[Témoignage anonyme -
Archives Départementales - 2 Z 35]
Le 13 Août 1943, 34 Juifs français, la
plupart réfugiés d'Alsace et de Lorraine, furent arrêtés à
Blâmont. Grosse émotion dans la population.
Le Kommandeur SCHMAHLING, SS Hauptsturmführer, donne des
explications au préfet régional, dans sa note du 24 Août.
« Il a été relevé contre la plupart de ces Juifs des manquements
divers comme infractions aux arrêtés concernant les Juifs,
propagation de nouvelles qui n'ont pu être écoutées qu'à des
postes émetteurs anglais, réunion de Juifs dans des locaux, et
tenue de conversations à l'occasion de ces réunions, etc... (cette
dernière accusation concerne évidemment les offices religieux
organisés par nos coreligionnaires dans un local).
Pour autant qu'il s’agit, parmi les personnes arrêtées,
d'enfants, l'arrestation a été opérée pour ne pas séparer les
enfants des parents. »
Sur 42 Juifs résidant à Blâmont, 2 étaient absents, et 6 étaient
des malades intransportables.
Le Hauptsturmführer reproche aux fonctionnaires de la
gendarmerie et aux employés de la mairie de ne pas avoir
remarqué depuis longtemps ces agissements, et de ne pas les
avoir signalés.
Le 24 Août 1943, dans une lettre adressée par l'inspecteur de
police Pierre PETIT au Commissionnaire Divisionnaire, chef du
service régional des renseignements généraux à Nancy, celui-ci
dit: « Pendant les préparatifs de départ, la population
blâmontaise extériorisant sa réprobation, s’est livrée à une
petite manifestation en présence des Allemands ; elle a même
ravitaillé les Israélites et s'est ostensiblement apitoyée sur
le sort des enfants et des vieillards déportés. »
Quant au maire, Me. CROUZIER, notaire à Blâmont, il a refusé,
sans mot dire, une cigarette que lui offrait un policier
allemand et s'est récusé, lorsqu’il fallut désigner les
habitations juives; ce fut le garde-champêtre qui exécuta cet
ordre.
NDLR : Rudolf
Schmähling est né le 16 mai 1898 à Münich. Parfois dénommé
SCHMELING ou SCHMALING, dans divers dossiers, il vient de la
Gestapo de Munich. Muté début 1943 à la Gestapo de Toulouse,
puis comme chef SS-Sturmbannführer de la Sicherheitspolizei (Sicherheitsdiernst)
de Nancy. En mars 1943, dans l’ « action Meerschaum », décidée
en France pour déporter en vue du STO les inculpés de délits peu
importants, Schmahling promet de fournir 200 personnes. Pour
cela, il organise deux rafles le 2 mars 1943, dans différents
cafés, et dans le quartier entre la rue Saint-Dizier et le quai
de la Gare. En mars 1944 il est nommé au K.D.S. Paris comme chef
de la section IV I avec le grade de Surmbahnführer, et est
remplacé à Nancy par le sturmbahnführer Franz Hoth, né le 14
octobre 1909 à Brème. |