[témoignage manuscrit anonyme - Peut-être
de René Dias]
Nuit du 28 au 29 juillet 1944
Attaque d’une « vague » de bombardiers
anglais par la chasse allemande.
On voit très nettement le combat par les balles traçantes. Ca
tire et ca claque de partout, puis c’est l’explosion à l’est de
Blamont, vars les Paquis, suivie quelques secondes plus tard par
un sifflement. C’est le poste de pilotage qui tombe dans une
ancienne houblonnière, terrain appartenant à M. Jean Bloch.
Vers 5 heures du matin, je suis allé voir « l’avion tombé sur la
route de Harbouey ». Surprise, la carlingue et l’aile gauche
sont dans notre champ de pommes de terre, une petite bombe est
encore sous l’aile.
Puis je rejoins les Marmottes par un chemin parsemé de débris de
toutes sortes. Dans notre terrain, entre deux jeunes
mirabelliers git un aviateur canadien, couché sur le dos est
intact. C’est Paul Roche. D’autres personnes l’avaient déjà
trouvé avant moi. J’apprends qu’un autre aviateur est à moins de
50 m, dans la Marmotte appartenant à cette époque à Madame Thiébaut. C’est
Spakowiski. Puis un troisième dans le même
secteur, de l’autre côté du chemin sur Barbas, dans le terrain
de Monsieur Carrière ; lui est à demi carbonisé ; c’est
l’officier Rudd. 2 autres entrainés par l’avant de l’appareil
tombé chez Monsieur Bloch sont déjà recouverts de leurs
parachute ; leurs noms ?
Un sixième aviateur a été retrouvé, mais je ne pourrais dire
avec certitude ni son nom, ni l’endroit exact où il est tombé.
Les corps ont été recouverts entre 8 et 9 heures et gardés par
une sentinelle allemande.
La presque totalité de la population de Blamont et des environs
est sur le terrain. Beaucoup par curiosité, d’autres à, la
recherche de souvenirs.
Vers 10h30 découverte du 7ème aviateur, à moins de 30 mètres de
Paul Roche, dans un fourré, la tête fracassée contre le pied
d’un mirabellier. Annonce de cette découverte à Monsieur
Coupail,
chef de la brigade de gendarmerie, qui conseille de ne rien dire
pour le moment et garder le silence. Ce 7ème aviateur ne sera
remis aux allemands qu’en début de l’après midi. C’est le
sergent Adams.
Ces corps ont été ramassés, lavés, nettoyés par les secouristes
de l’équipe d’urgence, mis dans des caveaux provisoirement au
cimetière et enterrés quelques jours plus tard. Beaucoup de
monde autour du cimetière pour l’enterrement, les entrées étant
interdites et gardées par les allemands.
Cet avion portait au minimum 8 bombes, dont 2 de 2 tonnes : 1
tombée à 40 environ de la route en haut de la côte entre Blâmont
et Barbas, très peu enfoncée dans le sol et jugée dangereuse,
les allemands l’ont fait exploser quelques jours plus tard vers
17 heures ; cratère de 26 mètres de diamètre et 12 de
profondeur. L’autre bombe est beaucoup plus profonde et toujours
en terre ainsi que 3 autres plus petites, dont l’une dans le
talus au bord de la route en descendant sur Barbas.
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