Consécration de l'Eglise d'Ancerviller
ET
BÉNÉDICTION DE L'ÉGLISE DE HALLOVILLE
par Son Excellence le Nonce apostolique (1)
(1) Extrait de la Semaine Religieuse du diocèse de Nancy et de Toul (24
novembre 1923)
« Le représentant du Pape en France consacrant une
nouvelle église construite avec l'argent de la France, à la place d'une
église détruite par les faits de guerre, - l'Evêque de Nancy disant à
l'ambassadeur du Saint-Siège tout le concours apporte par le Gouvernement
français et ses représentants dans la reconstruction des églises, - le Nonce
rapportant au Chef de l'Eglise catholique que la France, en s'imposant de
très lourds sacrifices, relève les temples de Dieu aussi bien que les
mairies et les écoles, les usines et les maisons de commerce, les fermes et
les habitations particulières, voilà des gestes et des paroles capables
d'impressionner tous les bons Français, tous les Etrangers sincères et de
détruire les préjugés et les erreurs engendrées par la propagande de nos
anciens ennemis.
« Monseigneur l'Evêque a exposé ces idées au Nonce apostolique et lui a
demandé de faire au diocèse de Nancy, l'honneur de présider la première
consécration d'église relevée des ruines de la guerre
« Monseigneur Cerretti, entrant dans les vues de notre Evêque, accepte
l'invitation. Nous avons tout lieu de croire que ce sera pour le bien de la
France et de l'Eglise.
C'est ainsi que la Semaine Religieuse annoncait que le Nonce allait venir au
diocèse de Nancy pour consacrer l'église d' Ancerviller. A nos lecteurs nous
devons dire comment s'est réalisé l'évènement annoncé.
L'Arrivée du Nonce
Ayant accepté avec empressement l'invitation que lui avait adressée
Monseigneur l'Evêque de donner sa haute approbation à l'oeuvre accomplie par
la Coopérative des églises dévastées, en consacrant, à Ancerviller, la
première église complètement reconstruite sur un terrain nouveau, sous la
direction de M. Deville, architecte départemental de la Reconstitution, et
dédiée comme l'ancienne à saint Martin, le Saint de la Victoire, S. Exc.
Monseigneur Cerretti, archevêque titulaire de Corinthe, Nonce apostolique à
Paris, est arrivé à Nancy, par l'express de Paris, lundi soir, 19 novembre,
à 4 h. 48, accompagné par Monseigneur Evreinow, son secrétaire.
Il fut reçu, à la descente du train, par Monseigneur l'Evêque, entouré de
MM. les Vicaires généraux, de M. le Chanoine Staemmel, doyen du Chapitre, de
M. le Chanoine Thouvenin et de plusieurs ecclésiastiques de la ville ; par
MM. Vidal, secrétaire général de la Préfecture, représentant M. le Préfet;
H. Mengin, maire de Nancy; le Colonel Guillaume, représentant M. le Général
commandant le 20e corps; le Marquis de Nittis, consul d'Italie et par
d'autres personnalités nancéiennes. Une foule respectueuse se pressait sur
le quai, dans le hall et dans la cour de la gare.
Le Nonce à l'Evêché
L'auguste visiteur fut conduit par Sa Grandeur à l'Evêché où il reçut le
général de Pouydraguin, commandant le 20e corps: le général Penot,
commandant la 20e région : M. Adam, recteur de l'Université ; M. le comte de
Marsanich, consul général d'Italie, accompagné de M. le marquis de Nittis ;
M le comte de Loppinot, camérier du Pape, etc ...
L'ambassadeur du Souverain Pontife se présenta ensuite à la Préfecture, pour
saluer le représentant du Gouvernement; puis il rendit les visites qu'il
venait de recevoir.
A 19 heures, Monseigneur l'Evêque, entouré de MM. les vicaires généraux
Barbier et Jérôme, dans un diner officiel, réunissait autour du Nonce M.
Magre, préfet de Meurthe-et-Moselle ; M. Mengin, maire de Nancy ; M. Michaut,
sénateur : M. Martelli, secrétaire général à la reconstruction ; M. Deville,
architecte en chef des Régions libérées ; M. Préaud, chef au service des
Coopératives de reconstruction ; MM. Bertin, Criqui et des Robert, membres
de Commissions diocésaine des monuments religieux ; M. le chanoine Thouvenin,
président, M. l'abbé Fiel, secrétaire, et M. le comte de Mahuet, secrétaire
de la Coopérative de reconstruction des églises du diocèse de Nancy.
Au dessert, Mgr de la Celle exprima sa profonde gratitude à Mgr Ceretti pour
le témoignage de l'intérêt qu'il porte et que porte Sa Sainteté pour l'oeuvre
de le reconstitution en venant consacrer une église entièrement
reconstruite. Il a remercié M. le Préfet qui, à la suite de ses
prédécesseurs, a bien voulu, par lui-même et par ses collaborateurs,
faciliter la tâche de la Coopérative: M. le Maire de Nancy, à la
bienveillance de qui l'Eglise Saint-Epvre a retrouvé ses vitraux ; les
membres de la Commission des Monuments religieux qui ont discuté avec une
grande compétence les plans qui leur furent soumis. Sa Grandeur témoigna sa
reconnaissance à la Coopérative diocésaine, en donnant le titre de vicaire
général honoraire à son président, M. la chanoine Thouvenin, et le titre de
chanoine honoraire à son secrétaire, M. l'abbé Fiel. L'Évêque de Nancy
termina en portant la santé du Souverain Pontife Pie XI.
Son Excellence Mgr Cerretti a répondu en se félicitant de voir l'union
sacrée toujours vivante en Meurthe-et-Moselle et en constatant ses heureux
effets dans tous les domaines, mais surtout dans celui de la reconstitution,
comme aussi dans le domaine religieux. « C'est cette union, dit-il, qui a
fait gagner la guerre ; c'est elle encore qui fera gagner a paix. Je lève
mon verre en l'honneur de M. Millerand, le président de la République
française. ».
Le Nonce à Ancerviller
Ancerviller, composé de deux agglomérations qui se suivent: Josain et Couvay,
et d'un hameau qui a donné son nom à toute la commune, est une paroisse qui
compte actuellement 550 habitants.
Situé dans la région de Blâmont, il fut durant presque toutes les
hostilités, abandonné entre les lignes des belligérants et exposé aux
ravages des bombardements et au lent, mais tenace, travail des intempéries.
Son église fut incendiée le 15 janvier 1915. La vaillance de ses habitants,
stimulée par M. l'abbé Fiel, aumônier à l'Ecole professionnelle de l'Est,
leur compatriote, et par M. l'abbé Renault, administrateur de la paroisse,
s'employa, dès l'Armistice, à relever les ruines et à remettre les champs en
culture, et, le 30 octobre 1921, Monseigneur l'Évêque et le regretté M.
Duponteil, préfet de Meurthe-et-Moselle eurent la douce satisfaction de
présider, avec de nombreuses autorités officielles et ecclésiastiques, au
milieu d'un concours considérable des populations du pays, la solennité de
la « résurrection d'Ancerviller », prélude et gage d'autres résurrections
(1).
(1) Voir la Semaine religieuse du 5 novembre 1921.
En ce jour de souvenir et d'espérance, après avoir évoqué les sacrifices
consentis par les enfants de la commune, tombés pour la France, et félicité
les habitants de leur vaillance toute lorraine, M. le Préfet ajouta : «
Quand un bâtiment est terminé, on place au faite un bouquet. Eh bien ! à la
reconstitution d'Ancerviller, nous allons mettre le bouquet, en posant la
première pierre de son église ».
« Le bouquet au faite» : le mot était heureux, avions-nous dit, en le
relatant, et la pensée très juste, et, voici qu'au bout de deux années,
grâce à l'activité de M. Deville, l'architecte, et de la Société française
des grands Travaux, de M. l'abbé Fiel, de M. le Curé et de M. le Maire d'Ancerviller,
elle se trouve complètement réalisée.
L'édifice, précédé d'une tour formant porche, s'élève, non loin de
l'ancienne église, sur un petit mamelon, en face de la rue principale, sur
une grande place qui fut ménagée par les constructeurs de Couvay et, de sa
masse imposante et de son haut clocher à la flèche élancée, portant la croix
à 42 mètres dans les airs, elle domine - tel le bouquet sur le faite - les
maisons du village et la campagne environnante.
S. Exc. le Nonce en fut très agréablement impressionné à son arrivée à
Ancerviller, par les rues. pavoisées et artistement décorées de mâts, de
guirlandes, de sapins, et d'arcs de triomphe, aux armes du Pape, du Nonce et
de l'Évêque de Nancy, le 20novembre, vers 7 heures du matin, aux accents
joyeux des nouvelles cloches. Il en témoigna sa vive satisfaction à
Monseigneur l'Évêque qui l'accompagnait ; à M le Maire qui le salua, entouré
du Conseil municipal; à M. le Curé et à son Conseil paroissial ; à
l'Architecte et à l'Entrepreneur ; à M. le Vicaire général Thouvenin et à M
le Chanoine Fiel, les deux animateurs de ces travaux, menés si rapidement.
Après avoir visité - ce qui lui causa une profonde
émotion - la modeste baraque qui, depuis près de cinq ans, sert de chapelle,
Son Excellence, assistée de MM. les chanoines Prévot et Lacombe, procéda aux
rites longs et complexes de la Consécration de la Maison du Seigneur. Sous
la direction de M. le chanoine Hubert de Saint-Vincent, maitre des
Cérémonies pontificales, et de M. l'abbé de Morlaincourt, avec le concours
d'un groupe de clercs du Grand Séminaire, amenés en autobus, comme les
autres officiants, se succédèrent : prières préparatoires à la porte de
l'église fermée ; triple aspersion de l'édifice à l'extérieur; entrée du
Consécrateur
avec ses assistants, dans la nef
complètement déserte ; chant du Veni Creator; inscription, par le Pontife
sur une croix de cendres dessinée sur le pavé, avec l'extrémité de sa
crosse, des lettres des alphabets grec et latin ; bénédiction de l'eau
grégorienne, destinée aux différentes lustrations ; exorcisme de la porte
principale; première phase de la consécration de l'autel; triple aspersion
des murs, à l'intérieur de l'édifice.
Tandis que ces rites mystiques, vénérables par leur symbolisme et par leur
haute antiquité, se déroulaient suivant les prescriptions du Pontifical
romain, dehors, puis dans l'église où le calorifère maintenait une douce
température, en présence de Monseigneur l'Evêque, de M. le Vicaire général
Barbier, de NN. SS Evreinow et Petit, de M. l'Archiprêtre de la Cathédrale,
de M. le Vicaire général Thouvenin, de MM. les chanoines Martin, Loewenbruck,
Fiel ; de MM. les Doyens de Blâmont, de Cirey, de Badonviller, et des Curés
ou Prêtres, originaires de la région, nous eûmes tout le loisir d'examiner
l'oeuvre de M. Deville.
La nouvelle église, de style ogival, avec
pieds droits assez bas et arceaux très élancés, porte la note personnelle du
Maitre distingué et offre une seule nef de cinq travées, longue de 23
mètres, large de 14, haute de 13 sous l'arête des voutes, complétée par un
vaste sanctuaire de 9 mètres de long, que meuble un riche autel de marbre,
avec parements de mosaïques, travail de la maison Etienne, et que termine
une abside triangulaire, le tout éclairé par d'artistiques verrières de
Gruber, aux couleurs vives, telles que les aime l'Ecole moderne, peut-être
un peu opaques, aux plombs accusant les lignes, mais parfois compliqués.
L'ensemble est harmonieux, commode pour l'exercice du culte et la vue des
cérémonies.
Les paroissiens d'Ancerviller sont, à juste titre, fiers de leur église; ils
l'aimeront encore davantage, quand elle sera dotée de tout le beau mobilier
que les artistes Cayette et Valin lui préparent. Ils ont été vaillants à
fréquenter leur baraque, si froide en hiver, si étouffante en été. Combien
ils seront satisfaits de se grouper, chaque dimanche et jour de fête, dans
cet édifice spacieux, chauffé en hiver par un bon calorifère et illuminé aux
jours sombres, par une copieuse installation électrique ! Puissent-ils
redire et vivre avec une fidélité toujours plus constante ce verset du
Psalmiste : « Qu'ils sont aimés, grand Dieu, les tabernacles ! »
L'aspersion intérieure terminée, on se
rendit en procession à la salle de Mairie où, la veille, sur un autel paré
de fleurs et de candélabres, avait été déposé le coffret de reliques de
saint Justin et des Martyrs de Trèves qui devait être scellé dans l'autel
majeur. Des prêtres, en chasubles rouges, le transportèrent sur leurs
épaules, escortés de porteurs de palmes et des sapeurs-pompiers qui
faisaient garde d'honneur, au milieu de la foule des fidèles qui attendait,
patiente et attentive à ces rites si nouveaux pour elle, que l'entrée du
saint lieu lui fût permise. Et, à ce moment, un rayon de soleil, comme pour
rehausser cette pompe triomphale, perça les nuées chargées de neige. Ayant
pénétré dans la nef, à la suite du Clergé, les fidèles purent être les
témoins intéressés de la dernière partie de la consécration de l'autel et
des douze onctions faites avec le Saint-Chrême sur les piliers de l'édifice
désormais sacré.
Après ces quatre heures de prières, de
chants et de cérémonies, la consécration de l'édifice étant terminée,
Monseigneur l'Evêque prononça l'allocution suivante :
EXCELLENCE,
C'est un devoir pour moi, infiniment doux à remplir, que de venir, au cours
de cette cérémonie religieuse et historique, vous dire, au nom de mes
diocésains et au mien, toute notre reconnaissance pour l'acte hautement
symbolique que vous accomplissez en notre faveur par la consécration de
cette église d'Ancerviller. Ni la rigueur de la saison, ni l'éloignement de
ce modeste village lorrain, non plus que la fatigue d'une aussi longue
fonction sacrée, n'ont pu arrêter votre Excellence désireuse de nous donner
la preuve évidente du profond intérêt que vous portez à la reconstitution de
notre pays, et plus encore à sa reconstitution religieuse.
Vous venez, en votre nom, Excellence, en votre nom à vous qui prenez tant à
coeur les intérêts de l'Eglise de France, mais aussi, j'allais dire surtout,
au nom du Pape, dont vous êtes parmi nous le représentant très aimé. Et là
encore, nous savons par expérience toute la généreuse affection dont le Père
commun des fidèles veut bien entourer ses humbles enfants de Lorraine, qu'il
s'appelle Benoît XV, faisant malgré ses charges écrasantes ce don royal de
25.000 francs à notre Coopérative diocésaine des Eglises dévastées, ou qu'il
s'appelle Pie XI, nous témoignant à nous-mêmes, par l'intérêt touchant avec
lequel naguère il nous écoutait et nous interrogeait sur l'état de notre
cher Diocèse, ses besoins et ses souffrances, toute l'affection d'un Père
pour ses enfants douloureusement éprouvés. Dès lors, en quels termes justes,
adéquats, pourrais-je traduire les sentiments de reconnaissance qui
remplissent nos coeurs ? Comment vous remercier, et par vous Sa Sainteté,
comme il conviendrait, au nom du Diocèse de Nancy, au nom surtout de ses
régions dévastées et de ses populations victimes de la guerre, unies à cette
heure dans un même élan de respectueuse mais affectueuse gratitude.
Il y a deux ans, c'était fête ici, la fête de la résurrection du village.
Maisons réparées et maisons entièrement reconstruites bordaient les rues et
se pavoisaient aux couleurs françaises, tandis que la première pierre de ce
sanctuaire était placée et bénite par Nous au cours d'une inoubliable
cérémonie à laquelle se rencontraient, avec l'autorité religieuse, les
autorités civile et militaire. Préfet de Meurthe-et-Moselle, Général
commandant le 20e corps, Sénateurs et Députés participaient à la fête du
premier village de France complètement reconstitué dans ses maisons.
Aujourd'hui, c'est l'église rebâtie de fond en comble, entièrement rétablie
donc, et sans doute la première encore de France, que votre Excellence a
bien voulu accepter de consacrer.
Cette église, elle se présente comme un témoignage, précieux, concret, du
travail opéré depuis ses deux années d'existence par la Coopérative des
Eglises dans Notre Diocèse : églises réparées et déjà rendues au culte,
églises en voie de reconstruction, couvertes et presque terminées, ou aux
murs s'élevant rapidement. L'oeuvre a marché à grands pas avec l'espérance
fondée, la certitude, que l'année prochaine ne s'écoulera pas que ne soit
terminé ou presque cet imposant effort. Il aura porté sur près de deux cents
édifices du culte dont quatre-vingt quinze, les plus importants et les plus
atteints, à la charge de notre coopérative diocésaine.
Ce magnifique résultat, laissez-moi, Excellence, en faire hommage à ceux à
qui il est dû, après Dieu et sa miséricordieuse Providence, c'est-à-dire à
tous ceux qui ont apporté à la reconstitution du pays et de nos églises leur
dévouement, leur science, leurs ressources de tout genre.
Hommage et reconnaissance au Gouvernement Français qui Nous a secondés de
tout le poids de son autorité, de sa bienveillance, de sa générosité
financière. Malgré les charges et les sacrifices qui lui incombent, il a
voulu que la reconstruction de nos églises fut menée de front avec la
reconstitution du pays et de ses édifices publics. Nous ne saurions que nous
féliciter de l'accueil rencontré sans cesse près de ceux qui le représentent
et des facilités de toute sorte qu'ils se sont plu à nous donner, souvent an
prix de beaucoup de peine.
Hommage reconnaissant aux municipalités qui ont sans cesse, comme celle d'Ancerviller,
fourni une étroite et intelligente coopération aux démarches nécessaires
pour la mise en train, aussi bien que pour la continuation des travaux à
accomplir
Hommage reconnaissant à nos si dévoués curés dont le zèle les a rendus les
infatigables associés des efforts de la Coopérative et ses meilleurs
instruments pour mener à bien son entreprise. A leur tête, je dois nommer
ici, pour lui affirmer la gratitude de tous et la mienne plus encore, M. le
Vicaire général Thouvenin, Président de la Coopérative de reconstruction des
Eglises du diocèse de Nancy en même temps que de l'Union des Coopératives de
reconstruction du département de Meurthe-et-Moselle, dont le zèle ingénieux
autant que sage et éclairé sut s'exercer dès le temps de la guerre, et n'a
cessé depuis de s'employer pour maintenir Notre Diocèse au premier rang de
cet immense travail de la reconstitution du pays. Près de lui, nous devons
encore un remerciement tout particulier à M. le Chanoine Fiel, Secrétaire de
la Coopérative diocésaine et de l'Union des Coopératives, dont la tâche
délicate, librement et vaillamment consentie par lui, a été remplie avec un
inlassable entrain et un merveilleux à-propos au profit de nos églises, non
seulement à Ancerviller, le pays natal qu'il chérit entre tous, mais dans
l'ensemble de nos régions dévastées.
Hommage reconnaissant à MM. les Architectes dont le talent n'a d'égal que
l'empressement à mettre debout leurs plans artistiques, tandis qu'à la
réalisation de ces plans MM. les Entrepreneurs, secondés par leurs diligents
ouvriers, apportent toute leur habile activité.
Hommage reconnaissant, enfin, à tous ceux qui avec une évidente sympathie
ont aidé de leurs deniers et rendu possible dès à présent l'oeuvre de
reconstruction, par leurs souscriptions nombreuses, empressées, aux
obligations de la Coopérative diocésaine et de l'Emprunt départemental.
Reconnaissance émue encore aux généreux bienfaiteurs, répondant à notre
appel par des centaines de mille francs donnés d'une main charitable et
désintéressée.
Aussi bien, Nous pouvons le dire d'un mot, c'est l'Union, l'entente
cordiale, la confiance réciproque, qui ont amené et amènent chaque jour ces
résultats définitifs auxquels il nous est si doux d'applaudir du fond de nos
coeurs pleins de gratitude.
Et voici, Excellence, qu'aujourd'hui même, vous venez par votre geste et
votre auguste présence bénir ces résultats dûs au dévouement et aux généreux
efforts de tous. Vous venez dire l'intérêt que le Souverain Pontife Lui-même
garde pour ses lointains enfants du front, Vous venez leur apporter le
témoignage officiel et tout paternel de son affection et de la vôtre, en
récompensant le succès de leurs communs efforts par la consécration
solennelle de cette église d'un humble village de Lorraine.
Certes, elle est belle cette église dans sa simplicité et sa modestie: je
m'en voudrais de ne point féliciter devant Votre Excellence, ceux qui se
sont employés à la faire ainsi, avec M. l'Architectes et M. l'Entrepreneur,
M. le Maire et la Municipalité que je salue au premier rang de cette pieuse
assistance, et qui ont si bien fait toutes choses pour préparer cette
magnifique cérémonie et donner à la paroisse un air de fête vraiment
triomphale et joyeusement organisée en votre honneur. Je dois surtout
remercier et féliciter le cher Curé de la paroisse, qui, avec un zèle
inépuisable, s'est employé à tout préparer, tout mettre au point, dans une
union parfaite avec ses fidèles paroissiens. Il les aime de toute son âme
sacerdotale, et ils le lui rendent bien justement, reportant sur lui
l'estime et l'affection qu'ils ont toujours vouées aux zélés pasteurs
chargés de les guider vers le Ciel.
Pour ce diocèse reconnaissant, pour ce peuple qui vous acclame, Excellence,
Vous offrez le Saint Sacrifice de la Messe, la prière sainte et efficace
entre toutes, venant achever la plus belle des cérémonies liturgiques.
Combien n'avons-nous pas confiance que ce Sacrifice Divin, offert par Celui
qui est le représentant le plus autorisé du Vicaire même de Jésus-Christ, ne
doive attirer sur nous les grâces les plus fécondes de résurrection,
d'union, de vie chrétienne. Nous croyons de toute notre âme, que par votre
bénédiction, Excellence, descendra sur nous la bénédiction même du
Souverain-Pontife, gage précieux des divines miséricordes pour ce pays, pour
Notre Diocèse, pour la France toute entière, qui s'honore et s'honorera
toujours, de son noble litre de Fille aînée de l'Eglise.
Son Excellence voulut ensuite adresser quelques paroles d'édification aux
dix-huit cents fidèles qui se pressaient dans l'église.
Mes Frères,
Vous n'attendiez, sans doute, de moi, aucun discours, peut-être même aucune
parole. Mais je ne puis rester silencieux et je veux dire d'abord tous mes
remerciements au vénéré Pasteur de ce diocèse.
C'est la première fois, dans ma vie épiscopale, que je consacre une église,
et j'attache ainsi à cette cérémonie une grande importance, d'autant plus
grande qu'il m'a été donné de procéder à la consécration de la première
église reconstruite en régions dévastées par la guerre.
Après avoir dit un mot de remerciement à votre évêque, je veux dire toute
mon admiration aux fils de ce beau pays de Lorraine. Ils ont gardé le même
amour à la Patrie et à l'Eglise.
Vous avez, mes chers Frères, rebâti vos maisons détruites, mais vous avez eu
garde d'oublier la maison du bon Dieu. C'est ici, dans ce temple, que vous
viendrez, aux heures mauvaises de la vie, aux minutes de découragement,
chercher et trouver le réconfort.
Je suis heureux aussi d'apercevoir, autour de moi, tous ces chers petits
enfants. La cérémonie qui vient de se dérouler restera gravée dans leurs
jeunes esprits; ils en perpétueront le souvenir pour les générations qu'ils
verront sourdre autour d'eux
Après avoir rendu hommage à votre sollicitude pieuse, à votre foi, à votre
initiative, je veux vous assurer que moi aussi je garderai précieusement le
souvenir ineffaçable des heures vécues à Ancerviller.
Votre foi ne s'est pas seulement manifestée par des paroles, mais par des
actes. Continuez, je vous en prie, à être de vrais croyants. Et puis aimez
votre évêque, qui est votre guide sûr ; montrez-lui en toutes occasions
votre aimante affection; soyez toujours reconnaissants et attachés à votre
cher pasteur.
Soyez heureux et soyez fiers, mais n'oubliez pas de regarder autour de vous
et de voir tout le travail qui reste à accomplir dans l'oeuvre du relèvement
de vos églises et de vos maisons lorraines.
Travaillez! c'est une bénédiction qui restera féconde sur vos foyers.
Et maintenant je vais avoir la grande joie de vous donner, au nom du
Saint-Père, la bénédiction apostolique. Je la donne à vous, à vos enfants, à
vos parents, à vos biens et à vos récoltes futures.
Ce fut encore Monseigneur le Nonce qui, malgré la fatigue, tint à célébrer
lui-même la Messe de la Dédicace pour clôturer cette longue cérémonie : la
messe fut dîte pour le diocèse, particulièrement pour les régions dévastées
et plus spécialement pour tous ceux qui travaillent à leur reconstitution
Pendant la Messe les chants, soutenus par un orgue de M. Didier, furent
admirablement exécutés par le choeur des Séminaristes, auxquels, suivant
notre si excellente tradition lorraine, se mêla, pour le Kyrie et le Credo,
la grande voix toujours si émouvante de l'assemblée chrétienne. Pour bien
marquer l'union des deux pouvoirs dans l'oeuvre de la reconstruction de nos
édifices sacrés, l'office se termina par le Tu es Petrus et le Domine,
salvam fac Rempublicam. Il était midi cinquante, quand les cloches saluèrent
la sortie des Prélats.
Un banquet servi dans la grande salle da
la Maison paroissiale qui s'élève, gracieuse et commode, sur l'emplacement
de l'ancienne église, tout près de la nouvelle, réunit, autour de NN. SS.
les Évêques, avec les ecclésiastiques présents à la cérémonie: M. le Maire
et son conseil ; une délégation de Halloville; M. Deville; M. Le Bourgeois,
architecte de la Coopérative d'Ancerviller ; MM. Gruber, Vallin, Cayette,
Didier, Daeschler; Pierre Jacquemin, vice-président de l'Union
départementale des Coopératives de Reconstruction ; Préaud, ingénieur du
Génie rural ; Comte de Mahuet, trésorier de la Coopérative des églises; E.
Hovasse, président de la Coopérative de reconstruction d'Ancerviller;
Pierrat, président du Conseil paroissial; Millot, directeur de l'Ecole
professionnelle de l'Est, etc ....
Au dessert, M. l'abbé Jacquot, curé d'Ancerviller, se leva et porta ce toast
dont nous donnons le texte :
EXCELLENCE,
C'est une insigne faveur pour notre paroisse d'être honorée de la visite de
votre Excellence et pour notre église d'avoir été consacrée par Elle. Tout
en savourant ces joies avec une gratitude infime et en nous inclinant avec
une pieuse émotion sous les bénédictions de l'ambassadeur du Saint-Père,
nous n'avons garde d'oublier ceux à qui nous devons le bonheur de quitter
aujourd'hui nos modestes chapelles provisoires pour prendre possession de
nos belles églises. Au nom de mes paroissiens et en mon nom personnel, je
demande-à votre Excellence de m'autoriser à leur rendre hommage.
MONSEIGNEUR,
Le 30 octobre 1921, au cours des fêtes de la résurrection du village d'Ancerviller,
après avoir béni les premières pierres de nos deux églises, que posait en
même temps M. le Préfet de Meurthe-et-Moselle, vous avez bien voulu nous
promettre de revenir pour consacrer l'église d'Ancerviller et bénir celle de
Halloville. Vous réalisez grandiosement votre promesse : je vous en exprime
notre filiale et profonde reconnaissance.
Ce sentiment, nous l'étendons jusqu'à la Coopérative des Eglises qui est
votre oeuvre, Monseigneur, puisque vous avez béni sa naissance et sans cesse
encouragé son fondateur. En cette solennité, dont les échos traverseront nos
frontières, c'est un devoir pour moi de parler au nom des curés des villages
dévastés et d'offrir à la reconnaissance de nos paroissiens l'oeuvre
incomparable de la Coopérative des Eglises. En la créant et en la dirigeant,
M. le chanoine Thouvenin a pris rang parmi les bienfaiteurs du Diocèse de
Nancy. Il nous plait de placer à ses côtés son fidèle collaborateur, notre
compatriote, M. l'abbé Fiel, qui a su consacrer une féconde activité à la
Coopérative des Eglises, sans perdre de vue la reconstruction d'Ancerviller,
dont il a été l'animateur infatigable.
Merci à M. Deville, architecte départemental, qui a dressé le plan de nos
deux églises et en a surveillé l'exécution : celle d'Ancerviller si
frappante par sa voute majestueuse, son style original, harmonieux et
puissant, et celle de Halloville, vrai bijou d'architecture encadré dans un
magnifique paysage.
Nous devons aussi une particulière gratitude à la Société française de
grands Travaux, anciens Etablissements Vercelli, dont M. Audigier est le
distingué directeur; elle a fait preuve de qualités d'exécution remarquables
et montré un désintéressement tout à fait digne d'éloges. En même temps
qu'aux dirigeants de l'Entreprise, j'adresse mes remerciements aux
différents corps de métier, aux chefs de chantiers et spécialement à M.
Martinero, qui a mis son coeur au service de ses qualités professionnelles.
Merci également à tous ces hommes de talent qui ont contribué ou
contribueront, avec un souci professionnel remarquable et un sens artistique
profond, à la décoration et à l'ameublement de nos églises: MM. Gruber et
Gsell, Vallin et Cayette, Etienne, Didier, Maurice, Daeschler, Robert et
Welch.
Je remercie également MM. les membres du Conseil municipal et du Conseil
paroissial de nos paroisses, qui ont porté .un grand intérêt à la
reconstruction de leurs églises et prêté, en toutes circonstances, à leur
curé, un concours actif et empressé. Merci à tous mes paroissiens qui ont
rivalisé de zèle pour que cette journée soit digne du représentant du
Saint-Père.
Je remercie enfin tous les membres du Clergé et vous tous, Messieurs, qui
avez répondu à notre invitation et honoré nos cérémonies de votre présence.
Et maintenant, Excellence, oserai-je vous prier de meure le comble à votre
bonté en épinglant sur la poitrine d'un brave serviteur de notre église la
distinction que notre Saint-Père, le Pape Pie XI, a bien voulu lui accorder
en récompense de quarante quatre années de dévouement ?
Monseigneur Cerretti répondit à ce voeu, en remettant la médaille « Bene
Merenti » à M. Jean-Baptiste CORRETTE, chantre et sacristain de l'église,
très ému de cette auguste récompense, et il redit, en termes des plus
aimables, le souvenir reconnaissant et édifiant qu'il gardera de son voyage
en ce coin de Lorraine. Il souligna les heureux effets de l'union entre les
diverses autorités, maire, instituteur et curé. Le Souverain Pontife avait
été informé par lui de ce qu'il avait accepté de faire à Ancerviller; sa
réponse ne lui était pas encore parvenue : il regretta vivement de ne point
goûter la satisfaction d'en donner lui -même connaissance à la population
qui l'avait si respectueusement et si splendidement accueilli. Il laissa
cette joie à M. le Curé, pour la prochaine réunion dominicale, dans la jeune
église, toute radieuse encore de sa consécration.
M l'abbé Gérardin, originaire d'Ancerviller, curé de
Laneuveville-devant-Nancy, lut, au Prélat consécrateur, une ode en strophes
saphiques, très élégamment tournée :
Templa, eeu, gemmis rutilans amictus,
Triste post bellum, patriam perornant ;
Quemque nunc vicum nova ditat sedes
Hospiti Christo.
Quoe domos forma superans et arte,
Incolis portas domus ipsa pandit;
Aere percusso resonante, cives
Convocat omnes.
Adstat ingenti speciosa mole :
Hoeret electis fabricata saxis ;
Intus et multis variata vitris
Tota coruscat:
Verticem tollens superas ad auras
Indicat coelum sacra deprecantis
Ad Deum versus penetrare recto
Tramite vota.
Sint tibi grates, venerande Proesul,
Rite qui nostram modo dedicâsti :
Non erit tanti populus favoris
Immemor unquam.
Huc frequens certis veniens diebus
Nunc preces supplex lacrimasve fundat
Nunc et alterno pia turba laudes
Concinat ore.
Sponte qui sanctâ latitans in arce,
Cum suis hospes voluit morari,
Gratias semper Deus et fidelem
Sumat amorem, (1)
(1) En voici la traduction:
Voici que notre pays, après les désolations de la guerre, revêt la blanche
parure des églises. Il n'est pas une bourgade au centre de laquelle ne
s'élève reconstruite la Maison qui abrite le Christ Jésus.
Elle surpasse les demeures qui l'entourent par son architecture et son
caractère artistique. Elle ouvre ses portes aux habitants du lieu, et les
appelle tous par la voix retentissante de l'airain de ses cloches, car elle
est la Maison de tous.
Voyez comme elle est belle dans sa masse imposante; des pierres choisies en
forment la structure. A l'intérieur, de belles verrières la nuancent de
leurs couleurs variées et en font ressortir toute la splendeur.
Sa flèche, qui se perd dans les airs, symbolise la prière du fidèle qui
monte directement vers le ciel jusqu'au trône de Dieu.
Soyez béni et remercié, vénéré Prélat, d'avoir bien voulu consacrer
solennellement notre chère église. Vous nous avez fait un honneur
exceptionnel, dont nous garderons toujours le souvenir.
Qu'à certains jours, les fidèles de cette paroisse se rendent en foule dans
ce saint lieu, tantôt pour y répandre leurs voeux ou leurs larmes, et tantôt
pour y chanter en choeur les divines louanges.
Reconnaissance et fidèle amour soient rendus à tout jamais au Seigneur Dieu
qui, nous dérobant discrètement sa Majesté infinie, a daigné, afin d'habiter
au milieu de ses enfants, choisir pour sa demeure le sanctuaire de nos
églises.
L'heure pressant, on monta en automobiles, pour se rendre à Halloville dont
les habitants attendaient le Représentant du Chef commun des fidèles et leur
Evêque, dans les rues ornées, comme celles d'Ancerviller, de mâts, de
guirlandes et de beaux arcs de triomphe.
La Bénédiction de l'église de Halloville
Halloville, petit village, annexe d'Ancerviller, avait été plus complètement
détruit. Aussi, a-t-on profité de cette dévastation, pour le déplacer et le
reconstruire, non plus sur le penchant de sa colline, mais dans la plaine.
Il compte aujourd'hui une centaine d'habitants.
Au soir de la fêle de la résurrection d'Ancerviller, voici deux ans, M. le
Préfet avait posé, et Monseigneur l'Evêque avait béni la première pierre de
l'église dont M Deville avait également dessiné les plans. L'édifice a
marché de pair avec l'église d'Ancerviller; il était prêt pour la
bénédiction que, vraiment infatigable dans sa condescendance, Monseigneur
Cerretti tint à lui donner.
Les rites d'une bénédiction solennelle sont moins complexes que ceux d'une
consécration ; ils sont toutefois très imposants avec leurs prières, leurs
litanies des saints, l'aspersion extérieure, puis intérieure, des murs du
saint lieu.
Et cette église, moins vaste, mais élégante et commode, en son style qui
rappelle celui de l'église de la paroisse, et éclairée par des vitraux
historiés de M. Gsell, marqueterie de verre, aux tons et à la facture très
modernes. Monseigneur l'Evêque, dans une courte et chaleureuse allocution,
après avoir remercié Son Excellence et payé un juste tribut de gratitude à
la Municipalité et à tous les artisans de cette reconstruction, engagea les
habitants à en être le plus bel ornement par leur assiduité aux offices.
Un vin d'honneur fut ensuite servi à la Mairie-Ecole, élégant édifice très
bien conçu, situé sur la place, en face de l'église. M. le Maire lut une
adresse à NN. SS. les Prélats et aux restaurateurs de Halloville. S. Exc. le
Nonce y répondit en quelques mots gracieux. La nuit était venue: il était
temps de regagner Nancy.
Lettre de S. E. le Cardinal Gasparri
En rentrant à l'Évêché, Monseigneur l'Evêque trouva la lettre dont le Nonce
avait regretté de ne pouvoir faire lecture à Ancerviller et dont voici le
texte, très flatteur pour l'oeuvre accomplie par la Coopérative diocésaine
des églises dévastées,
SEGRETERIA DE STATO Dl SUA SANTITA
Dal Vaticano, 15 novembre 1923.
A S.G. MGR HIPPOLYTE DE LA CELLE, EVÊQUE DE NANCY
Monseigneur,
C'est avec une vive et toute paternelle satisfaction que Sa Sainteté le Pape
Pie XI a appris, par Monseigneur le Nonce à Paris, la nouvelle de la
prochaine consécration de la première des églises dévastées en France qui
vient d'être définitivement reconstruite à Ancerviller.
En daignant s'associer à la joie bien légitime de Votre Grandeur, du clergé
et des fidèles de cette paroisse en particulier, le Saint Père se plaît à
adresser ses félicitations à tous ceux qui, de quelque manière, ont
contribué à conduire à bonne fin cette sainte entreprise.
Les Lorrains pourront dire du 20 novembre « haec dies quam fecit Dominus »
(1), et le Souverain Pontife lui-même sera présent au milieu d'eux en la
personne du Nonce apostolique.
A cette occasion le Saint Père forme le voeu que cette consécration soit
comme l'heureux prémice et le signal de la prochaine résurrection des
églises dévastées de la Lorraine et de la France entière et souhaite en même
temps que l'église d'Ancerviller et toutes celles qui surgiront à sa suite
réalisent les paroles de l'Oraison liturgique de la Dédicace des églises :
« Ut quisquis hoc templum petiturus ingreditur, cuncta se impetrasse
laetetur » (2).
Comme gage de ces faveurs, Sa Sainteté accorde de tout coeur à Votre
Grandeur, au clergé et aux fidèles d'Ancerviller, aux membres de la
Coopérative pour la reconstruction des églises, et à tous ceux qui prendront
part à ladite fête, la bénédiction apostolique, autorisant aussi Votre
Grandeur à donner ou faire donner, à cette occasion, la Bénédiction Papale,
avec Indulgence plénière, aux conditions ordinaires.
Je saisis avec empressement l'occasion de vous renouveler, Monseigneur,
l'assurance de mon entier dévouement en Notre-Seigneur.
Signé : GASPARRI.
(1) C'est le jour que fit le Seigneur.
(2) Que tous ceux qui viennent prier dans cette église, se réjouissent
d'avoir eu leurs demandes exaucées.
Lettre de M. le Ministre des Régions Libérées
Le Président de la Coopérative des églises avait informé le Ministre des
Régions libérées de la consécration, par le Nonce du Pape en France, de
l'église d'Ancerviller reconstruite grâce aux crédits accordés par le
Gouvernement. Cette fête, écrivait-il, qui sera purement religieuse, doit
montrer à tous que la France, en même temps qu'elle reconstitue les foyers
dévastés, relève les édifices religieux.
M. Reibel a bien voulu faire la réponse suivante:
MINISTÈRE DES RÉGIONS LIBERÉES
Cabinet du Ministre
Paris, le 19 Novembre 1923.
CHER MONSIEUR L'ABBÉ
Je vous remercie bien vivement de votre lettre et de la pensée qui l'anime.
J'estime avec vous et avec Monseigneur l'Evêque de Nancy que la cérémonie
d'inauguration de l'église d'Ancerviller doit avoir un caractère
exclusivement religieux.
Je n'en suis pas moins très sincèrement touché de votre attention, ainsi
que, du souvenir que vous conservez de votre ancien Préfet, Monsieur
Duponteil.
Veuillez agréer, cher Monsieur l'Abbé, l'assurance de mes sentiments les
meilleurs et les plus dévoués.
Signé: REIBEL
LETTRE DE S. EXC. LE NONCE
à Monseigneur l'Evêque
NONCIATURE APOSTOLIQUE DE FRANCE
Paris, le 22 novembre 1923.
MONSEIGNEUR,
A mon retour à Paris, je tiens encore une fois à vous exprimer tous mes
remerciements de l'occasion que Votre Grandeur a voulu m'offrir de venir
dans son Diocèse et d'y présider une cérémonie aussi touchante que
solennelle dont le souvenir restera à jamais gravé dans mon coeur.
Ce me fut, en effet, une bien douce consolation au milieu des labeurs et des
préoccupations de ma charge, que de constater cette profonde piété, ce
remarquable esprit de foi et ce fidèle attachement au Saint-Siège qui
forment la glorieuse tradition du peuple lorrain et qui se sont manifestés à
mon égard avec une spontanéité qui m'a vivement impressionné.
Ayant eu la joie de visiter le petit et le grand Séminaires, dont les jeunes
élèves m'ont beaucoup édifié par leur maintien plein de recueillement et de
dévotion, j'en ai emporté la ferme conviction que Votre Grandeur possède là
un précieux gage pour l'avenir de son Diocèse et je la félicité
chaleureusement de ce beau résultat de son infatigable zèle apostolique.
En remerciant encore une fois Votre Grandeur et son admirable clergé de
l'accueil si cordial que j'ai reçu dans le diocèse de Nancy, je profite de
cette occasion pour vous renouveler, Monseigneur, l'expression de m on
profond et respectueux dévouement en N. S.
Signé : B.CERRETTI
Archevêque de Corinthe,
Nonce apostolique.
Lettre de M. Massiani
Correspondant de la Presse catholique américaine.
Les cérémonies d'Ancerviller et de Halloville peuvent avoir une très grande
porteé à l'étranger, au point de vue catholique et français. C'est pourquoi
nous publions la lettre suivante, adressée à M. le Curé d'Ancerviller.
Paris, le 30 Novembre 1923.
MONSIEUR LE CURÉ,
« Correspondant pour la France (en collaboration avec le Comité Catholique
des Amitiés Françaises) du Bureau d'information de la Presse catholique
américaine, j'ai été heureux de pouvoir adresser à Washington un
compte-rendu de l'inauguration de l'église d'Ancerviller par Son Excellence
le Nonce apostolique, de même que déjà, antérieurement, j'avais signale
l'effort accompli par les Catholiques lorrains pour reconstruire leurs
églises.
« Il serait bien utile de joindre à ce récit, pour la feuille illustrée que
publie le Bureau de Washington, une ou deux photographies de la cérémonie.
Je vous serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir m'en faire
adresser, si vous en possédez. Je n'ai pas besoin d'insister pour montrer
quel intérêt nous avons à présenter aux Américains un témoignage de
l'activité déployée par les Catholiques des régions dévastées pour suppléer
à la carence de l'Allemagne qui devait réparer.
« Veuillez, etc... ».
Signé: MASSIANl.
SOCIETE COOPERATIVE DE RECONSTRUCTION
DES EGLISES DU D!OCÈSE DE NANCY
6. Rue Léopold-Lallement. );ancy
Fondée le 15 mars 1921. - Approuvée le 17 mars 1921 (Loî du 15 août 1920)
Comité de patronage
Président :
Monseigneur DE LA CELLE, évêque de Nancy.
Membres :
MM. LEBRUN, MICHAUT et MICHEL, sénateurs de Meurthe-et-Mosellc.
MM. MARIN, FERRY, MAZERAND, DE WARREN et DE WENDEL, députés de
Meurthc-et-Moselle.
Conseil d'administration
Président:
M. l'abbé L. THOUVENIN, vicaire génèral honoraire.
Vice-prèsident :
M. HENRIOT, maire de Chambley
Secrétaire :
M. le chanoine FIEL
Trésorier :
M. le comte A. DE MAHUET.
Membres :
MM. DARDAINE. maire de Manoncourt-sur-Seille ;
GODFRIN, conseiller municipal de Gerbéviller ;
LEHALLE. maire de Fey ;
DE METZ-NOBLAT, maire de Bey.
Commission de surveillance
MM. MALVAL. conseiller municipal de Nancy :
DIDELON, conseiller général, directeur de la Caisse d'épargne de Nancy.
Nombre d'églises confiéés à la Coopérative : 95.
Programme des travaux : Quarante-cinq millions.
Paiements effectués :
En 1921 111.474f85
En 1922 3.160.729 61
En 1923 (jusqu'au 17 novembre) 16.830.517 91
20.102.722 40
dont:
par Crédits d'Etat 10.7532.988 22
par Emprunts garantis par l'Etat 9.348.734 18
Donations
Suivant la loi du 12 juillet 1921, la Coopérative des églises peut recevoir
des libéralités, dons et legs, en argent, en valeurs et en indemnités de
dommages de guerre, sans qu'il y ait des autorisations à demander, sans que
l'Etat intervienne pour en limiter le montant, sans que le fisc exige aucun
droit de timbre ou d'enregistrement.
En 1923, de nombreuses donations ont été faites par devant notaire par des
sinistres désireux d'embellir leur église paroissiale (autels, vitraux,
cloches, ornements, vases sacrés, etc ... ) |