Mercredi matin, à la pointe du jour, quatre
déserteurs du 11e régiment de uhlans brandebourgeois, en garnison à Sarrebourg
(Lorraine) ont franchi la frontière française, en uniforme, près de Blamont
(Meurthe et Moselle). L'un deux, le nommé Bettbaum s'est présenté affamé et
harassé de fatigue ; il s'est engagé dans la Légion étrangère. Les trois autres
se sont mis à la recherche de travail.
Ces jeunes gens ont déserté pour se soustraire au surmenage et aux mauvais
traitements dont ils étaient l'objet de la part de leurs supérieurs.
Service public d'omnibus automobiles. -
L'innovation que l'on se propose d'introduire à Fribourg est déjà en vigueur
dans quelques pays :
De Wesseling, près Brühl, sur le Rhin, des omnibus automobiles vont à Bonn et à
Cologne, suivant un horaire déterminé.
De Lunéville à Blamont, fonctionne un service d'omnibus-automobiles desservant
une dizaine de stations échelonnées sur un parcours de 30 kilomètres.
Entre Pampelune et les environs depuis 1898, fonctionne un service semblable.
Entre Tunis et Sousse, un parcours de 140 kilomètres, est desservi par les
voitures, au nombre d'une quinzaine, de la Compagnie des Messageries françaises.
En Suisse, il existe un service d'omnibus automobiles entre Porrentruy et les
environs depuis le commencement du mois d'août.
Les initiateurs de l'entreprise fribourgeoise espèrent pouvoir constituer, dans
la réunion de demain vendredi, à l'Hôtel suisse, la Compagnie fribourgeoise des
omnibus automobiles, au capital de 60,000 fr.
[...] Dans la campagne, nous pouvons citer le
service établi par les constructeurs de Dietrich et Cie, dans le département de
Meurthe-et-Moselle, entre Lunéville et Blamont, pour desservir des localités
comportant ensemble environ trente mille habitants. Cette exploitation comporte
quatre voitures à essence et à douze places chacune, deux d'entre elles restant
en dépôt aux stations extrêmes pour être mises en activité pour des services
complémentaires ou pendant le nettoyage ou la réparation de leurs sœurs.
Un industriel suisse volé et incendié
Il y avait à Blamont, petite localité française de Lunéville, une fabrique de
chocolat appartenant à un industriel suisse, M. Burrus. La fabrique était en
pleine activité quand l'armée du prince de Bavière y pénétra.
Les troupes bavaroises se conduisirent à Blamont comme partout ailleurs. M.
Burrus, justement inquiet, fit savoir au commandant qu'il était ressortissant
suisse et arbora sur sa fabrique un drapeau fédéral; il fit plus, disait-on,
pour sauver se fabrique: on assurait qu'il mit plusieurs milliers de kilos de
chocolat à la disposition du prince de Bavière.
Mais, contre cette assertion, M. Burrus s'est élevé véhémentement. « J'affirme,
écrit-il, que je n'ai jamais donné un kilo de chocolat ou de sucre aux Allemands
pour préserver mon usine. Dès leur arrivée en masse à Blamont, le 8 août, ma
chocolaterie fut mise au pillage, les voitures de ravitaillement chargées en
plein jour. Lorsque tout fut volé, pour compléter leur œuvre de destruction, les
machines furent saccagées et cela finit par l'incendie de ma pauvre usine. »
A Blamont comme ailleurs, les Allemands ont pillé et brûlé, c'est bien dans
l'ordre; même la nationalité de M. Burrus n'a pas arrêté la main incendiaire et
les cendres du drapeau suisse se sont mêlées, sur sol français, à d'autres
glorieuses cendres.
Bienfaisance. - Nous apprenons que M. Fernand
Burrus, de Blamont (Meurthe et Moselle) en remerciement de l'aimable accueil
reçu en Suisse, et particulièrement à Neuchâtel, a remis 12,000 francs pour des
œuvres de bienfaisance suisses, soit 5000 en faveur du fonds pour les militaires
suisses malades et 5000 en faveur du fonds pour les Suisses nécessiteux dans les
pays belligérants, plus les 2000 francs aux différentes oeuvres neuchâteloises
indiquées dans notre numéro du 25 juin.
Une jeune fille brûlée vive
Mlle Yvonne Curé, 23 ans, employée à la maison maternelle de Blamont (France),
était en train de faire fondre de la cire à l'aide d'un fer chaud, au-dessus d
un récipient contenant de l'essence, lorsque, tout à cou, pour une cause encore
inconnue, l'essence s'enflamma et . communiqua le feu aux vêtements de la jeune
fille.
Environnée de flammes, Mlle Curé essaya de s enrouler dans un tapis, qui
s'enflamma à son tour.
Très grièvement brûlée sur tout le corps la malheureuse fut transportée
d'urgence à l'hôpital central de Nancy, où elle a succombé après d'atroces
souffrances.
Marthe Richard n est plus
PARIS. (AP). - Mme Marthe Richard, dont le nom est lié à la loi de 1946 décidant
la fermeture des maisons closes, est décédée mardi.
Mme Marthe Richard souffrait depuis octobre dernier d'un cancer généralisé. Elle
avait été hospitalisée en octobre puis en janvier. Son état s'était aggravé
depuis et elle devait être hospitalisée de nouveau mardi.
Née le 15 avril 1889 à Blamont (Meurthe-et-Moselle), Marthe Bettenfeld, qui
devait devenir par la suite Mme Henri Richer, puis Mme Thomas Crompton, a eu une
vie d'héroïne de cinéma qu'elle a raconté dans son livre publié en 1974 « Mon
destin de femme ».
Passionnée d'aviation, elle devient en 1913 une des premières femmes-pilotes.
Après un terrible accident d'avion, un riche mariage d'amour et un veuvage
éprouvant, elle entre pendant la Première Guerre mondiale dans les services
français d'espionnage, à qui elle fournit de précieuses indications sur la
guerre sous-marine allemande, ce qui lui vaut la légion d'honneur.
Entre les deux guerres, elle épouse un
anglais fortuné et parcourt la terre en donnant des conférences sur sa vie
mouvementée. La Deuxième Guerre mondiale éclate, et malgré la surveillance
assidue des Allemands, elle combat activement dans les rangs de la résistance.
Elue au Conseil municipal de Paris à la libération, elle enfourche un nouveau
cheval de bataille et dénonce la prostitution. Invoquant des motifs sanitaires
et moraux, elle fait adopter le 13 décembre 1945 par le Conseil municipal le
projet de loi de fermeture des maisons de tolérance, que l'Assemblée nationale
ratifie en 1946.
|