec le dogme 
				sublime de la fraternité, rien n'est beau, rien n'est divin 
				comme l'oubli et le pardon réciproques, dans les liens d'une 
				union qui, je l'espère, va être cimentée pour toujours sur le 
				sépulcre d'un homme de bien ! 
				Agréez, etc. L'abbé E. G. 
				Discours prononcé par M, Hovasse, médecin et ancien adjoint, sur 
				la tombe de M. Lafrogne. 
				A l'aspect de cette tombe qui va se fermer sur un homme dont la 
				mort emprunte aux circonstances le caractère d'un événement, 
				quel est celui d'entre nous qui pourrait se défendre d'une 
				douloureuse émotion ? Quel est celui d'entre nous qui ne s'est 
				pas senti, pour ainsi dire, frappé du coup qui a tranché cette 
				existence naguère si florissante ? Et que serait-ce, si en 
				faisant un pas de plus, nous descendions dans le mystère de ses 
				souffrances morales, alors que faisant taire les souffrances 
				physiques, il devait peser en lui-même ce que valent les 
				jugemens des hommes ! Lui, que nous avons tous connu d'un 
				caractère franc, loyal, décidé.... Décidé, oui, sans doute, mais 
				sous cette écorce sévère, vous trouviez à l'instant, l'homme 
				bon, juste, humain, aimant à obliger. 
				Il avait instinctivement le sentiment de l'ordre, et pour le 
				maintenir, il ne prenait pas les chemins de traverse; il allait 
				droit au but. Ce fut cet instinct de l'ordre qui le porta à 
				organiser la garde nationale, et à mettre cette belle compagnie 
				de pompiers sur le pied ou nous la voyons aujourd'hui. 
				Sachant combien l'éducation première est puissante pour adoucir 
				et polir les moeurs, il favorisa constamment, dans la mesure des 
				ressources communales, nos établissemens d'instruction publique. 
				Il n'est pas à Blâmont une seule mère de famille qui ne se 
				rappelle avec quel bonheur les enfans racontaient comment ils 
				avaient été interrogés, examinés par M. Lafrogne. Se mettant à 
				leur portée, enfant comme eux, il leur faisait réciter leurs 
				prières, car il savait bien que c'est dans le principe religieux 
				que se trouve la clé de voûte de l'édifice social. La religion 
				mène à la bienfaisance, car il était véritablement l'homme des 
				indigens ; il donnait, il savait donner. Avec quel art et par 
				quelles ressources ingénieuses il entretenait le petit trésor 
				des pauvres. Avec quel entrain il donna l'impulsion première au 
				bureau de charité ! Avec quelle verve il stimulait ces hommes 
				honorables qui, tous les ans, délégués par le conseil municipal, 
				s'en vont, à l'entrée de la saison rigoureuse, tendant la main 
				de maison en maison, et demandant à ceux qui ont le superflu 
				pour ceux qui n'ont pas le nécessaire. 
				Et maintenant l'homme de bien, l'ami des pauvres; 
				l'administrateur éclairé, le voilà couché dans cette tombe ! Un 
				peu de terre va le couvrir ! Vous tous, habitans de Blâmont 
				qu'il aimait tant, et dont il parlait sans cesse dans ses 
				derniers momens, vous ne l'oublierez pas ; vous vous souviendrez 
				de sa vie, mais surtout souvenez-vous de sa mort! 
				
				A M. le rédacteur du Journal 
				de la Meurthe et des Vosges. 
				Blâmont, le 22 août 1848. 
				Monsieur le rédacteur, 
				Les deux premiers jours de cette semaine ont mis sous nos yeux, 
				tout ce qu'il y a de plus opposé, dans les scènes de ce monde si 
				fugitif et si variable : hier, un deuil public, les regrets et 
				les larmes; aujourd'hui la joie, les chants de triomphe el les 
				cris de bonheur ! Etrange alternative qui compose l'histoire dé 
				la vie humaine, avec cette amère différence que le chapitre de 
				nos douleurs a des pages plus longues et bien plus cruelles ! 
				Les tristes adieux d'une ville entière à l'excellent M. Lagrogne 
				avaient à peine cessé, que déjà, dans la soirée de lundi, 
				l'harmonieux carillon des cloches annonçait l'arrivée de Mgr 
				l'évêque de Nancy. Le prélat bien-aimé venait prendre part à une 
				fête, de famille et bénir lui-même la chapelle du collège de 
				Blâmont . 
				Cette faveur si gracieuse et si honorable offrait le caractère 
				d'un haut témoignage d'approbation accordé, au digne chef dé cet 
				établissement, qui a su élever le pensionnat qu'il dirige à un 
				degré si éminent de prospérité, et qui, dans son généreux 
				désintéressement vient de construire un édifice religieux qui 
				sera un des monumens les plus remarquables du pays. 
				Cette petite église confiée au talent distingué de M. Laurent, 
				de Nancy, est bâtie dans le style essentiellement catholique de 
				l'architecture du moyen-âge. Quoiqu'elle ne soit pas encore 
				terminée, on y admire ces formes sveltes, cet élancement des 
				voûtes, cette élévation et ce fini de détails qui répondent si 
				bien à la pensée chrétienne et qui caractérisent les plus belles 
				époques de l'art ogival. Dans les fenêtres de la nef, et dans la 
				rosace qui surmonte le portail, on contemple avec ravissement 
				les magnifiques vitraux dus au pinceau justement renommé de M. 
				Maréchal, de Metz. 
				La cérémonie a commencé, vers dix heures, au milieu d'un 
				nombreux clergé et de la foule des habitans qui venaient prendre 
				part à la solennité. Après que le vénérable pontife eut achevé 
				la bénédiction de ce noble sanctuaire, avec la majesté et le 
				sens profond de nos rites sacrés, M. Delalle, vicaire-général, 
				célébra la messe, et fit entendre une de ces allocutions que 
				l'élégante facilité et la richesse de son esprit rendent si 
				saisissantes et si remarquables. L'orateur a touché aux plus 
				belles idées philosophiques, en montrant que la pensée de Dieu 
				doit nous suivre partout, et qu'elle est le plus complet 
				adoucissement aux maux de l'humanité, quand le coeur aime à 
				s'épancher aux pieds des autels. Le digne grand-vicaire a payé 
				son tribut d'éloges au magistrat si regrettable que la ville de 
				Blâmont a perdu, et qui avait puissamment aidé à la fondation de 
				cette église. Le collège était son oeuvre de prédilection, et il 
				était toujours prêt à dès sacrifices pour maintenir la splendeur 
				de cette maison. Nous sommes sûrs que les mêmes dispositions se 
				révéleront dans l'administration nouvelle, et c'est une juste 
				confiance que l'habile prédicateur aurait exprimée lui-même, si, 
				dans l'entraînement de sa verve, il eût rencontrée l'idée qui a 
				laissé un vide pénible dans cette rapide improvisation. Nous 
				avons la garantie de cette promesse dans la présence des 
				autorités municipales à cette auguste cérémonie. 
				M. le principal a reçu également dé la bouche du respectable 
				célébrant un hommage mérité par ses vertus ecclésiastiques, par 
				son dévoûment à l'établissement qu'il préside avec tant de, 
				succès, et par la construction de ce temple qui va devenir une 
				des merveilles de la contrée. Enfin, il appartenait au président 
				de la commission diocésaine pour les édifices religieux de louer 
				hautement le savant architecte, M. Laurent, qui, jeune encore, 
				déploie des connaissances et des perfections si éminentes. 
				Déjà la ville de Blâmont avait eu occasion d'admirer le talent 
				vraiment prodigieux de cet artiste, dans les autels gothiques de 
				l'église paroissiale, et nous croyons savoir qu'à Nancy même on 
				a considéré ce travail comme un chef-d'oeuvre. Sous 
				l'inspiration de son ciseau, la prière est devenue vivante ; 
				elle parle dans les tableaux en relief qui nous représentent 
				quelques-uns des mystères glorieux de la divine Marie, dans ces 
				statuettes nombreuses et dans ces figures symboliques dont les 
				autels sont enrichis et qu'on croirait échappés aux plus 
				célèbres sculpteurs du XIIe ou du XIIIe siècle. La même pierre 
				semble germer et s'épanouir dans ces guirlandes entrelacées, 
				dans ces trèfles, dans toutes ces moulures qu'on croirait 
				possibles seulement avec le pinceau ou avec la pâte durcie. Les 
				expressions nous manquent pour donner une idée assez complète de 
				ces remarquables ouvrages qui n'ont pas d'autre défaut que de 
				présenter un style plus élégant, plus gracieux, plus fleuri que 
				celui de l'église, dont les formes architecturales sont lourdes 
				et sévères. Honneur à l'artiste qui produit de pareilles oeuvres 
				dans ces temps d'indifférence et de fluctuation anti-chrétienne 
				! Honneur également au digne pasteur de Blâmont, qui ne recule 
				devant aucun sacrifice pour embellir le sanctuaire du Dieu 
				vivant ! 
				Après la cérémonie, qui s'est terminée au bruit des nombreuses 
				fanfares de la musique du collège, Mgr l'évêque eut la 
				satisfaction de retrouver à ses côtés, non-seulement le clergé 
				qui était si heureux de le revoir, mais encore l'élite des 
				habitans de la ville. Tous ont passé dans les sentimens de la 
				joie et de la reconnaissance, une fête qui laissera parmi nous 
				d'immortels souvenirs. 
				Agréez, etc. L'abbé E. G. 
				
				A M. le rédacteur du Journal 
				de la Meurthe et des Vosges. 
				Le 28 août 1848. 
				Monsieur le rédacteur, 
				Les élections cantonnales viennent de se terminer à Blâmont, 
				dans le même esprit d'ordre et de sagesse qui a dicté les votes 
				du dimanche précédent, pour le conseil général. L'immense 
				majorité des suffrages s'est reportée sur M. Gaton, maire de 
				Frémonville, et il eût été impossible de faire un meilleur 
				choix. Distingué par ses connaissances agronomiques, par le 
				dévoûment qu'il déploie aux progrès de la culture, par le calme 
				et la rectitude de ses opinions autant que par sa position de 
				fortune, ce jeune magistrat est appelé à rendre les plus utiles 
				services à l'arrondissement de Lunéville, et, en particulier, à 
				là contrée qui lui a donné un témoignage si flatteur de sa 
				confiance. Il lui suffira de marcher sur les traces de son 
				excellent père qui a laissé, comme administrateur, des regrets 
				et des souvenirs infiniment précieux. 
				Un fait remarquable s'est passé à Frémonville, pendant les 
				élections dernières. Après la messe paroissiale, tous les 
				habitans qui pouvaient avoir part au scrutin, se sont réunis en 
				masse, et ont pris, deux à deux, le chemin de Blâmont ; ils sont 
				arrivés ensemble, pour déposer dans l'urne un vote unanime. 
				Trois heures après ils étaient de retour au village, où l'on ne 
				rencontrait plus, dans l'intervalle, que les vieillards et les 
				infirmes. 
				Une pareille marque d'estime et d'affection, nous paraît digne 
				d'être mentionnée dans les circonstances présentes. 
				Elle est à la fois honorable pour le premier fonctionnaire de la 
				commune, qui reçoit des preuves aussi touchantes, aussi 
				publiques de sympathie, et pour la population qui, à travers 
				tant d'orages, n'a pas cessé de se maintenir dans cette voie de 
				paix, d'union et de concorde fraternelle, dont la récompense est 
				l'estime du monde avec les bénédictions de Dieu ! 
				Agréez, etc. L'abbé E. G. 
				
				- Le 8 septembre, un incendie 
				a éclaté à Blâmont, au domicile des frères Royer, et s'est 
				communiqué aux habitations des sieurs Delorme et Gueury. Ces 
				trois maisons, qui étaient occupées par les propriétaires et 
				cinq locataires, ont été la proie des flammes, ainsi qu'une 
				grande partie du mobilier. Deux maisons étaient assurées ; la 
				perte totale est évaluée à 12,150 fr. 
				La femme de M. Louis Nicolas, locataire des frères Royer, ayant 
				été arrêtée comme soupçonnée d'être l'auteur de ce sinistre, 
				s'est étranglée dans la prison de Lunéville. 
				
				Mardi dernier, un incendie 
				considérable a jeté l'épouvante et la désolation dans la commune 
				de Nonhigny. Vers onze heures du matin, le feu s'est déclaré 
				avec une violence inouie sur le grenier à fourrages d'un 
				cultivateur ; quelques instans après lés deux maisons voisines 
				étaient envahies par les flammes. 
				Aux premières lueurs du sinistre et à l'appel du tocsin, les 
				populations de Harboué, de Barbas, de Montreux et d'Ancerviller 
				sont accourues avec leurs pompes. Toutes ont rivalisé de zèle et 
				d'activité, en sorte que vers deux heures on était complètement 
				maître de l'incendie, et il n'y avait plus aucun danger à 
				redouter. 
				Trois maisons ont été consumées et ne présentent plus que des 
				ruines : deux autre habitations sont quelque peu endommagées ; 
				mais on ne connaît pas encore toute la perte qui résulte de ce 
				cruel événement. Nous regrettons vivement de ne pouvoir citer le 
				nom d'un ouvrier intrépide, qui, nous écrit-on, s'est élancé, la 
				hache à la main, sur l(un des toits embrasés, et là au milieu 
				des flammes, exposé à tomber dans cette horrible fournaise, est 
				parvenu à briser les poutres et les charpentes qui pouvaient 
				alimenter l'incendie. Ce courage et ce sang-froid dans un pareil 
				danger ont excité l'admiration générale, et nous espérons qu'une 
				si belle conduite sera bientôt signalée à l'administration 
				supérieure. 
				Quelques habitans de localités plus éloignées, de Petitmont, de 
				Parux, de Frémonville et de Blâmont sont également venus prêter 
				leur concours : ils ont droit aussi à la reconnaissance 
				publique. 
				Il est consolant de penser que la malveillance ne doit pas être 
				accusée de ce cruel malheur ; tout nous démontre que cet 
				événement désastreux est le résultat de circonstances imprévues 
				et purement accidentelles. 
				M. le curé de Nonhigny s'est empressé de recueillir dans son 
				presbytère une famille qui se trouve sans asile : cette conduite 
				n'a pas besoin de nos éloges. 
				 
				Nous avons été mal informés sur la catastrophe qui a suivi 
				l'incendie de Blâmont. La malheureuse femme qui était soupçonnée 
				d'avoir mis le feu dans une maison s'est étranglée dans la 
				prison de cette ville, où elle n'est pas restée seulement une 
				demi-heure. A peine l'avait-on renfermée, qu'elle a consommé sou 
				suicide, et on n'a pas eu le temps de la transporter à 
				Lunéville. 
				
				Le 15 du courant, le nommé 
				Charles Goeury, âgé de 28 ans, couvreur, demeurant à Blâmont, et 
				père de deux enfans en bas âge, est tombé du haut d'une toiture 
				et est mort après deux jours de souffrance. - Le même jour un 
				maçon de Petitmont, travaillant à la rectification de la route 
				nationale, a été pris sous un éboulement de terre, et est mort 
				deux heures après. 
				
				Jeudi, 26 avril, un incendie 
				a consumé deux maisons considérables de la commune de Gogney, 
				canton de Blâmont, appartenant à MM, Noël et Aubry, 
				cultivateurs. On n'a presque rien pu sauver, malgré le zèle des 
				habitants de Blâmont, qui se sont empressés de voler au secours 
				d'une commune dépourvue de pompes à feu. 
				
				Le 11 de ce mois, une voiture 
				chargée descendait la côte qui conduit à Repaix (canton de 
				Blâmont). Le voiturier avait enrayé la roue de derrière et 
				cheminait tranquillement, lorsque deux jeunes enfants 
				s'avisèrent de monter sur cette roue. L'un d'eux fut 
				heureusement accroché par une branche d'arbre et renversé ; le 
				second, âgé de sept ans, fils d'un sieur Zabel, maçon, voulant 
				descendre, laissa prendre son pied sous la roue ; à ses cris le 
				conducteur s'empressa d'arrêter et de retirer le malheureux 
				enfant, qui avait le pied broyé. 
				Les premiers soins lui ont été donnés par M. Hovasse, médecin. 
				
				On écrit de Blâmont, le 22 
				août 1850 : «  Dimanche 18 août, à deux heures du malin, M. Aron 
				Levy quillait Blâmont pour se rendre à Sarrebourg. Deux jeunes 
				poulains étaient attachés derrière sa voilure. Arrivé à 5 
				kilomètres de Blâmont, vis-à-vis Gogney, deux hommes lui 
				demandent son argent, puis s'élancent sur sa voiture, l'un par 
				devant et l'auIre par derrière, le saisissent et lui enlèvent 
				environ 7 fr. qui se trouvaient dans son gousset. Levy, voulant 
				résister, reçut des coups de couteau qui heureusement ne 
				traversèrent que les vêtements ; un seul effleura un peu les 
				chairs. Le bruit des diligences de Strasbourg, qui se rendaient 
				à Blâmont, intimida les voleurs qui s'empressèrent de fuir à 
				travers la campagne. La nuit étant très-sombre, le signalement 
				des malfaiteurs n'a pu être donné exactement. » 
				
				La semaine dernière on 
				faisait une vente de biens immeubles chez un particulier de 
				Vaucourt (canton de Blâmont): la chambre était pleine, et les 
				curieux s'étaient agglomérés sur la trappe de cave, qui fléchit 
				sous le poids et précipita dans le gouffre sept à huit 
				personnes, qui en furent quittes pour des contusions légères et 
				la peur. Le maire de la commune était du nombre de ces 
				imprudents curieux. 
				
				Le 3 de ce mois, un nommé 
				Charles-Joseph Jacques, cloutier à Blâmont, s'est donné la mort 
				en se pendant au moyen d'un cordeau qu'il avait attaché à une 
				poutre de sa chambre. 
				
				On écrit de Blâmont, le 18 
				septembre, à l'Impartial : «  On dit à Blâmont que, dans la nuit 
				du 15 au 16, un vol de marchandises a été commis au préjudice du 
				sieur Georges, marchand et buraliste à Richeval (canton de 
				Réchicourt). On évalue à 4,000 francs la valeur des marchandises 
				volées, mais, cette évaluation paraît exagérée. 
				» Un sieur Claudel, charron à Blâmont, avait recueilli chez lui 
				un ouvrier étranger, sans s'enquérir de sa moralité, de son nom 
				et de sa résidence. Dimanche dernier, cet ouvrier régla son 
				compte, et se retira, en manifestant l'intention d'aller 
				chercher du travail dans une autre ville : mais au lieu de 
				quitter Blâmont, il profita de la nuit et de la connaissance des 
				lieux pour donner une leçon à son maître ; il s'introduisit dans 
				son écurie et enfourcha son cheval. Le lendemain matin le maître 
				porte plainte, el la gendarmerie se met à la recherche du 
				voleur, que le maire d'Avricourt (canton de Réchicourt) fait 
				arrêter le surlendemain. Le voleur saisi en flagrant délit, 
				prétend qu'il n'avait pas l'intention de voler, mais seulement 
				de jouer une farce à son maître ; malheureusement pour lui, il 
				sera prouvé qu'il a offert de vendre le cheval pour 480 fr. » 
				
				On écrit de Blâmont à 
				l'Impartial, le 14 janvier : «  Un sieur Thomas, âgé de 72 ans, 
				demeurant à Frémonville, a quitté Blâmont, le samedi 41 janvier, 
				à cinq heures et demie du soir, ivre et pouvant à peine se 
				soutenir. Pour gagner du chemin, au lieu de prendre la route, il 
				suivit un sentier très-resserré entre le canal du moulin de 
				Blâmont et les murs des jardins ; mais l'ivresse devait lui être 
				fatale, car depuis ce jour il ne reparut plus en son domicile, 
				et, aujourd'hui, son cadavre a été retiré du canal. » 
				
				On écrit de Blâmont, 6 avril 
				: «  Hier, entre dix et onze heures du soir, un incendie a éclaté 
				à la Petite-Domêvre, canton de Blâmont, et a réduit en cendres 
				un petit groupe d'habitations appartenant à huit propriétaires ? 
				Ce sinistre est désastreux parce qu'il frappe de malheureux 
				ouvriers et les ruine. Trois d'éntr'eux sont assurés. Le 
				mobilier a été, en grande partie, sauvé, mais détérioré. Une 
				pauvre veuve, sourde et infirme, aurait été brûlée dans son lit 
				sans l'assistance qui lui a été donnée par ses voisins. 
				» Les secours organisés par le maire, secondé par les habitants, 
				ont préservé les maisons voisines. Les pompiers de Verdenal se 
				sont empressés de venir en aide à leurs voisins; ceux de 
				Blâmont, selon leur habitude, sont aussi accourus, mais à leur 
				arrivée, on était maître du feu. 
				» Tout le monde a fait son devoir, et aucun accident n'est venu 
				se joindre à ce sinistre dont les causes inconnues ne sont point 
				attribuées à la malveillance. » (Impartial) 
				
				L'incendie qui a éclaté, le 5 
				avril, à la petite Doméère écart de Domèvre, canton de Blâmont, 
				a réduit en cendres 8 petites maisons dont deux seulement 
				étaient assurées. Ce sinistre qui est attribué à la mauvaise 
				construction d'une cheminée, a causé une perte de 7,755 fr. 
				
				- Le vendredi soir 22, 
				Laurent Cerf, journalier à Tanconville, était monté sur une 
				voiture d'écorce, se rendant de Blâmont à Frémonville ; un coup 
				de vent emporta sa casquette, et faisant un mouvement pour la 
				saisir, il perdit l'équilibre et tomba sur la tête. Transporté à 
				l'hospice de Blâmont, il y mourut dans la soirée, Cerf était 
				marié et père de sept enfants ! 
				- Le dimanche 25, Emélie Bastien, âgée de 5 ans, était montée 
				sur un tas de planches placé dans une des rues de Blâmont. 
				Insouciante et sans crainte, elle courait d'une planche à 
				l'autre sans prévoir le danger, lorsque le tas s'écroule et 
				frappe à la tête la malheureuse enfant, qui mourut après 
				quelques minutes d'agonie. 
				
				On écrit de Montreux, près 
				Blâmont, 21 juin 1851. 
				La mort vient encore d'enlever un des vieux braves de la grande 
				armée, dont, chaque jour hélas! les rangs s'éclaircissent si 
				rapidement. Après quelques jours de maladie, notre digne 
				compatriote, M. Berce, ancien officier d'infanterie, s'est 
				endormi dans le Seigneur à l'âge de 74 ans. Sa mort a été digne 
				de sa vie, je veux dire des plus chrétiennes. Arrivé au moment 
				suprême, il a demandé et a reçu les secours de la religion avec 
				la plus touchante piété. 
				
				On nous écrit de Blâmont, 14 
				juillet : 
				«  Dans la nuit du 13 au 14, un étranger, habitant du duché de 
				Bade, mis en prison sous prévention de vol, s'est pendu dans son 
				cachot. Il attacha un petit cordeau au verrou de la porte et fut 
				obligé de se coucher sur le dos pour consommer le suicide. 
				» Ce voleur s'était introduit par escalade dans le domicile de 
				M. le curé de Gogney, pendant la messe du dimanche 13 courant. 
				En explorant les lieux pour faire main basse sur les objets 
				qu'il convoitait, il entra dans la chambre de la servante qui 
				était au lit et malade. Cette entrevue forcée fut pénible, et le 
				lecteur devinera facilement l'effroi de la pauvre malade : quant 
				au voleur il s'esquiva et gagna la campagne. Mais cette fois 
				encore il joua de malheur, car il était à peine sorti de la 
				chambre que la malade surmontant sa crainte se traîna près de la 
				croisée qu'elle eut la force d'ouvrir, et d'une voix éteinte 
				cria au voleur. Une femme qui passait entendit ses cris et 
				s'empressa d'avertir les fidèles. Aussitôt l'église fut déserte 
				et une vingtaine d'hommes se mirent à la poursuite du voleur qui 
				fuyait à toutes jambes et pensa échapper en se blotissant dans 
				une haie très-épaisse. Mais il ne put tromper longtemps l'oeil 
				vigilant des poursuivans qui se saisirent du fugitif et le 
				livrèrent à la gendarmerie qui le mit sous les-verrous. » 
				
				COUR D'ASSISES DE LA MEURTHE. 
				Audience du 11 août. 
				Caën Coblentz, né à Wingersheim (Bas-Rhin) et demeurant à 
				Blâmont est accusé d'avoir, commis un viol sur une fille de la 
				commune de Barbas, près de Blâmont. L'accusé a 60 ans ; après la 
				plaidoirie de Me Louis, Coblentz est acquitté à une très-faible 
				majorité. Nous constatons ce fait qui a eu lieu à l'audience 
				publique même. Le jury a répondu, sur la question qu'il avait à 
				juger : Oui, à la majorité de sept voix, l'accusé est coupable. 
				Comme il fallait au moins huit voix pour entraîner la 
				condamnation, Coblentz a dû être acquitté. 
				
				Le pensionnat de Blâmont a 92 
				élèves. 
				
				On nous écrit de Blâmont : 
				«  Le 11 du courant, Antoine Piat s'est suicidé en se pendant 
				après le manteau de la cheminée de sa cuisine. Les causes de 
				cette mort ne sont pas bien connues; on présume que des intérêts 
				de famille ont exalté son imagination. Il a été inhumé sans 
				l'assistance du clergé. C'est le 4e suicide arrivé en l'espace 
				de 15 mois. » 
				- Le 13 du même mois, trois chasseurs de Blâmont suivaient dans 
				une voiture le courrier de Baccarat. Les deux voitures allaient 
				au trot. Le courrier de Baccarat s'étant arrêté subitement, le 
				conducteur de la seconde voiture s'empressa de prendre la 
				gauche, mais il ne dévia pas assez, et la roue du dernier 
				montant sur le moyeu de la roue du courrier, les trois chasseurs 
				furent culbutés sur le milieu de la route; l'un d'eux fut lancé 
				sous les pieds des chevaux qui conduisaient une voiture 
				d'avoine, le second entre les deux roues de cette même voilure 
				que le conducteur eut le bonheur d'arrêter tout-à-coup. Les 
				fusils des chasseurs étaient encore chargés, et le canon de l'un 
				fut courbé dans la chute. Cette réunion de circonstances devait 
				occasionner un malheur, mais la Providence en avait décidé 
				autrement, tous les trois en furent quittes pour de faibles 
				contusions. 
				
				Un jeune cheval et un poulin 
				inconnus, s'étant introduits, il y a quatre jours, dans la 
				commune de Barbas. Ils ont été recueillis dans les écuries de M. 
				Gérard (Victor), cultivateur à Barbas, près Blâmont, où on 
				pourra les réclamer. 
				
				- On nous écrit de Blâmont 17 
				octobre. 
				Hier, à 8 heures du matin, le feu a dévoré en très-peu de temps 
				deux maisons situées au village d'Autrepierre, ainsi que toutes 
				les récoltes qui y étaient renfermées ; une troisième maison, 
				voisine a été encore fortement endommagée et ne doit sa 
				conservation qu'aux soins de la population et à la bonne 
				direction des pompes d'Autrepierre, Verdenal et Blâmont. Les 
				pertes s'élèvent à plus de 10,000 fr. qui seront couverts par 
				les assurances. La cause de l'incendie est attribuée à une 
				mauvaise construction de cheminée. 
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