La Semaine Religieuse du Diocèse de Nancy & de Toul
Ed. Nancy - 1923
3 novembre 1923 - n° 44 - p. 678
PAGE OFFICIELLE
Le Nonce du Pape dans le Diocèse de Nancy
Son Excellence Monseigneur Ceretti, a accepté l'invitation que Monseigneur lui
avait faite de présider la cérémonie de la consécration de l'église d'Ancerviller,
le mardi 20 novembre. C'est un grand honneur pour la Coopérative diocésaine et
un précieux témoignage de sympathie pour les sinistrés de Guerre.
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novembre 1923 - n° 46 - p. 708
PARTIE OFFICIELLE
S. Exc. le Nonce dans le Diocèse de Nancy Son Excellence Mgr Cerretti, Nonce
Apostolique, arrivera à la gare de Nancy, le lundi 19 novembre, à 16 h. 48.
Voici le programme de la Consécration de l'église d'Ancerviller, le Mardi 20
novembre :
Après la réception, à la Mairie, de Son Excellence le Nonce Apostolique et de
Monseigneur l'Evêque, vers 7 h. 30, commenceront les Prières de la Consécration
de l'église. - Puis, vers 9 h. 30, Procession solennelle des Reliques. - Vers 11
h. 30, Messe de Monseigneur Cerretti. Allocution de Monseigneur l'Evêque.
L'après-midi, à 15 heures, aura lieu la Bénédiction de l'église de Halloville.
Monseigneur l'Evêque prononcera une allocution.
Ces cérémonies auront un caractère purement religieux.
Le 21 novembre, à 8 h. 45, Son Excellence présidera, au Grand-Séminaire, la fête
de la Présentation de la Sainte-Vierge.
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novembre 1923 - n° 47 - p. 721
Son Excellence le Nonce apostolique dans
le Diocèse de Nancy
« Le représentant du Pape en France consacrant une
nouvelle église construite avec l'argent de la France, à la place d'une église
détruite par les faits de guerre, - l'Evêque de Nancy disant à l'ambassadeur du
Saint-Siège tout le concours apporte par le Gouvernement français et ses
représentants dans la reconstruction des églises, - le Nonce rapportant au Chef
de l'Eglise catholique que la France, en s'imposant de très lourds sacrifices,
relève les temples de Dieu aussi bien que les mairies et les écoles, les usines
et les maisons de commerce, les fermes et les habitations particulières, voilà
des gestes et des paroles capables d'impressionner tous les bons Français, tous
les Etrangers sincères et de détruire les préjugés et les erreurs engendrées par
la propagande de nos anciens ennemis.
« Monseigneur l'Evêque a exposé ces idées au Nonce apostolique et lui a demandé
de faire au diocèse de Nancy, l'honneur de présider la première consécration
d'église relevée des ruines de la guerre
« Monseigneur Cerretti, entrant dans les vues de notre Evêque, accepte
l'invitation. Nous avons tout lieu de croire que ce sera pour le bien de la
France et de l'Eglise.
C'est ainsi que la Semaine Religieuse annoncait que le Nonce allait venir au
diocèse de Nancy pour consacrer l'église d' Ancerviller. A nos lecteurs nous
devons dire comment s'est réalisé l'évènement annoncé.
L'Arrivée du Nonce à Nancy
Ayant accepté avec empressement l'invitation que lui avait adressée Monseigneur
l'Evêque de donner sa haute approbation à l'oeuvre accomplie par la Coopérative
des églises dévastées, en consacrant, à Ancerviller, la première église
complètement reconstruite sur un terrain nouveau, sous la direction de M.
Deville, architecte départemental de la Reconstitution, et dédiée comme
l'ancienne à saint Martin, le Saint de la Victoire, S. Exc. Monseigneur Cerretti,
archevêque titulaire de Corinthe, Nonce apostolique à Paris, est arrivé à Nancy,
par l'express de Paris, lundi soir, 19 novembre, à 4 h. 48, accompagne par
Monseigneur Evreinow, son secrétaire.
Il fut reçu, à la descente du train, par Monseigneur l'Evêque, entouré de MM.
les Vicaires généraux, de M. le Chanoine Staemmel, doyen du Chapitre, de M. le
Chanoine Thouvenin et de plusieurs ecclésiastiques de la ville ; par MM. Vidal,
secrétaire général de la Préfecture, représentant M. le Préfet; M. Mengin, maire
de Nancy; le Colonel Guillaume, représentant M. le Général commandant le 20e
corps; le Marquis de Nittis, consul d'Italie et par d'autres personnalités
nancéiennes. Une foule respectueuse se pressait sur le quai, dans le hall et
dans la cour de la gare.
A l'Evêché
L'auguste visiteur fut conduit par Sa Grandeur à l'Evêché où il reçut le général
de Pouydraguin, commandant le 20e corps: le général Penot, commandant la 20e
région : M. Adam, recteur de l'Université ; M. le comte de Marsanich, consul
général d'Italie, accompagné de M. le marquis de Nittis ; M le comte de Loppinot,
camérier du Pape, etc ...
L'ambassadeur du Souverain Pontife se présenta ensuite à la Préfecture, pour
saluer le représentant du Gouvernement; puis il rendit les visites qu'il venait
de recevoir.
A 19 heures, Monseigneur l'Evêque, entouré de MM. les vicaires généraux Barbier
et Jérôme, dans un diner officiel, réunissait autour du Nonce M. Magre, préfet
de Meurthe-et-Moselle ; M. Mengin, maire de Nancy ; M. Michaut, sénateur : M.
Martelli, secrétaire général à la reconstruction ; M. Deville, architecte en
chef des Régions libérées ; M. Préaud, chef au service des Coopératives de
reconstruction ; MM. Bertin, Criqui et des Robert, membres de Commissions
diocésaine des monuments religieux ; M. le chanoine Thouvenin, président, M.
l'abbé Fiel, secrétaire, et M. le comte de Mahuet, secrétaire de la Coopérative
de reconstruction des églises du diocèse de Nancy.
Au dessert, Mgr de la Celle exprima sa profonde gratitude à Mgr Ceretti pour le
témoignage de l'intérêt qu'il porte et que porte Sa Sainteté pour l'oeuvre de le
reconstitution en venant consacrer une église entièrement reconstruite. Il a
remercié M. le Préfet qui, à la suite de ses prédécesseurs, a bien voulu, par
lui-même et par ses collaborateurs, faciliter la tâche de la Coopérative: M. le
Maire de Nancy, à la bienveillance de qui l'Eglise Saint-Epvre a retrouvé ses
vitraux ; les membres de la Commission des Monuments religieux qui ont discuté
avec une grande compétence les plans qui leur furent soumis. Sa Grandeur
témoigna sa reconnaissance à la Coopérative diocésaine, en donnant le titre de
vicaire général honoraire à son président, M. la chanoine Thouvenin, et le titre
de chanoine honoraire à son secrétaire, M. l'abbé Fiel. L'Évêque de Nancy
termina en portant la santé du Souverain Pontife Pie XI.
Son Excellence Mgr Cerretti a répondu en se félicitant de voir l'union sacrée
toujours vivante en Meurthe-et-Moselle et en constatant ses heureux effets dans
tous les domaines, mais surtout dans celui de la reconstitution, comme aussi
dans le domaine religieux. « C'est cette union, dit-il, qui a fait gagner la
guerre ; c'est elle encore qui fera gagner a paix. Je lève mon verre en
l'honneur de M. Millerand, le président de la République française. ».
La Consécration de l'église d' Ancerviller
Ancerviller, composé de deux agglomérations qui se suivent: Josain et Couvay, et
d'un écart qui conserve le nom même de la commune, est une paroisse qui compte
actuellement 550 habitants.
Situé dans la région de Blâmont, il fut durant presque toutes les hostilités,
abandonné entre les lignes des belligérants et exposé aux ravages des
bombardements et au lent, mais tenace, travail des intempéries. Son église fut
incendiée le 15 janvier 1915. La vaillance de ses habitants, stimulée par M.
l'abbé Fiel, aumônier à l'Ecole professionnelle de l'Est, leur compatriote, et
par M. l'abbé Renault, administrateur de la paroisse, s'employa, dès
l'Armistice, à relever les ruines et à remettre les champs en culture, et, le 30
octobre 1921, Monseigneur l'Évêque et le regretté M. Duponteil, préfet de
Meurthe-et-Moselle eurent la douce satisfaction de présider, avec de nombreuses
autorités officielles et ecclésiastiques, au milieu d'un concours considérable
des populations du pays, la solennité de la « résurrection d'Ancerviller »,
prélude et gage d'autres résurrections (1).
(1) Voir la Semaine religieuse du 5 novembre 1921.
En ce jour de souvenir et d'espérance, après avoir évoqué les sacrifices
consentis par les enfants de la commune, tombés pour la France, et félicité les
habitants de leur vaillance toute lorraine, M. le Préfet ajouta : « Quand un
bâtiment est terminé, on place au faite un bouquet. Eh bien ; à la
reconstitution d'Ancerviller, nous allons mettre le bouquet, en posant la
première pierre de son église ».
« Le bouquet au faite» : le mot était heureux, avions-nous dit, en le relatant,
et la pensée très juste, et, voici qu'au bout de deux années, grâce à l'activité
de M. Deville, l'architecte, Pt de la Société française des grands Travaux, de
M. l'abbé Fiel, de M. le Curé et de M. le Maire d'Ancerviller, elle se trouve
complètement réalisée.
L'édifice, précédé d'une tour formant porche, s'élève, non loin de l'ancienne
église, sur un petit mamelon, en face de la rue principale, sur une grande place
qui fut ménagée par les constructeurs de Couvay et, de sa masse imposante et de
son haut clocher à la flèche élancée, portant la croix à 42 mètres dans les
airs, elle domine tel le bouquet sur le faite, les maisons du village et la
campagne environnante.
S. Exc. le Nonce en fut très agréablement impressionné à son arrivée à
Ancerviller, par les rues. pavoisées et artistement décorées de mâts, de
guirlandes, de sapins, et d'arcs de triomphe, aux armes du Pape, du Nonce et de
l'Évêque de Nancy, mardi dernier, vers 7 heures du matin, aux accents joyeux des
nouvelles cloches. Il en témoigna sa vive satisfaction à Monseigneur l'Évêque
qui l'accompagnait ; à M le Maire qui le salua, entouré du Conseil municipal; à
M. le Curé et à son Conseil paroissial; à l'Architecte et à l'Entrepreneur: à
M. le Vicaire général Thouvenin et à M le Chanoine Fiel, les deux animateurs de
ces travaux, menés si rapidement.
Après avoir visité - ce qui lui causa une profonde émotion - la modeste baraque
qui, depuis près de cinq ans, sert de chapelle, Son Excellence, assistée de MM.
les chanoines Prévot et Lacombe, procéda aux rites longs et complexes de la
Consécration de la Maison du Seigneur. Sous la direction de M. le chanoine
Hubert de Saint-Vincent, maitre des Cérémonies pontificales, et de M. l'abbé de
Morlaincourt, avec le concours d'un groupe de clercs du Grand Séminaire, amenés
en autobus, comme les autres officiants, se succédèrent : prières préparatoires
à la porte de l'église fermée ; triple aspersion de l'édifice à l'extérieur;
entrée du Consécrateur avec ses assistants, dans la nef complètement déserte ;
chant du Veni Creator; inscription, par le Pontife sur une croix de cendres
dessinée sur le pavé, avec l'extrémité de sa crosse, des lettres des alphabets
grec et latin ; bénédiction de l'eau grégorienne, destinée aux différentes
lustrations ; exorcisme de la porte principale; première phase de la
consécration de l'autel; triple aspersion des murs, à l'intérieur de l'édifice.
Tandis que ces rites mystiques, vénérables par leur symbolisme et pa1r leur
haute antiquité, se déroulaient suivant les prescriptions du Pontifical romain,
dehors, puis dans l'église où le calorifère maintenait une douce température, en
présence de Monseigneur l'Evêque, de M. le Vicaire général Barbier se NN. SS
Evreinow et Petit, de M. l'Archiprêtre de la Cathédrale, de L. le Vicaire
général Thouvenin, de MM. les chanoines Martin, Loewenbruck, Fiel ; de MM. les
Doyens de Blâmont, de Cirey, de Badonviller, et des Curés ou Prêtres,
originaires de la région, nous eûmes tout le loisir d'examiner l'oeuvre de M.
Deville.
La nouvelle église, de style ogival, avec pieds droits assez bas et arceaux très
élancés, porte la note personnelle du Maitre distingué et offre une seule nef de
cinq travées, longue de 23 mètres, large de 14, haute de 13 sous l'arête des
voutes, complétée par un vaste sanctuaire de 9 mètres de long, que meuble un
riche autel de marbre, avec parements de mosaïques, travail de la maison
Etienne, et que termine une abside triangulaire, le tout éclairé par
d'artistiques verrières de Gruber, aux couleurs vives, telles que les aime
l'Ecole moderne, peut-être un peu opaques, aux plombs accusant les lignes, mais
parfois compliqués. L'ensemble est harmonieux, commode pour l'exercice du culte
et lu vue des cérémonies.
Les paroissiens d'Ancerviller sont, à juste titre, fiers de leur église; ils
l'aimeront encore davantage, quand elle sera dotée de tout le beau mobilier que
les artistes Cayette et Valin lui préparent. Ils ont été vaillants à fréquenter
leur baraque, si froide en hiver, si étouffante en été. Combien ils seront
satisfaits de se grouper, chaque dimanche et jour de fête, dans cet édifice
spacieux, chauffé en hiver par in bon calorifère et illuminé aux jours sombres,
par une copieuse installation électrique ! Puissent-ils redire et vivre avec une
fidélité toujours plus constante ce verset du Psalmiste : « Qu'ils sont aimés,
grand Dieu, les tabernacles ! »
L'aspersion intérieure terminée, on se rendit en procession à la salle de Mairie
où, la veille, sur un autel paré de fleurs et de candélabres, avait été déposé
le coffret de reliques de saint Justin et des Martyrs de Trèves qui devait être
scellé dans l'autel majeur. Des prêtres, en chasubles rouges, le transportèrent
sur leurs épaules, escortés de porteurs de palmes et des sapeurs-pompiers qui
faisaient garde d'honneur, au milieu de la foule des fidèles qui attendait,
patiente et attentive à ces rites si nouveaux pour elle, que l'entrée du saint
lieu lui fût permise. Et, à ce moment, un rayon de soleil, comme pour rehausser
cette pompe triomphale, perça les nuées chargées de neige. Ayant pénétré dans la
nef, à la suite du Clergé, les fidèles purent être les témoins intéressés de la
dernière partie de la consécration de l'autel et des douze onctions faites avec
le Saint-Chrême sur les piliers de l'édifice désormais sacré.
Enfin, après ces quatre heures de prières, de chants et de cérémonies, les
cloches annoncèrent le début de la Messe de la Dédicace que, malgré sa fatigue,
Monseigneur le Nonce avait tenu à dire lui-même, pour le diocèse,
particulièrement pour les régions dévastées et plus spécialement pour tous ceux
qui travaillent à leur reconstitution.
Avant qu'elle commençât, Monseigneur l'Evêque prononça l'allocution suivante :
EXCELLENCE,
C'est un devoir pour moi, infiniment doux à remplir, que de venir, au cours de
cette cérémonie religieuse et historique, vous dire, au nom de mes diocésains et
au mien, toute notre reconnaissance pour l'acte hautement symbolique que vous
accomplissez en notre faveur par la consécration de cette église d'Ancerviller.
Ni la rigueur de la saison, ni l'éloignement de ce modeste village lorrain, non
plus que la fatigue d'une aussi longue fonction sacrée, n'ont pu arrêter votre
Excellence désireuse de nous donner la preuve évidente du profond intérêt que
vous portez à la reconstitution de notre pays, et plus encore à sa
reconstitution religieuse.
Vous venez, en votre nom, Excellence, en votre nom à vous qui prenez tant à coeur
les intérêts de l'Eglise de France, mais aussi, j'allais dire surtout, au nom du
Pape, dont vous êtes parmi nous le représentant très aimé. Et là encore, nous
savons par expérience toute la généreuse affection dont le Père commun des
fidèles veut bien entourer ses humbles enfants de Lorraine, qu'il s'appelle
Benoît XV, faisant malgré ses charges écrasantes ce don royal de 25.000 francs à
notre Coopérative diocésaine des Eglises dévastées, ou qu'il s'appelle Pie XI,
nous témoignant à nous-mêmes, par l'intérêt touchant avec lequel naguère il nous
écoutait et nous interrogeait sur l'état de notre cher Diocèse, ses besoins et
ses souffrances, toute l'affection d'un Père pour ses enfants douloureusement
éprouvés. Dès lors, en quels termes justes, adéquats, pourrais-je traduire les
sentiments de reconnaissance qui remplissent nos coeurs ? Comment vous remercier,
et par vous Sa Sainteté, comme il conviendrait, au nom du Diocèse de Nancy, au
nom surtout de ses régions dévastées et de ses populations victimes de la
guerre, unies à cette heure dans un même élan de respectueuse mais affectueuse
gratitude.
Il y a deux ans, c'était fête ici, la fête de la résurrection du village.
Maisons réparées et maisons entièrement reconstruites bordaient les rues et se
pavoisaient aux couleurs françaises, tandis que la première pierre de ce
sanctuaire était placée et bénite par Nous au cours d'une inoubliable cérémonie
à laquelle se rencontraient, avec l'autorité religieuse, les autorités civile et
militaire. Préfet de Meurthe-et-Moselle, Général commandant le 20e corps,
Sénateurs et Députés participaient à la fête du premier village de France
complètement reconstitué dans ses maisons. Aujourd'hui, c'est l'église rebâtie
de fond en comble, entièrement rétablie donc, et sans doute la première encore
de France, que votre Excellence a bien voulu accepter de consacrer.
Cette église, elle se présente comme un témoignage, précieux, concret, du
travail opéré depuis ses deux années d'existence par la Coopérative des Eglises
dans Notre Diocèse : églises réparées et déjà rendues au culte, églises en voie
de reconstruction, couvertes et presque terminées, ou aux murs s'élevant
rapidement. L'oeuvre a marché à grands pas avec l'espérance fondée, la certitude,
que l'année prochaine ne s'écoulera pas que ne soit terminé ou presque cet
imposant effort. Il aura porté sur près de deux cents édifices du culte dont
quatre-vingt quinze, les plus importants et les plus atteints, à la charge de
notre coopérative diocésaine.
Ce magnifique résultat, laissez-moi, Excellence, en faire hommage à ceux à qui
il est dû, après Dieu et sa miséricordieuse Providence, c'est-à-dire à tous ceux
qui ont apporté à la reconstitution du pays et de nos églises leur dévouement,
leur science, leurs ressources de tout genre.
Hommage et reconnaissance au Gouvernement Français qui Nous a secondés de tout
le poids de son autorité, de sa bienveillance, de sa générosité financière.
Malgré les charges et les sacrifices qui lui incombent, il a voulu que la
reconstruction de nos églises fut menée de front avec la reconstitution du pays
et de ses édifices publics. Nous ne saurions que nous féliciter de l'accueil
rencontré sans cesse près de ceux qui le représentent et des facilités de toute
sorte qu'ils se sont plu à nous donner, souvent an prix de beaucoup de peine.
Hommage reconnaissant aux municipalités qui ont sans cesse, comme celle d'Ancerviller,
fourni une étroite et intelligente coopération aux démarches nécessaires pour la
mise en train, aussi bien que pour la continuation des travaux à accomplir
Hommage reconnaissant à nos si dévoués curés dont le zèle les a rendus les
infatigables associés des efforts de la Coopérative et ses meilleurs instruments
pour mener à bien son entreprise. A leur tête, je dois nommer ici, pour lui
affirmer la gratitude de tous et la mienne plus encore, M. le Vicaire général
Thouvenin, Président de la Coopérative de reconstruction des Eglises du diocèse
de Nancy en même temps que de l'Union des Coopératives de reconstruction du
département de Meurthe-et-Moselle, dont le zèle ingénieux autant que sage et
éclairé sut s'exercer dès le temps de la guerre, et n'a cessé depuis de
s'employer pour maintenir Notre Diocèse au premier rang rie cet immense travail
de la reconstitution du pays. Près de lui, nous devons encore un remerciement
tout particulier à M. le Chanoine Fiel, Secrétaire de la Coopérative diocésaine
et de l'Union des Coopératives, dont la tâche délicate, librement et vaillamment
consentie par lui, a été remplie avec un inlassable entrain et un merveilleux
à-propos au profil de nos églises, non seulement à Ancerviller, le pays natal
qu'il chérit entre tous, mais dans l'ensemble de nos régions dévastées.
Hommage reconnaissant à MM. les Architectes dont le talent n'a d'égal que
l'empressement à mettre debout leurs plans artistiques, tandis qu'à la
réalisation de ces plans MM. les Entrepreneurs, secondés par leurs diligents
ouvriers, apportent toute leur habile activité.
Hommage reconnaissant, enfin, à tous ceux qui avec une évidente sympathie ont
aidé de leurs deniers et rendu possible dès à présent l'oeuvre de reconstruction,
par leurs souscriptions nombreuses, empressées, aux obligations de la
Coopérative diocésaine et de l'Emprunt départemental. Reconnaissance émue encore
aux généreux bienfaiteurs, répondant à notre appel par des centaines de mille
francs donnés d'une main charitable et désintéressée.
Aussi bien, Nous pouvons le dire d'un mot, c'est l'Union, l'entente cordiale, la
confiance réciproque, qui ont amené et amènent chaque jour ces résultats
définitifs auxquels il Nous est si doux d'applaudir du fond de nos coeurs pleins
de gratitude.
Et voici, Excellence, qu'aujourd'hui même, vous venez par votre geste et votre
auguste présence bénir ces résultats dus au dévouement et aux généreux efforts
de tous, Vous venez dire l'intérêt que le Souverain Pontife Lui-même garde pour
ses lointains enfants du front, Vous venez leur apporter le témoignage officiel
et tout paternel de son affection et de la vôtre, en récompensant le succès de
leurs communs efforts par la consécration solennelle de cette église d'un humble
village de Lorraine.
Certes, elle est belle cette église dans sa simplicité et sa modestie: je m'en
voudrais de ne point féliciter devant Votre Excellence, ceux qui se sont
employés à la faire ainsi, avec MM. les Architectes et les Entrepreneurs, M. le
Maire et la Municipalité que je salue au premier rang de cette pieuse
assistance, et qui ont si bien fait toutes choses pour préparer cette magnifique
cérémonie et donner à la paroisse un air de fête vraiment triomphale et
joyeusement organisée en votre honneur. Je dois surtout remercier et féliciter
le cher Curé de la paroisse, qui, avec un zèle inépuisable, s'est employé à tout
préparer, tout mettre au point, dans une union parfaite avec ses fidèles
paroissiens. Il les aime de toute son âme sacerdotale, et ils le lui rendent
bien justement, reportant sur lui l'estime et l'affection qu'ils ont toujours
vouées aux différents pasteurs chargés de les guider vers le Ciel.
Pour ce diocèse reconnaissant, pour ce peuple qui vous acclame, Excellence, Vous
offrez le Saint Sacrifice de la Messe, la prière sainte et efficace entre
toutes, venant achever la plus belle des cérémonies liturgiques. Combien
n'avons-nous pas confiance que ce Sacrifice Divin, offert par Celui qui est le
représentant le plus autorisé du Vicaire même de Jésus-Christ, ne doive attirer
sur nous les grâces les plus fécondes de résurrection, d'union, de vie
chrétienne. Nous croyons de toute notre âme, que par votre bénédiction,
Excellence, descendra sur nous la bénédiction même du Souverain-Pontife, gage
précieux des divines miséricordes pour ce pays, pour Notre Diocèse, pour la
France toute entière, qui s'honore et s'honorera toujours, de son noble litre de
Fille aînée de l'Eglise.
Son Excellence, malgré la fatigue, voulut adresser quelques paroles aux fidèles
qui l'emplissaient l'église.
MES FRÈRES,
Vous n'attendiez, sans doute, de moi, aucun discours, peut-être même aucune
parole. Mais je ne puis rester silencieux et je veux dire d'abord tous mes
remerciements au vénéré Pasteur de ce diocèse.
C'est la première fois, dans ma vie épiscopale, que je consacre une église, et
j'attache ainsi à cette cérémonie une grande importance, d'autant plus grande
qu'il m'a été donné de procéder à la consécration de la première église
reconstruite en régions dévastées par la guerre.
Après avoir dit un mot de remerciement à votre évêque, je veux dire toute mon
admiration aux fils de ce beau pays de Lorraine. Ils ont gardé le même amour à
la Patrie et à l'Eglise.
Vous avez, mes chers Frères, rebâti vos maisons détruites, mais vous avez eu
garde d'oublier la maison du bon Dieu. C'est ici, dans ce temple, que vous
viendrez, aux heures mauvaises de la vie, aux minutes de découragement, chercher
et trouver le réconfort.
Je suis heureux aussi d'apercevoir, autour de moi, tous ces chers petits
enfants. La cérémonie qui vient de se dérouler restera gravée dans leurs jeunes
esprits; ils en perpétueront le souvenir pour les générations qu'ils verront
sourdre autour d'eux
Après avoir rendu hommage à votre sollicitude pieuse, à votre foi, à votre
initiative, je veux vous assurer que moi aussi je garderai précieusement le
souvenir ineffaçable des heures vécues à Ancerviller.
Votre foi ne s'est pas seulement manifestée par des paroles, mais par des actes.
Continuez, je vous en prie, à être de vrais croyants. Et puis aimez votre
évêque, qui est votre guide sûr ; montrez-lui en toutes occasions votre aimante
affection; soyez toujours reconnaissants et attachés à votre cher pasteur.
Soyez heureux et soyez fiers, mais n'oubliez pas de regarder autour de vous et
de voir tout le travail qui reste à accomplir dans l'oeuvre du relèvement de vos
églises et de vos maisons lorraines.
Travaillez! c'est une bénédiction qui restera féconde sur vos foyers.
Et maintenant je vais avoir la grande joie de vous donner, au nom du Saint-Père,
la bénédiction apostolique. Je la donne à vous, à vos enfants, à vos parents, à
vos biens et à vos récoltes futures.
Pendant la Messe les chants, soutenus par un orgue de M. Didier, furent
admirablement exécutés par le choeur des Séminaristes, auxquels, suivant notre si
excellente tradition lorraine, se mêla, pour le Kyrie et le Credo, la grande
voix toujours si émouvante de l'assemblée chrétienne. Pour bien marquer l'union
des deux pouvoirs dans l'oeuvre de la reconstruction de nos édifices sacrés,
l'office se termina par le Tu es Petrus et le Domine, salvam fac Rempublicam. Il
était midi cinquante, quand les cloches saluèrent la sortie des Prélats.
Un banquet servi dans la grande salle da la Maison paroissiale qui s'élève,
gracieuse et commode, sur l'emplacement de l'ancienne église, tout près de la
nouvelle, réunit, autour de NN. SS. les Évêques, avec les ecclésiastiques
présents à la cérémonie: M. le Maire et son conseil; une délégation d'Halloville;
M. Orville; M. Andigier, administrateur de la Société française des grands
Travaux; MM. Gruber, Valin, Cayette, Didier, Daeschler; Pierre Jacquemin,
vice-président de l'Union départementale des Coopératives de Reconstruction;
Préaud, ingénieur du Génie rural ; Comte de Mahuet, trésorier de la Coopérative
des églises; E. Hovasse, président de la Coopérative de reconstruction d'Ancerviller;
Pierrat, président du Conseil paroissial; Millot, directeur de l'Ecole
professionnelle de l'Est, etc ....
Au dessert, M. l'abbé Jacquot, curé d'Ancerviller, se leva et porta ce toast
dont nous donnons le texte :
EXCELLENCE,
C'est une insigne faveur pour notre paroisse d'être honorée de la visite de
votre Excellence et pour notre église d'avoir été consacrée par Elle. Tout en
savourant ces joies avec une gratitude infime et en nous inclinant avec une
pieuse émotion sous les bénédictions de l'ambassadeur du Saint-Père, nous
n'avons garde d'oublier ceux à qui nous devons le bonheur de quitter aujourd'hui
nos modestes chapelles provisoires pour prendre possession de nos belles
églises. Au nom de mes paroissiens et en mon nom personnel, je demande-à votre
Excellence de m'autoriser à leur rendre hommage.
MONSEIGNEUR,
Le 30 octobre 1921, au cours des fêtes de la résurrection du village d'Ancerviller,
après avoir béni les premières pierres de nos deux églises, que posait en même
temps M. le Préfet de Meurthe-et-Moselle, vous avez bien voulu nous promettre de
revenir pour consacrer l'église d'Ancerviller et bénir celle de Halloville. Vous
réalisez grandiosement votre promesse : je vous en exprime notre filiale et
profonde reconnaissance.
Ce sentiment, nous l'étendons jusqu'à la Coopérative des Eglises qui est votre
oeuvre, Monseigneur, puisque vous avez béni sa naissance et sans cesse encouragé
son fondateur. En cette solennité, dont les échos traverseront nos frontières,
c'est un devoir pour moi de parler au nom des curés des villages dévastés et
d'offrir à la reconnaissance de nos paroissiens l'oeuvre incomparable de la
Coopérative des Eglises. En la créant et en la dirigeant, M. le chanoine
Thouvenin a pris rang parmi les bienfaiteurs du Diocèse de Nancy. Il nous plait
de placer à ses côtés son fidèle collaborateur, notre compatriote, M. l'abbé
Fiel, qui a su consacrer une féconde activité à la Coopérative des Eglises, sans
perdre de vue la reconstruction d'Ancerviller, dont il a été l'animateur
infatigable.
Merci à M. Deville, architecte départemental, qui a dressé le plan de nos deux
églises et en a surveillé l'exécution : celle d'Ancerviller si frappante par sa
voute majestueuse, son style original, harmonieux et puissant, et celle de
Halloville, vrai bijou d'architecture encadré dans un magnifique paysage.
Nous devons aussi une particulière gratitude à la Société française de grands
Travaux, anciens Etablissements Vercelli, dont M. Audigier est le distingué
directeur; elle a fait preuve de qualités d'exécution remarquables et montré un
désintéressement tout à fait digne d'éloges. En même temps qu'aux dirigeants de
l'Entreprise, j'adresse mes remerciements aux différents corps de métier, aux
chefs tic chantiers et spécialement à M. Martinero, qui a mis son coeur au
service de ses qualités professionnelles.
Merci également à tous ces hommes de talent qui ont contribué ou contribueront,
avec un souci professionnel remarquable et un sens artistique profond, à la
décoration et à l'ameublement de nos églises: MM. Gruber et Gsell, Vallin et
Cayette, Etienne, Didier, Maurice, Daeschler, Robert et Kelch.
Je remercie également MM. les membres du Conseil municipal et du Conseil
paroissial de nos paroisses, qui ont porté .un grand intérêt à la reconstruction
de leurs églises et prêté, en toutes circonstances, à leur curé, un concours
actif et empressé. Merci à tous mes paroissiens qui ont rivalisé de zèle pour
que cette journée soit digne du représentant du Saint-Père.
Je remercie enfin tous les membres du Clergé et vous tous Messieurs, qui avez
répondu à notre invitation et honoré nos cérémonies de votre présence.
Et maintenant, Excellence, oserai-je vous prier de meure le comble à votre bonté
en épinglant sur la poitrine d'un brave serviteur de notre église la distinction
que notre Saint-Père, le Pape Pie XI, a bien voulu lui accorder en récompense de
quarante quatre années de dévouement ?
Monseigneur Cerretti répondit à ce voeu, en remettant la médaille « Bene Merenti
» à M. Jean-Baptiste CORRETTE, chantre et sacristain de l'église, très ému de
cette auguste récompense, et il redit, en termes des plus aimables, le souvenir
reconnaissant et édifiant qu'il gardera de son voyage en ce coin de Lorraine. Il
souligna les heureux effets de l'union entre les diverses autorités, maire,
instituteur et curé. Le Souverain Pontife avait été informé par lui de ce qu'il
avait accepté de faire à Ancerviller; sa réponse ne lui était pas encore
parvenue : il regretta vivement de ne point goûter la satisfaction d'en donner
lui -même connaissance à la population qui l'avait si respectueusement et si
splendidement accueilli. Il laissa cette joie à M. le Curé, pour la prochaine
réunion dominicale, dans la jeune église, toute radieuse encore de sa
consécration.
M l'abbé Gérardin, originaire d'Ancerviller, curé de Laneuveville-devant-Nancy,
lut, au Prélat consécrateur, une ode en strophes saphiques, très élégamment
tournée :
Templa, ceu, gemmis rutilans amictus,
Triste post bellum, patriam perornant ;
Quemque nunc cicum nova ditat sedes
Hospiti Christo.
Quoe domos forme superans et arte,
Incolis portas domus ipsa pandit;
Aere percusso resonante, cives
Convocat omnes.
Adstat ingenti speciosa mole :
Hoeret electis fabricata saxis ;
Intus et multis variata vitris
Tota coruscat:
Verticem tollens superas ad auras
Indicat coelum sacra deprecantis
Ad Deum versus penetrare recto
Tramite vota.
Sint tibi grates, venerande Proesul,
Rite qui nostram modo dedicâsti :
Non erit tanti populus favoris
Immemor unquam.
Huc frequen s certis veniens diebus
Nunc preces supplex lacrimasve fundat
Nunc et alterno pia turba laudes
Concinat ore.
Sponte qui sanctâ latitans in arce,
Cum suis hospes voluit morari,
Gratias semper Deus et fidelem
Sumat amorem, (1)
(1) En voici la traduction:
Voici que notre pays, après les désolations de la guerre, revêt la blanche
parure des églises. Il n'est pas une bourgade au centre de laquelle ne s'élève
reconstruite la Maison qui abrite le Christ Jésus.
El le surpasse les demeures qui l'entourent par son architecture et son
caractère artistique. Elle ouvre ses portes aux habitants du lieu, et les
appelle tous par la voix retentissante de l'airain de ses cloches, car elle est
la Maison de tous.
Voyez comme elle est belle dans sa masse imposante; des pierres choisies en
forment la structure. A l'intérieur, de belles verrières la nuancent de leurs
couleurs variées et en font ressortir toute la splendeur.
Sa flèche, qui se perd dans les airs, symbolise la prière du fidèle qui monte
directement vers le ciel jusqu'au trône de Dieu.
Soyez béni et remercié, vénéré Prélat, d'avoir bien voulu consacrer
solennellement notre chère église. Vous nous avez fait un honneur exceptionnel,
dont nous garderons toujours le souvenir.
Qu'à certains jours, les fidèles de cette paroisse se rendent en foule dans ce
saint lieu, tantôt pour y répandre leurs voeux ou leurs larmes, et tantôt pour y
chanter en choeur les divines louanges.
Reconnaissance et fidèle amour soient rendus à tout jamais au Seigneur Dieu qui,
nous dérobant discrètement sa Majesté infinie, a daigné, afin d'habiter au
milieu de ses enfants, choisir pour sa demeure le sanctuaire de nos églises.
L'heure pressant, on monta en automobiles, pour se rendre à Halloville dont les
habitants attendaient le Représentant du Chef commun des fidèles et leur Evêque,
dans les rues ornées, comme celles d'Ancerviller, de mâts, de guirlandes et de
beaux arcs de triomphe.
Bénédiction de l'église de Halloville
Halloville, petit village, annexe d'Ancerviller, avait été plus complètement
détruit. Aussi, a-t-on profité de cette dévastation, pour le déplacer et le
reconstruire, non plus sur le penchant de sa colline, mais dans la plaine. Il
compte aujourd'hui une centaine d'habitants.
Au soir de la fêle de la résurrection d'Ancerviller, M. le Préfet avait posé,
voici deux ans, et Monseigneur l'Evêque avait béni la première pierre de
l'église dont M Deville avait également dessiné les plans. L'édifice a marché de
pair avec l'église d'Ancerviller; il était prêt pour la bénédiction que,
vraiment infatigable dans sa condescendance, Monseigneur Cerretti tint à lui
donner.
Les rites d'une bénédiction solennelle sont moins complexes que ceux d'une
consécration; ils sont toutefois très imposants avec leurs prières, leurs
litanies des saints, l'aspersion extérieure, puis intérieure, des murs du saint
lieu.
Et cette église, moins vaste, mais élégante et commode, en son style qui
rappelle celui de l'église de la paroisse, et éclairée par des vitraux historiés
de M. Gsell, marqueterie de verre, aux tons et à la facture très modernes.
Monseigneur l'Evêque, dans une courte et chaleureuse allocution, après avoir
remercié Son Excellence et payé un juste tribut de gratitude à la Municipalité
et à tous les artisans de cette reconstruction, engagea les habitants à en être
le plus bel ornement par leur assiduité aux offices.
Un vin d'honneur fut ensuite servi à la Mairie-Ecole, élégant édifice très bien
conçu, situé sur la place, en face de l'église. M. le Maire lut une adresse à NN.
SS. les Prélats et aux restaurateurs de Halloville. S. Exc. le Nonce y répondit
en quelques mots gracieux. La nuit était venue: il était temps de regagner
Nancy.
Lettre de S. E. le Cardinal Gasparri
En rentrant à l'Évêché, Monseigneur l'Evêque trouva la lettre dont le Nonce
avait regretté de ne pouvoir faire lecture à Ancerviller et dont voici le texte,
très flatteur pour l'oeuvre accomplie par la Coopérative diocésaine des églises
dévastées,
SEGRETERIA DE STATO Dl SUA SANTITA
Dad Vaticano, 15 novembre 1923.
A S. G. MGR HIPPOLYTE DE LA CELLE, EVÊQUE DE NANCY
MONSEIGNEUR,
C'est avec une vive et toute paternelle satisfaction que Sa Sainteté le Pape Pie
XI a appris, par Monseigneur le Nonce à Paris, la nouvelle de la prochaine
consécration de la première des églises dévastées en France qui vient d'être
définitivement reconstruite à Ancerviller.
En daignant s'associer à la joie bien légitime de Votre Grandeur, du clergé et
des fidèles de cette paroisse en particulier, le Saint Père se plaît à adresser
ses félicitations à tous ceux qui, de quelque manière, ont contribué à conduire
à bonne fin cette sainte entreprise.
Les Lorrains pourront dire du 20 novembre « haec dies quam fecit Dominus » (1),
et le Souverain Pontife lui-même sera présent au milieu d'eux en la personne du
Nonce apostolique.
A cette occasion le Saint Père forme le voeu que cette consécration soit comme
l'heureux prémice et le signal de la prochaine résurrection des églises
dévastées de la Lorraine et de la France entière et souhaite en même temps que
l'église d'Ancerviller et toutes celles qui surgiront à sa suite réalisent les
paroles de l'Oraison liturgique de la Dédicace des églises :
« Ut quisquis hoc templum petiturus ingreditur, cuncta se impetrasse loetetur »
(2).
Comme gage de ces faveurs, Sa Sainteté accorde de tout coeur à Votre Grandeur, au
clergé et aux fidèles d'Ancerviller, aux membres de la Coopérative pour la
reconstruction des églises, et à tous ceux qui prendront part à ladite fête, la
bénédiction apostolique, autorisant aussi Votre Grandeur à donner ou faire
donner, à cette occasion, la Bénédiction Papale, avec Indulgence plénière, aux
conditions ordinaires.
Je saisis avec empressement l'occasion de vous renouveler, Monseigneur,
l'assurance de mon entier dévouement en Notre-Seigneur.
Signé : GASPARRI.
(1) C'est le jour que fit le Seigneur.
(2) Que tous ceux qui viennent prier dans cette église, se réjouissent d'avoir
eu leurs demandes exaucées.
Lettre de M. le Ministre des Régions Libérées
Le Président de la Coopérative des églises avait informé le Ministre des Régions
libérées de la consécration, par le Nonce du Pape en France, de l'église d'Ancerviller
reconstruite grâce aux crédits accordés par le Gouvernement. Cette fête,
écrivait-il, qui sera purement religieuse, doit montrer à tous que la France, en
même temps qu'elle reconstitue les foyers dévastés, relève les édifices
religieux.
M. Reibel a bien voulu faire la réponse suivante:
MINISTÈRE DES RÉGIONS LIBERÉES
Cabinet du Ministre
Paris, le 19 Novembre 1923.
CHER MONSIEUR L'ABBÉ
Je vous remercie bien vivement de votre lettre et de la pensée qui l'anime.
J'estime avec vous et avec Monseigneur l'Evêque de Nancy que la cérémonie
d'inauguration de l'église d'Ancerviller doit avoir un caractère exclusivement
religieux.
Je n'en suis pas moins très sincèrement touché de votre attention, ainsi que, du
souvenir que vous conservez de votre ancien Préfet, Monsieur Duponteil.
Veuillez agréer, cher Monsieur l'Abbé, l'assurance de mes sentiments les
meilleurs et les plus dévoués.
Signé: REIBEL
Son Excellence à Bosserville
Le 21 novembre, fête de la Présentation de la Sainte-Vierge, est jour de grande
solennité dans les Grands Séminaire s : les jeunes clercs y renouvellent leurs
promesses cléricales.
Ceux de Bosserville eurent cette année la joie de procéder à cet acte, très
émouvant en sa simplicité, entre les mains du Représentant du Souverain-Pontife.
Nous ne pouvons aujourd'hui que mentionner le fait; mais nous espérons qu'une
plume autorisée voudra bien nous faire le récit de cette visite de S Exc. le
Nonce et de Monseigneur l'Evêque.
A près ces journées si bien remplies, Monseigneur Cerretti quitta Nancy,
mercredi, à midi, nous laissant à tous le souvenir reconnaissant de son
affabilité et de sa bienveillance, de si grâce et de sa bonté.
1er
décembre 1923 - n° 48 - p. 753
PARTIE OFFICIELLE
LETTRE DE S. EXC. LE NONCE
à Monseigneur l'Evêque
NONCIATURE APOSTOLIQUE DE FRANCE
Paris, le 22 novembre 1923.
MONSEIGNEUR,
A mon retour à Paris, je tiens encore une fois à vous exprimer tous mes
remerciements de l'occasion que Votre Grandeur a voulu m'offrir de venir dans
son Diocèse et d'y présider une cérémonie aussi touchante que solennelle dont le
souvenir restera à jamais gravé dans mon coeur.
Ce me fut, en effet, une bien douce consolation au milieu des labeurs et des
préoccupations de ma charge, que de constater cette profonde piété, ce
remarquable esprit de foi et ce fidèle attachement au Saint-Siège qui forme la
glorieuse tradition du peuple lorrain et qui se sont manifestés à mon égard avec
une spontanéité qui m'a vivement impressionné.
Ayant eu la joie de visiter le petit et le grand Séminaires, dont les jeunes
élèves m'ont beaucoup édifié par leur maintien plein de recueillement et de
dévotion, j'en ai emporté la ferme conviction que Votre Grandeur possède là un
précieux gage pour l'avenir de son Diocèse et je la félicité chaleureusement de
ce beau résultat de son infatigable zèle apostolique.
En remerciant encore une fois Votre Grandeur et son admirable clergé de
l'accueil si cordial que j'ai reçu dans le diocèse de Nancy, je profite de cette
occasion pour vous renouveler, Monseigneur, l'expression de m on profond et
respectueux dévouement en N. S.
Signé : B.CERRETTI
Archevêque de Corinthe, Nonce apostolique.
8
décembre 1923 - n° 49 - p. 777
Echo des fêtes d' Ancerviller
M. le Curé d'Ancerviller a reçu la lettre suivante, qui
témoigne de la répercussion qu'a eue à l'étranger le geste du Nonce venant
consacrer une église des régions dévastées, reconstituée par l'Etat français.
Paris, le 30 Novembre 1923.
MONSIEUR LE CURÉ,
« Correspondant pour la France (en collaboration avec le Comité Catholique des
Amitiés Françaises) du Bureau d'information de la Presse catholique américaine,
j'ai été heureux de pouvoir adresser à Washington un compte-rendu de
l'inauguration de l'église d'Ancerviller par Son Excellence le Nonce
apostolique, de même que déjà, antérieurement, j'avais signale l'effort accompli
par les Catholiques lorrains pour reconstruire leurs églises.
« Il serait bien utile de joindre à ce récit, pour la feuille illustrée que
publie le Bureau de Washington, une ou deux photographies de la cérémonie. Je
vous serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir m'en faire adresser, si
vous en possédez. Je n'ai pas besoin d'insister pour montrer quel intérêt nous
avons à présenter aux Américains un témoignage de l'activité déployée par les
Catholiques des régions dévastées pour suppléer à la carence de l'Allemagne qui
devait réparer.
« Veuillez, je vous prie, Monsieur le Curé, agréer, avec mes remerciements
anticipés, l'expression de mes sentiments bien respectueux et dévoués ».
Signé: MASSIANl.
22 décembre 1923 - n° 51 - p. 820
L'article de la Semaine Religieuse sur la Consécration
par le Nonce de l'Eglise d'Ancerviller, vient d'être tiré à part, enrichi de
nombreuses illustrations.
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