Le choléra asiatique en Lorraine
Docteur Louis Bertrand
Ed. 1913
Introduction
Le choléra asiatique est une
maladie épidémique, causée par la pénétration du bacille virgule
dans le tube intestinal et caractérisée, au point de vue des
symptômes, par des vomissements, une diarrhée riziforme, des
crampes et le refroidissement du corps. Le choléra infantile et
le choléra nostras ont presque identiquement les mêmes
symptômes, mais non la même cause ; les microbes qui engendrent
ces deux dernières affections ne sont pas les mêmes que ceux du
choléra indien, dont nous allons nous occuper exclusivement.
Originaire des rives du Gange, dans les Indes, celui-ci ne
pénétra en France qu'en 1832, et y revint à différentes
reprises.
Après avoir été plus ou moins atteinte dans les premières
épidémies de choléra indien qui ont sévi en Europe, la Lorraine
n'a plus vu reparaître le fléau depuis 1892-95, c'est-à-dire
depuis dix-sept ans, malgré les menaces de ces dernières années.
[...]
[EPIDEMIE DE 1849]
ARRONDISSEMENT DE LUNÉVILLE
Communes rangées d'après leur date d'invasion
Communes |
Cas |
Décès |
Amenoncourt |
16 |
5 |
Baccarat |
61 |
39 |
Blainville |
81 |
26 |
Saint-Clément |
92 |
8 |
Courbessaux |
21 |
2 |
Damelevières |
48 |
11 |
Deneuvre |
41 |
9 |
Emberménil |
58 |
17 |
Fraimbois |
87 |
32 |
Gelacourt |
15 |
12 |
Lunéville |
107 |
41 |
Veho |
37 |
15 |
Xermaménil |
37 |
1 |
13 communes furent atteintes, avec 218 décès.
M. Imbeaux ajoute à cette liste : Flin (Ménil), 20 cas, 7 décès;
Merviller, 20 cas. 3 décès.
Le choléra s'était déclaré le 29 mai, à Deneuvre, puis infectait
presque aussitôt Baccarat (10 juin), qui est tout proche; il
dura jusqu'au 9 novembre. Lunéville fut atteint du 23 juin au 30
septembre; il y eut, sur une population de 13.000 âmes, non
compris la garnison, 105 malades et 41 décès. Le premier cas
avait été observé au sud-est de la ville, dans le faubourg
d'Alsace, quartier très salubre et bien aéré, chez un homme
d'une cinquantaine d'années, célibataire, adonné aux boissons et
vivant en partie d'aumônes; le bruit courut qu'il était allé
mendier à Baccarat, distant de 25 kilomètres; mais des
renseignements pris dans le voisinage prouvèrent qu'il n'en
était rien. Transporté à l'hôpital, il mourut rapidement. On ne
vit plus qu'un second cas de choléra dans ce faubourg, et encore
s'y montra-t-il à plusieurs jours de là et dans une maison
éloignée de la première. Le troisième cas apparut dans une rue
sale et mal habitée (rue des Cloutiers), chez une femme âgée,
exerçant la profession de blanchisseuse. Un autre cas fut encore
observé rue de Villers, faisant suite au faubourg du même nom,
chez un blanchisseur, qui mourut en même temps qu'une de ses
filles.
Au même moment, un cinquième malade entrait à l'hôpital et
mourait le lendemain. Dès lors, le fléau fit de grands progrès
et se répandit à travers la ville, mais aucun individu de la
classe aisée ne fut frappé. Sur les 41 décès, 32 ont eu lieu
dans le faubourg de Villers, au sud de la ville, peu salubre par
suite de l'abaissement du sol, au voisinage de la Meurthe et des
prairies humides, sur la pente desquelles étaient bâties les
dernières maisons.
La dernière commune atteinte fut Veho, le 9 novembre.
[EPIDEMIE DE 1854]
ARRONDISSEMENT DE LUNËVILLE
L'épidémie débuta le 4 août 1854, à Bayon, et prit, fin le 3
décembre, à Montigny. 17 communes. furent touchées, avec 195
décès.
Les communes atteintes sont, d'après leur date d'invasion :
Communes |
Cas |
Décès |
Bayou |
168 |
11 |
Blâmont |
20 |
3 |
Lunéville |
80 |
18 |
Barbonville |
132 |
30 |
Blainville |
14 |
1 |
Bremoncourt |
74 |
5 |
Damelevières |
25 |
4 |
Rozelieures |
115 |
6 |
Gerbéviller |
8 |
3 |
Haussonville |
140 |
10 |
Velle |
22 |
1 |
Lorrey |
40 |
» |
Baccarat |
9 |
4 |
Ancerviller |
100 |
48 |
Remoncourt |
4 |
4 |
Repaix |
55 |
7 |
Montigny |
4 |
2 |
Le maximum de l'épidémie fut
en août; il y eut en effet
11 communes atteintes en août.
2 - - septembre.
1 - - octobre.
2 - - novembre.
1 - - décembre.
Lunéville atteint le 4 août, n'eut que 18 décès.
Pour 1892 voir
Choléra - 1892 |