Revue l'Architecture - N° 2 1928
LES ÉGLISES MODERNES
L'église de Montreux (Meurthe-et-Moselle)
MM. Lauthe S.A.D.G et Clément, architectes
Montreux est un petit village situé non loin d'Harbouey, en Meurthe-et-Moselle,
au pied de la chaîne des Vosges. Il s'agissait d'une petite église à construire
avec un crédit restreint, 300.000 francs. Les architectes devaient,
primitivement, se servir des restes de l'ancienne église ;mais, s'étant rendus
compte à l'examen que ces restes étaient inutilisables, ils se mirent d'accord
avec le Conseil municipal et le représentant diocésain, pour construire l'église
sur un nouvel emplacement.
On voit qu'il s'agit d'une petite église de village ; programme intéressant que
nos confrères ont fort bien traité. Leur église se compose d'une nef unique
précédée d'un porche et terminée par un choeur en cul-de-four flanqué d'une
sacristie. L'entrée se fait par le porche accompagné des fonts baptismaux et de
l'escalier de la tribune destinée à l'orgue.
L'intérieur, de proportion assez basse, se compose de trois travées marquées par
des arcades appliquées sur le mur. L'église est couverte très simplement en
charpente. La façade principale comporte un grand pignon bas percé d'une porte
en plein cintre surmonté d'un clocher ;cette façade très simple a bon aspect.
Les façades latérales s'arrangent bien aussi.
Comme pour l'église d'Harbouey, nos confrères ont cherché à faire une église
moderne, inspirée très largement du style roman ; elle est construite en grès des
Vosges et en moellons du pays recouverts d'enduits.
Nos confrères se plaisent à reconnaître les grandes facilités qu'ils ont
trouvées de la part du représentant diocésain et du maire, pour mener leur
oeuvre à bien. Ils ont obtenu en particulier toute latitude pour l'étude totale
de l'église, mobilier compris. On sait combien il est précieux de ne pas voir
les églises encombrées et
souvent déshonorées par un mobilier acquis dans le plus bas commerce. L'on ne
peut donc que s'applaudir de voir de plus en plus le clergé comprendre que le
mobilier, autels, bancs, confessionnaux, ne fait qu'un
avec l'église et qu'il importe au plus haut point que l'étude complète soit
faite par l'architecte. A cette observation, j'ajouterai un voeu : c'est que le
clergé veuille bien aussi consulter des compétences, lorsqu'il s'agit d' « orner
» l'église de statues, de lustres, de chandeliers et d'objets de toutes sortes
;je sais bien que ce serait porter un coup fatal au commerce si intéressant qui
avoisine Saint-Sulpice, mais tout le monde y gagnerait et nos éditeurs de très
vilaines statues n'auraient qu'à modifier leur déplorable commerce. Nous avons
déjà obtenu de bons résultats pour la médaillerie religieuse, grâce à Roty, à
Vernon et à d'autres; quand pourrons-nous en dire autant de la statuaire
religieuse ? Et notez bien qu'il ne s'agit pas de changer les types consacrés
auxquels les fidèles sont habitués, mais de leur donner une note d'art, en les
faisant exécuter par des artistes.
Après cette digression - dont je m'excuse - et pour en revenir à l'église de
Montreux, nous pouvons féliciter nos confrères Lauthe et Clément d'avoir si bien
réussi à traiter ce joli programme :«« Une petite église de village ». Il est
agréable de constater qu'il y a, en ce moment, grâce à notre jeune école, toute
une floraison d'humbles églises très réussies.
L'église de Montreux a été construite par la maison Masson, de Lunéville; les
architectes reconnaissent le soin qui y a été apporté. Les vitraux, d'étude
moderne, ont été exécutés par Jacques Gruber. On voit que rien n'a été négligé
pour assurer l'unité artistique de ce petit monument. Malgré la modicité du
crédit alloué, la dépense a été maintenue sensiblement dans les limites de la
somme fixée ; la dépense ne s'est élevée qu'à 320.000 francs pour le gros
rouvre, honoraires compris, non compris le mobilier et les vitraux. Voilà une
dépense qui n'est certes pas exagérée.
20 octobre 1927.
A. LOUVET.
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