M. ANTOINE VEIL A REMIS SA
DÉMISSION DE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE l'U.T.A.
M. Antoine Veil a remis, mercredi 1er octobre, sa démission du
poste de directeur général de la compagnie aérienne privée U.T.A.,
qu'il occupait depuis le 1er juillet 1971. Il a « exprimé le
vœu, pour convenances personnelles, d'être déchargé de ses
fonctions d'administrateur- directeur général », si l'on en
croit son bref communiqué, publié par la compagnie, qui se
refuse, par ailleurs à tout commentaire sur cette décision, et
même à toute précision sur la date effective de son départ, le
nom de son successeur ou les fonctions auxquelles il se destine.
[Né le 28 août 1926 à Blâmont (Meurthe-et-Moselle), diplômé de
l'Institut d'études politiques de Paris. Inspecteur des
finances, M. Antoine Veil a occupé divers postes d'attaché
ministériel de 1947 à 1953, avant d'entrer à l'Ecole nationale
d'administration. Il est ensuite directeur de cabinet de Joseph
Fontanet, au secrétariat d'Etat à l'Industrie et au commerce, au
secrétariat d'Etat au commerce intérieur, puis au ministère de
la santé publique. Il entre, en décembre 1963, au comité des
armateurs de France, dont il devient, l'année suivante, délégué
général. Directeur adjoint de La Compagnie des chargeurs rennais
en 1969. Il a succédé, le 1er juillet 1971 à M Jean Combard à la
direction générale de l'U.T.A. Conseiller de Paris (Union pour
Paris) depuis 1971, membre du conseil régional d'Ile-de-France,
M Veil a également été président de la commission des transports
du VIIe Plan.]
Restructuration des groupes
laitiers
Suppressions d'emplois chez Saint-Hubert
Dès l'ouverture du conseil d'administration de la Laiterie
Saint-Hubert, réuni mercredi 18 juillet à Ludres
(Meurthe-et-Moselle), M. François Guillaume, ancien ministre de
l'agriculture, qui présidait Saint-Hubert depuis neuf ans, a
annoncé sa démission. Le conseil devait entériner le plan
d'adaptation élaboré par Sodiaal-Yoplait, qui prévoit
soixante-treize suppressions d'emplois et une nouvelle
organisation de l'entreprise.
Avec ses petites phrases assassines et ses rebondissements
judiciaires, l'affaire de la Laiterie Saint-Hubert a pris des
allures de règlement de comptes entre M. Michel Debatisse et M.
François Guillaume, tous deux anciens présidents de la FNSEA,
qui s'opposent sur l'avenir de cette laiterie coopérative dont
les deux fleurons sont la pâte à tartiner Saint-Hubert et BA, le
célèbre yaourt au bifidus. Mais elle est aussi révélatrice des
conséquences des restructurations qui se déroulent dans ce
secteur.
C'est en janvier dernier que Sodiaal, premier groupe laitier
français (plus de 17 milliards de francs de chiffre d'affaires,
environ 7 500 salariés}, présidé par M. Michel Debatisse, a
annoncé la prise de contrôle de Saint-Hubert (1 milliard de
francs de chiffre d'affaires, 550 salariés),
Soucieux d'asseoir le développement de leur entreprise, les
dirigeants de Sodiaal ne s'étaient manifestement pas montrés
trop curieux sur la situation de leur « proie» ; ils ont
découvert, après coup, un déficit de 40 millions de francs. « On
n'avait pas vu les comptes de l'année en cours et la situation
s'est dégradée au cours des derniers mois ». expliquent-ils
maintenant pour justifier le plan de restructuration, qui
prévoit cent soixante-treize suppressions d'emplois, notamment
dans les services administratifs jugés pléthoriques par les
nouveaux propriétaires. Certains devraient être reclassés chez
Sodiaal.
La gravité des pertes contestée
Mais, en réalité, l'essentiel du plan de Sodiaal consiste à
faire entrer Saint-Hubert dans le moule des structures mises en
place depuis janvier 1988. Or, c'est justement cette
organisation par filières (lait, matières grasses, produits
frais, fromages, etc.) qui n'est pas du goût de M. Guillaume.
D'abord, l'ancien ministre de l'agriculture conteste la gravité
des pertes qu'il attribue notamment aux charges financières et
aux frais de lancement d'un nouveau produit le Fleurier. Et il
oppose son propre plan de restructuration à celui de Sodiaal : «
Saint-Hubert doit avoir un rôle de leader au nom du groupe pour
ses produits d'innovation tels que le Saint-Hubert et le BA,
explique M. Guillaume. Cette mesure ferait que Saint-Hubert
serait traité de la même façon que chacune des unités régionales
de Sodiaal et éviterait la moitié des licenciements envisagés et
le démantèlement de Saint-Hubert. »
Ce discours n'est pas sans écho dans les usines de Lorraine, où,
en plus des fermetures et des reclassements déjà prévus, on
craint de nouvelles mesures à l'automne, en particulier pour les
unités de fabrication de Blamont et de Magnières. « Saint-Hubert
devait entrer par la grande porte, en réalité nous sommes
complètement absorbés par les différentes filières de Sodiaal.
C'est la pire des solutions », proteste M. Jean-Marc Colin,
secrétaire du comité d'établissement. Les salariés sont
cependant dubitatifs et sans illusions sur l'issue de la
bataille qui oppose les deux anciens leaders du syndicalisme
paysan.
En faisant annuler le 5 juillet, par le tribunal de commerce de
Nancy, son éviction de la présidence de la Laiterie votée lors
du conseil d'administration du 29 juin. M. François Guillaume a
placé le débat sur le terrain judiciaire, mais il n'a fait que
gagner un peu de temps. Car les dirigeants de Sodiaal comptent
bien utiliser leur position d'actionnaire majoritaire pour
imposer leur plan, Sans états d'âme particuliers sur le
caractère coopératif de ce groupe qui, en cette période de
restructuration, se comporte comme n'importe quelle société
privée.
FRANÇOISE CHIROT
Trente-trois maires décidés à
démissionner pour sauver une laiterie.
Les maires des 33 communes du canton de Blâmont
{Meurthe-et-Moselle) ont annoncé, mercredi 8 janvier, qu'ils
avaient l'intention de présenter leur démission en bloc en cas
de fermeture d'une laiterie Saint-Hubert (groupe Sodiaal) située
à Blâmont. L'usine a été en grande partie détruite le 11
septembre dernier, par un incendie, et les travaux de réfection
n'ont toujours pas été engagés. Depuis fors, les 110 employés
observent des périodes de chômage technique « par roulement». La
direction doit prendre une décision dans les jours qui viennent.
Trente-trois maires
démissionnent pour une laiterie. - Les maires des trente-trois
communes du canton de Blamont (Meurthe-et-Moselle) ont mis
samedi 11 janvier leur menace à exécution et démissionné en bloc
pour protester contre la décision du groupe Sodiaal de ne pas
reconstruire une laiterie incendiée en septembre 1991, qui
employait cent dix personnes (Le Monde du 10 janvier).
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