A M. le Rédacteur du JOURNAL
DE LA MEURTHE ET DES VOSGES.
Le 17 décembre 1846.
Monsieur le Rédacteur,
Un double malheur vient de nous frapper, et à peine remis des
plus cruelles émotions, notre premier soin est de remercier les
personnes courageuses qui nous ont généreusement prêté le
secours de leurs bras et de leurs conseils.
Le samedi, 12 décembre, un violent incendie s'est déclaré dans
une maison de la commune de Frémonville. Toute la population
s'est empressée d'accourir : mais le zèle et le dévoûment le
plus admirable n'ont pu sauver cette habitation d'une entière
destruction. Une grande partie du mobilier est restée la proie
de la dévorante activité des flammes.. Grâce aux efforts et à j
l'habileté de nos pompiers, le terrible élément n‛a pas étendu
plus loin ses ravages, et les chaumières voisines ont été
préservées. La perle s'élève à 3,000 fr. environ; mais
l'indemnité réglée par la compagnie d'assurances, ne dépassera
pas 15 à 1,800 fr. Il paraît certain que ce déplorable accident
est dû au mauvais état d'une cheminée, qui a communiqué le feu
au grenier et à la toiture.
De pareils sinistres n'apparaissent dans ce village qu'à des
intervalles immenses; aussi chacun se confiait paisiblement à
l'avenir, lorsque, dans la nuit du mercredi, 16 décembre, la cri
d'alarme vint jeter parmi nous l'épouvante, et la stupeur, un
incendie bien autrement formidable, projetait au loin sa lueur
effrayante et attaquait une des maisons les plus considérables
et les plus justement aimées du pays. Dans les premiers
instants, l'étonnement et la frayeur ont occasionné une sorte de
confusion ; chacun songeait à soi et cherchait à se préserver du
danger; un vent d'une extrême intensité chassait devant lui une
pluie d'étincelles qui retombait sur le village.
Enfin la chaîne put s'organiser et on travaillait avec une
ardeur incroyable ; mais, que faire avec une seule pompe devant
un foyer d'une énorme étendue ? Le découragement s'emparait des
coeurs : l'incendie grandissait à chaque minute; on s'attendait
à le voir se communiquer à la maison voisine qui est la plus
élevée ; de là s'élancer sur l'église, le presbytère, et dévorer
des rues entières, et point d'eau que celle des puits ! Dans ce
moment de cruelle détresse, j'ai aperçu, moi-même, quelques
hommes qui s'embrassaient en s'écriant, les larmes aux yeux : «
Nous sommes perdus !»
Le glas lamentable du tocsin retentissait dans la nuit et les
secours du voisinage n'arrivaient pas : pendant une heure et
demie, personne pour nous aider ! c'était désespérant !
Mais voici les braves-pompiers de Blâmont qui accourent pour la
seconde fois depuis huit jours ; une
foule d'habitants Ies accompagne, et à leur approche, la terreur
commence à se dissiper. Admirablement dirigés, ils dressent
leur, échelles, se placent intrépidement sur les toits voisins,,
et avec une adresse incroyable parviennent à sauver les maisons
adjacentes qui étaient vides, parce qu'on les regardait comme
perdues. En même temps, les pompes .de Cirey qui étaient déjà
venues la semaine précédente, ayant M. Eugène Chevandier et ses
ouvriers à leur tête, se présentent encore, et ajoutent leurs
habiles manoeuvres à l'excellent travail des pompes de Blâmont
et de Frémonville. A quatre heures du matin on était maître du
feu, et il n'y avait plus de danger sérieux à craindre :
l'incendie s'était déclaré à neuf heures du soir.
Le dommage occasionné dans cette nuit fatale, est évalué à douze
ou quinze mille francs. Tout a été dévoré par les flammes ; blé,
avoine, paille, foin, provisions de diverse nature, bois, linge
et la plus grande partie du mobilier. La vaste maison de Mme
veuve Charles Hatin, née de Chainel, n'est plus qu'une ruine, et
les deux habitations voisines sont fortement endommagées ;
quelques animaux ont péri. Ce qu'il y a de plus déplorable,
c'est que le feu a été allumé par une main criminelle ; tout
nous démontre qu'une personne étrangère au village.et dont les
traces ont pu être suivies dans la neige, a voulu accomplir une
horrible pensée de vengeance : la justice est informée et exerce
maintenant d'actives poursuites. Il nous reste à exprimer la
plus vive reconnaissance aux généreux habitants de Blâmont, aux
professeurs du collège et surtout aux pompiers ainsi qu'à leurs
digues chefs qui nous ont sauvés d'une catastrophe plus
affligeante encore. Nous adressons les mêmes actions de grâce au
courageux ouvriers de Cirey si bien dirigés par leurs maîtres,
et à toutes les personnes qui n'ont pas refusé de nous secourir,
malgré la rigueur de la saison et les difficultés extrêmes des
chemins couverts de neige. Il y aurait bien des noms à citer
honorablement, mais, dans l'impossibilité de les signaler tous,
nous en garderons un souvenir durable; nous savons d'ailleurs
qu'il y a dans le ciel un juge qui place la charité au premier
rang des vertus et qui ne laisse aucun dévouement sans
récompense !
Agréez, etc. E. G.
- La ville de Blâmont mérite
d'être citée au premier rang parmi les communes qui s'imposent
des sacrifices de tous genres, pour venir en aide aux
malheureux. Dès le commencement de la mauvaise saison, le
conseil municipal a volé 1.° 1,000 fr. pour l'hospice, qui
entretient 30 pauvres, et qui est pauvre lui-même; 2.° 4,000 fr.
pour maintenir le prix du pain à un taux modéré, à l'aide de
bons qui sont distribués, par quinzaine, aux indigents, aux
familles peu aisées, aux ouvriers ; 3.° 5,435 fr. pour divers
travaux.
La quête annuelle au profit des pauvres a produit 3,000 fr., et
il s'est trouvé des propriétaires qui ont bien voulu céder, à 41
fr. les 125 litres, le blé nécessaire à l'approvisionnement du
bureau de charité. Ce bureau fait aux indigents une distribution
hebdomadaire de 5 à 600 kil. de pain, sans compter la soupe, la
viande, le linge pour les vieillards et les malades.
Enfin, ces jours derniers, une souscription, par coupons de 500
fr., a produit 23,000 fr. ; cette somme est destinée à des
achats de blé au loin, et, s'il le faut, à l'étranger.
Pour faire le bien, pour le faire en commun, toutes les opinions
se sont fondues en une seule, et la fusion a été complète.
On nous annonce la mort de M.
le docteur Lesaing, médecin à Blâmont, membre de la Société
d‛émulation des Vosges. Jeune encore, plein de santé et
d'avenir, possédant une fortune considérable, dont il faisait le
plus honorable usage, le docteur Lesaing, gendre de M. le
docteur Lahalle, dont les habitans de Blâmont ont conservé le
plus touchant souvenir, avait dignement remplacé son beau-père
dans la confiance de ses nombreux clients. Médecin
recommandable, géologue instruit, agronome-pratique des plus
distingués, ce laborieux praticien a succombé mercredi dernier à
une longue et douloureuse maladie.
Troubles à Leintrey. - A
Leintrey, comme dans beaucoup de communes, les habitans sont
partagés en deux camps. Les rivalités de famille, d'influences,
de fortune bien plus que des rivalités politiques entretiennent
depuis longtemps une division sourde, mais prononcée, dans cette
commune. La révolution de 1848 amena naturellement un changement
dans l'administration municipale. L'ancien maire fut remplacé
par un maire pris dans le parti qui avait le dessous avant les
journées de février.
A Leintrey pas plus qu'ailleurs les vaincus n'acceptent leur
défaite avec résignation, Le nouveau maire inaugura ses
fonctions par la plantation de l'arbre de la liberté. L'arbre
fut nuitamment scié et abattu ; un deuxième est planté, et
pareillement abattu. Ce n'était là que le signal de la réaction.
On ne s'en tint pas là, les amis du maire déchu, après avoir par
d'amples libations échauffé leur courage, se portèrent chez le
nouveau maire, se livrèrent à des voies de fait, se firent
remettre l'écharpe, insigne de de l'autorité, et pillèrent la
caisse municipale.
Ce n'était pas assez, les adhérens du maire subirent des
traitemens analogues, furent rançonnés et frappés d'une
contribution forcée dont le paiement fut exigé séance tenante. -
Jusque là tout allait au mieux. Mais la gendarmerie de Blâmont
arriva bientôt, puis le lundi matin le commissaire du
Gouvernement près le tribunal avec la brigade de gendarmerie et
50 hussards. L'instruction a été commencée sur le champ. Neuf
des principaux meneurs ont été arrêtés et amenés dans les
prisons de Lunéville. Espérons que de semblables tentatives ne
se renouvelleront pas. Rappelons à cette occasion que le peuple
de Paris qui a fait une révolution, n'a commis aucune espèce de
violences, ni de pillage, qu'il n'a cessé de respecter les
personnes et les propriétés.
(Journal dé Lunéville)
M. Boris, de Blâmont,
capitaine au 52e de ligne depuis le 30 septembre 1846, vient, en
récompense de sa belle conduite à Paris, dans les journées de
juin, d'être nommé chef de bataillon.
F...., le 21 août 1848.
Monsieur le rédacteur,
Les révolutions, dans leur marche inexorable, versent dans le
sein des peuples, à côté d'immenses bienfaits, des calamités
souvent bien cruelles qui déconcertent les espérances de
l'avenir.
La ville de Blâmont gémit, en ce moment, sous une expérience
aussi douloureuse. Elle vient de perdre, vendredi dernier, son
magistrat le plus éminent, l'homme qui, depuis longtemps faisait
sa prospérité et sa gloire.
Charles-Balthazard Lafrogne, ancien maire, ancien membre du
conseil général de la Meurthe, est décédé à Nancy, le 18 août,
après avoir vainement lutté contre les progrès d'un mal
incurable et contre les chagrins qui lui brisaient le coeur !
C'est à ses concitoyens qu'il appartient de nous dire tout ce
qu'il y a eu de dévouement, de lumières, de sagesse et
d'énergie, dans la carrière de cet habile administrateur. Il
serait trop long d'énumérer ici, les bienfaits d'une édilité qui
a toujours exercé la plus heureuse influence dans la modeste
cité qu'il présidait, et dans les campagnes environnantes.
On lui doit un grand nombre de constructions d'une haute
nécessité, des voies de communication réparées et embellies, une
police fortement constituée, et plus que cela encore, des moyens
d'instruction largement répandus, des écoles prospères, un
collège admirablement pourvu et jouissant de la confiance
universelle ; voilà quelques uns des fruits d'une magistrature
qui laissera des regrets impérissables.
D'autres pourront placer quelques ombres dans ce tableau : On
reprochera les formes un peu acerbes de M. Lafrogne, et l'usage
despotique de son autorité. Mais tous conviendront que
l'excellence de son coeur était incomparable ; ses intentions se
montraient toujours dirigées par la justice ; il aimait-à prêter
son immense crédit à tous ceux qui en avaient besoin, et jusques
sur son lit de mort, il obtenait encore des grâces à des
adversaires ou à des ennemis.
Bien connu par son dévouement au pouvoir monarchique, la
révolution devait l'atteindre ; elle fut cruelle pour lui.
Dépouillé violemment de l'écharpe municipale, exclu même du
nouveau conseil et frappé, chaque jour, de nouvelles marques
d'ingratitude, il courut à Nancy, chercher un peu de calme et de
repos. Hélas ! malgré les soins les plus empressés et les plus
tendres, il ne trouva que les ennuis, les regrets, les sombres
préoccupations de l'avenir et enfin la mort ! Blâmont était son
idole ; il y avait concentré ses affections les plus chères ; ne
pouvant plus lui dévouer sa vie, il ne lui restait plus qu'à
demander la paix du tombeau !
S'il y avait quelque pompe véritable dans les solennités qui
entourent le cercueil, nous dirions que le convoi funèbre de M.
Lafrogne a été un triomphe. A l'approche du char lugubre qui le
ramenait dans sa ville bien-aimée, on vit la population se
précipiter en masse au-devant de lui, et l'accompagner des
témoignages de son affliction ; ceux même qui l'avaient
poursuivi de leur hostilité, venaient former son cortège. La
belle compagnie de pompiers, qui lui doit sa complète
organisation, fournit spontanément deux factionnaires à la porte
de sa maison ; enfin, aujourd'hui lundi, la ville entière et
l'élite de nos campagnes ont voulu prendre part à ses
funérailles. C'était une solennelle réparation du passé et une
protestation éloquente en faveur d'un magistrat dont l'existence
fut si activé et si utile.
Faut-il ajouter qu'au moment où la voix de son digne collègue,
M. Hovasse, lui adressait des adieux si vrais et si élevés, des
larmes coulaient de tous les yeux ; les gardes nationaux qui
escortaient ses dépouilles vénérées, laissaient tomber hautement
leurs regrets et leurs sanglots.
Il a disparu au moment où l'appel de ses concitoyens venait de
le replacer au sein du conseil municipal, et où, par les
suffrages de la contrée, il devait hier encore se retrouver dans
le conseil général du département.
Tout cela est évanoui ; mais que sa mort si imprévue et si
rapide ne demeure pas stérile dans ses enseignemens ! Si des
luttes orageuses ont pu tourmenter une ville autrefois paisible,
et diviser malheureusement un peuple de frères, que tout se
taise, maintenant devant la tombe qui renferme tant de mérite et
d'espérances ! Le plus noble hommage qu'il soit possible de
rendre à M. Lafrogne, c'est de continuer sa vie de dévoûment et
de multiplier, comme lui, les oeuvres utiles, les oeuvres qui
peuvent contribuer au bonheur public. D'ailleurs, avec le dogme
sublime de la fraternité, rien n'est beau, rien n'est divin
comme l'oubli et le pardon réciproques, dans les liens d'une
union qui, je l'espère, va être cimentée pour toujours sur le
sépulcre d'un homme de bien !
Agréez, etc. L'abbé E. G.
Discours prononcé par M, Hovasse, médecin et ancien adjoint, sur
la tombe de M. Lafrogne.
A l'aspect de cette tombe qui va se fermer sur un homme dont la
mort emprunte aux circonstances le caractère d'un événement,
quel est celui d'entre nous qui pourrait se défendre d'une
douloureuse émotion ? Quel est celui d'entre nous qui ne s'est
pas senti, pour ainsi dire, frappé du coup qui a tranché cette
existence naguère si florissante ? Et que serait-ce, si en
faisant un pas de plus, nous descendions dans le mystère de ses
souffrances morales, alors que faisant taire les souffrances
physiques, il devait peser en lui-même ce que valent les
jugemens des hommes ! Lui, que nous avons tous connu d'un
caractère franc, loyal, décidé.... Décidé, oui, sans doute, mais
sous cette écorce sévère, vous trouviez à l'instant, l'homme
bon, juste, humain, aimant à obliger.
Il avait instinctivement le sentiment de l'ordre, et pour le
maintenir, il ne prenait pas les chemins de traverse; il allait
droit au but. Ce fut cet instinct de l'ordre qui le porta à
organiser la garde nationale, et à mettre celte belle compagnie
de pompiers sur le pied ou nous la voyons aujourd'hui.
Sachant combien l'éducation première est puissante pour adoucir
et polir les moeurs, il favorisa constamment, dans la mesure des
ressources communales, nos établissemens d'instruction publique.
Il n'est pas à Blâmont une seule mère de famille qui ne se
rappelle avec quel bonheur les enfans racontaient comment ils
avaient été interrogés, examinés par M. Lafrogne. Se mettant à
leur portée, enfant comme eux, il leur faisait réciter leurs
prières, car il savait bien que c'est dans le principe religieux
que se trouve la clé de voûte de l'édifice social. La religion
mène à la bienfaisance, car il était véritablement l'homme des
indigens ; il donnait, il savait donner. Avec quel art et par
quelles ressources ingénieuses il entretenait le petit trésor
des pauvres. Avec quel entrain il donna l'impulsion première au
bureau de charité ! Avec quelle verve il stimulait ces hommes
honorables qui, tous les ans, délégués par le conseil municipal,
s'en vont, à l'entrée de la saison rigoureuse, tendant la main
de maison en maison, et demandant à ceux qui ont le superflu
pour ceux qui n'ont pas le nécessaire.
Et maintenant l'homme de bien, l'ami des pauvres;
l'administrateur éclairé, le voilà couché dans cette tombe ! Un
peu de terre va le couvrir ! Vous tous, habitans de Blâmont
qu'il aimait tant, et dont il parlait sans cesse dans ses
derniers momens, vous ne l'oublierez pas ; vous vous souviendrez
de sa vie, mais surtout souvenez-vous de sa mort!
A M. le rédacteur du Journal
de la Meurthe et des Vosges.
Blâmont, le 22 août 1848.
Monsieur le rédacteur,
Les deux premiers jours de cette semaine ont mis sous nos yeux,
tout ce qu'il y a de plus opposé, dans les scènes de ce monde si
fugitif et si variable : hier, un deuil public, les regrets et
les larmes; aujourd'hui la joie, les chants de triomphe el les
cris de bonheur ! Etrange alternative qui compose l'histoire dé
la vie humaine, avec cette amère différence que le chapitre de
nos douleurs a des pages plus longues et bien plus cruelles !
Les tristes adieux d'une ville entière à l'excellent M. Lagrogne
avaient à peine cessé, que déjà, dans la soirée de lundi,
l'harmonieux carillon des cloches annonçait l'arrivée de Mgr
l'évêque de Nancy. Le prélat bien-aimé venait prendre part à une
fête, de famille et bénir lui-même la chapelle du collège de
Blâmont .
Cette faveur si gracieuse et si honorable offrait le caractère
d'un haut témoignage d'approbation accordé, au digne chef dé cet
établissement, qui a su élever le pensionnat qu'il dirige à un
degré si éminent de prospérité, et qui, dans son généreux
désintéressement vient de construire un édifice religieux qui
sera un des monumens les plus remarquables du pays.
Cette petite église confiée au talent distingué de M. Laurent,
de Nancy, est bâtie dans le style essentiellement catholique de
l'architecture du moyen-âge. Quoiqu'elle ne soit pas encore
terminée, on y admire ces formes sveltes, cet élancement des
voûtes, celte élévation et ce fini de détails qui répondent si
bien à la pensée chrétienne et qui caractérisent les plus belles
époques de l'art ogival. Dans les fenêtres de la nef, et dans la
rosace qui surmonte le portail, on contemple avec ravissement
les magnifiques vitraux dus au pinceau justement renommé de M.
Maréchal, de Metz.
La cérémonie a commencé, vers dix heures, au milieu d'un
nombreux clergé et de la foule des habitans qui venaient prendre
part à la solennité. Après que le vénérable pontife eut achevé
la bénédiction de ce noble sanctuaire, avec la majesté et le
sens profond de nos rites sacrés, M. Delalle, vicaire-général,
célébra la messe, et fit entendre une de ces allocutions que
l'élégante facilité et la richesse de son esprit rendent si
saisissantes et si remarquables. L'orateur a touché aux plus
belles idées philosophiques, en montrant que la pensée de Dieu
doit nous suivre partout, et qu'elle est le plus complet
adoucissement aux maux de l'humanité, quand le coeur aime à
s'épancher aux pieds des autels. Le digne grand-vicaire a payé
son tribut d'éloges au magistrat si regrettable que la ville de
Blâmont a perdu, et qui avait puissamment aidé à la fondation de
cette église. Le collège était son oeuvre de prédilection, et il
était toujours prêt à dès sacrifices pour maintenir la splendeur
de cette maison. Nous sommes sûrs que les mêmes dispositions se
révéleront dans l'administration nouvelle, et c'est une juste
confiance que l'habile prédicateur aurait exprimée lui-même, si,
dans l'entraînement de sa verve, il eût rencontrée l'idée qui a
laissé un vide pénible dans cette rapide improvisation. Nous
avons la garantie de cette promesse dans la présence des
autorités municipales à cette auguste cérémonie.
M. le principal a reçu également dé la bouche du respectable
célébrant un hommage mérité par ses vertus ecclésiastiques, par
son dévoûment à l'établissement qu'il préside avec tant de,
succès, et par la construction de ce temple qui va devenir une
des merveilles de la contrée. Enfin, il appartenait au président
de la commission diocésaine pour les édifices religieux de louer
hautement le savant architecte, M. Laurent, qui, jeune encore,
déploie des connaissances et des perfections si éminentes.
Déjà la ville de Blâmont avait eu occasion d'admirer le talent
vraiment prodigieux de cet artiste, dans les autels gothiques de
l'église paroissiale, et nous croyons savoir qu'à Nancy même on
a considéré ce travail comme un chef-d'oeuvre. Sous
l'inspiration de son ciseau, la prière est devenue vivante ;
elle parle dans les tableaux en relief qui nous représentent
quelques-uns des mystères glorieux de la divine Marie, dans ces
statuettes nombreuses et dans ces figures symboliques dont les
autels sont enrichis et qu'on croirait échappés aux plus
célèbres sculpteurs du XIIe ou du XIIIe siècle. La même pierre
semble germer et s'épanouir dans ces guirlandes entrelacées,
dans ces trèfles, dans toutes ces moulures qu'on croirait
possibles seulement avec le pinceau ou avec la pâte durcie. Les
expressions nous manquent pour donner une idée assez complète de
ces remarquables ouvrages qui n'ont pas d'autre défaut que de
présenter un style plus élégant, plus gracieux, plus fleuri que
celui de l'église, dont les formes architecturales sont lourdes
et sévères. Honneur à l'artiste qui produit de pareilles oeuvres
dans ces temps d'indifférence et de fluctuation anti-chrétienne
! Honneur également au digne pasteur de Blâmont, qui ne recule
devant aucun sacrifice pour embellir le sanctuaire du Dieu
vivant !
Après la cérémonie, qui s'est terminée au bruit des nombreuses
fanfares de la musique du collège, Mgr l'évêque eut la
satisfaction de retrouver à ses côtés, non-seulement le clergé
qui était si heureux de le revoir, mais encore l'élite des
habitans de la ville. Tous ont passé dans les sentimens de la
joie et de la reconnaissance, une fête qui laissera parmi nous
d'immortels souvenirs.
Agréez, etc. L'abbé E. G.
A M. le rédacteur du Journal
de la Meurthe et des Vosges.
Le 28 août 1848.
Monsieur le rédacteur,
Les élections cantonnales viennent de se terminer à Blâmont,
dans le même esprit d'ordre et de sagesse qui a dicté les votes
du dimanche précédent, pour le conseil général. L'immense
majorité des suffrages s'est reportée sur M. Gaton, maire de
Frémonville, et il eût été impossible de faire un meilleur
choix. Distingué par ses connaissances agronomiques, par le
dévoûment qu'il déploie aux progrès de la culture, par le calme
et la rectitude de ses opinions autant que par sa position de
fortune, ce jeune magistrat est appelé à rendre les plus utiles
services à l'arrondissement de Lunéville, et, en particulier, à
là contrée qui lui a donné un témoignage si flatteur de sa
confiance. Il lui suffira de marcher sur les traces de son
excellent père qui a laissé, comme administrateur, des regrets
et des souvenirs infiniment précieux.
Un fait remarquable s'est passé à Frémonville, pendant les
élections dernières. Après la messe paroissiale, tous les
habitans qui pouvaient avoir part au scrutin, se sont réunis en
masse, et ont pris, deux à deux, le chemin de Blâmont ; ils sont
arrivés ensemble, pour déposer dans l'urne un vote unanime.
Trois heures après ils étaient de retour au village, où l'on ne
rencontrait plus, dans l'intervalle, que les vieillards et les
infirmes.
Une pareille marque d'estime et d'affection, nous paraît digne
d'être mentionnée dans les circonstances présentes.
Elle est à la fois honorable pour le premier fonctionnaire de la
commune, qui reçoit des preuves aussi touchantes, aussi
publiques de sympathie, et pour la population qui, à travers
tant d'orages, n'a pas cessé de se maintenir dans cette voie de
paix, d'union et de concorde fraternelle, dont la récompense est
l'estime du monde avec les bénédictions de Dieu !
Agréez, etc. L'abbé E. G.
- Le 8 septembre, un incendie
a éclaté à Blâmont, au domicile des frères Royer, et s'est
communiqué aux habitations des sieurs Delorme et Gueury. Ces
trois maisons, qui étaient occupées par les propriétaires et
cinq locataires, ont été la proie des flammes, ainsi qu'une
grande partie du mobilier. Deux maisons étaient assurées ; la
perte totale est évaluée à 12,150 fr.
La femme de M. Louis Nicolas, locataire des frères Royer, ayant
été arrêtée comme soupçonnée d'être l'auteur de ce sinistre,
s'est étranglée dans la prison de Lunéville.
Mardi dernier, un incendie
considérable a jeté l'épouvante et la désolation dans la commune
de Nonhigny. Vers onze heures du matin, le feu s'est déclaré
avec une violence inouie sur le grenier à fourrages d'un
cultivateur ; quelques instans après lés deux maisons voisines
étaient envahies par les flammes.
Aux premières lueurs du sinistre et à l'appel du tocsin, les
populations de Harboué, de Barbas, de Montreux et d'Ancerviller
sont accourues avec leurs pompes. Toutes ont rivalisé de zèle et
d'activité, en sorte que vers deux heures on était complètement
maître de l'incendie, et il n'y avait plus aucun danger à
redouter.
Trois maisons ont été consumées et ne présentent plus que des
ruines : deux autre habitations sont quelque peu endommagées ;
mais on ne connaît pas encore toute la perte qui résulte de ce
cruel événement. Nous regrettons vivement de ne pouvoir citer le
nom d'un ouvrier intrépide, qui, nous écrit-on, s'est élancé, la
hache à la main, sur l(un des toits embrasés, et là au milieu
des flammes, exposé à tomber dans cette horrible fournaise, est
parvenu à briser les poutres et les charpentes qui pouvaient
alimenter l'incendie. Ce courage et ce sang-froid dans un pareil
danger ont excité l'admiration générale, et nous espérons qu'une
si belle conduite sera bientôt signalée à l'administration
supérieure.
Quelques habitans de localités plus éloignées, de Petitmont, de
Parux, de Frémonville et de Blâmont sont également venus prêter
leur concours : ils ont droit aussi à la reconnaissance
publique.
Il est consolant de penser que la malveillance ne doit pas être
accusée de ce cruel malheur ; tout nous démontre que cet
événement désastreux est le résultat de circonstances imprévues
et purement accidentelles.
M. le curé de Nonhigny s'est empressé de recueillir dans son
presbytère une famille qui se trouve sans asile : cette conduite
n'a pas besoin de nos éloges.
Nous avons été mal informés sur la catastrophe qui a suivi
l'incendie de Blâmont. La malheureuse femme qui était soupçonnée
d'avoir mis le feu dans une maison s'est étranglée dans la
prison de cette ville, où elle n'est pas restée seulement une
demi-heure. A peine l'avait-on renfermée, qu'elle a consommé sou
suicide, et on n'a pas eu le temps de la transporter à
Lunéville.
Le 15 du courant, le nommé
Charles Goeury, âgé de 28 ans, couvreur, demeurant à Blâmont, et
père de deux enfans en bas âge, est tombé du haut d'une toiture
et est mort après deux jours de souffrance. - Le même jour un
maçon de Petitmont, travaillant à la rectification de la route
nationale, a été pris sous un éboulement de terre, et est mort
deux heures après.
Jeudi, 26 avril, un incendie
a consumé deux maisons considérables de la commune de Gogney,
canton de Blâmont, appartenant à MM, Noël et Aubry,
cultivateurs. On n'a presque rien pu sauver, malgré le zèle des
habitants de Blâmont, qui se sont empressés de voler au secours
d'une commune dépourvue de pompes à feu.
Le 11 de ce mois, une voiture
chargée descendait la côte qui conduit à Repaix (canton de
Blâmont). Le voiturier avait enrayé la roue de derrière et
cheminait tranquillement, lorsque deux jeunes enfants
s'avisèrent de monter sur cette roue. L'un d'eux fut
heureusement accroché par une branche d'arbre et renversé ; le
second, âgé de sept ans, fils d'un sieur Zabel, maçon, voulant
descendre, laissa prendre son pied sous la roue ; à ses cris le
conducteur s'empressa d'arrêter et de retirer le malheureux
enfant, qui avait le pied broyé.
Les premiers soins lui ont été donnés par M. Hovasse, médecin.
On écrit de Blâmont, le 22
août 1850 : « Dimanche 18 août, à deux heures du malin, M. Aron
Levy quillait Blâmont pour se rendre à Sarrebourg. Deux jeunes
poulains étaient attachés derrière sa voilure. Arrivé à 5
kilomètres de Blâmont, vis-à-vis Gogney, deux hommes lui
demandent son argent, puis s'élancent sur sa voiture, l'un par
devant et l'auIre par derrière, le saisissent et lui enlèvent
environ 7 fr. qui se trouvaient dans son gousset. Levy, voulant
résister, reçut des coups de couteau qui heureusement ne
traversèrent que les vêtements ; un seul effleura un peu les
chairs. Le bruit des diligences de Strasbourg, qui se rendaient
à Blâmont, intimida les voleurs qui s'empressèrent de fuir à
travers la campagne. La nuit étant très-sombre, le signalement
des malfaiteurs n'a pu être donné exactement. »
La semaine dernière on
faisait une vente de biens immeubles chez un particulier de
Vaucourt (canton de Blâmont): la chambre était pleine, et les
curieux s'étaient agglomérés sur la trappe de cave, qui fléchit
sous le poids et précipita dans le gouffre sept à huit
personnes, qui en furent quittes pour des contusions légères et
la peur. Le maire de la commune était du nombre de ces
imprudents curieux.
Le 3 de ce mois, un nommé
Charles-Joseph Jacques, cloutier à Blâmont, s'est donné la mort
en se pendant au moyen d'un cordeau qu'il avait attaché à une
poutre de sa chambre.
On écrit de Blâmont, le 18
septembre, à l'Impartial : « On dit à Blâmont que, dans la nuit
du 15 au 16, un vol de marchandises a été commis au préjudice du
sieur Georges, marchand et buraliste à Richeval (canton de
Réchicourt). On évalue à 4,000 francs la valeur des marchandises
volées, mais, cette évaluation paraît exagérée.
» Un sieur Claudel, charron à Blâmont, avait recueilli chez lui
un ouvrier étranger, sans s'enquérir de sa moralité, de son nom
et de sa résidence. Dimanche dernier, cet ouvrier régla son
compte, et se retira, en manifestant l'intention d'aller
chercher du travail dans une autre ville : mais au lieu de
quitter Blâmont, il profita de la nuit et de la connaissance des
lieux pour donner une leçon à son maître ; il s'introduisit dans
son écurie et enfourcha son cheval. Le lendemain matin le maître
porte plainte, el la gendarmerie se met à la recherche du
voleur, que le maire d'Avricourt (canton de Réchicourt) fait
arrêter le surlendemain. Le voleur saisi en flagrant délit,
prétend qu'il n'avait pas l'intention de voler, mais seulement
de jouer une farce à son maître ; malheureusement pour lui, il
sera prouvé qu'il a offert de vendre le cheval pour 480 fr. »
On écrit de Blâmont à
l'Impartial, le 14 janvier : « Un sieur Thomas, âgé de 72 ans,
demeurant à Frémonville, a quitté Blâmont, le samedi 41 janvier,
à cinq heures et demie du soir, ivre et pouvant à peine se
soutenir. Pour gagner du chemin, au lieu de prendre la route, il
suivit un sentier très-resserré entre le canal du moulin de
Blâmont et les murs des jardins ; mais l'ivresse devait lui être
fatale, car depuis ce jour il ne reparut plus en son domicile,
et, aujourd'hui, son cadavre a été retiré du canal. »
On écrit de Blâmont, 6 avril
: « Hier, entre dix et onze heures du soir, un incendie a éclaté
à la Petite-Domêvre, canton de Blâmont, et a réduit en cendres
un petit groupe d'habitations appartenant à huit propriétaires ?
Ce sinistre est désastreux parce qu'il frappe de malheureux
ouvriers et les ruine. Trois d'éntr'eux sont assurés. Le
mobilier a été, en grande partie, sauvé, mais détérioré. Une
pauvre veuve, sourde et infirme, aurait été brûlée dans son lit
sans l'assistance qui lui a été donnée par ses voisins.
» Les secours organisés par le maire, secondé par les habitants,
ont préservé les maisons voisines. Les pompiers de Verdenal se
sont empressés de venir en aide à leurs voisins; ceux de
Blâmont, selon leur habitude, sont aussi accourus, mais à leur
arrivée, on était maître du feu.
» Tout le monde a fait son devoir, et aucun accident n'est venu
se joindre à ce sinistre dont les causes inconnues ne sont point
attribuées à la malveillance. » (Impartial)
L'incendie qui a éclaté, le 5
avril, à la petite Doméère écart de Domèvre, canton de Blâmont,
a réduit en cendres 8 petites maisons dont deux seulement
étaient assurées. Ce sinistre qui est attribué à la mauvaise
construction d'une cheminée, a causé une perte de 7,755 fr.
- Le vendredi soir 22,
Laurent Cerf, journalier à Tanconville, était monté sur une
voiture d'écorce, se rendant de Blâmont à Frémonville ; un coup
de vent emporta sa casquette, et faisant un mouvement pour la
saisir, il perdit l'équilibre et tomba sur la tête. Transporté à
l'hospice de Blâmont, il y mourut dans la soirée, Cerf était
marié et père de sept enfants !
- Le dimanche 25, Emélie Bastien, âgée de 5 ans, était montée
sur un tas de planches placé dans une des rues de Blâmont.
Insouciante et sans crainte, elle courait d'une planche à
l'autre sans prévoir le danger, lorsque le tas s'écroule et
frappe à la tête la malheureuse enfant, qui mourut après
quelques minutes d'agonie.
On écrit de Montreux, près
Blâmont, 21 juin 1851.
La mort vient encore d'enlever un des vieux braves de la grande
armée, dont, chaque jour hélas! les rangs s'éclaircissent si
rapidement. Après quelques jours de maladie, notre digne
compatriote, M. Berce, ancien officier d'infanterie, s'est
endormi dans le Seigneur à l'âge de 74 ans. Sa mort a été digne
de sa vie, je veux dire des plus chrétiennes. Arrivé au moment
suprême, il a demandé et a reçu les secours de la religion avec
la plus touchante piété.
On nous écrit de Blâmont, 14
juillet :
« Dans la nuit du 13 au 14, un étranger, habitant du duché de
Bade, mis en prison sous prévention de vol, s'est pendu dans son
cachot. Il attacha un petit cordeau au verrou de la porte et fut
obligé de se coucher sur le dos pour consommer le suicide.
» Ce voleur s'était introduit par escalade dans le domicile de
M. le curé de Gogney, pendant la messe du dimanche 13 courant.
En explorant les lieux pour faire main basse sur les objets
qu'il convoitait, il entra dans la chambre de la servante qui
était au lit et malade. Cette entrevue forcée fut pénible, et le
lecteur devinera facilement l'effroi de la pauvre malade : quant
au voleur il s'esquiva et gagna la campagne. Mais cette fois
encore il joua de malheur, car il était à peine sorti de la
chambre que la malade surmontant sa crainte se traîna près de la
croisée qu'elle eut la force d'ouvrir, et d'une voix éteinte
cria au voleur. Une femme qui passait entendit ses cris et
s'empressa d'avertir les fidèles. Aussitôt l'église fut déserte
et une vingtaine d'hommes se mirent à la poursuite du voleur qui
fuyait à toutes jambes et pensa échapper en se blotissant dans
une haie très-épaisse. Mais il ne put tromper longtemps l'oeil
vigilant des poursuivans qui se saisirent du fugitif et le
livrèrent à la gendarmerie qui le mit sous les-verrous. »
COUR D'ASSISES DE LA MEURTHE.
Audience du 11 août.
Caën Coblentz, né à Wingersheim (Bas-Rhin) et demeurant à
Blâmont est accusé d'avoir, commis un viol sur une fille de la
commune de Barbas, près de Blâmont. L'accusé a 60 ans ; après la
plaidoirie de Me Louis, Coblentz est acquitté à une très-faible
majorité. Nous constatons ce fait qui a eu lieu à l'audience
publique même. Le jury a répondu, sur la question qu'il avait à
juger : Oui, à la majorité de sept voix, l'accusé est coupable.
Comme il fallait au moins huit voix pour entraîner la
condamnation, Coblentz a dû être acquitté.
Le pensionnat de Blâmont a 92
élèves.
On nous écrit de Blâmont :
« Le 11 du courant, Antoine Piat s'est suicidé en se pendant
après le manteau de la cheminée de sa cuisine. Les causes de
cette mort ne sont pas bien connues; on présume que des intérêts
de famille ont exalté son imagination. Il a été inhumé sans
l'assistance du clergé. C'est le 4e suicide arrivé en l'espace
de 15 mois. »
- Le 13 du même mois, trois chasseurs de Blâmont suivaient dans
une voiture le courrier de Baccarat. Les deux voitures allaient
au trot. Le courrier de Baccarat s'étant arrêté subitement, le
conducteur de la seconde voiture s'empressa de prendre la
gauche, mais il ne dévia pas assez, et la roue du dernier
montant sur le moyeu de la roue du courrier, les trois chasseurs
furent culbutés sur le milieu de la route; l'un d'eux fut lancé
sous les pieds des chevaux qui conduisaient une voiture
d'avoine, le second entre les deux roues de cette même voilure
que le conducteur eut le bonheur d'arrêter tout-à-coup. Les
fusils des chasseurs étaient encore chargés, et le canon de l'un
fut courbé dans la chute. Cette réunion de circonstances devait
occasionner un malheur, mais la Providence en avait décidé
autrement, tous les trois en furent quittes pour de faibles
contusions.
Un jeune cheval et un poulin
inconnus, s'étant introduits, il y a quatre jours, dans la
commune de Barbas. Ils ont été recueillis dans les écuries de M.
Gérard (Victor), cultivateur à Barbas, près Blâmont, où on
pourra les réclamer.
- On nous écrit de Blâmont 17
octobre.
Hier, à 8 heures du matin, le feu a dévoré en très-peu de temps
deux maisons situées au village d'Autrepierre, ainsi que toutes
les récoltes qui y étaient renfermées ; une troisième maison,
voisine a été encore fortement endommagée et ne doit sa
conservation qu'aux soins de la population et à la bonne
direction des pompes d'Autrepierre, Verdenal et Blâmont. Les
pertes s'élèvent à plus de 10,000 fr. qui seront couverts par
les assurances. La cause de l'incendie est attribuée à une
mauvaise construction de cheminée.
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