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Reconstruction de l'ABC et de la
LBB - 1920
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Rapports et délibérations /
Conseil général du Département de la Meurthe et Moselle
Éd. Nancy 1920
SITUATION DES CHEMINS DE FER D'INTÉRÊT
LOCAL
RAPPORT DE L'INGÉNIEUR EN CHEF DU CONTRÔLE
1° LIGNES EN EXPLOITATION
CHEMIN DE FER D'AVRICOURT A BLAMONT ET A CIREY
I. Reconstitution. - Avant la reprise de l'exploitation (11 mars 1919) la
Compagnie de l'Est avait rétabli la plate-forme et les voies en suffisant état,
mais elle n'a restauré les bâtiments que dans la mesure indispensable au
logement des agents de l'exploitation et à l'abri rudimentaire des marchandises
en halle. Depuis lors elle a reconstruit l'abri des voyageurs qui est la seule
construction de la halte de Gogney. Dans toutes les autres gares ou stations,
Blâmont, Frémonville, Cirey, les voyageurs doivent toujours se contenter, soit
d'abri provisoire, commun au service, soit des anciens locaux réduits par
d'autres installations (marchandises) privés de tout confort, de moyens de
chauffage l'hiver, ayant leurs sièges et parquets arrachés, etc.
La Compagnie concessionnaire doit assumer en principe la reconstitution totale
au compte de l'État comme entrepreneur général, mais la Compagnie de l'Est, qui
assure l'exploitation par convention portant un mode déjà établi de
remboursement de ses frais, restera chargée, comme un tâcheron sous-traitant, de
l'achèvement des bâtiments qu'elle a partiellement réparés; de même pour le
matériel fixe des gares. D'autres entrepreneurs sont recherchés pour les
bâtiments totalement détruits, à Frémonville et à Cirey.
II. Entretien. - La voie est entretenue, comme avant la guerre, par les
anciennes équipes qui ne peuvent procéder toutefois que par révision partielle.
La réfection totale en rails de 12 acier 30 kilogrammes sur traverses de chêne
créosoté, qui restait à faire au delà du point 14km600, a été effectuée par les
Allemands avec leur matériel, de type légèrement différent, robuste, mais qu'il
sera préférable d'éliminer progressivement en prélevant sur lui-même la quotité
nécessaire à l'entretien du reste.
Les signaux limitatifs de vitesse sont rétablis, le matériel fixe (virage,
pesage, levage) se répare lentement, .il faut chercher les constructeurs
d'origine dont les usines en régions dévastées ne sont pas en état de fournir
les pièces sans délai.
Les quatre locomotives, revenues du lieu de concentration où elles avaient pu
être évacuées, ont été remises en état; les voitures à voyageurs sont empruntées
aux grands réseaux ; l'unique véhicule mixte, à 90 places, appartenant à la
Compagnie concessionnaire, ayant été enlevée par les Allemands, n'a pas encore
été identifié pour restitution.
III. Travaux neufs. - Malgré l'addition par les Allemands d'un nouveau garage
avec quai en gare de Blâmont, une voie supplémentaire vient d'être posée dans
cette gare pour faire face au trafic d'arrivage et prêter la main à des projets
de raccordement industriel.
IV. Exploitation. - La Compagnie de l'Est continue l'application de son traité
assurant, sans profit ni perte pour elle, l'exploitation au compte du
concessionnaire. Le service comprend actuellement trois trains dans chaque sens,
dont un « marchandises » régulier; cette consistance a été temporairement
réduite par la même restriction imposée en mars aux réseaux d'intérêt général.
La Compagnie concessionnaire n'ayant pas, au début de la reprise, provoqué près
de l'Administration l'élévation de tarifs de 25 % appliquée sur les autres
réseaux en 1918; vient de signer un projet d'avenant à son traité de concession
permettant de bénéficier de la nouvelle augmentation totale de 115 %.
Pendant la période transitoire, les frais de personnel s'étant cependant accrus
par application des augmentations de salaires et allocations de cherté de vie,
de même que les prix des matières et combustibles, l'exploitation subit un
déficit inconnu jusqu'alors. D'autre part, la ligne n'ayant pour ainsi dire
aucun trafic propre, la fermeture répétée et prolongée des réseaux en relations
a profondément affecté les recettes.
Les résultats financiers de l'exercice 1919 sont donnés ci-après. Bien que
l'état de choses ne soit pas comparable aux exercices antérieurs d'entretien et
exploitation normaux, nous produisons en regard, à ritre d'indication, les mêmes
résultats de 1913 rapportés à la période de même étendue (10 mars-31 décembre).
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OBSERVATIONS GÉNÉRALES
Les machines élévatoires de Cirey, Blâmont et Avricourt ayant élé
entièrement saccagées par les Allemands, l'alimentation en eau des trains
est quelque peu précaire.
A l'un des terminus, il faut aller alimenter les tenders à l'ancien
Deutsch-Douane, à l'autre on est réduit à emprunter l'élément à la conduite
des fontaines de la ville de Cirey qui ne dispose que d'un faible débit. Ces
obligations ont souvent ajouté des causes de retard aux autres troubles du
service qui fut assez médiocre, les correspondances des trains étaient
encore plus mal assurées par le réseau de l'Est, des retards très importants
ont affecté 80 % des trains. Cette situation a cessé et la régularité est
satisfaisante aujourd'hui.
La réduction persistante du nombre des trains journaliers est toujours
nuisible aux relations d'Avricourt vers Strasbourg principalement, alors
précisément que les événements les font rechercher davantage. Le grand
écueil est la proximité des bifurcations de Dieuze et de Cirey et
l'opposition que met la Compagnie de l'Est à marquer les deux arrêts de
trains-express à si court intervalle, elle sacrifie délibérément le second.
Elle a toutefois apporté une amélioration dans les correspondances vers
Paris.
V. Plaintes et réclamations du public et des voyageurs - Accidents.
-Conscient des circonstances de force majeure qui entraînent les services,
le public en a supporté les conséquences sans récrimination comme il
supporte encore patiemment le retard des reconstitutions.
Aucun accident n'a marqué l'exploitation.
CHEMIN DE FER DE LUNÉVILLE A BLAMONT ET
A BADONVILLER
La ligne a été ouverte à l'exploitation le 29 juin
1911. La longueur dont il convient de faire état dans le calcul des
subventions est de 46.333m60.
Entretien et exploitation. - L'exploitation civile qui avait cessé
totalement le jour déjà mobilisation (2 août 1914) a été reprise le 20
janvier 1919, sur la partie de la ligne principale comprise entre Lunéville
et le pont de Domèvre (qui a été détruit par les Allemands ainsi que celui
de Verdenal) et sur l'embranchement de Badonviller.
Une convention du 18 mars 1919 a été passée entre le préfet de
Meurthe-et-Moselle et M. Tartary, administrateur de la Compagnie des chemins
de fer départementaux de l'Aube, concessionnaire de la ligne, aux termes de
laquelle celte compagnie s'engage à exécuter les travaux nécessaires pour
remettre la ligne en état sur tout son parcours, moyennant lé remboursement
de toutes les dépenses réelles quelles qu'elles soient, faites par elle,
dûment justifiées et majorées de 10°% pour avance de fonds, frais généraux,
faux frais et bénéfices.
Cette convention a reçu l'approbation de M. le ministre des Travaux publics
par une décision du 1er juin 1919, qui a en même temps autorisé M. le préfet
à la signer au nom de l'État.
Les travaux à exécuter consistaient dans :
1° Le rétablissement, entre Domèvre et Blâmont, de la voie qui a été
complètement enlevée ainsi que le ballast;
2° La reconstruction des ponts de Domèvre (2 arches) et de Verdenal (3
arches) qui ont été détruits;
3° La reconstruction de la halte de Verdenal qui a été détruite et la
restauration de tous les autres bâtiments de la ligne, dont quelques-uns
avaient été transformés en blockhaus (Herbéviller, Mignéville et Domévre) ;
4° La remise en étal des remblais, des fossés, du ballastage ; le
remplacement des traverses et des rails endommagés par les bombardements, la
plupart des remblais ayant été utilisés pour créer des abris ;
5° La remise en état des ponts à bascule, réservoirs, tuyauterie et de la
clôture des stations;
6° La remise en état du matériel roulant détérioré ou modifié pour les
besoins de la guerre et le remplacement d'un wagon disparu ;
7° La remise au complet du petit matériel des stations, de la voie, des
trains, etc. que la Compagnie possédait avant la guerre.
Ces différents travaux avaient été évalués à 1.055.278 francs.
Actuellement, la voie est complètement rétablie entre Domèvre et Blâmont,
sauf sur quelques dizaines de mètres au terminus, où une amélioration va
être apportée ainsi que l'a décidé le Conseil général à sa session d'avril,
en reportant ce terminus dans un jardin voisin, afin de supprimer un
obstacle dangereux que l'ancien terminus offrait pour la circulation sur la
route nationale n° 4, empruntée en cet endroit.
L'exploitation a été reprise complètement sur cette section le 1er avril
1920.
Les ponts de Domèvre et de Verdenal sont terminés ; il ne reste qu'à poser
les garde-corps.
On commence aujourd'hui la reconstruction de la halte de Verdenal qui avait
été complètement rasée jusqu'au niveau du rez-de-chaussée.
La remise en état de tous les autres bâtiments est fortement avancée, sauf à
Badonviller où l'on est en train de continuer l'abri terminus et la halle
aux marchandises.
Les remblais ont été remis en état; il reste cependant à parachever le grand
remblai de Badonviller; la plupart des fossés ont été l'objet de soins. Le
ballastage a été complété; les rails cassés par les bombardements ainsi que
les traverses ont été remplacés, mais il reste encore beaucoup de traverses
à remplacer.
Les clôtures des stations sont refaites en grande partie, mais on n'a encore
rien fait aux ponts à bascule; pour ces derniers on a des difficultés de
trouver les ouvriers nécessaires.
Quant aux réservoirs et tuyauterie, leur réparation est commencée; mais le
retard qu'elle subit ne gêne pas l'exploitation; les machines pouvant
s'alimenter d'elles-mêmes dans les puits ou cours d'eau voisins.
Pour le matériel roulant une voiture à voyageurs est refaite, ainsi que
quatre wagons couverts, six tombereaux et quatre plats.
Une locomotive est remise à neuf et une autre est au grand levage pour la
même opération.
Le petit matériel des stations, de la voie, des trains, etc., que la
Compagnie possédait avant la guerre, est remis à peu près au complet.
Exploitation. - Deux trains journaliers dans chaque sens sont mis en
circulation sur la ligne complète. Jusqu'au 1er avril 1920, les trains
s'arrêtaient à Domèvre et les voyageurs étaient conduits à Blâmont à l'aide
d'un camion automobile.
Par arrêtés du 31 mars 1920, la Compagnie a été autorisée a augmenter les
tarifs de :
100 % sur les transports;
200 % sur les frais accessoires;
400 % sur les frais de transmission et de transbordement.
Les résultats financiers de l'exercice 1919, comparés avec ceux de 1913,
sont consignés au tableau ci-après :
Personnel. - La Compagnie payait une indemnité de
cherté de vie de 3 francs par jour pour les hommes et de 2 francs pour les
femmes ; plus les charges de famille de 12f50 par mois pour chacun des deux
premiers enfants et de 25 francs à partir du troisième.
Depuis le 1er mai 1920, les indemnités de vie chère sont incorporées dans
les échelles de traitement dont l'application remontera au 1er janvier 1920.
L'Etat assure également au personnel de la ligne le paiement d'indemnités
exceptionnelles et complémentaires de cherté de vie et de charges de
famille, par application de l'arrêté interministériel du 13 janvier 1919.
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