Né à Herbéviller le 15 juin 1874, fils du cultivateur Pierre
Sommer (1832-1908) et de Marie Vercler (née à Herbéviller en
1840), Pierre Sommer reprend les fonctions de son père dans
l'assemblée de Baccarat, puis dans la communauté anabaptiste de Repaix, où il devient prédicateur en 1899 puis
ancien en 1901. |
Acte de naissance de Pierre
Sommer - 1874 |
Il se marie à Grand-Charmont
(Doubs) avec Anne Kennel le 12 mai
1909, mais demeure à Repaix où il est mobilisé en 1914.
Après l’armistice, la communauté de Repaix n’existe quasiment
plus (la population a été évacuée en 1915, le village a été
occupé par les Allemands durant toute la guerre...), et sa maison
étant détruite, Pierre Sommer reprend la ferme de ses
beaux-parents dans le Doubs. Il y réorganise en 1927 la
publication et la rédaction du journal mennonite « Christ seul »
(nom donné en 1907 au bulletin de liaison des assemblées
mennonites de langue française, créé en 1901 par Pierre Sommer
et son futur beau-frère Pierre Kennel, et dont la publication
s’était interrompue en 1914).
Pierre Sommer décède à Grand-Charmont le 23 avril 1952.
Dictionnaire du
monde religieux dans la France contemporaine. 5, Les Protestants
Ed. Paris 1993
SOMMER Pierre - Né en 1874 à
Herbéviller (Meurthe-et-Moselle) : mort en 1952, à
Grand-Charmont (Doubs).
Prédicateur (1899), puis Ancien (1901) de l’Assemblée mennonite
de Repaix-Herbéviller ; Ancien de l’Assemblée de Montbéliard
(1919) : évangéliste itinérant des Assemblées mennonites
françaises (1926) : agriculteur.
Né dans une famille en rapport avec les mennonites allemands
désireux d’un réveil de leurs Assemblées ; études secondaires à
la Realschule mennonite de Weierhof (Palatinat) (1887-89 et
1892-93), et au collège de Lunéville (18891892) ; formation
théologique à l’école biblique piétiste-revivaliste de Saint
Chrischona (Suisse) (1898-1899).
Inspirateur principal du « réveil » des Assemblées mennonites de
France entre le début du xx° siècle et la seconde guerre
mondiale. Organisateur de la conférence d’Épinal (1901),
première d’une série de rencontres continuées depuis et
réunissant, une fois puis deux fois par an, des représentants
des Assemblées mennonites françaises ; animateur de
l'Association des Églises évangéliques-mennonites de France ;
créateur et rédacteur-en-chef de Christ Seul (1907) mensuel
mennonite d'édification, de formation et d’information qui
continue de paraître de nos jours.
Pierre Sommer s'est montré soucieux de redonner une activité
collective aux Assemblées mennonites françaises ; il a œuvré
également en faveur d'un resserrement des liens entre mennonites
français et étrangers ; il a contribué à susciter une prise de
conscience de leur identité religieuse chez ses
correligionnaires ; d'où son intérêt pour la formation
religieuse des jeunes (cours bibliques dans les Assemblées,
sessions bibliques annuelles des jeunes) et pour l'histoire
mennonite (« Historique des Assemblées », Christ Seul, avril
1929 - mai 1933). Il contribua à rendre les mennonites français
conscients des problèmes missionnaires hors d'Europe, et de leur
place originale parmi les autres groupements « évangéliques » en
France et ailleurs.
SÉGUY Jean, Les Assemblées anabaptistes-mennonites de France,
Paris-La Haye, Mouton et Cie, 1977 ; « Pierre Sommer, historien
et sociologue », Christ Seul, janv. 1963, p. 27-32. WIDMER
Pierre, Pages choisies de Pierre Sommer, précédées d’une
esquisse biographique, Grand-Charmont, Christ Seul, 1955.
Disciples de Jesus
Wenger, J. C.
Editions Mennonites - 1981
PIERRE SOMMER (1874-1952)
C’est une toute autre figure de disciple que celle de Pierre
Sommer, un rassembleur des Mennonites français durant la
première moitié du XXe siècle (1).
Né le 15 juin 1874 dans un petit village de Lorraine,
Herbéviller, en frontière de la partie annexée par l'Allemagne
après la guerre de 1870-71, fils de cultivateurs, enfant doué,
il a vécu toute son enfance et son adolescence dans un milieu
familial pieux et attaché à la Bible.
Mais s’il avait suivi les activités religieuses de son
assemblée, il n’avait pas connu jusqu’à l’âge de 15 ans une
réelle conversion. Il lui fallut être atteint du typhus, puis
d’une congestion pulmonaire, conduit aux portes de la mort pour
enfin se placer devant Dieu, passer par une vraie repentance et
accepter pour lui le salut offert en Jésus-Christ.
Un disciple bien préparé
Pierre Sommer a fait d’excellentes études secondaires - peu
habituelles en ce temps-là dans ces petites communautés - en
France (Lunéville) et en Allemagne (Weierhof). Mais il connut
encore bien des luttes, des chutes et des relèvements et dut
faire des expériences douloureuses, d’autres bénies,
particulièrement au Weierhof dans l’hiver 1892-93, et au
régiment, à Reims, dans les années 1894-1897. C’est à l’âge de
24 ans qu’il se donna enfin totalement au Seigneur pour lui
consacrer sa vie et devenir un vrai disciple de Jésus. Cela le
conduisit au Séminaire Biblique de St. Chrischona (Suisse) où il
étudia deux années (1898-1900). Plusieurs hommes de Dieu eurent
sur lui une profonde influence, tant à St. Chrischona qu’au
Weierhof.
Doublement bachelier de l’Enseignement Secondaire (Sciences et
Philosophie) parfaitement connaisseur de la langue allemande et
solidement instruit dans la connaissance de la Bible, Pierre
Sommer était donc bien formé pour aborder le ministère multiple
qui allait être le sien, tout en restant simple cultivateur aux
côtés de son père et de sa famille. Dès 1899, il était nommé
«prédicateur » de la petite assemblée de Repaix, dont il devait
devenir « Ancien » en 1901, non sans avoir été entretemps appelé
comme Rédacteur du Zionspilger (en Suisse). Mais c’est au
service de l’ensemble des mennonites français dispersés que le
Seigneur l’appelait, et il allait leur consacrer cinquante ans
et plus d’une vie marquée par ses dons naturels et spirituels,
son caractère ferme d’homme d’action, sa rigueur morale, sa foi
fondée sur la Parole de Dieu et son entière consécration au
Seigneur.
Animateur, éducateur, rassembleur
Dès le début du siècle, avec quelques autres frères, il donna
aux Assemblées mennonites françaises en perdition, un nouvel
élan en organisant des visites systématiques et répétées, deux à
deux, des Conférences réunissant chaque année les représentants
de ces communautés totalement dispersées depuis des décennies.
Il en donna des rapports écrits, ce qui fut à l’origine d’un
journal mensuel : CHRIST SEUL (1907).
Cette activité débordante devait être brusquement interrompue
par la Grande Guerre (1914-1918). Il fallut longtemps pour
sortir des ruines. Mais dès 1922, Pierre Sommer s’y attelait et
il allait donner sa pleine mesure jusqu’à la Seconde Guerre
Mondiale (1939-45), au travers des épreuves et des difficultés,
des joies et des peines d’un disciple décidé à suivre son
Maître. Ouvert aux autres chrétiens par toutes sortes de
contacts et de lectures, il était fermement attaché aux
assemblées issues du grand mouvement anabaptiste-mennonite.
Un homme de Dieu éprouvé
Tout disciple de Jésus est appelé à souffrir et à être mis à
l’épreuve. Pierre Sommer le fut de maintes manières. Donnons-en
quelques exemples. Son beau-frère, Pierre Kennel demeura en
Suisse pendant la guerre 14-18, à cause de ses convictions de
chrétien opposé à la guerre. L’opprobre en rejaillit sur Pierre
Sommer, qui, pourtant ne se posa pas lui-même en objecteur de
conscience. Mobilisé dès 1914, il fut envoyé en 1917, comme
sergent-major infirmier à Tunis. Là, il eut à servir comme
témoin dans une affaire où étaient impliqués deux hommes de sa
section. Par motif de conscience, il refusa, selon
l’enseignement du Nouveau Testament (Matthieu 5 et Jacques 5) de
prêter serment à l'instruction. Il fut aussitôt emprisonné et
eut à souffrir de nombreuses conséquences de cet acte. Libéré
plus tard que ses camarades, à la fin de la guerre, il rentra
dans une maison dévastée.
Mais le Seigneur se servit de ces circonstances pour le conduire
sûrement. Il vint s’installer à Grand-Charmont, pour y exploiter
la ferme de ses beaux-parents et participer à la vie de
l’Assemblée de Montbéliard, dont il devint dès lors l’un des
anciens. C’est de là qu’il poursuivit pendant quelque trente ans
un ministère de prédication et d’enseignement, y créant
l’ébauche d’une Ecole Biblique. Il reprit son travail de
rassembleur par les visites et les Conférences, mais eut à
souffrir de l’incompréhension de plusieurs frères : son
caractère entier ne facilitait pas les choses. Il fut appelé à
être évangéliste itinérant des Assemblées Mennonites et renonça
à un métier où il excellait, pour vivre sans soutien assuré,
mais constamment soutenu par son Seigneur. Par CHRIST SEUL, il
exerça aussi de 1927 à 1941, un ministère apprécié même en
dehors des Assemblées.
Il n’est pas jusqu’à la maladie qui ne le frappa gravement, lui
d’abord, et il s’en remit merveilleusement après une redoutable
opération en 1928 (tumeur au cerveau) ; puis sa femme, Anna
Kennel, enlevée prématurément en 1946 après des années de
souffrances ; lui de nouveau, dans les dernières années de sa
vie, avec plusieurs hospitalisations et des mois de totale
dépendance, sans un murmure, mais dans une entière soumission et
une pleine confiance en son Sauveur et Seigneur, auquel il n’a
cessé de rendre témoignage de façon rayonnante.
(1) Résumé du livre publié par Pierre Widmer en 1955 sous le
titre : «Pages choisies de Pierre Sommer», précédées d’une
esquisse biographique ».
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