Biographie du Parlement de Metz
Emmanuel Michel - 1855
« Enfin vers l'an 1547, François Ferry
s'établit à Blamont et y fit le commerce. Selon toutes les apparences, pour nous
servir des expressions réservées du savant Paul Ferry, son arrière petit-fils,
François Ferry était de la famille des anciens Ferry de Metz. Ce François Ferry
laissa un fils unique appelé Jacques Ferry, qui établit son domicile à
Metz et y embrassa le protestantisme en 1554. En abandonnant la religion
catholique, il irrita son père qui le déshérita, et fit de larges libéralités
aux monastères. Jacques Ferry devint alors l'un des sept solchers de l'évêché de
Metz. Les solchers avaient le droit exclusif de vendre ou faire vendre les socs
(souches) et les coutres (louppes) de charrue dans toute l'étendue de l'évêché.
Chaque soc ou coutre devait être frappé de leur marque. L'état de solcher était
un état noble, qui allait de mâle en mâle par ordre de primogéniture, et que
l'on reprenait des évêques, à cause des régales qu'ils tenaient de l'empereur
d'Allemagne, car la soucherie était un fief mouvant originairement de l'Empire;
on le reprenait anciennement des comtes de Metz, en leur qualité de commissaires
de l'empereur, et la reprise ne s'en est faite des évêques que depuis
l'extinction des comtes en 1221. L'antiquité de l'établissement de la soucherie
à Metz est prouvée par un document qui nous a été conservé par les Bénédictins
dans leur Histoire de Metz, T. III, p. 215 des preuves. C'est une sentence de
l'official de Metz, en faveur des solchers, sous la date du 15 mai 1262. On voit
par cette sentence que déjà à cette époque l'établissement de la soucherie
existait à Metz depuis longtemps ab antiquò. Le poids de la ville, à Toul, était
aussi un fief. (Voir Royer, François-Hyacinthe.)
Le solcher Jacques Ferry I eut, en l'an 1558, un fils nommé comme lui Jacques
Ferry; il eut encore d'autres enfants, mais Jacques, en sa qualité d'aîné, fut
aussi solcher. Ce dernier fut frustré de la succession de François Ferry, son
aïeul, qui avait survécu à Jacques Ferry I ; il fut aussi déshérité à cause de
sa religion, et il fut privé de recueillir la plupart des titres de sa famille.
Jacques Ferry II devint l'un des gouverneurs du grand hôpital Saint-Nicolas,
emploi honorifique qui n'était accordé qu'à des personnes d'un rang élevé, et
qui lui fut donné en récompense des services qu'il avait rendus au roi de
France, pendant la guerre. Il occupa cette magistrature de la cité messine,
jusqu'à sa mort qui arriva en 1647. Il jouissait d'une grande considération, car
il avait épousé Élisabeth Joly, sœur du célèbre procureur général Pierre Joly,
qui était d'une famille noble de la cité. »
La France protestante
Eugène et Emile Haag
Société de l'histoire du protestantisme français
Ed. Paris, 1877-88
FERRY, famille notable de Metz, qui a donné à
l'église réformée un de ses plus illustres pasteurs.
Jacques Ferry, chaussetier dans la petite ville lorraine de Blamont,
embrassa la religion évangélique en 1554, et s'établit à Metz où il remplit la
charge de « solchier » de l'évêché. Les solchiers, au nombre de sept, avaient le
monopole de la vente des socs de charrue. C'était une place lucrative et des
plus honorables, car l'office anoblissait et se transmettait de père en fils. Le
chaussetier de Blamont devint un des gros bourgeois de Metz, car il fut des
magistrats municipaux qu'on appelait les Treize, puis conseiller-échevin et,
depuis 1593, gouverneur de l'hôpital Saint-Nicolas, en récompense des services
qu'il avait rendus pendant la guerre. Du mariage de Jacques Ferry avec Françoise
de Corny, naquirent, entre autres enfants, Jacques et Jérémie, souches chacun
d'une branche.
I. BRANCHE AÎNÉE. Jacques Ferry, né en 1558, succéda à son père dans son office
de solcher. Un vol. in-fol. msc, porté, si nous ne nous trompons, dans le
catalogue de la riche collection du comte Emmery, sous ce titre: Recueil des
différens actes de procédure que Jacques Ferry a été dans le cas de dresser en
sa qualité de Treize et de conseiller du maître-échevin, nous fait connaître
deux autres emplois qu'il remplit ; et trois pièces de la même collection, qui
lui sont aussi attribuées : Receptes des droictures et revenus des villages et
aultres lieux ausquels l'hospital S. Nicolas, au Neuf-Bourg, a haulteur et
seigneurie, 1593, in-fol. ; - Mémoire du sieur Jacques Ferry, gouverneur de l'hospital,
1593-1660 (?), in-4° ; - Inventaire de tous les biens, meubles et autres choses
appartenant et dépendant dudit hospital, depuis 1592 jusques au 1 juillet 1604,
in-fol., nous apprennent qu'au double titre de membre du conseil des XIII et de
conseiller échevin, il joignit celui de gouverneur du grand hôpital de
Saint-Nicolas, emploi honorifique qui, selon la Biogr. du parlement de Metz, ne
s'accordait qu'à des personnes d'un rang élevé, et qui lui fut donné en
récompense des services rendus par lui au roi de France. Bayle a donc eu raison
de dire que la famille Ferry faisait figure à Metz, et que Jacques Ferry, en
particulier, passa par tous les degrés de l'ancienne magistrature, jusqu'à la
suppression du conseil des XIII, en 1643. Qu'importe, après cela, qu'il ait été
simple marchand de Fournirue, comme le dit M. Begin en relevant le célèbre
critique, ou plutôt Viville, qui l'a copié ? Il est évident que son état ne
devait pas l'exclure et ne l'a pas exclu des charges municipales.
Jacques Ferry jouissait, en outre, d'une grande considération auprès de ses
coreligionnaires qui le chargèrent de plusieurs missions en Cour dans des
circonstances importantes. II mourut en 1647, laissant de sa femme Elisabeth
Joly, soeur du célèbre procureur général de ce nom, une fille nommée ELISABETH,
qui épousa, en 1621, Sébastien de Mageron, docteur en médecine, plus tard
apostat, et deux fils, appelés PIERRE et PAUL, qui suivirent l'un et l'autre la
carrière ecclésiastique.
Reçu ministre au mois d'oct. 1605, à l'âge de 23 ans, Pierre Ferry fut donné
pour pasteur de l'église de Tonnay-Charente. Il la desservait-encore en 1620 ;
mais deux ans plus tard, nous le trouvons ministre à Francheval dans la
principauté de Sedan, et c'est en cette qualité qu'il assista, en 1642, avec ses
collègues Du Moulin, Rambours, Gantois, Sacrelaire, Benoist et Brazi à la prise
de possession de Sedan par Fabert. Il mourut le 30 oct. 1650. Du mariage qu'il
avait contracté, en 1608, avec Jeanne Challons, naquirent, à ce qu'il paraît,
plusieurs enfants ; mais le nom d'un seul est arrivé jusqu'à nous : nous voulons
parler de PIERRE, né à Metz en 1622 et mort en 1639, enseigne dans un régiment.
M. Othon Cuvier qui, avec son obligeance ordinaire, a bien voulu nous fournir
quelques notes sur la famille Ferry, nous apprend qu'il a en sa possession un
recueil des Actes des synodes nationaux (1559-1617) et une Discipline
ecclésiastique copiés entièrement par Pierre Ferry et annotés par Paul, en
ajoutant que parmi les vol. mss. in-fol. conservés à la Biblioth. d'Epinal sous
le nom de Paul Ferry, il s'en trouve un de son frère.
Beaucoup mieux connu que Pierre, Paul Ferry (en latin Ferrius) naquit à Metz, le
24 fév. 1591. Son père le confia de bonne heure aux soins d'un instituteur
habile, nommé Jacques Renvoi, et le mit ensuite au collège des jésuites, seule
école supérieure ouverte aux enfants des Réformés de Metz (1). Ses humanités
terminées, le jeune Ferry partit, en 1607, pour La Rochelle où il fit sa
philosophie et d'où il se rendit à Montauban, afin d'y suivre les cours de
théologie. Reçu proposant, en 1611, il reprit la route de sa ville natale en
passant par Paris, et le 1er janv. 1642, il fut consacré au saint ministère par
l'imposition des mains du pasteur Le Goulon. La vie de Paul Ferry n'offre aucune
particularité digne de fixer l'attention de l'histoire ; elle s'écoula modeste,
paisible et studieuse, dans l'accomplissement des devoirs de sa profession. Il
atteignit un âge avancé, n'étant, mort que le 28 déc. 1669, malgré les cruelles
douleurs de la gravelle, dont il souffrit pendant de longues années, sans que
l'aménité de son caractère en fût altérée. Dans sa Vie de Bossuet, l'évêque d'Alais,
Bausset, affirme que, sur son lit de mort, il déclara à sa famille et aux
anciens du consistoire qu'il désirait abjurer entre les mains de Bossuet. C'est
une fable digne de figurer à côté de celle de la conversion de Bèze. (Voy. II,
p. 270.) « On n'a peut-être guère vu d'homme, lit-on dans les Mélanges d'Ancillon,
plus généralement regreté que celuy-là. Il estoit considéré comme le père aussi
bien que comme le pasteur de son troupeau. Il s'en estoit acquis l'amitié et
l'estime d'une façon toute particulière. » Ce témoignage est confirmé par la
Chronique inédite de Joseph Ancillon, qui se conserve à la biblioth. de Metz
sous ce titre: Recueil de ce qui s'est passé de plus mémorable dans la cité de
Metz et pays Messin depuis l'an 1324 jusque l'an 1683 (2). Voici ce qu'on y lit
: « Le 28 décembre mourut un peu avant une heure du matin, tourmenté de la
pierre, Paul Ferry, ancien pasteur de l'église, fort regretté des siens et des
plus honnêtes gens de l'autre côté. Le jour de sa mort et le lendemain, toute la
ville fut si triste et si abattue qu'il semblait que ce fût un deuil public. »
Le chroniqueur, qui avait connu particulièrement le collègue de son frère (Voy.
I, p. 95), ajoute : « C'était un personnage majestueux, grand de corps et
d'esprit, éloquent et savant, très-bien versé dans toutes les sciences. » Selon
dom Calmet, Ferry était l'homme le plus éloquent de la province et dont les
discours touchaient le plus. Sa belle taille, son visage vénérable et ses gestes
naturels donnaient une nouvelle force à son éloquence.
Majestas habitûs, et frons gravitale decora, Urbanique lepos gestûs, et mota
venustè Lumina mellifluis addebant pondera dictis.
Ces éloges, qui ne peuvent être suspects d'exagération, expliquent la réputation
dont Paul Ferry a joui à Metz, et justifient te surnom de Bouche d'or que ses
contemporains lui avaient donné. On conçoit même, sans peine, que le souvenir
d'un pareil homme vive encore dans la mémoire de ses concitoyens et que son nom
continue à être entouré de vénération dans sa ville natale, qui s'est honorée
elle-même en plaçant son médaillon en marbre blanc dans une des salles de son
hôtel-de ville. Un talent oratoire remarquable, des connaissances étendues et
variées, beaucoup de sagesse, de douceur, de prudence, un esprit de tolérance
rare en tout, temps, une grande pureté de moeurs, tant de qualités naturelles ou
acquises suffisent certes pour fonder une réputation locale ; mais, elles ne
confèrent pas à celui qui les possède les glorieuses prérogatives du génie,
surtout, comme c'est ici le cas, si elles n'ont brillé que sur un théâtre
secondaire. Ce n'est donc point dans le seul mérite personnel de Ferry qu'il
faut chercher la cause de l'immense autorité morale qu'il paraît avoir exercée
de très-bonne heure. Sa vaste correspondance prouve qu'on le consultait de tous
les points de la France, et que les théologiens les plus éminents, les pasteurs
les plus distingués lui montraient beaucoup de déférence. Son influence était
donc très-grande ; mais comment l'avait-il acquise ? Par des services rendus aux
églises ? On n'en trouve pas de traces. Par ses ouvrages ? Ils sont peu
nombreux, d'une importance médiocre et ne peuvent soutenir la comparaison avec
ceux des Charnier, des Blondel, des Baillé, des Amyraut. La devait-il à la
position exceptionnelle que son église de Metz occupait en dehors du corps des
églises françaises ? Cette explication nous paraît difficile à admettre, et il
nous semblerait tout-à-fait ridicule de l'attribuer à l'honneur qu'il avait eu,
pour parler comme les Catholiques, de voir son Catéchisme réfuté par Bossuet.
Dira-t-on qu'il mérita sa réputation par le zèle avec lequel il défendit les
doctrines évangéliques ? Mais vingt autres, moins connus pourtant, les ont
défendues avec encore plus de vigueur et de talent. Aucune de ces explications
n'est donc satisfaisante. Peut-être faut-il chercher la solution du problème
dans ces lignes des Mélanges d'Ancillon : Habile politiqué aussi bien que grand
théologien, il avait su par son adresse, et sa prudence « se mettre en crédit
chez les puissances qui le considéroient beaucoup, ce qui ne pouvoit estre que
très-avantageux à son troupeau. »
Cette considération qu'on lui témoignait en haut lieu (3), Ferry la devait sans
aucun doute à la complaisance avec laquelle il se prêtait aux projets de réunion
que l'on caressait à la Cour. Guy Patin l'a calomnié, en répétant, dans une
lettre du 14 mars 1670, le bruit que le pasteur de Metz s'était vendu à
Richelieu au prix d'une pension. Ancillon déclare « qu'il n'a jamais fait la
moindre démarche qui ait donné lieu à le soupçonner de vouloir trahir son parti.
» Toutefois il est certain que Ferry prit une part active à la discussion du
projet de réunion qui fut remis sur le tapis en 1667; la correspondance qu'il
entretint à ce sujet avec Bossuet a été imp. dans le T. XXV des Oeuvres de
Bossuet, édit. De Versailles. Certes il était de l'intérêt des Catholiques de
grandir un ministre qu'ils pouvaient espérer de gagner tôt ou tard. Au reste
leur espoir fut déçu. Quelque ami que Ferry fût de la paix et de la tolérance,
et quelque soin que le grand archidiacre de l'église de Metz mît à adoucir ce
qu'ily avait de plus choquant dans les dogmes catholiques pour le pasteur
huguenot, l'accommodement ne se conclut pas (4). Un accord plus facile, à ce
qu'il semble, c'est celui que Ferry travailla, tout aussi inutilement, à établir
entre les deux communions protestantes, et au sujet duquel il entretint pendant
des années une correspondance avec Dury qui se rendit même à Metz, en 1662, pour
conférer avec lui sur les moyens d'éteindre une division dont ils gémissaient
l'un et l'autre. Tant il est vrai que jamais réunion ne s'opérera sur le terrain
du dogme, avant que le temps ait calmé l'effervescence des esprits.
Soit modestie excessive, soit tout autre motif, Paul Ferry n'a fait, imprimer
qu'une très-faible partie de ses ouvrages. En voici le catalogue.
I. Les premières oeuvres poétiques de Paul Ferri messin, où sous la douce
diversité de ses conceptions se rencontrent les honestes libértez d'une
jeunesse, Montaub., 1610 ; réimp. la même année, à Lyon, in-8°. - A part
quelques beautés, ces poésies trahissent la jeunesse de l'auteur, qui n'avait
alors que 19 ans. Le recueil comprend 16 sonnets latins et français, les uns de
Ferry, les autres de Gasc, de L'Escole, David Yver, F. Durieu et d'autres de ses
amis; des stances, une ode à l'honneur de Ferry par Bauldoyn de
Saint-Jean-d'Angély, des chansons, des épigrammes et une pastorale en six chants
intitulée Isabelle ou le dédain de l'amour.
II. Scholastici orthodoxi spécimen, hocest, salutis nostrae methodus analytica,
ex ipsis scholasticorum veterum et recentiorum intimis juxtà normam Scripturarum
adornata et instructa, Gotstadii [Gen.], L. Lambert, 1616, in-8°; 2e édit.,
Leyde, 1630, in-8°; trad. en franc., sous ce titre : Le scholastique orthodoxe,
c'est-à-dire, un traité méthodique de nostre salut fourny et recherché des plus
profonds des scholastiques, tant anciens que modernes, le tout selon la règle de
l'Ecriture sainte, par Paul Ferry, messin, ministre de la Parole de Dieu, mis en
françoys par Claude de Xonot, seigneur de Maiserey, gentilhomme lorrain, msc.
autog., in-fol. qui faisait-partie de la collection d'Emmery, ainsi, que la
première ébauche du travail de Ferry, sous ce titre: Analysis theologica et
scholastica, et la copie autographe.qui avait servi à l'impression de la
première édit. de ce livre de controverse. - Le but de l'auteur est de montrer
que la doctrine dès Protestants sur la grâce a été enseignée par les
scolastiques. Le vol. contient un grand nombre de pièces de vers à l'éloge de
Ferry et de son livre, par Simon Lahière, membre du Conseil, Jacques Couet Du
Vivier, P. Contault, J. de Vigneulles, avocat au parlement de Paris, Théophile
Coulon, pasteur à Metz, Jean Braconnier, médecin. Ajoutons que le pasteur de
Metz dédia à l'électeur palatin cet ouvrage qui le mit en relation avec Du
Plessis-Mornay,
III. Le dernier désespoir de la tradition contre l'Ecriture., où est amplement
réfuté le livre du P. François Véron jésuite, par lequel il prétend enseigner à
toute personne, quoique non versée en théologie, un brief et facile moyen de
rejetter la Parole de Dieu et convaincre les églises réformées d'abus et
d'erreur en tous et un chacun poinct de leurs doctrines, Sedan, J. Jannon, 1618,
in-8° de 812 pp. sans la table et les pièces prélim.
IV. Réfutation des calomnies semées nouvellement contre certain endroit d'un
livre publié il y a plusieurs années et intitulé Le dernier désespoir, etc.
Sedan, Hubert Raoult, 1624. - Publié sous le voile de l'anonyme, comme le
suivant.
V. Remarques d'histoires sur le discours de la vie et de la mort de saint Livier,
et le récit de ses miracles, 1624.
VI. Vindicae pro scholastico orthodoxe adv. Léon. Perinum jesuitam, justae,
plenae, amicae, in quibus agitur de proedestinatione et annexis, de gratiâ et
libero arbitrio, de causa peccati et justificatione, Lugd. Bat., 1630, in-8°.
Vil. Lettre aux ministres de Genève, publ. dans le T. Il de la Biblioth.
anglaise. - Ecrite en faveur du malheureux Anthoine (Voy. I, p. 443).
VIII. Quatre sermons prononcés en divers lieux et sur différens sujets, La
Ferté-au-Col, François Chayer, 1646, in-4 2. - Le 1er fut prononcé à Charenton,
le 8 oct. 1634 ; le 2e a pour titre : Le mariage spirituel ; le 3e est un sermon
sur la mort de Louis XIII, et le 4e, un sermon de jour de jeûne. - Ces quatre
sermons, les seuls qu'il ait publiés, ne suffisaient pas assurément pour
conquérir à Ferry, hors de son étroite sphère d'activité, la réputation d'un
éloquent prédicateur.
IX. Catéchisme général de la réformation de la religion, Sedan, F. Chayer, 1654,
in-8°; 2° édit., Gen.. P. Chouet, 1656, in-8°. - Instruction prêchée dans le
temple de Metz, le 17 mai 1654. Ferry se propose de prouver 1 ° qu'il n'y a de
salut à espérer que dans l'Eglise chrétienne ; 2° que l'Eglise réformée est la
véritable Eglise telle que Jésus et ses Apôtres l'ont instituée; 3° que la
Réformation était nécessaire, et que ceux qui avaient reconnu celte nécessité ne
pouvaient se sauver qu'en s'y rangeant; enfin 4° que ceux d'entre nos ancêtres,
qui avaient été élus de Dieu, ont été sauvés dans l'Eglise romaine, mais que
nous ne pourrions aujourd'hui y rentrer avec l'espoir d'y faire notre salut,
parce qu'il lie nous serait plus permis d'y mourir en nous fiant aux seuls
mérites de Jésus-Christ. Bossuet, alors grand archidiacre de l'église de Metz,
se chargea de réfuter ce catéchisme, mais il se fit vraiment la partie trop
belle. Laissant de côté les deux premières propositions, et se contentant, en
quelque sorte, d'affirmer, contre la troisième, que la Réformation a été
pernicieuse, il s'attache particulièrement à démontrer (c'était le côté faible
de son adversaire) que si l'on a pu se sauver en la communion de l'Eglise
romaine avant la prétendue Réforme, on y peut encore faire son salut, rien
n'ayant changé ni dans ses dogmes, ni dans ses rites, ni dans sa discipline. Les
Catholiques regardent cette réponse comme victorieuse; cependant Ferry ne se
tint nullement pour battu, et il prépara une réponse qui n'a point été imprimée,
quoiqu'il « prétendît, Dieu aidant, la continuer et achever bientost. »
Indépendamment de ces ouvrages imprimés, Paul Ferry a laissé une très-grande
quantité de mss., que l'on peut diviser en cinq classes.
1° Sermons en nombre vraiment prodigieux: 96 sur Gen. I - III; 30 sur Ruth ; 6
sur Ps. XC ; 15 sur Ps. XCI; 7 sur Ps. CXXX; 25 sur Esaïe XXXVIII ; 110 sur Jean
XII et suiv.; 30 sur Apoc. XII; 21 sur Act. XVI; 300 sur Philipp.; 1100 sur Hébr.
; 36 sur la passion ; 75 sur la résurrection ; 70 prononcés les jours de Cène;
10 à l'occasion de la réception de membres du consistoire; une centaine sur les
dimanches du catéchisme; 424 sur divers textes; l'oraison funèbre de Louis XIII;
celle d'Anne d'Autriche; 1 vol. in-4° de sermons sur divers textes ; un sermon
pour la dédicace du temple du Retranchement (5), etc.
2° Histoire de Metz. « Ferry, dit M. Begin, dans sa Biographie de la Moselle, se
proposait d'écrire l'histoire civile et ecclésiastique de sa patrie, en réfutant
les fausses allégations de Martin Meurisse. Il n'a point exécuté ce projet et
l'on doit le regretter d'autant plus qu'une histoire composée avec l'esprit de
critique dont ce savant ministre était doué, eût été un monument précieux. » M.
Begin nous semble attribuer à Ferry un plan beaucoup plus vaste qu'il ne l'avait
conçu. Chargé de répondre à l'Hist. de la naissance et de la décadence de
l'hérésie dans la ville de Metz, Ferry avait entrepris une Hist. de la
réformation au pays Messin, voilà tout; et il avait recueilli et préparé, à cet
effet, de riches matériaux, tels que extraits ou copies des Annales de Simon
Lahière, des chroniques de Guérin, de celles de Jean Le Goulon, etc.; -
Observations séculaires sur l'histoire de Metz, de la province et des pays
voisins, 3 vol. in-fol., recueil d'extraits, d'actes publics, de notes
historiques et littéraires, entièrement de la main de l'auteur, cons.
aujourd'hui à la Biblioth. de Metz ; - Plusieurs particularitez relatives à
l'hist. de Metz, in-fol.; - Annales Metenses, commençant un siècle avant J.-Ch.
et contin. jusqu'à l'année 1649, aujourd'hui à la Biblioth. d'Epinal ; -
Chroniques de Metz, depuis l'an 1646 à 1663; - Droits de l'évêque de Metz,
in-fol. ; - Catalogue des ministres originaires de Metz, selon l'ordre de leur
réception ; - De l'adjonction de l'église de Metz avec celle de France ; -
Création de la justice de Metz depuis l'an 1557 jusques et y compris 1641.
Reçogneu sur les registres du consistoire, in-fol.; - Mémoire de ce qui s'est
passé avec ceux de la religion à Metz lors de l'arrivée du roy, le 4 déc. 1631 ;
- Ordonnances de l'évêché de Metz ; - Histoire des évêques de Metz; -
Généalogies de plusieurs familles de la Lorraine et une foule de pièces
détachées.
3° Ecrits théologiques. Nous signalerons comme les plus remarquables :
Commentaire historique et critique sur l'A. et le N.-T, 7 vol. in-4° ; - Des
Controverses avec les Luthériens, in-fol.; - Des moyens de réunion des
Calvinistes avec les Luthériens, in. 4°; - De l'Eglise et de ses marques, in-fol.;
- Réponse à la déclaration de Gaspard Lalouette (conseiller au parlement de Metz
qui avait abjuré la religion protestante), in-4°; - Réponse impartiale à un
avertissement donné à l'église réformée de Metz, in-fol.; - Observations sur les
55 dimanches du catéchisme ; - Observations sur la prédestination ; - Prières et
Méditations ; - Commentaire sur l'Apocalypse, in-fol.; - Miscellanea in
ecelesiarum gallicarum catechismum, in-fol.
4° Poésies. Le Cal. de la Biblioth. du comte Emmery mentionne : Poésies
chrestiennes dédiées à maistre Pierre Joly, conseiller, du roy et son procureur
général à Metz, Toul et Verdun, Metz, 1606; - Mélanges chrestiens dédiés à
madame et mère. Elisabeth Joly, Vehen, 1606, msc. in-8° ; - Saincts
enthousiasmes dédiés à M. Ferry, soulchier de l'évêché de Metz, ancien de
l'église que Dieu a recueillie à ladite ville,Vehen, 1606, .msc. in-8.° ; - Les
lamentations de Jérémie, mises en vers, in-4°; - Hymne de la Nativité, jour de
Noël, 1606; - Les Fiâmes chrestiennes; - Paraphrase de la prière de Jonas, XIII
dixains, Paris,. 1634; imp., à ce qu'il parait, sous le titre : Le cantique de
Jonas, paraphrase, XIV dixains, in-8° ; - Mélanges poétiques latins français, La
Rochelle, 1608, msc. in4°; - Pièce de vers latins, adressée à son cousin David
Friart.
5° Mélanges, formant des recueils si considérables que nous devons nous borner à
indiquer les principaux : Dictionnaire universel, par ordre alphabétique, in-fol.;
- Discours abrégé de la maladie et de la mort de damoiselle Elisabeth Ferry, ma
très-chère et vertueuse soeur; - La douce et glorieuse issue de damoiselle
Esther de Vigneulles, ma très-chère et tres-regrettée moitié; - Recueil de
plusieurs allégories, allusions, comparaisons et autres pensées servant à la
prédication, 2 vol. in-4°.; - Journal de son séjour à Montauban, in-8°; -
Lettres en très-grand nombre et à toutes sortes de personnages, traitant une
foule de sujets et en particulier la question de la réunion des deux communions
protestantes; - Prières pour la sante du roi, 1643, in-4°; - Notes sur
l'histoire et la religion, in-fol.; - Réponse faite au nom du consistoire à une
requête présentée au grand prieur de Toulouse par les gouverneurs de la
maladrerie de Longeaux aux fins d'exclure l'usage de ladite maladrerie à ceux de
la R.P.R., 1629, in-fol., etc. etc.
Paul Ferry avait été marié deux fois. Le 21 avril 1613, il épousa Esther de
Vigneulles, fille de Philippe de Vigneulles, sieur de Mont-lès-Pange et d'Araincourt,
qui lui donna dix enfants. Resté veuf en 1636, il se remaria, le 22 fev. 1637,
avec Susanne Lespingal, veuve de Jérémie Le Goulon, capitaine au régiment de
Batilly. Il perdit sa seconde femme en 1662, comme nous l'apprend la lettre de
condoléance du pasteur d'Allemagne, qui fait partie de la collection de M.
Coquerel. Du premier lit sortirent : 1° ESTHER, née en 1613, présentée au
baptême par Philippe de Vigneulles, Elisabeth Joly, et Sara Busselot, et morte
en 1615 ; - 2° SUSANNE, née en 1616, qui épousa, le 11 déc. 1633, Jacques Couet
Du Vivier, avocat au parlement de Metz et non pasteur, comme nous l'avons dit
par erreur (Voy. IV. p. 82); - 3° MADELAINE, morte enfant, ainsi que 4° LOUISE
et 5° ANNE; - 6° PAUL, avocat, né en 1624, mort à l'âge de 20 ans; - 7° PIERRE,
qui ne vécut que quelques jours; - 8° LOUIS, avocat, né en 1626 et mort en 1666
(vers 1675 seulement,. selon la Biogr. du parlement de Metz), laissant de sa
femme Marie Sarrasin, trois filles : ELISABETH, SUSANNE et MARIE, qui se
réfugièrent dans le Brandebourg, et un fils nommé PAUL, qui suivit la carrière
des armes et passa en Angleterre, au rapport de Bayle; en lui s'éteignit la
postérité masculine de Paul Ferry; - 9° CHARLES, mort jeune; - 10° ELISABETH. DU
second lit vint une fille qui reçut le nom d'ANNE et qui épousa, en 1661, le
ministre François Bancelin.
II. BRANCHE CADETTE. Jérémie Ferry, souche de cette branche, laissa un fils
nommé aussi JÉRÉMIE, qui épousa, en 1613, Marie Mainette. JEAN-PAUL, issu de
cette union, fut receveur de la bullette. Il mourut le 12 mars 1661, ayant eu
sept enfants de son mariage avec Elisabeth Bennelle, savoir six filles :
ELISABETH, MARIE, femme de Louis de Marsal, marchand de Metz, ANNE, ESTHER,
mariée à Paul Couet Du Vivier, MADELAINE, épouse de Pierre d'Esguillon, sieur d'Angecourt,
SUSANNE; et un fils, nommé DAVID, sieur de Jussy. Ce dernier, avocat au
parlement, se convertit avec son fils JEAN, à la révocation de l'édit de Nantes;
mais sa femme, Anne Le Bachéllé, persista courageusement dans la profession de
la religion protestante et fut enfermée dans le couvent de Sainte-Claire. Quick
prétend que cette dame et une demoiselle Goffin, seules parmi les Réformés de
Metz, refusèrent d'abjurer. Il est certain que beaucoup faiblirent dans cette
église qui comptait alors jusqu'à mille communiants, mais l'auteur du Synodicon
exagère. La famille de David Ferry lui-même a grossi le Refuge. Qui était, en
effet, Ferry de Jussy, du pays Messin, réfugié à Cassel à la fin du XVIIe
siècle, sinon son fils? Et Marie Ferry de Jussy, qui épousa, dans la même ville,
en 1693, Jean Perachon Du Collet, fils de Marc Perachon, conseiller au parlement
de Grenoble, et lui-même chambellan du landgrave Charles, ne doit-elle pas être
comptée aussi parmi ses descendants ?
(1) Quelques années plus tard, malgré les réclamations du
consistoire portées en Cour par Ferry, Jean Jassoy, ministre de Courcelles-Chaussy,
et Bennelle, un arrêt du 5 nov. 1634 interdit même les régents et pédagogues
réformés. L'année suivante, un arrêt du Conseil défendit aux Protestants de Metz
d'ouvrir un collège, et au mois de fév. 1636, défense fut faite à Ferry, a
Goffin et autres « de ne faire enseigner aucune science ni tenir pensionnaires à
peine de 100 liv. d'amende. » Le clergé catholique a toujours appelé l'ignorance
à son aide.
(2) Cette chronique a été rédigée par Joseph Ancillon depuis l'année 1656.
(3) En 1634, Louis XIII lui-même lui écrivit une lettre très-flatteuse, qui fait
partie de la collection d'autographes de notre ami Ath. Coquerel fils.
(4) M. Othon Cuvier, qui s'est beaucoup occupé de l'histoire de l'église de
Metz, nous écrit à ce sujet : « Dans une note que je possède, Ferry rassure ses
collègues qui craignaient qu'il n'allât trop loin. Et, en effet, je ne trouve
pas qu'il ail fait aucune concession importante, tandis que les jésuites lui en
faisaient d'étonnantes. »
(5) Une ordonnance du 20 mars 1633 ayant interdit le temple de Chambière, les
protestants de Metz mirent un zèle extraordinaire à élever une autre église sur
l'emplacement qui leur avait été assigné. Elle fut bâtie en huit jours comme par
enchantement. Ferry en posa la première pierre le 11 juillet ; mais les chicanes
du parlement, du bureau des finances, de l'intendant, en retardèrent la dédicace
jusqu'au 26 mars suivant. |